12 - L'heure des confessions.
── Ça me fait du bien de te parler.
Tu apaises mon monde.
Pdv interne :
Mes doigts se touchent, je les triture frénétiquement. Par moment même, je m'arrache quelques morceaux d'ongles, ceux qui n'étaient pas bien taillés. Chigiri se trouve juste à côté de moi, à ma droite. Je ne pensais pas être aussi gênée de me promener dehors avec lui. À mon avis, c'est surtout parce que j'ai l'habitude de faire mes balades seule, n'ayant que les bruits environnants pour m'accompagner. De plus, ce n'est pas comme au musée où notre chemin était tout tracé. Actuellement, je ne sais ni où aller, ni que dire.
C'est la première fois qu'on se retrouve tous les deux en dehors du lycée, livrés à nous-mêmes sans but précis. Et c'est justement ça qui me met mal à l'aise. J'ai l'impression qu'on est deux à être un peu perdus et à jouer les timides, ce qui rend cette promenade un peu gênante.
- Euhm... Tes parents vont pas te tuer pour sécher les cours ? Il me demande, brisant le silence mortifiant.
- Huh ? Je lâche, n'ayant pas encore assimilé ses mots. Ah si si, ce soir je vais passer à la casserole. Je lui confirme en riant.
- Moi aussi. Au moins on est dans le même bateau.
- Attends t'avais cours ?? Je sors, sous le choc, m'arrêtant même pour lui faire face.
- Ben oui.
- Je pensais que t'avais ton aprem de libre ! Si j'avais su je ne t'aurais pas entraîné dans ma connerie... Je souffle, la culpabilité grandissant en moi.
Il souffle du nez, et enfourne ses main dans ses poches de pantalon, reprenant sa route.
- Tu veux qu'on achète à manger ? Me questionne-t-il.
Et avant que je n'ai la chance de répondre à sa proposition, j'entends son ventre gargouiller. Je pouffe de rire discrètement et acquiesce, tandis que ses joues se teintent de rouges face à la gêne.
Le truc c'est qu'on ne sait pas réellement où on va. On zieute à droite à gauche, vérifiant qu'il n'y ait pas une supérette à côté de nous, mais pour le moment rien. Alors, mes yeux dérivent. Et dans ce silence, je porte mon attention sur les arbres et le temps.
Le ciel est d'une morosité folle, il est d'un blanc insipide, c'est un vrai défilé de nuage. À tout moment il peut pleuvoir, même l'atmosphère est humide. Ça me fout un peu le moral en l'air honnêtement, les alentours m'ont l'air beaucoup plus fades quand il n'y a pas de soleil pour les éclairer.
- Oh attends ! Ce serait pas bien ça ? Me ramène à la réalité Chigiri, en me pointant du doigt un petit magasin de nourriture.
- Parfait.
On y entre tous les deux, les portes automatiques s'ouvrissant devant nous. Il n'y a personne à l'intérieur exceptée cette dame au comptoir d'âge moyen. Je la salue par un simple « bonjour », ce à quoi elle se contente de me relooker de haut en bas.
- Eh bah... Elle respire l'amabilité cette bonne dame. Je marmonne en fronçant les sourcils.
- Tu veux prendre quoi ? Me demande-t-il en observant les rayons avec envie.
- Un sandwich. Je lui réponds très sérieusement du tac au tac.
Il cligne plusieurs fois des yeux avant de se mettre à rire à gorge déployée. Ce dernier est si pur, et je l'entends si rarement, que dès lors où il rit sincèrement, c'est comme une mélodie pour mes oreilles. Lui qui paraît si souvent sérieux ou sévère, le voir ainsi casse vraiment cette image.
- Ben quoi, j'ai faim !! Je justifie en pouffant à mon tour.
- Un sandwich pour le goûter, on aura tout vu. Il renchérit en se servant sur les étagères.
- Excuse-moi mais... Tu viens de prendre des sushis là ?
- Oui ?
Je me marre encore plus fort, ce qui me vaut le regard haineux de la mégère. Je ne prends même pas la peine de répondre à son affirmation et pars me chercher mon sandwich préféré, tout en me tenant les côtes face au culot du rose.
- Bon, on va payer ? Je sors une fois calmée.
- Pourquoi tu riais même ? Tu sais que les sushis c'est hyper bon pour la santé. Contrairement à ton vieux sandwich industriel. Se défend-il en m'attaquant de plein fouet.
- Parle mieux de mon sandwich, il atomise ta boîte d'algues en une seconde.
Une expression scandalisée prend place sur son visage, on dirait qu'il vient d'entendre la plus grosse singerie de sa vie.
Je souris, et paye à la caisse. Il fait de même, puis nous partons du magasin. À peine sortis qu'une bourrasque nous attaque, faisant virevolter nos cheveux dans tous les sens. La brise me fait frissonner, tandis que Chigiri se met à râler.
Et en faisant quelques pas en avant, ce sont les pétales de fleurs de cerisiers qui s'y mettent, dansant elles aussi dans l'air frisquet. Malgré la fraîcheur du moment, j'apprécie le spectacle des pétales couleur bonbon qui s'agitent à gré du vent. Mes poils s'hérissent, aussi bien d'excitation que de froid.
- Oh. Il lâche, un peu surpris. J'ai reçu une goutte.
- Hm ?
Je lève encore un peu la tête vers le ciel, et une perle d'eau me tombe dessus, pile en dessous de l'œil. S'en suivent une avalanche de goutte, s'éclatant contre ma peau (c/c).
- Zut, il commence à pleuvoir... Je marmonne ennuyée.
Si c'était du crachin, ça l'aurait fait tranquillement. Après tout nous ne sommes pas en sucre, mais là c'est une belle averse qui s'offre à nous.
- Merde y'a pas un endroit pour se mettre à l'abri ?
- La supérette, mais j'ai pas envie d'y retourner... Je réplique en riant. Viens.
Je lui tends ma main, l'invitant à la saisir. Ses yeux plongent dans les miens, hésitant, mais il cède et finit par glisser sa paume contre la mienne. C'est sûrement idiot, mais ce contact peut-être anodin fait battre mon cœur plus fort. Aussi fort que Taiyo le faisait battre.
On arrive à trouver un endroit à l'abri, où nous nous planquons. C'est légèrement pitoyable, on se réfugie sous le préau d'un immeuble. Assis comme des clochards à se prendre le vent au pied de logements qui ne sont pas les nôtres, la pluie nous frôle et caresse nos uniformes.
- Euh Chigiri... Je débute, la voix fébrile. Tu veux que je te raconte ?
- De ? Il sort, complètement à l'ouest.
- Mon histoire. Avec Taiyo.
- Ah ! Oui, si t'es prête à en parler. Je sais ô combien ça peut être difficile de s'ouvrir sur des expériences douloureuses, alors ne te force surtout pas.
- Merci, mais si ça peut te rassurer, j'ai vraiment envie que tu le saches.
C'est l'heure des confessions, il est temps qu'il soit enfin au courant de mon passif avec ce connard, et donc la raison de cette mascarade que nous représentons.
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Je suis sûre que le titre vous a feinté 😭
Chapitre très soft je trouve <3
Mais du coup concernant Tadao, au prochain chapitre vous saurez tout !
Je poste tard et dimanche, mais comme je vous l'avais dit j'étais eu GP hier, à refaire 🤍 (une des meilleures journées de ma vie fr)
+ info sur le rythme de publication ; d'ici début octobre normalement j'aurais fini d'écrire cette histoire, donc dans quelques chapitres je publierai plus souvent 🫶🏻
À la semaine prochaine,
~ Maë ♡ ~
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