𝘊𝘏𝘈𝘗𝘐𝘛𝘙𝘌 𝘊𝘐𝘕𝘘 - le début de la fin
LE lendemain matin, Sirius se réveilla dans un lieu qui, au premier abord, lui sembla inconnu. Ses yeux étaient plissés, l'empêchant de voir ce qui l'entourait, et pourtant il savait qu'il n'était pas dans son dortoir : il n'avait pas entendu Remus forcer les autres à se lever -même si le bougre lui même ne semblait jamais si réveillé que ça-, Peter lancer son oreiller contre l'armoire en face de son lit pour en faire tomber les habits qu'il avait déposé la veille, ou encore James grogner pour une raison différente chaque jour.
Il n'était pas dans son dortoir, alors où pouvait-il bien être ? D'un bond, Sirius se redressa sur la canapé en ouvrant grand les yeux, priant pour découvrir la chambre de quelqu'un, une salle inconnue ou même un placard à balais, du moment qu'il était bien à Poudlard.
Lorsqu'il regarda enfin autour de lui, les couleurs chaleureuses de sa maison lui apaisèrent le coeur, et il put respirer correctement. Les souvenirs lui revenaient : il se souvenait de ce qu'il s'était passé quelques heures auparavant, de la fraicheur qu'il avait sentie -et de celle qu'il avait encore l'impression de sentir- sur son épaule, ou encore une odeur de fruits rouges mélangés avec quelque chose de plutôt familier sur quoi il ne pouvait pas vraiment mettre son doigt.
Ce fut l'ouïe qui revint juste après : le chahut autour de lui était tel qu'il se demandait comment il avait fait pour ne pas l'avoir entendu plus tôt. Le bruit des pas sur les escaliers, des rires, des plaintes, des chuchotements, des cris : c'était déjà bien trop pour Sirius qui, en plus de s'être à peine réveillé, venait de découvrir que les deux filles avec lesquelles il s'était endormi étaient parties sans un mot.
Un grognement rauque quitta sa gorge, provoquant une vague de rougissement de quelques filles de seconde année qui passaient justement derrière lui à ce moment là. Remarquant les regards sur lui, il passa sa main dans ses cheveux noirs, prenant l'air le plus désinvolte possible malgré le sentiment de trahison qu'il ressentait -elles l'avaient laissé seul!-, et il se mit sur pieds, époussetant légèrement son bas de pyjama, et jogga jusqu'à sa chambre.
Tout de suite, il lança un regard vers l'heure et grommela de nouveau, se pressant de se changer dans son uniforme et de se coiffer. Ses meilleurs amis le regardèrent d'un oeil interrogateur -tous sauf Remus, qui avait l'air plus grognon qu'autre chose-, mais Sirius n'y fit pas attention, appliquant comme touche finale son parfum. Intérieurement, il n'avait de cesse de maudire Lily et Elizabeth -elles auraient pu le réveiller!-. Il n'avait même pas eu le temps de prendre sa douche -elles étaient parties sans un mot, comme des voleuses!-.
La vérité était qu'elles avaient, en fait, laissé un mot. Cependant, il avait été jeté sur le lit de Sirius en même temps que son jogging : Elizabeth l'avait glissé dans sa poche, afin que lui seul le voit. Après tout, Lily avait failli faire une crise de panique, pensant que tout Poudlard allait être au courant des évènements de la matinée. Et si toute l'histoire était changée, en mal ? Et si ça la suivait jusqu'à la fin de sa scolarité ? Et si Potter l'apprenait ? Pas qu'elle en avait quelque chose à faire, Lily souhaitait seulement empêcher une querelle entre Sirius et James.
Parce que Lily s'était réveillée en première, la matinée même. Elle avait d'abord été aveuglée par la lumière qui illuminait la salle commune, et avait couvert ses yeux de sa main. Il n'avait fallu que quelques secondes pour se rendre compte que tout ce qui était arrivé était bel et bien réel. Elle avait commencé à paniquer, pensant qu'elle était en retard, et que tout le monde avait pu voir le trio dans cette position quelque peu... intéressante. Mais non, un coup d'oeil vers l'une des horloges de la pièce -celle recouverte d'une fausse fourrure de lion : en effet, face à celle entourée d'un tissu patchwork rouge et or qui avançait d'une heure, et celle ornée d'un trait orange qui était en retard de dix minutes, c'était l'horloge la plus précise-, et Lily avait remarqué qu'il était à peine quelques minutes après l'heure à laquelle elle se réveillait en temps normal.
S'étirant légèrement, elle se débarrassa du bras de Sirius, le garçon semblait alors avoir trouvé son compte dans la fraicheur de Elizabeth puisqu'il avait posé sa tête sur elle, formant une petite trace rouge et froide sur sa joue. Elle chercha à réveiller Elizabeth en premier, de peur d'être trop gênée si elle affrontait Sirius toute seule. Après tout, elle ne le connaissait pas tant que ça !
Elizabeth avait l'air adorable, endormie. Ses cheveux en carré étaient dispersés sur son visage, atténuant presque sa rougeur habituelle, et son petit nez retroussé était la seule chose qui sortait de cette cachette brune. Sur les bras du canapé, à la droite d'Elizabeth, on trouvait ses lunettes, repliées pour servir de support à sa baguette.
Il avait fallu secouer Elizabeth pour la réveiller, et Lily ne put s'empêcher de se sentir mal en le faisant. En effet, les cernes habituellement cachées par les lunettes d'Elizabeth se voyaient beaucoup, dorénavant, et il ne fallait pas être un génie pour voir qu'elle avait besoin de sommeil. Bon Dieu, pas seulement de sommeil, d'une hibernation!
Dès qu'elle fut réveillée, cependant, Elizabeth sembla pleine de vie, et sauta sur ses pieds, feignant un apport d'énergie. Elle avait beau se forcer de tout son être, ses gestes restaient mous et maladroits. Pourtant, elle continua de bouger. Après tout, comme lui avait dit sa grand-mère, quand elle l'avait trouvée à chantonner joyeusement dans les serres après que l'aide aux personnes âgées lui ait encore fait un mauvais coup : "La recette pour une journée parfaite, c'est de te persuader qu'elle l'est déjà.".
Toutes deux, elles avaient alors uni leurs forces pour réveiller Sirius en faisant le moins de bruit possible, mais il était resté dans un sommeil hibernal -alors que c'était probablement celui qui en avait le moins besoin-. Les seuls gestes qu'il faisait étaient inconscients, un battement du bras pour repousser les deux filles loin de lui, et même une recroquevillement sur lui-même. C'était à ce moment que Lily avait paniqué, mais Elizabeth l'avait rapidement rassurée en rédigeant le mot sur un bout déchiré du mode d'emploi d'un jeu inconnu.
De retour dans leur propre dortoir, il était apparu qu'elles n'étaient pas les deux seules à être réveillées. Dorcas les attendait, les mains sur les hanches et le regard dur.
"La prochaine fois que vous voulez partir dans des aventures extraordinaires, réveillez moi.", avait-elle lâché avant de sourire, et de frapper -encore!- l'arrière de la tête d'Elizabeth.
"Oui, chef.", répliqua brune, frappant le bras de Dorcas à son tour.
"Pour la peine, je vais à la douche en première. Et je veux tout savoir.
-C'était déjà toi hier !", couina Lily. Dorcas la toisa du regard pour la faire taire, avant de lui faire un clin d'oeil, et de partir vers la douche.
"Je la déteste.", pouffa Elizabeth, se jetant sur le lit se sa meilleure amie pour finir la tête en bas, regardant les objets qui tramaient en dessous. Lily ne répondit pas, fixant toujours la porte par laquelle Dorcas avait disparu.
Dorcas, Elizabeth et Lily étaient descendue peu après, rayonnant comme d'un halo jaune. Dorcas n'avait même pas eu à supplier davantage le duo pour qu'il lui raconte ce qu'il s'était passé dans la matinée : elles avaient parlé d'elle même, du réveil soudain à la sieste avec Sirius Black -en passant, par contre, les cauchemars. Elle n'avait pas besoin de s'inquiéter, n'est-ce pas ?-.
La Grande Salle ne fut pas vraiment surprise de voir le trio arriver. Non, la chose la plus surprenante était probablement l'absence de Marlène -après tout, elle partageait le dortoir avec elles-, mais Lily avait rapidement expliqué à Elizabeth et Dorcas -les autres personnes n'avaient pas à le savoir- qu'elle avait un problème mensuel -sans pouvoir passer la blague de la lycanthropie de la part de Dorcas-.
Si, au départ, ce petit groupe attira l'attention de certains, dont James Potter qui recracha sa nourriture dans son assiette, celle-ci ne dura pas bien longtemps. Certes, quelques Serpentards, ceux au bout de la table, les plus proches de la porte, avaient haussé la voix assez fort pour que Elizabeth et Lily entendent les petits "sang-de-bourbe" qu'ils crachaient.
Les deux filles se regardèrent en fronçant le nez, avant de s'assurer que Dorcas n'avait pas entendu. Si elles n'aimaient pas particulièrement l'insulte -euphémie, elles la détestaient-, Dorcas étaient de ceux qui ne pouvaient supporter de l'entendre. Et pour cause : la dernière fois qu'elle avait entendu Rabastan Lestrange la dire, il avait fini accroché au plafond. Comment ? Personne ne le savait vraiment, et Dorcas elle-même avait déclaré ne pas le savoir. D'après elle, elle avait seulement sorti sa baguette pour lancer un Cracbadaboum -un autre sort lui aurait probablement valu une heure de retenue, et Dorcas n'aimait vraiment pas perdre son temps à faire du travail en plus-, et ainsi lui déchirer son uniforme. Avant même qu'elle n'ouvre la bouche, Rabastan avait été accroché au plafond.
Elizabeth soupçonnait McGonagall d'avoir agi, surtout après avoir vu son sourire satisfait, depuis la table des professeurs. Elle n'était pas une Gryffondor pour rien.
Arrivant à une table libre -Lily avait prétexté que c'était celle avec le plus de plats, mais Elizabeth savait que c'était aussi la place disponible la plus éloignée physiquement de James Potter-, Dorcas fut la première assise. Lily suivit de peu, aplatissant gracieusement sa robe sous elle pour ne pas la froisser. Elizabeth se plaignit légèrement, avant de soupirer et de se baisser.
Elizabeth n'était pas vraiment fainéante, mais elle devait avouer préférer travailler plus intelligemment, pas plus difficilement. Elle venait de traverser la moitié de la salle pour trouver des places adéquates, et elle ne se voyait pas faire le tour de la table des Gryffondors juste pour venir s'assoir en face de ses amies. Alors, elle passa en dessous de la table. Elle n'osa même pas regarder autour d'elle, craignant de voir quelque chose qu'elle aurait préféré ne jamais voir (c'était déjà arrivé, et jamais Elizabeth n'avait-elle vu Rosalia Vanya et Owen Sullivan de la même manière). Pressée, elle se releva bien trop tôt, et sa tête cogna violemment contre la table, la faisant pousser un couinement de douleur, et faisant vibrer les mets sur la table de bois.
"Fais attention !", grogna Dorcas en redressant son verre, qu'elle était sur le point de remplir avant l'incident. Lily parut soulagée d'avoir attrapé le sien juste à temps, sirotant aimablement son jus de citrouille.
"Oui, fait attention Elizabeth,", grommela Elizabeth elle-même dans sa barbe, ramassant sa paire de lunettes tombée au sol tout en frottant l'endroit où son crâne était rentré en collision avec la table, sentant déjà une petite bosse se former. "la prochaine fois, essaie de taper encore plus fort, histoire de mourir sur le coup.
-Exactement."
Lily frappa le bras de Dorcas, qui explosa de rire. Lily devint rouge à force de s'empêcher de rire, mais en voyant l'hilarité d'Elizabeth, elle ne put se retenir plus longtemps et exploser de rire. Seulement, son rire arriva alors qu'elle tentait de prendre une nouvelle gorgée de son verre, et, bien vite, les bulles formées dans le liquide explosèrent sur son visage et ses habits, formant de vilaines tâches accordées à sa chevelure.
"Oh, par Merlin !", jura-t-elle en attrapant un tissu pour tenter d'essuyer sa chemise blanche, sans faire attention aux gouttelettes qui coulaient sur son visage, attendant leur heure pour continuer la coloration orange de ses habits.
À côté d'elle, Dorcas leva les yeux au ciel, lui arrachant presque le torchon des mains. Lily allait répliquer, mais Dorcas lui attrapa le visage pour la tenir en place. Lily rougit. Sans y faire attention, Dorcas essuya doucement le visage de Lily, tapotant par-ci par-là, comme si elle s'occupait d'un enfant en bas âge. Elizabeth regardait ses amies avec amusement, un sourcil haussé.
"Quel dur boulot, d'être la plus mature !", fit dramatiquement Dorcas après avoir fini son travail.
"Vraiment ?", fit Elizabeth, un sourire provocateur sur les lèvres. Dorcas, la plus mature ? Impossible. Elle pouvait se souvenir du jour où elles avaient -par accident- fait exploser un arbre, à la frontière de la forêt interdite, avant de partir au courant et en rigolant. Certes, elle n'était pas la plus mature, mais Dorcas non plus.
"Tu dessines des smileys sur ton bras parce que t'as deux grains de beauté l'un à côté de l'autre. Appelle ça comme tu veux, mais c'est surtout pas de la maturité.
-Oh aller ! Je l'ai fait une fois, et depuis tu me vannes dessus.
-Donne moi ton bras.", demanda strictement Dorcas.
"Non.
-Donne. Moi. Ton. Bras.
-J'ai. Dit. Non. C'est une invasion de mon intimité-"
Elizabeth n'eut pas le temps de finir sa phrase, que, en tendant sa main pour attraper le café, Lily la lui saisit pour la tirer vers elle. Le torse d'Elizabeth se posa tout de suite sur les oeufs au plat remplissant le plat qui était en face d'elle, tachant ses habits, mais c'était le dernier des soucis de Lily. Cette dernière remonta la manche d'Elizabeth, révélant un petit smiley aux traits boudeurs. En l'apercevant, Dorcas frappa des poings sur la table -effrayant quelques premiers années-, avant de pointer un doigt sur Elizabeth, et de s'exclamer assez fort pour réveiller un troll sous somnifère :
"J'en étais bloody sûre !"
Elizabeth décida de ne rien répondre, remplaçant ses cheveux derrière son oreille en se rasseyant sur le banc. Les lèvres pincées, elle toussa sa gêne dans son poing, puis baissa la tête vers son uniforme, qui était autant tâché, si ce n'était plus, que celui de Lily. Elle passa son doigt sur la matière visqueuse qu'avait laissée sur elle l'oeuf, avant de jeter un regard ennuyé à Lily. Cette dernière s'excusa d'un petit sourire :
"Au moins, on est accordées ?"
Elizabeth tapota du doigt contre la table deux fois en hochant la tête, avant de jeter un petit regard à Dorcas, en haussant un sourcil joueur. Lily regarda l'interaction silencieuse de ses amies avec de grands yeux, attendant patiemment que quelque chose arrive. Au bout de trente secondes, son regard arrêtait de passer de l'une à l'autre, et elle s'attarda sur Elizabeth, avant de remarquer qu'elle n'était plus tâchée.
"Qu'est-ce que-", commença-t-elle, étonnée. Sa voix fana dans sa gorge face au sourire malicieux d'Elizabeth. "Et moi ?"
Elizabeth fit mine de ne pas avoir entendu -après tout, elle pouvait bien la faire patienter un petit peu : c'était quand même à cause d'elle que ses habits à elle avaient été salis!-. Elle s'empara tranquillement du café en face d'elle, regardant Lily presque avec provocation. Elle s'en versa alors une grande tasse, ajouta deux sucres, et commença à la siroter.
La fumée qui en émanait, preuve de sa chaleur, était l'une des seules choses qui dérangeaient Elizabeth -elle faisait apparaître une buée sur ses lunettes, et l'empêchait de voir correctement-. La deuxième chose, à défaut d'être sa chaleur brûlante, après tout elle ne pouvait pas la sentir, était la douleur qu'elle ressentait sur ses mains, entourant la tasse, ainsi que l'envie de tousser lorsque le liquide passait de sa bouche à sa gorge. Cependant, elle ne grimaçait même plus, à force. Elle était habituée, et aimait à assimiler cette douleur à la chaleur que d'autres ressentaient avec le même café.
Les yeux fermés, elle avala une, puis deux, puis trois gorgées, sentant la douceur du sucre remonter dans sa tasse pour se mélanger à la boisson. Elle pouvait se souvenir de la première fois où elle avait bu du café. Elle était jeune, à l'époque. Ses camarades de son école moldue buvaient tous des chocolats chauds et jus d'orange le matin. Un matin, elle avait vu son professeur aller se rincer la bouche après s'être brûlé avec une gorgée du liquide, et était parti en laissant la tasse sur sa table. Elizabeth avait eu espoir, espoir de retrouver une impression de chaleur en goûtant à cette boisson "magique". Alors, elle avait goûté, et rien n'était arrivé. Jeune comme elle était, elle crut à une erreur, et se força à en boire jour après jour, pensant qu'arriverait celui qui lui brûlerait la gorge au point d'avoir un besoin imminent d'eau. Avec le temps, cette habitude de boire du café brûlant était restée, et, depuis, elle en buvait chaque matin.
C'était un point en commun qu'elle avait avec Remus, d'ailleurs. Souvent, ils se disputaient sur le meilleur type de café, finissant par un accord que tous les cafés étaient bons, et que tout dépendait des circonstances dans lesquelles ils le buvaient. Par exemple, les cafés chocolatés étaient parfaits à siroter dans la salle commune ou les cuisines, après une journée d'automne particulièrement épuisante ; les cafés corsés étaient faits pour un lendemain de soirée ; et les cafés floraux s'associaient facilement à l'hiver, pour laisser un arrière goût d'été.
Finissant sa première tasse, Elizabeth se resservit. Les petits-déjeuners de Poudlard n'avaient que des cafés basiques, malheureusement, mais c'était déjà bien pour commencer la journée. Concentrée pour ne pas en verser partout, elle ne remarqua pas la silhouette s'approchant d'elle.
"Après cette nuit, j'aurais pensé qu'elle serait bien moins énergique.", chuchota une voix rauque à l'oreille d'Elizabeth, la faisant presque rater sa tasse. Elle fut perdue une seconde, avant de complètement reprendre ses esprits pour se rendre compte que cette voix rauque était celle de Sirius Black, et que la personne dont il parlait était Lily, la Lily qui suppliait encore Elizabeth de l'aider à nettoyer la tâche de jus de citrouille. Il passa ses jambes au dessus du banc pour prendre place à côté d'Elizabeth, collant presque son épaule à celle de sa voisine. Gênée, Elizabeth serra les dents, mais ne dit rien. Elle n'avait pas spécialement l'habitude que les gens soient tactiles avec elle, et encore moins de les laisser être tactiles avec elle. Avant d'ouvrir la bouche pour parler, Dorcas lança un regard plein de fierté vers Elizabeth, comme une mère observant son enfant se faire des amis.
"La prochaine fois que tu dis ça, Black,", fit-elle et Elizabeth sut tout de suite que ça allait mal tourner. "je veux que ça soit en parlant de moi, si tu vois ce que je veux dire.", Lily s'étouffa dans l'air, plus aucun mot ne sortant de sa bouche, et Sirius fut un poil étonné avant de lui adresser un clin d'œil.
"T'as juste à demander, Meadowes.
-Pourquoi tu n'es pas avec Remus et les autres ?", l'interrogea Elizabeth. Sirius leva les yeux au ciel, et se tourna vers elle avec une petite moue.
"Tu ne veux plus de moi, Flocon ?", il ne fléchit pas en recevant le -violent- coup de pied de Dorcas à l'entente du surnom. Il fit même comme si elle n'existait pas, et continua sa conversation avec Elizabeth, posant une main sur son coeur pour montrer sa "peine". Il était quelque peu perdu par ce qu'il s'était passé plus tôt dans la matinée. Ça avait été comme un rêve, et il se demandait si, peut-être, son imagination lui avait-elle joué des tours. Il était si confus que, par inadvertance, il posa sa main à la droite de sa poitrine. "Et puis, ne suis-je pas ton ami ?
-Pour être honnête, j'attends de mes amis qu'ils soient un peu plus intelligents, hein ?", elle pouffa en voyant les yeux de Sirius se remplir de confusion, tandis qu'il arqua sa tête sur le côté. Elle attrapa alors sa main, encore posée à l'opposé de son coeur, et la lui déplaça en chuchotant : "Le coeur c'est à gauche, crétin.
-Je savais, c'était pour voir si- si tu suivais.", se justifia-t-il en se recoiffant, pas une once de honte présente sur son visage. "Enfin, je ne suis pas avec Remus et les autres parce qu'ils ont... mangé tout le bacon, là-bas."
Elizabeth hocha la tête doucement, avant de se pencher en arrière sur le banc pour chercher du regard les maraudeurs. Ils la regardaient déjà, de là où ils étaient. Peter lui adressa une petite vague de la main, avant de rougir et de la baisser, fixant dorénavant son assiette; Potter fronçait ses sourcils à un point où ses yeux disparaissaient presque sous ses paupières; et Remus avait l'air épuisé -mais qu'y avait-il de nouveau? La pleine lune (et la lune rouge, d'ailiers), approchaient à grands pas-. Par force d'habitude, elle lui fit un clin d'oeil qui provoqua un roulement de yeux de Remus, accompagné d'un sourire. Finalement, elle put apercevoir le plat de bacon. Rempli.
"Dit moi Sirius, t'es aveugle, riche, ou tu fuis juste tes amis ?", le questionna-t-elle en se posant sur sa main. Voyant qu'il avait été démasqué, Sirius se maudit pour son piètre mensonge. Il lança sa tête en arrière en grognant, puis montra Dorcas d'un signe de tête :
"Elle sait ?
-Bien sûr que je sais, crétin.", répondit Dorcas d'elle-même, comme si c'était une vérité générale. Peut-être l'était-ce, d'ailleurs. Il n'y avait que très peu de choses qu'elle ne savait pas d'Elizabeth -dont la raison de sa condition-, après tout.
"Par Godric Gryffondor,", Elizabeth dut se retenir d'éclater de rire en voyant l'air de détresse chez Sirius. "ils sont horribles. Depuis que je suis avec eux, ils me supplient de leur dire avec qui j'étais. Je me vois mal leur dire que j'ai passé ma matinée avec Lily Evans. Surtout en face de James.
-J'étais là aussi, si ça intéresse quelqu'un.", fit Elizabeth en soupirant, rapprochant sa tasse d'elle. Sirius haussa les deux sourcils, avant de la regarder de haut en bas, et de déclarer sans honte :
"Ça n'aurait pas été si surprenant que ça. D'ailleurs, merci de m'avoir laissé tout seul, ce matin !
-On t'a laissé une note.", expliqua Elizabeth, amenant sa tasse à sa bouche.
"Oui bien sûr, et Snivellus est la plus gentille personne au m- Oi Flocon, ça a l'air brûlait ta merde !", cria-t-il presque en la voyant siroter son café comme si de rien n'était. "Ça fume comme- comme Lestrange lorsque Dorcas l'a attaqué. Merci pour ça d'ailleurs, ça l'a calmé pendant une bonne semaine.
-Toujours là pour mes fans.", Dorcas fit une petite révérence. Sirius hocha solennellement la tête avant de reporter son attention sur Elizabeth.
"Eli, tu comptes m'expliquer pourquoi tu bois du feu liquide ou je suis censé le découvrir tout seul ?
-Je doute que tu réussisses à trouver tout seul-
-Eh !
-Donc...", fit-elle, cherchant ses mots. Elle ne savait pas vraiment comment répondre. Elizabeth avait toujours eu du mal à parler de son problème : en général, les gens comprenaient sans qu'elle ait besoin de parler. Alors, le plus naturellement du monde, elle saisit la petite cuillère à côté de Lily -qui observait la scène sans un mot-, la mit dans sa tasse, et en sortit du café. Sous le regard hypnotisé de Sirius, elle ne réfléchit pas une seconde de plus et versa le café brulant sur le dos de sa main, y laissant une marque rouge assez voyante. "Pas chaud.", dit-elle juste après, les lèvres cependant pincées sous la douleur. À mettre dans la liste des choses à ne pas re-refaire, pensa-t-elle, ça.
"Com-
-Elizabeth, combien de fois je t'ai dit de ne pas faire ça !", s'exclama Remus depuis sa table, attirant les regards vers lui. Il n'en avait que très peu à faire, et attrapa un tissu qu'il trempa dans l'eau froide, avant de se lever avec colère et de marcher vers Elizabeth.
"Pas assez apparemment ?", tenta-t-elle en souriant innocemment, espérant calmer son ami avec de l'humour.
Cela ne marcha pas. Il continua de marcher de son pas rapide et énervé, jusqu'à arriver à Elizabeth. Il posa alors le tissu sur la main d'Elizabeth qui grinça des dents en sentant une sorte de pincement sur sa peau. Remus lui adressa un regard désolé/concerné, mais elle le rassura d'un mouvement de tête, avant de regarder méchamment ses trois autres amis qui semblaient sur le point d'éclater de rire face à la scène de ménage.
Tentant une nouvelle fois d'apaiser Remus, elle visa son attention sur lui et, d'une voix douce et calme, presque vulnérable -celle qu'elle utilisait lorsqu'ils parlaient sérieusement-, elle chuchota presque :
"T'as vu mon message ?
-En me réveillant, ce matin. J'ai eu la joie de comprendre que Sirius s'y était rendu à ma place.", il sourit légèrement en regardant son ami aux cheveux noirs qui sifflota innocemment. Remus replaça son regard protecteur dans les yeux d'Elizabeth, tapotant la blessure à sa main. Il baissa encore la voix, si bien que seule Elizabeth -et Sirius, puisqu'il était juste à côté et se couchait presque sur Elizabeth pour tout écouter- : "La même chose ?
-Devine.", elle rigola d'un faux rire, qui tordit le coeur de son entourage. Si seul Remus pouvait totalement comprendre, cela n'empêcha pas la vague de pitié de traverser la table. Reprenant un air optimiste, Elizabeth toussa dans son poing, et fit : "La prochaine fois, essaie d'être réveillé. Sirius est gentil-
-J'apprécie le compliment.
- -mais on sait tous que c'est toi mon Gryffondor préféré.
-J'apprécie nettement moins le compliment.", Sirius fit une petite moue, battant des cils à Elizabeth.
"Désolé d'interrompre votre discussion très intéressante,", Dorcas appuya sur le mot très en levant les yeux au ciel. "mais, si je puis me permettre, t'es mon Gryffondor préféré, Black.
-Tu me touches,-
-Pas encore black, pas encore.
-Meadows.", finit-il avec un regard amusé. Sirius se demanda vaguement de quoi aurait été constituée la matinée si Dorcas avait été présente. Il était déjà sûr qu'aucun d'entre eux ne se serait endormi. "Et toi Lily, un Gryffondor préféré ? Je ne prendrai pas d'autre réponse que Potter.
-Dans ce cas là, je ne te donnerai pas d'autre réponse.", sourit sarcastiquement Lily, provoquant un éclat de rire ces Elizabeth, suivie du reste de la table. Si traîner avec Lily consistait à l'entendre repousser James encore et encore, Elizabeth était plus que volontaire pour y assister.
En un clin d'oeil -et un coup de baguette-, la tâche couvrant la chemise de Lily disparut, et cette dernière lança un regard reconnaissant à Elizabeth.
"Pas besoin de me remercier, Lils. Je serais prête à payer pour voir plus de ça."
Dorcas hocha violemment la tête, souriant encore du fou rire qui l'avait pris quelques secondes plus tôt. Il n'y avait aucun doute que Dorcas appréciait déjà beaucoup Lily, et Elizabeth savait que, plus sa meilleure amie allait découvrir la rousse, plus elle l'apprécierait. Après tout, Elizabeth elle-même avait découvert la vraie Lily dans la matinée, et était déjà fan d'elle.
Se penchant de nouveau en arrière sur le banc, Elizabeth se posa sur le ventre de Remus, qui était jusqu'alors positionné juste derrière elle, les bras croisés, puis elle dirigea ses yeux vers Peter et James. Peter semblait entretenir une conversation ô combien intéressante avec.. et bien, avec personne, vraiment. Avec personne parce que James ne l'écoutait pas, et ne le cachait pas non plus : il ne détournait pas ses yeux du petit groupe qui s'était formé autour d'Elizabeth, jalousie le dévorant comme un vers une pomme au sol. Elizabeth le comprenait, dans un sens : il était tombé de haut. Lui qui avait l'air de se croire haut et puissant voyait ses meilleurs amis parler à la fille de ses rêves. Elle serait jalouse, elle aussi, si une chose pareille lui arrivait.
Lorsque les yeux de James se tournèrent vers elle, elle détourna simplement le regard, et leva la tête vers Remus, qui dû baisser la tête pour la voir.
"C'est pas que tu me déranges, mais je pense que tu devrais retourner avec les autres. Les yeux de Potter vont sortir de leur orbite si il continue de nous regarder ainsi.", commença-t-elle. Remus écarquilla les yeux, étonné par ce soudain intérêt en James Potter quand elle n'avait jamais -à sa connaissance- fait attention à lui. En le voyant ainsi, elle tordit son bras pour lui donner un coup dans la torse, et s'expliqua : "C'est pas que je suis du Potter-fanclub, mais avec notre cap'tain de Quidditch préféré aveugle, il n'y a que très peu de chance qu'on gagne la coupe. Et il faut qu'on la gagne, j'ai parié onze morailles contre Polly Selwyn que Gryffondor gagnerait contre Serpentard."
Remus, reprenant son calme légendaire, hocha la tête. Il ne fit même pas une remarque sur la dernière phrase de sa meilleure amie (après tout, il était préfet, et Dumbledore avait interdit les paris sous demande de McGonagall. Apparemment, deux élèves s'étaient battus pour savoir qui allait gagner l'argent quand deux équipes avaient fini ex-aequo, quelques années plus tôt). Remus savait que la plupart des élèves de Poudlard faisaient des paris, interdiction ou non. En fait, cette interdiction avait rendu les paris encore plus répandus, surtout chez les Gryffondors. Quoi de mieux qu'une nouvelle règle à briser ?
Remus passa ses mains sous les cheveux d'Elizabeth pour lui replacer la tête, gagnant un grognement de sa part, et commença à s'éloigner pour prendre soin de James. Cependant, à mi-chemin, il sembla se souvenir de quelque chose -il faut dire que les mouvements agressifs de James l'avaient aidé à s'en rappeler-, et se tourna, cette fois, vers Lily. Avec une grimace qui était presque comique :
"Lily, je suis désolé, mais James m'a dit de te dire que, comme Marlène n'est pas là, la place à côté de lui est libre en Histoire de la Magie, après le déjeuner.
-Mais c'est moi qui suis à côté de James en histoire de la M-", s'indigna Sirius avant de se taire, sa bouche formant un parfait "o". Il hocha lourdement la tête, en contraste avec Lily qui la secouait de gauche à droite pour montrer son mécontentement. "Pas de problème. Je comptais sécher de toute façon.
"Non !", s'exclama Lily, regardant Sirius avec mécontentement. "Tu vas venir en cours, comme tout le monde et t'assoir à côté de James, parce que je serai à côté de, hum...", ses yeux verts firent le tour de la table avant de se poser sur le visage amical d'Elizabeth. "D'Eli ! Je serais à côté d'Eli."
Surprise, la concernée faillit lâcher sa tasse de café sur Sirius. Elle la rattrapa pile à temps, mais une gouttelette du café réussit à se faire la malle, et tomba sur la jambe de Sirius, dont le poing se dirigea droit dans sa bouche pour le mordre, et ne pas aboyer de douleur.
Elizabeth regarda Remus, qui n'avait étrangement pas réagit -en temps normal, il contestait quiconque tentait de lui voler sa place à côté d'Elizabeth-. Il n'avait pas l'air déçu non plus, d'ailleurs. Pourquoi ne l'était-il pas ? Il venait de se faire voler sa place à côté de sa meilleure amie ! Elizabeth savait qu'ils n'étaient plus des enfants, mais quand même. Dans la situation inverse, elle aurait fait savoir son mécontentement ! Mais non, à la place, Remus sourit légèrement :
"Pas de soucis. Je ne pourrai pas être là cet après-midi, de toute façon."
Elizabeth inspira profondément, se rendant compte de son oubli. La pleine lune commençait le soir même ! Sa main se dirigea vers son front : son rendez-vous avec Peter comme remplaçant avait, lui aussi, lieu le soir même ! Et pourtant, elle n'arrivait pas à s'en rendre compte. C'était comme si elle savait que la journée allait être longue, très longue. Après tout, sa matinée avec Sirius semblait être vieille d'au moins une semaine quand elle n'avait eu lieu que trois heures plus tôt, alors elle n'osait imaginer ce que ce serait plus de dix heures plus tard, surtout après la journée chargée qu'elle avait. Il fallait dire que Divination et Défense Contre les Forces du Mal lui semblaient toujours durer des chapitres entiers.
Elizabeth fixa son meilleur ami jusqu'à ce qu'il ait repris place auprès de Peter et James -qui paraissait soulagé de ne plus être seul avec Peter-. Ce n'était pas un problème d'attachement : Peter occupait une grande place dans l coeur de James, et il le voyait comme un frère. Non, c'était juste qu'il avait du mal à entamer la discussion avec lui sans personne autour, et du mal à rester intéressé dans ses réponses. Sirius, lui, était beaucoup plus volatile dans ses gestes, si bien que presque chacun de ses mots était illustré par un mouvement qui gardait l'interlocuteur intéressé, tandis que Remus avait une manière de parler, chaude comme une feu de camp qui donnait envie de l'écouter, peu importe ce qu'il disait.
Lorsque Remus fut assez éloigné, Lily se pencha brusquement vers la table, un air sérieux remplissant son visage aux traits si fins. Elle était parfaite, il n'y avait aucun doute là dessus, pensa Elizabeth. D'un coup, elle comprenait pourquoi "Lily Evans" résonnait si souvent dans les couloirs de Poudlard. De son petit nez retroussé à ses joues blanches dénuées de tâches de rousseurs, jusqu'à ses beaux yeux ronds verts aux parapluies bruns clairs, tout était parfait. Même ses lèvres, toujours hydratées, comme sur le point d'être embrassées, ajoutaient à sa beauté. Elizabeth avait beau chercher, rien ne pouvait rendre Lily Evans laide.
Tous regardèrent Lily comme si elle était folle, surpris par son soudain saut d'énergie. Elle sembla réfléchir un instant, levant rapidement les yeux vers le plafond pour se concentrer, avant de bloquer son regard sur celui intéressé d'Elizabeth, comme si elle savait que c'était elle qui était le plus apte à répondre, malgré la présence de Sirius ; comme si elle avait un savoir absolu.
"Vous ne trouvez pas ça étrange?", demanda-t-elle alors. Sirius se sentit déjà fondre sur le banc. Il savait où la discussion allait. Pire, il savait qu'il ne voulait-et ne devait- pas y prendre part. Un mouvement de bouche, de la main, un oeil qui fait trop : tout aurait pu le trahir. Il préparait mentalement sa réponse, utilisant le temps que lui donnait inconsciemment le groupe en cherchant désespérément de qui Lily pouvait bien parler. Ce fut quand Dorcas se lança, et demanda à Lily ce qu'elle voulait dire par là que Sirius sentit son souffle se couper, anxieux, pour une fois, de prendre la parole. "Remus !", s'exclama Lily, comme si c'était évident. "Vous ne trouvez pas ça louche, ses disparitions mensuelles ?
-Il a des pro-", tenta Sirius, en poussant la boule qui s'était formée dans sa gorge pour réussir à parler. Ça devenait plus dur, année après année, de garder un tel secret. Heureusement (?) pour lui, il fut coupé par Elizabeth, qui poussa l'idée de Lily d'un coup de main dans l'air.
"Et alors ? Si c'était si grave que ça il me- il nous l'aurait dit, tu ne crois pas ? C'est de Remus dont on parle, Lils."
Sirius avait toujours pensé que le mensonge était l'une des choses les plus dures qu'il connaissait, mais, ce jour-ci, il se rendit compte que la culpabilité liée au mensonge n'était rien comparée à celle du savoir. Il savait, il savait que Elizabeth, qui était confiante dans son idée que Remus se serait confié à elle en cas grave, ne savait pas. C'était cette confiance en elle, quand elle dit ses mots, qui brisa un peu plus l'enfant Black, même si elle avait rassuré le coeur de tous les autres.
C'était beau, touchant, mais aussi triste de voir la foi qu'elle avait en Remus. Beau, parce que parce que c'était rare ; touchant parce qu'il espérait, un jour, que quelqu'un lui accorde ce genre de confiance ; et triste parce que, même si Remus semblait savoir quelque chose que personne d'autre ne savait à propos d'Elizabeth, elle ne savait rien du grand secret de Remus Lupin.
Malgré tout, Sirius ne pouvait se résoudre à ressentir de la colère envers Remus. Après tout, c'était lui qui souffrait une fois -deux en octobre- tous les mois, lui qui était couvert de cicatrices, pas Sirius. Ça restait son choix à faire, de décider qui était au courant ou non. Et puis, les maraudeurs eux-mêmes avaient dû découvrir par eux-mêmes le secret, sinon, Sirius était presque sûr que Remus ne leur aurait jamais rien dit, et aurait continué de souffrir tout seul.
Alors, davantage pour apaiser sa conscience que celle d'Elizabeth, il plaça un bras léger mais lourd de sens sur les épaules d'Elizabeth, frissonnant légèrement face au frisson de froid qui le parcourut. Elle se laissa faire. Si Sirius était étrange, il réussissait, comme une maladie, à s'infiltrer dans le coeur d'Elizabeth, et elle n'était pas sûre de vouloir se faire soigner. Après tout, certaines bactéries étaient bonnes pour l'organisme.
À l'autre bout de la table des Gryffondors, James Potter avait les sourcils froncés, intrigué. La dernière fois que quelqu'un l'avait vu réfléchir ainsi, c'était pendant les examens de la fin de l'année précédente. Remus, lui, croqua veloutement dans son pain, avec lequel il avait épongé son jaune d'oeuf, hochant la tête aux mots de Peter, les mêmes qui avaient été dits à James sans qu'il n'en écoute un mot.
Peter fut, malheureusement, encore coupé par un James perdu.
"Elle se met à côté de Flocon ?", répéta-t-il, ponctuant sa phrase avec un nouveau froncement de sourcils. Il n'avait pas l'air en colère, ce qui était déjà bien. Non, il était surpris, plus qu'autre chose. Pas que Lily ait repoussé son offre -il en avait l'habitude à la longue-, mais plutôt qu'elle décide de se mettre à côté d'Elizabeth Luck.
"Ne l'appelle pas comme ça.", le reprit Remus en le regardant de travers. Il essuya les angles de sa bouche avec l'angle de sa serviette, avant de continuer : "Et pour la cinquième fois, oui.
-Depuis quand elles se connaissent ?
-Elles partagent le même dortoir, James.
-Oh, vraiment ?", s'étonna-t-il, ses sourcils s'arquant cette fois ci vers le haut.
-Peut-être le verrais-tu si tu faisais plus attention au monde qui t'entoure, tu sais. Il n'y a pas que Lily dans le monde. Tu ne vois qu'elle quand tu pourrais aussi voir des Elizabeth. Et, crois moi, ça en vaut la chandelle."
James mimiqua son meilleur ami, levant les yeux au ciel. repoussant son assiette pour croiser les bras sur la table, il posa sa tête sur eux. Ses cheveux s'ébouriffèrent, et s'adaptèrent tout de suite à la position, si bien que moins d'une seconde après s'être positionnée, ses cheveux avaient retrouvé une forme décoiffée et charmante. Pour combler le tout, sa joue était poussée vers sa bouche, faisant ressortir ses lèvres un poil gercées en une moue adorable.
Ses yeux noisettes se posèrent sur la silhouette d'Elizabeth, coincée par le bras de Sirius. Enfin, "coincée", elle semblait y avoir trouvé sa place. Elle souriait de toutes ses dents, et il ne pouvait qu'imaginer le son de son petit rire -parce qu'il était impossible qu'elle ait un rire moins bien que parfait-. Remus avait raison, elle avait l'air de bien connaître Lily, et Lily avait l'air de bien les connaître, elle et Dorcas. Cette dernière échangeait même des petits regards avec la rousse, que James se trouva à jalouser.
Tous les quatre, ils peignaient une peinture parfaite dont désirait atrocement faire partie James. Malgré ce qu'il se forçait à penser, ce n'était non pas parce que sa Lily était présente, mais plutôt parce qu'il aurait joyeusement fait partie de la bulle protectrice dans laquelle ils semblaient s'enfermer.
Il se vit ensuite jalouser Remus, qui avait réussi avec tant de facilité à rentrer et sortir de cette bulle sans l'endommager. Remus avait raison, comme toujours : James devait faire plus attention au reste du monde pour en faire partie.
Malgré la présence de deux de ses meilleurs amis, il aurait échangé son balais -et c'était dire beaucoup-, pour être à l'autre bout de table. Mais il ne pouvait que rêver d'y être, de faire partie de ce quatuor qui s'était formé en une nuit. Une nuit. D'un coup, James releva la tête :
"Oh mon phoenix, est-ce que Sirius se tape Luck ?"
Remus s'étouffa sur son morceau de pain.
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