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Chapitre 3 : Les liens brisés
La neige continuait de tomber doucement lorsque Zipporah se réveilla. Cette fois, elle n’avait pas entendu de tapotement, mais le sentiment de malaise restait. Elle s’habilla rapidement et rejoignit Elena dans la cuisine, où l'odeur du café remplissait l'air.
"Tu veux des œufs ? Ou juste du pain grillé ?" demanda Elena en plaçant une assiette sur la table.
Zipporah s’assit, observant sa sœur. Elle semblait fatiguée, ses traits légèrement tirés.
"Juste du café, merci. Tu as l’air épuisée, tu vas bien ?"
Elena haussa les épaules.
"Comme d’habitude. Les journées sont longues, et les nuits… Enfin, tu sais, c’est difficile de ne pas repenser à tout ça quand je suis seule."
Zipporah sentit son cœur se serrer. Elle savait ce qu’"ça" voulait dire. Leur famille. La manière brutale dont leurs parents avaient coupé les ponts avec Elena après qu’elle leur avait révélé sa transition, il y a plusieurs années.
"Je suis là maintenant," murmura Zipporah, cherchant ses mots. "Tu n’es pas seule."
Elena sourit tristement.
"Tu as toujours été là pour moi, même quand eux ont tourné le dos. Mais je ne veux pas que tu portes ce poids, tu as ta propre vie."
"C’est toi, ma famille," répondit Zipporah, sa voix tremblante. "Eux… ils ne t’ont jamais comprise, et c’est leur perte."
Un silence s’installa, mais il n’était pas inconfortable. Les deux sœurs savouraient ce moment de complicité, une rare lumière dans l’obscurité qui semblait entourer leur vie.
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Dans l’après-midi, elles sortirent faire des courses malgré le froid glacial. Elena montra à Zipporah les environs, évitant soigneusement de parler du "bâtiment d’en haut". Pourtant, l’ombre de cet immeuble semblait toujours peser sur leur promenade.
De retour à l’appartement, Zipporah aborda le sujet qui la hantait.
"Elena, pourquoi es-tu restée vivre ici ? Cet endroit… cet immeuble en face, il y a quelque chose de bizarre."
Elena haussa les épaules, mais son regard se durcit légèrement.
"C’est ce que je peux me permettre. Et pour être honnête, je préfère rester loin des gens. Ici, personne ne me juge. Personne ne m’appelle… par ce prénom que je ne veux plus entendre."
Zipporah baissa les yeux. Elle se souvenait encore des disputes avec leurs parents, de leur incapacité à accepter Elena pour ce qu’elle était vraiment. Elle se souvenait surtout de la dernière phrase de leur père :
"Tu n’es plus ma fille. Et toi, Zipporah, tu ferais mieux de ne pas la suivre dans sa folie."
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Cette nuit-là, le tapotement recommença. Zipporah resta allongée, les yeux grands ouverts, refusant de se lever. Elle ne voulait pas voir la silhouette. Pas encore.
Mais alors qu’elle se tournait vers le mur, une voix basse, presque inaudible, sembla murmurer à travers la pièce. Une voix familière, mais déformée, comme venue d’un rêve ou d’un cauchemar :
"Zipporah… pourquoi es-tu encore là ?"
Son corps se glaça. Elle se leva précipitamment et courut dans la chambre d’Elena. Sa sœur, à moitié endormie, se redressa en sursaut.
"Qu’est-ce qu’il se passe ?"
"Je crois… je crois que quelqu’un est dans ma chambre," balbutia Zipporah, tremblante.
Elena fronça les sourcils, mais elle se leva pour vérifier. Après un rapide coup d'œil, elle secoua la tête.
"Rien du tout, Zipp. C’est juste ton imagination. Ce vieux bâtiment en face te monte à la tête."
Mais alors qu’elles retournaient se coucher, Zipporah sentit une présence. Quelque chose qui semblait attendre, tapi dans l’obscurité.
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