₊ · Chapitre 5 . ₊

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''Never got the chance
To say a last goodbye
I gotta move on
But it hurts to try"

- Dancing with your ghost, by Sasha Alex Sloan

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— Je suis tellement content que Chan rentre demain, tu peux pas savoir !

— Tu m'étonnes, une semaine ça fait beaucoup quand même.

— Mais trop ! Il me manque tellement tellement... J'ai juste envie de le revoir et rester dans ses bras jusqu'à la fin de mes jours...

— Vous êtes niais n'empêche.

— Niania, jaloux va !

Le brun lui tira la langue dans une moue faussement boudeuse, tandis que le noiraud lâcha un rire en lui ébouriffant les cheveux.

— Non, pas du tout, je suis content pour vous que vous vous soyez si bien trouvé. Vous faites un très beau couple.

— Merci Changbin, c'est gentil. Je souhaite aussi de tout cœur que tu trouveras quelqu'un d'aussi gentil et qui saura prendre soin de toi également.

Le concerné fronça légèrement les sourcils. Pour lui, il avait déjà trouvé cette personne. Mais fallait-il encore qu'il trouve le courage un jour de se confesser. Même à son petit frère de cœur.

— Oui enfin bref. Tu veux faire quoi en ce début de soirée ? En attendant ton beau prince charmant demain ?

— Mhhhh, on a qu'à jouer ? J'ai acheté un nouveau jeu j'ai trop envie de l'essayer !

— Jisung ! Tu sais que je suis trop nul aux jeux gaming !

— Ok boomer... Mais c'est trop drôle justement ! Aller, va dans le salon, je vais chercher le jeu.

Changbin soupira mais ne put s'empêcher un sourire devant le visage radieux de Jisung. En l'attendant, il se dirigea dans le salon, allumant la télévision. Il s'installa alors confortablement sur le canapé, regardant face à lui le dessin-animé au programme de la chaîne lancé au hasard. Il en lâcha même un rire, se disant que c'était bien le style de programme que pouvait regarder son cadet.

Il fût cependant distrait par un mouvement à sa gauche, le faisant tourner rapidement la tête.

— Jisung ?

— Je suis là !

Sourcils toujours froncés, Changbin tourna la tête à l'opposé, là où il put voir Jisung revenir avec son jeu, mais aussi pleins de paquets de gâteaux et bonbons, montrant qu'il avait donc fait un détour dans la cuisine.

— Alooors ! Hésite pas à te servir hein, j'irais refaire les courses dans deux jours normalement.

Le noiraud hocha la tête et le plus jeune mit en route sa console, insérant le jeu dans celle-ci. Il donna une manette à son ami qui la prit, hésitant, puis lui expliqua plus ou moins ce qu'il avait compris du principe du jeu. En soit, un jeu totalement coopératif qui misait sur l'esprit d'équipe et la coordination.

Chose qui fut plus compliquée que prévu, au vu du talent presque inexistant du noiraud...

— Mais non ! En bas ! En bas Changbin !!

— Mais comment ?!

— AVEC LE JOYSTICK VITE JE VAIS MOURIR VIIIIITE !

— AHH ATTEND C'EST QUOI LE JOYSTICK DEJA ?!

— MAIS LE TRUC AVEC TES POUCES, AHHH VITE ! Y A UN BEBE OURS QUI VA ME TUER LÀ !

— AH MAIS JE COMPREND RIEN !

Puis silence.

— Bah je suis mort...

— Attends je vais venir te sauver !

— Non pas là bas tu vas aussi mour- .... Mourir....

— Ah.

Un silence à nouveau, puis les deux éclatèrent de rire en concert.

— T'es vraiment pas doué en jeu, c'est fou.

— Mais j'y peux rien c'est compliqué ton truc !

— Mais absolument pas enfin !

— Oui bon aller relance !

— T'as intérêt à suivre mes indications alors !

— Chef, oui chef !

S'ensuivent plusieurs parties d'échec, mais aussi de rire intense, pour les deux amis. Là, mine de rien, Changbin se sentait bien. C'était de plus en plus rare en ce moment, et passer du bon temps avec son cadet lui faisait un bien fou. Cependant, il avait cette impression de culpabiliser au fond de lui. Comme ci cette partie de plaisir ne devait pas lui être accordée. Mais il n'en fit rien, ne voulant penser à rien d'autre que s'amuser en ce moment même.

Ce ne fut qu'après une vingtaine d'essaies, que le duo purent terminer le premier chapitre du jeu. Un seul chapitre.. Sur encore quatre autres.

Ils décidèrent donc de faire une pause, en terminant au moins pour aujourd'hui. C'est qu'ils avaient passé pas moins de deux heures dessus.

— Je meurs de faim !

— Tu déconnes Ji' ? T'as pas arrêté de te goinfrer de bonbons.

En rigola le plus âgé, tandis que l'autre lui tira la langue.

— Mon ventre réclame écoute. Puis t'as vu l'heure ? Il est vingt heures passées.

— Tu veux qu'on commande quelque chose ?

— Bah, c'est à dire que j'avais tout acheté de base pour qu'on se cuisine un bon truc !

— Oh, et bien oui pourquoi ? Mais ça fait longtemps j'ai rien cuisiné hein, tu sais ?

— C'est pas grave ! Tant qu'on enfume pas ma cuisine, ça va aller.

— Ça risque de promettre avec nous deux...

Soupira le noiraud avant de rire et de suivre son cadet jusqu'à la cuisine. Ils se préparèrent donc à la tâche, s'organisant de façon plus ou moins intelligente, afin de ne pas brûler la cuisine. Entre complication par ci par là, ils arrivèrent finalement à préparer quelque chose d'assez correcte, arrivant presque à la fin de la recette sans se tuer ni endommager le studio.

— On aurait dû commander pizza, ça aurait été moins compliqué...

— C'est toi qui a absolument voulu cuisiner hein !

— Oui bah hein.. Oh, j'aurai pu essayer la pizza ananas !

— Oh sacrilège. Ne dis plus jamais ça devant moi.

— Mais... Bon bah je demanderai à Hyunjin en le revoyant... Il voudra sûrement essayer avec moi, lui !

Le noiraud lâcha un rire devant la mine illuminée de son ami. D'ailleurs, à la mention de leur ami, il reprit un peu de sérieux alors que Jisung finissait de dresser leurs plats.

— D'ailleurs, tu as des nouvelles de Hyunjin, toi ?

— Oh euh, plus ou moins on va dire ? Chan est avec lui en vacances, donc parfois j'ai quelques petites nouvelles, mais pas grand chose. Et toi ?

— Non, ça fait un bout de temps qu'on ne s'est rien échangé nous deux.

— Mince...

Le visage de Jisung changea légèrement en une mine plus triste et nostalgique.

— Vous devriez... Vous devriez peut-être essayer de vous reparler non ?

— Ouais, je sais même pas pourquoi on s'est éloignés ? Lui qui m'envoyait tout le temps des messages, il a arrêté du jour au lendemain.

— Ah.. ?

— Ouais, enfin bref. J'essaierai de lui envoyer un message pour prendre de ses nouvelles. On mange alors ? J'ai faim.

Jisung lui offrit un petit sourire presque timide avant de lâcher un rire.

— Toi aussi tu t'es engouffré de bonbons hein !

— Nianiania, aller dépêche-toi de nous servir !

— Oui oui ça arrive attends ! Va mettre la table au moins non ?

— Oui chef j'y vais.

Tous les deux riants, Changbin s'exécuta, allant mettre les couverts sur la table ainsi qu'une bouteille d'eau. Pas d'alcool ce soir, ils se l'étaient promis. Même s'il fallait avouer que le noiraud avait très envie de ce boire un petit verre... Mais ça, c'était une mauvaise habitude qu'il avait commencé à adopter. Et il voulait faire plaisir à Jisung, ce soir. Donc de l'eau sera très bien.

S'en suivit alors d'un repas assez calme, animé de discussion entre les deux jeunes hommes. Lorsque leurs estomacs furent bien remplis, ils débarrassèrent la petite table, faisant des allers-retours entre celle-ci et le lave-vaisselle. Alors que Jisung lavait la vaisselle, Changbin attendant pour l'essuyer, il s'éclipsa pour aller aux toilettes.

Mais lorsqu'il en ressortit, se lavant les mains et retournant dans la salle à vivre par la suite, la personne qu'il vit dans le salon le figea.

— Jeongin ? Jisung, tu ne m'avais pas dit que tu avais aussi invité Jeongin !

— Hein ?

Un grand sourire était apparut sur le visage de Changbin alors qu'il s'approchait du blanc, lui même tout sourire. Sans hésiter une seconde, le noiraud se mit à étreindre Jeongin, sa douce chaleur lui réchauffant le cœur.

— Changbin.

— Ouah, tu aurais dû me le dire Jisung que tu l'avais invité, je suis trop content de te voir Innie !

— Changbin...

Le nommé se décolla de son ami pour regarder Jisung qui le regardait, l'air grave.

— Oui ?

— Jeongin n'est pas là...

— Quoi ? Mais si ! Regarde, il est juste là à mes côtés enfin !

Pour le lui prouver, il prit délicatement la main de son cadet pour la montrer à Jisung. Jisung qui le regardait avec grande tristesse avant de secouer doucement la tête de gauche à droite.

— Enfin Jisung, à quoi tu joues ? Rigola nerveusement le plus vieux. C'est un truc de gamin de faire genre ne pas le voir.

— Je te jure, Changbin, il n'est pas là...

— Mais si enfin ! Tu le vois bien à mes côtés ! Tu es bien là Jeongin !

Son regard devenu confus se posa sur la silhouette de Jeongin. Ce dernier le regardait simplement, un fin sourire aux lèvres.

— Dis un truc Innie !

— Changbin... Il n'est plus l-...

— Arrête !! Arrête de toujours me dire ça ! Il est là, je le vois, à mes côtés ! Je lui tiens la main, arrêtez de jouer à ce jeu avec moi !

— Changbin écoutes moi merde ! Jeongin n'est plus là, c'est ton imagination !

— Quoi ? Non... Non non non, c'est impossible.

Le noiraud secoua rapidement la tête négativement, ne voulant pas croire un seul mot de ce que disait Jisung. Comment ? Comment était-il possible que ce soit son imagination ? C'était tout simplement impossible. Il était là, à ses côtés, près de lui et pour toujours.

— Changbin je t'en pris crois moi. C'est... C'est pas lui. Jeongin... Jeongin est... Il est mort. Ça fait presque deux mois.

— Non... Non ! Tu mens ! Arrête de mentir ! Il est là, juste à côté ! Comment tu peux dire qu'il est mort ?!

— C'est la vérité ! Je ne te mens pas ! Et tu deviens complètement fou là ! Il faut que tu l'acceptes !

— Arrête ! Putain arrêtes !

Changbin avait lâché la main de Jeongin depuis un moment maintenant. Ses yeux s'étaient embrumés, tout comme ceux du brun en face. Il venait de hurler ces trois mots, prenant sa tête entre ses mains alors qu'un silence s'était abattu dans le petit studio.

C'était tout simplement impossible. Il ne pouvait y croire. C'était un cauchemar. Voilà, il était simplement dans un cauchemar, et il allait se réveiller. Il allait se réveiller, envoyer un message à son meilleur ami et tout sera normal.

La main qui se posa sur son épaule le fit sursauter, et son regard s'encra dans celui larmoyant de son petit-frère de cœur.

— Binnie... Tu dois me croire...

— Non... C'est impossible... Comment ? Je...

Son regard détourna, et il croisa les yeux vides de présence de Jeongin. Celui-ci n'avait pas bougé de sa place, lui souriant toujours. Et Changbin ne voulait pas y croire. Cependant, plus il le regardait, plus il avait l'impression de le voir disparaître.

— Jeongin...

Bientôt, la silhouette de Jeongin ne fut plus qu'une transparence. Et la larme qu'il vit glisser sur son visage angélique le fit craquer à son tour.

— Jeongin !

Quittant l'étreinte de son cadet, il se précipita là où se trouvait Jeongin. Mais il n'eut le temps d'attraper à peine sa main que celui-ci disparu juste devant ses yeux. Les siens s'ouvrirent en grand avant que ses jambes ne lâchent, se retrouvant accroupies sur le tapis du salon.

— Innie...

Un lourd silence plana dans le salon. Puis un premier sanglot éclata, suivi de plusieurs autres. Jisung, qui assistait à cette scène lui brisant le cœur, finit par s'approcher prudemment de son aîné. Il s'accroupit à son tour à ses côtés, posant d'abord sa main sur son épaule avant de l'attirer contre lui.

— Non... Je veux pas... Je veux.. Je veux pas y croire...

Arriva à articuler difficilement le noiraud, blottit dans les bras de son cadet. Celui-ci se pinça les lèvres, quelques perles salées coulant sur ses joues rebondies.

La perte de leur cadet avait impacté tout leur petit groupe, et Jisung ne pouvait ressentir ô combien Changbin devait être le plus impactait.

C'était la deuxième fois. La deuxième fois qu'il le voyait dans cet état, et il regrettait presque de lui avoir dit tout ça. Cependant, il savait que c'était le meilleur pour lui. Il ne pouvait pas laisser son aîné se bercer dans cette illusion. Et même si c'était dur à vivre, il allait rester à ses côtés.

— Je sais... Je sais Binnie...

Ils restèrent de longues, très longues minutes dans cette position, le silence uniquement brisé par les reniflements et les pleurs des deux garçons.

Après un temps qui sembla interminable, Jisung les fit se relever, entraînant le noiraud jusqu'au canapé. Ce dernier avait l'air d'être dans un état second, inquiétant au plus au point le brun qui avait peur que Changbin ne retombe dans cette illusion qu'il avait lui-même créé.

— Changbin.. ?

— Comment.. ? Comment il...

Il n'arrivait même pas à prononcer une phrase complète, encore totalement sous le choc.

— L'accident... C'était l'accident... N'est-ce pas... ?

Il releva son regard rouge et encore larmoyant vers celui de Jisung, ce dernier se pinça les lèvres en hochant doucement la tête.

— Tu... Après l'accident que vous avez eu, avec Hyunjin et... Jeongin... T'es rentré dans une sorte d'état second quand on te l'a appris... T'as rien voulu savoir. Ce que je peux comprendre...

— Jisung... Je le voyais... Tous les jours il était avec moi...

— Je sais... Soupira le brun en lui caressant le dos, encore bouleversé lui aussi par ce qu'il venait de se passer. Je sais, mais on arrivait pas à te le faire comprendre... Souvent t'étais toujours trop...

— Saoule...

Un hochement de tête lui répondit.

— Je suis totalement devenu fou...

— Non ! Non tu ne l'es pas. Tu... Tu n'arrivais tout simplement pas à faire ton deuil... C'est normal. Avec Chan, on s'est renseigné... Ça prend longtemps, à faire son deuil... Et toi, tu as préféré le déni... Non pas que c'est une mauvaise chose, mais plus le temps passait, plus tu te nichais dans une boucle sans fin...

Un silence plana à nouveau. Les deux regardaient le sol, l'un pensif, l'autre vide. Puis finalement, le plus jeune reprit ;

— Tu n'es pas seul, Changbin... Je suis là, Chan est là, Hyunjin aussi, il est là... Et.. Et je pense que... Que ce serait une bonne chose, si tu pouvais aller voir un psy... Le deuil est une étape très importante. Tu sais, moi aussi j'ai été en voir un après votre accident.. Et il m'a quand même aidé, même si ça reste encore dur.. Après tout, ça ne va faire que deux mois...

— Je... Je sais pas...

— Tu dois encore être sous le choc... Je suis désolé de te l'avoir fait apprendre comme ça... Et aussi désolé si j'ai pu dire des choses blessantes... Mais, si tu veux, je peux te donner l'adresse de mon psy, il est très compréhensible et à l'écoute, il saura t'écouter et t'aider à avancer.

Le noiraud, qui fixait toujours le sol, finit par hocher la tête.

— Merci...

Jisung le regarda, peiné. Il ne pouvait pas se douter à quel point Changbin devait se sentir mal. Ce dernier avait l'impression de se réveiller après un long sommeil, tout sauf réparateur. Il se sentait épuisé, autant physiquement que mentalement, et n'avait plus la force de penser à quoique ce soit. Son esprit était vide mais paradoxalement encombré de pensées plus dérangeantes les unes que les autres.

— Tu devrais aller te reposer un peu... Je te laisse mon lit pour cette nuit, d'accord ?

Cette phrase eut comme effet de le ramener légèrement sur terre. Il posa son regard sur le plus jeune, à moitié conscient de tout ce dont il venait de se passer. Il se releva presque machinalement, sans aucune motivation, puis se dirigea vers la chambre de Jisung en compagnie de celui-ci. Il l'accompagna jusqu'à son armoire déjà, là où il lui prêta des vêtements plus à l'aise, souvent ceux étant de Chan vu sa corpulence. Puis il le prit dans ses bras. Le noiraud se laissa faire, vide d'énergie.

— Essaye de te reposer, Hyung... Je serais dans le salon si tu as besoin... Que ce soit pour parler si tu veux, ou quoi que ce soit, d'accord.. ?

— Mhh..

Jisung lui caressa une dernière fois le dos de manière bienveillante, puis se recula, lui offrant un fin sourire compatissant.

— Dors un peu...

Un simple hochement de tête lui répondit, puis il sortit de la chambre, soupirant. Il prit une grande inspiration en rejetant une larme qui venait de couler sur sa joue, puis alla sur le canapé, son téléphone en main pour envoyer un message à Chan.

Dans la chambre, Changbin venait de se changer, et avait rejoint le lit froid de son cadet. Il n'avait même pas eu conscience de refuser, simplement entraîné ici. Son regard vide fixait le mur face à lui, et ce sentiment de solitude le reprit. Finalement, depuis ces derniers temps, ce sentiment ne l'avait jamais quitté, et c'est en serrant une peluche de son cadet contre lui, les joues baignées de larmes, que le noiraud finit par rejoindre Morphée. 

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Et voilà...

C'était le dernier chapitre de cette mini mini fic

Changbin m'a vraiment fait de la peine le pauvre ... :((

Mais je suis contente d'avoir écrit ce récit pour le jeu du dé ! Ça m'a permis de sortir de ma zone de confort et je suis contente du rendu quand même

Je vous poste l'épilogue juste après <3

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