🅇🅅🄸🄸🄸. 𝐿𝑎 𝑣é𝑟𝑖𝑡é.
Les jours s'égrènent lentement et, en ce premier mois à l'intérieur de ce centre de détention, je commence à ressentir la fatigue d'une attente interminable. Ce n'est pas simple de passer du statut de célébrité à celui de détenu ; chaque minute devient une éternité, et ma patience a été mise à rude épreuve. Les visites de ma mère, de Seokjin et de Jisoo me procurent un certain réconfort, mais l'absence de mon père me pèse, même si je m'y suis préparé.
Aujourd'hui, c'est au tour de ma sœur, Yerim, et de mon frère cadet, Mingyu, de venir. Mon cœur bat la chamade à l'idée de les voir. Yerim et moi, malgré notre éloignement, partageons ce lien indéfectible du sang. Elle a toujours été la plus sûre d'elle, s'accrochant à son luxe et faisant preuve d'une arrogance cruelle. Mais elle est aussi ma première amie, celle par qui j'ai découvert tant de choses sur le monde.
Mingyu, qui n'a que quelques années de moins que moi, a été à mes yeux comme un petit miracle. Son innocence d'enfant, son énergie débordante m'ont toujours fasciné, même lorsque Yerim était trop occupée à se concentrer sur sa propre vie.
Lorsque je les vois entrer, je perds un instant mes mots en voyant le visage de Yerim. Elle ne semble pas être la redoutable gamine arrogante que je reconnaissais. Au contraire, il y a une lueur de tension dans ses yeux.
"Mais qu'est-ce que tu fous ici sérieusement ?" crache-t-elle brusquement, sans même prendre la peine de saluer.
Je fronce les sourcils, refoulant ma surprise. "Bonjour à toi aussi. Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je ne suis pas ici de mon plein gré !" Je réponds avec sarcasme, tentant de garder le ton léger malgré l'immense poids qui s'assoit sur ma poitrine. "Et c'est maintenant que tu viens me voir ? Si tu avais été dans ma situation, je serais venu te voir tous les jours."
Yerim roule les yeux, impatiente, tandis que je remarque le tremblement de sa main. "Bordel, pourquoi t'as fait ça ? Tu n'as aucune idée de l'impact de tes actions sur ma vie depuis ton arrestation ! Je me fais harceler par les paparazzis. Je ne peux plus mettre un pied dehors sans être méprisée ou insultée sur les réseaux sociaux. Et, le comble, l'école m'interdit de participer aux concours de danse à venir. Ils disent qu'ils ne peuvent rien faire tant que l'affaire ne s'est pas tassée. Tu sais combien la danse compte pour moi, et tu n'as trouvé rien de mieux que de gâcher ta vie en entraînant la mienne ! J'allais enfin y arriver, Taehyung !" s'écrit-elle, douleur vibrante dans sa voix.
Sa colère me heurte. Je peux voir la lutte intérieure sur son visage. Mais qu'en est-il de moi ? Une amertume m'envahit, et je sens que ma colère, tout comme la sienne, peut lâcher prise, mais je ne peux pas. "Tu choisirais quoi entre moi et ton désir de satisfaire les attentes de papa, Yerim ? Tu n'aimes même pas danser, tu le fais par jalousie envers Jisoo et par besoin de reconnaissance ! Moi bien sûr que je suis dans la merde en ce moment, et tout ce que tu trouves à dire, c'est que j'ai gâché ta vie ?" Ma déception est palpable, chacun de mes mots est lourd de douleur.
Yerim me toise, ses yeux lançant des éclairs. "Je suis toujours prête à te défendre, Taehyung. Mais là, ça dépasse carrément mes compétences. Arrête de ne penser qu'à toi deux minutes. Mets-toi à ma place. Par ta faute, je suis devenue une paria ! Jumelle d'un meurtrier. Donc je trouve que ça te fera du bien de rester encore un peu ici." Elle lâche ces mots, avant de se lever brusquement, le cœur brisé.
Je suis cloué sur place, le ventre serré comme si on m'avait poignardé. ""Yerim !" je l'appelle, mais elle ne se retourne pas et quitte la salle, fermant brusquement la porte derrière elle. Aucun mot ne vient. Je sens un immense vide, une trahison que je n'avais jamais imaginée.
Mingyu reste là, silencieux, entré comme un observateur peu rassuré. "Pourquoi tu es si silencieux ? Toi aussi tu es venu cracher ton venin ?" Je dis, essayant de briser la tempête qui bruissait dans ma tête.
Il me fixe avec des yeux pleins de compassion. "Je ne te blâmerai pas," dit-il finalement en souriant timidement. "Je te... comprends, en partie. Cette madame Seo n'était rien de plus qu'une peste."
Je veux lui répondre avec l'acrimonie que je ressens encore envers Yerim, mais sa sincérité me touche. "Mingyu, je n'ai jamais voulu que ça se passe comme ça. Je... je suis désolé." Je sens mes larmes menaçantes, et je ferme les yeux un instant pour me concentrer. "Je n'ai jamais voulu que ça affecte notre famille, encore moins vous deux."
"Je sais..." dit Mingyu, sa voix douce comme une caresse. "Yerim a toujours été dure avec toi. Vous êtes jumeaux, mais parfois, elle ne voit que sa propre souffrance. Elle ne réalise pas que ça te touche aussi."
"Elle n'a jamais vraiment compris. C'est comme si elle avait son propre monde et qu'il n'y avait pas de place pour les autres," je murmure, ma voix tremblante. "Et maintenant elle m'accuse d'être le mouton noir de notre famille."
"Ce n'est pas vrai, Taehyung. Tout le monde fait des erreurs. Quand tu as été arrêté, nous avons tous eu peur. On a juste besoin de temps pour s'adapter." Mingyu prend une profonde inspiration. "Je suis là pour toi. On va traverser ça ensemble, d'accord ?"
À ce moment-là, alors que la tension se dissipe légèrement, je réalise que la beauté de la famille reste là, même dans l'obscurité. "Merci, Mingyu. J'ai besoin de ça, vraiment." Je hoche la tête, me sentant plus léger d'un coup.
Pourtant, je me sens encore tiraillé entre ma douleur personnelle et l'amour que je nourris pour ma sœur, et j'apprends que se battre seul n'apporte que peu de clarté face à l'avenir.
°
Cela fait plus d'un mois que je suis en détention, et mon avocat, Namjoon, semble épuisé par mes réponses, par mes hésitations. À chaque rencontre, il grince des dents un peu plus, fatigué par les non-dits et mes réticences à lui fournir les détails qu'il désire tant.
Namjoon s'est installé en face de moi, son expression mêlant frustration et préoccupation. "Écoute-moi, Taehyung. Je pense que tu ne saisis pas encore bien la situation dans laquelle tu es. Ne pense pas que l'argent va te sauver complètement cette fois-ci. C'est grave ce qui se profile," dit-il, sa voix basse mais ferme. "La justice veut vous prendre pour exemple afin de montrer au monde que l'argent ne sauve personne."
Je plisse les yeux, soupirant à l'intérieur. Je sais qu'il a raison, sur bien des points. Mais je n'aime pas entendre cela, surtout venant de lui. "De l'autre côté, il y a ceux qui vous soutiennent et ceux qui soutiennent Seo Yeri. N'oublie pas qu'elle était respectée et aimée de beaucoup de gens. Sa famille est sur votre dos. Ses enfants, son mari... Ils sont riches eux aussi." Ses mots sont tranchants, et je sens que je me recroqueville un peu plus sur mon siège, comme si je pouvais me cacher du monde.
"Que veux-tu que je dise ? Nous avons merdé, et pas seulement Joon-Woo. Nous étions ivres, c'est tout," je rétorque, pourtant, au fond de moi, je sens la colère bouillir. Bouillir contre le monde, contre la situation, et contre cette femme qui a détruit tant de vies.
Namjoon soupire lourdement, sa fixation sur moi ne faiblissant pas. "Ça se passe bien au centre ?" Il change de ton, adoptant une douceur qui me déstabilise.
"Oui. Pourquoi ça n'irai pas ? Je suis en prison, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué," je rétorque avec sarcasme, ce même sarcasme qui me protège de mes propres frayeurs.
"C'est la troisième séance où je te vois avec des hématomes." Son regard devient discernant alors qu'il pointe du doigt mes bras. Je sais que j'ai des marques. "Tu n'en as peut-être pas au visage, mais certains dépassent de tes manches quand tu bouges."
Je baisse le regard, me renfrognant un peu plus. "Comme je te l'ai dit... C'est une prison ici. Ce n'est pas toujours facile. De plus, taper une célébrité qui a merdé... c'est sûrement le rêve de plus d'un." Mon arrogance est la façade que je tente de maintenir, mais le désespoir gronde à l'intérieur comme une tempête prête à éclater.
"Tu sais que tes amis sont dans le même bateau, non ?" Il me regarde avec une inquiétude palpable. "Joon-Woo a été placé à l'isolement trois fois en un mois. Yoongi n'y est allé qu'une fois, mais c'est déjà trop. Et toi, deux fois !"
Je serre les dents, apportant ma main à ma tempe, la douleur sourde d'une migraine latent. Je sais qu'aucun d'entre nous ne semble capable de se sortir de cette situation sans que cela nous détruise un peu plus. "C'est ma vie," je lance, le ton de défi montant en moi. "Je suis sûr que tu sais ce que c'est, Namjoon. Tu as dû voir beaucoup de cas similaires. Pourquoi s'en faire à ce point pour moi ?"
"Parce que je suis ici pour te défendre, Taehyung," répond-il, la contradiction totale d'un juriste et ami. "Et je ne protège pas juste cette facette de ta vie devant ceux qui te haïssent maintenant. Tu dois comprendre que la situation est plus complexe. Et si tu ne colles pas à la vérité, tu pourras blesser d'autres gens."
Une fatigue accablante me descend sur les épaules. "Tu ne comprends rien. Tu ne sais pas ce que nous avons vécu. Nous devons rester silencieux," je lâche, l'émotion s'étranglant dans ma voix. "Les horreurs... personne ne veut en parler, même pas Somi."
Namjoon fronce les sourcils. " Je ne sais pas de quels horreurs tu parles et j'espère que tu m'en dira plus. Mais si Somi en parlait ? Si, en s'en sortant du coma, elle finissait par cracher toute la vérité ? Tu dois te préparer à tous les scénarios."
Je me sens piégé. "Je ne vais pas trahir mes amis. Nous partageons tous ces liens, des liens que personne d'autre ne peut comprendre," je réponds, ma voix s'élevant malgré moi. "Et toi ? Que me suggères-tu de faire, Namjoon ?"
Il me scrute alors, ses yeux enflammés par la passion de sa profession, mais ravagés par l'inquiétude. "Tu dois choisir, Taehyung. Entre sauver ta propre peau ou périr avec les autres. "
Je déglutis, une boule d'angoisse me fourmillant dans la gorge. On en est là. Deux chemins, mais lequel choisir ? Je sais, au fond, ce qui m'encercle, ce lien que l'on a... Je me lève brusquement, brutalement, provoquant un choc dans l'atmosphère calme de la pièce. "Je ne sais pas quoi faire..."
Namjoon soupire encore, le regard légèrement désillusionné. "Je vais tout faire pour te défendre. Mais sache que la vérité a ses conséquences, et parfois, elle est plus blessante que n'importe quelle action que tu pourrais entreprendre."
Je sors du bureau, ce battement de cœur dans ma poitrine résonnant dans tout mon corps, alors que je fais tous ces pas en arrière dans mon esprit. Des souvenirs de nuits agitées, de cris, des souvenirs que je chéris tout autant que je les déteste. Ce n'est pas une question de fidélité, mais de survie dans ce monde devenu corrompu.
Dans le couloir, je croise d'autres détenus, des visages familiers que je vois à chaque fois. Certains murmurent des ricanements, d'autres se balancent d'un pied à l'autre. Chaque rire, chaque regard curieux ou moqueur, chaque injonction me renvoie au vide qui m'attend si je ne fais pas attention.
Les murs deviennent un obstacle à ma liberté. Je me retrouve à chercher Joon-Woo ou Yoongi, cette unité fragile que nous avons construite, et même si cela semble invoquer les souvenirs les plus noirs, je ne peux pas me permettre de tout abandonner. Pas maintenant.
°
L'atmosphère dans la salle est tendue, presque palpable. Nous, les trois accusés, sommes emmenés dans une pièce laiteuse où se tiennent nos avocats, tous réunis comme s'ils avaient un plan secret à dévoiler. Je scrute le visage de Yoongi et de Joon-Woo, à la recherche de réconfort, mais je ne trouve que la même anxiété et le même choc que moi. Nos regards se croisent avant que nous ne prenions place autour de la table.
"Bonjour, je suis Maître Cho, l'avocat de Min Yoongi," commence-t-il, sa voix calmement autoritaire résonnant brièvement. "Et voici Maître Lee et Maître Kim, respectivement les avocats de Kang Joon-Woo et Kim Taehyung." Il marque une pause, nous observant un instant. "Cela doit vous surprendre de nous voir tous ensemble en même temps, mais il s'agit d'une urgence. La comparution devant la justice se fera demain pour que le juge détermine si vous pouvez être libérés sous caution en attendant le procès."
Le propos de Maître Cho flotte dans l'air, et je sens une boule d'angoisse se former dans ma gorge, tandis que nos regards se croisent à nouveau. "Normalement, la comparution était prévue pour le mois prochain. Mais il semble qu'ils sont pressés de faire avancer cette affaire." Le silence s'installe lourdement dans la pièce, chacun de nous absorbant l'impact des nouvelles.
Puis, Maître Lee prend la parole, sa voix toute aussi sérieuse. "Nous devons également discuter de la lettre de suicide laissée par Jo Somi. Initialement, elle évoque cette soirée dans la voiture de Kang Joon-Woo. Nous connaissons votre version, et que vous l'avez tous partagée. Mais il y a un extrait qui nous préoccupe, un passage où elle dit : 'A cause de tous ces facteurs qui nous ont amenés là, ces horreurs dont nous sommes les seuls à savoir, madame Seo est morte. Je ne sais même plus si elle le méritait ou pas, mais c'était de loin la pire personne que nous n'ayons jamais rencontrée. La preuve, même maintenant qu'elle est morte, elle nous pourrit la vie.' Ce passage a retenu notre attention, alors que la police ne semble pas l'avoir remarqué."
Une peur sourde m'assaille. Chaque mot de Maître Lee est une flèche tirée directement dans ce déni dans lequel nous étions si confortablement installés. Qu'est-ce que Somi essayait d'exprimer, et comment cela pourrait-il nous révéler ?
Je sens mon cœur s'emballer, ma bouche se dessécher alors que j'essaie de rester impassible. Yoongi est figé, et Joon-Woo détourne le regard, visiblement affecté par ce qui se dit. Je veux instinctivement opposer une résistance, nier tout ce qu'elle a écrit.
"Nous ne savons pas de quoi elle parle," murmurai-je, ma voix à peine audible. "On avait bu ce soir-là. Nous avons tous fait des erreurs."
Namjoon, qui s'était jusque-là tenu à l'écart, s'avance, l'air grave. "Vous ne comprenez pas toujours, tu sais. Nous avons fait ce que nous pouvions. Mais sans dossier solide pour vous défendre, nous courons à votre perte. L'accusation monte un dossier en béton contre vous. Si nous n'arrivons pas à trouver des circonstances atténuantes, la situation se compliquera."
Les mots résonnent comme des tonnerres dans ma tête. Je regarde mes pieds, en proie à la peur et au désespoir. Je pense aux abus, à cette douleur qui me déchire l'âme, et au prix que je paierais si cela était révélé. Non. Pas ça. Jamais.
Namjoon continue, sa voix posée. "Prenez l'exemple d'une femme qui tue son mari. Plus tard, on découvre qu'il brutalisait leurs enfants et avait tenté de l'étrangler. Au lieu de purger 15 années de prison, la femme n'en passe que 2. Dont 6 mois avant d'être libérée sous caution. C'est ce qu'on appelle des circonstances atténuantes."
Je déglutis difficilement, sentant mes mains trembler. Namjoon n'a aucune idée de la vérité cachée derrière ces horreurs, et je n'ai aucun moyen de le dire sans que cela ne me brûle. Je ne peux pas parler. Je n'ai jamais pu.
"Mais la vérité est parfois comme une pierre dans la gorge," pensé-je. Je secoue la tête, me forçant à respirer. "Somi ne voulait dire rien de plus que ça. C'est juste... elle... elle se sentait coupable. C'est tout."
Maître Lee s'accroupit légèrement, ses yeux cherchant les miens. "Peut-être que Seo Yeri vous faisait chanter, car elle voulait de l'argent ? C'est une chose qui arrive souvent avec des célébrités. Peut-être qu'elle avait une information sur vous que les médias ne devraient pas savoir. Il faut que vous nous parliez de tout."
C'est comme si le sol s'effondrait sous mes pieds. La sensation de l'angoisse est écrasante, et les mots commencent à se coincer dans ma gorge.
Joon-Woo prend la parole: "Non. Vous ne comprenez pas. Il n'y avait rien de tout cela." Les mots sortent difficilement, une petite flamme vacillante. "Nous avions bu, c'est tout. Elle... elle n'avait rien à nous faire chanter."
Et, à ce moment précis, je ressens cette tristesse, un mélange de honte et d'impuissance. Si je parle, tout sera exposé. La honte, la colère, la douleur que nous avons subies tous, je sais que cela me poursuivra. Et même si parler pourrait apaiser ces fractures en moi, je suis bien plus inquiet de l'impact que cela pourrait avoir sur nous tous.
Les mots s'enchevêtrent dans ma pensée alors que des souvenirs me submergent, ces cicatrices invisibles de mon passé. L'impression d'un passager clandestin, d'un inconnu dérivant dans un monde qui n'était pas fait pour moi.
"Taehyung." La voix de Namjoon me ramène à la réalité. Son regard est franc. Je suis assis là, sentir les battements de mon cœur se heurter à chaque respiration, à chaque pensée. "Il peut être dangereux de rester silencieux. Parfois, les vérités les plus sombres sont les plus difficiles à prononcer, mais il faut elles sortent de l'ombre. Car sinon, vous passerez pour des meurtrier sans cœur. "
Je peux voir la sincérité dans ses yeux, mais c'est comme si je tremblais, comme si je marchais sur un fil. Je garde mon silence alors que cette angoisse colossale me prend, balayant la pièce comme un vent glacé. Dans le fond, je sais que l'assommer encore plus de doutes ne ferait qu'aggraver notre situation.
Le silence s'étire, et je me sens piégé entre ce que je pourrais dire et ce que je sais qui serait dévastateur. La prison devient alors une cage, et je suis ce chant silencieux, criant en moi, mais restant muet face à la terreur de la vérité.
Mes mains se crispent sur mes genoux alors que l'inquiétude se transforme en désespoir. Mon cœur bat la chamade, et la peur de révéler, d'admettre tout cela me sidère encore davantage. Ces mots, ces traumatismes... ils sont enfouis, mais je sais que je ne peux pas laisser la vérité éclater. Pas maintenant.
"Et nous avons une mauvaise nouvelle. " commence l'avocat de Joon-Woo. "L'audience sera publique. Comme on vous l'a dit, ils veulent faire exemple sur vous. Donner une leçon aux gosses de riches qui font n'importe quoi. Votre affaire sera diffusée sur toutes mes chaînes locales. "
°
Le tribunal était rempli à craquer. Les bancs de bois dégageaient une odeur de vernis légèrement éraflé, mêlée au parfum de la panique ambiante. Les caméras, trop nombreuses, clignotaient et se déplaçaient dans la salle comme des insectes affamés de lumière, prêtes à saisir le moindre mouvement, la moindre expression sur le visage des accusés. L'air était lourd de tension, avec une ambiance électrique qui me faisait presque suffoquer. La salle était surveillée de près par des agents de sécurité, des policiers aux visages impassibles qui ne faisaient qu'augmenter le sentiment de claustrophobie qui m'envahissait.
Je me tenais là, avec Yoongi et Joon-Woo à mes côtés, tous trois alignés comme des poupées de cire sur le banc des accusés. Chaque mètre carré du tribunal, chaque regard accusateur pesait sur moi, faisant ressortir une anxiété presque palpable. Mes yeux cherchaient scrupuleusement dans la foule, une mer de visages familiers teintés de vérité, mais aussi d'incompréhension.
Et là, je la vois. Ma mère, le visage marqué par l'inquiétude, assise au fond de la salle, entourée de mon frère aîné, Seokjin, et de mes autres frères et sœurs, Yerim, Jisoo et Mingyu. Un sentiment de confort m'envahit presque. Pour un instant, je sens mon cœur apaisé, mais la vague de chaleur est suivie d'un coup de froid. Je fixe un instant le banc où aurait dû se trouver mon père, mais il est un des rares à ne pas être ici, comme s'il avait renoncé à tout ce qui avait trait à sa famille. Ce simple fait pèse lourd sur mes épaules. Pourquoi n'est-il pas là ?
En attendant que l'audience commence, le juge, un homme d'âge mûr à la face ridée et à la voix ferme, entre dans la salle. Les murmures se taisent alors que tout le monde se lève pour le saluer. Il prend place sur son tribunal, son regard scrutant le public avant de se poser sur nous, les accusés. "Nous sommes ici aujourd'hui pour la comparution préliminaire de Kim Taehyung, Kang Joon-Woo, Jo Somi, Park Selena et Min Yoongi, accusés du meurtre de Seo Yeri."
Un frisson me parcourt. Le mot "meurtre" résonne dans la salle comme un coup de tonnerre. Je me rends compte à quel point cette situation est devenue réelle, à quel point elle est écrasante.
La défense et l'accusation échangent des mots, des procédures juridiques que je peine à comprendre, mais je parviens à saisir que l'affaire est devenue publique. Les médias se frottent les mains, excités par cela. Je les observe, les caméras braquées sur moi, et ma vision devient floue.
Alors que j'essaie d'ignorer l'atmosphère oppressante, la parole est enfin donnée à l'accusation. Je sens que la tension monte d'un cran. "Nous avons ici des preuves concluantes qui relient les accusés à l'homicide de madame Seo. Nous allons démontrer que leurs actions étaient préméditées," déclare l'avocate de l'accusation, une femme dans la quarantaine au sourire trop poli pour être sincère.
Après un moment, j'entends le nom de Selena. Mon cœur s'emballe. C'est la première fois que je la revois depuis cette nuit fatidique où nous étionsau poste de police. Elle monte à la barre, l'air à la fois dévasté et déterminé, sa voix tremblante lorsqu'elle s'adresse au juge. "Je suis ici pour témoigner car j'ai décidéde dire toute la vérité. Ce qui s'est produit cette nuit-là n'était pas un accident. Nous étions tous en douleur. Ce qui a mené à sa mort... c'est ce qu'elle nous a fait."
Je déglutis, sentant une panique sourde. Là, au centre de l'attention, elle va dévoiler ce que nous avons caché, ce que nous avons vécu. Je voudrais crier, lui demandant de se taire, de ne rien dire. Elle continue, sa voix se brisant sous le poids de ses mots accablants. "Seo Yeri... était une pédophile. Elle nous a tous abusés quand nous étions jeunes."
Les paroles de Selena retentissent dans la salle comme une explosion, provoquant une réaction immédiate. Les murmures de choc et d'incrédulité se répandent comme une traînée de poudre, les visages dans le public se transforment alors que ce secret insoutenable est révélé au monde. Des cris résonnent, certains en désapprobation complète, d'autres en soutien inattendu. Mes yeux s'élargissent d'horreur. Comment a-t-elle pu dire cela ? Je me sens comme si quelqu'un avait tiré le tapis sous mes pieds. Je l'imagine, je l'entends comme si elle avait juste prononcé ma mort à moi aussi.
Les deux enfants de la défunte, qui se tiennent au fond de la salle, ne le prennent pas bien du tout. Leurs cris stridents coupent l'air, accusant Selena au fur et à mesure que les larmes coulent le long de leurs joues. "Mensonge ! Tu ment ! C'est une infamie !" crient-ils ensemble, tandis que leur père, un homme aux traits durs, se lève également, blâmant de ses yeux furieux l'ensemble de la pièce. "Vous êtes tous des menteurs !"
Les murmures se changent en cacophonie, créant un mouvement de désordre dans la salle. Les journalistes poussent leurs micros vers l'avant, enregistrant chaque mot, chaque réaction. Je sens qu'ils se délectent de ce scandale, de cette débandade qui se déroule sous leurs yeux.
La voix de Selena, souvent faible, devient forte alors qu'elle défend sa vérité. "Nous avons souffert ! Elle nous a volé notre enfance. Nous devons en parler !" ses larmes se mêlent à sa détermination, mais je la perçois comme une marée montante qui nous emporte avec elle.
Je suis gelé à ma place. Mon cœur est lourd et rapide, chaque battement me renvoie à ce qui aurait dû rester caché. Le regard que me portent les journalistes, le choc que révèle mon entourage, tout est trop accablant. J'essaie de me concentrer, mais mes pensées se brouillent alors que des flashs de souvenirs s'engouffrent dans ma tête. Chaque humiliation, chaque instant de terreur-ce que Seo Yeri avait fait, ce qu'elle nous avait volé. Et la révélation, tout cela étouffe mon esprit.
"Taehyung ! Yoongi ! Joon-Woo !" Des murmures montent, interrogeant notre silence. Les yeux se fixent sur nous avec une intensité brûlante. Je sens que le sol se dérobe sous moi, mon cœur lutte furieusement. Pourquoi ? Pourquoi Selena a-t-elle dit cela ?
Les mots résonnent de plus en plus forts dans ma tête.
Alors qu'un vertige m'envahit, ma vision se brouille, j'attrape le bord de la table pour me soutenir. Des mains moites, des palpitations, je suis à deux doigts de m'effondrer. Les cris, les accusations, la honte-c'est une tempête.
Le juge crie pour ordonner le calme, mais ce n'est pas suffisant. Je réalise que je ne peux pas continuer. Dans un dernier cri intérieur, ma tête tourne, et je me surprends à perdre conscience, plongé dans le noir.
Je sens mon corps tomber, la réalité s'évaporant autour de moi alors que je sombre. **Non... Pas maintenant...** Des murmures de mon nom résonnent en écho, mais cela s'éteint tout doucement, comme une lumière vacillante.
•♡•
Voilà, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? J'attends vos retours 🥲
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