𝘊𝘏𝘈𝘗𝘐𝘛𝘙𝘌 𝘛𝘙𝘌𝘕𝘛𝘌-𝘊𝘐𝘕𝘘 - le fruit de l'effroi
"Pour la cinquième fois, Marlène, Severus lui a tendu un piège en lui donnant la boîte, spécifiant que c'était un cadeau pour Lily!
-Et pour la sixième fois, Peter, dis moi comment je suis censée te croire? Je vous ai vu arriver, avec votre air suspicieux et vos- et vos biscuits."
Les prénoms étaient utilisés comme des armes, et les mots, comme des boucliers. Personne n'avait jamais vu Peter si en colère (mais peut-être était-ce parce que la déception était, elle aussi, de la partie), et personne n'avait jamais vu Marlène si pleine de doutes.
La voix de cette dernière tremblait malgré elle, signe de la confrontation qui avait lieu dans son esprit. Croire ses amis les plus proches, ou ce à quoi elle avait assisté? Entendre raison, ou continuer de lutter pour une bataille d'ores et déjà perdue?
Il fallait dire que Marlène ressentait depuis quelques temps (le début de ce "quelques temps" coïncidant étrangement avec le début de l'amitié qu'Elizabeth entretenait avec Erwin, et ce "quelques temps s'étant accentué lorsque Sirius avait laissé entendre que les deux sortaient ensemble) moins d'amour qu'elle ne l'aurait dû envers Elizabeth, elle n'avait aucune idée de pourquoi. Si quiconque avait pu s'infiltrer dans son esprit et trouver cette petite pique, ce petit trou où aurait dû figurer un poil d'amour en plus, ils auraient automatiquement compris pourquoi Marlène s'obstinait à vouloir croire ce qu'elle avait vu.
Tous les autres maraudeurs restaient étrangement silencieux, et c'était on-ne-peut-plus normal : ils n'avaient pas leur opinion à donner, ils n'avaient pas été présents aux moments des faits. En réalité, sans compter James et Dorcas qui étaient partis voir Lily à l'infirmerie (chacun y allait deux par deux, dans un ordre qui s'était mis en place sans même qu'il ne soit prononcé à voix haute, avec comme seules exceptions Elizabeth, qui n'y était allée qu'une seule fois au tout début -et que Marlène avait foudroyé du regard lorsqu'elle avait lancé un regard vers la porte-, Marlène, et Peter), il n'y avait plus qu'Elizabeth qui aurait pu participer au "débat", mais celle-ci était affreusement muette.
Oui, Elizabeth était restée presque totalement immobile depuis sa première visite à l'infirmerie. Pas un mot n'était sorti de sa bouche, et ce même si Lily s'en était sortie sans répercussions et n'avait plus besoin que de se reposer. C'était même délicat de savoir si Elizabeth respirait, tant elle était discrète, éteinte, malgré le fait qu'elle soit l'un des sujets principaux de la conversation.
Elle était assise par terre, les genoux contre sa poitrine et le menton sur ses genoux, ses épaules entourées par les jambes de Remus, assis sur le lit derrière elle. Délicatement, il lui tressait et dé-tressait les cheveux, à la fois pour occuper ses mains et détendre sa meilleure amie, une chose qu'il était parvenu, avec le temps, à maîtriser.
Remus n'aimait pas ce genre de situations. Pas parce qu'il avait un camp à choisir (non, Remus choisirait toujours celui d'Elizabeth, puisque jamais elle n'aurait été et ne serait capable des atrocités dont elle était accusée), mais parce que les gens criaient, et qu'Elizabeth, elle, ne parlait pas.
Parce qu'Elizabeth passait son temps à parler, et, quand elle ne le faisait pas, son corps, son aura prenait le relais. Elizabeth était la personne la plus bavarde que Remus avait eu le plaisir de rencontrer. Peut-être était-ce ce qu'il aimait tant chez elle, ce son sans consistance mais pourtant bien présent. Ce son sans consistance qui avait tendance à se faire discret, depuis quelques temps.
Non, ce son sans consistance ne pouvait en réalité pas être la raison pour laquelle Remus aimait Elizabeth, sinon, cette flamme se serait amoindrie avec le temps, et elle ne faisait alors que le contraire.
Sirius avait la tête posée contre l'une des jambes de Remus, son regard bloqué sur le plafond, tandis que ses méninges s'étaient saisis d'épées en carton et de boucliers en papier et combattaient ardemment dans son crâne. Il aurait dû en avoir quelque chose à faire, de cette situation. Mais, à la place, sa conversation avec Peter obscurcissait ses pensées.
Il était tellement simple pour Sirius de vivre sa vie, de justifier certaines de ses actions en utilisant son passé, ce qu'il avait vécu, cette séparation entre le bien et le mal qui faisait partie de sa vie comme le faisaient les chaussettes pliées de Remus -pourquoi diable ce garçon pliait-il ses chaussettes?-. Il était tellement simple pour lui de mal agir et de se faire pardonner en un claquement de doigt sous prétexte que sa situation familiale était... spéciale; et, dorénavant, il savait que Peter avait tout autant d'excuses que lui pour faire la même chose. Mais jamais Peter ne l'avait fait, et jamais Peter ne le ferait-il.
Alors, qu'est ce qui faisait que Sirius et Peter, malgré leur vie s'étant avérée plutôt similaire, réagissaient si différemment? Pourquoi aurait-il été légitime pour Sirius de faire des bêtises et d'être un tant soit peu indemnisé (parce que Merlin savait les punitions qu'avaient reçues les élèves ayant fait un tiers de ce que Sirius avait fait -il avait déjà entendu parler de colles dans la forêt interdite?!-), et pas Peter?
Sirius se sentait horriblement mal, et une partie de lui ne pouvait s'empêcher de se dire "Ma vie a tout de même été pire que la sienne", même s'il savait que c'était incorrect de sa part de penser une telle chose, de comparer leurs traumatismes pour chercher à se légitimer. Et cette idée faisait que Sirius se sentait encore plus mal.
Non, Sirius n'arrivait pas à se concentrer sur la dispute qui avait lieu devant ses yeux, tant il rêvait de l'interrompre pour prendre Elizabeth -James et Remus n'étant pas au courant de la situation de Peter, il aurait donc été injuste de la part de Sirius de leur dire sans son accord- à part et lui expliquer ce qu'il ressentait. Il savait qu'elle écouterait et qu'elle comprendrait. Elle le faisait toujours.
"J'ai cru qu'elle allait mourir, Peter!", éclata réellement Marlène, sa voix soudainement criarde faisant sursauter tout le monde, même Elizabeth, dont les yeux s'attachèrent tout de suite au visage de Marlène. "Tu ne comprends pas- Qu'est-ce que tu- Imagine si ça avait été James! Si tu avais vu l'un d'entre nous déposer quelque chose dans sa chambre juste avant- juste avant que tout dérape! Qu'est-ce que tu aurais pensé, hein, Peter?
-Alors j'aurais été mort avant d'imaginer que mes amis puissent faire une chose pareille!", explosa Peter, les yeux écarquillés par la stupéfaction. Il posa le dos de son index sur le creux de son nez avant de remonter sa main pour s'essuyer le front, rendu humide par l'énergie que se disputer lui prenait. Mais était-ce vraiment la dispute? Tous dans la salle semblaient mourir de chaud -tous, sans compter Elizabeth, assurément, même si une goutte de sueur glissait de son front. "Mort parce que je sais que rien ne les aurait fait trahir leur ami; mort parce qu'ils auraient eux-mêmes choisi la mort plutôt que de faire quelque chose de la sorte à un de leurs amis les plus proches!
-Je crois que je vais vomir.", murmura Elizabeth avant de plaquer sa main sur sa bouche et de se lever, se dirigeant vers la sortie. Remus fut le premier -et le seul- à la suivre, dégageant délicatement mais précipitamment la tête de Sirius de sa cuisse pour pouvoir se tenir debout.
Marlène les regarda partir, les yeux pleins de larmes, tandis que Peter soupira d'exaspération avant d'attraper sa petite sacoche et de partir vers son dortoir, ne lançant un regard en arrière que pour dire à Sirius de le suivre.
"Tu sais que tu n'as pas le droit d'aller dans les toilettes des filles, pas vrai?", questionna Elizabeth, d'une voix terne et sans émotion. Elle entendit Remus tenter de pouffer depuis en dehors de la cabine.
"Je n'ai pas le droit d'aller dans le dortoir des filles non plus, et c'est pourtant ce que je fais depuis que je te connais.
-J'ai vraiment une mauvaise influence sur toi.", constata-t-elle en essuyant sa bouche avec un bout de papier toilette, d'où rien d'autre que de la salive n'avait daigné sortir. Après avoir fermé la lunette des toilettes et tiré la chasse, elle s'asseyait par terre, le dos contre la paroi séparant sa cabine de celle juste à côté.
"Je sais que c'était censé être une blague, mais j'espère que tu sais que c'est faux.", Elizabeth redressa la tête pour regarder la porte de sa cabine, comme si elle pouvait voir Remus commencer à s'assoir contre celle-ci. "Je pense que je n'ai jamais autant été moi qu'en étant avec toi. Je pense que c'est pour ça que je n'avais pas vraiment envie que tu rencontres mes amis, avant cette année.
-Tu ne voulais pas que je rencontre tes amis?", ricana Elizabeth, les joues rougies par l'affection qui lui était donnée. Il n'était pas rare que Remus et elle parlent sentiments. Il était rare, par contre, qu'ils le fassent sans être l'un en face de l'autre, et peut-être était-ce pour cette raison que, cette fois-ci, aucun des deux n'avaient la force de se retenir. Remus la suivit dans son rire, une épingle de joie traversant son coeur en voyant que ses mots ravivaient sa meilleure amie.
"Non. Et même, il n'y a pas si longtemps que ça, avoue avoir été jaloux de tous ces gens de qui tu te rapprochais.
-Même Clément?
-Surtout Clément.", acquiesça-t-il, même si elle ne pouvait le voir. "C'est juste que... Tu es ma personne, Li. Celle contre qui je ne peux jamais être réellement énervé, celle avec qui je n'aurais jamais pensé être ami avant de réaliser que tout le temps passé sans te connaître a été comme... perdu, celle qui apporte une constante positive dans ma vie et dont je ne me séparerais pour rien au monde.
-Oh, Rem...
-Et je pense que c'est pour ça que j'ai si peur de te dire la vérité.", la coupa-t-il en reniflant. Elizabeth entendit ses jambes trainer sur le sol, et elle n'eut aucun doute sur le fait qu'il s'était recroquevillé sur lui-même, comme elle ne l'avait déjà vu faire qu'une fois auparavant, après son énorme dispute avec Sirius, l'année précédente. "Parce que je redoute plus que tout que tu prennes peur que tu t'éloignes, et que je redevienne quelque chose que je ne suis pas, que je perde cette partie de moi que j'ai mis tant de temps à trouver. Je suis une abomination, Li, je suis le monstre des livres pour enfants, et j'essaie-", sa voix se brisa, et il renifla bruyamment, "Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour me soigner, mais plus le temps passe, et plus je me dis que c'est impossible.
-Remus.", commença Elizabeth d'une voix attendrie, "Remus, tu es la meilleure personne qu'il m'ait jamais été permis de rencontrer. Tu te souviens quand je t'ai raconté ce qu'il m'était arrivé? Tu m'as laissé parler, répéter les mêmes idées encore et encore parce que tu savais que mettre des mots sur ce que j'ai vécu avait m'aider. Jusqu'à ce que je t'en parle, je pensais être ce monstre dont tu parles, et je pense encore l'être parfois. Mais tu sais ce qui me fait revenir à mes sens? C'est toi, Rem. Parce que tu ne m'as jamais vue comme ce que j'avais peur d'être. Et c'est réciproque. Jamais rien ne pourrait me faire te renier, et-
-Je suis un loup-garou."
Elizabeth se tut un instant, ses yeux ancrés dans le sol, tandis que ses sourcils se froncèrent. Une partie d'elle rêvait de la faire sauter de joie, fêtant le fait que cette intuition qu'elle avait eu pendant si longtemps, et qu'elle avait si longtemps repoussées, se soit avérée être vraie. Mais qui était-elle pour ôter son moment à Remus?
Etrangement, Elizabeth n'était pas vexée qu'il ne lui en ait pas parlé plus tôt. Qu'est ce qui aurait assuré au garçon qu'elle n'allait pas crier au loup, qu'elle n'allait pas s'éloigner de lui en le laissant dans son malheur? Pour être honnête, elle pensait même qu'il avait été sage de la part de Remus d'attendre. Il fallait dire que, l'année où Elizabeth avait dit son secret à Remus avait été l'année du nouveau décret du ministère sur les loups-garous, augmentant cette peur de quelque chose qui n'avait jusqu'alors paru être qu'un mythe chez tous les sorciers, Elizabeth comprise. Elle-même n'était pas sûre de comment elle aurait alors réagi, n'étant encore qu'une jeune adolescente encore impressionnable et immature.
Non, Elizabeth était fière de Remus, fière du chemin qu'il avait parcouru, fière du courage dont il avait du faire preuve pour lui confier son secret. Ces mots si simples littéralement mais si durs à dire avaient, sans le vouloir, renforcés une amitié qui avait semblé impossible à fortifier davantage, et, alors, Elizabeth compris que, peu importe qui entrait dans sa vie, qui en sortait, tant qu'il était là, tout irait bien. Il était sa personne, autant qu'elle n'était la sienne.
Cependant, n'entendant pas de réponse de la part de sa meilleure amie, Remus imagina le pire, et un sanglot s'échappa de sa bouche, puis un autre, et encore un autre, jusqu'à ce que ses pleurs ne résonnent comme la pluie qui tombe. Bientôt, il fut secoué par des hoquets les plus puissants les uns que les autres.
"Oublie, Elizabeth, oublie tout, je t'en supplie!", bégaya-t-il, ses mots difficilement déchiffrables. Elizabeth se redressa rapidement, et fit de son mieux pour atteindre la serrure de la porte. "J'ai menti, c'était faux, je-"
Brusquement, la porte s'ouvrit, et Remus tomba dans les bras d'Elizabeth, son corps tremblant comme une feuille. Il n'osa même pas la regarder, et tenta de cacher son visage avec une de ses mains, mais fut bien vite arrêté. Elle le serrait dans ses bras. Remus était enlacé comme il ne l'avait jamais été, dans un étreinte qui voulait à la fois dire "Je comprends" et "Tout va bien se passer".
"Merci de me l'avoir dit, Rem. Je t'aime tellement."
Et Remus sut que, en effet, tout allait bien se passer.
Hello! désolé pour l'attente mais je suis en plein dans ma période de bac, et c'est complicax de tout gérer! Ce chapitre peut être un peu différent des autres, parce que je prends normalement le temps de faire un second jet dans la foulée, mais j'ai décidée de ne pas le faire en cette occasion, de peur de trop tourner autour du pot. j'avais besoin que les émotions soient crues et brutes (j'imagine que vous comprenez pourquoi). cependant, si vous pensez que j'aurais pu ajouter quelques trucs, n'hésitez pas, et signalez le moi! je reprendrai ce chapitre avec plaisir!
en tout cas, j'espère qu'il vous aura plu, n'hésitez pas à me donner vos avis en commentaire! merci pour tout votre soutien, j'écris la suite dès que possible! (j'ai déjà quelques pistes!!!)
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