𝘊𝘏𝘈𝘗𝘐𝘛𝘙𝘌 𝘘𝘜𝘈𝘛𝘖𝘙𝘡𝘌 - pot de colle
LES MARAUDEURS avaient l'habitude qu'on guette leur arrivée dans la Salle Commune des Gryffondors. Après tout, ils étaient le quatuor le plus connu de Poudlard. Cependant, ils ne s'en rendaient pas spécialement compte, puisque c'était généralement des inconnus intéressés par leurs nouvelles aventures, ce qui faisait qu'ils ne s'attendaient pas réellement à ce qu'une de leurs connaissances le fasse, ce jour là.
Ils avaient passé une des après-midis les plus normales à Pré-au-Lard, respectant leur routine consistant à absolument ne rien prévoir et aller où bon leur semblait, pour au final toujours passer chez Honeydukes, puis aux Trois Balais, si ce n'était pas La Tête de Sanglier, qui était bien moins fréquenté et, malgré les quelques bagarres qui pouvaient y éclater, bien plus calme, comme d'habitude.
James avait parlé de Lily, comme d'habitude, sauf que, cette fois-ci, c'était pour se maudire de lui avoir porté préjudice. Mais alors, pour changer de d'habitude, la preuve que James s'était ouvert au monde qui l'entourait s'était enfin faite remarquer : à mis chemin dans son récit de l'évènement que tous avaient vu, le nom d'Elizabeth glissa de ses lèvres. Certes, c'était pour dire qu'elle était censée être la cible de sa mauvaise blague, mais c'était déjà beaucoup. Et puis, même si Remus avait taquiné James sur le sujet, il était quelque peu heureux de remarquer que, pour une fois, il suivait ses conseils.
Tout sembla revenir un minimum à la normal quand ils repartirent de la ville pour aller à leur dortoir. Passant le portrait de la Grosse Dame, qui paraissait avoir passé trop de temps avec le Baron Vignard étant donné son air ivre, ils commencèrent à avancer vers le canapé situé pile en face du feu, celui qui semblait magiquement être libre à chaque fois qu'ils désiraient s'y assoir. En général alors, Remus commençait à rédiger le travail pour la semaine suivante, quand ce n'était pas James -oui oui, James- qui le faisait.
Mais, tout le monde semblait l'avoir remarqué, rien n'était plus comme d'habitude depuis un petit bout de temps, déjà. Alors, à la place de tomber face à leur canapé vide, ils y virent quatre filles, leurs quatre filles : Lily -encore couverte de paillettes-, Elizabeth, Marlène et Dorcas. S'ils étaient arrivés ne serait-ce que dix minutes plus tôt, ils n'auraient alors trouvé que Dorcas et Elizabeth, l'une parlant dans le vide tandis que l'autre maugréait, les bras croisés et son pied tapa le sol dans un rythme rapide, sans oublier de lancer des regards vers l'entrée toutes les dix minutes piles.
Pas grand chose avait changé en dix minutes, chez Elizabeth en tout cas : Dorcas, elle, ne parlait plus dans le vide puisque Lily et Marlène l'écoutaient, observées dans son récit de son après-midi.
"Et là, Colin s'est mis à lui parler, comme s'ils se connaissaient depuis des lustres. Il lui a fait la discussion, à elle!", s'écria d'ailleurs une nouvelle fois Dorcas, se laissant tomber contre le dossier du canapé, un air ahuri sur le visage. "Enfin, 'lui parler', s'il avait pu faire plus, il l'aurait fait! Il flirtait carrément avec elle.", ajouta-t-elle dramatiquement, attirant l'attention d'Elizabeth (qui ne vit donc pas les maraudeurs rentrer). "'Oh, à ce soir ma douce Elizabeth Luck! Ces quelques heures sans toi ne seront que trop longues, ma petite hors-la-loi préférée!'
-Oh Dorcas! Il n'a jamais dit ça.", objecta Elizabeth se laissant finalement emporter complètement dans la discussion, lâchant son premier sourire depuis le retour des gradins.
Elizabeth avait été bouleversée d'apprendre ce qu'elle allait devoir faire durant sa colle. En effet, elle avait l'habitude des détentions avec McGonagall (pas autant que Potter ou Sirius, certes, mais déjà bien assez). En général, il était demandé d'elle qu'elle nettoie simplement une salle, qu'elle retransforme quelques objets en animaux ou animaux en objet, ou même -mais c'était seulement lorsque McGonagall était de bonne humeur, ce qui arrivait plus souvent qu'on pouvait le penser- Elizabeth avait-elle le droit de s'occuper des serres (celles qui contenaient des plantes inoffensives, bien-sûr, sinon Elizabeth n'aurait pas fait long feu).
Mais non, à cause de la blague de Remus et Peter -qu'elle devait avouer trouver splendide à contre coeur-, elle allait devoir passer des heures à renommer des ingrédients de potion, et ça avait le don de la mettre en rogne. Il n'y avait aucun but lucratif à cette activité! C'était juste barbant et long.
Alors oui, Elizabeth boudait comme une enfant depuis qu'elle avait appris en quoi allait consister sa détention. Enfin, jusqu'à ce que Dorcas ne mentionne leur après-midi, ou encore, comme elle l'avait si 'bien' décrit, 'le moment avec le plus de sexual tension' qu'elle n'avait jamais vu.
"Il n'a pas dit ça? Comment ça, 'il n'a pas dit ça'?", s'emporta Dorcas en se levant, sa silhouette imposante étendue devant Elizabeth, qui ne put s'empêcher de pouffer. Levant les mains en l'air, elle s'avoua vaincue : "Bon, accord. Il n'a pas dit ça au mot près. Mais il l'a pensé si fort que le stade entier a pu l'entendre, Eli!", elle la pointa du doigt. "Je te préviens, quand tu auras un hamster et trois enfants avec le Colin Jordan, je veux être marraine.
-Du hamster ou des enfants?
-Je veux dire, après tout, vous ne vous êtes rencontrés que parce que je t'ai forcée à m'accompagner à leurs essais.", Dorcas fit mine ne pas avoir entendu les mots d'Elizabeth pour continuer de conter ses contes merveilleux.
"Excusez-moi mesdemoiselles, ai-je bien entendu les noms de Eli et Colin Jordan dans la même phrase?", s'exclama une voix grave de derrière elles, le dossier du canapé s'affaissant sous le poids de quelqu'un.
Elizabeth se retourna d'un coup, comme si on l'avait appelée, ses genoux sur le canapé pour faire face à Sirius. Celui-ci sourit légèrement, comme pour lui montrer qu'il était celui qui avait prit la parole (même si il n'y avait eu aucun doute là dessus), mais fut déçu rien remarquant que les yeux bleus d'Elizabeth n'étaient pas posés sur lui, malgré le fait qu'il soit la personne la plus proche d'elle. Il observa par la suite la brune sauter au dessus du canapé, un air contrarié sur le visage dont il fut soulagé de ne pas être la cause, avant d'avancer en furie vers le portrait de la Grosse Dame, d'où Remus et Peter sortaient, rigolant ensemble.
"Colin Jordan, uh? Depuis quand tu t'allies avec l'ennemi, Floc'?", une voix avec un accent de Liverpool à couper au couteau l'arrêta dans son chemin en se positionnant juste devant elle, un sourire malicieux sur les lèvres. Voyant qu'elle ne répondait pas, il poursuivit : "Alors ces élections? Contre qui vais-je devoir-"
James fut coupé par le regard énervé d'Elizabeth vers lui. Il fronça les sourcils, intrigué : avait-il dit quelque chose de mal? Il ne dit rien quand elle posa sa main froide sur sa poitrine pour le décaler de sa route. Le garçon sautilla légèrement en se décalant vers le droite, et, tout comme Sirius, commença à la suivre du regard.
Elizabeth s'approcha de Remus -pas étonnant quand on cachait qu'elle était bien plus proche de lui qu'elle ne l'était de Peter, et qu'elle était plus à l'aise à l'idée de le réprimander lui plutôt que de réprimander Remus-, et posa son doigt sur son épaule pour le pousser légèrement en arrière. Il ne suffit à Elizabeth que de voir l'expression d'incompréhension sur le visage de Remus pour qu'elle n'ait plus envie de le provoquer. Il fallait dire que, même si il était l'un des plus grands pranksters de Poudlard, il était aussi une personne avec un aura calmante qui semblait toujours fonctionner sur Elizabeth.
Seulement, Elizabeth ne pouvait pas ne pas le tenir responsable des conséquences de ses actions. Elle avait beau l'aimer de tout son coeur et lui adresser une confiance aveugle, une bêtise était une bêtise, et il était temps que Remus s'en rende compte. Certes, elle-même en faisait beaucoup et n'était que peu punie, mais Remus en faisait encore davantage, et réussissait toujours à se cacher derrière son étiquette de "préfet parfait" pour éviter les colles.
"Betty?", fit Remus d'une voix basse, si basse qu'on aurait cru avoir à faire à un chuchotement. Il fixa ses yeux dans ceux d'Elizabeth, tentant de l'amener à parler.
"Remus Lupin.", Remus serra les dents. "J'espère que tu es fier de toi. Et toi aussi, Peter Pettigrew!", les deux garçons se regardèrent, sachant très bien que cette colère avait un lien étroit avec ce qu'ils avaient fait le matin même, dans la salle de Potion. C'est pourquoi ils furent un poil surpris quand ils entendirent un nom familier dans les mots d'Elizabeth. "Vous êtes incroyables. Vraiment in-croy-ables. J'ai parlé avec Colin, et-
-Mais qu'a-t-il fait pour que tu l'appelles pour son prénom, et pas moi?", pipa James depuis le canapé. Il donna un petit coup de coude à Sirius, s'attendant à ce qu'il rigole à son intervention, mais à sa grande surprise, rien n'en fut.
Cependant, une autre réaction fut provoquée : à la grande peine de James, Lily -qui n'avait surement pas remarqué la présence de James jusque là, trop divertie par le spectacle qui jouait devant ses yeux- se leva brusquement dès qu'elle l'entendit pour, sans lui lancer un regard, monter les escaliers vers son dortoir. Pour une fois, James laissa couler, pinçant seulement les lèvres, avant de se concentrer sur la dispute d'Elizabeth, dispute sur laquelle Marlène et Dorcas semblaient commencer à prier.
"Deux gallions sur Eli. Elle est badass.
-Tu ferais mieux de me les passer maintenant.", se moqua Dorcas en tendant sa main, provoquant un air interrogatif sur le visage de Marlène. "C'est de Remus qu'on parle.
-Et alors?", Dorcas regarda Marlène comme si elle était folle, avant de soupirer.
"Elle l'aime trop, il va sûrement faire un truc trop mignon comme il a l'habitude de le faire, et elle va lui pardonner tandis qu'on va tous déprimer de ne pas avoir une relation comme celle de ces deux là dans notre vie."
SI Elizabeth avait entendu la discussion, elle ne fit rien pour le montrer, même si un fin sourire connaisseur naquit pendant une demi-seconde sur ses lèvres avant de mourir. James, l'ayant remarqué, ricana discrètement.
"Colin m'a dit que votre petite blague avait provoqué une inondation dans la salle de Potion.", les garçons se regardèrent. "Bilan, la colle de ce soir va consister à ré-écrire les noms des ingrédients sur leur récipient. J-", elle s'arrêta, les yeux écarquillés, avant de se reprendre. "Potter, Sirius, venez remercier vos meilleurs amis!", ordonna-t-elle. Les deux applaudirent lentement des mains, prenant part au jeu.
Remus, au contraire de Peter, perdit bien vite l'expression paniquée et effrayée dans ses yeux, et sourit de toutes ses dents en passant son bras autour des épaules d'Elizabeth. Elle haussa alors les sourcils, souriant faussement en le retirant. Elle croisa les bras sous sa poitrine, la déception et la colère se reflétant comme un mirage dans ses traits.
Peter la regarda, se grattant la nuque de culpabilité. Oh, comme il détestait être réprimandé! Il avait l'impression que le monde allait lui tomber dessus. Il murmura un petit "Désolé" à briser des coeurs, en face duquel Elizabeth ne put que lui adresser un petit haussement d'épaules indifférent, tentant de ne pas briser sa couverture (même si elle le voulait, déjà ennuyée par la dispute qu'elle avait débutée).
"Moi qui pensait que Tweedledee et Tweedledum ici présents étaient les plus aptes à créer une situation qui rendrait notre heure de colle encore plus barbante, voilà que j'apprends que la bêtise que vous, crétins que vous êtes-", mais Elizabeth fut une nouvelle fois coupée par un rire calme de Remus, qui posa sa grande main derrière sa tête pour l'attirer vers lui et déposer un petit baiser sur son front froid, conscient que ça la calmerait.
Derrière, on put entendre les inspirations étonnées de tout le monde, sauf de Dorcas, qui tendit simplement la main pour que Marlène y dépose son argent. Celle-ci leva les yeux au ciel et sortit son porte-monnaie le plus lentement possible, grimaçant quand, quelques secondes plus tard, il fut allégé.
"La prochaine fois, ne te fais pas attraper à faire des bêtises.", lui répondit-il malicieusement, accompagnant ses mots d'un petit clin d'oeil qui la força à lui frapper l'épaule. Il ricana, avant de s'arrêter, se tournant pour regarder les deux petits sacs bien peu remplis qu'il avait posés en voyant Elizabeth se précipiter vers lui quelques minutes plus tôt. "J'ai failli oublier! Je t'ai acheté un cadeau.
-Un cadeau?", s'étonna-t-elle. "En quelle occasion?", le garçon haussa les sourcils face à la question, un sourire fier sur les lèvres, tandis qu'il tendait un petit sac en papier brun à sa meilleure amie, qui grimaça. Elle savait que Remus n'avait pas souvent d'argent de poche et que, quand il en avait, il préférait économiser pour acheter les cadeaux d'anniversaire ou de Noel de ses amis. Alors certes, recevoir un cadeau de Remus en dehors de ces occasions était touchant, et Elizabeth, qui adorait recevoir des petites attentions (même si elle les préférait immatérielle), ne pouvait cacher totalement son excitation, mais elle se sentait tout de même mal de n'avoir rien à lui offrir en retour (elle se promit de penser à lui durant sa prochaine sortie en ville).
Elle attrapa alors les petites cordes du paquet. Depuis le canapé, personne ne pouvait voir ce que contenait le sachet, si bien que seul Elizabeth Remus et Peter (les deux derniers et leurs énormes sourires étant les seuls choses visibles) le pouvaient. Tous ceux qui ne faisaient donc pas partie du trio furent donc surpris au plus haut point quand ils virent Elizabeth sauter dans les bras de Remus, dont le sourire s'agrandit encore, tandis que le sachet tombait au sol, dévoilant une myriade de plumes en sucre.
Remus ne fit pas attention aux regards interrogateurs de Sirius et James, les deux n'étant visiblement pas encore habitués aux nombreuses preuves d'affection du duo, au contraire de Dorcas, qui se sourit à elle-même. Marlène, elle, découvrait pour ce qui lui semblait être l'une des premières fois l'amitié dont Elizabeth parlait tant à Dorcas dans le dortoir, en fin de journée.
"J'ai vu que tu volais les plumes de rechange de Lily depuis que Lestrange t'a volé la tienne.", expliqua Remus, se baissant pour poser sa tête sur l'épaule d'Elizabeth. "Encore en colère?
-En colère?", rigola Elizabeth, retirant son visage du pull de Remus. "Rem, comment je pourrais rester en colère quand tu me fais des coups comme ça? Bien sûr que non, je ne suis plus en colère!", les oreilles rougies par l'excitation, Elizabeth se détacha de Remus, et reprit les anses de son sachet pour l'ouvrir, en montrant le contenu à Dorcas, comme si il valait de l'or. James, pas habitué à ne pas recevoir d'attention, en profita pour prendre la parole.
"Alors il a le droit à un câlin parce qu'il t'as acheté des plumes en sucre ? Bloody hell, Elizabeth! Contre quoi pourrais-je avoir un baiser?", la taquina-il en s'approchant d'eux, les mains dans ses poches. Il tenta un regard vers elle, curieux de voir si elle avait remarqué l'utilisation de son prénom à la place de 'habituel 'Flocon', mais non. Elizabeth pouffait simplement, tapotant du bout de ses doigts son menton pour faire mine de réfléchir.
"Un baiser, Potter? Voyons... Tu ne l'auras que si, lors des essais de Quidditch de Gryffondor, tu trouves meilleur que moi parmi les nouveaux participants.
-Ouh, je n'ai jamais eu autant hâte de te voir te rater.
-Et je n'ai jamais eu autant hâte de lire la déception sur ton visage, Cornedrue.", ricana Sirius avec un petit éclat de rire. Elizabeth lui lança un regard interrogateur, auquel il répondit d'un petit mouvement de main, lui indiquant de ne pas s'en faire. Après tout, que cela apporterait-il à la discussion de dire que, en seconde année, lui et Remus s'étaient rendus sur le terrain de Quidditch pour discuter, et qu'ils y avaient trouvé Elizabeth qui, malgré son jeune âge, volait drôlement bien?
"Eli a bien plus de ressources qu'elle n'en a l'air.", Remus ajouta. Elizabeth le remercia d'un hochement de tête, avant de froncer les sourcils, offusquée.
"Que je n'en ai l'air?", demanda-t-elle, frappant -encore- l'épaule de Remus, qui la poussa légèrement pour la faire tituber. En retour elle lança le sachet de plumes à Dorcas pour le mettre à l'abri, avant de remonter ses manches, comme si elle allait se battre avec Remus, provoquant un petit rire de celui-ci, qui l'imita pendant que Peter s'éloignait légèrement, allant prendre une place à côté des filles -qui faisaient déjà un nouveau pari- sur le canapé.
De son côté, James hocha la tête pensivement, un petit sourire jonglant sur ses lèvres. Son regard était fixé sur Remus et Elizabeth -comme ceux du reste de ses amis-, enfin, jusqu'à ce que Sirius, lui tapotant l'épaule, ne le force à se retourner vers lui. Alors, James lui fit face, seulement pour tomber sur le visage perdu, étonné au plus haut point de Sirius.
"C'était quoi ça?", Sirius le questionna-t-il en un murmure, comme si c'était un secret qu'il ne pouvait pas partager. James fronça les sourcils, l'incompréhension se lisant sur ses traits, ce qui força Sirius à lever les yeux au ciel en expliquant, imitant la voix de James : "'Contre quoi pourrais-je avoir un baiser?'
-Oui, et bien?", répondit James et haussant les épaules, reportant son visage sur Remus et Elizabeth. "C'est pour rire, Sirius.", souffla-t-il, avant de rajouter plus bas : " Y'a toujours Lily."
Sirius ne répondit pas, déjà replongé dans ses pensées. Effectivement, il y avait toujours Lily.
Comme si la journée n'avait pas déjà été assez mouvementée, Elizabeth reçut un hibou, une bonne vingtaine de minutes avant son heure de colle. Enfin, ceci n'aurait pas été si dérangeant que ça si le hibou n'avait pas surgi dans son dortoir, ouvrant grand la fenêtre qui avait été mal fermée, déposant des plumes partout dans la pièce. Le hibou fonça sous le nez d'Elizabeth, la faisant éternuer en chatouillant malencontreusement son nez, pour déposer un petit mot sur ses genoux, avant de refaire un tour de la pièce (déposant encore plus de plumes au sol), et de repartir en vitesse.
Marlène était la seule à être restée dans le dortoir avec Elizabeth, l'écoutant se plaindre encore et encore de la corvée qu'était l'heure de colle qu'Elizabeth allait devoir subir. Les deux autres filles s'étaient déjà enfuies on-ne-savait-où, clamant d'aller jouer aux échecs autre part.
En voyant le mot se poser sur les jambes de son amie, Marlène sembla se réveiller, et sauta presque sur Elizabeth afin d'attraper ce qui semblait être un bout de parchemin apparemment déchiré d'un devoir d'Astrologie, si on croyait les mots écrits au dos. Elizabeth ne prit même pas la peine de répliquer pour reprendre ce qui lui avait été volé, puisque les yeux de Marlène survolaient déjà le message.
"Pitié, dis moi que c'est un mot d'un admirateur secret, ou bien une énigme quelconque de la part d'un vilain ayant... je sais pas moi, kidnappé mon chat!", demanda désespérément Elizabeth en battant des cils, souhaitant seulement apprendre quelque chose qui la sortirait de l'ennui qu'était l'idée d'être coincée dans une salle de Potion des heures durant. Marlène pouffa, lui lançant le papier dessus.
"Désolé de te décevoir.", fit-elle dramatiquement, avant de reprendre un visage excité. "Par contre-
-Oh, c'est de Colin.", remarqua Elizabeth après avoir parcouru du regard le papier, ses yeux s'étant d'abord bloqué sur le rédacteur. La surprise pouvait se lire sur son visage : pourquoi avait-il pris la peine de lui écrire? Elle eut la réponse en lisant l'écriture hâtive du garçon. Cependant, avant qu'elle ne puisse rajouter quoi que ce soit, Marlène s'offusqua de la réaction bien trop simplette d'Elizabeth :
"Comment ça 'Oh, c'est Colin'? Un peu plus d'enthousiasme! C'est le Colin Jordan qui t'a envoyé un message, qui est, je te le rappelle, non seulement le meilleur ami d'Erwin Shadows, mais aussi l'un des garçons les plus charmants de Poudlard!
-Mar-
-Et il n'a eu que deux petites amies dans toute sa vie! C'est probablement la meilleure personne avec qui tu pourrais sortir- derrière Erwin, bien sûr-.
-Wow wow wow, avec qui 'je' pourrais sortir?", rigola Elizabeth, s'allongeant de travers sur son lit. Marlène lui lança un regard pour la faire taire, et continua :
"Ce Colin Jordan t'as même envoyé son hibou personnel juste pour te dire d'amener tes bottes en colle, parce que, apparemment, l'eau de la blague des garçons est ensorcelée et ne s'évapore pas coup d'Evanesco? Crois moi quand je dis que c'est un signe.
-Je ne veux même pas savoir comment tu sais tout ça sur lui.
-Tu en saurais autant -et même davantage- si tu t'intéressais plus au monde qui t'entoure.", Elizabeth se releva brusquement face aux mots de Dorcas, les sourcils froncés.
"Eh! Je m'intéresse au monde!
-Tu ne t'intéresses de que ceux qui s'intéressent à toi en retour.
-Et pour l'histoire Lily-Severus?
-Bon, il y a quelques cas spéciaux.", pouffa Marlène, avant de recevoir un oreiller frais sur le visage. Après s'être calmée, elle se reprit : "Je rigole. Tout ce que je dis, c'est que Colin est l'un des phénomènes de Poudlard, et, pourtant tu n'as pas l'air de t'en rendre compte."
Elizabeth, dorénavant levée, se dirigea vers son placard, tirant un tiroir pour dévoiler une paire de bottes en caoutchouc -celles qu'elle utilisait généralement en cours de soin aux créatures magiques ou lorsqu'elle allait chez Hagrid-. Elle les sortit, les observa pour s'assurer qu'elle n'avaient aucun dégât de sa dernière sortie, avant d'attraper sa baguette pour les rapetisser et les fourrer dans la poche de son pantalon d'uniforme, qu'elle avait revêtu en revenant du terrain de Quidditch.
Il y avait deux raisons pour lesquelles Elizabeth avait enfilé ce pantalon. Premièrement, il était obligatoire de porter son uniforme pendant les heures de colle (enfin, il était conseillé de le faire si 'son ne voulait pas se prendre une heure de plus), et un pantalon était bien plus confortable qu'une jupe. Ensuite, il lui était conseillé de porter des pantalons à cause de son problème -il valait mieux que son corps ait trop chaud plutôt qu'il n'ait trop froid, après tout-, et, même si elle ne suivait d'habitude que très peu ce conseil, elle avait jugé que c'était plus propice compte-tenu des conditions de la colle. Il valait mieux couvrir son corps le plus possible quand elle était tant entourée d'eau, n'est-ce pas?
"C'était le première fois qu'il m'adressait la parole, aujourd'hui.", remarqua Elizabeth. "Pas vraiment un signe, si tu vois ce que je veux dire.
-Même si c'était la première fois, il te connaissait!
-Tout le monde me connait.", répliqua prétentieusement Elizabeth en se redressant, avant de se faire frapper l'arrière de la tête par Marlène. "D'accord, pardon.", se frottant le crâne pour faire partir la douleur, elle redevint attentive aux mots de Marlène, qui reprit comme si de rien n'était :
"Il a même remarqué que tu étais amie avec James alors que, soyons honnêtes, tu passes à peu près un millimètre de ton temps libre avec lui ! Donc oui, Eli, c'est un signe. Si j'avais été dans une position comme la tienne -en remplaçant Colin Jordan avec Erwin Shadows, bien sûr-, j'aurais déjà sauté sur l'occasion.
-Je ne suis pas intéressée. Pas pour l'instant, en tout cas.", sourit une dernière fois Elizabeth, s'ennuyant déjà de l'acharnement de Marlène. En temps normal, elle était quelqu'un avec qui Elizabeth adorait passer du temps, mais elle apprenait qu'il fallait mieux ne pas l'approcher quand ça concernait les garçons (sauf si on voulait être persuadé que le monde entier était attiré romantiquement par nous). Alors la colère montant en elle lentement, Elizabeth décida qu'elle valait mieux s'en aller. "Je dois aller payer le prix de mes péchés.", déclara-t-elle gravement, une main sur le coeur. "JE vous raconte -à toi et aux autres- tout en rentrant. Si je rentre un jour!
-T'as dit 'pour l'instant'!", cria une dernière fois Marlène, forçant Elizabeth à lever les yeux au ciel avant de sortir, claquant sans le faire exprès la porte derrière elle. Cependant, sans qu'aucune des deux filles ne s'en rendent compte, un petit flocon de neige apparut de nulle part, suivant une trajectoire ondulée pour finir au sol, fondant assez rapidement.
D'après les prédictions d'Elizabeth, elle aurait pu arriver dans la salle de Potion à l'heure, même en marchant. Enfin, ceci était véridique si et seulement si Peeves ne pointait pas le bout de son nez crochu pour lui faire la discussion et la leurrer dans de mauvais escaliers comme il avait l'habitude de le faire. Elle aurait su faire partir des camarades ou amis voulant l'aborder, mais "j'ai un heure de colle, je dois me dépêcher" ne marchait jamais avec un esprit frappeur. Et Elizabeth Luck, même si elle l'avait été le matin même, détestait être en retard.
Elle détestait être en retard presque autant qu'elle ne détestait les cours de Divination, et qu'elle ne trouvait intéressant l'étude des nombres à la base des sorts étudiée et Arithmancie. Elle détestait être en retard autant qu'elle ne détestait être dérangée lorsqu'elle observait les étoiles dans la nuit sombre, en Astrologie.
Elizabeth, après avoir descendu toutes les marches des escaliers menant à son dortoir, avait été surprise en ne trouvant personne dans la Salle Commune des Gryffondors. Elle s'était dit que, peut-être, James et Sirius l'avaient attendue avant de partir, et qu'ils auraient ainsi pu partir ensemble et risqué d'être en retard ensemble (parce qu'il était évident pour elle que, s'ils n'étaient pas là, c'était qu'elle s'était trompée sur l'heure et qu'elle était en retard). Mais non, aucun des deux n'étaient présents, et ne se questionna même pas sur pourquoi James et Sirius, les deux garçons respectant le moins les règles, seraient partis avant elle. Elle aurait très bien pu aller jeter un coup d'œil dans leur dortoir (qu'elle connaissait parce qu'elle avait déjà accompagné Remus chercher un de ses manuels), et aurait alors découvert qu'ils étaient en train de faire la liste des meilleurs sortilèges qu'ils pourraient utiliser à Halloween.
Attrapant rapidement les pans de sa robe pour ne pas trébucher dessus, Elizabeth accéléra progressivement le pas, avant de se mettre à courir, les battements de son coeur semblant s'accorder au rythme dissonant de ses pas. Des fines gouttelettes de sueur, froides et opaques, glissaient sur sa peau, rougie par l'effort, tandis qu'elle dévalait les multiples escaliers l'un après l'autre, craignant de tomber à chaque pas.
Elizabeth soupçonnait Poudlard d'augmenter sa superficie lorsqu'elle était attendue quelque part (et c'était sûrement vrai, connaissant le château). Le chemin qu'elle avait l'habitude de faire, et qui lui prenait normalement seulement une dizaine de minutes sembla lui durer une demi-heure (même si, en réalité, elle n'était partie que deux petites minutes plus tôt). Le fait était que les escaliers, fidèles à eux-même, n'en faisaient qu'à leur tête, la forçant à changer plusieurs fois le chemin qu'elle empruntait.
Alors Elizabeth, qui pensait connaître Poudlard comme elle connaissait les doigts de sa main, passa devant une myriade de portes qu'elle n'avait jamais aperçues auparavant. Même si son coeur était brisé de laisser tomber tant d'opportunités d'exploration, elle ne pouvait pas se permettre de le faire, puisqu'elle savait qu'elle en oublierait le passage du temps, et louperait totalement sa colle. Donc Elizabeth tenta de mémoriser sa position, de se situer dans Poudlard pour revenir au même endroit, le lendemain, se promettant de s'y perdre tout le temps qu'elle avait.
Cependant, elle fut forcée de s'arrêter lorsqu'un bruit sourd retentit dans ses oreilles, résonnant dans un couloir de pierre semblant plus vieux que le temps lui-même, à ce qui semblait quelques mètres de sa situation finale. Elizabeth sursauta d'abord, la peur lui montant brusquement à la gorge. Mais, Gryffondor qu'elle était elle se dirigea vers le bruit à pas de loup, observant les deux portes fermées en bois vieillot couvertes de feuilles qui décoraient un mur de l'allée.
BAM
L'une des portes trembla en sentant Elizabeth s'approcher, et elle fut presque sûre d'entendre un morceau du bois craquer. Elle avala difficilement sa salive, et son regard vola autour d'elle. Elle remarqua alors quelque chose d'étrange : pas une seule fois, dans ses six années d'étude et d'amusements à Poudlard, elle n'avait fait attention à ce couloir. Non, elle ne l'avait même jamais vu. C'était comme si il avait juste apparu, allongeant le couloir de base qui menait à la salle de Potion.
BAM
Elizabeth n'avait jamais senti son coeur battre aussi fort, et pourtant, elle avait vécu bien des situations qui l'avaient accéléré, comme quand Remus avait trébuché et était tombé au-dessus d'elle, en troisième année. Ou bien lorsque les sujets des Buse's lui avaient été transmis, l'année précédente. Néanmoins, dans ces différentes situations, elle savait pourquoi son coeur battait si vite. Cette fois-ci, elle était perdue. Elle ne savait plus ce qu'elle ressentait : de l'effroi, de l'excitation? Seul Merlin le savait, et encore, il était possible que lui-même se le demande. Sans qu'elle ne sache pourquoi, sa main fut comme guidée vers la poignée de la porte, s'apprêtant à la tourner.
BA-
Étrangement -et à la plus grande joie d'Elizabeth-, le bruit cessa d'un coup sec, au moment précis où sa main froide effleurait la poignée de la porte. Elizabeth fit un saut en arrière, plus surprise par l'arrêt brutal du bruit que par son commencement. Elle inspira profondément, tentant de se donner la force pour ouvrir cette mystérieuse porte d'un coup, mais un tapotement sur son épaule la fit s'arrêter, la forçant en même temps à crier un cri de terreur qui s'était probablement fait entendre dans tout le château.
"Moi qui pensais que la valeur principale des Gryffondors était le courage! Tu es pourtant bien craintive.", éclata de rire Colin. Il tenta de mettre sa main sur sa tête pour lui secouer les cheveux, mais Elizabeth fit mine de rire aussi pour l'éviter, en profitant aussi pour essuyer rapidement les larmes de peur qui s'étaient formées malgré elle dans ses yeux. Pour ne pas qu'il se rende compte de ses gestes, elle enchaina, le poussant légèrement avec son épaule.
"Idiot! J'aurais pu faire une crise cardiaque avec tes bêtises.
-Une crise cardiaque? Vraiment?", sourit-il en croisant les bras.
"Vraiment.", répondit-elle le plus sérieusement possible.
"Je voulais juste aller dans la salle de Potion,", se défendit-il finalement, "mais tu étais déjà là, hésitante à ouvrir la porte. Je pensais que te surprendre aurait été drôle.", il plia ses genoux pour placer son visage en face de celui d'Elizabeth. "Désolé de t'avoir effrayée.", Colin posa sa main sur le visage d'Elizabeth pour la pousser en arrière, comme elle l'avait fait tant de fois à James. Désirant éloigner sa main de son visage, elle fit un pas en arrière, avant d'écarquiller les yeux.
"Ouvrir- quoi?", ses yeux paniqués balayèrent ses environs, pour enfin découvrir qu'elle était belle et bien devant la porte de Potion. Dans ce cas là, que s'était-il passé quelques secondes seulement plus tôt? Avait-elle simplement imaginé tout ce qu'il s'était passé? Elizabeth était heureuse d'avoir beaucoup d'imagination, certes, mais elle n'était pas sûre que son esprit soit capable de tant. Était-elle en train de devenir folle?
Le cours de ses pensées fut interrompu lorsque Colin, après avoir rigolé -faute de savoir quoi répondre-, ouvrit la porte. Il posa une main dans le creux du dos d'Elizabeth pour la pousser doucement en avant, la laissant admirer l'étendue des dégâts. Un flot d'eau apparut alors sous ses yeux sans pour autant la toucher. C'était comme si une plaque de glace l'empêchait de sortir de la salle, sauf qu'il n'y avait rien de matériel qui pouvait bloquer Lizabeth ou Colin d'entrer, et que si l'un d'entre eux donnait un coup de pied dedans, ce serait seulement pour se retrouver trempé.
À l'oeil, Elizabeth estimait que le niveau d'eau atteignait facilement ses chevilles, et ensevelirait ses pieds sous l'eau si elle osait entrer sans enfiler ses bottes. Enfin, même si elle leur en voulait pour leur blague, elle devait avouer que jamais Remus et Peter ne s'étaient autant surpassés que pour ce coup là.
"J'imagine que j'ai bien fait de te dire de prendre tes bottes, hein Eli?",elle hocha la tête, ne notant même pas l'utilisation du surnom (ce qui parut satisfaire grandement le garçon qui baissa la tête avec un sourire ), sortant de se poche sa paire de bottes rétrécie pour les agrandir. "Tu veux savoir quelque chose d'amusant?", Elizabeth pinça les lèvres, tapant dans ses mains :
"N'importe quoi qui pourrait m'amener le sourire.
-Je suis sûr que n'importe quel professeur aurait pu se débarrasser facilement de toute cette eau.
-Alors pourquoi ne le font-ils pas?", demanda-t-elle d'une petite voix, accroupie pour enfiler ses chaussures. Ses yeux étaient relevés vers Colin qui la fixait déjà, supprimant un petit rire attendri, le remplaçant par un grand sourire.
"Slughorn... Slughorn n'est plus trop apprécié des autres professeurs. Surtout depuis qu'il a omis de les inviter à sa spéciale fête de nouvel an, l'année dernière.
-Celle où Nicholas Flamel était invité?
-Exactement.
-Mais je ne comprends pas... personne n'aime aller aux fêtes de Slugh.", grommela-t-elle en levant les yeux au ciel. Colin claqua des doigts avant de la pointer.
"Encore une fois, exact. Sauf que les fêtes de Slugh ne sont pas vraiment des fêtes. C'est plus des gros... get-together entre les personnalités du monde magique. Y être invité, c'est être quelqu'un, même si c'est pour ne pas y aller au final.
-Donc en n'invitant pas les autres professeurs, Slughron leur a fait comprendre qu'aucun d'entre eux n'était assez important pour lui?", il lui sourit en ouvrant la bouche, près à lui couper la parole pour en venir à sa conclusion, mais elle parla avant lui. "L'invitation elle même est plus importante que tout le reste!
-C'est une métaphore."
Ce fut au tour d'Elizabeth de sourire, attachant ses cheveux auparavant tressés pour faire une queue basse, avant de hocher la tête, compréhensive. Le fait était qu'elle ne pouvait pas entièrement comprendre le ressenti des professeurs, de part parce qu'elle avait toujours été invitée aux fêtes de Slughorn pour elle ne savait quelle raison (mais probablement parce qu'il avait été, comme tous les autres professeurs, mis au courant de son 'problème', puisqu'à chaque fois qu'il la rencontrait en soirée, il la questionnait sur celui-ci), et d'autre part parce qu'elle n'avait jamais vraiment ressenti le besoin de se sentir importante aux yeux de quelqu'un d'autre que sa famille, ou de ses amis les plus proches. Mais elle imaginait que, oui, ça faisait toujours plaisir de se sentir apprécié, surtout quand on était un professeur. De savoir que son travail était apprécié. Peut-être parviendrait-elle à convaincre les maraudeurs de l'aider à mettre quelque chose en place pour eux, un jour? C'était une idée à envisager.
Se redressant complètement, elle mit enfin une botte dans l'eau, et retint un couinement de surprise, qui se transforma en un éclat de rire, lorsque son pied s'enfonça dans le liquide en un petit 'plouf'. Colin, son corps ombrant celui d'Elizabeth, la poussa délicatement à l'intérieur avant de la suivre à l'intérieur. Les jambes de son pantalon étaient remontées en de petits ourlets, semblables à ceux que les parents de Remus avaient fait lorsqu'ils les avaient amenés à la pêche un an plus tôt.
Levant et abaissant lourdement ses pieds, ses orteils s'accrochant à la semelle de ses bottes pour ne pas qu'elles s'enlèvent de ses pieds, Elizabeth se dirigea vers l'immense bureau de Slughorn -il paraissait pourtant bien plus petit lorsque le professeur était derrière, nota Elizabeth-, où jonchaient la plupart des pots contenant les ingrédients, ceux dont Elizabeth, Sirius et James allaient s'occuper. L'autre partie était posée sur deux de la demi-douzaine de tables utilisées par les élèves, de toute évidence séparée équitablement pour les trois collés (mais Elizabeth se doutait qu'elle allait devoir s'occuper d'un quart de chacune des deux autres tables).
"Les étagères peuvent vraiment contenir tout ça?", ronchonna Elizabeth en observant à tour de rôle les étagères vides et les tables. Elizabeth avait déjà vu la plupart des ingrédients de la salle en se baladant près des boutiques sur le chemin de traverse, et, sans noter le coût de tout cela, elle avait l'impression de s'y retrouver, tant les stocks étaient abondants.
Son doigt effleura innocemment un petit flacon, soupirant de soulagement en remarquant que les anciennes étiquettes, celles qui avaient sûrement été détruites par les dégâts des eaux, avaient été enlevées. C'était déjà une chose de moins à faire! Ceci eut don de réduire sa mauvaise humeur : elle qui avait imaginé devoir gratter une à une toutes les étiquettes, sauvant par la même occasion ses ongles, qu'elle avait mis tant de temps à faire pousser en s'empêchant de les ronger!
Lui rappelant la raison de sa venue, Colin tapota l'épaule d'Elizabeth afin qu'elle se retourne vers lui, avant de lui intimer de commencer à écrire le nom des ingrédients, posant juste à côté d'elle un énorme livre censé l'aider, un sourire compatissant remplissant ses fines lèvres.
Il ne lui fallut que deux petites minutes pour qu'il ne commence à s'ennuyer, et se mettre au travail, tentant de faire s'évaporer l'eau. Il avait été vaguement mis au courant de la condition d'Elizabeth -le strict nécessaire seulement, c'était d'ailleurs pour cela qu'il lui avait intimé de prendre des bottes, même si l'envie de lui faire une bonne impression avait aussi beaucoup jouée-, et il craignait qu'elle ne tombe malade, ou même que l'eau qui les entourait n'aggrave son problème.
Cela faisait une bonne dizaine de minutes déjà que le duo avait débuté leur besogne. Colin tentait par tous les moyens de mener à bien sa petite mission personnelle, lançant des sortilèges quelconque vers l'eau, en inventant parfois quelques-uns qui n'avaient pas d'effet, sans oublier de jeter de temps à autres des petits regards vers Elizabeth. Il la trouva à tourner les pages du livre sagement, trouvant en moins de deux ce qu'il fallait pour écrire de son écriture cursive -que Colin se retrouva à envier- sur des petites étiquettes, avant d'utiliser sa baguette pour les coller sur chaque fiole. Elle procédait à une vitesse étonnante, mémorisant rapidement chacun des noms des ingrédients et ayant trouvé son rythme de travail.
Quelques minutes de plus, et la porte de la salle de Potions s'ouvrit dans un grand fracas, claquant contre le mur, pour dévoiler deux garçons au visage rendu rouge par leur grande course. Leurs pieds se plantèrent tout de suite dans l'eau, à la grande hilarité de Colin. Ils étaient sur le point de se fondre en excuse en même temps mais, seulement, l'eau s'infiltrant dans les chaussures pour mouiller leurs chaussettes les arrêta. Si Sirius maugréa un instant, il se rappela bien vite que la blague était signée Remus et Peter, et sourit fièrement, tandis que James, à ses côtés, avait déjà enlevé chaussettes et chaussures et retroussé son pantalon, un sourire amusé en coin.
Cependant, lorsque James releva sa tête en replaçant ses lunettes, son sourire fana d'un coup. Pourquoi Colin Jordan était-il présent avec eux? C'était impossible qu'il ait reçu une heure lui aussi, il était trop un élève modèle pour cela. Avait-il suivi Elizabeth jusqu'ici pour lui 'parler' (si on suivait la version de Dorcas, c'était davantage 'draguer') comme il lui avait fait dans le terrain de Quidditch plus tôt ?
Ses mains mouillées retombèrent contre ses habits, et il chercha du regard Elizabeth qui était dos à eux, bien trop vouée à sa tâche pour avoir remarqué leur magnifique arrivée. James remarqua ensuite qu'elle portait des bottes de pluie -tout comme Colin-, ce qui signifiait sûrement que l'un des deux avait prévenu l'autre. Qu'est-ce que cela pouvait signifier?
"Désolé pour notre retard-", commença tout de suite Sirius, prenant une mine gênée. Il chercha un mensonge convaincant dans le coin de sa tête, avant d'affirmer : "-Peeves nous a retardé. Qu'est-ce que le grand Colin Jordan fait en colle avec trois pauvres Gryffondors comme nous?", si le sarcasme coulait de la bouche de Sirius, James fut soulagé en comprenant qu'il n'était pas le seul à s'interroger sur la raison de la présence de Jordan.
Au son de la voix de son ami, Elizabeth se retourna, d'abord une fois, assez rapidement, retournant bien vite à son travail, avant de se retourner entièrement, semblant s'être rendu compte qu'ils étaient bien là. Les manches de la chemise d'Elizabeth étaient remontées jusqu'à ses coudes, ses mains couvertes d'encre, et son visage encadré par des mèches de cheveux qui s'étaient échappées de sa queue de cheval. Elle s'appuya sur le bureau derrière elle en gardant la bouche fermée, les lèvres collées à cause de ce bon quart d'heure sans parler. Lorsqu'elle ouvrit finalement sa bouche, la peau de ses lèvres qui semblaient jusqu'alors avoir été scellée se décolla délicatement, attirant le regard de chacun des garçons sur ses lèvres pêches (mais était-ce étonnant? Les hormones de l'adolescence étaient forcément une des causes principales de cette action).
"Il est préfet-en-chef, genius.", fit-elle presque méchamment avant de sourire, laissant entrevoir ses dents. Elle leur montra les autres tables de la tête. "Allez faire votre corvée à la place de rester là. J'ai beau avoir presque fini ma table-
-Déjà?", s'exclama Colin, lançant un regard vers son travail. En effet, il restait moins de la moitié des fioles à étiqueter. Cependant, il se doutait que le travail serait bien plus lent avec les deux autres Gryffondors présents.
"-Il reste encore beaucoup de travail.", finit-elle. "Et Monsieur le batteur ici présent-", Colin se redressa en entendant son nom, étonné. "-n'a même pas eu la décence de m'aider.
-Eh! J'essayais de te débarrasser de cette eau, si tu veux savoir.
-Il n'y avait qu'à demander.", elle lui fit un clin d'œil, avant de chuchoter à elle-même. "Connaissant Remus, ça doit être quelque chose comme... Nolite Riddikulum."
Aussitôt, l'eau s'envola dans la direction imposée par la baguette levée d'elizabeth, tout le monde la suivant des yeux, pour retourner vers le tableau d'où elle provenait, qui avait d'ailleurs arrêté de cracher du liquide depuis quelques heures déjà, avant de disparaitre tous deux.
"Eh, t'aurais pu le faire plus tôt!", s'exclama Colin en éclatant de rire. En même temps, James sortit :
"Eh, c'est le même sort que celui pour inverser un Riddikulus!
-Tout juste, Potter.", sourit-elle en sa direction. "Et si vous m'aidiez, maintenant qu'il n'y a plus rien dont on devrait se soucier?"
Les adolescents se mirent au boulot en grommelant, chacun se dirigeant vers une table, tandis qu'Elizabeth se retourna vers son bureau. Colin décida de s'assoir sur le bureau, d'ailleurs, ou plus précisément sur un angle où nulles fioles ne se trouvait. D'ici, il pouvait facilement garder un oeil sur Sirius et James pour s'assurer qu'ils travaillaient correctement, cela tout en restant à proximité d'Elizabeth. Alors, l'eau de la salle n'étant plus un problème, son occupation principale fut de faire la discussion à Elizabeth.
Sauf qu'Elizabeth, elle, avait bel et bien quelque chose dont elle devait se soucier. Certes, elle appréciait la compagnie de Colin, mais, son esprit étant d'ores et déjà divisé entre sa détention et ce qu'il s'était assez avant sa détention, il ne restait plus de place pour distraire un de ses camarades. Il fallait dire qu'Elizabeth avait décidé de refuser de croire en son hypothèse qu'elle avait tout simplement halluciné. Après tout, elle était à Poudlard. Lors de sa première année, elle croyait aussi tout halluciner. 'Hallucinatoire' était probablement l'un des seuls mots pouvant convenablement décrire Poudlard, surtout pour une née-moldue : les escaliers bougeaient, les fantômes parlaient, les murs avaient des oreilles, le bâtiment entier avait une âme... Face à tout cela, face à toutes ces choses les unes plus incroyables que les autres, des 'hallucinations' étaient très peu probables.
Alors oui, Colin tentant de lui parler la dérangeait un poil, mais elle faisait de son mieux pour lui faire une petite place dans son esprit (en tout cas juste assez pour l'écouter et lui répondre convenablement). Lorsque le sujet détourna sur le Quidditch, seulement, elle ne fut plus la seule à écouter l'éternel bla-bla de Colin.
"D'ailleurs, à la fin de l'entrainement, Harry m'a parlé de toi.", commença Colin, l'ombre d'un sourire sur ses lèvres. Il ne savait que trop bien que la nouvelle allait égayer Elizabeth. "Il m'a demandé si tu allais revenir nous voir.", il fit une pause, voyant les regard d'Elizabeth s'éclairer. "Je dois avouer que je me pose la même quest-
-J'espère que tu n'as pas oublié que tu dois nous faire une démonstration de vol aux essais, Eli.", le coupa James, joignant innocemment la conversation. Sirius leva les yeux au ciel, sans s'empêcher de sourire. Il savait que son interruption ne signifiait rien d'énorme (à chaque fois qu'il fallait intimider des joueurs d'autres équipes, il trouvait des techniques insolites), mais c'était toujours amusant d'assister à cette scène.
"Oh?", fit Colin, ses yeux divaguants entre Elizabeth et James. Sirius profita de son questionnement pour s'imposer, décidant d'aider (ou d'enfoncer?) James :
"Disons que c'est normal que tu aies hâte.", fit-il en faisant un clin d'oeil à son meilleur ami, avant de regarder Colin pour lui expliquer le fond de sa pensée : "Il a beaucoup à gagner si elle s'avère être nulle.
-J'espère qu'il n'aura pas trop à perdre dans le cas contraire. Je tiens d'Erwin qui tient de Rowan que-
-Je vois que tu te renseignes sur moi, trésor.", pouffa sarcastiquement Elizabeth, attirant des regards étonnés sur elle. Se rendant compte du surnom utilisé, elle rougit atrocement, toussant dans sa main en se faisant toute petite. Instinctivement (mais il fallut tout de même attendre quelques secondes durant lesquelles personne ne parla et qui faillirent forcer Elizabeth à aller s'enterrer dans le sol), Sirius se plaça à côté d'elle et mit son bras au dessus des ses épaules pour l'attirer contre lui. Alors, elle posa sa tête contre son épaule carrée, s'y cachant presque.
"C'est pas très compliqué.", déclara Sirius en souriant contre le crâne froid d'Elizabeth, après avoir ôté une plume de hibou qui semblait s'être logée dans ses cheveux (il lutta contre le frissonnement qui voulait le parcourir de peur qu'Elizabeth ne le détecte et se détache automatiquement de lui). "De se renseigner sur Elizabeth, je veux dire. Rien qu'hier, j'ai entendu Dorcas crier de rage qu'il fallait qu'elle se débarrasse de -je cite- ses 'foutus carnets avant qu'elle n'y mette feu'.
-Pour revenir au sujet initial.", fit Colin, préférant apparemment changer de sujet -c'était compréhensible-, "Je serai présent aux essais. Pour voir comment tu t'en sors.", Elizabeth secoua ses mains dans tous les sens :
"C'est vraiment pas la peine!
-Mh mh. Dans tous les cas, quand je le dirai à Rowan, elle voudra trainer Erwin dans les gradins, et Erwin m'entrainera moi."
Rowan était la définition même d'une bonne personne. Malgré son excitation constante, elle semblait ne pas pouvoir s'empêcher de supporter toutes ses connaissances, et cela marchait aussi avec Elizabeth, qui n'était pourtant que son ancienne collègue de travail. Et, en échange, même si Elizabeth ne connaissait pas tant Rowan que cela, elle ne s'était jamais plainte de la trouver sur son chemin, notamment parce que Rowan était un véritable rayon de soleil. Elle apportait joie, allégresse et beau temps avec elle.
"On retourne au travail.", trancha James entre ses dents, semblant frustré. Et pour être frustré, il l'était : comment pouvait-il en apprendre davantage sur Elizabeth Luck, l'amie de Lily, si un idiot de Serdaigle la collait comme une vieille sangsue?
Finalement, leur colle avait été des plus amusantes. Après cette lourde discussion, l'ambiance était vite redescendue, et Sirius parut se mettre à travailler bien plus vite. Au bout d'une demi-heure, pile quand Elizabeth finit de coller une étiquette sur sa dernière fiole, Sirius fit une grimace, avant de déclarer qu'il avait 'malencontreusement' 'mais son sourire amusé disait le contraire) mélangé la première et dernière lettre de chacun de ses petits papiers. Alors, même si Colin tenta de convaincre Elizabeth de partir (après tout, elle avait fini son travail à elle), elle avait décidé de rester et d'aider Sirius, allongeant de longtemps sa retenue.
Même si, le lendemain, elle se réveilla bien plus tard qu'elle ne l'avait prévu, elle était contente d'être restée : la fatigue montante dans le cerveau de tous avait réussi à les rendre dans un état tel qu'ils rigolaient à tout et n'importe quoi. Depuis, Elizabeth redoutait encore moins colles, surtout si c'était en compagnie de ses amis.
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