🅇🄸🅇. 𝐼𝑛𝑡𝑒𝑟𝑙𝑢𝑑𝑒 1
/!\ Attention ce chapitre contient des scènes qui peuvent heurter la sensibilité. Mais qui sont importantes pour comprendre Taehyung.
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C'était une journée ensoleillée d'été, le genre de journée où les rayons du soleil viennent caresser agréablement ma peau. J'adore cette sensation, ce sentiment de bien-être qui m'envahit quand je m'expose à la chaleur du soleil. Malheureusement, ma sœur jumelle Yerim n'apprécie pas autant que moi ces moments de plénitude. Elle préfère garder une peau très blanche, disant que c'est "à la mode". Parfois, je ne la comprends vraiment pas.
Yerim et moi sommes nés un jour d'hiver, le 30 décembre 2002. C'est pour cette raison qu'elle pense que nous ne devrions pas aimer le soleil. Mais moi, je m'en moque de ce qu'elle dit. Quand les rayons réchauffent mon visage, je me sens tellement bien. Ça m'apaise et me fait oublier tous mes soucis l'espace d'un instant.
Bien sûr, j'écoute ma sœur quand elle me parle, car elle aime par-dessus tout être le centre de l'attention. Ce n'est pas grave, je suis habitué à son comportement un peu égocentrique. Après tout, elle reste ma jumelle et je l'aime malgré tout.
Notre famille est assez nombreuse. Il y a notre frère aîné Seokjin, 15 ans, qui passe beaucoup de temps avec papa. J'aimerais tellement avoir son âge pour pouvoir, moi aussi, partager ces moments privilégiés avec lui. Puis vient Jisoo, 13 ans, et nous deux, Yerim et moi, 10 ans. Et enfin, notre petit frère Mingyu, 5 ans, qui est encore tout petit et adorable. Il nous suit partout, ce qui peut parfois être un peu fatiguant, surtout quand Yerim dit n'importe quoi.
À l'école, je me sens un peu perdu parfois. La Daehyun Private School est une institution réputée, où seule l'élite est scolarisée. Les cours y sont beaucoup plus exigeants que dans une école normale. Je ne suis pas bête, loin de là, mais j'ai toujours préféré le théâtre aux mathématiques. Heureusement, j'ai été élu vice-délégué de ma classe, ce qui me permet de m'impliquer un peu plus dans la vie de l'école.
Il y a aussi Kang Joon-Woo, un ancien ami d'enfance avec qui je ne suis plus vraiment en contact depuis le primaire. Il a beaucoup changé, devenant insolent et se battant régulièrement. Pourtant, son père étant l'un des principaux actionnaires de l'école, il ne semble pas y avoir de conséquences pour lui. Je ne comprends pas vraiment ce que ça signifie d'être actionnaire, mais ça a l'air d'être quelque chose d'important.
Malgré tout, je n'ai pas vraiment d'amis proches à l'école. Je m'entends bien avec tout le monde, mais je n'ai pas cette connexion particulière avec quelqu'un. Ce qui me manque le plus, ce sont ces moments de pure détente à la maison, blotti sur le canapé avec ma mère qui me raconte ses histoires. C'est tellement apaisant, surtout les jours de pluie où je n'ai pas envie de sortir.
Parfois, je me dis que j'aimerais avoir 15 ans comme Seokjin pour pouvoir passer plus de temps avec papa. Mais pour le moment, je profite de ces instants précieux avec ma famille, même si Yerim peut être agaçante avec ses caprices. Je sais que je peux toujours compter sur eux, quoi qu'il arrive.
Et puis, il y a le théâtre. C'est ma plus grande passion. Depuis que j'ai appris à parler correctement, je me suis lancé dans cette voie et je m'y épanouis complètement. Jouer des rôles, incarner différents personnages, c'est ce qui me fait le plus vibrer. J'espère pouvoir en faire mon métier plus tard, devenir acteur comme je le rêve depuis toujours.
Oui, malgré les petits tracas du quotidien, je me sens chanceux d'avoir une famille aimante et un art que je chéris. Le soleil qui réchauffe ma peau, les moments de complicité avec ma mère, les fous rires partagés avec mes frères et sœurs... voilà ce qui compte vraiment à mes yeux. Et je sais que quoi qu'il arrive, je pourrai toujours compter sur eux.
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C'est encore l'heure des mathématiques... Et j'avoue que les vacances d'été me manquent. Nous sommes en septembre et bientôt ce sera l'automne, les feuilles des arbres vont commencer à changer de couleur avant de tomber pour l'hiver. Moi, je préfère quand tout est vert et beau...
"Eh, Taehyung tu viens ? C'est la pause du midi. Tu ne devineras jamais ! Il y a des pizzas aujourd'hui à la cantine." me dit Shotaru Takao.
C'est le fils de l'ambassadeur du Japon placé en Corée du Sud. Il est plutôt cool et on discute souvent lui et moi car nos parents se connaissent.
"J'arrive." Je réponds en rangeant mes affaires et je quitte la classe.
Nous marchons avec les autres de la classe. Nous sommes toujours entourés de beaucoup de monde, Takao et moi. Nous parvenons à trouver une place à la cantine après avoir pris chacun son plateau. Je vois Yerim au loin avec son groupe d'amis. Elles sont en train de se moquer d'une fille parce qu'elle est boursière. Je n'aime pas vraiment quand ma sœur se moque des autres. Mais je ne fais pas grand-chose pour changer ça non plus et les professeurs ne font rien non plus parce qu'ils connaissent les relations de mon père.
"Et toi, Taehyung. Tu as passé où l'été ?" Me demande Ari, une fille qui a l'air de m'aimer un peu trop.
Elle veut toujours savoir ce que je fais, ce que j'aime... Toute la classe sait qu'elle est amoureuse de moi et elle ne le cache pas. Seulement, moi je ne ressens rien pour elle. Je n'ai jamais été amoureux et je trouve que de toute façon, nous n'avons que 10 ans, c'est trop tôt pour ces genres de choses.
"Dans les Caraïbes avec ma famille." Je réponds en sirotant mon jus de fruit.
"Ohhhh c'est super j'aimerais y aller..." réplique Hana, une amie de Ari.
"Le plus intéressant, c'est sa grande sœur. Vous l'avez déjà vu?" rétorque Takao avec un sourire aux lèvres.
"Qui Yerim? C'est sa jumelle non?" Dit un autre garçon qui est plus ami avec Takao que moi.
"Mais non, pas Yerim. Mais sa grande sœur, Jisoo. Elle est super belle ! En plus, elle vient d'être prise dans une agence d'idole et son groupe pourrait faire ses débuts d'ici 3 à 4 ans." Explique Takao.
Je sais très bien pourquoi il parle de ma sœur. Takao a toujours aimé Jisoo depuis l'école maternelle.
"Elle est plus vieille que toi, Takao." Je dis en riant.
"Et alors ? L'amour n'a pas d'âge. L'écart d'âge entre nous n'est pas si grand ! Quand elle aura 25 ans, je serai majeur moi aussi. Donc on pourra se marier !" Il répond.
"Faudrait déjà qu'elle te remarque !" Répond Minho.
"Ouais ouais... bref, sinon qui a vu le nouveau jeu vidéo qui est sorti ? C'est de la bombe les gars!" S'écrie Takao.
C'est comme ça avec lui. Il a toujours quelque chose à dire. Jamais à court de conversation. Je crois que c'est pour ça que je traîne avec lui. Je m'ennuie peu.
"Me parle pas de jeu vidéo ! Avec mes notes, mes parents ne veulent même pas me laisser le temps de m'amuser, ils m'ont pris un deuxième prof particulier. Tous les jours j'ai cours à domicile après l'école." fait Minho, dépité...
C'est comme ça dans cette école. Les enfants sont en compétition sur qui a le plus d'argent, et les parents en compétition sur lequel a le meilleur enfant. Nous avons tous des cours particuliers après l'école. C'est épuisant mais c'est comme ça.
Nous faisons partie de l'élite, on nous le répète assez souvent.
Après le repas, nous retournons en classe. Le cours de littérature commence et je me surprends à regarder par la fenêtre, pensant aux vacances d'été. J'aimerais tellement pouvoir passer plus de temps à la maison, à écouter les histoires de maman.
Soudain, j'entends la voix de Yerim qui s'élève dans la salle de classe.
"Excusez-moi, Madame. Je ne comprends pas ce passage, pourriez-vous m'expliquer à nouveau s'il vous plaît ?"
Notre professeure, Mme Park, lui répond avec un sourire bienveillant.
"Bien sûr, Yerim. Viens au tableau, je vais t'aider."
J'aimerais parfois avoir son assurance.
Quand la sonnerie retentit, signalant la fin des cours, je range rapidement mes affaires. Shotaru s'approche de moi.
"Ça te dit de venir chez moi cet après-midi ? Mes parents ne seront pas là et on pourra jouer à la console tranquille."
Aujourd'hui nous avons fini plus tôt que d'habitude car les professeurs ont une réunion importante.
"Oh, euh... en fait, je dois rentrer directement aujourd'hui. Ma mère m'a demandé de l'aider avec certaines choses." Je mens, ne voulant pas passer l'après-midi loin de la maison.
Je n'aime pas vraiment ça, sortir sans arrêt. Je préfère rester à la maison.
"Ah bon ? Dommage ! Une prochaine fois alors !" Dit-il, un peu déçu.
Je le salue et sors de la classe. Je marche dans les couloirs, pressé de rentrer. J'ai besoin de me ressourcer loin de cette atmosphère de compétition.
Yerim doit rester pour ses cours de danse. Moi je n'ai pas théâtre aujourd'hui.
Lorsque j'arrive à la maison, je suis accueilli par les rires de Mingyu qui joue avec ses jouets dans le salon. Ma mère me voit et m'adresse un sourire radieux.
"Ah, Taehyung ! Je suis contente que tu sois là. Viens m'aider à préparer le dîner d'accord ? Laissons madame Peak se reposer elle est un peu malade."
"Avec plaisir, maman." Je lui réponds, soulagé d'être enfin chez moi.
Nous passons un agréable moment ensemble, à discuter et à cuisiner. C'est dans ces moments-là que je me sens le mieux, loin de la pression de l'école et près de ma mère.
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Ma sœur a fait une bêtise à l'école. Elle a poussé une fille dans les escaliers de l'école. La fille n'a rien de grave, juste quelques égratignures, mais la directrice de l'école, Mme Seo, compte convoquer nos parents afin de leur faire part du comportement de ma jumelle. Yerim n'a pas cessé de faire parler d'elle. Beaucoup de filles l'ont déjà dénoncée pour harcèlement scolaire et ça, je crois que c'est la goutte de trop.
Nous sommes dans les couloirs menant au bureau de Mme Seo. Elle a convoqué ma sœur. Yerim pleure devant moi. Elle me supplie de lui venir en aide.
"Je... je ne sais pas quoi faire, si papa apprend tout ça, il est capable de m'envoyer étudier dans un pensionnat au Vietnam ! On ne pourra plus se voir, je vais mourir si je vais si loin, et mon rêve de devenir danseuse étoile sera fichu ! Fais quelque chose, je t'en supplie..." sanglote ma sœur en me tenant les mains.
Ça a toujours été comme ça. Elle fait n'importe quoi et me supplie de l'aider. Et je me fais punir à sa place. J'aurais pu refuser, mais je sais qu'elle a raison. Notre père est capable de l'envoyer dans un autre pays seule.
"Je vais t'aider. Va-t'en. Je dirai à la directrice que tu es malade. Je vais prendre ta punition à ta place. Je n'ai encore jamais fait de bêtises à l'école, ils ne me renverront pas." Je dis.
Yerim me prend dans ses bras et s'en va en courant. Je me tourne vers la porte du bureau. J'inspire profondément. Je sais jouer la comédie, je vais utiliser ce talent pour convaincre Mme Seo.
Lorsque je frappe, j'attends quelques instants puis j'entre dans le bureau. Le bureau de Mme Seo est très grand, il y a même un coin à vivre.
"J'attendais une certaine Kim Yerim, qui es-tu ?" Me dit-elle en fronçant les sourcils.
Mon cœur bat vite, mais je respire profondément pour me calmer.
"Bonjour Madame Seo. Je suis Kim Taehyung, le frère jumeau de Kim Yerim. Je viens m'excuser auprès de vous, mais ma sœur n'y est pour rien dans cette affaire. C'est moi qui ai poussé la fille dans les escaliers. Elle a juste eu peur de me dénoncer et elle a cité ma sœur. Je ferai tout ce que vous voudrez, mais ne punissez pas ma sœur." Je supplie en me courbant légèrement.
Le silence suit mes paroles. Je ne me redresse toujours pas, apeuré par ce qu'elle va dire. Puis elle prend la parole.
"Kim Taehyung, redresse-toi." ordonne-t-elle. "Les caméras de surveillance ont montré que c'est bien ta sœur qui a poussé son amie. Mais si tu acceptes de faire quelques tâches pour moi, je garderai cela confidentiel. Qu'en dis-tu ?"
Je ne comprends pas vraiment ce qu'elle attend de moi, mais si cela peut sauver Yerim d'un renvoi, alors j'accepte.
"D'accord, Madame Seo. Que dois-je faire ?" je demande, déterminé à protéger ma sœur.
Mme Seo me sourit, mais quelque chose dans son regard me met mal à l'aise. J'espère avoir pris la bonne décision...
Mon cœur bat la chamade alors que je suis emmené dans cette pièce séparée du bureau de Mme Seo. Qu'est-ce qu'elle me veut ? Je commence à avoir un très mauvais pressentiment.
Une fois à l'intérieur, je vois qu'il s'agit d'un petit salon aménagé, avec deux canapés et une petite cuisine. Mme Seo se tourne vers moi, son regard perçant me mettant extrêmement mal à l'aise.
"Assieds-toi, Taehyung," me dit-elle d'un ton ferme. Je m'exécute, sentant la tension monter d'un cran.
"Comme je te l'ai dit, j'avais prévu de passer un marché avec ta sœur. Mais puisque tu t'es proposé à sa place, tu feras parfaitement l'affaire." Elle s'approche de moi, et je ne peux m'empêcher de reculer légèrement.
"De quoi s'agit-il exactement ?" je demande, tentant de garder mon calme malgré l'appréhension qui me noue l'estomac.
"Eh bien, disons que j'ai quelques petites tâches à te confier... en échange de mon silence sur l'incident avec ta sœur." Son sourire s'élargit, mais il n'atteint pas ses yeux froids.
Je déglutis difficilement, essayant de réfléchir à toute vitesse. Que puis-je faire ? Si je refuse, ma sœur sera renvoyée et notre père la punira sévèrement. Mais si j'accepte, que va-t-elle me demander de faire ? Une boule d'angoisse se forme dans ma gorge.
"Et... quelles seraient ces tâches ?" je demande d'une voix tremblante.
Je suis assis sur le canapé, la lumière est douce, mais elle me fait peur. Mme Seo s'approche, et je sens son souffle chaud sur mon visage. Mon ventre se noue, et une étrange sensation de froid me traverse. "Oh, ne t'inquiète pas," dit-elle d'une voix douce, mais il y a quelque chose dans ses mots qui me fait frissonner. "Ce ne sera pas grand-chose. Juste quelques petits services... personnels." Le mot "personnels" semble lourd, comme si ça voulait dire quelque chose de mauvais, mais je ne comprends pas quoi.
Elle pose sa main sur mon torse, et je me sens tout bizarre. Je ne veux pas qu'elle touche ma cravate, mais ses doigts glissent doucement, et elle l'enlève. "Pour commencer," murmure-t-elle, et déjà elle déboutonne ma chemise. Mon cœur s'emballe, je sens un tremblement dans mes bras et mes jambes. "Retire ceci," dit-elle, mais je veux crier, je veux qu'elle s'arrête.
Je recule, mais le canapé me bloque, et je me sens coincé, comme un petit animal pris au piège. Je ne comprends pas ce qui se passe. Pourquoi elle fait ça ? Pourquoi je me sens si mal ? Les larmes commencent à me piquer les yeux, et je me sens si perdu.
"Je... qu'est-ce que vous faites ?" ma voix sort presque en un sanglot. Je pose mes mains sur ses poignées, je veux qu'elle cesse, je veux qu'elle parte. Mais elle ne bouge pas, son regard est sérieux, et cela me fait encore plus peur. Je sens mon cœur battre très fort, comme s'il voulait sortir de ma poitrine.
Je suis si effrayé. Je veux fuir, mais je ne peux pas. Les larmes coulent sur mes joues, et je ne comprends toujours pas pourquoi tout cela arrive. Pourquoi quelqu'un ferait du mal à un enfant ? Je me sens si petit et si impuissant, et je voudrais juste que tout cela s'arrête.
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Je suis recroquevillé dans le coin des vestiaires, les murs sombres et froids me paraissent oppressants. L'odeur du savon flotte dans l'air, mais je ne peux pas m'en soucier. Je suis enfermé, seul, et la réalité de ce qui vient de se passer m'écrase comme un poids insupportable. Tout tourne encore dans ma tête, et je ne comprends pas. Comment ai-je pu laisser cela arriver ? Pourquoi moi ?
Mais alors que je me laisse tomber au sol, les larmes commencent à couler, mélangées à l'eau froide qui ruisselle sur ma peau. Je pleure, un cri silencieux, un appel à l'aide que personne n'entendra. Je serre les poings, la douleur me rappelle que je suis vivant, mais c'est une douleur que je ne veux pas ressentir.
Je me frappe la tête, encore et encore, comme si je pouvais chasser les images de ce qui s'est passé. "Espèce d'idiot," je murmure entre deux sanglots, "comment as-tu pu être si bête ?" Chaque gifle me semble justifiée, une punition pour ce que je ne comprends pas. "Tu es un moins que rien, un débile," je me dis en continuant, comme si ces mots pouvaient effacer l'horreur de mes souvenirs. Mais rien ne change. La douleur physique ne fait que masquer, un instant, la douleur qui se niche au fond de mon cœur.
Je me rappelle de son sourire, de sa voix, et cela me fait encore plus mal. Pourquoi n'ai-je pas compris ? Pourquoi ne me suis-je pas sauvé ? Je me sens trahi, mais par qui ? Par elle ? Par moi-même ? Les questions se bousculent, mais aucune réponse ne vient. Tout ce qui reste, c'est ce vide immense, cette incompréhension qui me ronge.
L'eau continue de couler, mais elle ne lave pas ma souffrance. Elle ne peut pas effacer ce que j'ai vécu. Mes pensées se bousculent, comme une tempête dans mon esprit. Comment ai-je pu croire que c'était normal ? Comment ai-je pu penser qu'elle voulait m'aider ? Je suis perdu, noyé dans un océan de confusion et de douleur.
Je regarde mes mains, tremblantes, et je les serre si fort que je sens mes ongles s'enfoncer dans ma paume. "Il faut que je sorte d'ici," je pense, mais je suis paralysé. J'ai peur de ce qui m'attend à l'extérieur, peur de revivre ce que j'ai enduré. L'idée de croiser quelqu'un, de devoir montrer mon visage, d'affronter le monde, me terrifie. Je n'ai pas envie de parler, de crier, de révéler ce qui s'est passé.
Les larmes continuent de couler, et je les laisse faire. Elles sont le seul moyen que j'ai de libérer une partie de cette douleur. Je me sens si seul, si incompris. J'aimerais crier, mais ma voix est étranglée par la peur et la honte. Chaque mot que je pourrais prononcer semble se perdre dans le néant.
Je me frappe à nouveau, mais cette fois, c'est différent. Je ne cherche pas à me punir, je cherche à me réveiller. À comprendre. À crier. Je suis perdu, mais je sais que je dois trouver un moyen de sortir de cet enfer...
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Les cours sont enfin terminés, et le bruit des élèves qui sortent dans la cour résonne comme une mélodie lointaine. Je m'efforce de garder mon calme, de ne pas laisser transparaître ce que je ressens. Après m'être habillé, je me regarde dans le miroir des vestiaires, mais je ne reconnais plus le garçon qui me renvoie mon reflet. Je ne suis qu'un étranger dans ma propre peau.
Je traverse le hall, évitant les regards des autres élèves, et je rejoins ma sœur jumelle, Yerim, qui m'attend à l'entrée de l'école. Elle a l'air nerveuse, ses yeux scrutant la foule. Quand elle me voit, un sourire se dessine sur son visage, mais il est vite remplacé par une inquiétude palpable.
"Alors, ça s'est bien passé avec Mme Seo ?" demande-t-elle, sa voix tremblante trahissant sa peur. "Tu sais, j'ai entendu des rumeurs qu'elle pourrait renvoyer des élèves, et j'ai vraiment besoin de rester ici cette année."
Je sens mon cœur se serrer. Comment pourrais-je lui expliquer ce qui s'est réellement passé ? Je ne peux pas. Je ne sais même pas comment mettre des mots sur cette douleur. Alors je lui souris, un sourire qui n'atteint pas mes yeux. "Tout va bien, Yerim. Je t'assure." Mes mots sonnent faux, même à mes propres oreilles, mais je ne peux pas la décevoir. Je ne peux pas lui montrer ma faiblesse.
Elle hoche la tête, visiblement soulagée, mais je peux voir l'inquiétude persister dans son regard. "Tu es sûr ? Parce que si elle me renvoie je suis fichue."
Encore et toujours TOI Yerim. Rien d'autre ne compte à tes yeux ?
"Je te promets que tout est okay," je répète, ma voix un peu plus forte. Je veux qu'elle me croit, même si cela me fait mal de mentir.
Le chauffeur arrive peu après, et nous montons dans la voiture. Le trajet jusqu'à la villa semble interminable. Le silence est lourd, et mes pensées tourbillonnent dans ma tête. Je regarde le paysage défiler, mais je ne vois rien. Tout ce que je peux penser, c'est à ce qui s'est passé. À cette sensation de confusion, cette horreur que je ne peux pas comprendre.
Une fois à la maison, je me précipite à l'intérieur, ignorant les questions de ma sœur. Je monte les escaliers deux par deux, le cœur battant à tout rompre. Je me sens comme un fugitif, cherchant désespérément un refuge. J'atteins ma chambre et je verrouille la porte derrière moi.
Je me laisse tomber sur mon lit, le souffle court, et je me recroqueville dans un coin. Qu'est-ce qui vient de se passer ? Pourquoi est-ce que ça m'est arrivé ? Les larmes me montent aux yeux, mais je les ravale. Je n'ai pas le droit de pleurer, pas maintenant.
Je repense à cette scène, à son sourire, à sa voix, ses mains... Son corps.
Est-ce ça qu'on appelle faire l'amour ? Mais cela ne peut pas être ça, non ? Ça ne peut pas être ce que j'ai vécu. Je me sens tellement confus. Je n'ai jamais appris ce que cela voulait dire, et je ne comprends pas.
Et si je parle de cela ? Je suis sûr que je serais puni. Punis d'avoir "fait l'amour" avec une adulte. Je ne peux pas. Je ne dois pas. Le poids de cette honte m'étouffe, et je me demande si je vais pouvoir vivre avec ça. Je me sens tellement sale, tellement coupable.
Je veux me cacher, disparaître. Je voudrais que tout cela ne soit qu'un mauvais rêve, mais je sais que ce n'est pas le cas. Je regarde le mur, cherchant des réponses, mais il n'y a rien. Juste le silence et la douleur.
Je me blottis sous ma couverture, faisant tout pour me cacher du monde extérieur. Les questions continuent de me tourmenter, mais je sais que je ne peux pas les poser à voix haute. Je suis seul dans cette incompréhension, et je me demande si quelqu'un comprendra un jour ce que je ressens.
•♡•
Voilà le premier d'une longue liste d'interludes sur Taehyung.
J'espère que j'ai réussi à décrire les émotions de Taehyung. J'ai fait ce que j'ai pu.
Le faite qu'il croit avoir fait l'amour est une réaction qu'on retrouve souvent chez les enfants victimes car ils ne savent pas ce qu'un abus sexuel.
Je sais de quoi je parle j'ai moi-même cru longtemps que ce qui m'étais arrivé c'était consenti. J'étais en primaire.
J'espère que j'ai pu faire de mon mieux pour vous transmettre les émotions.
À très bientôt pour la suite de l'audience préliminaire un retour dans le présent. ♥️
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