— Cet effrayant univers sans fond et
   sans limite, qu'on appelle la pensée.

Pdv Moriko :

Mes cheveux couleurs chocolats sont tout désordonnés à cause des flocons de froid qui tombent. Je ressemble à une nana complètement défoncée après un lendemain de soirée, pour mon premier jour ça craint du boudin... Je peine à essayer de les remettre en place, pour que ce soit un minimum décent, mais rien n'y fait c'est foutu pour foutu.

- C'est ma bagnole. Me sort un inconnu.

- Pardon ?

- C'est ma bagnole. Répète-t-il agacé, et je comprends.

- Oh désolée je m'excuse !! C'est juste que je n'ai pas de miroir du coup j'ai pris une de vos fenêtres en substitut... Je lui avoue un peu gênée.

- Ce n'est rien, mais là je vais partir donc va falloir vous trouver une autre caisse pour vous relooker ! Il s'exclame et il monte dans sa voiture.

- Euh oui, au revoir. Je lui dis et je m'incline en sa direction avant de quitter le parking de l'hôpital.

Bordel, on ne m'avait pas dit que c'était aussi stressant...

J'atteins l'hôpital, deux portes coulissantes s'ouvrent à moi et je passe l'entrée. Je triture mes doigts, je ne sais pas vraiment où aller, c'est grand et je ne suis venue que deux fois.

- Ah Moriko ! S'écrie le jeune homme au guichet en me voyant.

- Yuichi ! Je réplique soulagée en me dirigeant vers lui. Tu me sauves, j'allais me perdre. L'endroit est tellement grand je sais pas comment je vais faire pour m'y retrouver.

- C'est normal c'est le début, dans un mois tu verras tu sauras t'orienter à la perfection dans cet hosto. Il me rassure calmement. Tiens Hina tu veux bien me remplacer pendant un moment ? Il questionne sa collègue qui trie la paperasse juste derrière lui.

- Yes ça marche. Elle lui répond en terminant sa tâche.

- Merci beaucoup tu gères.

Je reste comme un piquet devant le guichet en attendant qu'ils terminent la fin de leur conversation, ne sachant pas comment agir et si oui ou non je devais intervenir dans l'interaction.

- Tu viens Moriko ? Je vais te faire une rapide visite. Je sais que tu en as déjà fait une, mais revoir les lieux ne te fera pas de mal.

J'acquiesce et nous débutons notre visite guidée. Actuellement je m'identifie au mouton qui suit son berger à la trace, je lui colle aux basques d'une force c'en est effrayant. Mais ma peur de me perdre est titanesque, l'idée même de me retrouver sans personne au milieu d'un endroit aussi grand me terrifie.

Au fil du temps que l'on parcoure les différents couloirs et salles, je comprends que Yuichi va vite devenir mon pilier. C'est déjà lui qui m'a aidé il y a deux mois de cela lors de mon entretien, où j'étais infichue de trouver la salle. Et là de nouveau, c'est le pivot de mon nouveau boulot. En plus il est gentil, j'ai hâte de travailler avec lui.

- Je crois qu'on a fait le tour ?

- Merci Monsieur le guide, c'était très instructif !

- Haha pas de souci, je suis là pour t'aider surtout. Il me répond d'un ton très galant. Oh bah ça tombe bien ! Enchaîne le blond aux yeux bleus en voyant une femme dotée d'une longue blouse blanche passer à côté de nous. Shizuka !

- Hm ? Ah Yuichi ! Elle s'écrie en percevant son interlocuteur. Qu'est-ce qu'il y a ?

- Voici Moriko la nouvelle ! Ça te dérange si elle vient avec toi pour le reste de la journée ? Comme ça elle pourra se familiariser au système de l'hôpital.

- Enchanté. Je lui dis en m'inclinant vers elle.

La brune hoche la tête et l'incline légèrement.

- Enchanté Moriko. Et non ça ne me pose aucun problème ! Ça tombe bien je dois faire un check-up de mes patients donc tu vas pouvoir avoir un aperçu. M'indique Shizuka en souriant.

J'acquiesce, je salue le blond et je change de berger, ayant maintenant la brune pour me diriger. Elle m'explique deux trois trucs tout en se baladant dans l'hôpital, je la trouve très agréable à écouter.

- Voilà on est arrivé ! Tu remarqueras que l'établissement est très grand et qu'on marche énormément par jour. Me dit-elle en riant d'épuisement, et on pénètre dans la chambre. Donc ici on a un cas plutôt... Commun. C'est un vieil homme avec un cancer des poumons, la cigarette ça fait jamais de bien...

- Il va s'en sortir ?

- On fait les traitements pour, mais il n'y a aucune garantie, ce cancer est assez mortel tout de même.

L'entendre prononcer ces mots d'une façon aussi naturelle me fait quelque chose. J'ai du mal à concevoir le fait que pour elle, c'est la routine. Chaque matin elle entre dans cet hôpital, sachant que la mort guette chacun des patients présents de plus ou moins loin. Et dire que ce sera bientôt mon quotidien, c'est pas facile.

- Je m'occupe de changer ses perfs et on pourra bouger.

Tandis qu'elle s'occupe du malade, je remets toute ma carrière en cause. Était-ce le bon choix à faire toubib ? Suis-je vraiment prête à ça ? À passer les portes mortuaires de l'hôpital tous les matins ? Plus rien ne me paraît certain dorénavant. Je commence à me ronger les ongles sur ce coup de stress gargantuesque.

- On poursuit ?

- Vous avez déjà fini ?

- C'est rapide à faire ce genre de chose tu sais. Me répond Shizuka en souriant, et elle part. J'ai de la chance là tu vois, parce que j'ai deux patients juste à côté !!! Elle ajoute ravie.

- Ah c'est la chambre de droite les prochains patients à voir ?

- Yep ! Tu verras c'est pas jojo.

Je la trouve bien enjouée pour les propos qu'elle tient... Après vaut mieux en rire qu'en pleurer comme on dit, surtout que sinon on finit vite au fond du trou, mais c'est assez loufoque d'un point de vue externe.

On entre dans la deuxième salle. C'est étrange, car celle-ci est beaucoup plus chaleureuse. Les fenêtres sont grandes et propres, les rayons du soleil se reflètent sur le sol et les murs, c'est très confortable. Il y a un premier lit, et un deuxième juste à côté séparé d'un fin rideau. Des vases remplis de multiples fleurs sont posés sur les commodes, ainsi que des photos familiales.

- Wow tout est bien décoré ici. Comparé au dortoir du monsieur, c'est accueillant cet espace.

- C'est normal. Elle réplique plutôt froidement. Les... patients que j'ai dans cette chambre... Shizuka se racle la gorge, je peux sentir que c'est difficile pour elle. Ce sont deux adolescents. Je pense que tu te doutes de la difficulté sentimentale et mentale que représente la présence d'enfants dans un hôpital. Qui plus est leur histoire est assez dramatique.

Mon cœur s'accélère, je m'attends au pire. Je regarde de nouveau les deux jeunes dans les lits, ils dorment paisiblement. Et à côté du matelas du jeune homme se trouve un adolescent. Il est assis sur une chaise, tenant la main de son ami je suppose. Des larmes coulent à torrent sur ses joues rougies par la tristesse. L'expression de désespoir sur son visage me déchire le cœur.

- Isagi, tu veux bien patienter dehors s'il te plaît ? Lui demande très doucement la docteure.

Il hoche la tête et se lève pour s'en aller. En marchant vers la sortie, Shizuka l'arrête.

- Isagi... Ça va aller.

L'adolescent l'observe dubitatif, l'eau couvrant ses pommettes, et il se jette dans ses bras en éclatant en sanglot.

- Il me manque... Laisse échapper le lycéen d'une voix étranglée.

- Je sais. Je sais...

L'ambiance morose de la pièce me donne l'irrésistible envie de partir, de rentrer me blottir dans mon lit et de changer de vocation. La présence du garçon est tellement pesante, c'est réellement dur d'y faire face de manière professionnelle.

Leur étreinte se finit, et il quitte la pièce. La brune essuie discrètement les perles qui roulent aux creux de ses yeux.

- La jeune fille s'appelle (Y/n) (T/n), et le garçon Bachira Meguru. On les a reçu à l'hôpital il y a à peu près un mois et demi. Elle a fait une tentative de suicide en se jetant d'un immeuble. Lâche Shizuka de manière directe, ce qui me fait rater plusieurs battements. C'était un carnage. Elle aurait dû mourir sur le coup, mais elle est tombée sur ce lycéen. En chutant aussi brutalement sur lui, elle s'est pété un bras droit, et le garçon a eu une fracture de la jambe.

- Mais ils vont bien maintenant ?

- Non, ils sont dans le coma.

D'autres mots encore plus accablants que les précédents.

- Mais ce n'est pas le pire. La jeune fille ne reçoit quasiment pas de visite. Deux amis de sa classe passent la voir quand ils le peuvent, mais ses parents c'est une catastrophe... Je pense qu'ils sont affectés par l'état de leur fille mais la régularité de leur visite est inexistante. Ça me fait de la peine pour elle, il devrait y avoir un de ses proches tous les jours à son chevet. Elle poursuit, légèrement blessée par la situation de la dénommée (Y/n).

- Et le garçon ?

- Il reçoit énormément de visite comme tu peux le voir. Beaucoup d'amis et ses parents sont là tous les jours. Ce qui est malheureux c'est que le pauvre voulait devenir footballeur. Et avec sa jambe en miette...

Les larmes me montent aux yeux, c'est une tâche ardue de me retenir de pleurer.

- Mais euh... Je m'apprête à demander la gorge serrée. Ils vont se réveiller un jour ?

- Je pense oui, sûrement d'ici les prochains mois, du moins je l'espère. Ces deux misérables âmes errent dans le monde du rêve sans en apercevoir le bout. Ça doit être bien long pour elles.

- Sauf si elles font un beau rêve.

- Tu le penses Moriko ? Me questionne Shizuka.

Je remets une mèche de mes cheveux châtains derrière mon oreille.

- J'en suis persuadée. J'affirme avec un mince sourire, une larme s'échappant de la cornée.

En observant leur visage, ces deux lycéens m'ont l'air plus qu'apaisés. Si le destin le veut, leur âme sûrement liée d'amour pour l'un l'autre se rencontreront dans leur propre rêverie, et à leur réveil aussi...

Fin

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Surprise !! C'est une bad ending 😽
+ Joyeuse Saint-Valentin !!

Je sais que vous m'en voulez très certainement et que vous m'insultez peut-être derrière votre téléphone mais cette fin était prévue depuis le début 😭

Je m'excuse de sûrement vous faire du mal </3

Je vais faire un chapitre de remerciement où je développe un peu plus ma pensée sur la fin, et l'écriture de cette histoire, je vous invite à aller le lire :)

Mais si vous décidez de vous arrêter là, sachez que je vous remercie d'avoir lu jusque ici, et j'espère que ça vous a plu !

À bientôt j'espère,

~ Maë ♡ ~