Chapitre 9

Mai 1942,

Cinq mois, cinq longs mois où Walburga vit dans l'attente et dans la peur. Les lettres de Sirius sont rares et depuis son départ, c'est comme si tout son monde a arrêté de tourner. Comment vivre lorsque l'homme qu'on aime est sur un champ de bataille? C'est impossible et la jeune fille dépérit de jour en jour.

Heureusement, elle est à Poudlard et les lettres ne sont pas réceptionnées par sa famille alors si elle n'a pas de nouvelle, c'est qu'il n'écrit pas. La brune soupire et fait tourner la bague de fiançailles d'Orion autour de son doigt. Elle a réfléchi à des dizaines de façons de l'annoncer à Sirius, mais à chaque fois elle se dit que ça ne va pas et elle recommence encore et encore, elle préfère lui dire en face, c'est beaucoup plus simple.

Walburga relève la tête et regarde les élèves passer en courant, se rendant à Pré-au-lard. Se forçant à bouger, elle en prend la direction d'une boutique lorsqu'elle arrive sur place. Elle soupire alors qu'elle achète une nouvelle plume puis elle regarde autour d'elle, s'assurant que la voie est libre et elle s'échappe.

Walburga court jusqu'au passage qu'elle prend souvent et lorsqu'elle traverse le mur, elle arrive dans le monde des moldus. Elle n'en a pas vraiment l'habitude, surtout dans cette partie-là de la ville et elle se dirige vers le premier point à journaux. Son cœur palpite, terrifiée à l'idée de voir un gros titre concernant la guerre. Il y a foule et elle se fait un peu bousculer, ce qui la fait grogner, mais elle se fraie un chemin jusqu'au vendeur et lui achète un journal.

Elle le déplie, parcourt les pages, mais c'est toujours les mêmes informations, rien de nouveau. Walburga regarde autour d'elle, fronçant les sourcils en voyant de plus en plus de monde et elle se retourne vers l'homme qui lui a vendu le journal.


— Excusez-moi, dit-elle, que se passe-t-il? Pourquoi y a-t-il tant de monde?


— C'est le jour des soldats, dit-il, les blessés et les morts qui ne sont pas explosés sont rapatriés ici. Les gens viennent s'assurer que les gars ne sont pas les leurs.


La brune grimace au mot explosés, elle a une affreuse image qui s'imprègne à son esprit et elle la chasse en secouant la tête. Elle ne retient que l'essentiel, des soldats rentrent à la maison. Elle traverse la rue en courant et suit le convoi de moldus. Elle se sent un peu oppressée, mais elle trouve un petit coin en attendant, l'angoisse grimpant en flèche.

Ses mains tremblent à mesure que les minutes passent, elle prie que Sirius soit en vie, en bonne santé, elle est sûre qu'elle le saurait s'il était mort. Elle s'en persuade et lorsque les camions entrent dans la ville, elle se précipite dans la foule, essayant d'être aux premières loges. Le premier camion s'ouvre et des hommes en sortent, chargés de corps inertes qu'ils emportent dans l'hôpital afin que les familles puissent reconnaître leurs frères, leurs amis, leurs pères ou leurs maris.

Walburga reste les pieds plantés au sol, refusant d'aller voir parce qu'elle sait que Sirius n'y est pas. Le second et le troisième camion déchargent aussi des corps et elle se retient à une femme afin de ne pas flancher. Les deux derniers camions s'ouvrent et des cris, des pleurs, une cacophonie monstrueuse l'engloutit. Elle se met sur la pointe des pieds, essaye de voir à travers la foule, mais elle se fait bousculer et ne voit rien.


— Sirius? l'appelle-t-elle.


Elle l'appelle plusieurs fois, espérant ou non, elle ne saurait le dire, entendre sa voix. Et plus la foule diminue, plus son cœur se serre. Peut-être est-il rentré avant, quand le carrosse de camions est venu la fois d'avant. Mais pourquoi ne lui aurait-il pas fait savoir qu'il était de retour? La jeune fille hésite, doit-elle aller à l'intérieur de l'hôpital et voir s'il est parmi les cadavres?


— Non, souffle-t-elle. Sirius est en vie.


Les camions redémarrent, laissant une poussière suffocante dans l'air et elle regarde la place moins pleine. Certains soldats, blessés, marchent en boitant, avec une canne ou dans un fauteuil. C'est terrible à voir et un sanglot s'échappe de ses lèvres. Il n'est pas là. Sirius n'est pas là. Est-il mort, explosé comme le vendeur de journaux lui a dit? Est-ce qu'il se bat toujours? Elle ravale ses larmes et traverse la rue, le cœur meurtri.


— Walburga, dit quelqu'un.


La jeune fille fronce les sourcils et elle se retourne, mais elle ne reconnaît personne. Son prénom n'est pas commun, pas chez les moldus en tout cas et elle tend l'oreille. Plusieurs prénoms sont énoncés par un groupe de personnes qui, elle le comprend, parlent des soldats qui réclament quelqu'un et elle sent de nouveau son cœur s'emballer.


— Excusez-moi, lance-t-elle en s'approchant. Je... Je suis Walburga. Est-ce que... Est-ce que c'est Sirius?


L'un des hommes se tourne vers elle et la regarde de haut en bas, assez surpris de voir une fille vêtue tout de noir, pâle comme la mort. Elle essaie de lui sourire afin de le mettre en confiance et elle voit que ça fonctionne lorsqu'il sourit à son tour.


— Eh bien, l'un des patients demande une Walburga, ça fait plusieurs semaines qu'il est ici. Il ne dit rien d'autre que ce prénom.


La brune n'en écoute pas plus. Plusieurs semaines. Sirius est ici depuis plusieurs semaines. Elle se précipite dans l'hôpital, ne sachant pas très bien comment cela fonctionne et elle héla une infirmière.

Elle se précipite sur la jeune femme qui sort d'une chambre et elle essaie tant bien que mal de lui expliquer la situation bien que sa voix tremble. L'infirmière lui pose une main sur l'épaule et elle la regarde avec un doux sourire. Elle a sûrement l'habitude et Walburga tente de se calmer.


— Je ne sais pas si le jeune homme s'appelle Sirius, il ne répète que votre prénom, dit-elle. C'est le patient de la chambre 12.


Walburga la remercie et elle s'empresse alors de regarder les numéros sur les portes. Arrivée au numéro douze, elle déglutit avec peine et elle tourne la poignée. Plusieurs lits sont alignés de chaque côté et elle frissonne en voyant les hommes mal en point.

La brune avance lorsqu'elle le voit. Un sanglot s'échappe de sa gorge. Malgré le bandage qui lui couvre la moitié du visage, elle le reconnaît. Elle court jusqu'à lui, laissant ses larmes couler et elle lui attrape la main, se penchant au-dessus du blond.


— Sirius, souffle-t-elle. Sirius, je suis là. Je suis là mon amour.


La jeune fille pleure et pose sa tête sur son torse alors qu'il ne semble pas réagir. Elle entend son cœur battre et ses larmes redoublent quand elle sent la main du jeune homme sur sa joue.


— Walburga .., souffle-t-il.


Elle relève la tête, la ramène vers lui pour qu'il puisse la voir et il balaie ses larmes doucement. Elle aperçoit à peine ses lèvres sous le bandage, seul son œil et la moitié de sa joue droite sont visibles. Walburga hoche la tête, riant de soulagement.


— Je suis là, dit-elle. Tu es rentré. Si tu savais comme j'ai eu peur. J'ai cru .. chaque jour j'attendais des lettres. J'ai eu si peur.


— Walburga, répéta le blond.


La jeune fille se remet à pleurer en voyant que c'est le seul mot qu'il peut articuler sans avoir mal. Elle embrasse sa main et s'assoit sur le lit, refusant de quitter son chevet. Sirius respire mal, il va beaucoup mieux cependant et de voir Walburga, ça semble le soulager.


— Je t'aime, dit-elle. Je vais rester.


Le jeune homme secoue la tête, elle sait le message qu'il essaie de lui faire passer. Elle doit rentrer sinon ses parents seront prévenus et alors, sa vie sera finie parce que le départ de Sirius a tout changé. Ayant été mis au courant, ils savent désormais que Sirius n'a rien d'un sorcier qui doit se ranger auprès de Voldemort.


— Je reviendrai, promit-elle. Tous les jours. Je te le promets. Je t'aime. Je t'aime tellement.


Elle se force à bouger, les larmes coulant toujours sur ses joues. Il est vivant. Sirius lui est revenu et elle essaie de se calmer. Le plus important, c'est que le garçon à qui elle a donné son cœur est en vie. Qu'il est rentré à la maison et elle rentre au château, le cœur moins lourd.

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