🅇🄸. 𝑇𝑖𝑟𝑎𝑖𝑙𝑙é


/!\ Double update du 11 et 12em chapitre.


Cela fait maintenant une semaine que je n'ai pas mis le nez dehors. Tout le monde pense que je suis très malade, grâce à un petit mensonge que j'ai habilement tissé. Mon visage, d'une pâleur inquiétante, mes cernes profondes et mon état psychologique délabré ont suffi à convaincre quiconque me croisait de me laisser tranquille. Même le médecin n'a pas hésité à diagnostiquer un burn-out. Je sais que ce n'est pas cela la vraie raison, mais il m'a permis d'obtenir des congés sans soucis.

J'ai peur. Non, je suis carrément terrifié. J'ai peur que la police vienne frapper à ma porte, prête à m'embarquer à cause de l'accident. La mort de Madame Seo a fait la une des informations. Elle était connue pour son engagement auprès des plus démunis, ce qui a fait d'autant plus de bruit. Mais il me semble qu'aucun d'eux ne sait rien du côté obscur de son histoire. Comment se fait-il qu'aucun d'entre nous ne soit encore arrêté ? Cette question tourne en boucle dans mon esprit comme un disque rayé. C'est probablement juste une question de temps.

Quand la porte de ma chambre s'ouvre et que Jimin entre, je rêve de lui demander de me laisser tranquille. Mais je suis trop épuisé, tant physiquement que mentalement.

"Je viens voir comment tu vas... Jungkook m'a dit qu'il s'inquiète pour toi," dit Jimin en ouvrant les stores, projetant une lumière crue dans la pièce que je m'efforce de fuir en fermant les yeux.

"De quoi il se mêle, Jungkook ? Ce n'est qu'un domestique, il a qu'à s'occuper de son cul et du ménage !" grogne-je, ma voix éraillée trahissant mon malaise.

Je sens Jimin se stopper, et quand j'ouvre enfin les yeux, je le vois avec un froncement de sourcils, visiblement mécontent.

"Je te rappelle que moi aussi, je suis domestique ici. Peut-être que je devrais m'occuper de mon cul moi aussi ?" dit-il, blessé.

Bien qu'il soit un domestique comme Jungkook, Jimin est pourtant le seul véritable ami qui me reste. La célébrité m'est tombée dessus trop tôt, m'empêchant d'entamer de réelles amitiés. J'aurais pu bâtir des relations solides avant de débuter ma carrière d'acteur, mais tout a volé en éclats lorsque Madame Seo a commencé à me traquer. Puis la gloire est arrivée et avec elle, l'isolement.

L'amitié avec Jimin s'est forgée naturellement lorsqu'il a commencé à travailler pour ma famille.

"Excuse-moi, Jimin... Je... je ne vais pas bien en ce moment..." dis-je en me redressant doucement, conscient de mes paroles blessantes.

"Hmmm. Parfois, tu ne peux pas t'empêcher d'être ce gosse de riche arrogant que tu es. Je ne comprends pas pourquoi tu détestes Jungkook. Il fait de son mieux. Étant donné qu'il est assigné à travailler dans tes appartements, il est la première personne à remarquer que ça ne va pas pour toi," dit Jimin, sa voix douce mais ferme. "Il s'inquiète, malgré son indifférence apparente."

Je souffle bruyamment, mêlant frustration et exaspération.

"Jungkook et moi ne sommes pas compatibles," dis-je, la voix sèche, mais je suis sûr que c'est lui qui est le problème, pas moi.

"Vous avez plus en commun que tu ne le soupsonnes," répond-il.

Je garde le silence, car j'estime que c'est complètement absurde. Jungkook et moi ne pourrions rien avoir en commun.

Ma pensée les haters sur les réseaux sociaux me hantent. Je me demande ce qu'ils diront de moi lorsqu'ils découvriront que je suis complice de la mort de Madame Seo. C'est une véritable tempête de malheur qui m'enveloppe, un torrent de noirceur.

"Hey ! Tu m'écoutes, Taehyung ?" me lance Jimin.

"Hein ? Oui, je t'écoute," dis-je de manière automatique, mon esprit déjà en train de s'échapper, pensant à la possibilité de fuir ce pays.

Changer d'identité, déménager loin d'ici, faire de la chirurgie esthétique pour effacer les souvenirs de ce qui vient de se passer. Je suis assez riche pour tout cela, n'est-ce pas ?

Mais cette idée de fuite est aussi terrifiante que l'angoisse que je ressens actuellement.

Je redoute le moment où je vais perdre le contrôle et tout révéler à quelqu'un. Parce que j'ai toujours caché ce que j'ai vécu, ce que Madame Seo m'a fait. Personne ne le sait, pas même ma sœur jumelle. Je ne veux pas en parler, et encore moins du cauchemar lié à l'accident. Ca ne doit pas sortir de ma bouche.

"Tu m'écoutes vraiment ?" me questionne Jimin en m'observant.

"Oui, oui..." je réponds, mais je ne l'écoute pas.

Les vibrations de mon téléphone attirent mon attention. C'est un message, probablement encore un hater cherchant à me détruire. Est-ce qu'ils savent ? Ai-je été suivi ? J'en doutais, mais le doute s'installe lentement en moi.

"T'es inquiet pour quelque chose ?" demande Jimin.

"Non, pas du tout," je mens, mais la sueur qui perle sur ma tempe doit me trahit.

Un silence s'installe, lourd de non-dits et d'émotions enfouies. Je me sens acculée par mes propres pensées, piégé dans cette toile que je pensais pouvoir gérer. Jimin, lui, doit sentir que quelque chose ne va pas, mais il ne saurait jamais l'effroi qui m'envahit.

Je me lève doucement, mes jambes tremblent légèrement. "Je vais prendre une douche, c'est tout." Je m'éloigne avant qu'il ne puisse réagir, fermant la porte derrière moi. Mon cœur s'emballe, un mélange de terreur et de culpabilité dans ma poitrine.

L'eau chaude se déverse sur moi, mais je ne sens que l'effroi. Je suis sur le point de perdre tout contrôle sur ma vie. La culpabilité et la paranoïa s'entrelacent, et je sais que cette balle m'est destinée, à un moment ou à un autre. Au fond de moi, je réalise que fuir ne sera peut-être pas une option. Pas cette fois.


°

Je suis seul dans ma chambre, tourmenté par mes pensées. Chaque battement de mon cœur me rappelle l'horreur de ces derniers jours. Soudain, des coups résonnent à la porte. Je ne réponds pas, mon angoisse grandissant à chaque coup. Peut-être que c'est la police qui vient enfin me chercher ? Peut-être qu'ils savent que c'est nous dans la voiture ?

La porte s'ouvre brusquement et je vois Jungkook entrer. Mon corps se fige, une peur sourde s'empare de moi.

"Jungkook..." je murmure, le regard écarquillé.

Lui aussi a l'air un peu paniqué, ce qui n'arrange en rien mon agitation. Un silence pesant s'installe, seul rompu par ma respiration de plus en plus rapide. Il est venu m'annoncer que la police est là ? Que je suis fini ?

Je n'ai que 22 ans ! À quel moment la vie d'un gamin devient-elle aussi merdique ?

"Désolé. Comme tu ne répondais pas, j'ai cru que tu avais fait une bêtise," me dit-il alors, avançant dans la pièce. Je vois qu'il est inquiet. "Ta mère a appelé et elle souhaite que je reste près de toi puisque tu es malade."

Ah, ma mère et mon père... C'est vrai qu'ils sont partis à New-York hier. Mais peu importe ! Ce crétin de Jungkook m'a fichu une trouille bleue.

"Quelle bêtise j'aurais pu faire ? Je vais très bien, alors va-t-en maintenant !" rétorqué-je, virulent.

Mais, comme d'habitude, il est indifférent à mes mots et prend place sur le fauteuil près de la cheminée après avoir déposé un plateau repas sur ma table de chevet.

"Mange avant que ça ne refroidisse," me dit-il, étrangement sérieux.

Je fixe le plateau. Un steak haché, du riz et de la sauce tomate. Je n'ai pas faim, surtout pas en voyant cette nourriture. Une nausée inexplicable monte en moi.

"Je n'ai pas envie de manger," dis-je, la voix plus douce.

Jungkoo soupire et s'approche de mon lit, ses yeux pleins de détermination. Quand je le regarde, je me demande ce qu'il fout.

"Allez, ouvre la bouche," me lance-t-il en me tendant un petit morceau de steak avec une fourchette.

Il veut me nourrir ? Il est sérieux ?

"Hein ? Mais éloigne-toi de moi, sorcier !" m'écrié-je en éloignant ma tête, le cœur battant.

À ma grande surprise, il éclate de rire. Un rire sincère qui me serre la poitrine. Ce n'est pas douloureux, c'est agréable, et ça me terrifie. Le rouge me monte aux joues. Son visage est si beau, rayonnant dans ce moment.

"Sorcier ? T'as pas trouvé mieux ?" dit-il en riant encore.

J'ai à la fois envie que ce moment dure et que ça s'arrête. Pourquoi est-ce que ça m'affecte autant ?

"Sérieusement, tu devrais rire plus souvent," murmuré-je pour moi-même, mais je ne lui dirais jamais ça. J'ai ma fierté.

Pour masquer ma gêne, je reproche mes lèvres et prends le morceau de steak qu'il me propose. Je mâche lentement.


"C'est délicieux ! C'est Madame Peak qui a cuisiné pour moi, je suppose. C'est excellent, bien mieux que d'habitude," dis-je, choqué par le bonheur gustatif.

"C'est moi qui ai cuisiné pour toi," répond Jungkook simplement, sa voix pleine de satisfaction. "Je suis content que, pour une fois, tu apprécies ce que je fais."

Je marque une pause, la culpabilité me ronge.

"Je savais bien que ça finirait par avoir un goût affreux. Je mange juste parce que je n'ai pas mangé depuis un moment, ce n'est pas bon," je mens, incapable d'admettre qu'il a réussi.

Un silence s'installe, et je suis submergé par des pensées sombres. Les visages de mes camarades, les souvenirs de l'accident, l'éclat du pare-brise, le sang... Tout cela me hante, et je me perds dans ma paranoïa.

Je scrute Jungkook du coin de l'œil. Que sait-il vraiment de moi ? Est-il déjà tombé sur mes pensées les plus sombres ? Peut-il deviner ma noirceur ? Je ne peux pas lui faire confiance. Pas à lui. Ils pourraient tout savoir.

"Taehyung, tu es vraiment étrange en ce moment," me dit-il, son ton ne laissant pas transparaître la moindre inquiétude.

"Bien sûr, je suis bizarre. Qui ne le serait pas ? J'ai juste des problèmes personnels. Pas besoin de faire un drame," je répliqué sèchement, mais je sens la température dans la pièce grimper, tout comme mon anxiété.

"Écoute, je suis là si tu veux en parler. Je sais que ça ne va pas," dit Jungkook avec une sincérité qui me déstabilise.

Sa facilité à parler de moi me rend encore plus nerveux. Comme si tout ce que je ressens était inscrit sur mon visage. J'essaie de me persuader que je ne suis pas coupable. Que ce n'est pas ma faute. Mais la culpabilité me grignote comme un parasite insidieux.

"Je n'ai pas besoin de ta pitié," rétorqué-je, essayant d'adopter un ton plus indifférent, mais je sais que mes mots sont faibles.

"Ce n'est pas de la pitié. C'est de l'humanité," dit-il calmement, comme s'il se battait contre mes démons.

L'ambiance devient pesante alors que je réalise que je ne suis pas seulement en train de lutter contre Jungkook, mais contre mes propres peurs. La panique s'empare de moi.

"Tu dois comprendre que je ne peux pas faire confiance à qui que ce soit," dis-je finalement, à mi-voix. "Je suis une célébrité. Même un psy peut très bien me trahir contre une somme importante d'argent."

Il hoche la tête, compréhensif, mais cela ne fait qu'exacerber mon sentiment d'isolement. Ce que quelqu'un d'aussi étonnant que lui pourrait penser de moi... J'en frémis.

"Il n'y a rien de mal à demander de l'aide, Taehyung. Même les plus forts le font," me dit-il avec détermination.


Je suis tiraillé.

La lutte se poursuit en moi, comme un combat entre l'espérance et le désespoir. Le paradoxe est que, malgré le tourbillon de mes émotions, je me sens étrangement en sécurité à son côté. Mais la paranoïa et le sentiment de culpabilité ne cessent de m'assaillir. Peut-être que ce moment de tranquillité ne sera que temporaire.

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