𝘊𝘏𝘈𝘗𝘐𝘛𝘙𝘌 𝘝𝘐𝘕𝘎𝘛 𝘌𝘛 𝘜𝘕 - sept ans de malheur

ELIZABETH était au bord de la crise de nerf, et elle détestait le fait que cette situation ne lui arrive de plus en plus souvent. Elle se sentait honteuse, surtout. Honteuse de ne rien pourvoir faire sauf espérer que sa condition puisse disparaitre.

Elizabeth avait refusé de se rendre dans la salle commune des Gryffondors, et avait même évité la grande salle, où le déjeuner, à en croire l'heure, venait d'être servi. Elle avait tout fait en son pouvoir pour éviter de croiser d'autres élèves, ses amis les plus proches compris. Il fallait dire que les regards des élèves, intéressés, moqueurs et interrogateurs avaient été assez pour la dissuader de se rendre dans un endroit public.

Elle avait tout essayé, des toilettes au troisième étage, celles qui abritaient Mimi Geignarde, le fantôme le plus insupportable de Poudlard (mais y voir un couple rentrer l'avait dissuadée d'entrer) jusqu'aux serres (mais un cours extra-scolaire y avait lieu à ce moment précis), mais rien n'approchait de l'endroit calme et reposant qu'elle cherchait par dessus tout.

Alors, Elizabeth avait arpenté les longs couloirs de Poudlard, cherchant son endroit parfait, déprimant de ne jamais le trouver, l'endroit où elle pourrait rester quelques minutes, quelques heures, quelques jours, semaines ou même quelques années! Elizabeth n'avait, honnêtement, même plus envie de voir la lumière du jour si ça signifiait croiser quelqu'un, croiser Potter, autrement l'ami qu'elle avait malencontreusement attaqué et presque tué.

Bien sûr, elle aurait pu balayer au fond de sa tête ce qu'elle ressentait pour ne le ressortir que plus tard, lorsqu'elle serait toute seule ou avec Dorcas ou Remus, comme cette honte d'avoir un problème comme le sien, ou la honte d'être moquée lorsqu'elle était arrivée à Poudlard, en première année. Cependant, la culpabilité était aujourd'hui mélangée à cette honte, et c'était bien plus compliqué à balayer que ce que quiconque pourrait penser. Lorsque la honte s'en allait pour revenir de temps à autre comme un souvenir, la culpabilité restait constante, un poids constant et inébranlable sur ses épaules. Et cette constance donnait à Elizabeth l'envie de disparaitre, d'hiberner jusqu'à ce que tous ceux qu'elle connaissait ne soient plus.

Alors, comme si ses pieds étaient contrôlés par un autre, Elizabeth se laissa transporter, montant escalier après escalier sans même penser à où elle pouvait finir tant que c'était loin du bruit et des gens. Le son de ses pieds tapant contre le sol fut bientôt la seule chose qu'elle pouvait entendre pour faire taire ses pensées et, malheureusement, ce n'était clairement pas assez pour la calmer et la distraire. Son esprit s'envola alors.

Elizabeth savait que James allait probablement chercher à tout prix lui parler pour lui dire qu'il la pardonnait pour tout, qu'elle n'avait pas à fuir et qu'elle devrait plutôt se rendre aux entrainements de Quidditch parce que, même si elle était seulement remplaçante, il avait besoin de la maintenir en forme 'au cas où'. Cependant, elle savait aussi que rien ne serait plus jamais pareil. Elle l'imaginait déjà vers un pas en arrière lorsqu'elle tendait son bras vers lui, ou bien s'écarter lorsqu'elle se tenait trop proche de lui, histoire de rester sain et sauf à une distance convenable d'elle. Au fur et à mesure, la peur -rationnelle- de James les séparerait, ils ne se parleraient plus jamais, ne rigoleraient plus jamais ensemble... alors Elizabeth se demandait : pourquoi ne pas tout finir plus tôt ? Si elle évitait James, elle n'aurait pas à ressentir un pincement au coeur lorsque lui l'éviterait ?

Elizabeth regarda finalement ses pieds pour ne pas louper une marche dans les escaliers délabrés qu'elle venait de commencer à monter, et elle eut un hoquet de surprise en reconnaissant la marche brisée, spécifique de l'escalier menant au septième étage, étage où la salle commune des Gryffondors demeurait. Tout de suite, elle se retourna pour tenter de fuir, d'emprunter un chemin différent. Seulement, à peine eut-elle fait quelques pas en arrière qu'une vague d'élèves -ayant probablement fini leur déjeuner- était en train d'arriver, leur flot de parole résonnant comme une écho dans ses oreilles. Cette écho se transforma bien vite en signal d'alerte.

Elizabeth remonta précipitamment les marches, sautant la marche abîmée comme elle en avait l'habitude, et courut presque jusqu'au bout du vouloir devant elle pour tourner brusquement à l'intersection, si brusquement qu'elle fit tomber un énorme vase hideux. Précipitamment, elle attrapa le vase du bout des doigts pour le reposer sur son socle, puis reprit sa course en laissant un juron sortir de sa bouche.

Elle fit plusieurs aller-retours le long de ce couloir isolé, attendant que les escaliers soient vides pour fuir, peut-être se rendre dans la forêt interdite et vivre avec les centaures et autres créatures qu'elle observait en Soins aux créatures magiques. Mais non, les escaliers semblaient prendre des années à se vider. C'était vraiment le pied : elle qui désirait seulement un endroit où elle pouvait être isolée et se distraire pour ne pas laisser ses pensées l'inonder, elle était bloquée dans un couloir dont les seules décorations étaient un vase hideux et une tapisserie encore plus laide et dérangeante !

Il fallut seulement trois passages dans ce couloir avant qu'Elizabeth n'entende un bruit derrière elle. Son premier réflexe fut de se figer, apeurée que l'un des élèves l'ai trouvé, avant de se rendre compte que le bruit qu'elle avait entendu n'avait rien d'humain. Ses sourcils se haussèrent, et Elizabeth osa se demander si, peut-être, ce bruit avait un lien avec la porte étrange qu'elle avait vue avant d'aller en colle en salle de potions.

D'un coup, Elizabeth se retourna pour observer que le mur s'était creusé à sa gauche, formant une immense porte crème ornée de multiples décorations, comme par exemple quatre petites croix gravées, ou encore des initiales ("T.M.R.") écrites en cursives majuscules. Elizabeth passa délicatement ses doigts dessus, laissant sa peau sentir ces irrégularités dans la pierre. Quiconque la regardant l'aurait sûrement prise pour une folle, à caresser une porte, mais ça aurait été sans savoir qu'une chose plus folle encore venait d'avoir lieu : une porte était belle et bien apparue de nulle part.

C'était la seconde fois que ce genre de situation se passait sous le nez d'Elizabeth, et elle n'allait pas laisser passer sa chance une fois encore.

D'un geste doux, elle posa sa main sur la poignée de la porte oubliant momentanément le "Problème Potter", et l'ouvrit. Elle tomba face à une salle sombre, si sombre qu'elle dut s'avancer de quelques pas afin d'enfin apercevoir quelque chose. Soudainement, la lumière fut, et une énorme salle s'offrait à elle, remplie de centaines d'objets plus différents les uns que les autres, s'empilant en d'immenses pyramides inversées qui menaçaient de tomber.

À première vue, Elizabeth aurait comparé la salle à l'une des nombreuses décharges moldues où l'on trouvait un peu de tout et n'importe quoi. À seconde vue, elle sut qu'elle avait trouvé une mine d'or. L'excitation grandit en elle pour prendre une telle ampleur que, bientôt, fouiller la salle fut la seule chose à laquelle elle pouvait penser.

Elle avait, enfin, trouvé la distraction parfaite. Un sourire enfantin prit place sur ses lèvres tandis qu'elle zigzaguait entre les pyramides, ouvrant chaque tiroir à sa portée pour y trouver des surprises plus surprenantes les unes que les autres. Elle tomba sur des confiseries périmées, un tourne-disque poussiéreux, et même quelques bijoux qui semblaient d'une valeur inestimable, dont un vieux diadème qui n'avait en rien perdu sa splendeur. Elle attrapa d'ailleurs ce dernier diadème pour le regarder sous tous les angles, persuadée de l'avoir déjà vu quelque part. Mais comment aurait-elle pu? Elle n'était jamais venue dans cette salle auparavant.

Elizabeth reposa finalement l'objet dans son tiroir, quand quelque chose d'autre attira son attention. À quelques mètres d'elle résidait un grand miroir au cadre d'or, avec quelques inscriptions visibles mais remplies de poussière. Elizabeth s'en approcha, la bouche entrouverte de par la surprise, et s'arrêta juste devant. Ses mains sur posèrent sur les côtés de ce miroir avant de se mettre sur la pointe des pieds et de souffler pour faire partir la poussière de ces gravures et, finalement, les lire. Son action la fit éternuer quelques fois (et elle se sentit bête de ne pas avoir utilisé un sort), mais elle s'arrêta bien vite pour se concentrer sur sa découverte.

Miroir du Riséd

Riséd elrue ocnot edsi amega siv notsap ert nomen ej

"Je donnerais ma main à couper que c'est encore l'une des inventions de Dumbledore.", pouffa Elizabeth pour elle-même. "Lui seul a le pouvoir de compliquer un miroir."

Ne s'attardant pas davantage sur l'inscription, Elizabeth se recula de quelques pas pour se regarder dans la glace. Dans quel état était-elle ! Ses cheveux étaient emmêlés à force de courir partout, et son visage couvert de poussière. Avec un soupir, elle s'essuya rapidement le visage avec la manche de son haut, avant de passer ses doigts dans ses courts cheveux pour les démêler.

Le miroir, objet qu'il était, n'avait fait jusque là que de répliquer les gestes qu'Elizabeth faisait à la perfection. Cependant, quand les doigts d'Elizabeth quittèrent l'arrière de ses cheveux, elle s'étouffa de surprise. La réflexion du miroir, dorénavant, avait changé. Elizabeth était toujours présente, certes, mais un objet rouge figurait dans sa main, et elle semblait être assise sur un des canapés de la salle commune. D'un coup d'oeil vif, Elizabeth regarda sa main pour ne rien y voir, avant de relever les yeux vers sa réflexion, paniquée.

Une vapeur trouble s'envolait au dessus de la tasse, révélant un contenu chaud, si ce n'était brûlant. Jusque là, rien n'était anormal, et ce fut avec un petit sourire que la véritable Elizabeth reconnut ce café brûlant qu'elle prenait d'habitude chaque matin. Sauf ce matin là, évidemment, puisqu'elle avait été tant paniquée par l'état de James que son estomac avait été noué pour tout sauf pour de l'eau fraiche.

Le reflet d'Elizabeth lui tendit la tasse, comme pour la lui donner et, par réflexe et politesse, Elizabeth tendit sa main pour l'attraper, avant de couiner de douleur lorsque sa main rentra en collision avec le miroir. Son reflet se moqua d'elle.

Son reflet porta la tasse à la bouche lentement pour en avaler le conte -nu, fixant Elizabeth droit dans les yeux, et, tout de suite, une grimace peint son visage. Elle recula en vitesse sa bouche de la tasse, et fit signe à Elizabeth que ce café était "bien trop chaud". Elizabeth fut surprise, tandis qu'une fine colère prit place dans son esprit. Il ne fallut que quelques secondes avant que son reflet n'agisse de nouveau, et Elizabeth ne put se retenir en la voyant s'approcher du feu de la salle commune pour se réchauffer les mains, souriant de plaisir à la chaleur.

Un miroir avait l'audace de se moquer d'elle.

Un élan de rage prit Elizabeth, et elle ferma sa main en un poing, prête à le lancer vers le miroir. Quelque chose l'arrêta cependant, juste avant qu'elle ne commette l'irréversible. Une voix l'arrêta, plus précisément.

"Mademoiselle Luck. Il me semble que casser un miroir apporte sept ans de malheur chez les moldus, n'est-ce pas? Nous ne voudrions pas que le malheur vous accable une nouvelle fois."

Elizabeth sentit ses oreilles rougirent tandis qu'elle se tournait lentement pour regarder derrière elle, et finalement apercevoir Dumbledore, le directeur de Poudalrd. Sa bouche s'ouvrit avant de se refermer, ne laissant que des petits sons incompréhensibles en sortir. Ceci eut don de faire sourire Dumbledore, ses petites lunettes en demi-lune remontant sur son nez bossu.

Dumbledore avança lentement de sa démarche calme, posée et imposante jusqu'à ce qu'il n'atteigne Elizabeth, qui ne put s'empêcher de se décaler sur le côté pour laisser à l'homme une place devant le miroir. Il s'arrêta devant celui-ci, et s'y regarda quelques instants. Elizabeth fut persuadée de voir une paillette apparaitre dans les yeux de son ainé mais, lorsqu'il baissa son regard bienveillant sur elle, cette paillette avait été remplacée par une sorte d'amusement. Confuse, Elizabeth fronça les sourcils.

"Je n'aurais jamais pensé que quelqu'un puisse trouver ce miroir, surtout caché ici. Rares sont ceux qui découvrent la salle sur demande au cours de leur scolarité. Il me semble que même vos amis n'en connaissent pas l'existence.", Elizabeth sourit à elle-même, fière d'avoir découvert quelque chose dont elle pouvait se vanter à Remus, Sirius, Peter, James et Dorcas. La salle sur demande, pas une fois Elizabeth n'en avait entendu parler, et rien ne la mentionnait dans l'un des livres sur Poudlard. "J'imagine que tu as des questions à me poser?"

Elizabeth mit un court moment avant de se rendre compte que le directeur lui adressait la parole. Il fallait dire qu'elle n'était pas habituée à lui parler plus que ça, même avec sa condition. Elle se souvenait l'avoir vu avant sa première année pour qu'il la rassure à propos de sa froideur, et puis, à partir de là, une fois chaque année pour parler du développement de cette froideur. Aussi, ces jours-ci, au mins une personne de sa famille était présente, ce qui faisait qu'Elizabeth n'avait en fait jamais eu de réelle discussion en tête-à-tête avec Dumbledore. Jusqu'à ce jour-ci.

"Pas vraiment, pour être honnête.", répondit finalement Elizabeth après avoir réfléchi à la question. "Ce miroir me montre mon rêve le plus cher, n'est-ce pas?", il lui sourit tristement en hochant la tête.

"Comme tu as dû le voir, on l'appelle le miroir du Riséd. Pour répondre à ton affirmation, il n'est malheureusement pas l'une de mes créations.", Elizabeth rougit en comprenant que le directeur l'avait entendue parler. Depuis combien de temps l'espionnait-il? "Si c'était le cas, je lui aurais donné un nom un peu moins... mystérieux. Vois-tu, après tant d'années à Poudlard, on comprend que le mystère attire bien plus l'attention que le concret. On cherche davantage à explorer les choses plutôt que de tout savoir d'un coup. C'est davantage... gratifiant pour notre fierté.", Elizabeth laissa échapper un petit rire connaisseur de sa bouche. "Peut-être te demandes-tu pourquoi ce miroir est-il caché ici, parmi tout ce désordre?

-Non.", nia-t-elle une nouvelle fois, faisant sourire Dumbledore. Elizabeth remarqua qu'il savait probablement la réponse à la question avant même de l'avoir posée.

"Pourquoi, alors?

-La réponse n'est-elle pas dans le nom du miroir? Riséd, désir. Qui ne rêverait pas de se voir, je ne sais pas, débarrassé de tout fardeau? Roi du monde ? Tôt ce que l'on veut, ce miroir peut nous l'offrir.", réfléchissant, elle fit passer son doigt sur le contour du miroir. Une couche de poussière se forma sur son index, et elle souffla dessus pour qu'elle s'envole. "Mais ce n'est que provisoire. C'est une illusion. Ce que ce miroir reflète, ce n'est pas nous, et ça ne le sera probablement jamais. Sinon, il serait appelé Le Miroir du Rutuf, et le monde magique ne serait pas en guerre."

À la place d'un sourire, cette fois, Dumbledore laissa un rire grave et lent s'échapper de ses lèvres, sa barbe bougeant comiquement au rythme de son rire. Il posa une de ses mains ridées sur l'épaule d'Elizabeth. À ce contact, elle tressaillit, et faillit faire un pas en arrière, par réflexe, mais parvint à se retenir. Dumbledore fit comme s'il n'avait rien vu, et jeta un regard en biais vers le miroir, avant de déclarer finalement :

"Ce n'est pas parce que c'est un désir que c'est irréalisable, Elizabeth. Pour ma part, je me vois au pied d'un sapin de Noël, un bonnet de laine sur la tête. Mes collègues s'efforcent de m'offrir des livres, je ne comprends vraiment pas pourquoi.", il fit un clin d'oeil à Elizabeth, qui pouffa en baissant la tête. Elle pouvait comprendre son désarroi : à déjà s'être rendue dans le bureau du directeur, elle pouvait témoigner qu'il y avait des étagères remplies de livres. Elle l'enviait, au fond, d'avoir une telle collection : ça l'émerveillait de penser qu'il existait tant de livres et qu'elle n'avait pas lu le quart.

"Peut-être pourrions-nous échanger, cette année ? Mes amis s'efforcent à m'envoyer gants et bonnets en laine.", se vit-elle proposer, relevant légèrement la tête vers Dumbledore. Aussitôt, elle écarta les yeux à ses propres mots rougissant de honte. Elle avait commencé à oublier que son interlocuteur n'était autre que le directeur de l'école ! Que se passerait-il si elle allait trop loin dans ses mots?

Heureusement pour elle, Dumbledore parut prendre sa proposition très sérieusement, enroulant le bout de sa barbe autour de l'un de ses doigts fripés. Finalement, il haussa les épaules, un air détendu et nonchalant sur le visage, cet air qu'il semblait arborer tous les jours, lorsqu'il s'asseyait à la table de professeurs, lors des repas.

"C'est un marché."

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