𝘊𝘏𝘈𝘗𝘐𝘛𝘙𝘌 𝘋𝘐𝘟-𝘕𝘌𝘜𝘍 - le rouge et le bleu


ELIZABETH se sentit étrange en se réveillant, ce matin là. Pas mal, non, mais un étrange poids pesait dans sa poitrine, et elle avait du mal à mettre le doigt sur ce qui la dérangeait. Les autres filles étaient absentes, certes, mais c'était quelque chose d'assez habituel. Il fallait dire que, depuis qu'elle était devenue amie avec les maraudeurs, ainsi que Lily et Marlène, Elizabeth -qui se levait tout de même relativement tôt en période de repos, même si elle avait du mal à réussir à s'endormir-, avait l'habitude de se réveiller seule, puisqu'ils parvenaient -elle ne savait comment- à toujours se lever avant elle. Dorcas se joignait dorénavant à eux dans la matinée, et ils attendaient tous Elizabeth dans la Grande Salle, une assiette remplie et un café refroidi l'attendant patiemment. Elle avait de la chance quand elle croisait James ou Peter en descendant, puisque c'était le deux seuls se réveillant aux mêmes heures qu'elle et qui pouvaient par conséquent la rencontrer avant le petit-déjeuner.

Enfin, l'absence des filles ne semblait pas être la chose qui la dérangeait, même les discussions qu'elle avait avec Dorcas le matin, avant tout ça, alors qu'elle se réveillait à peine, commençaient à lui manquer. Non, ce fut après s'être redressée sur son lit et avoir cherché à tâtons ses lunettes sur son bureau qu'elle enfila, que Elizabeth comprit l'origine de ce poids. Attrapant un marqueur noir, elle se pencha vers son calendrier en soupirant, et fit une grosse croix dans la case du jour, le vingt-sept octobre.

Le jour de la lune rouge.

Elizabeth se massa les tempes, imaginant déjà tous les désastres qui pouvaient arriver à cause d'elle ce jour-ci. Après tout, quelques jours plus tôt, alors que la lune rouge n'était même pas encore dans le ciel, elle avait gelé tout son dortoir.

Les yeux d'Elizabeth se focalisèrent sur son calendrier, et elle lut sans lire toutes les petites notes qu'elle y avait marquées avec le temps : les rendez-vous, les devoirs importants à rendre, les anniversaires... Parfois même, pour ne pas les oublier, elle avait ajouté sur des petits papiers collés comme par magie sur les cases différentes choses qui s'étaient passé dans sa journée, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, afin de toujours s'en rappeler. Alors, à toutes les vacances d'été, elle prenait plaisir à tout relire et à tout re-visualiser, souriant à elle-même.

Ce fut en lisant ces papiers qu'Elizabeth se rendit compte d'une autre chose qui pouvait être à l'origine de son poids. Enfin, plutôt, elle se rendit compte que quelque chose n'apparaissait pas -ou plus- sur ses notes habituelles, quand cette chose occupait au moins une case par semaine des mois précédents.

Elizabeth se para le plus rapidement possible, attachant ses cheveux en une courte queue de cheval, et descendit jusqu'à la salle commune des Gryffondors. Elle avait l'air d'une maniaque, ainsi. Elle commença à se diriger vers le portrait de la Grosse Dame, s'apprêtant à sortir, quand une voix résonna derrière elle, parlant à ce qui semblait être des premières années. Une idée germa alors dans sa tête.

"Excusez moi, Sir Nick?", demanda-t-elle poliment, cachant le plus possible son anxiété. Le fantôme parut rayonner d'être appelé de la sorte, et se tourna vers Elizabeth, ignorant dorénavant totalement les deux premières années. Il se tourna vers Elizabeth avec un grand sourire sur les lèvres- sourire qui se fana lorsqu'elle ouvrit de nouveau la bouche : "Je me demandais si vous aviez vu Peeves, récemment?

-Peeves?

-Peeves. Cela doit bien faire deux semaines -si ce n'est plus!- que je ne l'ai pas croisé...

-Oh!", s'exclama le fantôme, mimant un sourire amusé. "Je ne m'inquièterais pas, si j'étais vous. Peeves a tendance à disparaitre lorsqu'il prépare ses coups.", il parut réfléchir. "Deux semaines me dites-vous... Sacrebleu, ceci va sans aucun doute être un de ses plus gros coups!

-Préparer un coup?

-Oui, mademoiselle.

-Préparer un coup, sans me prévenir? Peu probable.", conclut Elizabeth, les bras croisés, son visage reflétant sa profonde réflexion. Nick regarda Elizabeth de haut en bas et de bas en haut, les sourcils froncés, comme s'il cherchait quelque chose dans le fin fond de sa mémoire. Finalement, la surprise prit place sur son visage, accompagné d'une inquiétude presque imperceptible.

"Elizabeth Luck, me trompe-je?

-Pas un poil, sir.", acquiesça-t-elle.

"Et vous me dites que vous n'avez pas de nouvelles-

-Pas une seule, sir.

-Ce depuis bien longtemps-

-Deux semaines, sir.

-Ce depuis deux semaines.", se corrigea-t-il. Il tripota l'épaisse -mais courte- barbe qui ornait son menton, avant de marmonner : "Peu probable, en effet... deux semaines, c'est quand même très long... Je vais en parler aux autres fantômes, voir s'ils l'ont croisé... quoique... peut-être que c'est pour le mieux..."

Elizabeth fit de son mieux pour ne pas reprendre le fantôme, craignant que le froisser ne salisse leur relation, et qu'il 'omette' de venir lui donner des renseignements quant à la disparition de Peeves, si jamais il en avait. Alors, elle lui sourit d'un air adorable -et d'un air faux, mais cela passa sous le nez de Nick-.

"Merci bien, sir!", encore une fois flatté, le fantôme devint encore plus opaque qu'il ne l'était au préalable, ce qui était probablement la façon qu'avaient les morts de rougir. "N'hésitez pas à venir me voir pour me donner votre rapport!", elle commença à s'éloigner, lui faisant des petits gestes d'au-revoir. "Merci mille fois!"

Elle s'en alla alors, ne laissant pas le temps au fantôme de rajouter un mot de plus (mais qu'aurait-il eu à dire?). Dans les couloirs de Poudlard, le sourire d'Elizabeth retomba d'un coup, comme si les ficelles qui l'avaient fait tenir debout avaient cédées. Elizabeth s'inquiétait, non, elle mourrait d'inquiétude et de frustration de n'avoir aucune idée d'où Peeves pouvait être. Elle ne savait même pas comment elle pouvait aider, puisqu'elle n'était pas mûre de si Peeves avait actuellement disparu, ou bien si c'était l'un de ses horribles petits jeux -mais si c'était le cas, Elizabeth savait déjà exactement la manière dont elle allait l'engueuler-. Elle se sentait inutile, et c'était pire que tout. Alors, pour tenter de se consoler, elle se promit de partir regarder dans la cachette préférée de Peeves, qu'il lui avait montré quelques années plus tôt dans la confidence la plus totale, si jamais elle n'avait pas d'informations -ou bien des informations négatives- avant la fin de la journée.

Alors, Elizabeth pouvait seulement attendre la soirée, mais elle savait que son plan de recherche pouvait très bien tomber à l'eau si les effets de la Lune Rouge l'envoyaient à l'infirmerie, comme elle le craignait. Ces effets semblaient augmenter au fur des années, et il était étonnant d'apprendre que, au tout début, le seul symptôme qu'elle avait était un bref rhume. Enfin, c'était surtout étonnant si on voyait, en parallèle, la vitre qu'elle avait fissurée puis cassée rien que par le froid de sa main, ou bien le chaos qui avait régné dans sa chambre, par exemple.

Mais Elizabeth tenta de faire disparaitre tous ses petits soucis qu'elle qualifia de 'puérils' -même si elle savait, au fond d'elle, qu'il n'en était rien- de sa tête. Après tout, il y avait au moins une chose qui la poussait à attendre presque avec joie la fin de la journée : le cour de Défense contre les forces du mal. En faite, Dorcas avait entendu de Polly Selwyn qui avait entendu de Logan Keen qui avait entendu de Cassandra Rosemary qui avait entendu de Matthew Baron qui avait entendu de l'un de ses amis que ce cours allait porter sur l'utilisation du sortilège de Patronus, et Elizabeth avait plus que hâte d'essayer.

Depuis le début de l'année, leur professeur, le professeur Têtenbas, leur avait vendu du rêve en leur enseignant la théorie du sortilège, avant de changer de sujet en abordant les sortilèges informulés (qui avaient été développés en cours de Métamorphose), puis les Inferi et les Détraqueurs (dont Sirius n'avait pu s'empêcher de se moquer, les comparant à des "fantômes mais sans la côté cool", ou encore d'"aspirateurs pour sorciers").

Mais, quand plupart des élèves s'étaient trouvés frigorifiés en ouvrant leur manuel pour voir la photo d'un inferius, Elizabeth s'était révélée épouvantée devant les Détraqueurs, gardiens d'Azkaban (et avait lancé une gomme sur Sirius lorsqu'il s'était moqué d'eux). Née-moldue, Elizabeth n'avait appris l'existence de ces êtres terrifiants qu'en fin de première année, en lisant un énorme bouquin recommandé par McGonagall. Il n'était pas peu dire qu'elle en avait été traumatisée. Alors, durant les cours de Défense contre les forces du mal, elle s'était demandé : Comment est-ce qu'un être fantomatique et voilé ayant le pouvoir de retirer toute pensée heureuse d'un être-vivant, pouvant aller jusqu'à même leur retirer leur âme, pouvait-elle être moins effrayante qu'un simple corps inanimé ramené à la 'vie' par la magie noire?

Enfin, c'était par une hâte immense de tenter de lancer son premier sort de Patronus qu'Elizabeth avait décidé de remplacer sa hantise de découvrir des choses sur la disparition de Peeves ainsi que sa peur de ce qu'elle pouvait faire durant la Lune Rouge. Elizabeth descendit d'une marche rapide les escaliers pour, comme à son habitude, s'assoir entre Remus et Dorcas (parfois remplacés à tour de rôle par Sirius et Peter), boire le café qu'on lui avait versé et qui avait eu le temps de refroidir, regarder James dévorer des gaufres tandis que, avec Sirius, ils tentaient de lui lancer des bouts de bacons sans se faire voir par les professeurs (même si c'était évident qu'ils voyaient tout très bien, mais qu'ils ne disaient jamais rien), et finalement, manger l'assiette qu'on lui avait remplie.

Mais tout cela n'était que le calme avant l'orage.


La Lune Rouge qui approchait n'empêcha ni Remus, ni Elizabeth d'assister à la plupart des cours de leur journée, au grand damne de leurs amis. En effet, tout du long, Sirius, Dorcas et James n'avaient eu de cesse de demander au duo si tout allait bien, si l'un d'entre eux avait besoin d'aller à l'infirmerie, tout ça dans le but de rater ne serait-ce que quinze bonnes minutes de cours, mais les 'non' répétitifs d'Elizabeth et Remus enterraient à chaque fois leurs espoirs.

La seconde moitié du groupe, autrement dit Lily, Peter et Marlène, s'était comportée comme un groupe d'anges gardiens pour Remus et Elizabeth (même si Elizabeth soupçonnait secrètement Marlène d'avoir les mêmes intentions que celles de l'autre groupe, puisqu'elle était la première à réagir à chaque fois que l'un des deux semblait grimacer). Lily, elle, prise de pitié pour Elizabeth et ses éternuements incessants, lui avait offert son écharpe odeur rose, tandis que Peter faisait des aller-retours incessants depuis le début de la journée entre la cuisine de Poudlard et là où stationnaient les deux enfants malades, afin de leur ramener des tasses de camomille bien chaudes (mais pas trop, ordre de Lily!).

Elizabeth avait été très touchée par les actions de ses amis, et n'avait eu de cesse de leur demander s'ils avaient besoin d'aide, ou si elle pouvait faire quelque chose pour eux en retour. Quand elle avait tenté, prise de pitié, d'accompagner Peter dans les cuisines (ce qui lui aurait aussi permis d'apprendre où ces satanés cuisines étaient!), celui-ci avait métaphoriquement prit le coeur d'Elizabeth pour le serrer entre ses mains, en la réprimandant gentiment, clamant que c'était son "devoir d'ami". Enfin, entre pitié et amour envers ses amis, Elizabeth ne s'était pas oubliée, et il est possible qu'elle ait fait promettre à Peter, en tant que "devoir d'ami", de l'amener aux cuisines, un jour, pour les lui faire découvrir. Il avait néanmoins été plus qu'heureux d'accepter, et sembla allègre toute la journée, imaginant sûrement déjà sa deuxième entrevue en tête à tête avec l'une de ses amies les plus proches.

Elizabeth n'aurait pas pu être davantage heureuse, en ce jour maudit. Elle avait été entourée de tous ses amis qui avaient bel et bien suivi leur but de la faire se sentir mieux, alors qu'ils n'avaient aucune idée de pourquoi elle avait besoin de se sentir mieux. Il n'y avait aucun doute qu'ils savaient que ça avait un rapport avec ce qu'il s'était passé dans le dortoir, quelques jours plus tôt, mais aucun n'avait finalement cherché à vraiment explorer le secret dans toute sa profondeur, ce qui fit que Remus et Dorcas restaient les seuls connaisseurs du lourd secret d'Elizabeth. Personne d'autre ne savait pourquoi la lune rouge, qui avait d'étranges effets sur les êtres surnaturels, avait un effet sur Elizabeth Lila Luck.

Cependant, certains questionnements avaient été faits en silence chez les maraudeurs (même si c'était davantage pour parvenir à aider Elizabeth que pour découvrir son secret). Peter, James et Sirius s'étaient même un soir réunis dans la bibliothèque pour faire des recherches rapides. Bien vite, l'hypothèse qu'Elizabeth soit un loup-garou fut soulevée, mais Peter la détruit en soulignant qu'ils l'auraient sûrement remarqué, si elle tombait 'malade' à chaque pleine lune. Mais à côté Sirius et James s'étaient lancé un regard coupable agrémenté d'un pincement au coeur. Non, eux ne l'auraient probablement pas remarqué, parce que l'un ne portait d'attention particulière qu'à ses amis, et que l'autre avait été constamment occupé à regarder Evans, à tenter de parler avec Evans, à tenter d'impressionner Evans... Oh oui, James se blâmait pour toutes les choses qu'il n'avait justement pas remarquées, tout ça parce qu'il était trop occupé à observer sa Lily.


Le professeur Têtenbas était indubitablement un bon professeur de Défense contre les forces du mal, mais cela ne changeait en rien sa popularité auprès des élèves, qui était très basse. Cette 'haine' envers ce professeur provenait peut-être du fait que son accent, français, était extrêmement prononcé, si bien qu'Elizabeth avait même déjà entendu certaines filles de Gyffondors chuchoter, en sortant de son cours, clamant que "jamais le français ne leur avait paru aussi laid qu'en sortant de sa bouche". Cette haine pouvait aussi provenir du fait que son physique ne soit pas des plus attrayants -même si, honnêtement, il semblait improbable de juger de la capacité d'enseigner de quelqu'un à travers son physique, contrairement à ce que pensaient certains élèves-.

Le corps du professeur Têtenbas était très allongé, si allongé que même Remus, qui était la personne la plus grande qu'Elizabeth connaissait, devait lever le menton pour voir son visage. Ses pommettes étaient anormalement saillantes, comme si il avait usé un sortilège afin de les transformer de la sorte. Ses lèvres étaient épaisses et bien garnies, rouges comme celles de la pomme de Blanche-neige, rouges comme du sang. Sa mâchoire était carrée à mesurer avec une équerre - il était même possible que l'équerre soit moins carrée que sa mâchoire-. Son nez avait une petite bosse en son milieu et ressemblait étrangement à celui de Remus. C'était peut-être l'une des choses qu'Elizabeth, malgré elle, aimait le plus chez le professeur.

Il fallait dire que, séparés, ces attraits étaient souvent qualifiés de magnifiques, étaient enviés et désirés. Elizabeth pouvait même les retrouver chez chacun de ses amis. Cependant, liés comme ils l'étaient chez le professeur Têtenbas, le résultat en était presque effrayant.

Elizabeth n'avait pas vraiment porté d'intérêt à son physique, en début d'année. Qu'il soit beau ou laid, il était seulement là pour enseigner. Malgré tout, les défauts commencèrent à se matérialiser sous ses yeux, jours après jours, après qu'il l'ait froissée. Au bout d'une semaine ou deux de cours, il avait, en premier lieu, remis en cause les connaissances d'Elizabeth, avant de la coller. De la coller, sans aucune raison valable -si ensorceler une craie pour écrire des bêtises sur le tableau toutes les dix minutes n'était pas une raison valable-. Le sortilège qu'elle avait lancé avait d'ailleurs été arrêté par Aurora Sinistra, leur professeur d'Astrologie, qui avait parue verte de rage en voyant au tableau un dessin du professeur Têtenbas, une longue barbe blanche ornant son menton, à côté duquel on pouvait lire "par la Barbe de Merlin!". Alors, Elizabeth avait hérité non pas d'une simple soirée de détention, mais d'une semaine entière, accompagnée des réprimandes de Remus (qui n'avait, cependant, pas réussi à effacer un sourire fier de ses lèvres).

Pour faire simple, voir que même Elizabeth n'appréciait pas particulièrement son professeur de Défense contre les forces du mal montrait à quel point il n'était pas apprécié. Non, le professeur qui avait véritablement marqué les esprits avait été celui de l'année précédente, et il fallait dire qu'arriver après lui et ses cours uniques était davantage un damne qu'une bénédiction.

L'ancien professeur était un roux, assez petit contrairement à Têtenbas, dont les tâches de rousseur couvraient tout le corps. Même si son nom avait fait éclater de rire tous les élèves lorsqu'il l'avait annoncé d'une voix claire -il fallait dire que 'Roonil Wazlib' n'était pas un nom commun-, il réussit bien vite à gagner leur respect en montrant ses connaissances et compétences magiques. Il avait tant été apprécié que, pas une fois durant le reste de l'année scolaire, les Gryffondors ne laissèrent quelqu'un se moquer de lui repartir sans avoir reçu un sortilège.

Roonil était apparemment assez jeune : la rumeur -en opposition aux rides sur son front- disait qu'il n'avait quitté Poudalrd que quelques années auparavant, avec un O aux ASPIC's et les félicitations du jury. Son comportement, au moins, était à cent pour cent semblable à celui de ses élèves : plusieurs fois, il s'était retrouvé à applaudir les maraudeurs pour leurs pranks, ou même à discuter avec Dorcas et Elizabeth pendant un bon bout de temps après le cours -les faisant louper le cours de Divination qui le suivait-, tout cela pour connaitre leur avis sur ses cours ("L'avis de deux de mes élèves préféré m'importe beaucoup, voyez-vous!", avait-il répondu après que Dorcas lui ait demandé la cause de sa question), sur ce qu'il devait -ou non- changer.

La seule chose qui pouvait lui être reprochée -et qui est sous entendue par les exemples ci dessus- était de favoriser les élèves populaires aux autres, mais personne ne semblait vraiment lui en vouloir : il était jeune, après tout.

Il fallait bien un côté négatif à tout cela : après tout, le poste de professeur de Défense contre les forces du mal était bel et bien maudit. Gâchant le tableau banc que pouvait présenter Roonil, il avait été dévoilé juste avant les examens de fin d'année qu'il avait une relation (dans tous les sens du terme) avec une élève de cinquième année. Tout le monde avait été mis au courant bien vite, et le chaos avait régné si vite que les examens durent être repoussés. Les plaintes des parents avaient été encore plus rapides, puisque, la semaine où les élèves passèrent finalement leurs examens fut la dernière semaine de Roonil en tant que professeur. Il avait démissionné.

Plus jamais un élève ne l'avait alors croisé à Poudlard ou dans les environs -même si une rumeur, oui, une autre, disait qu'un élève l'avait vu à la Tête de Sanglier en compagnie d'une fille d'une quinzaine d'années-. Et alors, comme un souvenir trop vieux, Roonil Wazlib avait disparu des discussions et des esprits.

Le professeur Têntenbas, malgré tout ce qu'on pouvait lui reprocher, n'avait pas de réputation de ce genre. Quand il était arrivé, tout le monde ne parlait que de lui, comme s'il était un nouvel animal dans un cirque. Il ne fallut que quelques jours pour que ce bla-bla finisse, et, bientôt, les élèves avaient commencé à passer devant lui sans lui adresser ne serait-ce qu'un bonjour. Prise de pitié, Elizabeth avait un jour souri en le voyant passer, mais il ne lui avait lancé qu'un bref regard avant de s'en aller, la fuyant presque.

Non, Elizabeth n'aimait définitivement pas -plus- le professeur Têtenbas et son drôle de comportement. C'était une honte, puisque les DCFDM était l'une des matières où elle était des plus fortes, et qu'elle aimait tout particulièrement. Sur sa manière d'enseigner- si Elizabeth avait beaucoup de choses à dire, elle n'en fit jamais rien. Ce jour-ci, particulièrement, elle ne dit rien. Surtout parce qu'elle savait qu'ils allaient travailler les Patronus.

Il fallait dire que, depuis qu'Elizabeth avait appris qu'il existait un moyen de repousser et faire fuir ces détracteurs dont elle avait tant peur, elle débordait d'envie d'apprendre à le lancer. Elle s'était renseignée dessus comme jamais elle ne s'était renseignée sur quelque chose auparavant, et il n'y avait pas une question sur le sujet à laquelle elle ne pouvait pas répondre. Seulement, elle n'avait jamais tenté de le lancer -et c'était une première pour une fille comme Elizabeth, qui s'entrainait à lancer tous les sortilèges qu'elle connaissait-. Elle savait que c'était un sortilège très compliqué, si ce n'était le sortilège le plus compliqué qu'elle connaissait, et que même certains adultes n'y arrivaient pas et n'y arriveraient jamais. Elle voulait être sûre, pour une fois, d'avoir toutes les cartes en main avant de le faire, afin d'essayer pour réussir.

C'était pourquoi, même si elle n'oubliait pas sa rancoeur envers le professeur, Elizabeth entra dans la salle de DFCM, son bras entremêlé avec celui de Lily qui faisait tout son possible pour l'empêcher de sautiller. Derrière elles se trouvaient le reste du groupe, discutant ou grognant parce que, ne se sentant pas spécialement bien (il avait un horrible mal de ventre, mais avait minimisé la chose pour ne pas que ses amis s'inquiètent), Remus avait demandé à Peter de l'accompagner à l'infirmerie, même si Sirius et James en étaient presque venus aux mains pour obtenir ce rôle, ce qui avait failli leur coûter une détention le soir même de la part de Flitwick, mais ils n'avaient eu qu'à se regarder soucieusement avant de prendre le professeur à part afin d'être graciés.

Contrairement au professeur McGonagall qui mettait simplement de côté tout le matériel scolaire pour ses cours pratiques, le professeur Têtenbas avait changé de salle à profit d'une bien plus grande. Elizabeth, dès lors qu'elle mis un pied dedans, se sentit étrange (mais peut-être était-ce à cause de la Lune Rouge?). Pourtant, la salle avait tout pour plaire : elle comportait de nombreuses et immenses fenêtres aux ornements taillés en pierre qui donnaient sur la forêt interdite, à quelques centaines de mètres. Un lumière aveuglante et rendue verte de part la verdure à proximité, traversait ces fenêtres, suscitant un brouhaha enfantin d'excitation de la part des Serpentards, avec qui les Gryffondors partageaient cette heure de cours.

Elizabeth avait tant été dans son monde dernièrement, avec tout ce qui se passait, qu'elle en avait même oublié ce dernier détail. En fait, ce fut la vision de la longue chevelure blonde (à chaque fois qu'elle la voyait, Elizabeth était perdue : elle n'avait aucune idée de pourquoi son cerveau souhaitait tant l'imaginer avec des cheveux bruns) de Rabastan Lestrange, attachés en une queue de cheval basse. Elizabeth se retrouva, malgré elle, à l'observer. Il fallait dire que -même si ça tuait Elizabeth de l'avouer-, si le garçon n'était pas une telle horreur, il serait beau, lui et les traits raffinés de son visage.

Rabastan, qui parlait jusqu'ici avec une fille qu'Elizabeth reconnu comme étant Jena Mulciber, une poursuiveuse de l'équipe de Quidditch des Serpentards, dut remarquer le regard d'Elizabeth sur lui puisque, bientôt, ses yeux cruels se placèrent sur elle, un léger rictus ponctuant ses lèvres. D'abord, Elizabeth fut surprise, se demandant ce qu'elle avait bien pu faire pour recevoir un sourire de la personne qui l'aimait le moins dans tout Poudlard, et réciproquement, mais elle comprit bien vite qu'il se moquait simplement d'elle : la bouche du garçon s'était ouverte pour mimer le mot "Flocon".

Elizabeth faillit répliquer sur le champ. Certes, depuis quelques années, ce surnom avait perdu de sa force et revenait davantage comme un surnom sans vraiment d'ampleur. Cependant, en vue des récents évènements et compte tenu du fait que la personne ayant prononcé ce mot soit Rabastan, il n'y avait aucun doute dans le fait que "Flocon" ait une connotation négative. Alors oui, Elizabeth faillit répliquer. Elle avait passé une semaine à se faire dénigrer par des individus dans le genre de Rabastan, et ça l'avait exténuée. Elle en avait marre de se taire. Elle était une Gryffondore, après tout, n'était-elle pas censée être courageuse et audacieuse?

La main d'Elizabeth se posa sur sa baguette, placée dans la poche intérieur de sa cape de sorcier, et elle réfléchit rapidement à quel sort pouvait-elle lancer sans que les répercussions ne soient graves. Cependant, avant même de sortir sa baguette, elle vit l'expression arrogante du garçon se transformer en une expression paniquée, tandis que ses jambes se mettaient à danser une danse folklorique.

Un éclat de rire soulagé sorti des lèvres d'Elizabeth, heureuse de ne pas avoir eu à le faire elle même (même si, honnêtement, elle aurait tué pour voir la tête de Rabastan après avoir reçu le sortilège de poussage de dents qu'elle avait été sur le point de lancer), et elle se retourna pour féliciter l'ami(e) qui l'avait défendue. Ses sourcils se froncèrent quand elle remarqua qu'ils étaient tous aussi, voire plus, surpris qu'elle.

Elizabeth eut alors un hoquet de surprise en voyant Polly Selwyn, une Serpentard avec qui Elizabeth avait parié sur les matchs de Quidditch, lui lancer un petit clin d'oeil. La dernière fois qu'elles s'étaient parlées, Polly avait d'ailleurs félicité Elizabeth pour le poste d'attraper (même si cette dernière avait insisté sur le fait que non, elle n'avait pas accepté le poste et était juste une remplaçante), commentant le fait que c'était malin de parier sur la victoire d'une équipe dont on faisait parti. À côté de Polly, personne ne remarqua que Sirius fronçait les sourcils, sa baguette à la main prouvant qu'il avait eu, lui-aussi, l'idée d'ensorceler Rabastan.

"Merci?", pouffa Elizabeth, la surprise ne quittant pas son corps.

"Pas de soucis, Luck. Ce serait compliqué de t'entrainer au Quidditch si tu te faisais coller, pas vrai?

-Je ne suis pas dans l'équipe.

-Mais tu seras dans les entrainements.", chuchota James en exerçant une petite pression de la main sur l'épaule d'Elizabeth, un sourire malin sur les lèvres. Elizabeth se garda de répliquer, pas prête à donner lieu à une chamaillerie, et haussa simplement les épaules, ce qui eut don de faire sourire encore plus James.

Et puis, Elizabeth avait d'autres choses auxquelles penser que James et son quidditch. Elle savait très bien que jamais le professeur Têtenbas n'aurait osé punir Elizabeth une seconde fois, ni quiconque d'autre, d'ailleurs. En effet, il était devenu bien vite quelqu'un d'assez fermé, quelqu'un qu'on ne remarquerait que si on le cherchait, à la manière d'un élève timide. Alors pourquoi Polly, qu'Elizabeth connaissait à peine, avait-elle décidé de la défendre, sachant que cela aboutirait sûrement à passer dans les mauvais quartiers de Rabastan? Elizabeth n'en avait aucune idée. Et puis, ce qui était fait était fait, et rien n'aurait pu les faire revenir en arrière. Et puis, regarder Lestrange crier à ses amis d'annuler le sortilège qu'on lui avait lancé tout en faisant des pas de danse impressionnants était bien trop drôle pour essayer de se concentrer sur le pourquoi du comment.

Le cours ne débuta que réellement après la sonnerie, quand le maléfice fut enfin contré par une autre élève (étant donné que le professeur n'avait pas bougé d'un pouce, assis à son bureau, attendant que tout se calme). Elizabeth fut déçue en voyant que Lestrange avait arrêté de danser : quelle satisfaction était-ce de voir le chat être piégé par l'une des souris! Et puis, elle avait trouvé une position agréable pour observer ce spectacle : elle était appuyé contre le torse de Sirius, tous deux assis au sol. Juste à leur droite, on pouvait voir Dorcas, Lily et Marlène, assises (ou plutôt, Lily assise en tailleur, et les deux autres filles allongées sur une jambe chacune).

Généralement, James -le seul debout, se lançant d'un pied à l'autre- aurait trouvé une remarque à sortir pour faire rire la galerie, que ce soit à Lily (lui disant quelques choses dans le genre "Moi aussi j'aurais aimé avoir une place sur tes jambes -si ce n'est entre tes jambes") ou à Sirius et Elizabeth (probablement pour les charrier, comme il avait l'habitude de le faire à chaque fois que l'un de ses amis était un peu trop proche d'un autre de ses amis). Seulement, pour il ne savait quelle raison, il ne parvint pas à savoir laquelle sortir en premier, si bien que, lorsqu'il ouvrit la bouche, ce fut pour sortir un mot inconnu, mélange hétérogène de ses pensées. Elizabeth avait alors pouffé en se tournant vers lui, tandis que Sirius fronça les sourcils en regardant James de travers avant d'hausser les épaules, et le reste des filles n'y fit même pas attention. James prit alors une teinte cramoisie, mais personne ne sembla le remarquer puisque le professeur avait -enfin- pris la parole.

"Assseyez- non", commença-t-il avant de se couper, semblant se souvenir que la salle dans laquelle ils étaient n'avait pas d'autre meuble que son bureau, la chaise sur laquelle il était assis, et un tableau noir. Sa voix était, comme d'habitude, rapide et fuyante, contrastant avec son ton de voix grave. "Sortez vous baguettes -oui, parfait. Aujourd'hui nous allons, hum-", le regard de ses élèves sur lui semblait le mettre dans tous ses états. "Nous allons tenter de lancer le hum, sortilège de Patronus?", plusieurs élèves des deux maisons mélangées hochèrent la tête, incitant leur professeur à continuer de donner les consignes sans s'arrêter à chaque mot. Le reste des élèves, eux, avaient déjà sorti leur baguette, sautillant d'excitation (Elizabeth et Dorcas faisaient partie de ce dernier groupe).

"Le sortilège de Patronus?", pouffa un Gryffondor qui s'avéra être Lucas Moudugenou (Elizabeth se souvenait avoir entendu Marlène et Lily parler de lui, l'année précédente. Apparemment, il avait le béguin pour la rousse). "Vous,", continua-t-il, presque avec dégout, "vous allez nous apprendre le sortilège de Patronus? L'un des sortilèges les plus compliqués à faire?"

Si le professeur avait commencé à gagner de la motivation grâce aux quelques encouragements de ses élèves, assez pour se redresser sur sa chaise et parler avec un poil plus d'entrain, il retomba aussitôt. Son visage tomba, serrant le coeur de bien des élèves. Elizabeth en faisait partie. Sans pouvoir s'en empêcher, elle se redressa (vite suivie de ses amis), grinça des dents, et dit plus fort qu'elle ne l'avait prévu :

"Arrête toi, Moudugenou.", sa voix était semblable à un sifflement, et ses yeux lui lançaient des lames. Les deux maisons arrêtèrent leurs mouvements pour observer -malgré eux- les deux Gryffondors, alors que, face à cette scène, le professeur ne fit que détourner le regard, se grattant maladroitement la nuque avant d'essayer de sortir sa baguette magique de sa poche -la faisant tomber multiples fois-.

"Ou quoi, Flocon?", Elizabeth sentit Sirius se contracter, derrière elle. "Tu vas faire quoi? M'ensevelir sous un tas de neige? Me faire attraper un rhume?", autour de lui, le rire de certains élèves fusèrent pour donner une mélodie dissonante qui blessa les oreilles de ceux qui restaient stoïques.

Sirius, presque autant énervé qu'elle, tenta de faire un pas vers le garçon, mais Elizabeth l'en empêcha en tendant son bras. Elle ne répondit pas à son coup d'oeil interrogateur, passant à la place sa main dans sa propre cape de sorcier, la poche interne, plus précisément. En moins d'une seconde, sa rage avait atteint ses oreilles, et sa baguette était dégainée.

"Tu trouves ça drôle, hein Moudugenou?", commença-t-elle en ricanant. Son coeur battait à une vitesse incontrôlable, et jamais elle ne s'était sentie être tant énervée. Ses poings étaient fermés, faisant apparaître des jointures blanches, et sa mâchoire contractée. Il semblait être impossible, d'un point de vue extérieur, de savoir si elle allait éclater de rire, pleurer ou bien tuer Lucas.

Dorcas, qui s'était relevé en même tant qu'Elizabeth, se précipita vers cette dernière, les yeux écarquillés. Un accident était déjà beaucoup, elle n'allait pas en accepter un second. Elle posa sa main sur celle d'Elizabeth avant de la retirer précipitamment. Le froid qui émanait de sa meilleur ami lui avait presque brûlé la paume.

Tous les élèves savaient que quelque chose de dangereux allait se passer. La salle avait été envahie d'une fraicheur à la limite du soutenable, si bien qu'une légère buée blanche était créée du souffle chaud des élèves.

"Eli?", appela James, serrant ses mains entre elles pour les réchauffer. Il continua de l'appeler, toujours d'une voix calme, mais les mots ne semblaient pas atteindre son amie. Cadeau du ciel, un Peter essoufflé ouvrit en grand la porte de la salle avant d'écarquiller les yeux lorsque le froid l'atteint. Il eut à peine le temps de comprendre ce qu'il se passait que James ordonna, le plus sereinement possible : "Pete, va chercher Remus.

-Mais-

-Peter, maintenant!", cria Sirius d'une voix chancelante, son coeur battant la chamade dans sa poitrine, à une telle vitesse qu'il était surpris de ne pas être en train de convulser au sol, à ce point là.

Dans toute la salle régnait un nouveau type de chaos. C'était un chaos silencieux, et pourtant, c'était le pire chaos qui n'avait jamais régné. Personne n'osait bouger d'un pouce sauf pour se réchauffer, et personne -sans compter ses amis proches- n'osait s'approcher d'Elizabeth. Les cris résonnaient dans les oreilles de tous et, pourtant, ils étaient encore coincés dans les gorges des élèves.

"Betty?", fit Lily d'une voix douce, se plaçant délicatement devant Elizabeth, lui bloquant la vue sur Lucas. "Calme toi.", à la place de la calmer, les mots de Lily parurent la réveiller.

"Dis moi, Moudugenou,", commença Elizabeth en se pencha pour regarder Lucas derrière Lily. Un sourire forcé, montrant qu'elle était réellement au bout du rouleau, jonglait sur ses lèvres. "t'as vraiment du plaisir à m'insulter, ou bien tu souhaites simplement montrer à tout le monde ô combien tu es grand et fort en rabaissant les autres ?", continua-t-elle.

Si la situation n'avait pas été aussi grave, Dorcas aurait été la première à rire. Seulement, jamais n'avait-elle vu Elizabeth dans un tel état, et c'était beaucoup dire en presque six ans d'amitié. Elle l'avait déjà vue en colère au point de faire des remarques méchantes sous-entendues, certes, mais jamais plus. Alors, à ce moment précis, Dorcas avait peur d'Elizabeth. Elle avait peur, parce qu'elle voyait que sa meilleure amie se retenait d'exploser entièrement, qu'elle tentait d'éviter l'inévitable, tout en sachant qu'elle ne faisait que le retarder.

Quand Elizabeth remarqua que Lucas ne répondait pas, Elizabeth fit un pas en avant, dégageant tendrement Lily de devant elle, et la température sembla perdre un ou deux degrés de plus.

"Serais-tu muet, Moudugenou? Le froid aurait-il endommagé tes cordes vocales, Moudugenou?", il secoua frénétiquement la tête en reculant, se retenant de trembler. "Alors parle !", elle frappa brusquement son pied contre le sol. "N'est-ce pas ce que tu voulais tant faire toute à l'heure ?"

Il ne répondait toujours pas. Elizabeth ferma les yeux, tentant de faire disparaitre la haine qui se construisait à l'intérieur d'elle, mais rien n'y faisait. Alors, quand elle rouvrit les yeux, ses cheveux se soulevèrent, et leurs pointes se couvrirent de glace. En dessous du pied qu'elle avait posé quelques secondes plus tôt se formait un cercle bleuté sur lequel quiconque aurait pu glisser si il avait eu la bonne idée de marcher dessus.

Il ne semblait plus y avoir d'espoir. On ne pouvait plus que prier pour que Peter revienne rapidement avec Remus, et que Remus puisse faire quelque chose. Il fallait que Remus puisse faire quelque chose. Il était leur seule et dernière chance.

Le professeur, fidèle à sa personne, s'était absenté, laissant une horde d'élèves effrayés tous seuls avec la personne qui pouvait, sans le vouloir, causer leur mort. Certes, il était sûrement parti chercher de l'aide, mais Dorcas savait très bien que, si il ne ramenait pas le professeur McGonagall, Remus ou la grand-mère d'Elizabeth, ils étaient perdus.

Elizabeth fit un nouveau pas en avant. Cette fois-ci, le bout de ses doigt se mit à glacer, lentement, pour atteindre la naissance de son pouce en une question de secondes. Elle perdait espoir en elle-même, l'espoir de réussir à s'arrêter malgré cette force qu'était la lune rouge qui semblait influencer ses moindres faits et gestes.

Les yeux à peine ouverts -de peur qu'ils restent bloqués par le froid s'ils y étaient trop exposés-, James se mit à réfléchir à toute vitesse. Il savait, comme tout le monde, que ce qu'Elizabeth semblait s'apprêter à faire n'allait lui laisser que de remords -cela était si elle s'en sortait vivante, mais James n'osait même pas imaginer l'inverse-.

James avait passé bien des pleines lunes avec Remus et, à chaque fois, il l'avait vu se fondre en excuses le lendemain, alors qu'en rien ses actions à ce moment là n'étaient de sa faute.

James savait à quel point Remus était rongé par les remords à chaque fois, et, s'il ne pouvait l'empêcher de s'en vouloir, il essayait au mieux de diminuer les dégâts pour que, justement, Remus ait moins de choses à regretter.

Et James s'apprêtait à faire la même chose pour Elizabeth.

Sous les yeux écarquillés de tous, il attrapa hâtivement Elizabeth par le bras, avant de glisser sa main dans la sienne, littéralement gelée, comme pour lui assurer qu'il était là, avec elle. Même s'il n'était pas sûr que cela ait un effet, il le fit, et pria d'avoir fait la bonne chose.

Mais cette question resta en suspend car James, comme une poupée inanimée, tomba au sol.

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