𝘊𝘏𝘈𝘗𝘐𝘛𝘙𝘌 𝘛𝘙𝘌𝘕𝘛𝘌-𝘛𝘙𝘖𝘐𝘚 - rumor has it


En se baladant dans les couloirs ce jour-ci, il était possible de rencontrer Elizabeth, courant comme une maniaque, avec une trace du cavalier du jeu d'échec de Remus sur la joue. Personne n'était étonné : tout le monde s'était habitué, depuis le début de l'année, à la voir débouler ainsi. Ils n'en attendaient pas moins d'elle, en fait, maintenant qu'elle était amie avec les maraudeurs : la légende disait que si on commençait à compter sur eux pour illuminer nos journées, on pouvait dire adieu à nos nuits. Elizabeth pouvaient témoigner, et ce bien plus que certains, d'ailleurs, même si beaucoup des Gryffondors pouvaient eux aussi témoigner, vivant une bonne partie de leur temps avec le groupe infernal.

Finalement, Elizabeth reconnut la personne qu'elle cherchait et s'arrêta brusquement, lui rentrant presque dans le torse. Lily Evans, étonnamment accompagnée de Colin Jordans, haussa les sourcils, sa bouche s'étirant en un sourire malin. Tout de suite, elle attrapa le bras d'Elizabeth pour la placer entre Colin et elle, déclarant d'une voix pleine de sous-entendus :

"Oh, Eli! On te cherchait justement, Colin et moi.

-Ah oui?", s'induit Elizabeth, gênée par les petits coups de hanche que lui donnait son amie pour la rapprocher de Colin. "Et pourquoi ça?

-Et bien, lui dit-il, il nous semble que Erwin est assez dissipé ces temps-ci, et sachant qu'il ne reste que deux semaines avant le premier match de la saison de Quidditch -et que Serdaigle joue contre Serpentard-, on-

-Est-ce que tu sors avec Erwin?", finit par lâcher Colin en roulant des yeux face au blah-blah incessant de Lily. "On a remarqué que vous passiez beaucoup de temps ensemble ces temps-ci, et il a constamment ton nom à la bouche.

-Comment ça? Moi? Et Erwin? ", fit Elizabeth, prise au dépourvu. Cependant, Lily dut inventer dans le ton de sa voix un air de culpabilité, puisque, tout de suite, elle arrêta de pousser Elizabeth vers Colin. Plus que ça, elle arrêta totalement de marcher, perdue.

"Tu sors avec Erwin?", répéta Lily, surprise. Elizabeth stoppa sa marche à son tour tandis que Colin baissa la tête en continuant tout droit, laissant les deux filles derrière lui.

Si la situation pouvait sembler enfantine, Elizabeth sentait tout de même son coeur battre la chamade, comme si elle était en plein coeur d'un film d'action. Il fallait dire que la vie amoureuse d'Elizabeth n'avait jamais été grandiose. Les garçons et filles n'avaient commencé à être attiré par elle qu'en troisième année, mais ce ne fut pas avant sa quatrième année qu'elle n'eut un copain. Enfin, "copain", il l'avait embrassée pour un gage avant de lui avouer son amour pour elle, puis de rompre une semaine plus tard. Cependant, cette histoire ne semblait pas avoir marquée Elizabeth, puisqu'il lui arrivait d'oublier qu'elle avait eu une courte romance avec Tony Greene, et lui aussi semblait l'avoir oubliée.

Non, ce fut quelques mois plus tard qu'Elizabeth eut sa première vraie relation, lorsqu'elle fut obligée de passer deux semaines chez ses parents durant ses vacances d'été. Elle avait fait la rencontre d'un moldu qui lui avait tout de suite tapé dans l'oeil. Presque littéralement. Il avait tenté d'attirer son attention en lançant une balle à ses pieds, mais avait malencontreusement frappé son menton, la faisant tomber à terre. Alors, après s'être excusé un milliard de fois, il avait osé lui demandé de rester quelque peu avec lui pour discuter, faire connaissance, il avait délaissé ses amis, et ils avaient passé le reste de la journée ensemble. Le reste des deux semaines, même. Il firent tout et rien ensemble, et ce fut bien la première fois qu'Elizabeth avait eu du mal à quitter la maison de ses parents.

Tout ce bonheur grace à une seule et même personne : Simon Acklemore. Après ça, elle avait continué de lui parler pendant trois mois, avant que les lettres ne se fassent rares du côté de Simon comme du côté d'Elizabeth. Et puis un jour : plus rien. Elizabeth comprit donc que sa relation était terminée, et elle n'en avait été que très peu attristée : il fallait dire que cette période où ils ne parlaient qu'une fois toutes les deux semaines avait eu don de la détacher de lui comme elle l'avait détaché d'elle. Elle n'avait plus jamais entendu parler de lui.

Depuis, les relations d'Elizabeth à Poudlard n'aboutissaient pas. Il se pouvait qu'elle échange un baiser ou deux, une soirée, une nuit, avec quelqu'un, mais rien de plus. Et puis, en cette année, plus rien. Même le beau Colin qui semblait étrangement attiré par elle -quand, étant donné ses origines Vélanes, ça aurait du être l'inverse- ne l'intéressait pas. Elle se sentait même plus gênée qu'autre chose lorsqu'il tentait de lui faire de petites avances, et se demandait si sa manière de rigoler pour éviter de répondre à ses questions lui envoyait de mauvais signaux.

Donc oui, Elizabeth sentait son coeur battre à la chamade pour quelque chose de si moindre. De par sa vie amoureuse privée, pour ne pas dire très restreinte, jamais de rumeurs selon lesquelles elle serait avec telle ou telle personne n'avaient été lancées. Et voilà qu'on la pensait être avec Erwin, avec qui elle essayait de résoudre un mystère des plus importants, et qu'elle n'avait jamais vu et ne verrait jamais comme plus qu'un bon ami.

"Je ne sors pas avec Erwin.", conclut Elizabeth, les sourcils froncés et le regard vers le sol, comme si c'était là qu'elle avait trouvé sa réponse.

"Tu peux me le dire, tu sais? Colin et moi avions déjà nos doutes dessus. On a demandé à Remus et Sirius, et ils nous ont assuré que non, mais-

-Vous avez demandé à Sirius?", la coupa Elizabeth, regardant cette fois Lily droit dans les yeux. Il y avait quelque chose d'étrange dans la voix d'Elizabeth. Un point de colère, ou d'ennui, ou les deux mélangés. Le fait était que Lily n'avait jamais entendu Elizabeth parler avec ce ton, pas en s'adressant à elle, en tout cas.

"Euh, oui?", fit Lily, avant de se reprendre, empêchant Elizabeth de placer un mot : "Enfin pas vraiment, on a posé la question à Remus, et Sirius était juste à côté de lui, donc il nous a donné sa réponse en même temps, mais on ne lui a pas vraiment deman-

-C'est incroyable.", soupira Elizabeth en frottant ses yeux, derrière ses lunettes. Elle pouffa sarcastiquement. "Et ça ne vous est pas passé par la tête de venir me demander directement, non?

-Eli-", mais Elizabeth l'avait faite taire d'un signe de main lasse. La bouche de Lily se ferma automatiquement, et elle ne put s'empêcher de pincer les lèvres, blessée.

"J'ai cours, Lily. On se retrouve au dortoir ce soir."

Ce n'était pas tant le fait que Lily et Collin en aient parlé à Remus qui dérangeait Elizabeth. Non, Remus était une personne calme et réfléchie, et il n'y avait aucun doute qu'il avait tout de suite compris que Collin et Lily avaient trop pensé à partir de rien. Sirius, cependant, était bien différent de Remus, et l'idée que le duo avait propagé dans sa tête avait forcément fait fleurir une intense reflexion. Mais, n'ayant aucune information supplémentaire, Sirius s'était à coup sûr retrouvé perdu. Et que faisait Sirius quand il était perdu? Il trouvait James.

"Je leur dirai que c'est faux, Eli!

-Fais ce que tu souhaites.", répondit Elizabeth, pas assez fort pour que Lily l'entende étant donné les nombreux mètres qui les séparaient déjà.

Et James était tout le contraire d'une carpe.





Elizabeth faillit ne pas s'arrêter quand elle passa à côté de la personne qu'elle cherchait depuis son réveil. Elle passa à côté de lui sans lui lancer un regard, d'abord, avant de sentir un poids sur son coeur. Elle inspira profondément, avant de se retourner.

"Severus?", appela-t-elle.

Elizabeth était en colère contre Lily, certes. Elle n'était cependant pas en colère au point de faillir à l'engagement qu'elle avait pris.

Severus mit du temps avant de s'arrêter, et, quand il le fit enfin, il mit alors du temps à se retourner vers Elizabeth. Les deux se retrouvèrent alors face à face, et Elizabeth ne put s'empêcher de remarquer que quelque chose semblait avoir changé. Il avait un air étrange sur le visage, et Elizabeth n'arrivait pas à comprendre ce qu'il avait derrière la tête. Avalant difficilement sa salive, tentant, surtout, de se convaincre que son imagination lui jouait des tours, elle lui fit :

"Tu-

-Ecoute Eli, j'ai réfléchi.", Elizabeth se tut, tendant l'oreille pour écouter le reste des propos de son ami. Il semblait dorénavant sur de lui, et elle n'avait qu'une hâte : savoir ce qu'il attendait d'elle. "Lily est... elle compte...

-Elle compte beaucoup pour toi?", l'aida-t-elle doucement, voyant qu'il avait du mal à finir sa phrase. Il se sourit à lui-même, et Elizabeth décida d'associer ce sourire à de la gratitude.

"Exactement. J'ai donc décidé de faire quelque chose pour regagner... son amitié.", Elizabeth hocha la tête, impatiente d'entendre le reste. Il ne serait pas venu la voir s'il n'avait pas une requête à lui faire, elle le savait.

"Qu'est-ce que je dois faire?", fit-elle, espérant accélérer leur discussion. Son cours allait commencer dans une dizaine de minutes, et elle devait s'assurer d'avoir fait comprendre à James, ou Sirius (ou qui que ce soit, en fait), qu'elle n'était pas en couple avec Erwin Shadows.

Severus sembla se détendre petit à petit, gagnant presque un petit air narquois. Pendant quelques secondes, Elizabeth eut peur qu'il ne lui propose un plan de mauvais gout pour entrer de nouveau dans les bons quartiers de Lily -auquel cas elle aurait été drôlement embarrassée de devoir refuser-, mais elle fut bientôt grandement rassurée. En effet, il sortit une petite boîte transparente de sa poche et, tout de suite, une douce odeur d'amande se faufila jusqu'aux narines d'Elizabeth.

"J'ai demandé aux elfes de la cuisine de lui faire des biscuits aux poires et aux amandes.", expliqua-t-il en tendant la boîte à Elizabeth, qui s'en empara en souriant légèrement. "Ce sont ses préférés.", s'empressa-t-il d'ajouter.

Elizabeth était complètement attendrie. Elle trouvait ça touchant que Severus prenne enfin les choses en main (il fallait dire que les constants bout de conversation qu'elle avait avec Lily pour la convaincre d'aller avoir une discussion avec lui commençaient à l'ennuyer), et surtout si c'était avec quelque chose de tant réfléchi.

"Je me disais que tu pourrais poser ça sur son lit, dans votre dortoir... j'ai laissé un petit mot dans la boîte pour tenter d'initier quelque chose.

-Si tes intentions sont aussi bonnes qu'elles ne me laissent à penser, je n'ai aucun doute quant au fait qu'elle accepte de te reparler!", s'exclama Elizabeth. Elle allait ajouter quelque chose, mais fut interrompue par l'arrivée de Rabastan, qui posa ses mains sur les épaules de Severus, un grand sourire complice sur les lèvres.

"Il serait temps de partir, Severus. Notre salle de cours est assez loin, mais nous pouvons encore arriver à l'heure si nous partons maintenant."

Tous deux se regardèrent avec insistance, et Severus hocha finalement la tête, lançant un petit regard vers la boite, encore confortablement installée dans les paumes des mains d'Elizabeth. Finalement, il pouffa légèrement, et se décala, permettant à Rabastan de passer un bras autour de ses épaules, et tous deux partirent, sans même jeter un second regard à Elizabeth.

Elizabeth fronça les sourcils et se retourna, l'envie de comprendre ce comportement étrange lui prenant la gorge comme une allergie, mais elle ne put se résoudre à dire quelque chose : d'abord, parce que cela serait avouer publiquement qu'elle n'avait pas une entière confiance en Severus et en ses intentions -quant elle essayait depuis le début de prouver le contraire à ses amis- (même si elle hésitait à jeter un contre-sort à la boîte pour s'assurer qu'aucun maléfice n'avait été jeté sur celle-ci), et ensuite parce que quelque chose l'en avait divertie.

Quelques mètres devant elle, Peter Pettigrew, les joues rouges et l'air stressé, venait de rentrer dans le duo qui venait de la quitter. Le garçon se confondit en excuse avant de lever la tête, apercevant Elizabeth. Alors, elle eut la lourde impression que le garçon avait besoin d'aide, et ce immédiatement.

Peter s'approcha d'Elizabeth, murmurant, comme s'il se sentait forcé de lui faire la conversation :

"Pourquoi Severus voulait-il te parler?", comme simple réponse, Elizabeth leva la boîte de biscuits.

"Une demande de trêve envers Lily.", Peter acquiesça doucement. Un silence presque gênant s'installa entre les deux, jusqu'à ce qu'ils demandent d'une même voix : "Tu veux parler?

-On peut parler?"

Ils froncèrent les sourcils quelques instants, avant qu'ils ne pouffent en même temps.

"On va déposer ça sur le lit de Lily et on se trouve un endroit, ça te convient?

-C'était exactement ce que j'avais en tête.", assura Peter. "Eh d'ailleurs, je devais te montrer où sont les cuisines?

-J'imagine qu'on sait où aller, maintenant!"

Le duo se dirigea vers la salle commune des Gryffondors, une discussion légère et joyeuse sur les lèvres, tous deux pensant que le gros de la conversation se ferait davantage lorsqu'ils seraient posés.

"Eh, t'as vérifié que les gâteaux n'étaient pas ensorcelés? C'est Rogue, après tout.", fit-il sur le ton de la rigolade, mais Elizabeth, y décelant une part de vérité, se gratta la nuque, avouant finalement sa pensée.

"J'y ai jeté un Finite Incantatem il y a de ça cinq minutes pour être honnête. J'ai l'impression que...

-Que c'est trop beau pour être vrai?", finit Peter, ce à quoi Elizabeth répondit par un sourire embarrassé. Il hocha la tête, les mains dans les poches, regardant droit devant lui : "Tu m'étonnes. Peu importe ô combien on le combat, j'ai l'impression que... le mal finit toujours par revenir.

-Je pense que tu te trompes, Pete.", haussa-t-elle les épaules en le regardant. Il se tourna vers elle, et leurs yeux se rencontrèrent, le faisant légèrement rosir. "C'est certes plus simple de céder au mal, mais j'ai tendance à croire que le bien peut prévaloir. Il suffit juste d'être bien entouré!

-Et avec toi à mes côtés, je n'ai rien à craindre, hein?", sourit-il, mais Elizabeth sentit qu'il tentait de se rassurer lui-même. Peter n'aurait jamais dit une telle chose pour la taquiner (sauf si James et Sirius commençaient à déteindre sur lui, ce qui était à la fois très et peu probable). Alors, elle entremêla leurs bras, ne pensant même pas au frais qu'il devait ressentir, et lui sourit :

"Absolument rien."





Elizabeth et Peter avaient eu la chance de ne croiser qu'une seule personne sur leur chemin, et cette personne étant Marlène, ils ne craignaient pas d'être dénoncés pour avoir séché les cours. Quoique, il fallait dire que leur rencontre avait été quelque peu étrange : les yeux de Marlène avaient fixé la boîte, puis Elizabeth, puis la boîte, encore et encore, comme si Peter n'avait même pas été présent. Elizabeth en vint même à se demander si elle n'avait pas entendu la rumeur selon laquelle Erwin et elle sortaient ensemble, et que c'était pour cela qu'elle avait réagi assez curieusement.

Néanmoins, c'était passé, et elle devait avouer que s'amuser avec Peter avait le don incroyable de dédramatiser ses soucis, au point qu'elle en rigolait presque.

"Donc, si j'ai bien compris, Lily pense que tu sors avec Erwin, et Sirius, donc James, le pensent aussi.

-Correct.

-Et ça te dérange parce que...?", demanda Peter en enfournant un petit-four supplémentaire dans sa bouche. Elizabeth l'imita en pouffant, l'air de penser 'mais voyons c'est évident!'.

"Parce que c'est faux, Pete! Comment tu te sentirais si la rumeur disait que tu étais en couple avec moi ou, je ne sais pas moi, Remus!

-Je serais flatté.", remarqua-t-il en fronçant les sourcils. "Pis, je veux dire, ce n'est pas la pire rumeur dont tu as été l'objet, si on y pense."

Elizabeth pinça les lèvres. En y pensant, d'un côté, Peter avait un tant soit peu raison : elle avait connu pire, et, contrairement à celle-ci, les autres rumeurs étaient un tant soit peu véridiques. Cependant, cela voulait-il dire qu'elle n'avait pas le droit d'être négativement touchée d'être accusée de sortir avec tous les garçons dont elle était un tant soit peu proche?

Ca avait commencé quand elle s'était rapprochée de Remus : ils avaient en effet pris l'habitude de se rencontrer dans le calme, dans des lieux discrets où ils étaient sûrs que nul n'allait déranger leur flux de pensées et de paroles. Alors, à une assez petite échelle, les rumeurs s'étaient propagées, et voilà qu'Elizabeth avait "donné sa fleur à un maraudeur".

Et cette chose s'était reproduite tout au long de sa scolarité, et si presque personne ne pensait à deux fois à ces rumeurs -elles mourraient en effet aussi vite qu'elles ne naissaient-, Elizabeth avait tout vu passer -de Clément à Sirius-, et elle en était horriblement lassée.

Alors, après quelques secondes de réflexion, Elizabeth décida qu'elle était blessée que Peter voit cela de cette façon, à la fois pour elle, mais aussi pour lui : c'était une chose d'avoir l'impression de ne pas avoir le droit de se plaindre, c'en était une autre que l'un de ses amis les plus proches ne pense (parce qu'Elizabeth le connaissait assez bien pour savoir que c'est ce qu'il sous-entendait) que personne ne le croit capable de trouver un ou une partenaire. Cependant, elle voyait aussi que parler de ce sujet le dérangeait et, si elle ne savait pas exactement pourquoi, elle décida tout de même de parler de quelque chose de différent.

"Pourquoi étais-tu si distrait, quand je t'ai croisé?", lui demanda-t-elle d'un ton léger. Aussitôt, Peter sembla se gêner, commençant à se gratter le poignet. C'était un tic qu'il avait obtenu, Elizabeth avait remarqué, et en baissant les yeux vers son poignet, elle pouvait voir la trace rouge que les ongles du garçon avaient laissé sur sa peau.

"Oh tu sais... Rien de vraiment important. Je suis juste un peu surmené au niveau des cours.", il lança un regard vers Elizabeth pour s'assurer que son mensonge -parce que c'était clair comme de l'eau de roche que Peter mentait- était plausible. "Sans les rendez-vous qu'on a, Remus toi et moi, je sais que j'aurais été vraiment en retard en DCFM, métamorphose, et-, et j'ai peur Eli.", s'arrêta-t-il en se tournant vers elle, et enfin, Elizabeth remarqua qu'il avait les larmes aux yeux.

C'était différent de quand Lily s'était réveillée en sursaut après un cauchemar. C'était différent parce qu'Elizabeth sentait que quelque chose allait arriver, était en train d'arriver, peut-être même, dans la vie de Peter. Lily craignait que sa vie change, Peter attendait de savoir quand sa vie allait changer.

"Pete?

-J'ai l'impression que Poudlard s'assombrit de jours en jours, et j'ai peur que la protection qu'il m'offrait- qu'il nous offrait, s'en aille petit à petit.

-Pourquoi?

-On traverse des temps sombres, Elizabeth, et certains d'entre nous n'ont pas l'opportunité de choisir entre le bien et le mal.", et voilà, il était là. Ce que Peter avait tenté de dire une bonne demi-heure plus tôt sans aller au bout de sa pensée était en train de sortir, petit à petit, pas comme une maladie qu'on traitait mais comme une maladie contagieuse. "Certains d'entre nous sont confrontés à une proposition, une seule et unique proposition, et peu importe si Poudlard va nous protéger, peu importe si Dumbledore va nous protéger, rien n'y fait, et la menace est toujours présente, grandissant de jour en jour.

-Et quelle est la proposition qu'ils t'ont faite, Peter?

-Elle n'a pas été faite à moi, Elizabeth. Pas encore, tout du moins. Et oh! Ca aurait été beaucoup plus simple si ils me l'avaient faite à moi, parce que tu aurais tout de suite vu que quelque chose clochait, et tu aurais pu empêcher le pire.", Peter pleurait, désormais. Ses yeux étaient déjà bouffis, et ses oreilles rougissaient à une vitesse folle. Il continuait de se gratter le bras, encore et encore, et pourtant, Elizabeth savait que ce n'était pas l'image d'une marque des ténèbres sur son poignet qu'il effaçait, mais sur le poignet de quelqu'un d'autre.

"Tu penses que c'est trop tard pour cette personne?

-Je sais que c'est trop tard pour eux, et ça me tue de savoir qu'il a fallu d'un rien pour que le possible ne se transforme en fait. Et si eux- si eux se sont métamorphosés si vite, où ça me laisse, moi? Je ne suis plus que le fils de deux traitres, le Gryffondor déchu dont l'éducation maléfique fait que je n'aurais besoin que d'un déclic avant de devenir l'inconcevable : un ennemi à la fois de mes principes, de ma raison, de ma liberté, mais aussi de mes amis. En attendant ce déclic, je ne suis aux yeux de tous qu'un garçon déchiré entre le bien et le mal, un échec aux yeux de mon sang et une bombe à réaction aux yeux du reste du monde. Et à mes yeux- à mes yeux je suis-

-Laisse tomber qui tu es. On a dix-sept ans, on n'est pas censé le savoir, et c'est souvent en cherchant qui on est qu'on pense être ce que l'on n'est pas. Qu'est-ce que tu veux être, Peter?

-Je veux être quelqu'un de bien.

-Alors soit le. Je t'ai entendu répéter à Sirius, encore et encore, qu'il n'était pas défini par ses parents, par leurs choix et leurs désirs. Essaie de croire à tes propres mots.", Peter hocha la tête en soupirant, un soupir de soulagement, presque. Il prit Elizabeth dans ses bras, et la serra comme si elle avait été celle couverte du gouttes d'eau salée. Quand il s'éloigna, il se frotta le nez:

"Quelle horreur, j'ai l'impression d'être Sirius l'année dernière.

-Heureusement pour nous, tu as l'arrogance en moins."





Elizabeth n'arrivait toujours pas à croire à quel point il était en fait simple de parvenir aux cuisines. Comment avait-elle pu passer la quasi-totalité de ses années à Poudlard sans avoir la moindre idées d'où elles étaient, quand la réponse paraissait si simple?

La conversation entre Peter et elle s'était bien vite allégée, puisqu'il était évident que le garçon n'avait plus aucune envie d'aborder le sujet. Elizabeth doutait qu'il ait eu envie d'aborder le sujet en premier lieu, d'ailleurs, mais elle sentait que, maintenant que c'était fait, il savait qu'il disposait de son soutien inconsidéré.

Ils étaient restés bien longtemps ensemble, aux cuisines, ratant leurs deux premières heures de cours. Cependant, leur cour de Potions avait été remplacé par Histoire de la Magie de par une supplication de Slughorn (qui clamait devoir faire des recherches sur une nouvelle potion, mais dont l'excuse avait été démentie par une horde de dernières années qui l'avaient vu boire aux Trois Balais la veille au soir). Ainsi, le professeur Binns -qui n'était d'ordinaire pas bien observateur- avait du commencer son cours en espérant que chacun des élèves soit présent (ou alors, sans en avoir rien à faire-, ce qui les empêchait d'hériter de deux heures de colle.

Peter et Elizabeth avaient bien fait attention de sortir à la fin de la deuxième heure, d'ailleurs, pour être sûrs de ne croiser le chemin d'aucun professeur susceptible de les punir pour avoir manqué à l'appel.

Ainsi, ils se baladaient, la bedaine remplie de thé et de petits biscuits aux amandes, marchant tranquillement vers leur dortoir, profitant de leur heure de trou pour rattraper le dernier cours (ils comptaient ardemment sur James, sachant très bien qu'il était inutile de tenter demander à Remus). Mais leur tranquillité fut fugace, puisqu'aussitôt arrivèrent-ils devant le Grosse Dame qu'ils se retrouvèrent nez-à-nez avec Sirius et James.

"Eh bah dis donc Eli, à continuer comme ça, tu vas sécher plus d'heures que moi!", ricana Sirius en tapant l'épaule de l'une de ses amies les plus proches. Elizabeth ricana en le poussant loin d'elle, ce par quoi il répondit en posant sa main sur sa tête pour lui frotter les cheveux, les lui emmêlant par la même occasion. Peter rigola avec le duo, le coeur s'allégeant d'autant plus.

Elizabeth lui lança un petit regard, avant de regarder Sirius, puis Peter de nouveau, et Peter soupira. Il savait, malgré lui, qu'elle avait raison. Sirius et lui étaient dans une situation similaire, et il n'y avait personne d'autre que Sirius qui pouvait aider Peter tel qu'il voulait être aidé : pas avec des mots doux ou rassurants, mais avec des conseils et des marches à suivre. Peter souhaitait plus que tout au monde de suivre le chemin du bien, et si ça voulait dire s'ouvrir à Sirius, so be it.

"Eh Patmol, on peut se parler deux minutes? J'ai- fin tu vois, j'ai besoin de conseils...

-Il a besoin de conseils pour une fille qui lui plait.", le sauva Elizabeth avec un sourire, se recoiffant en poussant Sirius et Peter. Peter la regarda d'un ciel noir auquel elle répondit par un adorable sourire, avant de se tourner vers James, qui n'avait pas lâché un mot.

Elizabeth tapota son pied contre le sol quelques instants, sentant la tension grandir entre James et elle. La Grosse Dame aussi devait la sentir, décharge électrique destructrice, puisqu'elle ne pipait mot, semblant drôlement intéressée par les tableaux voisins. Finalement, Elizabeth esquissa un sourire :

"T'en fais pas Potter, je ne doute pas de tes capacités de drague. Peter voulait simplement...

-J'ai du travail à faire.", la coupa-t-il avant de se tourner vers la Grosse Dame, la tête baissée, pour lui dire le mot de passe. Elizabeth fronça les sourcils et franchit la porte juste après lui, marchant d'un pas rapide pour le rattraper.

"Potter!", l'appela-t-elle, perdue. Que diable avait-elle fait pour qu'il la fuit ainsi? Elle tendit son bras pour lui attraper l'épaule, mais le garçon essuya son toucher par un mouvement d'épaule. Elizabeth arrêta de marcher, blessée par son refus de discuter. Que s'était-il passé ce jour-ci pour que... oh. "Potter.", refit-elle, cette fois d'une voix presque ricanante. "Potter, je ne sors pas avec Erwin."

James cessa sa fuite d'un coup. Il mit quelques secondes avant de se retourner vers Elizabeth, un faux air ennuyé sur le visage. Il se rapprocha d'elle, un sourcil haussé.

"Tu crois vraiment que c'est ça qui me blesse, Luck? Tu devrais arrêter de te jeter des fleurs.

-Oh arrête, je sais que tu es fou de moi.", pouffa-t-elle en lui pinçant la joue, le faisant reculer de quelques pas accompagnés d'un claquement de langue sur son palais. Cependant, le garçon ne put restreindre un de ses petits sourires qu'Elizabeth connaissait et chérissait plus que personne d'autre dans ce monde. "Alors, qu'est-ce qui te chagrinait, Potter?

-Me chagriner? Rien ne me chagrine, si ce n'est l'état de tes cheveux. Tu connais les brosses? C'est assez utile, il me semble.", tous deux se foudroyèrent du regard, avant de tourner la tête pour rigoler, tentant de cacher leur amusement l'un à l'autre. James se reprit assez rapidement et toussa dans sa main, avant de tenter de reprendre une mine sérieuse. "Non, ce qui me blesse, ma petite Eli, c'est que, encore une fois, tu oses choisir un autre des mes amis pour sécher quand j'existe!

-Oww! Jaloux, Potter?

-Comme s'il y avait quelque chose à envier."

Elizabeth leva dramatiquement les yeux au ciel, ignorant le clin d'oeil de James. Ce dernier sembla se souvenir de quelque chose, et, bien vite, il se jeta sur le canapé de leur groupe, sortant quelques feuilles de son sac. Il fit signe à Elizabeth de le rejoindre en tapotant la place à ses côtés, et elle marcha jusqu'à lui avant de s'assoir, glissant presque contre lui de par l'affaissement que le poids du garçon avait fait dans le sofa. Rapidement, elle vit qu'il avait sorti son cours d'histoire de la magie, et elle sentit son coeur se serrer, touchée. Sortant ses propres affaires, elle fit :

"Tu vois James, c'est pour ça que je ne peux pas sécher avec toi.", sourit-elle. Le garçon la regarda, les yeux écarquillés. Elle donna une pichenette dans la branche de ses lunettes en se penchant vers lui. "Qui d'autre me prendrait les cours?"

James ferma les yeux, les lèvres pincées, et se tourna sur le côté. Elizabeth était sûre qu'il tentait, encore une fois, de cacher un sourire. C'était une manie qu'il avait prise lorsqu'elle le taquinait (et elle était presque certaine de l'avoir attrapée, elle aussi), et elle devait avouer y trouver un petit mais adorable charme.

"Tu sais quoi? Je n'ai plus envie de te voir.", fit-il avant de se débarrasser de ses lunettes, ce qui eut le don de faire rugir de rire Elizabeth, attirant les regards sur eux.

Bientôt cependant, les regards furent attirés vers autres choses. En effet, une Marlène, affolée, descendait les escaliers, le regard fou. Quand elle attrapa le regard d'Elizabeth, elle se précipita vers elle pour lui attraper le col.

"Qu'est-ce que tu lui as fait?!"





Hello! désolé pour la longue attente, mais jai enfin fini ce chapitre! je sais qu'il se passe beaucoup de choses, mais j'espère qu'il vous a plu! n'hésitez pas à me dire si vous y trouvez des fautes ou des choses mal-dites, je ferai en sorte de les modifier! ça va être compliqué d'updater avec un rythme régulier, avec mon bac qui approche ainsi que mes cours de conduite, mais je vais faire en sorte de continuer à écrire!

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