🅇🅅🄸. 𝐷𝑒𝑠 𝑝𝑟𝑜𝑚𝑒𝑠𝑠𝑒𝑠 à 𝑢𝑛𝑒 𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒
Les secondes se transforment en minutes, les minutes en heures et, après plus de deux heures d’attente dans cette salle d’interrogatoire, je me sens comme un animal traqué. Je suis seul, assis sur cette chaise en métal, mes mains menottées devant moi, une sensation de douleur lancinante voyageant le long de mes poignets. La froideur de la pièce contraste trop violemment avec la chaleur des souvenirs qui m’assaillent. Espérant que le temps passe plus vite, je me perds dans mes pensées.
Il y a ce bruit constant, ce bourdonnement lointain des voix dans le couloir, des policiers qui s'engagent dans des discussions, probablement à mon sujet. Et moi, je suis là, piégé dans mes propres pensées, entouré de ce silence oppressant. Je ne sais pas quoi faire ni quoi dire. Mes souvenirs de cette nuit-là se mêlent à des questions sans réponse.
Je repense à cette nuit du 5 au 6 janvier, où, avec Joon-Woo, Yoongi, Selena et Somi dans la voiture de Joon-Woo, tout s'est passé si rapidement. L'impact, le fracas. Cette femme, Madame Seo Yeri, notre ancienne directrice, qui était à l’origine de tant de souffrances. Combien de fois avais-je souhaité la voir six pieds sous terre ? Comment le temps avait pu me mener à ce point ? Je lutte pour accepter mes propres sentiments ; je me sens coupable, et paradoxalement, une joie amère me traverse. Son décès semble comme une forme de justice pour tout ce qu’elle nous a fait subir.
Non, je ne veux pas penser à ça. Mais comment faire pour ignorer ce passé qui me hante ? Le viol, l'abus, les souvenirs resurgissent. Joon-Woo était au volant, mais nous étions tous complices, liés par cette colère, par ce désir de vengeance. Et maintenant, que va-t-il advenir de nous ?
Les murs se resserrent autour de moi, la douleur de ces menottes me rappelle que je suis là, face à une réalité bien plus complexe que je ne l'avais imaginé. Pourquoi, malgré tout, je n’arrive pas à pleurer ? Ces émotions criardes se battent en moi. Est-ce la peur qui me pétrifie ? Je veux être fort. Je suis acteur. J'ai passé ma vie à porter un masque, et ce n'est pas le moment de faiblir. Je peux mentir, je peux me montrer sûr de moi. C'est ma décision.
La porte s’ouvre brusquement avec fracas, et deux agents de police entrent, le visage impassible. Je redresse la tête, me forçant à afficher un air désinvolte, comme si tout cela ne m'affectait pas.
“Kim Taehyung, nous avons quelques questions pour toi,” dit l'un d'eux, un regard sans pitié accroché sur moi.
Leurs regards s'intensifient, détectant la moindre faille, la moindre hésitation. Au fond, je sais qu'ils ne sont pas là pour discuter des choses simples. Je ne suis qu'une cible, un coupable idéal. Je sens le stress bondir dans mon ventre, mais je maîtrise la situation. Je dois rester calme.
“Expliquez-nous ce qui s'est passé la nuit de l'accident,” commande l'autre policier, un bloc-notes en main.
Je me force à parler, m’efforçant de parer mes mots d’une assurance factice. “Nous avons été… en soirée. Nous avons trop bu et…” Je marque une pause, réfléchissant à la suite, cherchant à distiller mes paroles comme si cela pouvait minimiser le dégât. “Nous n’avons pas vu la lumière rouge…” Je sens mes mains transpirer sous les menottes, une trahison visible de mon anxiété.
“Vous avez tué cette femme, madame Seo Yeri. Est-ce que vous avez compris cela ?” l'un des agents me lance, sa voix pleine de mépris.
Je sens le vertige m'envahir, la vérité se déversant dans mon esprit comme une vague, l’adrénaline à son paroxysme. “C’était un accident,” je m'entends dire, mais la vacuité de mes mots résonne comme un écho creux. La honte m’envahit, le dégoût de moi-même me ronge. Mais en moi, je m'accroche à mon masque.
“Vous étiez dans la voiture au moment de l'accident. Bien sûr, vous en êtes responsable,” affirme-t-il, son regard implacable me transperçant. Combien de fois ai-je rêvé de mettre cette femme à terre, de la voir enfin payer ? Mais maintenant que c'est réel, la crainte gourmande me grignote les entrailles.
Je m’emmure dans le silence, leurs questions se succèdent, mais je ne peux pas parler de ce qui s'est réellement passé. Je ne peux pas mentionner les abus, cette honte que j’ai portée comme une cicatrice. Je préférerais être un criminel aux mains sales qu’ouvrir cette boîte de Pandore.
Des bribes de leurs interrogations me défilent, des accusations innombrables qui m'étouffent. “Aviez-vous un mobile pour faire cela ? Vos amis étaient-ils impliqués ?”
Mon esprit se perd, mais je garde mes yeux rivés sur eux. Je sens le monde entier se compliquer, ces idées qui se fragmentent. Comment répondre ? Comment échapper à ce piège ? Je tente de maintenir mon arrogance, cette assurance que j'ai si bien apprise à manier.
Ils relèvent des faits, des accusations, mais moi, je suis ici, pris au piège. Mes pensées vagabondent entre l’envie de fuir et celle de hurler. Je les regarde, je souris. Je ne suis pas coupable de leur rendre cet hommage ; je veux me forger une identité qui ne se résume pas à ce qui se cache derrière les ténèbres de mon passé.
Je suis Taehyung. Et je vais me battre pour vivre, même si cela signifie être le visage du dédain que tout le monde s’accorde à poser sur moi. L’intensité de mes émotions s’entrechoque, mais mon sourire ne fléchira pas. Ce monde ne comprendra jamais.
Lorsque l’interrogatoire prend fin, je reste là, dans cette salle grise et froide, le long silence qui règne m’étouffe. Chaque minute devient une éternité, et la notion du temps me file entre les doigts comme le sable d'une montre. Mon esprit erre, obsédé par les conséquences de mes actes. Que va-t-il se passer maintenant ? Je n'ai pas nié avoir été dans la voiture, et l'idée de ce qui peut m'attendre me terrifie. Le vide se creuse dans ma poitrine, mon cœur tombe dans mon estomac. Une peur sourde m'envahit, mais aucune émotion ne parvient à percer la façade que j'ai construite au fil des années.
L'angoisse s'installe, étranglant mes pensées. J’essaie de me convaincre que je suis un acteur, que je sais manipuler les ficelles de ce théâtre de la vie où je suis mis en scène. Mais dans ce théâtre, il n'y a pas de plan, pas de rébellion. Juste des actes à jouer et des mensonges à défendre. Je détourne les yeux, ma tête baissée sur la table, le bois froid contre ma peau, et je me concentre sur ma respiration.
Au bout d'un moment, la porte s'ouvre dans un grincement désagréable, et ma mère apparaît sur le seuil. Son visage, habituellement si rassurant, est marqué par l'inquiétude. À cet instant, une partie de moi souhaite la forcer à sourire, à effacer cette douleur de son visage, mais je réalise que je suis celui qui a causé cette douleur.
"Maman…" murmurai-je, sentant une boule de honte se nouer dans ma gorge. Son regard se pose sur moi, et un frisson me traverse. Son cœur doit se briser en mille morceaux en me voyant ici, enchaîné, dans cette salle.
"Taehyung," dit-elle d’une voix tremblante, s'avançant. Mes jambes sont en feu de l’envie de me lever et de courir vers elle, de me blottir dans ses bras comme quand j’étais enfant. Mais je reste figé, prisonnier de mon propre désespoir et de la honte qui m'occupe.
Je peux voir l'eau des larmes briller dans ses yeux. "Tout ira bien, je vais te sortir de là," promet-elle, sa voix douce mais ferme. "Je vais te payer le meilleur avocat, celui qui nous a aidés dans le passé. Je te le promets."
Chaque mot qu'elle prononce pèse sur moi comme un fardeau. Je ne puis que baisser la tête, incapable de dire quoi que ce soit. Mon silence devient une barrière entre nous, un mur immense que je n'arrive pas à franchir. Je sens que je devrais être reconnaissant, mais la peur et la déception s'embrouillent dans mon cœur.
“Pour l’instant, il n’y a pas encore de caution fixée pour ta libération provisoire,” continue-t-elle, sa voix se brisant brièvement sous le poids de la réalité. "Il faut que le juge prenne connaissance de l'affaire..."
Des mots qui s'envolent, mais qui laissent un impact. "Taehyung, en attendant, tu et tes amis serez transférés dans un centre de détention provisoire."
Je me sens sombrer davantage dans les ténèbres. L'angoisse, l'incertitude, tout cela m’enveloppe dans une bulle d'impuissance. “Je suis désolé…” fais-je tout bas, même si je sais que cela ne changera rien. Mais je ne le pense pas pour moi. Je le fais pour elle. Je le fais pour la douleur que je lui inflige.
"Écoute-moi," dit-elle, s'agenouillant pour être à ma hauteur. Je peux voir ses mains trembler, et cela me déchire un peu plus encore. "Nous, vos parents, nous avons fait de notre mieux. Nous avons tout fait pour que vous soyez dans un bon centre, un endroit confortable. Je veux que tu saches que tu n'es pas seul dans tout ça."
Sa voix, pleine de tendresse mais aussi d'inquiétude, me parvient à travers le brouillard de mes pensées. Je ne peux que lui offrir un regard vide, accablé par ma propre souffrance. Tout ce qui m’entoure devient flou. Mon passé, mes décisions, mes amis… cela semble si lointain alors que je me vois là, enfermé dans ma propre tragédie.
"Je suis là pour toi, mon amour," me murmure-t-elle, et j'entends la fragilité dans sa voix, chaque syllabe tant de fois articulée en de nombreuses nuits de pleurs et de doux souvenirs.
Pourtant, malgré l'amour inconditionnel qui s'accroche, je n'arrive pas à trouver la force de lui répondre, de partager ma propre douleur. Je suis un étranger à moi-même, à ma propre histoire. La honte m’étouffe, et je reste figé, mes pensées s’affrontant et se heurtant comme les vagues se fracassant contre des rochers, sans espoir de trouver une échappatoire.
Je réalise qu’un acte a suscité cette tempête, mais je ne peux rien faire d'autre que de m’enfoncer dans la solitude de ma souffrance. Mon cœur se brise alors que je perçois la figure de ma mère, si aimante, si compréhensive, mais si impuissante face à l'irréaliste tragédie dans laquelle je m'enfonce. Les larmes accrochées à ses cils scintillent comme de minuscules diamants, mais je suis incapable de les partager.
Je veux lui répondre, lui promettre que je vais affronter ça, mais la vérité est que je me sens comme un enfant terrifié dans l'œil d'une tempête. Et alors que ma mère reste là, je ne peux que nourrir un silence qui semble crier et résonner dans l’espace désert qui nous entoure.
Je reste muet, retranché derrière mes masques, mes failles invisibles pour le monde, mais délicieusement orageux dans l’obscurité de mon âme. Je me demande si un jour, je pourrai retrouver la lumière, ou si elle ne sera jamais que l’ombre d’un souvenir lointain.
Lorsque ma mère quitte la salle, je sens que le vide s'installe, aussi lourd qu'une pierre. Elle n’a pas dit un mot en partant, mais son regard, ces yeux embrumés de larmes, résonnent dans ma tête comme un craquement de verre. Je me sens désolé de lui infliger cette douleur, mais je ne peux pas non plus me dévoiler. Je n'ai pas le droit de lui faire subir le poids de mes traumatismes.
Peu de temps après son départ, deux policiers reviennent me chercher. "Kim Taehyung, suis-nous," dit l'un d'eux d'un ton sans appel. Mes poignets me font mal dans les menottes, et je me lève lentement, une appréhension froide m'attrapant le ventre. Ils me conduisent vers la sortie, mais je ne suis pas prêt pour ce qui m'attend.
Dès que je sors de la salle d'interrogatoire, une vision de surprise me saisit : la nuit est tombée. Les lumières des lampadaires sont éblouissantes, mais les cris et les flashs des caméras me plongent dans l'obscurité. Dans les couloirs, j’aperçois Joon-Woo, Yoongi et Selena qui sortent d’autres salles, leurs regards sont vides, comme s’ils étaient déjà morts en l’intérieur.
"Selena..." je murmure, mais c’est un souffle inaudible, noyé dans le tumulte. À ce moment-là, je vois ses yeux embués de larmes, et cela me fend le cœur. Elle pleure, son visage marqué par l’angoisse, et je sens mon ventre se tordre davantage.
Déjà, on nous dirigent tous vers la sortie. À l'extérieur, une horde de journalistes, de paparazzis et de quelques fans est rassemblée, hurlant des insultes, posant des questions indiscrètes. “Traîtres !” “Criminels !” Les mots volent comme des projectiles, me frappant d’une violence inouïe. Je ne peux pas les supporter. Je sais que nous sommes là en tant que criminels, mais ce sentiment s’étouffe dans les cris qui s’élèvent.
"Taehyung ! Que s'est-il passé ?" me crie l'un d'eux, mais je reste muet, incapable de trouver la voix pour répondre à ces accusations, à cette colère. Je jette un dernier regard à Selena alors qu'on l'emmène dans une camionnette différente, sa silhouette se perd dans la lumière des flashs. Cela me rend malade car elle est seule.
Je suis emmené dans une camionnette avec Joon-Woo et Yoongi. La tension est palpable. Aucun d’entre nous ne parle. Nous sommes des silhouettes perdues, des ombres de ce que nous étions autrefois. Les mains menottées, mes mains tremblent, de peur, de colère, ou peut-être de désespoir. Je ne sais plus. Le trajet semble interminable et la camionnette roule jusqu'au centre, qui se trouve à une heure du centre-ville.
Chaque virage, chaque embouteillage me rappelle que la sortie de cet enfer est encore loin. La route est silencieuse, seulement troubler par le son du moteur, et l’angoisse pétrifie l'air. Mes pensées tournent en rond comme de petites abeilles en cage, se heurtant aux parois de mon esprit frémissant. Que va-t-on faire de nous là-bas ? Que va-t-il se passer maintenant ?
Lorsque nous arrivons enfin au centre de détention, je sens mon cœur s’accélérer. Tout ici est si froid, si impersonnel. Les murs sont gris et austères, et cela me fiche une panique dans le ventre. Nous sortons de la camionnette, et les policiers nous ordonnent de descendre. Mon corps obéit mécaniquement, mais ma tête est pleine de confusions, chaque pas me ramenant à une réalité à laquelle je ne voulais pas faire face.
Ils nous conduisent à l’intérieur, et nous sommes accueillis par des surveillants au regard dur. "Fouilles," ordonne l’un d'eux d'une voix hautaine. Un frisson d’angoisse m’envahit immédiatement. Je n'arrive pas à me défaire de ce sentiment de vulnérabilité. Au moment où je me fais fouiller, une douleur brutale me prend à la poitrine. Cela me rappelle mes propres abus, mes pires souvenirs. Je ferme les yeux, refoulant les souvenirs sinistres, me concentrant sur le fait qu'il faut que je survive à cet instant. Pourquoi devais-je revivre cela ? Pourquoi ?????
Les mains des agents fouillent mon corps, vérifient mes affaires. Tout en moi me crie de fuir, de m’échapper, mais il n'y a pas de sortie. Je suis bloqué ici, piégé, comme un oiseau dans une cage. Après la fouille, on nous remet des vêtements de rechange. Ils sont austères, une simple combinaison bleue, mais je ne peux m’empêcher de sentir le dédain de ma situation. Je suis maintenant un numéro, un inconnu.
Après cela, nous sommes séparés. On me conduit dans une chambre individuelle. Je regarde autour de moi : le mobilier est minimaliste, juste un lit, une table et une chaise. Rien de ce qui pourrait apporter du réconfort. Une sensation d'oppression monte en moi, et il me semble que l'on m’étouffe.
Lorsque la porte se ferme derrière moi, la solitude m'envahit. Je suis enfin seul, et ce silence puissant m'écrase. C’est comme si le monde entier avait disparu, et je ne suis plus qu’une ombre errante, accablée par ma douleur.
Je me laisse tomber au sol, me recroquevillant contre le mur froid. Les sanglots me submergent, bien plus puissants que je ne l'avais anticipé. Je pleure, je hurle en silence, chaque goutte de larmes tombant sur le sol comme une pièce de monnaie dans une fontaine, une offre de désespoir.
C’est douloureux. Chaque sanglot apporte avec lui une vague de souvenirs. L’abus, la trahison, les nuits sans sommeil que les horreurs m'ont infligées. Je suis ce que les autres pensent de moi, mais je ne suis pas que ça. Je suis un garçon qui a vécu des choses qu'il ne peut pas décrire, un garçon qui a tant tenté d'oublier, mais qui se retrouve aujourd’hui en plein enfer.
Et dans cette inondation de sentiments, de douleur et de souffrance, je me rends compte que je peux plus que jamais lamenter ma faiblesse. Mais qui suis-je, après tout, pour perdre espoir ? Puis-je vraiment me reconstruire à partir des débris de ma triste histoire ? Seul, dans le silence de ma cellule, je ne sais plus quel chemin m'attend.
Je souhaite pouvoir prendre la main de ma mère, lui dire que tout ira bien, que je suis fort, que je vais surmonter cela. Mais je ne peux que chuchoter des promesses à une ombre, une ombre enveloppée par la nuit.
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Comment trouvez-vous ce chapitre ? J'essaie d'être le plus réaliste que possible dans cette histoire même si je n'y arrives pas tant que ça donc j'espère que ça vous plaît ♥️
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