𝘊𝘏𝘈𝘗𝘐𝘛𝘙𝘌 𝘛𝘙𝘌𝘕𝘛𝘌-𝘚𝘌𝘗𝘛 - la goutte d'eau




Elizabeth peinait encore et toujours à croire ce qu'elle venait d'apprendre. Non, c'était faux. En réalité, le fait que ces garçons aient décidé de devenir des Animagus pour soutenir leur meilleur ami était exactement ce qu'Elizabeth aurait pu les imaginer faire, et elle ne pouvait s'empêcher de les admirer, même si jamais elle ne l'aurait dit face à eux. Ce qu'elle n'arrivait pas à croire, par contre, c'était que ces pipelettes aient réussi à tenir leur langue si longtemps.

Alors qu'elle marchait vers son prochain cours, celui de Défense Contre les Forces du Mal, Elizabeth ne parvenait plus à s'empêcher de chercher les ressemblances entre ses amis et leur forme animale, avec une seule question en tête : qu'est-ce qui faisait qu'un sorcier devenait un chat, ou, au contraire, une souris ? Ayant eu McGonagall comme professeure pour bien longtemps -et la voyant souvent arriver sous sa forme de chat-, c'était une question qui avait déjà planté des graines dans son esprit, mais jamais elle n'avait véritablement cherché de réponse.

Cependant, et heureusement pour elle, sans quoi son esprit aurait été torturé bien longtemps, la question était revenue accompagnée d'un début de réponse, apportée par l'observation profonde de ses amis. Désormais, elle décelait la fourrure noire et soyeuse d'un chien dans la chevelure de Sirius, le museau d'un rat dans le nez de Peter, les yeux arrondis d'un cerf dans le regard de James.

C'en était presque à se demander comment Elizabeth avait fait pour ne pas remarquer tout cela plus tôt : quel sort lui avait été lancé, de quelle poussière ses yeux avaient-ils été remplis? Elle aimait à croire qu'elle l'avait toujours vu, toujours su, et qu'elle n'avait simplement jamais voulu savoir , mais la vérité était qu'elle n'en avait pas de soupçon. Pas un seul. Pour une fois, l'une des premières, probablement pas la dernière, les maraudeurs étaient parvenus à être discrets. Elizabeth ne pouvait que les aimer davantage.

Sirius, comme à son habitude, chantait du ABBA. pour une fois, personne ne se plaignait que leur garçon leur plantait une chanson dans l'esprit. Il était celui qui agissait le plus naturellement, comme si rien de rien ne s'était passé, et ce même si, une demi-heure plus tôt il avait été le moins détendu du petit groupe. Il était facile de comprendre sa réaction initiale: toute sa vie, il avait été le vilain petit canard, la brebis galeuse de sa famille prestigieuse, et le seul réconfort qu'il avait trouvé lui était critiqué, mais c'était malgré tout ce qui l'aidait à tenir.

Sirius avait trouvé un certain réconfort dans Poudlard et sa petite population, dans cette famille qu'il s'était choisi, dans les Potter, dans ses amis. Et Elizabeth en était devenue une partie intégrante si vite, si inopinément, qu'il avait comme peur qu'elle ne parte aussi subitement, en un clignement de paupières, et il avait peur que l'attraction que lui et ses amies avaient pour le mystère soient allée trop loin, et qu'elle ne soit la raison de son départ.

Remus avait cessé de paniquer bien longtemps auparavant, et il se demandait, par moments, pourquoi il avait paniqué. Il était désormais plus soulagé qu'autre chose, comme si avoir avoué qu'il avait quelque chose ne fasse disparaître la chose en elle-même. Parler avait eu un effet placébo sur lui. Il était soulagé que ses amis aient autant confiance en Elizabeth que lui, qu'ils tiennent autant à lui, qu'ils lui montrent, de leur façon étrange, presque perverse, par moments.

Remus était libre. Enfin, Remus était aussi libre qu'un loup-garou puisse l'être.

Peter marchait comme si son chemin était tracé par des petits pas de danse. Des pas de danse hésitants, certes, mais joyeux, fous, attendant une nouvelle pose farfelue. Et alors, si son Animagus était un rat? Le simple fait d'en être un était déjà incroyable, lui avait dit Elizabeth, et ç'avait justement été ce qu'il avait eu besoin d'entendre. À chaque pas, il la revoyait, étonnée mais fière, surprise mais ravie.

Peter craignait pour le futur, bien-sûr, et il craignait parfois que sa vie ne soit écrite par ses craintes. Il craignait pour sa situation, il craignait qu'on ne découvre ses transformations en animal, il craignait pour tout et pour rien. Mais, ce matin-là, ses amis avaient fait un travail parfait en repoussant ses peurs sans même le savoir.

Alors, il restait James. James, qui avait tenté de ne plus parler à Elizabeth, lorsqu'elle avait traité son cerf -lorsqu'elle l'avait traité lui, plutôt- d'élan. Il n'avait pas réussi à tenir bien longtemps, assurément. James, qui fixait désormais le côté du visage Elizabeth, découvrant pour la millionième fois tous se détails, cette petite fossette au coin de sa bouche qui apparaissait lorsqu'elle parlait avec beaucoup d'entrain ou lorsqu'elle rigolait, ce petit grain de beauté...

"Arrête de me fixer, pervers."

James qui, au fond, voyait cette matinée comme un contrat rare que les maraudeurs et Elizabeth avaient signé. Il n'en savait pas le contenu, mais il en sentait les effets.

"Il est trop obnubilé par tes lunettes crades pour t'entendre, Eli."

James, qui comprit alors pourquoi la fossette d'Elizabeth avait fait son apparition. Elle l'avait senti la regarder. Il pouffa en la bousculant légèrement, ne faisant pas attention à l'addition de Sirius.

"Ne prend pas la grosse têt : je cherchais la meilleure manière pour me débarrasser de toi. Tu crois vraiment qu'on te laissera partir sagement après t'avoir montré tout ça?

-Elle est bonne celle-là!", pouffa-t-elle en regardant les autres pour chercher leur soutien. "Vous l'entendez ? C'est comme si je n'étais pas bien trop importante à ses yeux pour qu'il ne passe quelques heures sans moi.", elle lui fit un clin docile, et James sentit ses oreilles chauffer. Il tenta de recoiffer ses cheveux tentant de cacher cette légère rougeur, quant Elizabeth ajouta à son attention : "Après tout ce que tu as fait pour que je devine ton attrapeuse, je doute que tu souhaites te débarrasser de moi si vite."

James soupira, son corps quittant cet état médusé qu'il avait emprunté. Et pourtant, son coeur menait toujours une danse frénétique, et ses yeux évitaient ceux de tous les autres, fixés droit devant lui, parfois se dirigeant vers le sol. Il était presque certain que personne ne l'avait remarqué, quand ils arrivèrent finalement devant la salle de Défense Contre les Forces du Mal, où Dorcas les attendait, les mains sur les hanches.

Sirius fut le premier à recevoir un coup de parchemin. Il n'était même pas celui étant le plus proche de Dorcas : la seule raison de ce choix était qu'il s'agissait de Sirius. Il fallait dire, et même Elizabeth pouvait l'avouer, qu'il avait un visage définitivement plus frappable que celui des autres. Cela ne signifia cependant pas que les autres allaient être épargnés.

"Aouch!", s'indigna Elizabeth. "Tu sais que c'est puni par la loi, les violences conjugales?

-C'est pas au sein d'un couple, les violences conjugales?", demanda innocemment Peter, avant de se faire taire par un signe discret d'Elizabeth.

"Vous devriez être jugés et condamnés pour m'avoir laissée seule ce matin!", explosa-t-elle. "Primo, vous me cachez des choses, et deuxio vous me laisser seule au monde?! Il a fallu que je fouille tout le château pour trouver Lil's et Marlène, juste pour ne pas être entièrement laissée de côté! Pire encore, j'ai croisé Snivellus-

-Je suis désolé pour ce matin, Dork.", fit Remus d'un ton calme. Dorcas arrêta immédiatement de parler, et Elizabeth ne sut pas si c'était parce que c'était Remus, et qu'il avait un charisme capable d'arrêter une guerre par un mot, ou si c'était parce que Dorcas avait remarqué que tout tournait autour de lui, qu'il était le centre de l'histoire. Le fait était qu'elle attendait sagement la suite. "Je vais te dire la vérité-

-Hein?!", s'étonna Sirius, posant son bras sur Remus comme pour le retenir. Seul à parler, il n'avait pas été seul à réagir : tous les autres avaient la bouche entrouverte, les sourcils froncés. Remus tenta de continuer, mais James le coupa :

"Hm, Rem? Tu es sûr de toi, sur ce coup là?

-James a des morpions, et il était trop gêné pour en parler à tout le monde.", il hésita un instant, pinçant les lèvres, et Elizabeth comprit qu'il faisait preuve d'une force incroyable pour tenter de se retenir de rire. "Il voulait la recette du repoussant spécial de la grand-mère d'Eli."

Elizabeth fut la première à craquer, James lui pinçant légèrement el bras pour la faire cesser, les joues rougies. Un petit sourire jouait cependant sur ses lèvres : l'imagination de Remus était surprenante, et ce même quand il en faisait les frais.

Dorcas fut secondes, puis vint le reste des amis. James transforma son amusement en mécontentement.

"Tu avais juré que tu n'allais rien dire!", s'exclama-t-il en frappant l'épaule de Remus. Ce dernier souriait malicieusement, et il ne fallut pas plus à James pour se rendre compte que son ami avait encore bien des idées en tête pour expliquer leur absence. Oh! James refusait que Dorcas apprenne qu'il avait aussi un vers solitaire -ou quelque chose dans le genre-.

"La recette de mamie va te sauver James.", amplifia Elizabeth, les larmes aux yeux. Elle lui caressa le dos pour le 'consoler'. "Et puis, tu sais, c'est assez fréquent les problèmes de fourrure."

Les yeux de James s'illuminèrent et, d'un coup, i n'ne. avait plus rien à faire de si on se moquait de lui pour ses soi-disants morpions. Elle était là, la première blague d'Elizabeth touchant à leur secret. Il se tourna hâtivement vers des amis, qui avaient redoublé de rire, hâtif de savoir si eux-aussi s'en étaient rendu compte. Rien qu'à voir l'éclat dans leurs yeux, James sut. Ils l'avent remarqué. Leurs yeux brillaient moins que ceux de James, et une différente lueur brillait en eux sans que James ne comprenne pourquoi c'était différent, mais il s'en fichait.

Voyant que les élèves commençaient à s'entasser derrière eux, le petit groupe entra dans la salle pour y trouver le professeur debout aux côtés d'une immense armoire vieillie par le temps, tout fier. Il semblait avoir en lui ce que tous les professeurs de DCLFDM avaient en eux au début de l'année (avant de le perdre au bout de quelques semaines), et Elizabeth sentit que quelque chose était su rue point d'éclater. Elle le sentait au bout de ses doigts, et jusque sa colonne vertébrale. Jamais une de ses intuitions ne s'était révélée tant véridique.

Lily regardait ses amis rentrer, un par un, collée par Marlène. Celle-ci suivit Elizabeth des yeux, sans vraiment savoir où se placer. elle s'était rendu compte de la bêtise de son accusation, mais quelque chose en elle la poussait à ne pas s'excuser, du moins pas jusqu'à ce qu'elle n'ait la preuve irréfutable qu'Elizabeth était innocente. En attendant, elle faisait comme si de rien n'était, même si elle sentait la tension que ses agissements avait provoqués. Elizabeth, elle, ne faisait qu'attendre. Le temps réglait le plupart des choses, alors elle allait attendre.

Elizabeth vint se placer à côté de Lily (volant la 'place de James', comme celui-ci lui fit si bien remarquer en allant se mettre à côté d'Elizabeth) dès lors que leurs yeux se rencontrèrent, preuve, pur this ceux qui en doutaient encore, que Lily savait Elizabeth innocente, et qu'elle ne lui en voulait en rien.

"Il vous a dit ce que contenait l'armoire?", s'enquit Elizabeth. Lily secoua la tête de gauche à droite.

"Pas encore.", elle redirigea son regard vers le professeur, un sourcil haussé et un air pensif sur le visage. "Mais il fait des petits sauts de joue environ toutes les cinq minutes, donc j'imagine que c'est pas mal."

Le professeur ne fit attention aux élèves que lorsque le dernier d'entre eux rentra, après quoi il fit signe de fermer la porte. Il n'osait pas bouger de sa place, comme si un geste allait laisser libre arbitre à quelqu'un de lui voler la vedette. Il n'avait pas tort : s'il avait montré un quelconque signe de bouloir faire perdurer l'attente, les maraudeurs, pour qui la notion d'instinct de survie semblait inconnue, n'auraient pas hésiter à sauter sur l'armoire pour en dévoiler le contenu.

Finalement, tout le monde fut forcé de se mettre en file indienne par le professeur, qui parlait comme si un secret s'échapperait de sa bouche s'il osait prendre davantage de temps à parler. Que c'était surprenant, de voir une personne d'habitude si hésitante de parler sans aucune rature! Ce cours allait être mémorable, pensait Elizabeth, faisant de son mieux pour pousser le négatif qu'un côté de son esprit tentait de mettre en avant. Mémorablement dangereux, oui.

Elizabeth s'était retrouvée proche du milieu de la file, devant le reste de ses amis. Si James et Sirius avaient d'abord tenté de se placer tout au début de cette file ils avaient vite rebroussé chemin en voyant leurs amis derrière eux. Ils devaient le sentir, eux-aussi. Ce frisson de nouveauté et d'aventure. Et où était le fun dans vivre une telle chose sans le reste de leurs amis? Alors, après s'être 'battus' avec Elizabeth pour passer devant elle, ils avaient fini juste après.

"Vous l'aurez devinée, ce cours va être.. différent de d'habitude.", commença le professeur, mangeant ses mots comme si son esprit souhaitait sortir au plus vite la nouvelle qu'il voulait tant rendre publique. "L'année dernière, vous avez dû suivre des cours sur l'une des créatures les plus effrayantes du monde magique, une créature crainte par le plus brave des braves-

-Un morpion?", chuchota Dorcas, assez fort pour que ses amis l'entendent. Suite à ses mots, elle pouffa à sa propre blague, très vite suivie par ses amis, comme Elizabeth, qui plaqua sa main contre sa bouche pour s'empêcher de rire, et Sirius, incapable d'être discret, s'étouffa dans sa salive. Cela fut assez pour perturber le professeur, qui rougit aussitôt, pensant sûrement que c'était de lui dont on se moquait.

"Hum- ce que je veux dire c'est-

-Vous l'avez cassé, bouffons.", chuchota un Serpentard, recevant presque aussitôt un petit sort de James.

"Épouvantard. Dans le placard. Voilà."

Et, sans prévenir personne, le professeur agité et gêné s'écarta de l'armorie tout en l'ouvrant. Personne d'autre n'eut le temps de la peiner, ou de lui dire de continuer sa présentation, ou même de lui demander des instructions, puisqu'une étrange ombre s'approchait déjà.

Elizabeth, déroutée, pencha la tête, sans faire attention au soupir que poussa remus, comme s'il savait 'ores et déjà ce qui était sur le point de se passer. La première personne de la file s'avança bravement, la baguette en avant, prête à affronter l'Épouvantard, sans se soucier du fait qu'elle ne se souvenait ni de ce qu'un Épouvantard était, ni de comment le contrer.

Le professeur Têtenbas semblait anormalement triste (il était d'habitude davantage perdu que triste, pour être honnête), avec sa tête trouvé vers la fenêtre de la sol, regardant dehors comme s'il ne désirait plus que partir. Il ne semblait plus porter aucune attention au cours qu'il attendait tant, et son inattention ne changea pas même lorsque la première élève de la file poussa un petit cri étouffée.

Les yeux d'Elizabeth, par contre, se dirigèrent tout de suite vers elle, puis vers l'Épouvantard. Enfin, vers ce en quoi l'épouvantard s'était transformé, plutôt, parce que sitôt regarda-t-elle là où la créature devait figurer qu'elle ne le vit pas, et dû baisser les yeux pour comprendre : la plus grande peur de la première élève était les hauteurs.

Imitée par ses camarades, Elizabeth s'approcha légèrement pour mieux voir la forme que la créature avait prise. À la place d'un monstre, on pouvait voir un énorme trou dans le sol, ce trou menant à la salle d'en-dessous. Elizabeth s'appuya légèrement sur la personne devant elle pour déceler quel cours avait lieu, et éclata de rire en apercevant Rowan, qui lui faisait de larges signes de main.

Un élève eu la bonne idée de jeter un bout de parchemin à l'intérieur, et un fou rire général se créa lorsqu'une personne de la classe d'en-dessous se le reçu sur la tête.

Cependant, même si cette petite saynète était assez rigolote pour certains, la première élève de la file ne pouvait s'empêcher de trembler, s'accrochant à la chose la plus proche d'elle. Après cette petite action, elle resta médusée, n'osant plus bouger un muscle de peur de tomber.

Fidèle à lui-même, ce fut remus Lupin qui s'avéra être le sauveur de la journée. Il s'avança doucement mais d'un pas assez rapide pour venir se placer aux côtés de la victime de Têtenbas, et posa une main sur son épaule.

Il y avait de rares moments où lions et serpents s'accordaient, ce pour rester calmes et attentifs face à une situation. Ces rares moments avaient souvent lieu grâce au seul et l'unique Remus Lupin.

"Rends ta peur ridicule. Lève ta baguette, et imagine ce qui pourrait la rendre ridicule. Fais d'elle une blague qui, cette fois, aurait le mérite d'être moquée. Cris 'Riddikulus'."

Et c'est ce que l'élève fit, utilisant toute sa voix pour y projeter sa peur et sa haine envers cette peur qui l'assaillait à chaque fois qu'elle regardait par la fenêtre de son dortoir. Après quelques essais, le trou s'était transformée en grosse bulle d'eau reflétant la salle de DCLFDM, qui éclata en un coup de pied. Tous applaudirent, et, bientôt, l'étonnement laissa place à la hâte, et tous furent pressé de voir leurs amis combattre leurs peurs.

Gargouilles, araignées géantes, loup-garous, clowns... voir tous ces élèves transformer leurs peurs en humains aux allures étranges ou en véritables blagues était on ne peut plus divertissant. Enfin, c'était jusqu'à ce que la personne passant juste avant Elizabeth n'avance.

De sa place, Elizabeth pouvait voir les mains de sa camarades, crispées autour de sa baguette baissée, au bout de laquelle des gouttelettes de sueur dégoulinaient. Elizabeth ne put, alors, pas s'empêcher de faire un pas en avant, attrapant la manche de sa camarade afin qu'elle se concentre sur elle, et non sur la peur qui allait se présenter devant elle.

"Juliet?", Elizabeth appela sa camarade de Quidditch, celle toujours habillée d'un sourire resplendissant. Il avait été compliqué pour Elizabeth de la reconnaître, sans son sourire. Elle continua, à voix plus basse: "Tu n'es pas obligée de la faire, tu sais ? Je suis persuadée qu'on comprendrait tous.

-Et laisser aux Serpents la possibilité de me voir vulnérable? Plutôt mourir."

Juliet s'avança alors. La salle s'assombrit instantanément, et Elizabeth sentit ses poils s'hérisser, raclant légèrement pour cogner dans Sirius, qui posa une main amicale sur son épaule. De la poussière remplissait désormais les narines de chacun des élèves, les faisant tousser à l'unisson. Puis plus rien. Un silence de mort résonnait dans la salle, et Elizabeth aurait pu jurer voir tous ses camarades, Gryffondors et Serpentards confondus, frissonner de peur sans même que ce soit leur épouvantard.

Et du mouvement, enfin, cassant cette ambiance monstre qui avait été créée. Enfin 'cassant' : l'apparition rendit le tout d'autant plus effrayant. Quelqu'un apparut devant leurs yeux ébahis, comme s'il venait de transplanter. Une homme au visage caché par une capuche noire et verte. se tenait là, comme s'il avait vaincu une armée sans une goutte de sueur. Sa jambe était pliée, son pied posé sur quelque chose, une forme qu'Elizabeth eut du mal à déceler, au départ.

Elle tenta de s'approcher afin de voir ce qu'était cette chose, mais elle se sentit tirée assez violemment en arrière. Lorsqu'elle tourna la tête elle put faire face à un Sirius qui, horrifié, courait sa bouche de la main qu'il n'avait pas utilisée pour détourner son amie de l'horreur.

Elizabeth ne mit cependant pas beaucoup de temps à comprendre ce que Sirius avait, par réflexe, refuser de la laisser voir.

"Ma-Maman?", sanglota Juliet, sa baguette s'échappant de sa main tremblante pour rouler aux pieds de l'épouvantard. Elle tomba à genoux, les yeux remplis de larmes, comme prête à accepter le destin que ses pires cauchemars lui avaient préparé. Personne ne réagit, tous frigorifiés par la scène.

Le professeur Têtenbas avait finalement décidé de tourner la tête vers l'enfer que vivaient ses élèves, et fut tellement choqué par la scène à laquelle il assistait qu'il fit tomber la lettre qu'il lisait jusqu'alors, celle-ci s'envolant pour venir se déposer dans les pieds des élèves.

Cependant, il n'allait rien faire. lui aussi paraissait perdu, ébahi, comme si ce qui était en train de se passer dépassait totalement ce à quoi il s'était attendu. Si Elizabeth avait été dans son état normal, elle aurait qualifié ses agissements de 'suspects', et sa réaction de 'bien trop sur-jouée pour être réelle', mais la vérité était qu'elle était bien trop focalisée sur le corps sanglant de la mère de Juliet pour regarder autre part. Puis l'homme surplombant ce corps sembla enfin vouloir bouger. Tous espérèrent que c'était pour disparaître, pour prendre une autre forme bien moins effrayante, mais ce n'était pas le cas: l'homme commençait simplement à lever la baguette, lentement, un sourire narquois naissant en même temps sur son visage.

Bientôt, la baguette fut pointée sur le joli nez de Juliet.

Alors, Elizabeth fit ce qui lui sembla être le plus juste, même si elle comprit bien vite que cette décision était la pire qu'elle aurait pu prendre. Dans un élan d'altruisme, elle ôta la main de Sirius de son uniforme pour s'avancer, contournant Juliet pour se placer devant elle et lui voler sa peur.

L'homme lança un sort au moment même où Elizabeth levait la sienne pour le dévier, le sort allant s'écraser contre un mur, faisant tomber une petit d-bout de la pierre qui constituait Poudlard au sol.

Des petits cris de peur furent lancé dans la salle tandis que tous comprenaient l'ampleur des choses: un Épouvantard n'était pas censé pouvoir jeter des sorts, et encore moins avoir un impact physique sur ce qui l'entourait. Pour la première fois depuis le début du cours, un véritable désordre se créa, et personne ne fut surpris de voir que les trois-quart des élèves sortirent de la salle pour aller prévenir un supérieur.

Il ne devait rester qu'Elizabeth, ses amis maraudeurs et de Quidditch confondus et quelques Serpentards lorsque le regard de l'homme -de l'épouvantail, plutôt-, se plaça sur Elizabeth pour la regarder quelques instants. Il baissa finalement la tête, laissant entrevoir un petit sourire.

Le changement fut presque instantané. Même sans pouvoir sentir la chaleur, Elizabeth devina que la salle était devenue extrêmement chaude, comme lors d'une journée d'été. Elizabeth eut la mauvaise idée de jeter un coup d'oeil au bout du mur tombé -qui ne s'était pas remis en place, même si elle avait espéré que tout ceci ne soit qu'un mauvais rêve, une illusion-, puisque, quand ses yeux se posèrent de nouveaux sur l'Épouvantard, elle ne faisait plus face à une homme, mais à trois personnes aux visages flous.

Sans même se concentrer sur ce qui la devançait plus que ça, Elizabeth sut ce qui était en train de se passer.

"Riddikulus!", cria-t-elle une fois en levant sa baguette, mais elle savait bien que ça allait être inefficace. Jamais elle ne pourrait rendre cette scène ridicule, jamais son esprit ne lui ferait cette faveur.

Trois personnes : une fillette d'environ dix ans, ainsi qu'un homme et une femme, qui semblaient avoir la trentaine. Leurs visages étaient fous, et Elizabeth savait qu'ils allaient rester ainsi, puisqu'elle-même n'arrivait plus à imaginer leurs traits.

La petite fille s'avança pour observer Elizabeth, la faisant se figer. Un cri resta bloqué dans sa gorge lorsque la fillette rigola frénétiquement en sautillant autour d'elle , comme si elle était un monstre de foire.

Elizabeth tourna la tête, lançant un regard frigorifié vers ses amis, mais aucun d'entre eux ne semblait vouloir -pouvoir? ils semblaient aussi effrayés qu'elle- bouger : Sirius fixait intensément les personnes du regard, et Remus semblait tenter désespérément de comprendre ce qu'il se passait.

Quand elle se retourna vers l'Épouvantard, elle avait rétréci, ou plutôt : son cauchemar avait grandi. Elle se sentait comme l'enfant qu'elle avait été. La petite fille faisant des tours autour d'elle faisait désormais sa taille.

"Ne t'approche pas trop de ça!", l'avertit avec dégout une des personnes, d'une voix amplifiée, déformée, tandis que la petite ricanait, encore et encore, sa main proche d'Elizabeth sans jamais la toucher. Dès lors qu'elle risquait de la frôler, elle se reculait avec un petit saut et une grimace, avant de reprendre sa petite danse.

Elizabeth savait ce qu'il se passait ensuite, comme quand on lui racontait la fin d'un livre. Sauf que cette fois, elle n'était pas frustrée, elle était affolée. Elle sentait ses organes rétrécir, son coeur, sa gorge, son estomac.. tout lui faisait mal, et ce n'était même pas dû à ces personnes. C'était sa peur qui la blessait. Elizabeth savait ce qu'il dépassait ensuite parce qu'elle le revoyait en cauchemars, presque tous les soirs. Elle le savait, parce que c'était là que tout avait commencé.

Elizabeth savait qu'elle ne devait pas bouger, sinon, elle était condamnée. Et pourtant, un nouvel éclat de rire de l'enfant la fit sursauter, et les deux filles cognèrent leurs épaules. L'un des deux adultes poussa un cri horrifié en rapprochant l'enfant vers lui, tandis que l'autre sortit sa baguette:

"Voilà ce qu'on fait aux répugnants sang-de-bourbe qui osent souiller notre monde!"

Mais personne dans le peux de gens qui restent dans la salle ne purent avoir la suite, puisque Remus avait enfin été sorti de son état de peur intense pour sa meilleure amie, se plaçant devant elle pour jeter le fameux contre-sort.

"Eli- Eli? Tout va bien, maintenant. Je n'arrive pas à croire que Têtenbas ait osé amener un Épouvantard par les temps qui encourent!"

Elizabeth fut de nouveau tirée en arrière, et elle aurait pu jurer sentir on cerveau se détacher pour aller toucher son crâne, lui donnant une horrible envie de vomir.

"Ca va aller mon coeur, c'est fini.", prononça Dorcas, posant ses mains sur ses joues pour les lui caresser avec les pouces. "Tu veux sortir quelques instants? Je suis sûre que d'autres élèves sont allés chercher Minnie, et Remus s'occupe de ranger cet épouvantard de fils-de-p-

-Je vais l'amener chez Minnie, elle saura quoi- elle sait toujours quoi faire, Minnie", fit une voix, et Elizabeth se rendit compte que c'était celle de Sirius, et que ses mains lui maintenaient les épaules, même si elles-mêmes tremblaient. Elizabeth leva sa main, presque mécaniquement, pour la poser sur celle de Sirius. Il se détendit.

"J'y vais, Siri.", le contredit James, attirant le regard d'Elizabeth. Son regard sembla réveiller quelque chose en elle, puisqu'elle se défit soudainement de toutes ces personnes qui la cajolaient, et reprit ses esprits, surprenant ses amis. Elle se dirigea vers on professeur d'un pas rempli de haine.

"Vous devriez avoir honte.

-Dumbledore m'a dit que- Ce n'était pas- un Épouvantard n'est pas censé-", tenta le professeur, sans parvenir à finir ses phrases.

"Votre rôle est de nous former, de nous protéger, si on va plus loin, et tout ce que vous parvenez à faire, c'est nous frigorifier, nous faire nous sentir en danger et nous mettre en danger!", éclata-t-elle, se frottant le visage. Elle ne revenait toujours pas de ce qu'elle -de ce que ses camarades et elle- venaient de vivre. Elle ne savait plus, à ce point, si ce professeur était aussi maléfique qu'elle ne le pensait depuis des semaines, ou s'il était tout simplement demeuré. "Vous n'avez pas la moindre idée de ce qu'il se passe dehors, si? Vous ne savez pas que c'est la guerre, que nous sommes menacés par les forces du mal, et que nous en sommes tous au courant?

-Je-

-Bien-sûr que si vous l'êtes, quelle question! Sinon vous ne seriez pas professeur d'un cours de Défense contre lesdites forces du mal. Alors qu'est-ce qui vous est passé par l'esprit? C'était évident que ça allait mal tourner à un moment ou à un autre, et vous, en tant qu'adulte, auriez dû en être d'autant plus conscient.

-Eli-", tenta Remus, pas pour la calmer mais pour lui signaler qu'il avait rangé l'Épouvantard. Il savait qu'être au courant la détendrait, ne serait-ce qu'un poil. Et il avait raison. Seulement, elle était inarrêtable, et rien n'aurait pu l'éloigner de sa tâche.

"Quelle honte- vous n'imaginiez pas que certains verraient leur famille périr -leur famille tuer, pour certains-? Vous n'imaginiez pas que ça pourrait être traumatisant, surtout quand vous, qui êtes, je le répète, censé nous protéger, étiez en train de faire je-ne-sais-quoi dans votre coin, sans penser une seule fois à nous aider? Vous devriez avoir honte."





Sirius avait passé le reste de la journée à répéter qu'il avait l'impression qu'il avait oublié quelque chose, qu'il manquait quelque chose, mais qu'il n'avait aucune idée de ce que c'était et de ce qui avait provoqué cela. Ça s'était légèrement arrêté lorsqu'il avait, auprès de James, Lily et Dorcas, vociféré des insultes contre Têtenbas en face de Minnie -qui avait promis d'en parler à Dumbeldore, qui était parti pour une affaire dans la matinée-, mais revenait dès lors que le calme faisait son retour.

Elizabeth agissait comme si rien ne s'était passé, et pourtant, son attitude sous-entendait qu'il s'était bel-et-bien passé quelque chose. Elle avait été rassurée d'apprendre que seuls Sirius et Remus avaient vu son cauchemar comme elle l'avait vu, puisque la vision des autres avait été comme flouée par un rideau noir, sombre, et que leur peur était d-née depuis celle d'Elizabeth. Mais quelque chose avait changé. C'était comme si la Elizabeth de première année était revenue, dans certains aspects. Le plus frappant était qu'elle grimaçait dès lors qu'on s'approchait trop d'elle.

Alors, quand l'heure de manger était arrivée, Remus avait -sans surprise- été le seul parvenant à faire bouger Elizabeth (et le seul ayant tenté, puisqu'il avait intimé aux autres de partir devant eux, ce qu'ils avaient fait avec reluctance).

Peut-être avait-il été une bonne idée d'agir de la sorte, peut-être encore aurait-il été plus malin de se déplacer en groupe. Dans tous les cas, ce qui devait arriver arriva, et Elizabeth, de son côté, était bien contente de n'être accompagnée que de Remus lorsqu'ils croisèrent les Serpentards.

Especially when it was clear they were up to no good.

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