chapitre 2

Érétria se réveille un peu plus tard que d'habitude. Elle a beaucoup pleuré, mais c'est avec le sourire qu'elle se réveille, replongeant dans son petit monde coloré. Les autres filles du dortoir sont déjà parties alors elle en profite pour rester au lit cinq minutes de plus.

Dans la grande salle, Remus fixe la place vide de Tria avant de relever la tête en entendant de nouveaux élèves entrer et ses épaules s'affaissent en voyant qu'il ne s'agit pas d'Érétria. Ses parents lui ont fait la morale alors il essaie de garder un œil sur elle de loin.


— Elle va arriver, se moque Sirius. Tu fixes la porte comme si ta vie en dépendait.


— Elle est toujours en avance, explique Remus. Elle est peut-être malade ou elle a besoin d'aller à l'hôpital ou...


— Mais non, le coupe James en soupirant. Regarde, la voilà ta chérie. Et puis d'abord comment tu sais qu'elle est toujours en avance ?


Remus relève la tête, ignorant les propos de James alors que Tria arrive en sautillant jusqu'à sa place. Elle pose sa poupée démembrée sur la table et sourit aux Maraudeurs et ceux autour.


— Bonjour James, dit-elle. Bonjour Sirius, bonjour Peter et bonjour monsieur Remus.


James et Sirius pouffent discrètement tandis que Remus pique un fard et il marmonne. Il ne sait pas d'où ce surnom vient, mais elle l'a toujours appelé comme ça. Sirius se penche en avant sur la table et attrape un morceau de la poupée.


— Dis donc, dit-il, elle a morflé. T'y es pas allée de main morte.


— Ma poupée a été cassée, dit Tria avec du chocolat autour de la bouche. Les filles de mon dortoir se sont amusées alors je vais devoir l'emmener réparer.


— Bah, je te la répare si tu veux, propose Peter. Tu ne sais pas lancer un reparo?


— Si, mais papa et maman disent que ce n'est pas bien d'utiliser la magie comme ça à tout bout de champ.


Remus relève discrètement les yeux et observe Érétria puis sa poupée. Il a remarqué qu'elle n'a jamais la même. Plus jeune, il pensait que c'était parce que les poupées étaient vivantes et qu'elles prenaient la fuite. Il en avait une peur bleue parce qu'elles sont toutes difformes.


— Quelle bande de pétasses, lâche Marlene en se mêlant à la conversation. Pourquoi tu ne demandes pas à changer de dortoir ?


— Oh ce n'est rien, répond Tria. Elles s'amusent et puis je vais réparer ma poupée.


— Eh bien, si c'est grave, intervient soudain Remus. Elles n'ont pas à casser tes affaires.


— Ah Ah ! Monsieur Remus se réveille, se moque James.


— J'en déduis qu'on va passer à l'action, ricane Sirius.


Remus grogne et il regarde Tria, parfois, la plupart du temps, elle l'énerve parce qu'elle ne réagit pas. Dès que quelqu'un lui fait du mal, elle lui trouve une excuse, elle ne s'énerve jamais et il voudrait bien la secouer pour la faire réagir.


— On ver- verra ça plus tard, marmonne le jeune homme.


Le loup-garou grimace, son bégaiement ressort souvent quand il est nerveux. Peter va manger sa cuillère de céréales lorsque Tria lui attrape la main et la secoue.


— Tu as des mains de guitariste, dit-elle. As-tu déjà fait de la guitare ?


Sirius éclate de rire et donne une grande tape dans le dos de Peter qui est projeté en avant contre la table, comme si c'était la chose la plus hilarante qu'il n'ait jamais entendue.


— Pete? Jouer de la guitare? braille Sirius. C'est comme si toi, tu jouais de la trompette.


— Oh non, je ne joue pas de trompette, répond Tria sans comprendre l'ironie. Moi, je joue du piano. Et du violon, mais j'apprends encore et puis...


Elle continue de parler, mais plus personne ne l'écoute. Enfin, Remus l'écoute, mais fait mine de converser avec ses amis. Soudain, des rires s'élèvent et il tourne de nouveau la tête vers Érétria. Ses poings se serrent alors qu'il la voit sortir une queue de rat de son bol. Lucius est celui qui rit le plus fort et Remus attrape le bol de Tria, sachant très bien qu'elle a peur des rats. Il se lève et Sirius et James se lèvent à leur tour, le suivant jusqu'à la table des Serpentards et il pose le bol face à Lucius.


— Bois-le, dit-il en serrant les dents.


Lucius le regarde avant d'éclater de rire et il plisse les yeux. Remus déteste quand il fait ça, quand il le regarde intensément comme s'il pouvait lire dans son âme, mais il ne lâche pas et tient bon.


— Sinon quoi ? raille le blond.


— Bois-le, répète Remus. Ou je te le fa-fais a-avaler de fo-orce.


Les rires redoublent aux bégaiements de Remus et le jeune homme sent ses joues le brûler. Paralysé, il sursaute quand le poing de James écrase la joue de Lucius et le silence se fait alors. Lucius tombe à la renverse tandis que James lui saute dessus, cherchant le bol, il le renverse et tâte jusqu'à trouver la queue de rat.


— Il t'a dit de le bouffer, alors c'est ce que tu vas faire, grogne le garçon à lunettes.


Lucius se débat alors que James lui enfonce dans la bouche. Sirius pose une main sur l'épaule de Remus, mais le jeune homme le repousse et s'enfuit en courant, le souffle court. Pourquoi faut-il qu'il soit incapable d'aligner deux phrases?

Remus renifle alors qu'il se cache dans la tour où sont alignés tous les hiboux. Il replie ses genoux contre sa poitrine et reste comme ça un long moment. C'est quand il entend la porte s'ouvrir qu'il se fige. Tria entre en sautillant et aucun hibou ne prend son envol.

La jeune fille a les cheveux qui volent dans son dos, retenus par un ruban et elle caresse chaque animal en comptant les secondes afin qu'aucun d'eux ne se sente exclu. Remus l'observe, fasciné.


— Il fait beau aujourd'hui, dit-elle. Ah, oui le soleil, il va briller fort pour une fois. Vous allez aller vous promener?


Remus est fasciné par Tria. Elle est tellement... étrange mais en même temps, c'est ce qui fait d'elle ce qu'elle est. Quand elle se retourne et que leurs yeux se croisent, le jeune homme s'empourpre et Tria lui sourit, sautillant vers lui.


— Coucou monsieur Remus, dit-elle. Je ne t'avais pas vu. Toi aussi, tu es venu voir les hiboux? Parfois, Réglisse Regulus vient aussi les voir, mais il dit qu'il donne seulement du courrier. Mais je sais qu'il ment. La dernière fois, je l'ai surpris en train de parler à l'un d'eux.


— Euh..., ouais, marmonne le brun. Je suis venu voir les hiboux.


Soudain, il écarquille les yeux quand Érétria lui saute au cou et son odeur de lavande lui parvient. Il reste immobile, ne sachant pas quoi faire et elle finit par se reculer, lui souriant de toutes ses dents.


— Tu es mon héros, s'exclame la jeune fille. La violence ne résout rien, mais tu m'as défendue contre Lucius, c'est très gentil de ta part.


— Tu parles, grogne Remus. J'ai rien fait, c'est J-James qui a fait quel-quelque chose.


— C'est toi qui as voulu aller donner mon bol à Lucius, alors c'est toi mon héros.


— Pourquoi tu les laisses faire ? demande Remus avec douceur. Tria, ils sont mé-méchants avec toi.


— Moi, je dis toujours que s'ils sont comme ça, c'est qu'ils ont des problèmes à la maison alors je ne veux pas être méchante. Ça ne sert à rien.


Remus souffle, exaspéré. Tria ne s'en sortira jamais dans la vie si elle reste comme ça. De près, il remarque à quel point ses yeux sont grands et brillants. Il est mal à l'aise en voyant la façon dont elle le regarde et il se racle la gorge. Il n'aime pas qu'on s'attarde sur son visage balafré.


— Tu en as une nouvelle, dit Tria. De cicatrice.


Remus sent la honte le submerger, mais un frisson le parcourt lorsque Tria pose son doigt dessus et la caresse doucement. Le brun entrouvre la bouche. Ses yeux descendent sur les lèvres de la jeune fille et il lève les yeux au ciel. Tria ne sait probablement pas ce qu'est un vrai baiser et à quoi s'attend-il ? C'est stupide. Se reprenant, il repousse sa main et se relève, l'impression d'avoir le corps en feu.


— Et alors ? dit-il un peu méchamment.


— Oh rien, je l'ai remarqué, c'est tout, répondit-elle en lui souriant. Tu devrais mettre un peu de baume de bave de...


— Je n'ai pas besoin de tes conseils débiles, la coupe Remus en tournant les talons.


Tria fronce les sourcils et elle regarde la porte se refermer. Elle a dû le blesser et elle se sent mal. Elle n'a pas voulu être méchante. La jeune fille caresse une dernière fois les hiboux puis s'en va. Elle croise Regulus dans l'escalier et, surpris, il échappe ses affaires.


— Pardon Réglisse Regulus, dit Tria.


Elle se baisse pour l'aider et elle attrape une sorte de journal en cuir. Regulus lui arrache des mains, les joues brûlantes avant de tourner les talons, mais Tria en a assez lu pour savoir une chose que les autres ne savent pas. Sauf Steviah, peut-être, Regulus a un cœur et ce cœur bat pour Steviah.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top