𝘊𝘏𝘈𝘗𝘐𝘛𝘙𝘌 𝘕𝘌𝘜𝘍 - création de relation(s) [1/2]

LA soirée sembla arriver bien trop vite, si vite qu'Elizabeth n'avait eu qu'à cligner des yeux pour la voir arriver. Elle était anxieuse, et c'était visible. Avant d'aller se coucher, Dorcas lui avait même demandé si Elizabeth ne préférait pas reporter la réunion à un autre jour, ou au moins monter avec elle au dortoir pour se calmer, mais Elizabeth avait refusé. Elle avait besoin de calme avant la tempête.

Elizabeth avait l'habitude de s'entrainer avec son meilleur ami, partageant avec lui erreurs, rires et apprentissage. Ses entrainements représentaient alors une période de détente qu'elle attendait durant des semaines entières. Elle doutait que passer quelques heures avec le meilleur ami de son meilleur ami, qu'elle connaissait à peine, soit aussi détendant. Par Merlin, la veille, elle avait encore du mal à retenir son nom! Désormais, elle pouvait le voir virevolter autour d'elle, la hantant presque.

Peter Pettigrew. Peter Pettigrew. Peter Pettigrew.

Ceci se répétant encore et encore, sans répit, lui rappelant sans cesse la réunion qui approchait à grands pas.

Elizabeth était presque seule dans la salle commune de Gryffondors, s'amusant à éteindre et rallumer le feu sans cesse, hypnotisant les septièmes années présents, comme à leur habitude. C'était devenu une tradition : chaque soir, des groupes de septième années s'alternaient afin de s'assurer que l'un d'entre eux serait le dernier à rester dans la salle commune. C'était une sorte de règle chez les Gryffondors, qui se perpétuait depuis aussi longtemps qu'Elizabeth pouvait s'en souvenir.

Elizabeth ne savait pas vraiment quel en était le but -et elle doutait qu'eux-même le sache-. Peut-être était-ce une manière de montrer une forme d'autorité? C'était possible. Après tout, ils étaient Gryffondors. Ce qu'Elizabeth savait, par contre, c'était que les regards insistants de ces élèves dans son dos, ajoutés au stresse de l'anticipation de son rendez-vous étaient sur le point de la rendre folle, et qu'elle était à deux doigts d'exploser.

Elizabeth n'avait pas l'habitude d'être tant sous pression. Après tout, cela arrivait seulement une fois par mois, lorsqu'arrivait la pleine lune. Et celle-ci brillant le ciel étoilé ce soir là était probablement la cause de toute son agitation.

La Gryffondor avait toujours été interloquée par les effets de la lune. Avant même d'avoir appris qu'elle était une sorcière, lorsqu'elle était enfant, sa grand-mère l'avait avertie des "pouvoirs de la pleine lune", et Elizabeth avait trouvé un certain intérêt dans ce sujet. Comment quelque chose de si loin pouvait agir sur tout le monde qui l'entourait? A chaque fois que la lune était pleine, tout était différent.

Remus, par exemple. Il avait un comportement étrange lorsque la lune se remplissait. Il avait un caractère explosif (contraire au personnage), semblait fatigué (accordé au personnage), et était souvent absent (contraire au personnage). Elizabeth avait décidé de ne pas le questionner sur ce sujet, malgré le fait qu'elle s'inquiète profondément pour lui. Cependant, elle avait décidé d'avoir une foi complète en lui, et de ne pas remettre en cause l'excuse du "problèmes de santé héréditaire". Après tout, elle non plus n'aimait pas qu'on la questionne sur sa condition, alors elle ne se voyait pas affliger ceci à l'un de ses meilleurs amis.

Et puis, il s'était passé autre chose de "différent", ce soir là. Quelque chose qui faisait que, entre deux allumage de feu, les yeux d'Elizabeth se décalaient vers la porte de la salle commune. En effet, trois heures plus tôt, elle l'avait vu s'ouvrir après avoir reçu une petite tape sur la nuque. Rien d'étrange, certes, jusqu'à ce qu'elle remarque que personne n'était passé derrière elle, et que personne ne passait par la porte.

Finalement, Elizabeth était toujours plus froide que d'habitude, lorsque la pleine lune arrivait. Pas niveau comportement, plutôt physiquement. Elle se demandait même comment Remus, Sirius et Lily n'avaient pas frémi en la touchant ce jour-ci, quand même ses propres parents l'avaient fait. C'était ainsi, d'ailleurs, qu'elle avait pu découvrir cette particularité, quelques mois avant, et, depuis, elle étudiait ce que cela pouvait signifier. Elle avait d'ailleurs espoir que cela l'aide à trouver un sort,  ou même un potion, capable de l'aider à se défaire de cette particularité.

C'était pourquoi, pendant qu'elle rallumait et éteignait le feu sans cesse, elle avait le nez plongé dans un livre à la reliure bleue, un livre qui semblait être si intéressant que même la personne aimant le moins lire déborderait d'envie de le dévorer. Ce livre provenait -simple détail qui avait son importance- de la réserve. Le rayon "magie noire", plus précisément. Le fait était qu'elle avait obtenu l'autorisation de Dumbledore lui-même de prendre ce livre. Elle n'avait eu qu'à se pointer à son bureau pour qu'il accepte. Une drôle de personne c'était, ce Dumbledore (mais elle n'allait pas s'en plaindre, au contraire).

Un carnet bordeaux était sur le bras du canapé, à la gauche d'Elizabeth, et, de temps à autre, elle plaçait sa baguette entre ses dents pour prendre des notes de son livre. Ayant rendu celle de Peter à son propriétaire -elle avait appris qu'il n'en avait pas d'autre, et qu'il en demandait une à ses voisins à chaque début de cours?-, elle utilisait la plume de rechange de Lily, qui était beaucoup moins abimée que celle de Peter, et semblait chantonner au contact du papier. C'était beaucoup plus agréable que le bruit de grattement de celle de Peter, mais Elizabeth était tout de même reconnaissante que le garçon l'ait aidé lorsqu'elle en avait besoin. rester concentrée sur son livre aidait Elizabeth à oublier sa réunion, même si ce n'était que pour quelques instants.

Elizabeth possédait beaucoup (trop) de carnets. Ses amis pensaient même que c'était un véritable miracle qu'elle se retrouve dans la pile de carnet qui jonchait dans son dortoir, dressés en une haute tour qui menaçait toujours de tomber, sans l'avoir jamais fait. Elle avait un carnet dans lequel elle écrivait ses cours de botanique (avant de les envoyer à sa grand-mère), un autre -celui qu'elle avait entre les mains- rempli de ses recherches concernant sa condition, encore un avec des idées de sortilèges... tout y passait. Elle en possédait même un dans lequel elle écrivait ses rêves (c'était le même qu'elle avait commencé pour son cours de Divination. Dorénavant, cependant, elle écrivait tous les rêves dont elle pouvait se souvenir à l'intérieur. Celui de la matinée y avait déjà été écrit, en attendant que Dorcas ne libère la salle de bain). C'était devenu une agréable petite habitude qui, en plus de l'aider à laisser ses mauvais -ou bons- rêves de côté pour se concentrer sur autre chose, lui permettait de lier certains rêves à certains événements, et de mieux se comprendre elle-même.

"Oi, Flocon!", elle se retourna, la baguette entre les dents, pour regarder qui l'avait interpellée. C'était Gary Lingleman, un garçon qu'elle connaissait seulement parce qu'elle l'avait aidée pour un devoir de Défense Contre les Forces du Mal l'année précédente (Remus s'était lui avait, encore une fois, fait des remontrances, parce que faire ceci lui avait fait "oublier" de faire son devoir d'Arithmancie)."Tu m'bats pour cette fois.", il lui tapota le crâne gentiment, un grand sourire aux lèvres. Elizabeth jeta un coup d'oeil vers où ses amis et lui étaient précédemment placer pour remarquer que, en effet, il était le dernier debout.

"Tu peux dire à tes amis que je suis partie dormir avant toi, si tu veux.

-Merci. J'fais d'ça not' p'tit s'cret.", il lui fit un clin d'oeil avant de bailler. "Tarde pas trop. J'me sent'rais mal si tu t'ram'nais 'vec des cernes à la mang'mort, demain.

-A vos ordre, chef.", elle lui sourit légèrement, et frappa dans la main qu'il lui tendait, avant de le regarder partir.

Voilà, c'était ce qu'Elizabeth préférait dans sa maison. La fraternité des élèves entre eux, c'était ce qui la rendait fière d'être Gryffondor. Elle ne connaissait pas tant Gary que ça (la dernière fois qu'elle avait entendu parler de lui, c'était quand Clément Scamender l'avait mentionné comme le 'garçon qui avait emmené un Niffleur à Poudlard pendant les vacances de Pâques'. Depuis, Gary avait une réputation de kleptomane, et il s'en amusait comme jamais, prétendant à tout bout de champ d'avoir volé quelque chose. Personne ne pouvait le blâmer : après tout, c'était sa dernière année à Poudlard, il avait bien le droit de s'amuser.).

Elizabeth leva la tête pour regarder l'horloge à la fausse fourrure de lion de la salle commune. Tout de suite, ses yeux s'écarquillèrent et un juron s'échappa de ses lèvres. Il était presque l'heure! Bon Dieu, elle n'avait pas l'habitude de partir seule : normalement, Remus restait avec elle jusqu'à l'heure fatidique (ou bien ils partaient en avance, trop excités pour attendre l'heure).

Elle fit un petit cercle avec sa baguette, envoyant ses affaires dans sa chambre en quelques secondes, lui enveloppa sa tête dans la capuche du sweat que Remus avait eu la bonté de lui laisser, et qu'elle avait gardé toute la journée. Elle ne s'était d'ailleurs rendu compte qu'elle le portait que lorsque Flitwick, qui l'avait rencontrée dans les couloirs après le cours de Métamorphose, l'a arrêté pour lui faire la remarque. Elle avait alors souri légèrement en levant légèrement le tissu épais du haut brun, montrant qu'elle portait bien son uniforme. En général, les élèves avaient droit à des avertissements mais, Elizabeth étant Elizabeth, Flitwick l'avait laissée partir avant de continuer sa route. Après tout, comme beaucoup -professeurs et élèves mélangés-, il adorait Elizabeth.

Elizabeth cacha sa baguette dans la poche ventrale du sweat en se relevant du canapé. Elle se trouva toute engourdie, et du s'étirer avant de remonter son pantalon noir en toile, celui qu'elle avait enfilé juste après être rentrée dans son dortoir, après le souper. Son style était plus que discutable (et, si elle avait croisé Dorcas, celle-ci l'aurait probablement fixé avec dégout), mais, pour ce qu'elle allait faire, elle privilégiait le confortable au beau.

Avant de se diriger vers la sortie, elle jeta un dernier regard au canapé, pouffant en voyant la trace que son corps y avait laissé.

"Si tu y étais restée une minute de plus, je pense que tu aurais fondu dedans.", remarqua la Grosse Dame dans un bâillement. "Eh, pourquoi diable sors-tu à cette heure-ci? C'est inacceptable, tout simplement inacceptable je-"

Elizabeth la coupa poliment, avant de dire le mot de passe. Avec un nouveau gémissement, la Grosse Dame décida de la laisser passer, mais "c'est la dernière fois!", avait-elle dit, comme pour toutes les autres fois. La porte enfin ouverte, la brune courut loin du tableau pour éviter d'être repérée par quiconque ayant possiblement entendu les gémissements suraigus du tableau. En temps normal, elle avait toujours Remus et son rôle de préfet pour alibi, mais comme il n'était pas là, elle doublait -non, triplait- les chances de se faire punir.


Elizabeth connaissait Poudlard comme sa poche. Elle connaissait les chemins les plus courts pour aller d'un point à un autre comme elle connaissait les plus longs. Elle savait quel portait était où, quelle tapisserie était à quel endroit, les salles cachées de Poudlard, et même la manière de penser des escaliers. Si elle avait appris les détails à l'aide de Remus, elle connaissait les bases grâce à sa première année à l'école de sorcellerie : souvent, lorsque ses yeux ne voulaient pas se fermer après le coucher du soleil, et que dormir état juste impossible, elle s'amusait à se balader, se fatiguer jusqu'à ce que le sommeil la rattrape. Une fois même, elle s'était endormie dans une salle, forçant Dorcas à sécher une heure de cours pour la retrouver (pas qu'elle se soit plainte).

Il était véridique de dire que, si la découverte du château semblant infini qu'était Poudlard et l'adrénaline pulsant en elle émerveillaient la Elizabeth de onze ans, cinq ans plus tard, rien n'avait changé. Elle se retrouvait encore à virevolter, courir, danser dans les couloirs comme une enfant, faisant pouffer deux-trois tableaux encore réveillés, comme une enfant. Elle ressentait toujours ce frisson de liberté lui parcourir les veines, et un sourire épanoui naître sur ses lèvres en caressant du bout du doigt les murs qu'elle connaissait comme sa poche.

Elle risquait gros : derrière chaque intersection pouvaient se trouver Rusard, un professeur ou même un fantôme, et pourtant, elle continuait de sortir, encore et encore. Il y avait quelque chose dans le fait de briser le règlement qui la rendait heureuse. Pour être tout à fait honnête, il y avait bien des fois où la peur avait pris le dessus, la forçant à rentrer tout droit dans son dortoir, lorsqu'elle entendait des chuchotements derrière elle mais se retournait pour ne voir personne, par exemple. Un peu comme ce qui s'était passé plus tôt dans la soirée, tiens. Cependant, rien de traumatisant au point de ne plus sortir n'était jamais arrivé (et heureusement!).

"Elizabeth Luck", cria une voix derrière, la faisant sursauter en pointant sa baguette en avant, prête à lancer un sort. Bien vite, cependant, elle baissa sa baguette en soupirant. "Qu'est-ce que tu fais toute seule dans les couloirs?", continua le propriétaire de la voix, les mains sur les hanches. Elizabeth secoua la tête, désespérée.

"Très drôle, Peeves", fit-elle en levant les yeux au ciel. Elle tenta de lui frapper l'épaule, oubliant un instant qu'elle ne pouvait pas le toucher étant donné qu'il était un esprit frappeur, et donc qu'il pouvait se rendre immatériel à souhait. "J'ai vu le Baron Sanglant, aujourd'hui. Si tu me déranges trop, je peux toujours partir le chercher.

-Ah! Bien tenté, mais tout le monde sait qu'il t'effraie autant que moi.", se vanta Peeves en donnant une pichenette au nez d'Elizabeth, la faisant plisser les yeux en attrapant son nez.

"Aïe!

-Roh, ça va! Tu sais, je connais des morts qui ont plus d'humour que toi.", le fantôme arborait déjà un sourire malicieux, qu'Elizabeth ne put s'empêcher d'imiter malgré elle. Elle croisa les bras, et continua :

"Laisse moi deviner, ils sont à mourir de rire?"

Peeves éclata de rire, comme elle n'avait pas juste fini la blague qu'il avait commencée. Plusieurs tableaux leur crièrent dessus, ce à quoi Peeves répondit en tirant la langue et en rigolant encore plus fort. Elizabeth écarquilla les yeux : quel idiot! S'il continuait ainsi, elle risquait de se faire repérer par le concierge, ou pire! Par un professeur. Alors, pour le faire se calmer, elle demanda :

"On se retrouve avant mon cours d'Astronomie, comme d'habitude?", Peeves se calma, toussant dans son poing, envoyant quelques morceaux d'ectoplasme, semblable à de la morve, tout autour de lui.

"Vendu. Tous les jeudi, vingt trois heure, pas vrai?", confirma-t-il pendant qu'elle essuyait la matière visqueuse qui s'était étalée sur sa joue, avant d'hocher la tête. Elle avait beau adorer Peeves, il lui rappelait sans cesse -et sans faire exprès- sa véritable identité de farceur.

"C'est exact. Allez, oust maintenant!", ordonna-t-elle, avant de continuer avec un air hautain qu'elle semblait avoir emprunté à James Potter lui-même : "Je n'aimerais pas qu'on m'associe à... toi.

-Tu rigoles! JE n'aimerais pas être associé à toi!", s'offusqua Peeves, posant une main sur son coeur. Elizabeth leva les yeux au ciel, et lui fit signe de s'en aller. Le fantôme n'en fut que davantage choqué. "Comment oses-tu! Tu sais quoi? Quand tu verras des premières années couiner parce que quelqu'un leur a volé tous leurs sous-vêtements, tu te rappelleras de ton attitude avec moi.

-C'est ça, et je regretterai amèrement d'avoir osé tenir tête au grand Peeves!", ricana-t-elle.

Le fantôme la toisa du regard avant de s'envoler avec un geste obscène devant lequel Elizabeth rigola. Elle avait l'habitude de ce genre d'attitude de la part de Peeves. Parfois, elle avait l'impression que, contrairement à ce que son... corps (mais pouvait-on qualifier ceci de corps?) montrait, il n'était encore qu'un enfant. Cependant, elle ne se plaignait pas. Après tout, comme un homme français dont elle semblait avoir oublié le nom avait dit : 'Le monde est vieux, dit-on, je le crois, cependant/ Il le faut amuser encor comme un enfant.". Et il avait bien raison : Elizabeth ne savait pas ô combien triste serait son monde sans l'exténuant, intolérable, insupportable et désagréable Peeves à l'intérieur.

D'ailleurs,  peine fut-il parti qu'Elizabeth se sentit étrangement seule. Elle préférait, et de loin, la présence envahissante de Peeves plutôt que le silence glacé des couloirs.


Elizabeth ne mit pas beaucoup de temps à arriver au point de rendez-vous, et fut surprise d'y trouver Peter, arrivé avant elle. Elle n'avait pas l'habitude de voir un maraudeur (qui, qui plus est, n'était pas Remus) en avance à quelque chose. A moins qu'elle ait été celle qui était en retard? C'était aussi probable, étant donné l'heure tardive à laquelle elle était partie, et la rencontre qu'elle avait faite en chemin.

Elle fut quelque peu rassurée quand elle apprit que Peter n'était arrivé que quelques minutes plus tôt, ayant eu du mal à trouver la salle.

"Dis moi, pourquoi la salle de bain des préfets?", demanda le garçon innocemment, faisant la discussion tandis qu'Elizabeth semblait réfléchir à quelque chose. "Il y a une salle cachée, ou-

-Non.", le coupa-t-elle. Soudain, son visage rose sembla s'illuminer, et elle se pencha vers la porte pour lui chuchoter quelque chose. Un bruit sourd retentit, et les multiples cadenas fermant la porte s'ouvrirent un à un. Peter, lui, semblait à la fois émerveillé et offusqué.

"Attends, Remus t'as donné le mot de passe?", fit-il, voyant la porte ornée de décorations bleues, vertes, rouges et jaunes s'ouvrir d'un fin écart.

"Non.", répéta-t-elle. Peter fronça les sourcils, faisant plisser son nom. Elizabeth se tourna vers lui en voyant qu'il ne posait pas davantage de question, et remarqua son expression. Elle sourit légèrement, attendrie  par l'air de rongeur qu'il avait pris. Elle ne put s'empêcher de se pencher vers lui pour lui tirer délicatement la joue, comme on l'aurait fait à un enfant, faisait pouffer Peter malgré lui (qui fut surpris par la fraicheur qui s'insinuait en lui par l'endroit qu'elle touchait, aux antipodes de la chaleur qu'il avait ressenti jusque là, à être à proximité d'Elizabeth). Elle continua alors : "Non, Remus a beau enfreindre beaucoup de règles, il n'a jamais voulu me donner le mot de passe de la salle de bain des préfets.

-A nous non plus", marmonna Peter, avant de demander un peu plus fort : "Alors qui?

-Amos.

-Diggory? Tu es amie avec Diggory?

-Il est ami avec moi, Pete. Pas l'inverse.", à peine ces mots furent-ils sortis de la bouche pêche d'Elizabeth qu'un petit rire se fit entendre, ne sortant de la bouche d'aucun des deux adolescents présents. Aussitôt, Peter se mit à rigoler plus fort, les yeux écarquillés pour regarder tout sauf la brune en face de lui.

Après avoir lancé un regard confus au blond -et un coup d'oeil vers l'endroit où il semblait regarder, sans pour autant y voir personne-, Elizabeth s'avachit sur la porte, utilisant son poids pour la pousser. Ce fut au tour de Peter d'être confus, ne comprenant pas pourquoi la porte semblait si dure à ouvrir. Après tout, Elizabeth lui avait donné le mot de passe, n'était-ce pas assez?

Les rumeurs disaient que Poudlard avait une âme, et Elizabeth savait à quel point cette information était véridique. Tout le château était enchanté, doté de vie, que ce soit les murs, les escaliers, les peintures et même les portes. Alors, quand une personne qui n'était pas préfet tentait d'entrer dans la salle de bain réservée aux préfets, Poudlard le savait, et résistait de tout son possible afin de faire régner l'ordre et les règles. En temps normal, Elizabeth s'inclinait face à la force de Poudlard (qui était-elle pour se soulever face à une force si grande?). Cependant, les soirées d'entrainement n'étaient pas "en temps normal".

Elizabeth restera son étreinte sur sa baguette, un grognement ennuyé sortant de sa gorge. Peter déglutit difficilement, avant de tousser dans son poing, ses joues presque aussi rouges que celles d'Elizabeth. Il n'y avait aucun doute que, si les autres maraudeurs avaient été là, ils se seraient moqués de lui pour avoir eu une réaction si exagérée.

Elizabeth fit un petit pas en arrière, plaçant son bras sur le torse de Peter pour le faire reculer. Elle fit un mouvement de poignet, permettant à un jet jaune de sortir de sa baguette pour atterrir sur la porte, la claquant contre le mur, grande ouverte. Elle murmura un petit 'Pardon' -Peter ne sut pas si elle s'adressait à lui ou à la porte, jusqu'à ce qu'il voit la douceur avec laquelle elle attrapa la poignée de la porte pour, plus tard, la refermer derrière Peter, qui prenait son temps à rentrer-.

Peter semblait observer la salle avec surprise, et, même si c'était étonnant -voir suspect- qu'il s'intéresse autant à la pièce, Elizabeth le comprenait : c'était l'une des salles qu'elle préférait à Poudlard, grâce à, notamment, sa splendeur (et sachant qu'elle en connaissait beaucoup, ce n'étaient pas peu dire).

En effet, la salle de bain des préfets radiait de pureté. Un grand nombre de pierres précieuses de couleurs diverses étaient dispersées un peu partout, du sol jusqu'au lustre en passant par la baignoire et les fenêtres, et elle se reflétaient sur le carrelage blanc suite à la projection de la lumière de la pleine lune et de celle du chandelier -qui était accroché au centre du plafond de la salle-. Cela créait une multitude de petits arc-en-ciel ci et là, et faisait partie du charme de la salle.

Si la baignoire vide occupait beaucoup de place, la largeur de la salle de bain des préfets faisait qu'il restait encore beaucoup de place pour des activités diverses -tenir un cours en duo, par exemple-.

La seule chose gâchant ce calme divin était le tableau d'une sirène, accroché entre deux fenêtres. C'était le seul tableau présent dans la salle, et c'était assez compréhensible : il était dur de cohabiter avec. D'abord, il contrastait avec le reste de la pièce, mais la raison pour laquelle il n'y avait pas d'autres tableaux n'était pas si futile : en effet, si aux yeux d'un garçon, la sirène était douce, attrayante et même belle, aux yeux d'un fille, d'un fantôme ou d'un autre tableau, elle apparaissait sous son vrai visage, un visage tiré par une grimace de haine, avec des dents pointus comme pour croquer une prochaine victime et des yeux vides de toute émotion positive. Plusieurs fois, pendant ses entrainements avec Remus, Elizabeth s'était sentie obligée de mettre un voile dessus, intimidée par les yeux globuleux et sans vie de la sirène.

"Dis moi, c'est à la porte que tu t'excuses, ou à moi?", demanda Peter, toujours posté devant la porte ouverte. Il posa ses yeux sur Elizabeth qui sourit, habituée à ce genre de question. Elle lui fit signe de rentrer avant de répondre :

"À la porte. Je n'aimerai pas être en mauvais terme avec elle, tu vois? Après tout, Poudlard est...", sa voix se perdit dans la salle de bain, rebondissant sur les murs, et elle fronça les sourcils, un pli intrigué se formant entre eux. Elle n'arrivait pas à se dire si ce qu'elle venait de voir était réel, ou si son manque de sommeil lui faisait avoir des illusions.

Des jambes.

Elle avait vu des jambes apparaître puis disparaitre devant ses yeux, comme dans les tours de magie factices qu'on lui avait montrés durant son enfance chez les moldus.

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