CHAPITRE 9
L'organisation Kage
écrit par Milacri
9
Il faisait froid. Elle ne sentait rien, ses doigts étaient pourtant complètement gelés.
Elle fouilla dans ses poches un instant avant de sortir une carte. Elle ne s'était pas trompée de chemin : elle était bientôt à destination pour Harvy, la ville militaire.
« Dans ce cas, prends soin de toi. » Ugo regardait ses pieds avant de quitter rapidement le couloir.
Gracie et Maya restèrent abasourdies. Comment pouvait-il aussi facilement laisser tomber leur amie ?
Pourtant, il ne l'abandonnais pas, il venait de comprendre. Il venait de réaliser à quel point ils avaient peu de valeurs à ses yeux : ceux qu'elle haïssait en avaient.
Ce n'était pas eux qui l'abandonnait, c'était elle.
« On va te couvrir, Nérimen. On leur fera croire que t'es retournée te venger et qu'elle t'a tué. Le Père Fondateur n'enverra pas ses hommes à ta poursuite.» Affirma Maya en tapotant l'épaule de la brune, assise à côté d'elle.
Nérimen leva la tête vers elle, furieuse. Pourtant, elle garda une voix calme lorsqu'elle blessa Maya pour la première fois.
«Non, je ne me suis pas faite tué par elle, tu ne la connais pas. Ne dis plus jamais ça. »
Surprise, la rousse hocha instinctivement la tête, se sentant menacée par Nérimen. Elle retira sa main de l'épaule de la jeune femme.
Angela s'immisça entre les deux, sentant l'animosité naissante, en tendant des papiers à Nérimen.
« Dites-lui au revoir les filles, je dois lui parler quelques instants.»
Gracie s'approcha de Nérimen en lui dérobant un câlin. La brune lui rendit son étreinte, sans aucune remarque. Quand elle finit, Gracie s'approcha de Maya en essuyant discrètement ses larmes qui menaçaient de couler.
Maya détourna les talons en compagnie de Gracie, sans lancer ne serait-ce qu'un dernier regard vers sa première amie.
Main dans la main, elles quittèrent le couloir, le cœur lourd de remords.
Angelina soupira. « Maya n'est pas celle qui t'a fait ça, ne la traite pas pareil. » Elle marqua un temps de pause, en soupirant une nouvelle fois.
Elle leva le regard vers Nérimen qui était accoudé sur ses jambes, la tête entre ses mains. Angela s'assît finalement à côté d'elle au cour d'un énièmes soupirs.
« Tiens, tes faux papiers. Tu pourras pas quitter la ville sans ça. » Elle lui tendit les dit-papiers. « Je me suis renseignée y a quelque temps sur Raymon Tosend : il a intégré l'armée. »
À l'entente de ce nom, Nérimen releva la tête. Angelina fourra une cigarette entre ses lèvres avant de l'allumer. Elle expira sa fumée, en fixant le mur devant elle.
« Je l'ai fais il y a longtemps au cas où tu voudrais reprendre contact avec. Il est peut-être encore à Harvy, c'est déjà un bon début. Ma tante y habite, elle pourra t'héberger quelque temps, dis lui que tu es la petite-amie d'Isaac, elle te laissera tranquille. »
Voici un autre nom qui attira l'attention de Nérimen. Instinctivement, elle leva le regard vers Angelina pour voir comment elle allait suite à la mention de son frère disparu et probablement mort.
«Angelina. »Commença Nérimen. « Comment tu fais ? »
Interloquée, la femme tourna la tête vers elle en haussant un sourcil.
«Isaac a disparu » L'émotion se ressentait dans sa voix. «Comment tu fais pour que ça ne t'atteigne pas ? »
Nérimen pleurait. Ses larmes dévalés ses joues : après sa colère venait sa tristesse. Ses sanglots résonnent dans le petit couloir, tentant tant bien que mal de les retenir.
«Ça m'atteint, Nérimen. Qui ne le sera pas, je ne sais pas si mon petit frère est en vie ou... » Elle marqua un temps de pause. «J'ai décidé de rester forte, parce que on a besoin de moi. Je refuse de devenir la pire version de moi-même, je vais rester forte pour Isaac. »
Des larmes coulaient également sur son visage. De chaudes larmes caressèrent son sourire. Elle semblait si confiante, pourtant elle-même était entrain de se rassurer. Tu devrais t'inspirer de ses sages paroles, Nérimen.
La jeune fille l'attrapa soudainement dans ses bras. Elle la serrait si fort. Angelina lui rendit son étreinte, en souriant doucement. C'était d'ailleurs le dernier signe d'affection que Nérimen montra à quiconque.
[...]
Ses doigts effleurèrent la poignée du bar avant qu'elle n'ouvrit la porte. La chaleur du lieu se heurta sur le visage de la jeune fille, la réchauffant immédiatement.
Les bruits de verres, les rires et les pleures bercèrent doucement Nérimen. Elle était épuisée et eut du mal à s'avancer dans la pièce.
Elle s'installa au comptoir parmi les habitués, les ivres -morts baignés dans leurs propres vomis et les vieux qui discutaient.
Le barman était le seul à peu près jeune du lieu. Il s'avança vers Nérimen, en essuyant un verre entre ses mains a l'aide d'un torchon tachés.
« Qu'est ce que je te sers ma grande ?»
Il se figea un instant en voyant son visage recouvert de bandage. Elle était méconnaissable, son visage à moitié couvert de ce tissu blanc.
Nerimen leva le regard vers lui, en sortant une enveloppe de son sac. Elle la posa sur le comptoir.
La barman attrapa l'enveloppe et l'ouvrît. Il était assez perturbé par sa présence, il n'avait pas peur, seulement elle émanait quelque chose de pervertit.
« Angelina? » Il marqua un temps de pause. « Je fais plus ce genre de chose. »
Ses traits se durcirent et et des muscles se contractèrent. L'entente de son prénom le fit frissonner.
Il tendit l'enveloppe à Nérimen, en sortant un verre de sous le comptoir pour servir la commande d'un client.
Nerimen se leva, en empoignant son sac. Elle se dirigea vers le comptoir, en soulevant la clôture pour passer derrière ce dernier.
Les quelques derniers alcoolos présent l'observèrent du coin de l'œil, avachis sur le comptoir. Le barman haussa un sourcil, en le voyant arrive derrière lui.
« Tu vas faire ce qu'Angelina te demande. »
Du haut de son mètre quatre-vingt dix, le barman ne répliqua pas. À vrai dire, jamais une gamine pareil ne l'avait menacé.
Il explosa de rire sans pouvoir s'arrêter. Ses rires se mêlèrent à ceux déjà présent dans la rumeur du bar. Lorsqu'il comprit que la jeune femme était complètement sérieuse, il s'arrêtera doucement de rigoler.
« Écoute moi petite, je sais pas pourquoi t'en a besoin mais je viens de te dire que je suis plus dans ce business. »
Il employa son ton le plus diplomate, il ne voulait pas avoir à lui faire du mal. Il n'est plus la même personne.
«Donne moi des armes. »
La tension monta d'un cran lorsqu'elle utilisa ce mot. Le barman vérifia que personne parmi les ivrognes de services n'avaient encore assez de neurones pour entendre ça. Si son ancienne activité se savait, il risquerait bien plus que la mort.
« Dégage tout de suite. Je laisse passer ça, ma grande. » Ses sourcils se froncèrent pour marquer sa colère.
Il ne savait pas d'où elle venait, pourquoi elle était mutilée au visage, ni même comment se faisait-il qu'Angelina soit en vie.
Nérimen recula d'un pas. Elle continua d'observer le gérant de ce bar minable du coin de l'œil.
Il soupira doucement.
« Écoute, à la limite si t'as pas d'endroit où dormir ce soir tu peux re-»
Notre protagoniste lui explosa le crâne avec l'une de ses bouteilles, qu'elle avait attrapé elle lorsqu'elle reculait sur la table derrière elle.
Elle n'y était pas aller de main morte, son sang commençait à s'écouler rapidement jusqu'à recouvrir une bonne partie du sol. Les morceaux de verres restèrent implantés dans son crâne.
L'agitation ambiante s'arrêta. Les regards se tournèrent vers eux, abasourdis. Mais ça, Nérimen s'en foutait complètement.
Ces vieux ne pourraient jamais ne serait-ce que lui effleurer les cheveux. Elle ne le permettrait pas.
« Putain ! » Hurla le barman en amenant sa main à sa tête.
« C'était de la part d'Angelina. » Ajouta-t-elle en le fixant.
Elle empoigna son sac, en se dirigeant vers la sortie. Une voie lui avait été libéré par la foule, craintif de finir dans le même état que ce costaud barman.
À vrai dire, Angelina n'avait jamais demandé à Nérimen de faire une telle chose mais cette dernière s'était permise de le faire à sa place. C'était ce que méritait ce traître.
L'infirmière lui avait raconté de la minable façon dont il l'avait jeté de sa vie lorsqu'elle avait décidé de retourner dans sa campagne natale pour retrouver son petit frère, qu'elle avait abandonnée depuis bien trop longtemps.
Dès l'instant où Nerimen posa un pied à l'extérieur du bar, elle se mit a courir. Elle ne s'arrêta pas jusqu'à ce qu'elle soit complétement à bout de force et dans l'incapacité de bouger ses jambes.
Elle n'avait rien laissé transparaître, elle était terrifiée.
La poignée était gelée et poser ses doigts dessus rappela à Nérimen à quel point elle devait se procurer des gants si elle ne voulait pas perdre ses doigts.
Lorsqu'elle ouvrit la porte, la chaleur du logis s'empara d'elle, puis elle souffla doucement.
Elle referma correctement la porte derrière elle, en retirant poliment ses chaussures.
« Elie ! » S'exclama la vielle dame, ravie de la revoir à la maison.
Nérimen lui accorda un timide sourire en s'approchant de la modeste cheminée. " Bonsoir, Madame (nom de famille d'isaac)."
La dame se jeta sur elle, l'emprisonnant dans ses bras.
« Tu dois être frigorifiée ma petite, je vais te chercher quelques couvertures ! Quel idée de sortir avec un temps pareil. »
Elle continua de marmonner devant l'inconscience de la jeune femme, revenant avec deux petits couvertures qu'elle posa délicatement sur ses épaules.
« Tu es exactement comme Angelina, ça ne m'étonne même pas que tu sois sa petite protégée ! » Rigola-t-elle doucement, en se dirigeant vers la table à manger.
Elle servit deux places chauds, en demandant à Nérimen de venir prendre place à ses côtés.
« Heuresement que Isaac était toujours là pour l'empêcher de faire des bêtises. On se demandait bien qui est l'aînée entre ses deux là. »
La vieille dame se mit à rire, sans remarquer l'expression que de Nérimen se pâlit. Ses traits se raidirent à la mention du jeune homme. Celui qu'elle n'avait pas réussi à sauver.
Sa gorge se noua instantanément, et son œil mutilé recommençait à lui brûler. Elle voulait pleurer, mais c'était physiquement douloureux. Alors elle ne le fit pas.
« Qu'y-a-t-il ma grande ? » S'inquiéta la tante d'Iaac et d'Angelina.
« Rien du tout, puis-je m'allonger quelque instant ? »
La vielle dame acquiesça, s'inquiétant pour la jeune femme. Elle s'empressa de cherche de nouveaux bandages et du désinfectant. Ce n'était pas grand chose, mais ça empêcherait une infection.
« Je vais changer ton bandage trésor, essaye de ne pas trop bouger d'accord ? »
Nérimen se sentir coupable. C'était de sa faute si son neveu était mort, et c'était également de sa faute si elle ne pouvait pas le lui dire : Angelina avait insisté dessus.
« Je veux partir de le plus vite possible pour Harvy, je ne vous dérangerai pas plus longtemps. »
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