LE SUPPLICE avait duré deux heures. Pendant deux bonnes heures, qui avaient semblé être le double, James Potter avait 'motivé', ou plutôt forcé, son équipe à faire des tours de terrain, bien (trop) vites suivis de pompes, jumping jacks, squats, tout ça sans même toucher à quoique ce soit de magique, à la grande déception d'Elizabeth. Ainsi, à la fin de cette séance, même les habitués étaient épuisés, et tous avaient du mal à respirer, se penchant en avant, les mains sur les genoux, pour soulager leur douleur.
Si lui aussi était à bout de souffle, James ne le montra pas d'un poil devant son équipe. De grosses gouttes de sueur tombaient, presque joliment, sur son front. Si Elizabeth n'avait pas été si fatiguée, elle aurait peut-être même qualifié ce tableau de James dans son environnement de beau.
James avait souri du début à la fin, comme si rien ne l'atteignait. Elizabeth n'arrivait pas à se dire si c'était encourageant de le voir ainsi, ou bien le contraire, mais elle avait vite jeté l'éponge sans répondre à sa propre question, préférant se concentrer sur Clarence, devant elle, qui semblait au bord de l'évanouissement.
Le fait était qu'Elizabeth ne pouvait même pas détester James pour cet entrainement des plus intensifs : il avait été un véritable amour comme on n'en faisait plus. Du début à la fin, il avait fait de son mieux pour encourager les siens, les aidant à se positionner correctement avec une douceur étonnante de la part de ce garçon, leur apportant de l'eau dès qu'il remarquait leur réconfort. Chaque dix minutes, il se mettait même au niveau d'Elizabeth pour lui tendre une gourde, un air presque désolé sur le visage. Et, lorsque Thomas avait glissé sur l'herbe, entrainant avec lui le chancelant Clarence, James leur avait permis de faire une pause, et ils avaient eu droit au reste du petit-déjeuner.
Elizabeth avait bel et bien appris quelque chose malgré elle, durant cet entrainement matinal : James Potter était un excellent capitaine. Cela ne l'empêcha pas, cependant, de lui en vouloir, et d'avoir une petite discussion avec lui lorsque les autres commencèrent à partir se changer.
"Alors, cette séance?", la questionna James en s'approchant d'elle, un sourire fier sur les lèvres. Il commença à porter sa gourde, la même gourde qu'il avait tendu à Elizabeth durant tout l'entrainement, vers sa bouche, mais Elizabeth l'empêcha de prendre une gorgée en la lui volant pour en boire le contenu. James l'observa, amusé. "Eh, doucement. Tu vas finir par t'étouffer.
-Oh!", grogna-t-elle en levant les yeux au ciel, essuyant les coins de sa bouche avec ses phalanges. "Si ça pouvait empêcher mon corps de souffrir comme ça, ce serait avec plaisir!", dramatisa-t-elle, faisant rire James.
"Ouais. Évite de mourir sous ma surveillance, ça tâcherait mon dossier de futur auror.
-Futur auror uh?", répéta-t-elle avant de s'approcher de lui, comme si elle avait lui faire un confidence : "J'ai hâte de dire à tous mes proches, que, à l'époque, James Potter était l'un de mes amis, et qu'il m'avait réveillée à cinq heure pour me faire courir.
-Je suis ton ami?", fit James, presque ahuri, comme si c'était la seule chose qu'elle ait dit qu'il ait entendu, il posa ses mains sur les épaules d'Elizabeth, la faisant froncer les sourcils tout en sentant une étrange sensation sur ses joues, aussi proches de la sensation de chaleur que les cafés brulants qu'elle ingurgitait. Il souriait encore, naïvement cette fois. "Quel honneur! Elizabeth est mon amie !
-Descends de tes grands chevaux, Potter.", Elizabeth elle-même ne pouvait plus s'empêcher de sourire. Elle ôta délicatement les mains de James de ses épaules avant de lui décoiffer les cheveux. "Je donne mon amitié bien trop facilement, ces temps-ci.
-C'est pas forcément une mauvaise chose.", conclut-il en frappant la main d'Elizabeth pour qu'elle quitte ses cheveux. Il se 'recoiffa', même si il parut se décoiffer encore plus qu'avant, et regarda Elizabeth, qui semblait se sourire à elle même. James sentit les coins de ses lèvres remonter, se figeant presque en l'air. Même s'il avait essayé, il savait qu'il aurait eu du mal à faire descendre son sourire.
"Li!", beugla Bonnie depuis les vestiaires. Elizabeth se retourna vers son interlocutrice, intéressée. Bonnie fit dépasser sa tête de l'entrée des vestiaires. "Y'a Erwin Shadows qui te demande, apparemment. Comme quoi il voudrait te parler, ou je ne sais quoi."
D'un coup, Elizabeth écarquilla les yeux. L'attention qu'elle avait donné à James s'envola d'un coup, et le garçon eut l'impression d'avoir perdu quelque chose, ses lèvres retombant un minimum. Elizabeth fit un pas vers les vestiaires pour quitter James comme s'il n'avait été qu'une distraction, le laissant plus désorienté qu'il ne l'avait jamais été.
"Dis lui que je me douche et que je suis à lui!", cria-t-elle presque à Bonnie -alors qu'elle allait dans sa direction-.
"Eli?", l'appela James avant qu'elle ne disparaisse. Elizabeth se retourna tout de suite vers lui, mais son air pressé montra que, même si James souhaitait engager une nouvelle discussion, elle préfèrerait savoir ce qu'Erwin avait à lui dire.
"Potter?
-Qu'est-ce qui te fait dire qu'on ne parlera plus, après Poudlard?
-Quoi?", répondit une Elizabeth déconcertée. James bégaya un poil avant de continuer :
"Tu as dit 'à l'époque, James Potter était l'un de mes amis'. Qu'est ce qui te fait dire que ça sera le contraire dans le futur?
-J'ai dit qu'on ne serait plus amis, Potter, c'est tout."
Et elle partit, laissant James froncer les sourcils pour lui-même. Que pensait-elle qu'ils pouvaient bien être, s'ils n'étaient plus amis?
Elizabeth sortit des vestiaires après la douche la plus courte qu'elle n'ait jamais prise , ses cheveux courts et habituellement lisses dorénavant en désordre et presque bouclés à cause de l'eau sous laquelle elle s'était lavée. À chaque pas, une odeur de savon et de produit nettoyant émanait d'elle, notamment à cause des savons disponibles aux douches -à défaut d'avoir eu le temps de prendre les siens, elle avait du se servir de ceux ci-.
Après quelques mètres, elle essuya rapidement ses lunettes contre sa cape d'uniforme avant des les enfiler de nouveau et de plisser les yeux. Il ne lui fallut que quelques secondes de recherche avant de repérer la silhouette d'Erwin, appuyé contre un mur du château, qui semblait discuter avec un autre garçon. La main d'Erwin entrait et sortait frénétiquement de sa poche, comme s'il en vérifiait le contenu pour s'assurer qu'il n'avait rien perdu, et un sourire anxieux accompagnait chacun de ses mouvements de tête lorsqu'il devait donner une réponse à son interlocuteur.
"Erwin!", appela -presque- nonchalamment Elizabeth, tentant de faire disparaître la bulle d'excitation qui se formait en elle.
Enfin, elle allait découvrir ce qu'Erwin allait lui dire! Elle avait été tant focalisée sur ça dernièrement que la plupart de ses pensées étaient orientées sur le sujet, si bien qu'elle n'avait que très peu pensé à la disparition de Peeves (même si elle avait fouillé, une seconde fois, la cachette secrète qu'il lui avait montrée, et avait demandé des informations à chaque fantôme qu'elle croisant -sauf le baron sanglant, bien sûr-, elle savait très bien qu'elle ne faisait pas assez), à la relation de Severus et Lily qu'elle s'était promis d'arranger, ou même à une réponse aux lettres de ses parents, qui lui demandaient sans cesse si ça la dérangeait de ne pas les voir pendant telles vacances... Erwin avait, malgré lui, pris possession des pensées d'Elizabeth, et les seuls moments où il cessait de la hanter étaient lorsqu'elle avait une discussion avec ses amis.
Elizabeth s'était longuement posé des questions sur ce qu'Erwin avait à lui dire. Était-ce en rapport avec la disparition de Peeves? Avait-il été mis au courant de son "problème", et avait trouvé quelque chose pour l'aider? L'imagination sans fin d'Elizabeth avait fait des siennes, et de nombreux espoirs avaient naquit dans son esprit.
À l'entente de son prénom, Edwin leva la tête avec espoir, et parut soulagé de voir le visage d'Elizabeth. Son interlocuteur se retourna à son tour, et la brune fut plus que surprise de reconnaître James. Sûrement avait-il entendu Bonnie, lorsqu'elle avait prévenu Elizabeth de la venue d'Erwin, et était venu vérifier par lui-même. Il n'avait sûrement aucune idée, cependant, de l'importance de cette discussion, et de la plaie qu'était sa présence.
Elizabeth lança un regard interrogateur à James, qu'il éloigna en levant les yeux au ciel, ce qui n'intrigua que plus Elizabeth. Elle jogga doucement jusqu'aux garçons, les sourcils froncés. Lorsqu'elle arriva finalement à leur niveau, elle déclara finalement, concentrant toute son attention sur Erwin étant donné que l'enfant qu'était James avait décidé d'éviter toutes ses questions silencieuses.
"On m'a dit que tu voulais me parler?
-Effectivement.", agréa Erwin en pinçant les lèvres. "C'est à propos de-", il hésita un instant. Ses yeux dérivèrent automatiquement vers James, et Elizabeth comprit que sa présence gênait Erwin. Toussant dans son poing, il reprit rapidement la fin de sa phrase pour ne pas paraitre louche aux yeux de James : "-de Colin! Je dois te parler de Colin. C'est... urgent! C'est urgent, et c'est secret.", ajouta-t-il, cette fois levant les yeux pour regarder James droit dans les siens. James sembla le prendre personnellement, puisqu'il croisa les bras, un air suspicieux sur le visage :
"Et qu'est-ce que Colin pourrait bien vouloir à ma nouvelle attrapeuse?
-Ta nouvelle remplaçante." corrigea Elizabeth avec un demi-sourire.
"Et qu'est-ce que Colin pourrait bien vouloir à ma nouvelle remplaçante?
-Ja- Potter. Il se peut que je me trompe, mais le but d'un secret n'est-il pas de rester secret?", rigola Elizabeth.
James parut surpris, comme s'il venait de se rendre compte de quelque chose. Ce quelque chose, cependant, n'avait aucun rapport avec leur discussion. Jamais il n'avait entendu Elizabeth l'appeler par son prénom, du moins jamais depuis qu'ils étaient amis. Il trouvait cela fou qu'il avait suffit d'un bégaiement de la part d'Elizabeth pour qu'il s'en rende compte, et pourtant, c'était le cas. Il se retrouva bien vite à imaginer dans quelles circonstances pourrait-elle enfin dire son prénom. Peut-être s'il l'embêtait trop, un jour, laisserait-elle le mot s'échapper? Il remonta ses lunettes sur son nez, les sourcils froncés, perdu dans ses pensées.
"Eh James, toi qui connait l'emploi du temps de Lils par coeur, elle doit être dans la Grande Salle, non?
-Comme chaque matin, oui.", répondit-il d'une voix lointaine. Il n'entendait que peu ce qu'Elizabeth disait, mais le peu qu'il entendait était assez pour qu'il puisse répondre des choses ayant du sens.
"Alors comment ça se fait que tu n'y sois pas, toi aussi, en train de lui faire une déclaration?", fit-elle d'un ton humoristique, ce à quoi James répondit sérieusement en haussant les épaules. "Allez hop! Rejoins la, you twat!"
Confus, James hocha la tête -non sans lancer un regard suspicieux à Erwin-, et traina des pieds en se dirigeant vers l'entrée du château. Il n'osa pas se retourner avant de passer la porte. Pas une fois le pli entre ses sourcils n'avait-il disparu.
"Alors Erwin, quelle est cette chose si importante dont tu dois me par-", Erwin la coupa en attrapant sa cape, au niveau de l'épaule, pour la tirer un peu plus loin.
Elle sursauta, d'abord, avant de le suivre, intriguée. Ils s'arrêtèrent lorsqu'ils furent presque cachés dans un coin, protégés de la vue de quiconque. Rapidement, Elizabeth vit sa curiosité se transformer en anxiété. Si elle mettait à plat les faits, elle était seule, cachée des yeux de tous, avec un garçon qu'elle connaissait à peine. Et si les choses se passaient mal? Elle doutait que ses cris soient assez puissants pour que quiconque ne les entende, de là où elle était.
Erwin sembla bien vite remarquer le malaise d'Elizabeth, puisqu'il la lâcha totalement, fit un pas en arrière, et se gratta la nuque. Il ouvrit finalement la bouche :
"Désolé pour... tout ça. C'est juste que- j'ai l'impression d'être perdu, constamment. Je pense devenir fou.", Elizabeth pinça les lèvres. Était-ce pour cela qu'il l'avait tant cherchée? Pour cela qu'il voulait tant lui parler? Pour qu'elle puisse lui servir de psychologue? Certes, Elizabeth adorait aider les gens, c'était connu. Mais pourquoi Erwin l'aurait-il choisie elle, elle parmi tant de personnes qu'il connaissait?
"Je- quoi?
-C'est... compliqué. Tu sais quoi?", il se mit à fouiller maladroitement dans sa poche. "Tu comprendras en voyant ça."
Les joues d'Erwin avaient prise une teinte rouge qu'Elizabeth -suivant les descriptions de Marlène- savait ne pas être normale. Il semblait être dans une angoisse des plus fortes, et sa respiration en payait le prix, puisqu'il s'était mis à presque haleter. Une petite veine liée au stresse et à toute la frustration qu'il avait ressentie ces derniers temps titillait sur son front.
Finalement, il se redressa, tenant entre ses doigts un petit bout de parchemin. Ses lèvres étaient désormais pincées en une ligne droite et blanche, tandis que ses yeux débordaient d'anticipation et de panique. Il ne pouvait plus attendre. La question qui le démangeait depuis tant de temps allait enfin avoir une réponse -du moins, il espérait que ça soit le cas-.
De là où elle était, Elizabeth observa rapidement le bout de parchemin. Il était plié en deux et quelque peu chiffonné, montrant que Erwin devait probablement le transporter partout avec lui, comme attendant d'avoir l'occasion de croiser Elizabeth dans les couloirs pour lui en parler. Le bout de parchemin semblait avoir été arraché de quelque part, vu son état.
Erwin lui tendit le bout de papier d'une main presque tremblante. Elizabeth comprit alors l'ampleur des choses, sans encore en comprendre le sens. Elle savait aussi que prendre ces bout de parchemin, c'était accepter d'aider Erwin. Et pourtant, elle l'attrapa. Elle baissa la tête vers ce petit bout jauni, le coeur battant rapidement, avant de lever les yeux vers Erwin qui hocha la tête pour lui dire de le déplier.
Lentement, elle l'ouvrit. Ses yeux tombèrent tout de suite sur deux mots, deux simples mots qu'elle connaissait très bien, deux mots écrits à l'encre noir, et dont l'ancre avait bavé vers la fin. Deux mots dont l'écrivain avait sûrement du être dans une certaine hâte, étant donné l'orientation et la forme des lettres. Elizabeth se sentit être à bout de souffle, comme si on l'avait frappée dans le bas du ventre. Elle papillonna des yeux, comme si ça allait faire partir ces mots. Enfin, elle demanda d'une voix haletante, tentant de cacher sa peur.
"Qu'est-ce que ça veut dire?"
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