🆇︎🅻︎🆅︎🅸︎.𝐼𝑛𝑡𝑒𝑟𝑙𝑢𝑑𝑒 𝑏𝑜𝑛𝑢𝑠 𝑇𝑎𝑒ℎ𝑦𝑢𝑛𝑔

J'avais 15 ans lorsque j'ai quitté Busan pour me rendre à Daegu, et aujourd'hui, à 21 ans, je retourne enfin chez moi. Chaque virage que je prends au volant de ma Jeep me rappelle des souvenirs enfouis, des éclats de rires, des cris d'enfants, des promesses échangées. Le trajet de Daegu à Busan me semble à la fois extrêmement long et trop court. L’angoisse festoie dans ma poitrine, une légère nausée se mêlant à l’excitation, alors que je m'approche des souvenirs d'un passé que j'avais cru derrière moi.

En route, je repense à toutes ces années passées chez mes grands-parents, à la campagne, loin de l'agitation de la ville. Ma mère avait raison, cet éloignement m'a permis de guérir, de trouver un semblant de paix intérieure. Jimin est passé me voir de temps en temps, mais c’est Junghyun, mon meilleur ami, qui a fait le voyage le plus souvent. L’idée même qu’il soit à Séoul pour ses études me serre le cœur. Je me demande comment il va vraiment. Lors de nos conversations, il prétend aller mieux, tout comme moi, mais je sais que derrière nos sourires, tout est un peu en désordre. Je suis convaincu qu'il porte encore les cicatrices de cette nuit tragique, tout comme moi.

Alors que la route défile sous mes yeux, une pensée obsédante me traverse l’esprit : ai-je vraiment aimé Junghyun ? Ou est-ce simplement de l’admiration ? Chaque fois que je le vois avec une autre fille, un sentiment de jalousie m’envahit. Je déteste cela. Cela me pousse même à sortir avec des gens que je n’aime pas, un simple moyen de masquer mes vrais sentiments. Pourquoi ne peux-je pas juste faire face à la réalité de ce que je ressens ?

Il est environ 17 heures lorsque je gare ma Jeep dans l'allée de la maison. Le quartier n’a pas beaucoup changé : quelques nouvelles couleurs ici et là. Je visse mon regard sur la maison voisine. Mon cœur s'emballe à l’idée que Junghyun y vit, même si je sais qu’il est si loin, à Séoul. Je me demande aussi comment va son petit frère, Jungkook. La dernière fois que je l'ai vu, il n'avait que 11 ans. Je fais les calculs dans ma tête – il doit avoir 17 ans maintenant. J'aimerais le voir, savoir ce qu'il est devenu.

Juste alors, la porte de ma maison s’ouvre, et ma mère s’avance, les bras ouverts. Mon cœur se serre lorsque je la voisapparaître, un mélange d'amour et de nostalgie inondant mon cœur.

« C'est pas vrai, tu as encore grandi, mon poussin ! » s'exclame-t-elle, les larmes aux yeux alors qu'elle me saute dans les bras.

« On s'est vu il y a un mois, maman, » dis-je en riant, même si cela me semble une éternité.

Sa joie est contagieuse et me réchauffe le cœur. Je peux voir les changements sur son visage, l'épanouissement qui s'est installé depuis le divorce. Il y a quelque chose de lumineux en elle, une liberté retrouvée qui m’apaise. Elle me prend par la main, me tirant vers la maison avec une énergie débordante.

« Viens, je t’ai fait un bon petit plat, tu vas adorer ! »

Alors que je pénètre à l'intérieur, un flot de souvenirs me submerge. La maison, bien que familière, semble différente. Les murs portent encore la couleur que je connaissais, mais chaque rayon de lumière en traverse sont nuances de nostalgie. Je me retrouve blotti dans les souvenirs des rires qui résonnaient dans chaque coin, des murmures de confidences échangées sur le canapé du salon.

Je le prends en moi, comme un étrange mélange d'angoisse et de paix. Comment vais-je retrouver ma place ici ? Je me rappelle ma chambre, fermée depuis si longtemps, et je commence à appréhender ce qui m'attend.

« Tu veux que je te montre ta chambre ? » demande ma mère, comme si elle devinait mes pensées.

Je hoche la tête, le cœur battant, tandis qu’elle ouvre la porte. Mon ancienne chambre s’offre à moi, le même décor d’antan, mais empli de poussière et de silence. Les posters de mes idoles sont encore accrochés aux murs, comme des fantômes d'une vie que j’avais laissée derrière moi. Mon bureau est là, chaotique comme je l’avais laissé, rempli de croquis et dessins, tous témoins de mes luttes passées.

« J’ai fait nettoyer, mais je n’ai rien touché, » dit-elle d’une voix douce. « Je pensais que tu voudrais tout de même retrouver tes souvenirs. »

Les larmes me montent aux yeux. La magie du passé m’enveloppe, mais c’est aussi douloureux. J’éprouve ce besoin d’exprimer ce que je ressens, de partager mes luttes et mes victoires avec ma mère.

« Maman… merci, pour tout cela. C’est… c’est réconfortant, » réussis-je à articuler, la voix chargée d'émotions.

Elle s’approche, pose une main réconfortante sur mon épaule. « Je veux que tu te sentes chez toi, Tae. Peu importe combien de temps cela prendra, je suis là avec toi. Et… si jamais tu as besoin de parler, je suis toujours prête à écouter. »

Un frisson de gratitude me parcourt. J’ai tant de choses à lui dire, mais la liste m’apparaît si complexe. Je n’ai toujours pas trouvé les mots pour décrire mes propres sentiments à son sujet, à l’égard de Junghyun, de ce que  nous avons vécu. Chaque pensée est comme une porte fermée, un aspect de moi que je n’ai pas encore pu explorer.

Je pose mon sac sur le lit, entoure la pièce de mon regard. Je me sens pris au piège dans un film, ce mélange irréel d’émotions et d’angoisse. Mon cœur bat au rythme des souvenirs, mais aussi des incertitudes.

« Tu dois être fatigué après tout ce chemin. Je vais te laisser te poser un peu. Nous pourrons parler ce soir, d'accord ? » dit ma mère, me laissant dans le calme de ma chambre, les souvenirs tourbillonnant dans mon esprit.

Elle sort en fermant doucement la porte, me laissant seul avec mes réflexions. Je prends une profonde inspiration, chassant le reste de mes inquiétudes. Ce retour à Busan ne sera pas facile, mais peut-être est-ce une chance de redéfinir qui je suis vraiment.

Alors que je regarde à travers la fenêtre, les couleurs du crépuscule se mêlent, étalant l’horizon d’une douceur mélancolique. Peu importe ce qui m'attend, j'ai la volonté de m'affronter et de découvrir ce qui m'attend derrière chacun de ces souvenirs.


°

Cela fait peut-être deux semaines que je suis rentré à Busan. Les jours passent en un flou d’incertitudes et d’émotions confuses. Ce soir, ma mère et moi sommes invités à dîner chez nos voisins. Bien que je sache que Junghyun n'est pas là, l'idée de revoir Jungkook, son petit frère, attise ma curiosité et me pousse à accepter.

Devant la porte de la maison d’à côté, ma mère sonne. Le bruit de la sonnette résonne dans l'air frais du soir, chaque seconde qui passe amplifiant ma nervosité. Finalement, quand la porte s'ouvre quelques minutes plus tard, tout semble s'arrêter. Je reste figé sur place, mon cœur s'accélérant comme un tambour frénétique. Je n'avais pas ressenti une telle émotion depuis longtemps, une sorte d'excitation mêlée à un inexplicable vertige. Jungkook. Je suis à peu près certain qu'il s'agit bien de lui, mais il a tellement changé.

« Bonsoir Jungkook ! » s'exclame ma mère avec un sourire qui illumine son visage. « Tu te souviens de mon fils, Taehyung, n'est-ce pas ? »

À cet instant, je me sens déconnecté, presque perdu. Les mots se bloquent dans ma gorge et je crains de tourner en ridicule si je parle. Pourtant, je prends une grande inspiration, rassemblant mon courage, et murmure finalement :

« Salut, Jungkook. »

Cela fait six longues années que nous ne nous sommes pas vus, et chaque battement de mon cœur semble tirer un peu plus sur mes nerfs. Je ne parviens pas vraiment à comprendre l'intensité de ce que je ressens.

« Pouvons-nous entrer, Jungkook ? » demande ma mère, me sortant de mes pensées étourdissantes. Jungkook se pousse sur le côté, instinctivement courbant légèrement son corps pour nous laisser passer, un geste empreint de politesse.

À ce moment-là, je me souviens qu'il est muet et malentendant. Une vague de regrets m'envahit. J’aurais donné n'importe quoi pour entendre le son de sa voix, savoir quel timbre il aurait eu. Aurait-ce été rocailleux, doux, ordinaire ? Peu importe. J'aurais aimé l'entendre.

Sa mère fait son apparition dans le couloir et nous invite à rejoindre le salon, où l’atmosphère est chaleureuse et accueillante.

« Jungkook, viens prendre place avec nous. Je te connais, tu risques de t’enfermer dans ta chambre sinon, » dit-elle avec une tendresse palpable.

Nous sommes bientôt assis à la table de la salle à manger. J'évite de regarder Jungkook, conscient que si je le fais, je risque de ne plus pouvoir détourner mon regard. Chaque seconde passée à proximité de lui aiguise la cacophonie de mes émotions, un mélange de nostalgie et de nouveautés qui s’entrechoquent tumultueusement. Je suis en proie à une confusion que je ne parviens pas à nommer, et je me blâme silencieusement. Je ne dois pas laisser ces sentiments prendre le dessus. Jungkook n'est que le petit frère de mon meilleur ami, après tout.

En finissant notre repas, nous débarrassons tous ensemble la table. Jungkook et moi montons vers sa chambre, un espace que je redoute et désire en même temps. Chaque pas que je fais résonne comme une promesse dans l'air. Ce moment semble suspendu dans le temps, et je sens mon cœur battre plus fort alors qu'il me montre le chemin vers son sanctuaire.

Il ouvre la porte de sa chambre et j'entre avec appréhension. L'intérieur est à la fois familier et étrangement nouveau. Les murs sont ornés de posters et de souvenirs d’un adolescent qui a grandi sans moi. Mais c’est la présence de Jungkook qui me frappe le plus. Il est là, devant moi, une présence à la fois rassurante et déroutante.

Sa lumière, son sourire subtil, tout en lui semble m’attirer comme un aimant. Je n'ai jamais compris comment passer de l'enfance à ce moment pourtant innocent, partagé, mais chargé d'une tension palpable. Mon cœur s'emballe encore plus lorsqu'il me regarde, ses grands yeux brillants me scrutant, cherchant sans doute ce que je pense de lui.

La distance entre nous se réduit, et malgré l'air chargé de timidité, je sens un lien inexplicable s'établir. Dans ce silence, nos regards se croisent, et c'est comme si quelque chose d'indéfinissable se mettait en place. Je veux à la fois reculer et avancer, garder mes distances tout en découvrant cet être fascinant qu’il est devenu.

Je me demande si je peux vraiment le considérer comme un ami, car la manière dont il me fait ressentir me dépasse. Pourtant, une voix intérieure me supplie de me permettre cette vulnérabilité. Ce moment, cette connexion fugace, est unique. Son regard doux et inquisiteur captive mon attention, et je réalise que la peur que je sens en moi est tout aussi proche de l'émerveillement.

Plus le silence se prolonge, plus je comprends que je suis Ià, dans l'écrin silencieux de son monde, désireux de partager des mots, des rires, des secrets. Sans même le comprendre, je ressens quelque chose d’aussi puissant qu'un coup de foudre.

Je m'assois sur le lit de Jungkook, observant les éléments qui composent son univers, chaque objet prêt à raconter une histoire. Ses étagères sont une mosaïque de livres, de dessins, et de souvenirs d’une enfance apparemment heureuse. Je me sens étrangement détaché, comme un intrus dans un lieu qui lui appartient entièrement.

Jungkook prend place à mes côtés, et je perçois son regard sur moi. C’est un sentiment à la fois réconfortant et déconcertant, et je fais de mon mieux pour ne pas croiser son regard. Chaque effort est un défi en soi, surtout depuis le début de la soirée. Il a tellement changé. Les souvenirs des photos que Junghyun m'a montrées ne prouvent rien par rapport à la réalité. Jungkook est devenu un jeune homme, élégant et séduisant, bien au-delà de ce que j'aurais pu imaginer.

Dans un élan de courage, je me rappelle quelques signes de la langue des signes que j'avais appris autrefois, lors de mon enfance ici.

— Ça va ? murmuré-je en signant maladroitement.

Ses yeux s'ouvrent en grand, s’étonnant comme des soucoupes. À travers son regard, je devine une lueur d’émerveillement.

« Tu sais signer ? » Il écrit, son excitation palpable sur la page.


— J’ai seulement gardé quelques mots basiques de l’époque où ton frère m’initiait au langage des signes, dis-je avec un sourire, tentant de cacher mon malaise.

Un « Oh » muet s'échappe de ses lèvres, suivi d’un sourire rayonnant qui me fend le cœur. C'est quelque chose d'innocent et de pur.

« Tu sais que tu peux parler avec ta voix, je ne suis pas vraiment sourd, enfin, pas avec mon appareil sur moi. Je peux t’entendre, » il écrit, son regard se détournant légèrement, comme s'il était gêné.

Je le regarde, et je ne peux toujours pas saisir l'intensité de ce moment. Mon cœur tambourine à un rythme effréné. Enfant, j'avais toujours trouvé Jungkook joli, un petit frère que j'aimais bien, mais maintenant qu'il a grandi, il dégage quelque chose de plus insidieux. C'est comme un mélange de sécurité et d'adrénaline, un sentiment troublant. Ce n’est pas comme avec Junghyun. C’est différent… C’est plus… Apaisant, et pourtant troublant à la fois.

Je me bataille intérieurement, essayant désespérément de détourner mon regard de lui. Mes yeux se posent finalement sur une photo accrochée au mur. Un ancrage dans ce tourbillon d'émotions.

— Tu as toujours cette photo ? dis-je en me levant, marchant vers l’image.

Elle montre nos familles réunies lors d'un pique-nique en plein air. Jungkook est au milieu, son frère et moi riant aux éclats derrière lui. Je reconnais ce jour-là, celui où la vie semblait si simple. Junghyun venait d’avoir 13 ans, j'avais encore 12 ans et Jungkook allait sur ses 10 ans. Nous étions blindés de bonheur, innocents des tourments qui allaient surgir plus tard. À cette époque, j'étais convaincu d'être amoureux de Junghyun, et ma tête n’était pas encore un chaos de sentiments confus.

En regardant cette photo, je ressens un frisson, un mélange de nostalgie et de mélancolie. C'étaient des temps plus simples. Pourtant, devant Jungkook, un petit frère aux traits d'homme, ces souvenirs sont teintés d'un sentiment nouveau et déstabilisant. Je lutte contre cette attirance, essayant de me convaincre que c’est absurde d’éprouver quoi que ce soit pour le frère de mon meilleur ami. Mais chaque regard échangé, chaque sourire, réveille une étincelle que je n'arrive pas à ignorer. C'est une danse entre ce que je désire et ce que je pense être juste.

Je sens la tension dans l’air, comme un fil tangente tendu entre nous. Un fil que je ne veux pas rompre.

°

Étant donné que nous étions censés passer la nuit chez moi, c'est finalement là que Junghyun, Jungkook et moi sommes allés en rentrant de la fête chez Yoongi. Ils dorment à poings fermés, mais moi, je reste éveillé. Il est environ 4 heures du matin, et je me trouve dans la cuisine, verre d'eau à la main, l'esprit embrouillé.

Soudain, j’entends des pas et vois Jungkook entrer dans la pièce. Il allume le plafonnier, et la lumière éclaire son visage, révélant une fatigue entrecoupée de curiosité.

« Tu ne dors pas ? » lui demandai-je, surpris de le trouver éveillé.

Ces dernières semaines, nous avons souvent échangé des messages. À chaque fois, je dois lutter pour ne pas paraître trop enthousiaste à l’idée de lui parler, comme si ma vie en dépendait. Je ressens une culpabilité sourde vis-à-vis de Junghyun. Je ne peux pas lui faire ça. J’ai peur que mes sentiments pour Jungkook ne soient qu’une illusion, le reflet de mon affection pour son frère, et cela ne serait pas juste pour lui.

Il s'approche de moi, son regard s'attardant sur mon tatouage. « C’est beau, je trouve ça poétique… » écrit-il, joie et admiration dans ses gestes.

« Exactement… C’est poétique en y repensant, » répondis-je, un sourire involontaire se formant sur mes lèvres.

« Ça a une signification ? Pourquoi une rose noire ? Pourquoi est-elle frappée par la foudre ? » continue-t-il, sa curiosité palpable.

Je prends un moment pour réfléchir, cherchant les mots justes sans craindre de trop m'ouvrir. « Je t'en parlerai plus tard. Alors dis-moi, tu es gay ? Enfin… je dis ça car, lors du jeu, tu... »

Il commence à écrire, son air d'hésitation révélant sa timidité. « Je le suis, mais ne le dis pas à Junghyun. Je n'ai pas envie de lui en parler maintenant. »

Je hoche la tête, comprenant la complexité de sa situation. « Toi aussi, tu l’es, n'est-ce pas ? » demande-t-il lentement, me scrutant de ses yeux brillants.

« Ouais… Ce n'est pas vraiment un secret. » Je réponds, la réalité de mes sentiments planant comme un nu sombre au-dessus de nous.

« Es-tu déjà sorti avec des garçons ? C'était comment ? » Il écrit avec une insistance qui me touche.

Je me souviens de ma seule expérience, un mélange d'hésitation et de regret. « Une fois, oui, mais c'était une erreur de ma part. Pour les autres, ce n'était que des coups d'un soir. »

« Une erreur ? Pourquoi ? » Jungkook continue d'interroger, son intérêt sincère.

« Je suis... amoureux de quelqu'un d'autre mais ce n'est pas réciproque, et je suis sorti avec ce mec juste pour oublier l'autre. Ça s'est mal fini. » Mon cœur se serre à cette confession. Ce que je dis n'est pas complètement vrai, mais c'est tout ce que je peux lui offrir. Je ne suis pas sûr d'être amoureux de Junghyun aujourd'hui. Peut-être que c’était vrai dans le passé, mais c'est tellement plus compliqué maintenant. « Et toi ? »

Un silence s’installe alors que je lui lance ma question. Je vois son visage réfléchir, ses doigts dansant sur le carnet, le temps lui est nécessaire pour formuler ses pensées.

« Moi aussi, je suis amoureux d'une personne mais ce n'est pas réciproque, » écrit-il enfin, son regard se perdant dans le vide lointain, comme s'il revivait un souvenir. « L'année dernière, j'ai rencontré Jamie. Il n'a passé que deux mois au lycée, mais il m'a fait vivre plein de choses. C'est avec lui que j'ai eu mon premier baiser. certaines expériences aussi. Mais nous n'avons jamais couché ensemble. C'était quelqu'un de bien, mais on a perdu contact. »

Je lis attentivement ses mots, ressentant la mélancolie qui imprègne chaque phrase. Jamie, son premier amour, un visage que je ne connais pas mais qui s'impose dans le récit. Après avoir lu ce qui s'apparentait à une confession, je dépose doucement le carnet sur la table, un mal au cœur léger prenant racine en moi. Jungkook aime quelqu'un d'autre…

À quoi je m'attendais, après tout ? La jalousie me frappe de plein fouet, mais je me demande aussi si j'ai vraiment le droit de ressentir ça. Entre la douleur de découvrir qu’il est partagé et la gloire fugace d’avoir ce moment avec lui, je suis coincé dans cette dualité. Mes sentiments se déchirent comme un tissu dont les fils s’entrelacent.

Je veux dire quelque chose, apaiser cette tension que nous partageons, mais chaque mot me semble lourd, chargé de non-dits. Mon cœur est un champ de bataille, tiraillé entre l’envie de le voir heureux et le désir égoïste de le garder près de moi, sans l’ombre de son amour pour Jamie. Je me sens perdu dans cette marée d’émotions, ignorant comment avancer.



« Jamie semble avoir occupé une place importante dans ta vie, » dis-je finalement, tentant de garder une neutralité dans ma voix. « C'est une belle histoire, même si elle n'a pas abouti. Je ne sais pas de qui tu es amoureux, mais j'espère qu'un jour, les choses s'arrangeront. » Ces mots sortent, mais en moi, je verrouille mon cœur, l'enfermant à double tour pour éviter qu'il ne se trahisse.

Jungkook me fixe, une lueur d'inquiétude dans les yeux. « Et pour toi ? Avec la personne que tu aimes ? »

À sa question, je laisse échapper un soupir. Une tristesse sourde s'installe dans mon regard, comme un nuage lourd prêt à pleuvoir. Les sentiments que j’éprouve sont un vrai désordre. Je ne sais même plus ce que je ressens, qui j’admire. Mon cœur est tiraillé entre deux directions. D'un côté, il y a Junghyun, et de l'autre, toi, Jungkook. Mais il m'est encore impossible de te parler de cela.

« C'est compliqué, » murmuré-je, le poids de mes mots lourd sur mes épaules. « Cet amour est un chemin semé d'embûches. Il ignore mes sentiments à son égard, et même si je lui avouais, j’ai peur que cela ne change rien. C'est un fait, il aime les femmes, et je ne peux pas y changer quoi que ce soit. »

Les mots sont sortis trop vite, révélant une vulnérabilité que je ne voulais pas montrer.

Mais il y a quelque chose d'encore plus douloureux que cela, un secret que je garde profondément enfoui. Et même si je me retrouve ici, face à Jungkook, je sais que jamais il ne me verra autrement que comme l’ami de son frère. Cette vérité est à la fois rassurante et terrible. Elle me procure une certaine sécurité, mais elle me blesse aussi, me laissant avec un goût amer de ce qui aurait pu être.

Je détourne le regard, mes pensées s'entrechoquant dans ma tête, une bataille silencieuse qui me laisse à la fois désorienté et désespéré. Dans ce tourbillon d'émotions, je me demande si je parviendrai un jour à faire le tri entre mes sentiments et à comprendre ce que je veux réellement.



Voilà le chapitre sous le point de vue de Taehyung que je vous avais promis. Ce chapitre était censé arriver bien avant l'épilogue mais je ne l'avais toujours pas encore fini alors j'ai décidé de le mettre en bonus après l'épilogue. Il reste la deuxième partie du chapitre que je n'ai pas encore fini. J'espère que cette première partie vous a plu.

En attendant la seconde partie, si ça vous tente, vous pouvez lire mon autre histoire : Sickly Sweet

Le résumé :

K

im Taehyung, disparu à l'âge de 6 ans, est enfin retrouvé des années plus tard, portant en lui les cicatrices indélébiles d'une captivité qui l’a profondément marqué. Alors qu'il lutte pour retrouver une vie normale au sein d'une réalité qu'il avait oubliée, son chemin croise celui de Jungkook, un garçon solitaire aux airs mystérieux, lui aussi chargé de secrets. Chaque jour, Taehyung le voit, assis au bord de l'étang du parc, nourrissant les poissons d'un geste mélancolique accompagné de son violon. Ensemble, ils tissent une amitié sincère, apprenant à affronter leurs blessures et à redécouvrir la joie dans un monde qui les avait si longtemps laissés de côté.

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