🄸🅇. 𝑆'𝑖𝑙𝑠 𝑜𝑛𝑡 𝑟𝑖𝑡 𝑐'𝑒𝑠𝑡 𝑞𝑢𝑒 𝑐'𝑒𝑠𝑡 𝑑𝑟ô𝑙𝑒
Une fois à Séoul, la première chose que nous faisons, c’est nous rendre à l’hôtel. Dès que la voiture s’immobilise, je sors, le froid hivernal me frappe à la poitrine, mais cette fraîcheur éveille mes sens. Pendant un instant, je peux à peine respirer à cause de la frénésie autour de moi : des fans, des journalistes, des caméras, le tout tissé ensemble dans un tableau multicolore de cris et d’appareils photo cliquetant.
Je salue brièvement les employés de l’hôtel, leur admiration palpable dans les yeux qui me regardent comme si j'étais une étoile brillante. Mon sourire est sincère mais dissimule ma fatigue. Chaque geste devient une performance. Une fois dans ma chambre, je prends une douche rapide, me débarrassant de la fatigue accumulée. L’eau chaude glisse sur ma peau, me réchauffant un instant. Pourtant, chaque seconde semble précieuse, car je n’ai pas le temps de m’installer. Mes pensées se précipitent, jonglant entre l'excitation de la répétition et le stress des événements à venir.
En à peine cinq minutes, je sors de la douche, me changeant dans un mouvement rapide, enfilant mes vêtements avant de quitter cet espace où je peux me sentir un peu moi-même. Mes vêtements sont choisis avec soin, mais la sensation du tissu sur ma peau semble presque étrangère, étant donné le tourbillon dans lequel je suis pris.
Peu après, je descend, mes pieds me conduisant instinctivement vers la sortie. Je fais un dernier effort, affichant un sourire éclatant en prenant soin d'échanger quelques mots rapides avec les employés. Ils me renvoient des sourires admiratifs, et cela me donne un léger coup d'énergie. Mais j’en ai besoin. Ma tête tourne déjà à l’idée des prochaines heures.
Je rejoins mon manager, Monsieur Lee, dans la voiture. "Prêt pour cette longue journée ?" me demande-t-il avec un regard qui dissimule une once fatigue, mais je sens aussi la porte de mes responsabilités claquer.
"Pratiquement," dis-je avec un sourire fatigué, en tentant de donner le maximum d’enthousiasme que je peux rassembler. Je me retourne, fixant le paysage de Séoul qui défile. La ville vibre d'énergie, à l'image de mon propre cœur en battement.
Monsieur Lee commence à me parler du programme des prochains jours. "Après la répétition, retour à l’hôtel vers 18h00. À 18h30, nous avons un départ pour l’émission à laquelle tu es invité, celle qui se déroule de 19h00 à 20h00. Ensuite, nous irons à la cérémonie des 'Séoul Movie Awards' pour 21h30. Des retrouvailles avec les autres acteurs de *Love*."
Je hoche la tête, absorbant chaque information, chaque détail. Tout ça, en un rien de temps. Mon ventre gronde, mais je n’ai pas le temps de m’occuper de mon appétit. Ce n’est pas la première fois que je passe par là, et je sais que je ferai abstraction de ma faim, au moins jusqu'à ce que cette journée soit terminée.
Arrivé au centre des répétitions, je sors de la voiture et fais face à l'édifice imposant. Je prends une profonde inspiration, rassemblant mes forces pour affronter cette nouvelle vague d’attention. À peine franchi le seuil, je suis accueilli par les autres membres de la troupe. Leurs visages se découpent dans la lumière, chacun me regardant avec une curiosité respectueuse.
"Taehyung ! C'est génial de te voir ici," dit l'un des acteurs, son sourire rayonnant. Je lui adresse un clin d'œil, mais en réalité, je suis déjà submergé par le rythme effréné de mon emploi du temps.
Je m'approche des autres, échangeant des banalités, mais mon esprit est ailleurs. Les répétitions s’annoncent intenses et je sens déjà la fatigue se glisser sous ma peau. À chaque interaction, je cache patiemment ma fatigue derrière des sourires éclatants, même si l'épuisement se fait de plus en plus pesant sur mes épaules.
Je m'installe, et dès que la répétition commence, je plonge dans cet univers. J’essaie de m’immerger dans le personnage de Tae-Hoon, me battant avec mes propres émotions, mais les regards admiratifs se posent sur moi, me scrutant comme si je n’étais qu’une étoile sur scène.
Les acteurs autour de moi s'attendent à voir de mon jeu ce qui m'a propulsé au niveau de meilleur espoir du pays dans le cinéma, et cela me pousse encore plus à donner le meilleur de moi-même. Je ressens l’énergie des autres, rythmée, efficace, et je m’accroche à cela comme pour oublier les problèmes qui me hantent. Les répliques fusent, les émotions se mêlent et s’entrelacent, me permettant d'oublier, ne serait-ce qu'un instant, la pression qui s'accumule au dehors.
Après plusieurs heures de répétition, je ressors, mes yeux rivés sur le sol. Je ne réalise qu'à ce moment-là à quel point je suis affamé. Mes pensées sont alors troublées lorsque je croise de nouveau quelques admirateurs à l'entrée. Certains me sourient, tandis que d'autres se mettent à me crier des mots d'encouragement. Cela me réchauffe le cœur et, au milieu de ce tourbillon, je leur offre l'un de mes sourires, leur envoyant un petit signe de la main. Je suis reconnaissant pour leur soutien, même si je dois admettre que ce n'est pas toujours facile à gérer.
À 18h00, je regagne rapidement la voiture, mais mon esprit est déjà tourné vers l'émission à venir. J'essaie d'ignorer la faim qui se fait de plus en plus pressante.
"Prêt pour le show ?" me demande Monsieur Lee, pressé comme toujours, tout en vérifiant une dernière fois mon look.
"J’espère juste que je ne vais pas faillir," murmuré-je, ma voix empreinte d'une anxiété sourde.
"Ne t'inquiète pas pour ça. Tu es Taehyung, et tu fais ce que tu sais faire le mieux."
À l'approche de l’émission, je sais que je dois mettre de côté mes inquiétudes, donner à mon public une performance qui leur fera oublier, ne serait-ce qu’un instant, toutes leurs préoccupations. C’est ma vocation et, malgré les défis, je suis ici pour ça.
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Une fois de retour à l'hôtel, je me change rapidement dans ma suite, essayant de me rafraîchir malgré la fatigue qui me pèse déjà sur les épaules. Mon esprit tourbillonne dans un océan d'activités à venir. Chaque seconde compte, chaque moment perdu me semble une occasion manquée, et alors que je replace une mèche de cheveux, je me dis que je dois garder le sourire, quoi qu'il arrive.
"Allez, Taehyung, dépêche-toi !" me lance Monsieur Lee, impatient alors que je boucle ma ceinture. "Nous avons un timing serré."
Je hoche la tête et, avec un dernier regard dans le miroir, je m’en vais. En sortant de l’hôtel, je sens l’excitation dans l’air. Les lumières des voitures et des commerces illuminent la nuit tombante, mais dans le fond, je ne peux pas échapper à cette petite douleur de ne pas avoir eu de retour calme depuis longtemps.
À la mise en scène du plateau de l'émission *Celebrity Chat*, une ambiance électrique me frappe dès que je mets les pieds dans le studio. Les maquilleurs et coiffeurs me prennent en charge immédiatement, une routine que je connais bien, mais cette fois, chaque coup de pinceau sur mon visage semble charger mon esprit de plus de pression. Les visages concentrés autour de moi se mêlent à la cacophonie de la production en cours.
S'ensuit le moment où je fais mon entrée sur le plateau, et je suis accueilli par l’applaudissement de la foule dans les gradins. Mon cœur s’emballe à l'idée de voir plusieurs visages et de sentir leur enthousiasme. Je lève la main, m'inclinant légèrement, un geste de politesse qui me vient naturellement. "Bonsoir, à tous ! Merci d’être ici !"
Je me dirige vers le fauteuil qui m'est attribué, à côté de la présentatrice, Oh Haejin, et en face, son camarade, un homme au sourire chaleureux. L'atmosphère est joviale, l’adrénaline commence à m’envahir.
"Bienvenue, Taehyung !" commence Oh Haejin, tout en s'inclinant légèrement. "Nous avons hâte de te voir répondre aux questions de tes fans ce soir."
L'émission commence, et les premières minutes sont consacrées à des présentations et des anecdotes amusantes. Les questions commencent à pleuvoir, l'ambiance devenant de plus en plus légère, malgré les préoccupations qui font bruit dans ma tête. Je tente de répondre aux questions tout en maintenant à flot un sourire amical. Cependant, certaines questions me troublent.
"Oh, Taehyung, il y a une question ici sur ta vie privée... Est-ce vrai que tu sors avec quelqu'un en ce moment ?" Cette question non seulement me fige, mais me rappelle à quel point il peut être difficile d’avoir une vie normale.
Je glisse sur ce terrain délicat. "Eh bien, je préfère ne pas répondre à des questions trop personnelles. Vous savez, il y a certaines choses que je tiens à garder pour moi," dis-je en esquissant un sourire, tout en sendant un frisson de malaise.
La suite des questions frôle souvent les limites du raisonnable. Une autre question apparaît sur l’écran : "Que dites-vous des rumeurs lancées par Shim Ha-na ? Que pensez-vous qu'on ait pu dire sur vous ?"
Je sens la tension monter dans mon cœur. "Je ne peux rien dire de clair à ce sujet, mais pour ceux qui croient en moi, sachez que je ne ferais jamais une telle chose," rétorqué-je, piégé dans un coin. L’écho de ma voix se perd dans la salle, mais je les vois hocher la tête, satisfaits, alors que je passe à la question suivante.
La foule continue d'interagir joyeusement, et moi, je maintiens cette façade. Mais la tension monte lorsque les présentateurs annoncent la deuxième partie de l'émission qui est plus interactive. Des défis sont lancés. "Taehyung, es-tu prêt pour quelques défis amusants ?" demande Haejin, son regard pétillant d’enthousiasme.
Les défis commencent, parfois ridicules. Nous devons reproduire des mimiques, répondant à des jeux de mots, tandis que le public se prête au jeu, riant des pitreries actuelles. Je suis concentré, faisant de mon mieux pour plaisanter tout en gardant ma dignité.
Cependant, je sens la présence intrusive d’Oh Haejin à mes côtés. Ses mains effleurent souvent mes bras, parfois s’invitent à pousser une taquinerie, ou frappent légèrement ma cuisse. À chaque contact, je me fige intérieurement. Il y a cette honte qui m’envahit, mais je fais de mon mieux pour ne pas alerter le public ni les caméras. Quand elle me frappe la fesse en riant, le public éclate de rire, et je mejoins à eux, même si au fond, cela me tue. "C'est censé être drôle, n'est-ce pas ?" je me murmure.
La scène continue, et chaque mouvement d'Haejin devient plus collant, plus inapproprié, me plongeant dans un dilemme. Je n’ai aucune voix pour dénoncer, pas dans ce contexte. "Si tout le monde rit, c'est que c'est drôle," pensais-je, mais au fond, cela me retourne l'estomac. Je jongle entre mon rôle de l'acteur souriant et mon moi, confus et mal à l'aise.
Les rires du public, qui sont en grande partie le fruit d'inconscience, s’emballent à travers le studio, mais je ne peux s'empêcher de ressentir à quel point ces moments se transforment en un fardeau de plus en plus lourd à porter, une ombre qui écrase mon esprit à chaque contact.
Et pourtant, je souris. Je danse. Je fais semblant de jouer le jeu. Je dois faire bonne figure. Mais à l'intérieur, je me hais silencieusement de devoir passer par là, de faire semblant d'apprécier chaque instant. Je me force à rire, même si chaque ricanement est un coup de poignard à mon intégrité. La mise en scène de la vie est un enfer, un cadenas sur ma liberté.
Quand l'émission se termine enfin et que je peux m'éclipser en coulisses, je prends une profonde respiration. L'effondrement intérieur est presque inévitable à ce stade.
À peine installé dans la voiture, la pression retombe sur mes épaules comme un poids démesuré. Mon cœur commence à s'emballer, et je sens une vague de panique m'envahir. Pourquoi est-ce que cela m'arrive ? Pourquoi maintenant, après avoir joué un rôle, après avoir été ce Taehyung souriant ? Dans un silence assourdissant, ma respiration devient saccadée. Je regarde par la fenêtre sans vraiment voir, mes pensées se bousculent comme des cauchemars qui surgissent.
"S'ils ont ri pour ça, alors c'est que c'est drôle," murmure une voix dans ma tête, insidieuse et acérée. "C'est que rien n'est grave. Pourquoi je me sens si mal alors ? Si un jour je dévoile les abus dont j'ai été victime à la Daehyun Private School, les gens trouveraient cela drôle aussi. Alors je dois me taire !"
Le monde extérieur devient flou, et ma poitrine se serre, une douleur vive me fige sur place. Les flashbacks me frappent comme une onde de choc. Je me souviens de ces scènes, ces gestes inappropriés qu'aucun enfant ne devrait avoir à supporter. Je ressens à nouveau cette chaleur suffocante, ces mains sur moi, ces rires qui m’étouffent. Chaque souvenir est un coup de couteau dans mes entrailles, rappelant une vulnérabilité que je pensais avoir laissée derrière moi.
"Calme-toi, Taehyung," dit Monsieur Lee, sa voix semblant venir d'un lointain. Il prend mes mains, serrant doucement mes doigts. "Respire avec moi. Inspire… et expire."
Je m'efforce de le suivre, mais mes pensées assaillantes continuent à m'envahir. Je sens encore ses mains sur ma peau, je ressens ce frisson d’horreur et d'impuissance. La colère monte à nouveau, me coupant le souffle.
"Pourquoi je ne peux pas parler ? Pourquoi je ne peux pas dire ce que j'ai vécu ?" me demande mon esprit. Pourquoi ces souvenirs se mélangent-ils aux rires du public, à cette présentation si légère qui ne fait qu’apaiser les autres ?
La voix ferme de Monsieur Lee continue de résonner, me rameneant lentement à la réalité. "Inspire… expire... S'il te plaît, concentre-toi sur ma voix." C’est un étranger pour moi, un homme qui a toujours été à la fois sévère et imposant, mais qui, là, s'est transformé en figure paternelle. Il ne comprend pas vraiment, mais il sait que quelque chose ne va pas.
Je fais de mon mieux pour ajuster ma respiration. Chaque inspiration est une victoire, chaque expiration une libération. Je me sens encore mélangé, mais la chaleur de ses mains sur les miennes semble apaiser en moi une partie de ce tumulte.
Finalement, la crise commence à se dissiper lentement, mais la douleur dans ma poitrine demeure. Je me sens vulnérable, mais au moins je ne suis plus en apnée dans mon propre esprit.
"Ça va mieux ?" demande-t-il, son regard incisif me touchant au plus profond de mon être.
"Oui... je crois," réponds-je, la voix tremblante.
"On va rentrer à l'hôtel, puis tu vas te préparer pour la soirée des awards," dit-il en reprenant le contrôle de la situation, le ton rassurant mais ferme. Pour lui, c'est une routine ; pour moi, c'est un chemin tortueux qui est devenu ma vie.
Je me recroqueville sur mon siège, le poids de l’angoisse encore palpable dans l'air. Je sais que même si j'évoque un jour ce que j'ai traversé, je ne peux pas m’attendre à la compréhension du monde. Mais là, tout de suite, je fais de mon mieux pour cacher ces blessures intérieures. Pour garder la tête haute, même quand mon cœur se sent si lourd.
À l'extérieur, le paysage défile. Les lumières de Séoul brillent comme des étoiles dans la nuit, et je respire lentement, retrouvant un semblant de paix. "Demain est un autre jour," me dis-je, même si la pensée me stresse déjà, l'écho du passé restant présent.
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