13 - Le suave parfum du pétrichor.
— Tu es le feu et la braise,
l'incendiaire de ma vie.
Pdv interne :
- Demain matin...? Je répète d'une voix tremblotante. Mais, pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt ?? Je m'empresse de demander, ayant un gros coup de stress.
- C'est pas faute d'avoir essayé, mais je n'arrivais pas à te voir ni à te joindre par message. Il me rappelle tristement.
Ma respiration se coupe et mes poings se serrent. Je ne me suis jamais sentie aussi stupide et aussi honteuse de toute ma vie. Je voudrais m'enterrer six pieds sous terre. Je le perçois maintenant, mon comportement avec Bachira a été d'une bassesse sans limite. Je me prends un retour de karma en pleine face.
Je reste bloquée, complètement paralysée. Les choses que je veux lui dire sont nombreuses, pourtant aucun mot ne se résout à sortir. Je ressens trop d'émotions différentes à la fois que je me perds moi-même. Je fronce les sourcils et mords ma lèvre inférieure, ne pouvant rien faire d'autre face au stress.
- Euh...
Bachira attend devant moi, et il doit sûrement attendre que je dise quelque chose, n'importe quoi. Mais rien ne me vient, c'est horrible. Mon souffle s'accélère et devient beaucoup plus bruyant tandis que je pose mes mains sur ma gorge.
- (Y/n) ça va ? Il me questionne, commençant à être inquiet.
- Je crois que je fais une crise d'angoisse. J'arrive à prononcer faiblement.
Ma gorge se compresse, et je sens que l'oxygène peine à circuler, ce qui me fait m'affoler encore plus. Mes poils s'hérissent tous un par un, j'ai des frissons, suivis de sueurs froides. J'hyperventile et je me sens obligée de m'asseoir en position fœtale par terre pour tenter de me calmer.
- Merde, qu'est-ce que je dois faire ?! Se tracasse Bachira en bougeant un peu dans tous les sens. Je te fais du bouche à bouche ???
- Quoi ?! Je lâche un peu plus clairement, dans l'incompréhension totale.
Il commence à perdre son sang froid plus que moi, et je le vois partir en courant dans la cuisine.
J'essaie de me détendre et de prendre mon temps pour respirer, mais c'est très difficile. Mes membres se mettent à trembler, et les gouttes qui glissent sur mon front ne s'arrêtent pas dans leur course. Tenter de s'apaiser, pour moi, c'est une véritable torture. J'abhorre ces crises d'angoisses que je ne sais gérer, à chaque fois dans ma tête c'est l'apocalypse, j'ai l'impression qu'à tout moment, j'implose.
- Tiens !! S'exclame le brun en me jetant un verre d'eau glacée dans la figure.
Je lâche un cri d'effroi et me relève brusquement. Toute ma face est trempée, l'eau dégouline sur mon pyjama. Et pour le coup sa technique improvisée a marché, ça ne m'a pas vraiment calmé puisque ça m'a mis sur les nerfs, néanmoins j'ai réussi à me changer les idées le temps d'un instant, ce qui m'a suffit.
- Qu'est-ce qui te prend bon sang !? Je grogne, frustrée.
Et au lieu de se justifier, il explose de rire. Face à sa moquerie, mes joues se teignent de rose.
- Pardon, pardon, je sais même pas pourquoi je rigole. Il s'excuse en se calmant à son tour. Sinon ça te dit qu'on se voit après cours ce soir ? Me propose-t-il telle une girouette. Là je vais devoir y retourner, mais ce serait cool qu'on puisse se revoir une dernière fois avant que je ne reparte.
Je souffle du nez et lâche un petit rire.
- Oui avec plaisir. Tu passes me chercher quand tu as fini ?
- Ça roule ! Il s'écrie et m'expose son pouce tourné vers le ciel. À ce soir. Conclut-il en sortant de ma maison avec un signe de la main pour me dire au revoir.
Une fois la porte fermée, j'expire un bon coup et m'écroule sur mon canapé. En très peu de temps mon estomac a été retourné dans tous les sens...
Il ne me reste plus qu'à m'habiller correctement pour tout à l'heure, et à essayer de penser à autre chose qu'à son départ pour éviter de déprimer.
✩ ✩ ✩
J'applique délicatement une couche de gloss sur mes lèvres, et je m'observe dans le miroir, je suis enfin prête. J'ai décidé de mettre une robe (c/p), mais pour pas que ça ne fasse too much, celle-ci est d'avantage mignonne que belle. Il ne fait pas forcément très froid dehors, mais j'ai tout de même opté pour mon manteau d'hiver, et des collants en laines. (NDA : Les personnes qui n'aiment pas les robes, imaginez ce que vous voulez :)).
Je m'étire et descends les escaliers, parée à partir vivre mes derniers moments avec lui avant longtemps. La sonnette retentie, cette fois-ci il l'a utilisé.
- Coucou ! Je le salue en ouvrant la porte.
- Yo. On y va ? Me demande-t-il chaleureusement, un ballon sous le bras.
Je hoche timidement la tête et on quitte la maison.
- On va où en fait ?
- Ça te dit qu'on retourne au temple ? Là où on était avec mes amis la dernière fois. Il me propose en fourrant ses mains dans ses poches.
- Le temple ? Oui c'est une bonne idée. Je confirme plutôt sereine pour cette fin de soirée.
Et comme la dernière fois, je fixe le ciel. Celui-là n'est pas beau contrairement à la semaine dernière, c'est désolant. Les cumulus qui le composent sont tous blêmes et d'une couleur poussièreuse. On peut même les sentir trembler, l'odeur de la pluie et de l'orage est présente avant même que ça n'arrive. Mais bon ça ne dérange absolument pas, j'adore le suave parfum du pétrichor.
La route est longue et je n'ose pas parler, je ne sais pas quoi dire. On pourrait croire que le silence est pesant, voir gênant, mais non il est étonnement agréable. Les minutes passent rapidement, on arrive rapidement à un compte de dix.
- Ah il commence à pleuvoir. Me fait savoir Bachira en recevant de l'eau sur son front.
- On se dépêche ? Je l'interroge en sentant à mon tour une goutte s'écraser sur ma tempe.
- L'eau te gêne ?
- Non ça va, je ne suis pas en sucre.
De plus mon manteau d'hiver couvre ma robe et l'empêche de recevoir des éclats de pluie.
- Tu te sens mieux depuis ton "accident" ? Il me demande de façon spontanée.
Le fait qu'il utilise le mot accident pour parler de ma tentative de suicide me fait sourciller. À croire que c'était accidentel, mon saut du toit. Après je pense que c'est juste délicat d'utiliser le terme "suicide", ça fait peur à beaucoup de gens.
- D'où sort cette question ?
- C'est parce qu'il pleut, et il n'a pas plu depuis ce jour fatidique.
- Oui c'est vrai. J'acquiesce simplement. Et bien je me porte mieux.
Il m'écoute en jouant avec son ballon du bout de ses doigts.
- Merci, car c'est grâce à toi.
Il me jette un regard, faisant la moue, et ses lèvres dessinent la forme d'un sourire.
- Content d'avoir pu aider alors.
Je me mets à fixer le sol, cette fois-ci gênée. Son ton est tellement doux, ça fait bondir mon cœur dans tous les sens.
- Oh on est arrivé !
Je relève les yeux, l'endroit est toujours aussi sublime.
Le sanctuaire possède toujours ses belles structures bordeaux, mais elles ne sont plus étincelantes, l'herbe autrefois vermeille et les sublimes fleurs opalines sont devenues ternes à cause de la météo chahutée.
- Malgré les couleurs plus foncées, ce lieu n'en reste pas moins exceptionnel. Je constate émerveillée.
Bachira s'avance et il commence à jouer avec les ballons, faisant des jongles avec. Je m'approche un peu, et je l'observe faire son spectacle. Je peux voir sur son visage qu'il prend vraiment du plaisir, et que le foot, c'est sa passion. Rien que le fait de poser mes yeux sur sa personne exalté me rempli d'une joie incommensurable.
Ses beaux cheveux ébènes sont imbibés d'eau, eux qui sont habituellement plutôt volumineux sont désormais tout plats et collés à son front. Aussi étrange que ça puisse paraître, Bachira les cheveux mouillés, c'est une magnificence.
- Il pleut vraiment beaucoup... Je remarque en sentant des grosses gouttes me taper.
Je bouge pour essayer de trouver un abri, tandis que lui reste à s'amuser avec sa balle, et à essayer d'avaler les gouttes qui tombent sur lui. Il fait totalement abstraction de ce qui l'entoure, alors pendant un instant, moi aussi. Si Bachira s'amuse, pourquoi pas moi ?
- Tu veux danser avec moi ? Je demande sans réfléchir dans sa direction, ayant une pulsion.
Il s'arrête de jongler.
- Danser ? Pour que faire ?
Je reste bouche bée, honteuse d'avoir pu proposer ça sans considérer qu'il pourrait me répondre "non". Des bégaiements se font entendre de ma part.
- Je rigole bien évidemment ! Il s'écrie en posant son ballon par terre. Si ça te fait plaisir, dansons. Me propose Bachira en me tendant sa main.
Je l'attrape, et un petit rire s'échappe de mes lèvres. Sa main sur ma hanche, l'autre un peu plus haut dans mon dos, les miennes accrochées à son cou, et mes yeux ancrés dans les siens. La flamme que j'ai tant cherché à obtenir pour embraser mon cœur froid, elle est devant moi. C'est ce garçon, c'est lui qui enflamme mon cœur sec. En dépit de toute la pluie qui s'abat sur moi, toute l'eau qui voudrait éteindre ce feu, l'étincelle reste en vie. Dès lors où je touche sa peau, dès lors où je vois sa silhouette, c'est tout mon être qui s'immole.
Je me nois dans son regard, ses iris dorées me font perdre la tête. Et tandis qu'on danse dans la pluie, sautant aléatoirement dans des flaques, mes mirettes obnubilées par les siennes descendent dangereusement sur ses lèvres.
" Je voudrais tellement l'embrasser " Me dit mon cœur. Mais mon cerveau n'est pas du même avis.
Et malgré ce désir qui me consume, ma raison, mais surtout ma peur, m'empêche d'agir. Mes insécurités sont trop grandes pour franchir le pas, même si ça me démange de le faire.
Bachira me fait tourner sur moi-même, et tous les deux nous rions aux éclats. Toutes mes fringues sont dégueulassées par la boue et les pleurs des nuages, mais j'en ai rien à foutre. Je profite du moment présent, de cet instant où Bachira est là.
Et je sais que nos aux revoirs de ce soir seront composés de sourires et de rires, cependant une fois chez moi, ce sont les chutes du Niagara qui vont sortir de mes yeux.
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Sachez que pour décrire la pluie, à la place des "pleurs des nuages" j'ai failli mettre "le pipi des nuages" 😭
Mais je me suis retenue-
Chapitre pas si triste que ça maaaais j'avoue le fait que Bachira s'en aille c'est pas ouf 🤠
Il reviendra don't worry (en même temps la ff est sur lui mdrr-)
D'ailleurs pour mon bac blanc ! Ça a été, je crois, les sujets étaient pas si durs que ça (sauf en AMC où c'était bien casse couille) mais du coup on verra bien ! Je pense j'aurais pas en dessous de 10, ni au dessus de 15, que ce soit pour l'SES, l'AMC, ou la philo. Je vous redirais mes notes si je les ai avant que je ne publie la fin de cette ff :')
À la semaine pro <3
~ Maë ♡ ~
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