𝗌𝗈𝗎𝗅𝗆𝖺𝗍𝖾 - 𝗯𝗹𝗲𝗮𝗰𝗵 ( ⚠️TW⚠️ )

𝗦𝗢𝗨𝗟𝗠𝗔𝗧𝗘 - izanami kusakabe
( tw : tentative de meurtre )

La première personne qui s'est interrogée sur le mariage d'Izanami, c'était son père, qui lui avait demandé ce qui l'avait faite perdre la tête : pour lui, il était inconcevable qu'une dame portant le noble nom de Kiyohara décide de tout abandonner — de son statut à son avenir, pour épouser un simple roturier.

Mais en guise de réponse, elle lui avait adressé un radieux sourire.

Quand on y repense, elle semblait si heureuse, ne portant ni regrets ni hésitation, prête à lui offrir sa dévotion. Elle disait toujours que sa famille ne comprenait rien au grand amour, et que seul le cœur avait le pouvoir de peser le pour et le contre. Personne ne l'avait alors encouragée à se détourner de lui, la laissant voyager sur un nuage de pur bonheur.

Alors, comment les choses ont-elles pu se dérouler ainsi...?

Dans son précieux havre de paix où ne se livraient plus les batailles et le chaos, Izanami Kusakabe fredonnait ; sa longue chevelure blonde volait au vent, accompagnant les feuilles qui annonçaient le début du printemps, et une brise légère maintenait un semblant de fraicheur, égayant les esprits, mais aussi sa journée. Armée de son balai, elle laissait venir, s'envoler et se rassembler les feuilles mortes dans un mouvement simple, mécanique, mais habile et élégant, la paille effleurant le sol au rythme de sa douce chanson.

Izanami adorait le printemps, plus concrètement la saison de l'amour où le bonheur ne connaissait pas de fin. Les couples se formaient et les espèces s'accouplaient, un peu comme si l'univers leur tendait les bras sans tenir compte des mondes et des époques. On se mariait ou on faisait des enfants, avec la promesse de s'unir pour toujours. Elle était convaincue que nulle espèce s'émancipait de ce romantisme, et elle espérait que son bien-aimé et elle aussi.

Masaru Kusakabe. Prononcer ce nom dans sa tête suffisait à troubler la jolie blonde, dont le visage se mit à rougir, alors même méprise pour une écrevisse. Même mariés, elle pouvait se contenter de poser les yeux sur lui et son cœur frémissait, ses battements affolés traduisant l'amour fou qu'elle lui portait. Cela faisait bientôt une semaine qu'il s'en était allé, parti pour une mission de reconnaissance au-delà de la capitale, elle n'avait pas reçu de nouvelles, depuis. Bien entendu, elle avait toutes les raisons de croire qu'il se portait bien, de vulgaires Hollows ne pouvaient pas venir à bout de sa personne. Et puis... elle l'encourageait, sans être physiquement présente pour lui, elle veillait sur lui et se tenait à ses côtés. Tandis qu'elle balayait le sol en songeant au beau temps, lui combattait vaillamment sans se laisser vaincre. Elle osa donc se demander... est-ce qu'il pensait à elle comme elle pensait à lui ? Est-ce que ses prières lui apportaient la force requise pour retrouver leur logis, sain et sauf ? Elle l'espérait, non, elle en était tout à fait convaincue.

Inconsciemment, sa prise sur son balai s'affaiblit ; l'ancienne noble leva de grands yeux brillants vers le ciel dépourvus de nuages. Puis en voyant l'après-midi toucher à sa fin, ses lèvres s'étirèrent en un sourire radieux.

—     Le soleil va bientôt se coucher, Masaru rentrera d'une minute à l'autre.

Indéniablement, le retour de son époux à la maison constituait le point culminant de chacune de ses journées. Jugeant sa tâche correctement accomplie, Izanami se remit à fredonner. Enfin elle pourrait le revoir, le serrer contre sa poitrine et l'écouter vanter sa grande force de Shinigami. Ne pouvant que laisser son cœur s'affoler, elle se demanda comment l'accueillir ; peut-être qu'elle devrait chercher le temps de réchauffer le dinner ou faire un peu de ménage. Oh, devrait-elle aussi se refaire une beauté en attendant ?

Tiraillée par ses propres pensées, elle eut pour premier réflexe d'arranger sa coiffure, mais c'est alors qu'une douce voix, grave et familière, l'en sortirent.

—     Je suis rentré.

Oh, et puis tant pis, elle verra plus tard pour le reste. Ne pouvant que reconnaître son mari, entre mille, Izanami rejeta son balai et l'ensemble de ses plans pour se ruer dans ses bras avec un gloussement de pur contentement, venant entourer ses bras autour de son cou. De sa hauteur, elle était totalement enveloppée dans sa chaleur et s'y sentait parfaitement bien, heureuse et en sécurité ; les bras de Masaru étaient, quant à eux, autour de sa taille, traçant des cercles se voulant apaisants sur ses hanches, avec ses pouces. Pourtant anodin, ce geste la graciait d'un réconfort que nul ne pouvait lui accorder, personne ne la faisait se sentir en paix comme il le faisait.

Le couple resta alors ainsi de longues minutes, savourant mutuellement l'étreinte de l'autre. Le temps pouvait s'écouler à une telle lenteur, mais ils s'en fichaient et ils ne tentaient pas d'y prêter attention. Pour dire vrai, ils n'avaient pas envie de se séparer, tout du moins pas maintenant. Littéralement collés l'un à l'autre, rien ne semblait les perturber, quand Masaru eut soudain un mouvement de recul, indiquant implicitement à sa bien-aimée que leur temps de câlins pouvait cesser pour le moment. C'était assez inhabituel, car étant le plus affectueux des deux, elle s'attendait à ce qu'il veuille l'étreinte encore un court instant. Mais docile, Izanami, qui ne cacha pas sa déception, justifia son attitude sur le compte de la fatigue. C'était un Shinigami après tout, et elle en fut une par le passé. Elle avait connaissance de la dangerosité de certains environnements. Elle ne broncha donc pas, et hocha la tête, se séparant de lui.

Bon retour à la maison, mon amour. Je suis ravie de te revoir. Ta mission s'est-elle bien passée ? lui demanda-t-elle, le sourire aux lèvres.

Oui, je te rassure. Ce n'était qu'une banale mission de reconnaissance. avait-il répondu en la suivant. Nous avons croisé peu de Hollows, donc il n'y a pas eu de perte. Elle s'est très bien passée. Et puis...

Laissant ses propos en suspens, Masaru se tut, fixant des yeux la silhouette de son épouse qui s'était engouffrée dans les couloirs de leur demeure. Totalement hypnotisé par sa beauté, il la regardait s'occuper de lui en silence ; ébouriffant sa chevelure foncée, elle entreprit, tout d'abord de le débarrasser de son sabre, traçant ses doigts sur le manche avec lenteur, puis le tenant fermement. Elle s'empressa ensuite de le ranger dans la boite qui lui avait été désignée, comme si elle cherchait à prendre soin d'un trésor inestimable. Après un bon bain chaud, Izanami lui proposa ensuite une tasse de thé, et fila le préparer sans attendre de réponse. Elle avait placé sur un plateau des gâteaux de riz sec et des tasses remplies au quart de feuilles séchées, avant d'y poser la théière contenant l'eau bouillante. Il ne put alors s'empêcher de remarquer à quel point elle était élégante, tant dans sa façon de parler que dans ses gestes : ses doigts étaient longs, fins, délicats, et son corps si frêle qu'il pourrait être mépris avec celui d'une poupée de porcelaine. Et puis même en étant si lente et soigneuse, ses moindres pas ainsi que mouvements étaient assez élancés pour qu'une tache soit achevée en deux temps trois mouvements, quand ils prendraient encore certains instants à la plupart des gens.

Masaru l'avait toujours admirée, sa ravissante et modeste femme. À l'époque où ils multipliaient encore les efforts pour devenir de grands épéistes, elle était parvenue à se faire une place dans son champ de vision. Forte, noble et sage, elle était spéciale, sans être radicalement opposée à leurs camarades. Une gemme parfaite parvenue à se frayer une place parmi une ruée de diamants. Comment aurait-il pu l'expliquer...? Cela lui était impossible, il était simplement tombé amoureux d'elle, et il jouissait maintenant du bonheur de l'avoir épousée, même si leurs milieux étaient différents. Quand il y repensait, il n'avait pu qu'imaginer la jalousie, l'envie insaisissable des hommes qui avaient cherché à obtenir sa main, vantant leur nom et leur influence. Naomori Kiyohara avait été un obstacle, certains de leurs amis aussi. Il pouvait maintenant regarder chaque lever du soleil à ses côtés, la serrer dans ses bras, plonger dans la couleur claire de ses orbes bleus.

Le cœur d'Izanami Kusakabe était à lui, rien qu'à lui et à personne d'autre.

Maintenant...

Quand il réalisa qu'il n'avait plus rien dit depuis plusieurs minutes, et que sans doute le silence de sa femme était du à son attente, le Shinigami papillonna des yeux, l'air de reprendre ses esprits. Izanami le remarqua, et, plateau en mains, prête à le saisir et le protéger en cas de mouvement brusque, elle se retourna. Sa tête était légèrement penchée sur le côté, et une moue curieuse avait fait irruption sur son joli minois.

—     Quelque chose te tracasse, mon chéri ? lui demanda-t-elle, la voix trahissant son inquiétude.

Ce fut au tour de la blonde de sursauter, sentant la main de son mari caresser sa joue avec tendresse. La chaleur qui s'en dégageait fit frémir son cœur d'une délicieuse manière. Cependant ce n'était pas son geste qui l'avait surprise, mais bien le sourire un peu vide qu'il arborait. Il avait l'air absent.

—     Excuse-moi ma princesse, je voulais dire quelque chose et j'ai passé mon temps à t'admirer. Tu es si belle, j'ai envie de dire, je ne peux pas m'en empêcher.

Aww... toi, alors !

Des mots doux prononcés, et Izanami vint une fois encore justifier l'attitude de son mari par sa fatigue. Le visage légèrement rougi par cette flatterie venue d'on ne sait où, elle chassa aussitôt son inquiétude pour les installer à la table où ils prenaient habituellement le thé. Néanmoins, un doute, un tout petit, minuscule doute, planait toujours au dessus de sa tête. Elle ne put l'identifier. Armée de cette grâce, ce charme inné qu'il aimait contempler, elle versa dans chacune des tasses présentées devant de l'eau de moitié. Enfin, elle sourit, satisfaite de la présentation — sobre mais chaleureuse, de leur modeste goûter.

Voilà ! s'enthousiasma la jolie blonde en se servant. Maintenant, dis-moi tout ! Je veux connaître tous les détails de ta mission.

Charmé mais également amusé par l'enthousiasme de sa chère et tendre, Masaru accéda à sa demande, il lui conta tout ce qu'il se trouvait capable de citer. Mais cette mission ressemblait à toutes celles qui l'ont précédée : il était chargé de guetter les zones regorgeant fréquemment de Hollows de bas rang, assurer l'éloignement de ces derniers et évidemment s'en débarrasser. La surveillance, ce n'était ni son point fort ni ce qu'il préférait, il s'était spécialisé au combat et ne gaspillait donc pas sa force pour du menu fretin.

D'ailleurs, il avait un sentiment de déjà-vu, ou plutôt un sentiment de déjà-entendu. Ne lui avait-il pas fait le même rapport, aux détails près, une bonne centaine de fois ? L'homme en était persuadé, mais le sourire jouant sur les lèvres de son épouse l'encouragea à poursuivre. Elle semblait si enchantée à l'idée de l'écouter qu'il ne se posa pas plus de réponses, se contentant de lui faire plaisir. Il n'avait sans doute pas grand-chose à lui offrir, mais elle était comblée, c'était le principal.

Au bout de plusieurs minutes, le thé vert bouillant n'était plus qu'un ramassis de feuilles moites sur un fond de tasse, et il ne restait des délicieux biscuits de riz que des miettes non ingérables. Pleinement satisfaite de leur conversation, Izanami désira se lever pour débarrasser, mais une fois encore, son visage se trouva être le fruit des profondes réflexions de son mari. Ils pourraient se fixer dans le blanc des yeux, tellement il semblait concentré.

Encore à m'admirer ? osa-t-elle demander, l'air clairement amusée.

Hein ? Q..quoi..!? Heu, je...

Pfft ! Détends-toi mon chéri, je plaisante. sourit-elle à son embarras. Allez, aide-moi à débarrasser. Je te trouve bien pensif aujourd'hui !

Mais non, voyons... j'ai toujours eu un attrait pour les belles choses, ton visage en fait simplement partie, voilà tout.

Masaru avait l'esprit ailleurs, Izanami le sentait.

Elle ne savait pas si sa mission s'était déroulée sans accroc, comme il venait de le lui énoncer, mais ses regards n'étaient pas plein de tendresse, d'amour et d'amabilité. Et dans le même temps, elle n'avait pas ressenti d'hostilité ou de malveillance. Il avait l'air totalement absent, et elle ne pourrait ni expliquer les raisons, ni les répercussions que cela pourrait avoir sur son comportement. Jusqu'à ce que son capitaine le rappelle au front, du moins.

En fait, plutôt que de sentir un certain mal-être chez son mari, elle avait un très mauvais pressentiment.

Lorsqu'il lui tourna le dos pour ranger le plateau, les tasses et les théières dans la cuisine, qui se situait à côté, Izanami lui accorda une œillade discrète. Sans réellement comprendre ce qui le tracassait, elle voyait des failles dans ses gestes, mais aussi dans les mots qu'il employait : ce n'était pas dans ses habitudes d'avoir l'air si peu enthousiaste quand il lui parlait de ses missions, quand d'habitude il cherchait le moindre passage où il pouvait vanter sa force. Et puis cela faisait trois fois qu'il gardait un silence religieux tout en la fixant sans rien dire. Elle avait bien remarqué qu'il ne l'admirait pas, lui aussi, il avait l'air de la surveiller.

En venant se débarrasser des quelques miettes de gateaux qu'ils avaient laissé trainé, l'ancienne épéiste en profita pour commencer une petite vaisselle. Elle s'était de nouveau armée d'un doux sourire et d'une chanson à fredonner, alors qu'elle exprimait la joie d'une tendre épouse à l'humeur joviale. Remarquant sa bonne humeur, Masaru se débarrassa lui aussi des sentiments néfastes qui plongeaient son cœur dans le chaos, pour enrouler ses bras autour de la taille de sa chère et tendre. Son visage avait trouvé refuge au creux de son cou, savourant sa chaleur et la douceur florale qui s'en dégageait. Ce parfum exquis le faisait tourner la tête.

—     Tu sens bon, ma princesse.

Izanami ne répondit pas, assez sensible pour retenir un sourire, mais pas assez pour baisser sa garde. Elle lui accorda le tendre plaisir de trainer ses lèvres sur sa tempe, ses joues et sa nuque, et se contenta d'apprécier.

Ils restèrent ainsi de courts instants, juste le temps que la demoiselle achève sa tâche. Un silence vacillant entre le confortable et l'inconfort s'était abattu, mais il n'avait pas duré, Masaru confirmant plus ou moins les soupçons qui l'avaient faite songer.

Je peux te poser une question, Izanami ?

...Bien entendu, dis-moi ce qui te tracasse.

— ...Quelqu'un t'a-t-il rendu visite, pendant mon absence ?

La blonde retint un soupir. Encore. Elle savait, dès le départ que l'humeur quelque peu songeuse de son époux était due à ce problème, ce sentiment dépourvu de sens mais empoisonnant leur quotidien comme une maladie incurable. Elle s'en doutait, et elle était encore plus certaine qu'elle faisait au mieux pour lui montrer qu'il n'avait pas à s'inquiéter. Mais dès qu'il était question de jalousie, Masaru pouvait se montrer aussi attentif qu'un enfant à qui l'on ordonnait une obéissance totale. Il était foutrement têtu.

Elle avait toujours détesté cela à son propos.

J'ai pris le thé avec le vice-capitaine Matsumoto, il y a trois jours. acheva-t-elle de déclarer, dépitée.

Et il n'y avait personne d'autre ?

...Non, personne.

Incapable de détecter le vrai du faux dans le ton de sa voix, Masaru huma en guide de réponse, mais il n'était pas convaincu. Son épouse ne chercha pas à le détourner de son idée absurde, ni à se libérer de son emprise pour sécher ses mains. Elle ne fit qu'attendre le passage de la tempête, priant pour qu'il ne pique pas sa petite crise de jalousie. Mais que pouvait-elle y faire...? Elle avait tout essayé par le passé ; les étreintes, les mots doux, et les baisers, c'est comme si il chassait de sa mémoire ses moindres gâteries à la seconde où ils se quittaient. De ce fait, elle ignorait même l'origine de ces insécurités.

Izanami l'aimait, elle l'aimait de toute son âme. Quels efforts allait-elle encore devoir produire pour intégrer cette information dans son cerveau ?

Avec une moue trahissant sa peine, elle garda les yeux baissés sur ses mains refroidies et séchées par la brise printanière. Son bien-aimé, lui, raffermit sa prise sur sa taille, ne pouvant se résoudre à l'émanciper de son emprise. Son corps semblait raide, comme si la nervosité l'atteignait sans qu'elle ne veuille le montrer.

...Tu me mens ?

Presque immédiatement, Izanami tenta de se défendre face à ces accusations. Elle se libéra précipitamment de son étreinte et se retourna vers lui, les sourcils froncées, l'air grave.

Non, bien sûr que non ! Comment..peux-tu...?

Tais-toi, c'est moi qui pose les questions.

Froid, cinglant, coupant. Masaru se montrait si sec, tout à coup, qu'elle se tut immédiatement comme il le lui avait été demandé. Il aurait très bien pu nicher la lame de son zanpakuto juste sous sa gorge, la différence aurait été inexistante. Mais au lieu de baisser la tête et obéir comme une bonne petite, elle avait levé des yeux interrogateurs vers lui, l'encourageant fermement, mais implicitement, à s'exprimer.

Et le Shinigami ne se fit pas prier, il en avait des choses sur le cœur, et ce n'était pas seulement des mots d'amour à l'attention de son épouse : il avait tenté de le dissimuler en arrivant, mais il était incroyablement, effroyablement frustré. Il repensait encore aux regards envieux qu'il avait reçu alors qu'il était en mission ; ses compagnons d'armes ne cachaient même pas leur attirance pour sa femme, sa femme, malgré la pensée qu'elle n'était pas seulement inaccessible mais aussi peu intéressée.

Plutôt que de sentir fier d'avoir épousé cette déesse, il était plutôt désireux de détruire le monde si il n'en avait que la force. Et Izanami... ne se rendait-elle compte de rien ?

Laissant s'échapper l'air à travers ses dents, dans un sifflement de frustration, Masaru profita du silence de son aimée pour la plonger, plus encore, dans un nuage de confusion ; il vint passer sa main sur la chair délicate de sa joue, effleurant ses lèvres roses à l'aide de son pouce, avant d'attraper une mèche de sa chevelure entre deux doigts. Cette belle et longue chevelure blonde, pâle comme une feuille séchée mais radiante sous les rayons du soleil de printemps, cette saison qui avait scellé leur amour et gravé leur mariage dans le temps.

—     Tu sais Izanami, commença-t-il, la voix grave, même en portant mon nom, les gens continuent de t'admirer ; dès que je suis en mission, ils ne cessent de me répéter à quel point je suis chanceux. Ils te trouvent formidable, noble, sage. Même le capitaine Ukitake a exprimé ses regrets, quant au fait que tu as renoncé à tes fonctions de Shinigami. Il te trouve forte. Ça ne me plait pas, je ne peux pas m'empêcher d'être jaloux.

Izanami inclina la tête, comprenant par ses respirations lentes et régulières que ses pensées attendaient encore d'être changées en mots. Bien que, sincèrement, elle se doutait qu'il allait débiter sur son statut de noble, sur tout l'amour qu'il lui éprouvait et tout ce qu'il pouvait lui offrir. Ce que les humains appelaient couramment un caprice était aussi quelque chose qu'elle n'appréciait guère chez son époux, qu'elle graciait pourtant constamment d'éloges. Elle voulut le laisser poursuivre.

Mais remarque, non, en fait, elle préférait retrouver le droit de parole qu'il venait de lui retirer et le couper. Après tout, les choses se déroulaient toujours ainsi. Ce n'était pas la première fois qu'ils se disputaient à ce propos, mais la conclusion qui finissait par le convaincre était toujours la même : « Tu n'as aucune raison de t'inquiéter, parce que je t'aime »

Poussant un soupir, elle força un sourire amusé qui se voulait rassurant, mais il ne charma pas le concerné comme elle le désira. Loin de se laisser abattre, maintenant habituée à son comportement qu'elle qualifierait avec assurance d'enfantin, elle s'éloigna non plus attendre de sa méfiance oppressante pour lui tourner le dos, afin de quitter la pièce. Dans le même temps, les mots qui avaient quitté la surface de ses lèvres étaient aussi sincères qu'ils n'exprimaient son exaspération.

—   Masaru, je t'aime. C'est tout ce que tu as besoin de savoir. Je ne sais pas ce qui t'inquiète autant, mais si ça peut te rassurer, je me fiche de tes compagnons. Parce que c'est toi que j'ai épousé.

Ouais, puisses-tu dire vrai.

Soudain arrêtée dans ses enjambées par la voix de son époux, un froncement de sourcils fleurit sur son joli minois, dans une moue remplie de doutes. Les dernières gouttelettes d'eau glacée qui ruisselaient sur sa peau repartaient de plus belle alors qu'elle serrait les poings, accompagnant son rythme cardiaque — légèrement flanché par la surprise. Izanami, qui jusqu'alors était poussée dans ses mots et mouvements par un sentiment de déjà-vu, ne reconnaissait plus rien du ton employé par son bien-aimé. « Qu'est-ce qu'il avait encore ? » fut évidemment la première question qui passa au travers de son esprit embrumé par la confusion, tout en sachant pertinemment que jalousie était la réponse.

Pourtant la cuisine comme la demoiselle se murèrent dans un silence palpable, si épais et troublant qu'il pourrait être tranché d'un coup d'épée. Et il n'accordait pas de place aux questions ou aux réponses.

Étrange, parce qu'aux moments où Izanami lui disait « je t'aime », elle indiquait très explicitement que la discussion était close et ces maudites insécurités avec. Mais il n'en était rien, sans avoir à se retourner vers lui, elle sentait qu'il la fixait encore de cette oppressante manière : vide et sans pensées, avec un regard ne traduisant aucune hostilité ou malveillance. Elle l'entendait ranger la vaisselle qu'elle avait plus tôt nettoyé et se sécher les mains ensuite.

Constatant son absence de réaction, Masaru, arborant un sourire satisfait sur les lèvres, laissa échapper de ces dernières un drôle de rire, comme porteur d'une vérité pure.

Pardon, je t'ai fait peur ? Je me disais juste... que tu dis toujours m'aimer, mais tu ne peux pas le confirmer. L'homme que tu as épousé et celui que tu aimes sont-ils vraiment les mêmes ?

Izanami cessa momentanément de bouger, écarquillant des yeux devenus ronds de surprise alors que le mauvais pressentiment qu'elle réprimait jusque-là s'intensifiait. Frappée par son anxiété, c'est l'incrédulité qui glaça le sang de l'ancienne Shinigami ; elle tenta alors de reprendre ses esprits, de tenir sur ses deux jambes sans songer au risque que leur mariage pouvait être mis en péril. Ça ne pouvait pas être possible, elle lui avait tellement offert pour confirmer leur union aux yeux de tous, et elle l'aimait bien assez pour que ses craintes n'aient ni queue ni tête : elle n'avait pas hésité à ignorer les avances de multiples prétendants pour reconnaître ses efforts, elle avait renié son propre nom pour l'épouser, et l'argent et le temps consacré à son éducation ont été écrasées quand elle avait cédé sa place au sein du Gotei 13.

Tout en sachant à quel point il était possessif, sa fidélité ne faisait pas le moindre doute, non plus.

Malgré tout, ces accusations d'infidélité paralysaient chacun de ses muscles. Ils lui semblaient à la fois vides de sens et soudains, mais le plus effrayant était certainement la vérité dans ses propos : douée de bons sentiments, elle se trouvait maintenant incapable de prouver à nouveau son amour. Mais elle était sa femme... cela devait amplement suffire, n'est-ce pas ?

N'est-ce pas...?

     Tu..tu m'accuses d'avoir un amant ? Masaru, est-ce que tu t'entends parler ? C'est ridicule...

Elle n'entendit qu'un sifflement désagréable dans son dos. Elle ne reçut aucune réponse, seulement un lourd silence qui fit battre son cœur comme un tambour. Elle avait toujours le dos tourné, les yeux baissés vers le tatami, les oreilles bouchées par la déclinaison progressive de leurs dix années de pur bonheur.

Puis le premier coup était venu.

Fort chanceuse d'avoir reçu l'enseignement strict du clan Kiyohara, les réflexes inhumains d'Izanami lui avaient accordée une ridicule, minuscule seconde de plus pour éviter le coup de couteau qui visait alors sa nuque ; battant instantanément en retraite pour se retrouver à trois mètres de son assaillant, elle porta cependant une main tremblante à son visage, chassant les gouttelettes de sang qui s'y échappaient. La plaie, alors camouflée par l'épaisseur de sa chevelure, témoignait non seulement du potentiel de la blonde, qui avait baissé sa garde tant elle était saisie par la surprise, mais également la possessivité maladive de son mari.

Sa main libre avait trouvé son chemin vers sa poitrine, pour constater sans la moindre surprise que son cœur battait à une vitesse affolante, comme si elle avait parcouru l'ensemble de la capitale en courant. Mais, sincèrement, un marathon au Seireitei constituait une souffrance bien alléchante en comparaison à la déclinaison de leur mariage.

Ma..saru...?

Dans la maladie comme la santé, celui qu'elle appellerait sans cesse son cher et tendre ne ressemblait plus qu'à un nuage de colère, elle ne le reconnaissait que par son nom : convaincu de son infidélité, cette obsession se reflétait parfaitement et effroyablement dans l'éclat de ses yeux injectés de sang, et une envie meurtrière tordait les traits de son visage. Sous sa frange, elle pouvait remarquer la pulsation de ses veines, mais aussi sur ses mains, prêtes à broyer le manche du couteau, quitte à en perdre l'usage à jamais. Son sang devait bouillonner dans son corps comme le thé qu'ils avaient partagé plus tôt, ses muscles entiers trembler à l'idée qu'il puisse réduire son existence à l'état de souvenir.

La tuer, il voulait véritablement la tuer.

Dans un cri de rage, le Shinigami se précipita vers sa femme pour porter un second coup — qu'il espérait également être le dernier ; guidé par sa dévotion, celle-ci alimentait aussi sa jalousie maladive, porteuse des plaies qu'il tentait désespérément d'ouvrir.

Désespérément, oui, car en dépit du fait qu'elle ne jouissait plus du titre de dame noble de la famille Kiyohara, destinée à rejoindre l'armée dès que la chance se présentait, ses réflexes restaient plus aiguisés, et ses tentatives de fuites plus habiles. Masaru éprouvait de sérieuses difficultés à l'abattre ; tel un lapin face à son prédateur, elle échappait agilement à ses attaques, et ce malgré son désespoir ou son cruel manque de défense. Il se contentait en fait de la poursuivre, sans jamais parvenir à l'effleurer.

Cette sale petite...! Comme si le tromper ne suffisait pas, elle n'éprouvait aucune honte à l'humilier !

L'homme grinça des dents, sentant l'adrénaline accélérer son rythme cardiaque : il s'empressa de réduire l'écart entre chaque coup porté, tout en criant à plein poumons. Izanami tentait désespérément de l'appeler, mais tout comme elle n'avait reçu qu'une éraflure à la base de son cou, ses supplications n'achevèrent jamais d'atteindre son cerveau. Il était littéralement sourd, incapable de venir à la raison ; la folie avait brouillé ses souvenirs, faussé la limite entre l'amour, l'obsession et la haine.

Assez violemment, il tapa donc du pied, si fort que le tissu de ses chaussettes résonnaient à travers les murs fins des couloirs. Il se tenait le visage entre les mains, frustré de ne pas parvenir aux fins de ce mariage voué à l'échec. Et quand les yeux embrumés d'Izanami crurent apercevoir — ou plutôt voulurent apercevoir la folie d'une créature extérieure, sa voix colorée par sa colère la convainquirent de l'exact opposé.

—     Pourquoi..pourquoi essaie-t-on de me prendre tout ce que j'ai...? J'ai travaillé dur pour devenir un Shinigami, impressionner la femme que j'aime et l'épouser...

Bien qu'emprunte d'agressivité, la poursuivie, tombée alors qu'elle eut encore manqué de perdre la vie, distinguait vaguement une pointe de déception dans le ton affaibli de sa voix, et elle ne put empêcher la vague de culpabilité qui parcourut.

Elle n'avait absolument rien à se reprocher dans sa vie amoureuse, mais elle s'en voulait terriblement de ne pas pouvoir penser les plaies causées par son statut, sa jalousie, et ça. Un pervers narcissique et possessif, lui ? Elle n'y croirait jamais. Pleine d'empathie pour ce malheureux qui n'avait fait que chercher le bonheur après avoir connu la misère, Izanami sentit les larmes lui piquer les yeux. Elle tenta faiblement de se relever, malgré les séquelles de sa chute qui martyrisaient sa hanche : le regardant s'arracher les cheveux savamment, elle osa s'approcher, prendre son visage entre ses mains, avant de le contempler ; espérant l'amadouer, mais aussi le réconforter.

—     Masaru... appela-t-elle d'une douce voix douce, mais craquelée, Si tu savais comme je suis désolée, je suis désolée que tu doives réaliser plus d'efforts que les autres pour être reconnu comme un être vivant... Mais je n'ai pas d'amant, je te le jure...

Cessant de se torturer le crâne, Masaru leva lentement la tête, affaibli. Les mots qui s'échappèrent de ses lèvres furent trop faibles pour être audibles.

—     Parfaite...

Izanami inclina la tête, interrogée, ne l'ayant pas entendu.

—     Tu es..toujours si parfaite...

Sans totalement comprendre de quoi il en est, un frisson de terreur l'encouragea à effectuer un bon en arrière, mais il était déjà trop tard, une vive douleur prit possession de son être tout entier. Izanami baissa les yeux, tiraillée par une brûlure d'estomac : son yukata arborait une couleur rouge sang, le tissu ne pouvant cacher la plaie qu'il avait ouverte en lui portant un nouveau coup de couteau.

Se sentant déshonorée et trahie, malgré ses multiples tentatives et ses supplications. Elle leva sans plus attendre le regard vers Masaru, encore fou de rage. Il l'avait maintenant face à elle ; la silhouette de son épouse vaniteuse et infidèle. Elle était frêle, essayant en vain de stopper l'hémorragie, mais elle ne faisait que tacher ses mains déjà. Toute peine avait été réduite par ses cris, par les mots vides de sens qu'il lui crachait au visage.

Pas étonnant que t'avoir rien que pour moi a toujours été si difficile, tu es toujours si parfaite : tes cheveux, tes gestes, ton éducation, tes compétences ou ta bonté. Les gens t'aiment parce que tu es trop parfaite. Et puis tes yeux... tu as de si beaux yeux... je suis sûr que tout le monde en est amoureux...

N-Non, je...

Tais-toi ! Tu ne fais que me mentir ! lui cracha-t-il, brandissant l'ustensile de façon menaçante, Ne joues pas la sainte, tu as aussi ta part de responsabilité dans tout ça ! Tous ceux qui te tournent autour, comme des insectes... je sais que tu peux les voir ! Et je suis sûr que tu aimes cette attention ! Tu as toujours été tellement vaniteuse...!

Izanami ferma les yeux, cherchant à se rendre aveugle face à colère, sourde à la cruauté de ses mots. Elle ne l'écoutait plus.

C'était faux, bien sûr que tout cela était faux. Il existait quelques personnes au comportement inapproprié, qui aimaient courir après les femmes mariées, mais personne d'assez dévoué et courageux pour voler son cœur comme le bandit qu'il était auparavant : les secrets qu'ils se partageaient, les règles qu'ils bravaient pour rester ensemble, c'étaient des plaisirs qu'elle n'a jamais su apprécier avant d'être à ses côtés. Il était le mauvais garçon qui l'avait souillée et séduite, mais elle l'a aimé, et elle l'a épousé.

Elle avait mal, si mal ; elle avait froid, du mal à respirer, et sa vision était trouble. Mais, même en la regardant se déverser de son sang, pleurant et le suppliant, ne pouvait-il plus la voir ? Avait-il oublié tous ces bons moments ?

Une dernière fois, une toute dernière fois.

Dans un dernier espoir, Izanami leva une fois les yeux, prête à l'adorer comme elle le faisait si bien, avant de se rendre compte qu'elle n'aurait pas dû : incapable de ressentir le moindre remord, Masaru avait levé son arme, la serrant comme par peur de la voir s'échapper.

C'est ainsi qu'il lui priva de l'usage de sa vue, en hurlant : « Qui feras-fu semblant de voir, désormais ? »

Quand son monde fut entièrement teinté de noir, ses supplications étaient devenues des cris d'agonie, puis ses cris d'agonie des appels à l'aide. Elle ne distingua pas les autres croisements entre la chair et la lame à travers ses pleurs.

« Aidez-moi », qu'elle disait, sans le pouvoir de voir ni entendre ce qu'elle disait. Personne n'avait remarqué la scène d'horreur qui s'était produite.

Et comme ça, elle avait tout perdu.

La dernière personne qui s'est interrogée sur le mariage d'Izanami, c'était Shūhei Hisagi, qui lui avait demandé pourquoi elle ne tournait pas la page. Pour lui, il était inconcevable qu'une personne aussi douce que l'ancienne Kiyohara soit aussi attachée à ce pervers narcissique.

En guise de réponse, elle avait haussé les épaules, vide, comme si on lui avait arraché son âme.

Quand on y repense, le vice-capitaine regrettait amèrement de l'avoir laissée seule face à lui, avec la promesse qu'elle avait rencontré l'homme de sa vie. Elle disait toujours qu'il ne comprenait rien au grand amour, que son cœur avait su prendre la bonne décision. Mais en vérité, elle se sentait coupable de ne pas avoir pu être une bonne épouse, conduisant à la fin tragique de leur union.

Pourquoi les choses se sont-elles déroulées ainsi...?

𝗨𝗡𝗜𝗩𝗘𝗥𝗦 - bleach
𝗣𝗘𝗥𝗦𝗢𝗡𝗡𝗔𝗚𝗘𝗦 - masaru kusakabe, izanami kusakabe, naomori kiyohara ❪ oc's de @-K4TARA ❫, rangiku matsumoto,  shūhei hisagi, jūshirō ukitake ❪ mentionnés ❫

𝗧𝗥𝗜𝗩𝗜𝗔 - 5600 mots. est-ce que vous vous rendez compte de la dinguerie- ah et pour une fois je suis plutôt fière de ce que j'ai écrit, d'habitude je suis nulle pour les scènes dramatiques, mais pour un one-shot aussi long je vous avouerai être assez contente. aussi ! l'objectif de l'histoire — ou plutôt la tragédie — du mariage d'izanami c'était de m'inspirer de la légende urbaine de kuchisake-ona, la femme qui s'est faite fendre la bouche par son mari jaloux, et même si à la différence de kuchisake, izanami n'était ni vaniteuse ni infidèle, j'ai essayé de m'en rapprocher. je pense que c'est raté, mais j'espère que mon one-shot vous a quand même plu.
et une dernière chose ! à la base le mari d'izanami c'était juste un mec sympa et peu sûr de lui qui voulait se sentir aimé par sa femme, mais je l'ai changé en pervers narcissique parce que je me suis mise à pleurer- pardon si c'est cliché, mais je me sentais trop mal-

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