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MINI-HISTOIRE

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Mon père était assis . Les mains dans les poches, une seringue d'héroïne jetée sur la table basse, les yeux rougis par la drogue. Il hallucinait. Comme d'habitude.

Ma mère était . Affalée sur le sol, le frottant jusqu'à le trouer et ne pouvant se lever du plancher pourri par le temps que lorsque l'homme de la famille en aura décidé autrement.

Mes quatre sœurs étaient là, debout. Elles me regardaient avec pitié. Avec regret. Avec jalousie. Tout pouvait qualifiait leur regard mais la seule chose que je ne pouvais déceler dans leurs coups d'œil était une once d'amour.
Je partais. Définitivement. Elles auraient voulu être à ma place. Elles auraient voulu me voir rester. Je l'aurai voulu aussi.
Mais c'était ainsi.

Je jette un dernier regard à ma mère. J'y mettais tout ce que je ressentais, j'y enfermais tout mon amour et tentait désespérément de lui partager par le seul contact de mes yeux avec les siens.

Elle ne me regardait pas. Elle n'avait pas le droit comme à son habitude.
Je me lève du sol en tremblant inconsciemment. Mon père est toujours là, complètement ailleurs et ayant déjà réglé les conditions avec son ami.

Son ami ? Son fournisseur d'héroïne.
Son ami ? Le nouveau Pablo Escobar mexicain.
Son ami ? Mon futur mari.

Je pars aujourd'hui. On m'a vendue. On m'a négociée comme une bouchée de pain mais ce n'est pas grave.
Tout se paye tôt ou tard.

J'avais seulement 16 ans et j'étais déjà vendue à un baron mexicain de la drogue contre seulement quelques doses d'héroïne.








Son nom ? Guillermo.

À peine 28 ans et déjà redouté ici, à la Ciudad Juárez, capitale des jeunes filles disparues et où les homicides sont le quotidien de tous. Nous vivons constamment dans la peur de se faire descendre mais on finit par faire avec.

J'étais devant lui, seulement vêtue de la robe bleue nuit que ma mère m'avait cousue la veille.
Il me regardait de haut en bas. Scrutant chaque détail de mon corps. Il observait tout sans exception. Je fuyais l'affrontement mais c'était trop tard : il croisa mon regard et c'est à ce moment là que nous avions tous les eux compris une chose.

Chaque moindre parcelle de mon corps lui appartenait désormais et je ne pouvais rien y faire.
Je lui appartenait tout simplement et il en jouissait.

J'étais vierge à cette époque. Mes autres sœurs ne l'étaient pas et c'est cela qui l'avait décidé. Il m'avait choisie.
Enfin comment pouvons nous parler d'un choix lorsque je considère plus cela comme une malédiction ?



J'étais cloîtrée dans cette pièce sombre depuis ce matin. Il m'avait dit d'attendre le soir venu pour parler d'homme à femme. Pour mettre tout cela au clair, ou du moins c'est ce que je croyais naïvement.

Je l'ai longuement attendu, seule, repensant à mes années frivoles. Les regrettant surtout.
J'étais plongée dans mes pensées lorsque la porte s'ouvrit sur ce fameux Guillermo, une cigarette à la main. Il cracha sa fumée sur le côté tout en fermant la porte derrière lui puis s'avança vers moi en souriant. J'étais allongée sur un lit simple et regardait inlassablement le plafond.

Il s'adressait à moi dans un espagnol magnifique. Il avait un léger accent.. c'était déstabilisant au premier abord.

Guillermo : Tu sais qui je suis ?

Je me contentais de hocher la tête en guise de réponse.

Guillermo : Pourquoi tu ne parles pas ?

Je ne disais rien. J'étais timide de base mais alors encore plus renfermée devant un homme que je ne connaissais absolument pas et qui m'avait achetée, qui plus est.

Guillermo : Parle si tu ne veux pas que je te tranche la langue. Tu t'appelles comment ?

Des frissons me parcourent le dos.

Moi : Ma... Marìa.

Il me décoche un petit sourire puis saute sur le lit et monte au dessus de moi en plaçant une main de chaque côté de ma tête.
Je tremblais comme jamais. J'etais effrayée. Tellement effrayée. Mais j'essayais de ne pas le montrer par crainte de l'énerver.

Guillermo : Tu as un beau prénom.. Marìa.

Moi : Merci.

Il baisse la tête vers ma robe légèrement défaite et laissant paraître un peu de ma poitrine.
Guillermo sourit et dépose un bisou dans mon cou puis continue jusqu'à la naissance de mes seins juste avant de se redresser et de retirer son haut en une fois.

J'avais horriblement peur. C'est vrai.
Mais si je n'assouvissais pas les désirs de mon mari, je déshonorerait mon père bien qu'il le soit déjà et il risquerai de s'en prendre à mes sœurs.
Je sais très bien qui est Guillermo.

Il tue une dizaine de personnes par semaine, voire par jour. Une famille de quatre sœurs ne serait que des noms à ajouter à l'interminable liste.

Je fermais les yeux et le laissait faire.
Il me retira tout ce que j'avais sur le corps et se déshabilla à son tour juste avant de fermer la porte à clé et de s'arrêter devant mon corps nu. J'avais terriblement honte mais je ne disais rien. Je paraissais vide.
Il me regarda longuement et observa chacun de tous les recoins de mon intimité.

Puis il se passa ce qu'il devait se passer. Il passa à l'acte avec moi.
Je ne pris aucun plaisir. Il se vidait pendant que je souffrais mais je le cachais comme j'en avais pris l'habitude avec les coups de mon père. En tout cas, j'essayais. Lorsqu'il eût fini, il se retira, se rhabilla et s'en alla comme si de rien n'était.

Je restais, là, sur le lit, dénudée.
J'avais mal. Je me sentais mal.
Je me sentais sale. En fait, je n'étais pas bien autant mentalement que physiquement.
Cette soirée là, j'ai beaucoup pleuré.

Pourquoi ? Parce que j'essayais d'oublier que ce n'était pas voulu. Et surtout qu'en Occident, c'était considéré comme du viol conjugal.

Mais après tout... je n'avais que 16 ans. Je n'avais pas à subir tout cela.



Chaque nuit, chaque jour, il venait et se vidait. Je n'étais plus qu'un simple objet sexuel. Nous savions tous les deux que ce n'était pas un véritable mariage avec un véritable amour mais juste un arrangement.
Un pur et simple échange. Ma chair et mon âme vendue au Diable.

Cela faisait maintenant un mois que je souffrais intérieurement. Je me taisais et subissais. J'avais plongé dans une telle dépression nerveuse que mon corps avait refusé de s'alimenter et que mes côtes apparaissaient maintenant sous ma peau.

C'était trop. Je n'en pouvais plus d'être un objet sexuel. Mais alors vraiment plus.
J'ai craqué. J'ai tenté de me suicider en me coupant les veines.

Personne ne l'a su et je vivais avec un constant poids sur les épaules et c'était dur. Je redoutais de voir Guillermo le soir.
Et me tuer était la seule solution à tous mes problèmes.

...je n'ai pas réussi.



Ce soir-là, j'avais le cafard. J'avais simplement envie d'en finir une bonne fois pour toutes.
J'en avais clairement marre.

Il devait être minuit lorsque la porte s'est ouverte sur Guillermo, complètement dans les vapes, une feuille roulée entre les doigts.
Il avait fumé du cannabis. C'était la première fois. Il se jeta sur le lit et retira son pull dégoulinant de transpiration.

Mais vous savez quoi ? Tout bon baron de la drogue sait que le meilleur d'entre eux est celui qui vend, pas celui qui consomme.

Je me suis avancée doucement vers lui puis je l'ai regardé longuement juste avant de doucement m'asseoir à côté de lui. En voyant Guillermo dans cet état je me suis demandée si je n'avais pas le droit, au moins une fois dans ma vie, de goûter à l'hallucination, à l'évasion.
J'ai attrapé la feuille de ses mains et je l'ai amené à mes lèvres gercées. Guillermo ne disait rien, il me regardait attentivement en riant.

J'ai avalé la fumée. Une fois, deux fois, trois fois. Puis je n'ai plus compté après. J'étais dans les vapes et pour la premiere fois dans ma vie, j'ai vu la vie en rose.

J'ai ri. Jusqu'à en pleurer. Guillermo aussi. Il me montrait les nuages noirs en forme d'animaux et j'en rigolai jusqu'à m'en faire mal aux côtes. Mais je riais sincèrement.. et sans aucune raison apparente.
Ou du moins sans compter les stupéfiants.

Nous riions tous les deux sur le lit. J'avais une main sur torse, ma tête contre son épaule.
Je transpirais et respirais fort. Guillermo aussi.

Puis sans comprendre pourquoi, je me suis mise à califourchon sur lui et subitement, je l'ai embrassé. Fougueusement et langoureusement.
Première fois que je l'embrasse de moi-même. Cela fait un mois qu'il se vide en moi sans jamais ne montrer un seul geste de tendresse.

Il glisse ses mains sur mes hanches et intensifie le baiser en me retirant mon haut. Je fais de même avec lui.
Je me retrouve alors sous lui, il me rit au nez et sans s'en rendre compte nous nous retrouvons sans aucun vêtement tous les deux.

Il m'embrassait et m'embrassait comme jamais auparavant.
J'avais l'impression qu'il essayait de me dire quelque chose, qu'il essayait de me transmettre quelque chose au travers de ses caresses.

Et puis cette fois-là, j'ai pris du plaisir. Réellement. Je ne savais pas pourquoi mais... j'avais aimé ce contact avec Guillermo.
Je l'ai apprécié pendant quelques secondes juste avant de retourner à cette haine noir et sombre qui envahissait mon cœur et mon corps.

La drogue m'avait permis d'entrevoir le Paradis et avait aussitôt refermé la porte.



Nous dormions l'un contre l'autre. C'était la première fois que nous dormions ensemble, dans le même lit.
J'étais réveillée depuis un petit moment déjà. Je l'observais et une envie de vomir se prit soudainement de moi. Si je ne l'avais pas rencontré ma vie aurait pu être tellement plus.. belle.

Il se réveilla et me regarda dans les yeux une bonne dizaine de secondes juste avant de me sourire et de me prendre dans ses bras.
Pourquoi ? Je ne le savais pas. Mais j'aurai dû m'en douter et j'aurai dû m'enfuir.

Un homme comme lui ne montre jamais autant de tendresse sans raison valable.

Il me serra extrêmement fort juste avant de m'embrasser longuement et de me susurrer ces mots à l'oreille.

Guillermo : Excuse-moi Marìa.

Je n'avais pas compris sur le moment.
Il se leva du lit, attrapa un long peignoir en velour, se versa un verre de jus d'orange et sorti une boîte de médicaments.

Il me jeta un profond regard et avala soudainement toute la boîte de comprimés d'amphétamine en une seule fois.

Guillermo : On se reverra en Enfer.

Je suis restée paralysée, la bouche ouverte.
Son corps tomba à la renverse et ses yeux virèrent au blanc. Il venait de faire une overdose. Il s'était suicidé devant mes yeux.

J'ai commencé à crier et à pleurer. Voir quelqu'un mourir devant ses yeux c'est la pire chose que l'on peut subir au monde.
Mais finalement j'étais libérée. De ce monstre et de mon calvaire.

Je ne comprenais pas. Je mordais l'oreiller et tapais de partout puis je me suis subitement arrêtée lorsqu'un groupe d'hommes entra dans la chambre, armé jusqu'aux dents.
Je venais tout juste de comprendre. Il avait mis fin à son règne car tout son empire s'était effondré. Et moi je ne le savais pas, car toujours enfermée dans cette pièce.

Le célèbre Guillermo avait fini par être trahi et son royaume avait terminé en champ de bataille sanglant.

? : Le fils de pute est déjà mort.

? : Dommage. On fait quoi de la fille ?

? : La fille ? Comme Guillermo. Butez la.

Je pousse des cris d'horreur et tente de me débattre mais les hommes me tenaient fort. J'étais toute nue.

Ils me mirent à genou devant le corps inerte de Guillermo. Je pleurais silencieusement. Je ne savais plus quoi faire, quoi dire.

Le canon d'un Desert Eagle se pose sur ma tempe.

Je vis ma vie défiler devant moi.
Je vis le peu de temps que j'ai passé avec Guillermo se rembobiner.
Puis je vis l'avenir que je m'imaginais. L'enfant que je voulais avoir.

*rire* Cet enfant... que je ne pourrai jamais avoir.
Vous savez... je voulais l'appeler Gustavo.
Finalement, l'empire de Guillermo Gaviria s'effondre sous mes pieds.

Finalement, c'était un amour addictif.
Il aimait la drogue et l'argent. J'ai essayé d'aimer ma vie et mon sort.

Mais la vie est une chienne qui s'en prend souvent aux plus fous d'entre nous. Alors... imaginez ce qu'elle ferait aux plus sages d'entre vous.

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𝒜𝓂𝑜𝓇 𝒜𝒹𝒾𝒸𝓉𝒾𝓋𝑜
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