10 - Funanbulisme.
— Si l'on n'est pas sensible,
l'on n'est jamais sublime.
Pdv interne :
À peine le portail franchi qu'on entend déjà des bruits incessants venant de la cour du lycée. Au premier coup d'œil, nos yeux tombent nez à nez à une immense banderole avec marqué "20 ANS". Heureusement qu'il n'y a plus personne à l'entrée de l'établissement, sinon Bachira et moi on est mort.
- Allons-y. Il m'annonce fermement en empiétant la marche.
Je le suis, et on s'immisce dans la foule. On débarque pile poil à l'heure du discours fait par le proviseur. Le truc c'est qu'on est loin de l'estrade, et que le directeur parle beaucoup trop près du microphone. Si on ajoute à ça les brouhaha des élèves qui papotent, c'est quasiment impossible d'entendre ce qu'il raconte.
De toute manière ce genre de discours c'est vu et revu, je n'ai pas besoin de l'entendre pour savoir ce qu'il débite. Alors, je m'amuse à regarder les visages des personnes concentrées sur la voix du proviseur. Certains froncent les sourcils et abandonnent, ne comprenant sûrement pas assez ses paroles. D'autres soupirent et font la moue, ennuyés par le monologue pourtant cinglant. Et les plus fous ont des étoiles dans les yeux, observant avec amour le chef de l'établissement qui leur chuchote une poésie à l'oreille.
- Merci à tous pour votre attention. Conclut-il après de longues minutes, s'inclinant face à la foule.
Un tonnerre d'applaudissements assourdissant naît, détruisant mes tympans. Et l'instant d'après, tout le monde part vaquer à ses occupations, comme si de rien n'était. Au milieu de cette nuée d'humains, ne reste que Bachira et moi-même, complètement paumé.
- Chaque élève doit avoir son propre stand ou une activité à mettre en place, mais moi vu que j'étais pas là...
- J'étais pas là non plus avec mon entrainement, donc on se retrouve seuls à deux. Me dit-il accompagné d'un mince sourire.
Sa remarque me fait très légèrement rosir, et je souffle du nez.
- On fait quoi du coup ? Parce que j'ai pas vraiment envie de glander toute la journée à rien faire, va falloir décider où on va !
- Où est-ce que tu veux aller toi ?
- Comme tu veux, choisi ce que tu préfères et je suis. Je poursuis d'une humeur docile.
Il réfléchit le temps d'un instant et se dirige ensuite vers un stand de tir de fléchette. Des cris fusent déjà de tout le côté, et les maritornes qu'on a en guise de surveillantes s'amusent à râler sur la sonorité des élèves.
- Et c'est... RÂTÉ !!! S'écrie le terminal qui s'occupe de gérer le stand. N'oublie pas, tu peux toujours retenter ta chance plus tard ! Au suivant !
Étant donné que c'est les débuts des activités, il n'y a presque pas de queue, et tant mieux.
- C'est nous !
- Super, qui commence ? Nous demande-t-il.
- T'y vas ? Enchérit Bachira en se tournant vers moi.
- Euh t'es sûr ? Je vais sûrement me rater...
- C'est pas grave ça ! Il me rassure en me donnant une tape dans le dos.
- Bon...
Je m'avoue vaincue, et je m'empare donc des fléchettes. J'ai très peu d'expérience dans la matière, mais faut tenter dans la vie après tout. J'orne un air carnassier sur mon visage, je me concentre, et je tire la première.
- Pas mal ! Pas mal du tout !! S'exclame spontanément le garçon.
La flèche a atteint le troisième rond en partant de l'intérieur, je suppose que c'est pas trop mal.
- Allez, va pour la deuxième.
Je la lance, et j'enchaîne avec la troisième. Une arrive encore un peu plus au centre que la première que j'avais envoyé, et l'autre je la rate complètement. Un peu plus et elle était partie se planter dans le visage du terminal. Celui-ci a eu très peur, mais il m'a tout de même félicité pour mon score et j'ai gagné un bonbon, super.
- À ton tour Bachira !! Je m'écrie d'une humeur joyeuse.
Il se lèche les lèvres, et au moment où il s'apprête à lancer, une fille débarque de nulle part pour interrompre les tirs et elle se place juste devant nous.
- Désolée de déranger, mais je voulais te demander si tu voulais faire une activité avec moi et les autres ?
En entendant ça, un sourire s'esquisse sur ma face. Je ne la connais même pas, c'est vraiment très gentil de sa part de proposer ça.
- Alors, t'en dis quoi Bachira ? Elle poursuit en m'ignorant royalement.
Je comprends donc que la proposition ne m'est pas du tout adressée, mais qu'elle est pour mon ami. C'est extrêmement gênant pour moi.
- Oui si tu veux. Il acquiesce gentiment sans être enjoué non plus. Ça ne te dérange pas que je te laisse (Y/n) ?
Bien sûr que si que ça me dérange, sans toi je me retrouve tout seule. Mais je ne peux pas me permettre d'être égoïste et de ne penser qu'à moi, il a aussi des amis et c'est normal. Je suis sûrement juste une pote pour lui, ça se trouve cette fille est beaucoup plus proche de lui que je ne le suis.
- Non t'inquiètes, t'en fais pas pour moi !
- À tout à l'heure alors. Il me dit et me fait signe de la main.
Je le regarde partir aux côtés de cette fille que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, et je ressens un gros pincement au cœur malgré moi.
Et sur le moment ça paraît bête, mais dans ma tête je n'ai envie que d'une chose, c'est de pleurer. Pleurer toutes les larmes de mon corps jusqu'à ce que les quatre-vingt pourcent d'eau qui me compose tarissent. Une larme s'échappe de ma cornée, et pour éviter de m'exposer en public comme une pleurnicharde, ou comme une pseudo dépressive selon certain, je fuis vers l'intérieur. Je décide d'aller me réfugier dans les toilettes, n'ayant pas d'autres idées de cachettes pour le moment.
Je m'assois sur le rabat des chiottes, et je peux sentir sa froideur à travers le tissu de ma jupe. Je fais face à un moment de silence où je me retrouve avec moi-même. Un moment de pur solitude, un moment comme avant. Et là, d'un air non pas dramatique mais pitoyable, les vannes s'ouvrent. Je pleure à flot si ce n'est à torrent, mon nez coule, et mes lèvres gercées par la température moindre commencent à saigner. Je repense à ma classe, à ma famille, et surtout à lui.
Je me rends compte que j'ai peur, constamment. Mon bonheur ne tient qu'à un fil. C'est comme si j'étais funambule, à tout moment la corde rompt et je chute, pour la deuxième fois. Une chute similaire à celle du toit, mais pourtant très différente, car cette fois-ci des gens regardent mon spectacle sur mon bout de ficelle. Ils sont tous aux aguets, se mordillant la lèvre de peur pour moi et se grignotant les ongles. J'use de toute ma force pour ne pas être déséquilibrée et tomber de la corde qui elle me maintient en vie.
Le problème, c'est que ma corde, c'est Bachira.
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Merci pour les 4000 vues *cry*
Oh, info random qui me vient : sachez que j'ai créé cette ff à partir de la fin. J'avais une fin en tête et le reste est venu après, j'ai hyper hâte que vous lisiez le dernier chapitre de cette histoire, vous êtes pas prêts hahaha
ET BONNE ANNÉE !!! Que 2023 vous apporte tous que du bonheur ! :D
J'espère que votre nouvel an s'est bien passé :)
Dans une semaine c'est mon bac blanc j'ai pas touché à mes cours des toutes mes vacances alors que j'ai une dizaine de chapitres à réviser wouuuuh 🥲
(Mon année va bien commencer mdrr)
À dimanche prochain, ce sera la veille de mon épreuve de philo, je vous dirais si je suis vraiment dans la merde ou pas ;)
~ Maë ♡ ~
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