🅇🄻.𝙄𝙣𝙩𝙚𝙧𝙡𝙪𝙙𝙚 4

/!\ Double update interlude 3 et 4 assurez-vous d'avoir lu le précédent chapitre !


C'est le réveillon de Noël, et je me retrouve seul avec ma mère. La maison est enveloppée dans une atmosphère chaleureuse, mais un vide persiste à l'intérieur de moi. Les guirlandes scintillantes décorent le salon, ajoutant une touche féerique à notre petit cocon, mais je ne peux m'empêcher de ressentir un poids dans mon cœur. J'aspire à ce que la magie de Noël engloutisse toutes mes peurs, mais cette année, cela semble difficile.

Je me tourne vers ma mère, qui prépare le repas dans la cuisine, une odeur délicieuse de biscuits au beurre flottant dans l'air. Je lui demande, d'une voix hésitante : « Maman, où est Papa ce soir ? »

Elle se fige un instant, puis lâche un soupir. « Ton père a décidé de passer le réveillon au bar avec certains de ses amis de l'armée, » répond-elle, son ton neutre dissimulant sans doute une petite part de tristesse.

La déception s'épanouit en moi. J'aurais bien voulu avoir mon père avec nous, partager ce moment en famille. Mais c'est comme ça. Mon père n'est pas vraiment quelqu'un de sentimental. Quand il est là, il se comporte souvent comme un tyran roi à qui on doit tout. Il aime être obéi sans rechigner, et sa présence impose un certain poids qui se dépose sur mes épaules.

Je me renfonce dans le canapé, scrutant le film de Noël qui tourne en boucle à la télé. Un sapin majestueux brille à l'écran, et les personnages chantent des chants de Noël avec enthousiasme. Je tente de rester enjoué, de suivre l'excitation qui émane des acteurs, mais je n'arrive pas à cacher ma déception. Tout ce que je ressens, c'est une étrange mélancolie, un désir d'une soirée familiale complète.

« Viens ici, Taehyung, aide-moi avec les gâteaux ! » appelle ma mère, brisant mes pensées sombres.

Je me lève, la lumière dorée de la cuisine me réchauffant le cœur. « D'accord ! Que dois-je faire ? »

Elle sourit, et instantanément, je me sens mieux. Sa présence, si chaleureuse, déborde d'amour, et je réalise que, même si mon père n'est pas là, ma mère fait de son mieux pour rendre cette soirée spéciale. Elle me montre la pâte à gâteau, et nous commençons à préparer ensemble. Les rires fusent rapidement alors que nous avons un peu de farine sur le nez.

« Regarde, maintenant tu as un petit bonhomme de neige sur le visage ! » s'exclame-t-elle en pointant son doigt sur ma joue.

Je rigole, renversant légèrement la farine. « Et toi aussi ! Maintenant nous sommes les rois des gâteaux de Noël avec de la farine ! »

Nous rions ensemble, laissant les préoccupations s'évanouir pour un moment. Les blagues roulent entre nous de manière presque complice, un lien fort comme du fil. Le son du mixeur s'invite comme une danse entre nos rires, et je n'arrive pas à me souvenir de la dernière fois où j'avais ressenti autant de joie.

Après avoir préparé les gâteaux, nous les décorons. Ma mère se révèle être une véritable artiste, une créatrice de douceurs qui embellit chaque gâteau avec des paillettes de sucre. Je la regarde, admirant son talent, et je m'efforce de l'imiter, ajoutant des bonbons avec une grande concentration.

« Oh, Tae, tu es un vrai petit chef pâtissier ! » s'exclame-t-elle alors que je décore un gâteau avec une touche personnelle.

Je souris, un réel sourire cette fois. C'est étrange comme, malgré l'absence de mon père, je me sens à ma place ici, avec elle. Nous avons notre petite bulle, entre les rires et les gâteaux, comme une bulle de savon flottante sur fond froissé.

À mesure que la soirée avance, nous nous installons sur le canapé, les éléments de notre médecine de Noël bien en place : des biscuits tout juste sortis du four, le film de Noël sur grand écran, et le son doux de notre complicité qui flotte tel un parfum sucré. En dépit de l'absence de mon père, je choisis de me concentrer sur ce qui compte vraiment : ma mère.

Le film déroule sa magie, les lumières guident mes pensées vers ces moments plus heureux. Cela fait du bien de voir des personnages célébrer Noël, rire, chanter et partager. Je n'ai jamais eu besoin des longues discussions, juste la simple présence de ma mère me comble autant que le film peut distraire. Cela crée un répit bienvenu et me permet d'éclipser mes préoccupations.

« S'il te plaît, passe-moi le verre de lait ! » dis-je, un grand sourire sur le visage.

Elle me le tend, et je sirote en savourant chaque gorgée. Aucun remède ne serait mieux qu'un moment comme ça. Ce temps passé ensemble me réchauffe le cœur, gomme éphémèrement l'angoisse qui pèse parfois sur mon esprit. Comme si nos rituels de Noël annulaient les ombres qui pouvaient encore guetter.

Vers la fin de la soirée, alors que les dernières notes de musique résonnent à l'écran, je me sens fatigué mais apaisé.

Je regarde ma mère, elle semble lire mes pensées. Un silence d'accord s'installant entre nous, plein de compréhension. C'est tout ce dont j'ai besoin en fin de compte. Nous savons qu'avec chaque gâteau, chaque rire partagé, nous tissons notre propre bonheur, loin des tyrans et des tyrannies. Dans ce cocon d'amour, je pourrais bien croire en la magie de Noël, même si elle se présente sous une forme différente.

°

J'ai eu 15 ans le mois dernier. Précisément ce 30 décembre 2017. Les examens de fin d'année ont débuté il y a deux jours, et je dois avouer que j'attends avec impatience le moment d'entrer au lycée. C'est un nouveau chapitre, une nouvelle vie qui m'attend au tournant. Plus d'un mois sans me sentir suivi ou observé, et cela me fait un bien fou. J'ai l'impression que ma vie reprend enfin son cours normal.

« Je vais y aller, je t'ai laissé un bol de riz et des œuvres sur l'îlot de la cuisine. Tu devrais manger et réviser pour tes examens plutôt que de suivre la télévision, » me dit ma mère en m'offrant un baiser sur le front.

« C'est le weekend, maman, je vais réviser demain, » lui réponds-je, les yeux rivés sur l'animé qui passe à la télévision. Mon esprit s'échappe dans ces mondes imaginaires loin des préoccupations du quotidien.

« Bref, à demain. Ton père rentre la semaine prochaine de sa mission. Sois sage, » soupire ma mère avant de sortir de la maison.

Elle est infirmière et elle est de garde à l'hôpital cette nuit. Ça ne me tracasse pas vraiment de rester seul, ce n'est pas la première fois, ni la dernière d'ailleurs. J'aurais sûrement pu demander à Junghyun de venir, mais il passe le weekend chez ses grands-parents avec son petit frère. Ah, ces moments de tranquillité.

Le temps passe et je m'enferme un peu plus dans mon cocon, sombrant dans l'animé qui s'étale sous mes yeux. Au bout d'un moment, je sens mon ventre se mettre à gargouiller de faim. Je décide qu'il est temps de sortir de cet état léthargique et me lève, posant la télécommande à côté de moi. Je mets la télévision sur pause.

Je me dirige d'abord vers les toilettes. Flashs d'éclats de lumière et murmure réconfortant de l'animé encore en fond dans mon esprit, je m'y perds un instant, me redressant finalement avant de me rendre à la cuisine. En passant devant la porte vitrée menant au jardin, je fronce les sourcils, surpris de la trouver non verrouillée. Ma mère a sans doute encore oublié, ça lui arrive souvent, surtout avec la porte de la cuisine. Je verrouille complètement et me dirige vers le placard.

En ouvrant le micro-ondes, je découvre le bol de riz préparé par ma mère. L'odeur savoureuse remplit rapidement la pièce. La chaleur de la nourriture me redonne de l'énergie, et je me sens plus vivant. J'enfourne le bol et attends patiemment, mes pensées s'égarant dans le méditatif silence de la cuisine.

Lorsque le micro-ondes pingle, je dégaine mon bol avec impatience et retourne au salon. Je m'installe confortablement sur le canapé, mes pieds bien enroulés dans une couverture. Je prends une bouchée, savourant la chaleur réconfortante du riz. Les minutes passent, et je m'immerge dans la série diffusée à l'écran.

Peu à peu, je sens mes yeux se faire lourds. Je lutte un instant, mais le poids de la fatigue me submerge. Je me rends compte avec étonnement que le bol de riz est déjà presque terminé. Je n'ai même pas réalisé à quel point j'ai mangé rapidement. Mon esprit commence à s'embrouiller, mes pensées se dissipant lentement dans le flou.

Puis la clarté s'éteint comme une bougie. Le dernier son que j'entends est celui de l'animé, et une impression de voir une silhouette et puis, le silence s'installe, coupé seulement par de doux ronflements. Mes rêves s'emparent de moi, un doux néant dans l'obscurité...

°

Quand je me réveille, la lumière du soleil filtre à travers les rideaux, inondant la pièce de chaleur. Je suis allongé sur le canapé, complètement désorienté. La télévision est éteinte, alors que je n'ai aucun souvenir de l'avoir éteinte.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » murmuré-je, encore engourdi par le sommeil. Je scrute la pièce, perplexe, mais je ne me doute de rien. Vraiment rien du tout.

Il n'y a aucun signe de lutte ou de chaos. La maison est silencieuse, comme si elle avait parfaitement accepté l'absence de vie nocturne journalière. C'est bizarre, mais je n'y pense pas trop, trop confus après ce réveil inattendu.

Je me lève, et le monde qui m'entoure semble flou et incertain. Tout se mélange dans ma tête. Il est déjà tard, je le sais en regardant l'horloge. 9h38 Qu'est-ce que j'ai raté ? J'essaie d'éclaircir mes pensées encore embrumées.

« D'accord, ça doit être un mauvais rêve, » dis-je à voix haute, mais personne ne répond. La chaleur du soleil qui entre par la fenêtre commence à m'éclaircir, me permettant de trouver mes repères. Je secoue ma tête, espérant que cela clarifie un peu les choses.

Ma mère devrait rentrer dans quelques minutes. Je regarde par la fenêtre, la lumière présente m'apparaissant dorée alors que le monde se réveille lentement avec l'arrivée du jour. Il n'y a rien d'inhabituel, juste une cour enneigée étincelante sous le soleil, paisible dans son existence.

Je me dirige vers la cuisine pour faire le tour de la situation. Je suis encore un peu groggy en essayant de m'asseoir sur la chaise à l'îlot. Mais tout semble si... décalé. Je regarde le reste du bol de riz et me demande comment il a pu se retrouver ici sans que je m'en souvienne.

La maison est à nouveau silencieuse, et je réalise que quelque chose en moi a basculé. Une vague d'inquiétude et une étrange réticence s'engagent dans le fond de mon esprit, mais je les chasse rapidement en me persuadant que j'étais simplement fatigué. L'inquiétude s'efface tel un nuage de brume, tandis que la journée s'épanouit comme un tableau.

Je n'ai pas besoin de me souvenir des incohérences, pas maintenant. Je suis seul et à l'aise. Tout ce qui compte, c'est ce nouveau chapitre à écrire, loin de l'angoisse.

Ma mère rentre à ce moment là, le visage marqué par la fatigue. Elle me salue d'un sourire et d'un « comment ça va ? », mais je peux voir dans ses yeux qu'elle est épuisée après une longue nuit à l'hôpital. Elle ne reste pas longtemps, se dirigeant directement vers sa chambre. « Je vais me coucher, Taehyung. À ce soir, » lance-t-elle, avant de disparaître derrière la porte.

Je me retrouve seul dans la maison, encore engourdi par l'étrangeté de la nuit précédente. Après quelques instants d'hésitation, je décide de prendre une douche pour me rafraîchir. L'eau chaude coule sur ma peau, et je me laisse emporter par un moment de douceur, espérant que tout cela est bel et bien un mauvais rêve. En sortant, je me sens un peu plus revitalisé. Cela ne dure pas longtemps.

Je me pose sur mon lit, cherchant un instant de tranquillité, et c'est dans cet entre-deux que je saisis mon portable. Il vient de vibrer. Un regard aux notifications révèle un numéro inconnu. C'est une curiosité qui me pousse à ouvrir le message.

« J'ai passé une excellente soirée. Te regarder dormir est la meilleure chose que je n'ai jamais eu de ma vie. »

Les mots claquent dans mon cerveau comme un bruit de verre brisé. Mon cœur rate un battement alors que je fronce les sourcils, une angoisse perfide s'immiscant en moi.

« T'es qui ? » j'envoie comme réponse, une main tremblante sur l'écran.

Le téléphone ne tarde pas à vibrer à nouveau avant que je ne puisse digérer le premier message.

« Tu m'as oublié ? C'est moi, on s'est rencontrés l'été dernier à une fête. Regarde ta galerie je t'ai envoyé plein de souvenirs.»

À cet instant, une vague de réalisations s'écrase sur moi. Haejin. Mon ventre se noue. La peur s'insinue en moi comme un poison ancien, ranimée par la grenade de son nom, alors que des souvenirs flous mais glaçants refont surface. Je revois, un visage en cette soirée insouciante que je pensais avoir oubliée.

Tout m'oppresse d'un coup. Mes pensées se heurtent, se bousculent alors que je réalise grâce à ces mots là où cette conversation va me mener : cela fait des mois que je me sens traqué, observé, comme une proie. Chaque fibre de mon être se crispe à l'idée de ses intentions malveillantes. Mes mains deviennent moites alors que j'approche de mon ordinateur, l'angoisse s'accélérant à chaque battement de cœur.

Les informations se bousculent dans ma tête, et je ne peux m'empêcher d'imaginer le pire. Et si... ? Je frémis à mes propres pensées. Et si elle avait trouvé un moyen d'entrer dans ma vie par tous les moyens ?

Tremblant, je lance ma galerie photo, espérant que tout cela n'est qu'une hallucination. Cependant, une larme de sueur coule dans mon dos lorsque les photos affluent sur mon écran. Je fais défiler, et ce que je découvre me fige sur place. Plus d'une centaine de photos. De moi.

Je suis là, endormi sur le canapé, en position assise, allongé, chaque instant de vulnérabilité encapsulé dans sa folie. Des images volées, des souvenirs volés. Chaque photo, un coup de poignard dans mon âme, me laissant là, à la merci de cette obsédée. Je frémis, mon cœur tambourinant dans ma poitrine, alors que je tourne et retourne ces clichés dans ma tête.

Les images sont toutes plus dérangeantes les unes que les autres. Je vois mon visage paisible, presque doux, mais ce n'est qu'une vaste façade. L'obscénité de ce que j'ai ici devant moi joue sur mes cordes sensibles, réveillant quelque chose de primitif en moi. La colère se mêle à l'horreur, et je sens ma bile monter.

Je réalise également que Haejin était entrée chez moi, s'était glissée dans ma vie par la porte de la cuisine. Une nausée m'étreint l'estomac alors qu'une rage sourde étreint mon cœur. Tout cela était réel. Je l'avais redouté, et maintenant, c'était devenu plus que vérité.

Les mots de Haejin flottent dans l'espace entre mes oreilles, répétition d'un malaise : « Te regarder dormir est la meilleure chose que je n'ai jamais eu de ma vie. » Sa phrase résonne dans ma tête comme une malédiction. Chaque mot pèse, accentuant la méfiance qui s'est installée si solidement en moi.

Je dois agir. Mais que faire alors ? La peur m'étreint à nouveau, et je me lève pour faire les cent pas dans ma chambre, les mains dans les cheveux, cherchant des réponses. Je passe d'un coin à l'autre, cherchant et immobilisant mes pensées. Je ne peux pas rester ici, vulnérable.

Il faut que j'appelle quelqu'un ; il faut que j'en parle à ma mère. Mais quelque chose me retient ; le crainte d'inquiéter, de ne pas être cru. Créer une vague de troubles, dévastant tout sur son passage. Mais à présent, tout cela semble insignifiant à côté de la réalité. C'est ma vie qui est en jeu, ma sécurité qui est menacée.

Mes doigts tremblent sur l'écran de mon téléphone, cherchant à souvenir des numéros, alors que chaque alarme raisonnait en moi. Je compose finalement le numéro de Junghyun, ma voix tremblant alors que je chuchote à l'appareil :

« Junghyun, il faut que je te parle. C'est urgent. »

Il me répond, la confusion se faufilant dans sa voix. « Tae, qu'est-ce qui se passe ? »

« C'est... c'est Haejin. Je crois qu'elle me suit. Je... j'ai découvert des photos. Elle entre chez moi. » Ma voix se bloque, incapable de traduire la terreur qui se déploie en moi.

Il prend une profonde inspiration et sa voix devient plus sérieuse, comme une lumière émergeant de l'obscurité. « D'accord, je viens tout de suite. Ne fais rien avant que j'arriverai, d'accord ? »

"Tu n'es pas chez tes grands parents ?"

"On est rentré ce matin. Donne moi 5 minutes et je serai là."

Je hoche la tête, même s'il est au téléphone, comme si il pouvait me voir. Je termine l'appel, sentant une vague de soulagement m'envahir alors que le temps presse. En attendant, tout ce que je peux faire, c'est courir à la porte, verrouillant les serrures, sans vraiment savoir quoi faire d'autre. L'angoisse se loge dans ma gorge comme un vomissement qui ne se montre pas. Quoi qu'il arrive, je sais à présent que j'ai besoin de plus que des mots.

Junghyun arrive rapidement, l'inquiétude gravée sur son visage. Sa présence m'offre un semblant de réconfort, mais je sens que la tempête ne fait que commencer. Je l'isole dans ma chambre, ignorant mes pensées en ébullition. Le silence lourd qui nous enveloppe devient presque insupportable alors que je lui montre les photos.

« Regarde, » dis-je, ma voix tremblante alors que je défile les images sur mon téléphone. La nausée s'empare de moi à chaque photo que je montre. « Elle était là, Junghyun, elle m'a observé pendant que je dormais. Regarde-moi... je suis... je ne sais plus quoi penser. »

Les yeux de Junghyun s'élargissent, d'abord incrédules, puis deviennent un océan d'émotions. « Tae... je... » Il balaye son regard sur les images incriminantes et un frisson de colère glisse sur son visage. « C'est dégoûtant. Ça... ça ne devrait pas arriver à quelqu'un comme toi, ni personne d'autre d'ailleurs. »

Je lui fais face, l'angoisse rendant ma voix presque inaudible. « Je sais. Mais elle l'a fait. Elle m'a suivi, elle a pénétré mon espace. Elle a vu mes moments les plus vulnérables. Pourquoi je ne peux pas être tranquille ? »

Junghyun passe une main dans ses cheveux, visiblement en proie à la colère et à l'impuissance. « On doit en parler à ta mère. Elle doit savoir. C'est trop sérieux pour être ignoré. »

Je hoche la tête, mais une partie de moi tremble à l'idée de ce qu'elle pourrait penser. Et si elle ne me croyait pas ? Au fond, cette idée me paralyse. Néanmoins, il n'y a pas d'autre choix que d'avancer, de repousser cette peur en avant.

Nous descendons ensemble, et je peux entendre le battement inconstant de mon cœur, chaque pas sur la marche résonne comme un lourd tambour. Ma mère est encore dans sa chambre, épuisée après sa nuit de travail. En m'approchant de la porte, je sens une boule dans ma gorge, une heure de nuit, de cris intérieurs.

« Maman, » dis-je d'une voix tremblante lorsque je pousse la porte. Elle apparaît dans l'embrasure, fatiguée mais avec un sourire apaisant.

« Que se passe-t-il, les garçons ? » demande-t-elle, une lueur de curiosité dans ses yeux.

Junghyun prend la parole, sa voix ferme. « Kelly, il faut que vous écoutiez Taehyung. C'est sérieux. »

Ma mère incline la tête, une ride de préoccupation se formant entre ses sourcils. Je prends une profonde inspiration et je me lance. Lui expliquant tout allant de l'été dernier à ce matin.

Les mots s'échappent de mes lèvres comme un murmure, mais le tremblement de ma voix trahit la vérité. Je lui montre l'écran, et son visage se fige, la couleur se drainant lentement de ses joues. Ses yeux s'agrandissent en découvrant les images de moi, endormi, capturé dans ma vulnérabilité.

« Oh mon Dieu... » s'exclame-t-elle, le souffle lui manquant.

Je peux voir la lutte dans son regard, la peur et la stupéfaction se mêlant. « Taehyung, mais... c'est... c'est incroyable. Comment peut-elle avoir fait ça ? »

« C'est ce qu'elle a écrit dans le message, elle m'a observé. Maman, je ne sais plus quoi faire. J'ai besoin de ton aide, » je supplie, ma voix serrée par l'angoisse.

« Nous devons aller à la police, » déclare Junghyun, déterminé. « Ils doivent savoir. »

Je sens le frisson d'inquiétude s'imposer dans mon estomac. J'étais si prêt à tout, mais je savais que la route ne serait pas facile. Ma mère acquiesce, son regard se faisant plus sérieux. « D'accord, je vais vous conduire. »

Dans la voiture, l'air devient lourd, et l'anxiété me ronge de l'intérieur. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, chaque battement alourdissant le silence. Je n'arrive pas à croire que je vais mettre les pieds dans un poste de police. Et pourtant, l'angoisse et la peur se fusionnent dans mon thorax.

Lorsque nous arrivons, le bâtiment se dresse devant moi, une façade distante, presque inextinguible. Je m'efforce de garder mon regard fixé sur l'entrée, mais une vague de crainte s'épanouit, et je déglutis difficilement. L'idée de parler à des inconnus de mes peurs me paralyse d'appréhension.

Junghyun prend ma main, serrant doucement. « Ça va aller, Taehyung. Tu es fort, je suis avec toi, » dit-il d'une voix douce.

Nous pénétrons dans le hall, et l'odeur froide et antiseptique de l'endroit me choque. Les lumières vives illuminent le lieu, et plusieurs policiers discutent en arrière-plan, mais tout cela semble flou. Mon esprit vagabonde alors que je sens mon cœur rater un battement, débordant de sentiments : colère, peur, frustration.

Nous sommes dirigés vers un bureau ou un officier nous acceuille. « Que puis-je faire pour vous ? »

Ma mère prend une profonde inspiration, et je m'accroche à Junghyun, l'angoisse me paralysant à nouveau. « Mon fils est suivi par une fille qui l'observe sans relâche. Il a des preuves, des photos. Nous devons signaler cela, » dit-elle d'une voix claire.

Le policier fronce les sourcils, un sourire sceptique se glissant sur ses lèvres. « Des photos ? »

Je déglutis, m'efforçant de garder mon calme. « J'ai les photos. Elle est entrée chez moi. Je n'ai rien demandé. » La panique monte.

« Écoutez, rien ne prouve que ces photos que vous me montrez ont été prises par un inconnu, surtout s'il n'y a pas de preuves réelles de menace. » Le policier semble au mieux ennuyé, au pire moqueur.

Les mots m'étouffent, et je sens la chaleur de mes larmes montées à mes yeux tandis que la colère se mêle à la tristesse. Le doute s'introduit dans ma tête, et je ne peux m'empêcher de penser que tout cela n'a aucun sens. « Mais... » balbutié-je.

« Écoutez, ceci pourrait simplement être une pauvre blague entre gamins. Vous voyez ? Rien ne prouve que quelqu'un s'est introduit dans votre maison, alors, à moins d'avoir une menace réelle, je vous conseille de revoir la situation, » rétorque-t-il.

Je me sens comme une poupée désarticulée, chaque mot prononcé par le policier ayant pour effet de m'écraser un peu plus. Je n'en peux plus. Tout cela semble trop dévastateur. Ma mère s'énerve, crie presque sur l'officier.

"Vous avez peut-être confiance en votre fils mais c'est un adolescent, et les ados, ça aime faire tourner en bourrique les parents." Retoque l'officier à ma mère.

Je sens une douleur aigüe, une trahison s'enflammer alors que je tourne la tête pour attirer l'attention de ma mère. Elle est là, immobile, le visage blême.

« Vous... vous ne me croyez pas ? » je murmure, la voix lourde de désespoir.

Et à ce moment-là, je comprends que je ne peux pas rester ici. C'est suffisant. La désillusion se mue rapidement en quelque chose d'instinctif. « Je... je pars, » dis-je, mon attention se détournant des policiers et de leur méfiance.

J'ouvre la porte avec force, courant dans le couloir du poste de police alors qu'un trajet déchaîné d'émotions suit mes pas. Je sens Junghyun sur mes talons et je cours plus vite que je ne l'ai jamais fait de ma vie. Je ne veux pas qu'ils regardent encore mes larmes. Je cours, mais je me sens piégée par la honte, par leur indifférence.

« Tae, attends ! » crie Junghyun, mais je le fais sortir de ma tête.

Je chuchote mes propres peurs, celle-ci éclatant mes pensées dans un tourbillon, pleurant face à l'incompréhension brutale de la situation. Comme si le monde entier se moquait de moi et de mes angoisses. L'écho de mes pas résonne sans relâche sur le sol, et je suis perdu.

Avant que je ne m'en rende compte, je suis dehors, l'air froid m'enveloppant tel un gant de fer. Je n'arrête pas de courir, mes larmes gelées sur mes joues. Je peux entendre les appels de Junghyun qui s'est finalement joint à moi, mais tout ce que je cherche, c'est l'évasion de ce désespoir.

Il finit par me rattraper, me prenant par le bras avec douceur, mais fermeté. « Taehyung, calme-toi ! Je jure que je ferai tout pour te protéger ! »

Je termine ma course dans ses bras, tremblant et ballottant entre la colère et la peur. Ses mots résonnent en moi, mais je sens que ça ne suffira peut-être pas.

« Je ne sais plus quoi faire, » pleurniché-je, ma voix ne parvenant à cacher mes larmes. La douleur qui s'épanouissait en moi détruit tout sur son passage.

« Écoute, peu importe ce qu'ils disent, tu n'es pas seul. Si nous devons en parler à quelqu'un d'autre, nous le ferons, » murmure-t-il avec détermination.

Je me laisse aller dans son étreinte, sa présence silencieuse mapaisant un peu. Mais la peur persiste, tapie au fond de moi. La réalité est là, cruciale, percutante. Et je sais que je ne suis pas au bout de mes peines. Ce parcours vers la lumière est semé d'embûches. Je me sens dévasté, mais au moins, je n'ai pas à affronter tout cela seul.


°

Le mois de mars a entamé sa marche inexorable, mais aucun signe de vie de Haejin. Peut-être que cette paix relative est une illusion, mais pour le moment, je m'accroche à chaque note de tranquillité. J'ai récemment intégré le lycée, un événement que je redoutais mais attendais en même temps. Chaque matin, ma mère m'emmène à l'école, compatissante et attentive, prêtant attention à chaque détail de ma vie. Le soir, elle vient me chercher. Quand elle ne peut pas, comme la semaine dernière, Junghyun revient avec moi, fidèle, comme un bouclier contre toutes mes craintes.

Mais ce soir, les choses prennent une tournure sombre.

J'arrive à la maison après une longue journée, épuisé par toutes ces nouveaux visages et ces dynamiques, à peine prêt à affronter ce nouvel univers. Mes yeux flânent sur les murs familiers, mais la tension se fait palpable dans l'air. Ma mère et mon père se disputent, et l'ambiance se charge de cette tension insupportable.

« Pourquoi ne peux-tu pas prendre un peu de temps pour notre fils ? » s'énerve ma mère. Je serre les poings, me dirigeant prudemment vers l'entrée du salon. Les mots de ma mère sont pleins de désespoir et d'impuissance, et je sens que quelque chose de mauvais se prépare.

« Chaque fois que je rentre, tu es en train de le couver comme un petit oisillon ! » répond mon père d'une voix emplie de colère. Sa tonalité est comme une arme, aiguisée. Les veines de son cou ressortent alors qu'il s'énerve, et je frémis à l'idée que cette colère se retourne contre moi.

Je fais un pas en avant, une volonté de calmer la situation, mais cela semble être un mouvement futile. Mon père se tourne brusquement vers moi. « Tu as demandé à ta mère de me demander de te conduire au lycée ? » s'exclame-t-il, exaspéré.

Je me fige, le regard fixé sur lui. J'essaie de prendre une inspiration, mais ma voix tremble. « Je... je pensais que ça pourrait aider... On ne sait toujours pas où est Haejin, alors je...»

Mais avant que je puisse finir ma phrase, sa main s'abat sur ma joue comme une foudre, une douleur instantanée se propageant dans tout mon être. Je reste là, pétrifié, dans un vide stupéfait.

« Tu es une mauviette, Taehyung ! » hurle-t-il, me saisissant par les épaules pour me secouer avec force. Mon cœur bat la chamade, et ma colère se mêle à la douleur et à la honte. « Une femme ne devrait jamais te faire peur. Tu as essayé de la draguer, c'est ça ? Cette Haejin ? C'est toi qui l'as provoqué ? »

Les images de son visage m'apparaissent, mais au lieu de la vision que j'ai consentie à entretenir, je ne peux voir qu'un monstre, une obsédée qui m'a brisé. « Je ne l'ai pas draguée ! » je crie, ma voix vibrante d'émotions conflictuelles. « Je suis gay, putain ! Comment aurais-je pu la draguer ? » Mes mots sortent de ma bouche comme des projectiles, pleins de rage et de désespoir. Je ne sais pas comment j'ai trouvé la force de crier, mais une part de moi sait que je suis à bout.

Le visage de mon père se décompose en une laideur insupportable. « Tu es une tapette, alors ! » crie-t-il, les mots se glissant de sa langue comme des venins. La moquerie et le mépris se mélangent, et je sens ma gorge se nouer sous le choc.

Ma mère, qui assiste à ce déballage, se lève brusquement, un air de fureur et de protection emprisonnant son visage. « J'en peux plus de tes insultes ! C'est mon fils, peu importe qui il aime ! Tu n'as pas le droit de lui faire du mal ! » Elle s'avance, déterminée, et je la vois pousser mon père dehors.

La scène est surréaliste, un mélange étonnant d'émotions. La tristesse et la révolte au fond de ma mère, et la rage insensée de mon père. Les battements de mon cœur bruissent tels des tambours, pulsant le désespoir alors que les cris résonnent dans l'air.

« Tu es un monstre, et tu n'es pas le bienvenu ici tant que tu ne changes pas ! » hurle-t-elle avant de se tourner vers moi une fois la porte close, le visage marqué par l'épuisement, une irritation marquée aussi par le chagrin. « Taehyung, viens ici. »

Je la regarde, la douleur d'être au milieu d'un tel chaos étreignant ma poitrine. Je me précipite dans ses bras, ses bras m'enveloppant dans un cocon de chaleur. Les larmes commencent à glisser le long de mes joues.

« Je suis désolé, je n'aurais jamais voulu que cela se passe ainsi... » murmure-t-elle, sa voix pleine d'éclats d'éclats de tristesse. La mélodie de ses mots berce un peu mes peurs, mais je ne peux m'empêcher de trembler.

« Pourquoi tu n'es pas en colère d'apprendre que je suis gay ? » je lui demande, ma voix prenant un ton hésitant, effrayé par la vérité de ma propre vulnérabilité.

Elle prend un moment avant de répondre, ses mains caressant doucement mes cheveux. « Je me posais des questions, mais je n'osais jamais te demander. Tout ce qui m'importait, c'était de te protéger... Je ne veux pas que tu subisses ce genre de choses. »

Son regard, plein de compassion et d'inquiétude, me touche profondément. Elle n'a jamais voulu que je sois blessé, elle a juste fait de son mieux. « Je suis désolé, maman... je ne voulais pas que ça te touche. » Je tente d'exprimer mes sentiments, mais ma voix se brise sous l'angoisse.

« Tu n'as pas besoin de t'excuser, mon chéri, » dit-elle, son ton empreint d'amour. « Ce n'est pas ta faute. Ça ne l'a jamais été. On doit se battre contre ça ensemble. »

Elle me serre encore contre elle, et je me sens un peu mieux, comme si les larmes de mon père étaient diluées par la chaleur de ma mère. Mais cette douleur persistait, les mots de mon père résonnant encore dans ma tête, une insulte semblable à une balafre sur ce que je croyais être une vie paisible.

Je n'ai jamais voulu être au milieu d'une telle tension, et j'ai toujours désiré être accepté tel que je suis, mais le monde autour de moi confirme mes peurs, transgressé.

Cela fait une semaine que mon père est parti. La tension s'est légèrement apaisée, mais l'absence d'un tel tumulte laisse un vide que je peine à combler. Ce soir, Junghyun passe la nuit avec moi, comme d'habitude lorsque ma mère est de garde à l'hôpital. Cela me soulage de l'avoir ici.

La soirée se déroule bien. Nous sommes installés sur le canapé, une manette à la main, plongés dans un univers de jeux vidéo. Les rires fusent pendant les batailles épiques que nous menons à l'écran.

« Allez, Tae ! Tu as vraiment besoin d'apprendre à viser, » s'exclame Junghyun en rigolant, le regard pétillant d'amusement.

« Fais pas le malin, c'est juste une question de stratégie ! » je rétorque, le sourire aux lèvres. Chaque petite taquinerie est comme une bouffée d'air frais dans cette tempête d'émotions que je traverse. Les couleurs vives du jeu illuminent notre visage, tandis que la musique entraînante nous plonge dans un monde où rien d'autre ne semble exister.

Les heures passent et nos fou-rires se heurtent à la réalité d'un cours qui nous attend le lendemain. Au fur et à mesure que la soirée avance, la fatigue se fait sentir. Quand l'horloge sonne une heure avancée, nous décidons qu'il est temps de dormir.

« Tu es sûr que tu ne veux pas finir mon niveau ? » me demande Junghyun, les yeux malicieux.

Je lui fais un clin d'œil. « Non, il faut que je garde un peu de mystère pour la prochaine fois ! » Nous grimpons ensemble les escaliers, et notre conversation ne s'arrête pas alors que nous somnolons. Je m'allonge sur mon lit, mes pensées flottant dans le flou confortable du sommeil qui approche.

« Tu sais que quoi qu'il arrive, je suis là, hein ? » Il me lance un sourire qui illumine ma nuit.

« Oui, je le sais. Merci d'être toujours là, » dis-je, le cœur léger. Une amitié comme la nôtre est précieuse, et je m'y accroche comme à une bouée dans un océan de tourments.

Finalement, le sommeil me prend, une douce onde de répit m'emportant.


Au milieu de la nuit, je me réveille avec une brûlure dans la gorge. J'ai soif, absolument soif. Je m'étire dans le noir, la lumière de la lune filtrant à travers les rideaux. Je me lève doucement de mon lit, faisant attention à ne pas réveiller Junghyun. Les escaliers craquent sous mes pieds, mais je continue de descendre.

La cuisine m'accueille, familière et réconfortante. Je me sers un verre d'eau, appréciant le goût frais qui apaise ma soif. Juste à ce moment, un frisson me parcourt le dos. La porte vitrée, une fois de plus, est non verrouillée. Une vague de peur s'insinue en moi. Je me demande si ma mère a encore oublié de la fermer en partant.

Soudain, je sens une présence derrière moi. Mon cœur s'emballe. Je me retourne lentement, et là, je l'aperçois : Haejin. Elle émerge de l'ombre, ses yeux brillants comme des éclats de miroir, pleins d'une obsession dérangeante. Avant même que je puisse crier ou réagir, elle me saisit dans une étreinte serrée, ses bras m'enveloppant.

« Mon doux Taehyung... » murmure-t-elle d'une voix qui glisse dans ma tête comme un poison. « Mon amour, il faut que tu me suives. Ici, on ne peut vivre notre amour. »

L'absurdité de la situation m'écrase. C'est grotesque. Je me débats et essaie de me dégager de son emprise, mais elle est trop forte. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, l'adrénaline m'envahit alors que je réalise la gravité de son comportement. Pourquoi? Pourquoi elle fait ça ?

« Laisse-moi ! » je hurle enfin, ma voix tremblante, pleine de terreur. Mon corps est paralysé par l'angoisse, mais je parviens à repousser Haejin avec force, me dégageant de son étreinte. Je tourne les talons et sprinte vers les escaliers, chaque pas résonnant dans l'obscurité.

Mais alors que je m'apprête à enjamber la première marche, je sens une main se saisir de mon pied. C'est Haejin. Dans ma panique, mon pied glisse sur le sol, et je loupe la marche, mon menton se fracassant douloureusement contre le bois.

La douleur m'aveugle alors que je me débat, me débattant contre la prise d'Haejin qui tire sur moi, ses murmures obsédants s'immisçant dans mon esprit comme un cauchemar.

« Taehyung... je ne te ferai jamais de mal. Je t'aime, tu sais, » dit-elle, sa voix sucrée mais terrifiante. L'obsession qui émane de ses mots me plonge dans un abîme de terreur.

Je réussis à me redresser malgré la douleur fulgurante. Dans ma tête, une seule pensée : m'échapper. Mes mains glissent sur la marche, et je continue à lutter. « Non ! Je ne veux pas de ça, je ne veux pas ! » mes mots sont des cris de désespoir.

J'entends enfin Junghyun derrière la porte de ma chambre, sa voix est pleine de frayeur. « Taehyung ! Ouvre la porte pourquoi elle est fermée ! Qu'est-ce qui se passe ? »

« Junghyun ! Au secours ! » hurlé-je de toutes mes forces. J'essaie de me relever, mais Haejin est toujours là, en train de me tirer vers le bas, insensible à ma douleur.

Ses paroles résonnent comme des menaces, alors qu'elle murmure à mon oreille des promesses grotesques. « Nous sommes faits l'un pour l'autre, Taehyung. Tu as juste besoin d'apprendre à m'aimer... »

Je crie encore plus fort, alors que l'adrénaline coule dans mes veines, transcendant la douleur. Mon esprit est en ébullition, des pensées éparses sur ma vie. Je ne peux pas laisser cette situation prendre le contrôle. Je dois me battre.

D'un coup de pied dans le vide, je parviens à la repousser un peu. Je sens ma force revenir, et je tente de me frayer un chemin hors de son emprise. Mais elle accroche encore mon pied, et je suis à nouveau projeté en arrière, tombant lourdement contre la marche.

L'adrénaline continue de pulser dans mon corps, et chaque seconde me semble une éternité. « Taehyung ! » crie Junghyun encore, le son plein d'urges. « Qu'est-ce qui se passe ? Je ne peux pas ouvrir la porte ! »

Finalement, dans un dernier élan de désespoir, je réussis à me libérer de son emprise, m'élançant avec précipitation pour atteindre la porte de la chambre. Le frisson de la peur m'accompagne tandis que je me rue vers Junghyun, prêt à lui ouvrir.

Ma main tremblante atteint la poignée qui avait été verrouillée de l'extérieur. Mes yeux croisent ceux de Junghyun, pleins d'inquiétude. Junghyun se précipite dans le couloir, son regard alarmé mais déterminé.

« Je suis là, Taehyung. Je ne te laisserai pas tomber, » annonce-t-il, ses mots résonnant comme une promesse.

Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine alors que je fais face à Junghyun, qui reste aussi paniqué que moi, mais bien plus lucide. Sa voix est ferme malgré la tension palpable.

« Taehyung, appelle la police ! » dit-il, déterminé.

Je m'apprête à demander où il va quand il s'élance vers les escaliers, son visage sculpté par une colère et une détermination que je n'arrive pas à comprendre.

« Junghyun ! Attends ! Où tu vas ? » je crie, un mélange de panique et de confusion engourdissant mes pensées.

« Il faut l'attraper ! Si elle s'enfuit, on ne pourra pas te protéger longtemps. Toi, reste ici et appelle la police ! » répond-il rapidement, ne se retournant même pas.

Mes mains tremblent à la pensée de ce qui pourrait arriver, mais j'essaie de prendre une grande respiration. Je prends mon téléphone dans mas chambre, l'écran s'illuminant dans la pénombre comme une lueur d'espoir. J'hésite, mais mes doigts se posent sur les numéros d'urgence.

« 112... » je murmure à voix haute, composant nerveusement le numéro.

Lorsque la voix de l'opératrice se fait entendre, je me mets à pleurer, chaque mot me coûte, mais je lui explique la situation. « Il y a une fille qui essaie de... de me tuer... et mon ami, je ne sais pas quoi faire. Elle est entré chez nous elle va nous tuer ! »

« Calmez-vous, je vous en prie ! » dit la femme, sa voix rassurante modérant un peu ma panique. Ensuite je lui donne l'adresse en essayant de ne pas me tromper « Restez en ligne, ne raccrochez pas pendant que nous envoyons des secours. »

Elle tente de me rassurer, mais l'angoisse me consume. Mes yeux se fixent sur la porte, où Junghyun vient de disparaître. La peur d'un instant me happe, et je me mets à écouter, mes oreilles tendues, guettant le moindre bruit. Mais alors que j'essaie de me concentrer, le silence est soudain fracturé par le fracas d'un verre qui se brise dans le couloir.

Mon cœur se fige. Mon instinct me hurle de courir, et je laisse échapper mon téléphone, qui tombe au sol. Mes pieds se précipitent vers le couloir, sans attendre, sans réfléchir. Le décor familier devient un paysage cauchemardesque en un instant.

« Junghyun ! » je crie de toutes mes forces.

Je m'élance dans le couloir, prêt à faire face à mes pires craintes. La scène qui se déroule sous mes yeux est un tableau de désolation. Junghyun est par terre, le visage blême et choqué, alors que Haejin, le regard fureur et désespoir, est sur lui, l'étranglant avec une force terrible.

L'horreur se grippe autour de mes entrailles. Je ne réfléchis pas. La terreur m'élance dans un mouvement de rage. Mes bras s'élèvent, et je pousse Haejin de toutes mes forces. Elle n'est qu'une silhouette frémissante de folie, mais je la repousse aussi fort que je peux. Mon cri résonne dans la maison, mais il est noyé par le tumulte de mes émotions.

« Lâche-le ! » hurle-je.

Junghyun se redresse, l'air choqué mais déterminé alors que Haejin perd pied, emportée par mon élan. Je l'aide à se lever; il est encore sous le choc, son regard perdant un peu de son éclat. Mais à cet instant, je sais que nous ne sommes pas encore tirés d'affaire.

Haejin se redresse avec une détermination folle, dans ses yeux, uniquement de la frénésie. Elle brandit un couteau, et je vois Junghyun réagir instinctivement. Dans un geste désespéré, il la pousse violemment tandis qu'elle tente d'atteindre son but.

Le monde semble se ralentir alors que je regarde Haejin chuter. Elle dévale les escaliers, le visage déformé par la rage avant que le bruit sourd de son corps heurtant le sol ne résonne dans la maison. Le silence qui s'ensuit est lourd, presque étouffant.

Junghyun et moi, nous restons là, figés, la réalité ratatinant notre compréhension. L'odeur du sang remplit la pièce, insupportable, alors que le sang frais de Haejin macule le sol.

« Oh non... » murmure Junghyun, un regard d'horreur gravé sur son visage. Je le vois vaciller alors que son esprit se heurte à la réalité cruelle de ce qui vient de se produire.

Les larmes se mettent à couler sur mes joues, un tumultueux mélange de peur, d'angoisse et de chagrin. C'est un cauchemar dont je ne peux me défaire. Je m'approche lentement de Haejin, son corps tordu reposant là, immobile, les membres affaissés.

« Qu'est-ce qu'on a fait ? » je chuchote, à la recherche d'une explication qui semble me fuir.

La panique s'empare de Junghyun tandis qu'il semble incapable de supporter le poids de cette réalité. « Non... Non, non ! » Il secoue la tête, les larmes aux yeux. « Je... je ne voulais pas. Je ne voulais pas qu'elle meure ! »

L'esprit de Junghyun est emporté dans un cyclone de déni et de culpabilité. Je me sens si impuissant face à cette détresse. Les larmes coulent librement, et le poids des événements me submerge.

Le bruit des sirènes qui se rapprochent devient de plus en plus audible, mais le temps semble s'étirer comme un élastique, chaque seconde s'allongeant dans l'horreur. Le monde extérieur devient flou, engendrant un vide douloureux. Je cherche à me raccrocher à quelque chose, mais tout semble défaillir dans un tourbillon chaotique.

« Taehyung, ça va aller, s'il te plaît, reste avec moi, » dit Junghyun, sa voix tremblante pleine d'anxiété.

Mais même alors que son regarde se fixe sur moi, je sens mes forces me faillir. Mon corps s'estompe derrière un voile noir, la réalité s'éloignant lentement, comme une onde de chaleur qui m'emporte. Avant que je ne puisse répondre ou comprendre la réponse à cette tragédie, le noir m'envahit, me laissant glisser dans l'abîme du désespoir.

Tout s'estompe, la prise de conscience fond à l'arrière-plan, alors que les bruits de la police, les sirènes, retentissent au loin dans un écho sécher de mon image dévouée. Je perds connaissance, Haejin, Junghyun, tout. C'est juste le silence lourd, m'enveloppant, comme un dernier adieu à la terreur.

°

Depuis combien de temps n'ai-je pas vu la lumière du jour ? Je ne sais pas. Chaque minute ressemble à une éternité dans l'obscurité de ma chambre. Cela fait maintenant trois, peut-être quatre semaines que Haejin est morte. L'idée de son décès reste gravée en moi, comme une ombre qui se dilate et se rétracte selon mon état d'esprit. Les premières nuits, ma mère et moi avons trouvé refuge chez le frère de ma mère, le père de mon cousin Joon, car je ne voulais pas dormir ici. Je craignais que ce lieu imprégné de son souvenir ne devienne un fardeau trop lourd à porter.

Mon oncle a des relations, et c'est grâce à lui que l'affaire ne s'est pas ébruitée. Les gens dans le voisinage ne savent pas vraiment ce qui s'est passé. Tout le monde pense que c'était un cambriolage qui a mal tourné, que personne n'est mort. Cela m'apaise quelque peu, car je ne voulais pas que Junghyun soit marqué à jamais par ce qu'il a dû faire. Il m'a sauvé, et c'était à mon tour de le protéger.

Nous avons néanmoins appris, en fouillant dans les archives de la police, que son nom était Oh Haejin. Elle avait 27 ans et avait déjà été arrêtée deux fois dans le passé pour avoir agressé un homme dont elle était obsédée. Mais comme il n'y avait jamais eu de plainte, elle avait toujours réussi à sortir avant de recommencer. Ensuite, dans une nouvelle vie qu'elle avait orchestrée, elle avait enlevé puis séquestré un étudiant pendant plusieurs jours avant que celui-ci ne parvienne à s'enfuir. Elle avait été internée pendant trois ans dans un hôpital psychiatrique, et voilà qu'à sa sortie, elle me trouvait. Selon les enquêteurs, elle m'observait depuis un moment, planifiant chaque mouvement dans l'ombre. Des photos de moi avaient été retrouvées chez elle, des clichés me montrant dans la rue, dans mon lycée, à l'épicerie. Elle avait même collé mon visage sur des poupées. Mon estomac se retourne à cette pensée; je ne veux pas en savoir plus.

Désormais, ma mère et moi sommes de retour chez nous. Après les semaines chez mon oncle, qui a dépensé une fortune pour réparer la maison. Les murs sont peints d'une nouvelle couleur, le sol refait, et nos meubles déplacés pour changer le décor. Je ne pouvais retourner ici sans avoir tout modifié. Mon cœur pèse dans ma poitrine lorsque je repasse une dernière fois en revue ma chambre avant de m'enfermer.

Il y a des serrures sur toutes les portes. Chaque soir, je ne peux pas dormir tant que ma mère n'a pas fait le tour des pièces pour verrouiller toutes les portes. Une fois qu'elle a terminé, je reprends cette habitude de m'enfermer à clé. Je ne peux pas m'empêcher de ressentir la claustrophobie de nos choix. La nuit, elle veille jusqu'à ce que je m'endorme, mais son regard inquiet, empli de peur, me trouble.

Je ne dors presque plus, traînant un visage cerné qui me semble étranger. Je ne sais pas ce que ma mère a dit à l'école. Je n'y vais plus depuis l'incident. Je ne peux pas sortir de chez moi sans sentir mon cœur se serrer. J'ai dessiné un croquis qui représente mon état d'esprit - des dégradés de noir et de gris et de rouge. C'est l'image d'un être en souffrance qui s'enfonce au fond d'un abîme.

(Voilà le dessin que j'ai fait pour illustrer ce que Taehyung vient de dessiner)


Jimin et Yoongi sont passés me voir, mais ma mère leur a dit que je n'étais pas ici, que j'étais chez mon oncle. Je n'ai envie de voir personne. J'ai éteint mon téléphone et je ne l'ai pas touché depuis des jours. Junghyun, je ne sais pas comment il va. Ma mère m'a soufflé qu'il ne sortait presque plus de chez lui. C'est compréhensible, je suis dans la même situation, je suppose. Nous avons tous les deux besoin de temps, mais le temps semble se diluer dans une tristesse sourde et pesante.

Ce soir, le silence règne dans la maison, seulement troublé par le bruit de ma cuillère qui tourne dans la soupe tiède devant moi. Voilà, encore une fois, je m'assois à table, mais je ne goûte même pas.

« Taehyung, j'ai eu une idée avec tes grands-parents, » commence ma mère, les traits de son visage marqués par l'inquiétude. « Le mieux serait que tu t'éloignes un peu de cet endroit, de cette ville aussi. Ça te dirait d'aller vivre à Daegu avec eux ? Ils seraient heureux de t'accueillir. La maison est très grande et à la campagne... cela te ferait du bien, un peu d'air frais... »

À ces mots, un tremblement d'angoisse monte en moi. Une boule de désespoir se forme dans ma gorge. L'idée de quitter ma maison, d'abandonner mes souvenirs, tout cela me semble insupportable. J'essaie de réfléchir, mais les pensées s'entrechoquent de manière désordonnée.

« Non, je ne peux pas ! » dis-je, ma voix s'alternant entre la protestation et le désespoir. « Je ne veux pas partir ! Ce n'est pas la solution. Qu'est-ce que je vais faire là-bas, loin de toi ? »

Ma respiration s'accélère, une sensation d'oppression m'envahit. Mes yeux se remplissent de larmes que je ne peux laisser s'échapper. Cela aurait pu m'aider, être loin ici. Mais je sais que fuir ne résoudra rien. Je suis piégé dans un cercle vicieux de dépression où chaque option semble être un pas en arrière.

« Taehyung, ce n'est pas pour toute la vie, juste un moment pour te reposer et respirer. Je suis inquiète pour toi... » ma mère murmure, essayant de calmer la marée d'émotions qui surfe sur moi.

Je me lève de ma chaise, faisant claquer le bruit du bois sur le sol. « Tu ne comprends pas ! Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Je ne peux pas juste quitter ce que j'ai connu ! Je n'ai pas eu mon mot à dire ! »

Elle me regarde avec une profonde tristesse, une douleur partagée.

Alors que je me prépare à évacuer cette tension, je prends une profonde inspiration, les larmes coulant des yeux. Je me dirige vers la fenêtre, peinant à regarder l'extérieur où la nuit règne. Mon cœur se serre alors que la vision de cette obscurité m'étreint.

« Taehyung... » murmure ma mère, son regard s'assagi. « Je veux juste que tu sois en sécurité. »

Et même si je comprends son inquiétude, elle ne peut pas appréhender la peur que j'ai de la solitude, que je devrais faire face à tout cela seul. Je me rends compte que peut-être, la réponse n'est pas de fuir mais de surmonter cette épreuve, comme Junghyun a tenté de le faire pour moi. Mon cœur se tord à cette pensée, une chaleur de chagrin et de désespoir, avant que je ne tourne les talons.

« Je vais me coucher, » dis-je d'une voix rauque, rétrécie par l'effondrement qui se construit lentement en moi.

Je ne peux pas lui dire que je suis terrifié de ce qui m'attend. Je ne trouve pas les mots pour décrire la douleur, le déni et la lourdeur de mes sentiments. Alors je m'enferme à clé dans ma chambre, attendant la nuit, où les fantômes du passé continuent de planer au-dessus de moi, me rappelant que, peu importe où je cherche réconfort, je reste traîné par la puissance des événements.

°

Le lendemain matin, le soleil perce timidement à travers les rideaux de ma chambre. Avec un grognement, j'essaie de me lever, mais la lourdeur de la nuit précédente pèse toujours sur mes épaules. Malgré tout, quelque chose en moi a changé. J'ai passé la nuit à réfléchir, à peser le pour et le contre de la proposition de ma mère. Peut-être qu'un changement d'environnement pourrait m'aider à guérir, à trouver un peu de répit loin de cette ombre persistante qui me hante.

Je descends les escaliers, l'odeur du café frais flottant dans l'air. Ma mère est là, son regard partagé entre l'inquiétude et l'espoir.

« Bonjour, mon chéri, » dit-elle doucement, un sourire timide sur son visage. « Comment te sens-tu ce matin ? »

« Je... j'ai réfléchi à ta proposition, » commence-je, en écartant mes cheveux en désordre. Je sens mon cœur battre un peu plus vite, une appréhension mêlée à une détermination croissante.

Elle me fixe, l'inquiétude s'estompant lentement de ses traits. « Oh ? Et qu'en penses-tu ? »

Je respire profondément, la décision s'affirmant en moi. « Je pense que... je vais essayer de vivre un temps chez papy et mamie. Peut-être que cela me fera du bien, » dis-je finalement, chaque mot résonnant comme une bénédiction mêlée d'incertitude.

Un sourire éclatant illumine son visage. « Vraiment ? Oh, Taehyung, je suis si soulagée ! Ça te fera du bien de changer d'air, de t'éloigner de tout cela. »

Je hoche la tête, mais le doute étreint encore mon ventre. Je sais que ce ne sera pas facile, mais j'aspire à retrouver un peu de paix. « Mais je veux revenir, maman. Un jour, je serais de nouveau prêt à faire face à tout ça, » déclaré-je, la voix pleine de volonté.

« Bien sûr, » répond-elle, son regard doux. « Prends le temps qu'il te faut. Mais je sais que tu es fort, et tu pourras surmonter cette épreuve. »

Je lui souris faiblement, reconnaissant pour son soutien, même si une part de moi est encore empreinte de peur. « J'espère qu'ild seront d'accord. Je ne veux pas déranger leur vie. »

« Ils seront ravis de te voir, Tae. Ta grand-mère a hâte de te préparer de bons plats. Imagine un peu, tu pourras aller te promener dans le jardin, respirer l'air frais de la campagne. »

Je ferme les yeux en l'imaginant. En effet, cela pourrait apporter une légèreté que je recherche depuis longtemps. Peut-être que l'air frais pourrait rafraîchir mon esprit, calmer mes pensées troublées.

« Oui, ça pourrait être bien, » dis-je, me laissant envahir par cette douce image.

Ma mère se lève et m'enlace, et je sens une chaleur réconfortante s'emparer de moi. « Je suis fière de toi, Taehyung. Souviens-toi, je suis toujours là, peu importe ce qui se passe. Nous passerons à travers cela ensemble. »

Je me dégage lentement pour la regarder dans les yeux. « Merci, maman. » Je n'ai jamais été aussi conscient d'à quel point j'avais besoin de ce soutien.

Alors que la décision se concrétise, une lumière d'espoir perce à nouveau dans mon cœur. Peut-être qu'en vivant chez mes grands-parents, je pourrais vraiment commencer à me reconstruire. Une étape à la fois. Et un jour, je reviendrai, plus fort que jamais.

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9,1k de mots pour ce chapitre j'espère avoir réussi à vous immerger dans les émotions de Taehyung

Désormais, retour au présent avec le chapitre suivant qui arrivera bientôt ❤️

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