14 | don't leave me

12 mai 2018, 07:14 p.m
Dortoir de BigHit,
Séoul, Corée du Sud



Nous avions fini la promotion de DollHouse pour les scènes coréennes, après un peu plus de deux mois de performances de ci de là. Le clip vidéo de Doctor devait sortir le soir-même, dans une sorte de prolongement de DollHouse, en gros il s'agissait là des conséquences des problèmes évoqués dans notre maison de poupées. J'avais hâte des retours des fans, et j'espérais qu'ils soient aussi contents de notre travail que pour DollHouse, qui venait de dépasser les quatre-vingt millions de vues sur YouTube.

J'étais allongée dans mon lit alors que les autres membres étaient sorties se promener quand mon téléphone sonna. C'était ma mère. Elle m'appelait souvent en ce moment, car j'imagine qu'elle devait évacuer la pression par rapport à mon grand-père. Le pauvre venait seulement de sortir de l'hôpital, après qu'il y soit rentré deux mois auparavant. La situation était périlleuse et cause d'angoisse et de disputes entre les membres de ma famille, et ça me rappelait malheureusement la première fois où une pareille chose était arrivée à mon grand-père, deux ans auparavant. J'avais de la peine pour mes parents et mon petit frère qui devaient gérer ça seuls, alors que j'aurais pu être avec eux.

Maman ne m'en voulait pas, papa non plus. En fait, personne ne m'en voulait, ils étaient juste « heureux » que je suive mon rêve. Je crois bien que mamie n'arrivait pas très bien à comprendre ce que je faisais en Corée, mais elle était contente pour moi je suppose.

Je parlais de longues minutes avec mes parents et mon frère avant de raccrocher à cause du manque du temps dont ils disposaient. Ma mère devait une nouvelle fois amener ma grand-mère pour qu'elles récupèrent papi afin de le ramener à la maison. Je restai allongée quelques minutes supplémentaires, pensive, les larmes aux yeux. Je fermai les paupières. Je n'avais pas envie de pleurer maintenant.

La porte d'entrée s'ouvrit et je m'étonnai de voir les filles revenir si tôt. Je quittai ma chambre pour trouver non pas les membres mais un Jimin emmitouflé dans un sweat un peu trop grand pour lui, les yeux rouges et les lèvres tremblantes. Je fronçai les sourcils et il s'empressa de me demander si je n'avais pas vu l'un des garçons car apparemment, il les cherchait.

- Je suis désolée mais non, je n'ai pas quitté le dortoir.

Dire que Jimin était une merde en anglais était une idiotie. Il comprenait assez bien la langue et savait à peu près construire des phrases correctes, ce qui était plus facile pour communiquer.

- Oh... Okay, ce n'est pas grave.

Sa voix menaçait de se briser et je ne compris pas pourquoi. Je ne pus m'empêcher de lui demander ce qui se passait pour qu'il soit dans cet état et il sembla hésiter, puis finit par me passer son téléphone ouvert sur Twitter. Je lus un certain tweet plutôt violent, lui étant directement adressé: une menace de mort. Les BTS avaient annoncé leur world tour il y avait quelques semaines déjà, en même temps que leur prochain album, mais apparement les mauvaises nouvelles arrivaient aussi rapidement que la joie des fans. Un certain gars prévoyait de tirer sur le pauvre Jimin lors d'un concert au Texas.

- C'est vraiment n'importe quoi, dis-je même si ça me touchait un peu.

- J'ai peur, répondit tout de suite Jimin alors que je relevais les yeux vers lui.

Jamais je ne l'avais vu aussi vulnérable, prêt à pleurer à tout moment. Honnêtement, il ressemblait en cet instant à un enfant.

- Tu n'as pas à avoir peur Jimin... La sécurité va être renforcée et tu sais aussi bien que moi que personne ne pourra rentrer dans l'arena avec un pistolet...

J'allais pour continuer mais il éclata en sanglots, tout tremblant, devant la porte d'entrée. Touchée, je le pris naturellement dans mes bras, avant de me rendre compte que c'était peut-être très mal vu dans ce pays. Je voulus me reculer mais Jimin s'accrocha vraiment fort à mon tee-shirt, alors je me dis qu'il valait peut-être mieux ne pas le repousser dans une telle situation. J'essayais de le rassurer mais c'était vraiment étrange, je consolais un mec d'une vingtaine d'années alors que j'avais fêté mes dix-sept en février...

- Pourquoi... pourquoi c'est toujours moi ? hoqueta t-il contre mon épaule.

Je soupirai.

- Je me suis posée la question il y a quelques mois. Arrête de pleurer ChimChim, c'est rien.

Il s'éloigna un peu et ne parut même pas choqué que j'ose l'appeler par l'un de ses surnoms. C'était sorti tout seul. Il fronça cependant les sourcils.

- Vous en avez reçus avec le groupe ?

Je ne voulais pas m'étaler sur le sujet.

- J'en ai déjà reçu une personnellement, je ne pense pas que les autres en ai eu. Mais ce n'est pas important.

Je lui souris et lui dis de s'assoir sur le canapé alors que je me plantais devant lui, toute sourire.

- Alors, que veux-tu faire ? First of all, tu veux quelque chose à boire ? On a hum... du jus de fruits, du café, beaucoup de thé, ris-je, et... des sodas parce qu'Alma adore ça !

Mon entrain le fit sourire et il me répondit timidement qu'un verre d'eau suffirait. Je lui apportai puis m'assis à ses côtés.

- Alors, euh... On peut... sortir prendre l'air si tu veux.

Il fit non de la tête.

- Jouer à un jeu de société ?

Non.

- Roh... Cuisiner ? pouffai-je.

- Je ne sais pas cuisiner, avoua le coréen en souriant.

- C'est une honte ! plaisantai-je. Je n'ai plus d'idées... Oh ! On peut danser, chanter, euh quoi d'autre...

- Ça va aller, merci Chris.

- Oh ! Je dois te montrer quelque chose.

Je partis chercher mon portable resté dans ma chambre et ouvris une application devant ses yeux intéressés. C'était un jeu vidéo enfantin mais ça me plaisait.

- En fait tu dois t'occuper d'une ferme, tu vois le truc ? Regarde là tu peux nourrir ta vache, et là tu peux récolter les fruits des arbres. Ça détend de jouer à ce jeu, tu devrais essayer.

- Je peux l'avoir ? demanda le brun, des étoiles plein les yeux.

- Bien sûr !

Je téléchargeai le jeu sur son IPhone X et il se mit à jouer, complètement absorbé par son écran, ce qui me fit sourire. Il avait l'air d'avoir un tant soit peu oublier cette horrible histoire d'attentat.

- Chris regarde ! On peut acheter une machine à hamburgers !

J'éclatai de rire alors qu'il collait presque son écran sous mon nez, puis on joua une bonne heure, en parlant de tout et de rien. J'aimais bien Jimin, lui ainsi que Taehyung et Hoseok étaient vraiment de bons amis. Ils me faisaient toujours rire, bien que leurs caractères soient très différents. Jimin avait sans cesse besoin d'attention, d'être constamment rassuré et entouré, ce qui n'était par exemple pas le cas de Taehyung qui lui préférait passer le plus clair de son temps à lire des livres et aller au musée. Quant à Hoseok, il passait des journées entières enfermé en salle de danse ou en studio, des fois en compagnie de Yoongi, sa mixtape avait été un véritable succès donc ça le motivait pour en créer une autre.

Mon téléphone sonna alors que huit heures trente s'affichait sur l'horloge murale.

- Allo ?

- Oui, Chris ? C'est Namjoon !

- Oh salut, comment tu vas ?

- Hum très bien mais... on est un peu inquiets avec les autres, on ne trouve plus Jimin et avec ces histoires d'attentat ou je ne sais quoi... on se fait du soucis. Tu ne saurais pas où il est par hasard ?

Je souris en voyant Jimin pianoter sur son portable, tout sourire, les cheveux retombant devant ses yeux noirs.

- Pas d'inquiétude, il est avec moi au dortoir. Il vous cherchait et du coup il est resté.

Il y eut un blanc qui me mit mal à l'aise.

- Il est... seulement avec toi ?

Je fronçai les sourcils. Il s'imaginait vraiment qu'il se passait des trucs ou c'était moi qui délirait ?

- Hum... oui, les autres sont sorties en début d'après-midi. On joue à des jeux vidéos.

Je crus halluciner en entendant un soupir de soulagement de la part du leader coréen.

- Okay ma grande ! Ça vous dit qu'on ramène des pizzas pour ce soir ? On pourrait manger tous ensemble !

Je décidai de passer outre les sous-entendus un peu gênants de Namjoon en déclarant que c'était une super idée. Je raccrochai et tapai dans mes mains.

- Nam' ramène des pizzas et on va manger tous ensemble !

- Avec les filles ?

J'acquiesçai et envoyai un message à Cam pour lui dire de revenir rapidement avec les autres. On passa la soirée à rire et parler, dans notre dortoir avec les sept garçons, oubliant totalement les menaces le temps de quelques heures.



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