chapitre 3

Morte. C'est le seul mot que répète Walburga, allongée sur son lit depuis des heures maintenant. Lizbeth est morte par sa faute, elle n'aurait jamais dû lui dire qu'elle allait l'aider. Personne n'échappe jamais aux Black, comment a-t-elle pu être aussi idiote ? Son amie est morte et elle ne reviendra pas.

La jeune fille n'a même plus de larmes, elle a les yeux rouges et le teint si pâle qu'elle ressemble à un fantôme. Pourquoi a-t-il fallu qu'elle veuille aider la servante ? Si elle l'avait laissée tranquille, Lizbeth serait encore là, à lui tenir compagnie pour le coucher. La porte reste fermée et n'a pas été ouverte de toute la journée.

Walburga commence à avoir faim, son ventre la tiraille alors qu'elle fixe le plafond. Morte. Elle ne pense qu'à ça. Aux yeux vides de Lizbeth, son teint pâle, la lueur de terreur qui semble rester dans ses iris et la brune gémit. La douleur du deuil ne s'éteint jamais, elle s'amenuise simplement pour ne faire qu'un avec soi.

Soupirant, elle se relève et regarde l'intérieur de sa chambre. Tout est sombre à cette heure-ci en hiver et la jeune fille se dirige vers la porte, écoutant, mais il n'y a que le silence. Elle se sent tellement mal. D'abord Sirius qui se fait frapper, parce qu'il lui a parlé et maintenant Lizbeth. Ce calvaire ne finira jamais. Maudissant ses parents, elle marche de long en large dans la pièce, essayant d'effacer le visage pâle et encore tiède de Lizbeth.

Ce n'est que vers vingt-deux heures, que la brune finit par s'asseoir de nouveau et s'arrache la peau de la lèvre. Elle s'ennuie à mourir, elle a faim et elle veut aller aux toilettes. Pourtant, elle ne bouge pas et reste stoïque, elle ne veut pas frapper à la porte, supplier qu'on vienne. Elle refuse cette humiliation et ne donnera pas le plaisir à ses parents de la voir soumise. Elle sursaute lorsqu'un caillou est jeté contre sa fenêtre et elle fronce les sourcils.

Il fait encore plus sombre et Walburga se relève, marchant jusqu'à la vitre. La jeune fille se dissimule pour regarder et son cœur s'emballe. Elle ouvre la fenêtre, essayant de ne pas la faire grincer et se penche pour regarder le visage de Sirius, baigné par la lune.


— Qu'est-ce que vous faites là ? Vous êtes inconscient ? dit-elle. Et comment avez-vous trouvé ma chambre ?


— Vous n'êtes pas venue au rendez-vous, s'excuse le blond. Et Lizbeth, non plus. Je me suis inquiété alors je suis venu. Et j'ai lancé mon caillou au hasard en espérant tomber sur vous.


— Vous êtes fou, souffle Walburga.


— Allez-vous bien ? demande-t-il.


Walburga sent sa gorge se nouer et elle sent ses lèvres trembler. Elle n'aime pas se montrer faible et vulnérable, mais les larmes débordent et se mettent à couler alors, elle secoue la tête. Voyant Sirius commencer à grimper sur l'arbre, la brune secoue encore plus ses cheveux.


— Arrêtez, supplie-t-elle. Vous allez vous faire prendre !


Pourtant, Sirius continue son ascension et saute jusqu'à la fenêtre, enjambant la balustrade et entre dans la chambre. Il ne parle pas, ne prend pas la peine d'obéir aux convenances et attrape Walburga pour la serrer dans ses bras. Éclatant en sanglots, la brune se blottit contre lui et sent ses caresses dans ses cheveux, son dos et elle se laisse aller à la détresse.


— Je suis là, dit-il d'une voix rauque. Je suis là maintenant.


— Ils l'ont tuée, souffle-t-elle. Lizbeth ... Elle .. mes parents l'ont tuée.


Walburga sent Sirius se raidir et elle est prise d'une peur soudaine. Et s'il s'en mêlait ? Il ne faut pas qu'il s'en mêle, c'est trop dangereux et elle relève les yeux vers lui. Doucement, il pose ses mains sur ses joues et essuie les larmes de la brune, ancrant son regard au sien.


— Avez-vous mangé? demande-t-il. Vous êtes pâle et vous tenez à peine sur vos jambes.


Le jeune homme sort de sa poche un biscuit qu'il comptait manger, mais il lui donne et Walburga ne le refuse pas, le dévorant presque comme si elle n'avait pas mangé depuis des jours et il l'observe, inquiet. Cette maison abrite le diable et il ne sait pourquoi, mais il veut protéger la brune.


— Walburga, souffle-t-il, venez avec ...


La brune plaque sa main sur la bouche du blond lorsqu'elle entend la clé dans la serrure. Elle écarquille les yeux de peur et regarde autour d'elle avant de désigner l'armoire. Sirius hoche la tête, se dirigeant dans ce grand espace abritant des dizaines de robes plus farfelues les unes que les autres.

Walburga crache le gâteau par la fenêtre et s'assied sur son lit au moment où la porte s'ouvre sur son père. Elle se tient bien droite, le visage rougi par les larmes et elle se relève, faisant une légère révérence à son paternel. Les bonnes manières, voilà ce qu'on lui inculque depuis la naissance.


— Les Black ne pleurent pas, dit-il d'une voix grave. Tu nous as déçus aujourd'hui. Lizbeth est morte à cause de toi. Et plus tu essaieras de te rebeller, plus tu auras de deuils sur les épaules, Walburga.


— Oui, père, répondit-elle.


— Bien, alors j'attends, lâche l'homme.


Walburga se raidit, elle déteste faire ça, mais elle n'a pas le choix. Lentement, elle retire sa robe, la laissant glisser le long de son dos, exposant son corps pâle. Elle reste la tête bien droite tandis qu'elle entend la ceinture de son père claquer dans sa main et le premier coup lui arrache un couinement.

Pourtant, elle ne bouge pas et regarde vers l'armoire, priant pour que Sirius n'intervienne pas. Et le jeune homme serre les poings, une envie fulgurante de bondir et de tuer cet homme, mais il sait que ça empirera la situation et il se sent abominable de prendre part à ce spectacle sans pouvoir faire quelque chose.

Les coups claquent sur la peau de la brune, laissant des marques, certaines plus profondes que d'autres et quand son père a fini, elle a le dos qui brûle. La jeune fille se retourne alors vers son paternel et s'agenouille, baisant les pieds de son père en signe de soumission.

Walburga déglutit avec peine alors qu'elle psalmodie une prière en l'honneur du Seigneur de Ténèbres. Elle relève enfin la tête et sent la main de son père se poser sur sa joue. Il la caresse et se penche en avant.


— Tu es une bonne fille, dit-il, maintenant, dors. Nous avons beaucoup à accomplir.


Walburga doit attendre qu'il quitte la pièce pour se relever et elle grimace alors que Sirius bondit de sa cachette, venant la soutenir pour qu'elle puisse s'asseoir sur le lit. Il lui attrape le visage pour la regarder, une lueur de chagrin dans les yeux.


— Je suis désolé, j'aurais dû..., commence le blond.


— Shhh, le coupe Walburga. Ce n'est pas votre faute. Il vous aurait tué. Et moi avec s'il vous avait trouvé. Vous avez fait ce qu'il fallait.


Disant cela, elle pose une main sur la joue du jeune homme et caresse doucement ses blessures. Elle relève les yeux vers lui et l'observe alors, le cœur battant et Sirius pose sa main sur la sienne, avant d'embrasser sa paume.


— Je vais vous soigner, dit-il. Je ne peux pas vous laisser comme ça.


Walburga reste silencieuse. Elle se tourne de sorte à exposer son dos tandis que Sirius s'approche des flacons sur le bureau. Il fouille parmi les tubes et autres bocaux puis attrape ce dont il a besoin pour faire un onguent et soulager la jeune fille. Il attrape un bol et y verse les ingrédients, préférant ne pas parler.

Parfois, les mots ne valent pas un silence. Il mélange avec une spatule puis s'assoit face au dos de Walburga. Le garçon frémit en voyant cette peau si douce qui n'est plus que rougie par de longues marques ouvertes pour certaines. Il attrape la pâte puis l'étale sur la chair à vif. Walburga se raidit et contracte ses muscles en gémissant doucement, mais Sirius a des gestes doux et tendres et elle inspire profondément en sentant le bien-être que lui procure l'onguent.


— Comment connaissez-vous ce genre de remèdes ? demande la brune. Généralement, nous sommes très peu à nous y intéresser. Les sorciers oublient la magie de la nature.


— Les moldus, explique alors le blond. Lorsque j'ai eu seize ans, je me suis engagé dans l'armée. J'avais envie d'aider les non-mages et à la guerre, nous avons besoin de remèdes afin d'apaiser certaines blessures. Attendez, ne bougez pas!


Walburga se retourne et elle observe Sirius. Elle frissonne un peu dans cette chemise fine et elle inspecte le visage du jeune homme avec un léger sourire.


— Vous êtes un homme bon, dit-elle. Se battre pour une guerre qui n'est pas la nôtre, c'est noble.


— Le monde appartient à tous, murmure le blond. Sorcier ou non. À un moment, les deux entrent en collision. Je pense qu'il faut qu'on aide les moldus. Je n'ai pas combattu longtemps malheureusement. Une blessure assez grave a dû me faire rentrer.


Un silence s'interpose entre eux. Ils se dévisagent et Walburga sait que Sirius est un homme bon. Il doit avoir dix-neuf ou vingt ans, mais la maturité dont il fait preuve lui donne l'air plus vieux. Du haut de ses seize ans, la brune paraît plus mature aussi, mais seulement parce qu'elle a dû grandir trop vite pour rentrer dans la société.


— Dites-moi quelque chose, dit-elle. Un secret. Une chose que personne ne sait sur vous.


Sirius a un sourire en coin. Il regarde la brune et lui replace une mèche de ses cheveux, ce qui la fait frissonner et elle sent de nouveau sa respiration s'emballer.


— Eh bien, dit-il doucement, j'aimerais vous embrasser.


— Voilà encore des mots bien dangereux, répond la brune.


— Je suis prêt à prendre le risque, dit-il.


— Pourquoi? demande Walburga.


— Parce que vous êtes quelqu'un de bien, rit Sirius. Et rien au monde ne vous changera, j'en suis persuadé. J'ai confiance en votre silence.


— Je suis une rebelle, sourit-elle. C'est pourquoi je prends le risque également de vous dire que j'ai envie que vous m'embrassiez.


Le visage de Sirius s'éclaire d'un sourire et Walburga déglutit. Il est d'une beauté tellement pure. Elle regrette seulement qu'il ait dû subir les coups de son père à cause d'elle. Le voyant se pencher, elle s'avance et dès que leurs lèvres entrent en contact, plus rien n'existe.

La jeune fille n'a jamais embrassé personne, mais elle sait qu'aucun autre baiser d'aucun autre homme ne pourra lui faire cet effet. Elle pose sa main sur la joue du blond et savoure ce goût fruité qu'ont ses lèvres. Elle oublie son dos, elle oublie le sang des Black qui coule dans ses veines. Elle n'est plus que Walburga, une jeune fille tombant éperdument amoureuse de Sirius, un garçon avec le cœur le plus pur au monde. La lune et le soleil, la glace et le feu. L'interdit. Mais il est trop tard pour faire demi-tour. Walburga Black offre son cœur pour la première et dernière fois de sa vie sans aucun regret.

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