𝘊𝘏𝘈𝘗𝘐𝘛𝘙𝘌 𝘜𝘕 - note
[Eli,
je suis désolé, mais il va m'être impossible de venir à notre rendez-vous de cette semaine-tu sais, à cause de mes problèmes de santé-. Cependant, Peter Pettigrew pourra potentiellement me remplacer, si tu en as envie. C'est un bon garçon, et Merlin sait que passer du temps avec toi ne pourra lui être que bénéfique! Si l'idée te plait, dessine un rond sur le parchemin, ainsi, j'expliquerai à Peter le but du rendez-vous. Si non -mais il aurait rudement besoin de ton aide-, trace une croix. Je m'excuse encore pour mon absence : tu sais bien que rien d'autre au monde ne me ferait rater l'une de nos séances. À bientôt (si tu ne me détestes pas),
Ton ami (et parfois souffre-douleur), Rem.]
Elizabeth dut relire plusieurs fois la note avant de finalement enregistrer l'information. Le problème n'était pas l'écriture de Remus, au contraire : il avait une belle écriture manuscrite que beaucoup enviaient. Ses lèvres pêches étaient pincées en une ligne droite, et elle expira bruyamment par le nez pour montrer son ennui, même si personne ne pouvait y assister puisque les filles partageant son dortoir étaient ou dans la salle de bain, ou d'ores et déjà parties.
Elizabeth était déçue de ne pas avoir la chance de s'entraîner avec Remus, cette semaine-ci. Il s'était avéré être le meilleur partenaire qu'on puisse avoir dans tout Poudlard -et c'était dire beaucoup quand on savait que Lily Evans y étudiait elle aussi-. Pourtant, elle se devait de le comprendre : il l'avait, longtemps auparavant, mise au courant de son système immunitaire très faible.
Pour être exact, il lui avait confié après une bonne année d'amitié, du bout des lèvres avec un rouge cerise ornant son visage.
"C'est courant dans ma famille, du côté de mon père.", avait-il expliqué, bégayant davantage à chaque mot. "Je ne saurais pas comment te l'expliquer correctement. Tout ce que je sais, c'est que la pleine lune a un effet... étrange? sur moi."
Elizabeth n'était pas dupe : Remus qui ne savait pas comment expliquer quelque chose ? C'était improbable. Elle savait que c'était bien plus profond qu'une sorte de maladie se transmettant de génération en génération, sinon, Remus se serait renseigné dessus durant des années pour tout comprendre.
Mais Elizabeth avait très confiance en ses amis, et c'était d'ailleurs la raison pour laquelle elle mettait du temps avant de qualifier quelqu'un de son ami : elle devait pouvoir leur faire confiance. Elle s'était donc promis de ne pas pousser l'interrogation : après tout, si c'était quelque chose de vraiment grave, elle était sûre qu'il lui en aurait parlé.
Ce qui interloquait davantage Elizabeth, c'était que, pour la première fois en trois ans d'amitié, il proposait l'un de ses amis pour le remplacer. Peter Pettigrew, connu pour être l'un des trois meilleurs amis de Remus -un maraudeur, comme ils aimaient se faire appeler- et pourtant : ça lui faisait toujours étrange de lire son nom. Il fallait dire que, sans vouloir être blessante, elle ne semblait se rappeler de l'existence de Peter et de sa touffe de cheveux blonds que lorsqu'on lui parlait de lui. Sa personnalité semblait bien trop écrasée par celle de James Potter et Sirius Black, les deux autres meilleurs amis de Remus.
En lisant son nom, cependant, ses souvenirs de lui semblèrent revenir assez rapidement. Elle pouvait le voir, en fermant un oeil, lors des épreuves pratiques de cours de Sortilège, ou même de Défense Contre les Forces du Mal (DCFM). Horrible. Une fois, il avait failli arracher l'oreille d'une pauvre Serdaigle (ce qui avait inspiré un prank des maraudeurs, consistant à faire changer de couleur les oreilles de certains élèves en cours de Potion).
C'était sûr que sa maladresse et sa faiblesse en cours était la seule et l'unique raison de l'idée de Remus de coller son ami aux pieds d'Elizabeth. Honnêtement, elle ne se voyait pas refuser. Malgré tout, Peter était, en reprenant les mots de Remus "un bon garçon", alors pourquoi ne pas essayer de le rendre encore meilleur ?
Sans chercher à réfléchir davantage, les yeux ciels d'Elizabeth volèrent dans son dortoir à la recherche d'une plume, afin de dessiner un petit rond sur le parchemin de Remus, comme il l'avait si poliment demandé. Quand elle se souvint qu'elle n'avait plus de plume depuis la vieille, un fin soupire quitta ses lèvres -gercées à force de passer sa langue dessus-, et elle attrapa sa baguette, murmura Scruptum, avant de graver un cercle parfait -qui l'emplit d'ailleurs de fierté- sur le parchemin.
Aussitôt, un hurlement étouffé retentit, faisant sursauter Elizabeth de surprise. Elle enfila le plus vite possible la touche finale de son uniforme -une jolie paire de chaussures cirées qui n'étaient pas détruites pour la seule et bonne raison qu'Elizabeth leur appliquait un Reparo quand la partie abîmée était trop voyante. Elle n'était en cours que depuis peu, et elle avait déjà du en lancer trois-, attrapa sa sacoche de cuir, et dévala les escaliers à une vitesse ahurissante, mais pas surprenante pour elle, et trouva Remus, cheveux dressés sur sa tête comme s'il venait de se réveiller, et avec des cernes plus larges encore qu'habituellement. Il s'agrippait à sa main droite, un pli de douleur arborant son doux visage.
Les yeux d'Elizabeth doublèrent de taille quand, après un mouvement de Remus, elle découvrit qu'il couvrait un rond, semblable à celui qu'elle venait tout juste de tracer sur le parchemin. Elle se retint de faire une blague du genre "Quelle note tu donnes à mon tracé?", ou même "Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi?", mais décida finalement de laisser la culpabilité l'envahir.
Elle serra les dents, inspirant un filet d'air, et sauta la dernière marche pour arriver en face de lui. Ce ne fut qu'à ce moment qu'elle remarqua Peter à côté de lui, sa silhouette effacée par celle imposante de Remus. Il avait posé une main posée sur l'épaule de son ami blessé, et semblait paniquer au plus haut point. Elizabeth ne le blâmait pas : jamais elle n'avait imaginé que Remus Lupin pouvait crier si fort ! Toutes les têtes de la salle commune des Gryffondors étaient tournées vers eux, mais tout ce qu'il fallut pour les détourner fut un regard stoïque d'Elizabeth.
Lorsque les yeux bleus de Peter rencontrèrent ceux d'Elizabeth, il sembla secoué d'un frisson de soulagement. Elle aida Remus à se redresser en posant une main affective sur son épaule carrée. Son visage était crispé de douleur en des plis qu'elle était sûre de retrouver plus tard, remplacés en rides tant cette expression semblait ressortir souvent sur son visage couvert de cicatrices.
Délicatement, elle passa sa baguette au dessus de la blessure dont elle avait malencontreusement été la cause, et la rougeur ternit, ne laissant comme unique trace du cercle de fines gouttelettes de sang qui s'en était déjà échappé. Elle attrapa alors un pan de sa robe, et tapota la main de Remus, pour finalement la laisser vierge, saine et sauve.
Elle se sentait déjà mieux, sachant qu'elle avait réparé le mal qu'elle avait causé, et elle ne put, cette fois-ci, pas empêcher sa bouche de se tordre en un sourire, tandis qu'elle rigola maladroitement :
"Préviens moi la prochaine fois que tu décides d'être un petit génie.", commença-t-elle, se frottant le front pour cacher sa gêne. "J'ai failli tracer un rond de fe-
-Sinon tu aurais pu le faire à la plume, comme tout le monde avec un tant soit peu de raison !", éclata-t-il en la coupant, une veine bleue titillant sur son front, son teint rougissant à vue d'oeil. Elizabeth eut un bref geste de recul, et ses yeux s'écarquillèrent sous le choc face à son éclat. "Oh non ! Mademoiselle Luck se doit d'utiliser ses maudits sortilèges de m-
-Eh eh eh, du calme Lunard.", intervint Sirius Black, se frayant un chemin parmi tous les élèves présents dans la salle commune pour arriver aux côtés de son ami. Il posa sa main sur son épaule, exactement à l'endroit où Elizabeth avait précédemment déposé la sienne, et continua, un sourire moqueur sur les lèvres : "C'est pas parce que tu n'as pas encore pris ton petit-déjeuner que tu dois faire ton grand méchant loup avec Flocon, n'est-ce pas?"
Elizabeth ne réagit même pas au surnom : elle y était habituée, depuis le temps. Elle s'était résolue à l'idée que certaines choses ne disparaitraient jamais, peu importait ô combien elle le voulait, ou même le nombre de fois qu'elle demandait la même chose aux étoiles.
Remus, lui, sembla retourner à son état normal à l'entente du surnom, comme si celui-ci avait activé un levier lui permettant de redevenir l'adorable Gryffondor qu'il était. Il s'adoucit ainsi en moins d'une seconde, et lança un regard plein d'excuses à sa meilleure amie, pour son comportement -si il accusait la pleine lune de lendemain, il ne pouvait cependant s'empêcher de se sentir mal, mais était-ce surprenant?-, mais aussi pour l'horrible surnom que Sirius avait osé utiliser.
Elizabeth haussa les épaules en souriant légèrement. Peut-être était-il possible d'apercevoir un soupçon de souvenirs douloureux faire surface dans ses yeux mer, mais elle le balaya rapidement, et répondit à Remus, faisant un air amusé, nonchalant :
"Je n'ai plus de plume. Lestrange, hier.
—Oi, j'espère que tu l'as fait payer !", déclara Sirius.
"Je suis en pleine création d'une poupée vodoo.", fit-elle sarcastiquement, gagnant un rictus discret de Remus. Sirius effaça rapidement le sourire en coin naissant sur son visage avant d'hocher la tête.
"Pour de vrai ?", l'interrogea Peter après avoir remarqué le sérieux de son ami aux cheveux noirs de jais. Quand Elizabeth, enchantée à l'idée de faire une petite blague au garçon, acquiesça, il ouvrit la bouche en un "o" parfait, soulignant ses traits encore enfantins. "C'est trop cool ! Tu pourras me montrer, un jour ?
-Si tu le souhaites."
Peter baissa la tête en souriant, excitation visible sur ses joues grâce à un faible blush qui s'y était formé. Au bout de quelques secondes durant lesquelles Remus regarda tour à tour Sirius et Elizabeth, secouant la tête de gauche à droite pour montrer son découragement tandis que les deux autres battaient leur envie de rigoler, Peter s'agita, attirant toute l'attention du groupe sur lui.
Il plaça d'abord la lanière de sa sacoche dans sa bouche, libérant ses mains afin de l'ouvrir, puis de fouiller dedans, laissant tomber diverses babioles telles que du parchemin, et quelques farces et attrapes probablement trouvés chez Zonko. Finalement, une lueur dans les yeux de Peter montra qu'il avait trouvé ce qu'il recherchait.
Une plume. Une plume qui semblait avoir passé une sacrée journée, certes, mais c'était toujours une plume. Il manquait quelques parties du duvet, et le bout était mordillé, mais Elizabeth sentit tout de même son coeur pincer lorsqu'il la tendit vers elle avec hésitation. Elle haussa les sourcils, avant de la saisir entre son pouce et son index.
Fixant dorénavant Peter, dont les joues s'empourpraient de plus en plus, elle sourit en coin.
"Merci Peter Pettigrew."
Il hocha la tête, avalant difficilement sa salive. Adressant un dernier signe de tête à Remus, elle plaça la plume derrière son oreille, l'utilisant pour bloquer une mèche de ses cheveux bruns qui ne cessait de cacher sa vision, et se dirigea finalement vers la sortie de la salle commune, en direction de son premier cours de la journée, qui s'avérait être botanique.
"Et bien Queudver, toujours aussi doué pour parler aux femmes, n'est-ce pas ?", elle entendit la moquerie sortir de la bouche de Sirius.
Aussitôt, un bruit sourd fit son chemin jusqu'à ses oreilles, et elle pouffa en imaginant Remus frapper l'arrière de la tête de son ami. Elle avait beau ne pas traîner avec les amis de Remus, elle savait que leur relation consistait en petites embrouilles perpétuelles, et que ça ne faisait que renforcer leurs liens. Elle les enviait.
Redressant ses lunettes rondes sur son nez, elle passa enfin le portrait de la Grosse Dame, empêchant le reste de la discussion des maraudeurs de lui parvenir. Ainsi, elle n'entendit même pas le : "Qui c'était ?" de James Potter, la roue manquante du carrosse, fashionably late, comme il savait si bien le faire. L'incroyable quatuor était réuni, prêts pour une nouvelle journée d'enfer.
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