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Pdv July
02 Juin 2011

Jahseh- T'es un bébé t'es un bébé faut l'accepter.
July- On a qu'un an d'écart connard.
Jahseh- J'm'en bas les couilles. Tu restes une gamine.
July- Ta gueule. C'est quoi ta date de naissance déjà ? Ça se trouve on a juste quelques mois de différence.
Jahseh- Dis d'abord.
July- 24 Janvier 1999.

Jahseh hausse les sourcils, la bouche entre ouverte.

Jahseh- Attends t'es sérieuse ?
July- Pourquoi j'le serais pas ?
Jahseh- Parce que moi c'est le 23.

Dit-il en lâchant un rire nerveux.

July- Janvier ?
Jahseh- Ouais.

Je me mets à rire avec lui.

July- Frère on a trop de points communs ça devient flippant. D'abord on se rend compte qu'on aime faire tous les deux du basket, qu'on aime chanter, puis qu'on est né à un jour d'intervalle.
Jahseh- Sauf que toi c'était l'année d'après !
July- Roh tu vas pas me lâcher avec ça hein ??
Jahseh- Jamais ! Mais sinon j'avoue que ça fait bizarre de voir toutes ces coïncidences.
July- Ça se trouve on en a d'autres ?
Jahseh- Peut-être ouais.

Il hausse ses épaules et prend une dernière bouchée de son steak sans goût avant de pousser son plateau sur le côté.

Jahseh- Au fait, ta sortie est prévue pour quand ?
July- Oula c'est pas tout de suite hein.
Jahseh- Ouais j'sais mais c'est pour savoir si c'est avant ou après moi.
July- le 01 Mars 2013. Si j'fais pas de conneries entre temps.
Jahseh- T'en feras pas.
July- Et toi ? Tu sors quand ?
Jahseh- Le 26 Avril. la même année.

Je hoche la tête tout en cogitant à tout ça.

Jahseh- Tu comptes m'expliquer un jour le pourquoi du comment t'es arrivé ici ?

Je suis tellement prise de cours que ma fourchette me glisse des doigts pour s'écraser dans mon assiette.

Jahseh- Je sais que c'est difficile pour toi de parler de tout ce qu'il s'est passé dans ta vie avant qu'on se rencontre mais tu sais que tu peux me faire confiance.

Mon regard se perd sur mes mains croisées entre elles et mon souffle se coupe aux paroles de Jah.

July- On me la répété tellement de fois cette phrase. Pour qu'au final j'me retrouve une fois de plus seule.
Jahseh- Seule ? Parce que tu crois être seule là ?
July- Peut-être pas pour l'instant mais qui me dit que tu ne vas pas me la mettre à l'envers dans quelques mois ??
Jahseh- Attends tu te fous de ma gueule ?? Tu me fais toujours pas confiance après 4 mois ?
July- Confiance ? *rire forcé* J'ai confiance en personne.

Ses yeux se voilent, tandis que sa bouche relâche un rire amère.

Jahseh- Ah ouais d'accord j'vois le genre.

Il se lève, son plateau entre les mains.

Jahseh- J'crois que j'comprends pourquoi tu te retrouves tout le temps seule maintenant.

Je sens mon coeur se serrer dans ma poitrine.

Il détourne le regard et s'empresse de quitter le self après avoir débarrassé son plateau. Des regards me pèsent mais ce n'est pas le plus dur que j'ai a supporter à l'heure actuelle.
Je sens mes yeux piquer de plus en plus, je ne tarde donc pas a déguerpir d'ici pour sortir dans la cours m'aérer.
Je repousse l'envie de pleurer et me mets à tourner en rond dans l'espace vert, me remémorant en boucle les paroles de Jahseh.

Je croyais avoir trouvé une personne qui ne me lâcherait pas malgré mon sale caractère, mais je crois qu'il a raison. Ce n'est pas étonnant que je me retrouve seule à chaque fois.

3 jours plus tard

J'entre dans la salle musique après avoir terminé mes taches de la journée, le visage fermé comme ces trois derniers jours. Je n'ai croisé Jah qu'une seule fois et lui ne m'a aucunement calculé.
C'est vraiment dur. Je m'étais attaché à lui malgré notre récente rencontre.

Je décide, avec appréhension, de m'approcher du piano et de m'asseoir sur le petit banc en face des touches, commençant à peser le pour et le contre dans ma tête.

Est-ce que je suis vraiment prête à jouer de nouveau après plus d'un an d'arrêt ? J'en sais trop rien.

J'ai découvert la salle musique avant-hier en marchant un peu partout dans la prison et je suis toujours autant surprise qu'il y ait ce genre d'instruments ici.
On est quand même dans un centre de détention, il ne faut pas l'oublier.

Mes yeux se perdent sur la couleur sombre de ce grand piano, tous les souvenirs de ces années passées se remémorant dans mon esprit.

Je prends en main le petit carnet de partitions et feuillette les quelques pages. Je décide finalement de jouer « Hello » de Adèle. Une partition plutôt facile pour commencer.

Je positionne correctement mes doigts de part et d'autre des touches, puis en fermant les yeux, me décide à jouer. Je laisse mes mains bouger comme elles le souhaitent, toute sorte de sons extérieurs disparaissant de mon esprit.

Étant plongée dans mes pensées, je ne sens pas le présence de quelqu'un sur le côté libre du banc, et c'est une fois que des notes un peu plus basses firent irruptions dans la mélodie que mes yeux s'ouvrent à nouveau pour regarder la personne à mes côtés.
J'écarquille les yeux, ne m'attendant pas du tout à ça, alors que mes doigts s'arrêtent de jouer.
Il s'arrête également et me regarde en se tournant face à moi.

Jahseh- On peut parler ?

Il demande doucement.

J'acquiesce, confuse.
Est-ce qu'il veut vraiment qu'on se parle ici ? Je suppose que oui.

Jahseh- Tu joues du piano depuis longtemps ?

Je plante mes yeux dans les siens, débattant avec moi même pour savoir si oui ou non je devais m'ouvrir à lui.
J'arrive finalement à lui répondre d'un hochement de tête.
Il souffle un coup, comme pour se donner du courage, et attrape l'une de mes main entre les siennes.

Jahseh- Bon écoute...

Dit-il en fixant nos mains liées.

Jahseh: Je sais que... Je sais que ton passé te fait mal. Autant physiquement que mentalement. Et je sais aussi que d'évoquer tout ça te braque et te rends triste.
July- Je suis juste déçu. Pas triste.
Jahseh- Tu crois que je ne t'ai pas vu pleurer en silence quand personne ne te voyait ces derniers jours ?

J'ouvre légèrement la bouche, choquée qu'il m'ait remarqué.

July- Personne sauf toi...

Je dis en baissant la tête.

Jahseh- Parce que contrairement à ce que j'ai pu te dire ou te faire comprendre y'a quelques jours, je tiens à toi et t'es putain d'importante dans ma vie sale conne. Et je comprends pas comment les gens peuvent te trahir et te détester à ce point.

J'ai le reflex de le regarder dans les yeux alors qu'une larme coule lentement le long de ma joue, un petit sourire aux coins de mes lèvres.

Jahseh- En tout cas sache que même si tu veux pas me pardonner, je serais toujours là en cas de besoin.

Il dit en essuyant doucement mon visage.

Je ne peux m'empêcher de pleurer plus fort et de plonger dans ses bras. Il pose sa tête au dessus de la mienne pendant que mon visage se cale contre son torse.

Jahseh- Pour toujours tu m'entends ?

Il chuchote en m'embrassant le haut du crâne.

Jahseh- Je te le promets.

31 Août 2033
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07:34 PM
Pdv Externe

Gekyume- Pouahahah c'est tellement cliché maman !
Xalya- Pour le coup j'suis d'accord. *rire* 
Jahseh- Cliché ? Si c'était pas cliché j'aurai jamais créé vos grosses têtes.
Maxine- Eh !
Roxan- J'ai pas une grosse tête moi !
Gekyume- La plus grosse tête de la famille même.
Jahseh- Toi j'vais t'agrandir le nez encore plus qu'il ne l'est si tu ferme pas ta gu-
July- Bon ça suffit ! Je finis mon histoire ou vous m'interrompez toutes les deux minutes ? Parce que sinon allez-y prenez un café pour en discuter plus profondément tant que vous y êtes !
Gekyume- Okay mom pardon.
Alix- On dit plus rien.
July- Bon. Donc je disais...

FlashBack
1 mois plus tard
10 juillet 2011
Pdv Jahseh

Jahseh- Tu me fais confiance ?
July- Oui...
Jahseh- Alors n'aie pas peur.

Elle se mord les lèvres, peu sûre d'elle.

July- Tu me promets de ne jamais rien dire à personne Jahseh. Si tu me trahis je t'en voudrais toute ma vie.

Dit-elle en me regardant dans les yeux.

Jahseh- Je te le promets.

Elle tend sa main vers moi et je la serre pour lui montrer ma sincérité.
J'entends sa lourde respiration flotter dans l'air avant qu'elle ne commence son récit sur sa propre vie.

July- Je suis née le 24 Janvier 1999 à Orléans, une grande ville proche de Paris, en France. J'ai vécu presque quatre ans dans un petit appartement avec mes ivrognes de parents. Mon père est d'origine américaine et sa famille vit en très grande partie à New York donc il a décidé de me parler exclusivement en anglais pour que je puisse être bilingue dès mon plus jeune âge, et ça a bien été la seule chose qu'il a fait pour moi. Tout reste très vague mais je me souviens de certains soirs où ils me laissaient devant la télé pour partir s'amuser dans des bars toute la nuit et où ils rentraient déchirés le lendemain matin. C'était dans ces états là que les coups partaient tout seuls. Dès que je pleurais pour montrer ma faim, je recevais des baffes. C'est ensuite allé jusqu'aux coups de poings. Puis ils ont finit par me jeter contre les murs et me mutiler avec toutes sortes d'objets qui trainaient dans les coins. Tu vois cette cicatrice ?

Elle sépare une partie de ses cheveux pour me monter une cicatrice assez conséquente sur le haut de son crâne.

July- C'est ma mère qui m'a éclaté un verre sur la tête.

J'ouvre grand les yeux.

July- Je ne sais pas comment c'est possible que je sois encore en vie. J'aurai dû mourir tellement de fois avec eux.

Elle secoue la tête.

July- Enfin bref, à l'âge de quatre ans, mon père décide de nous emmener pour la première fois voir sa famille avec ma mère. Les billets et tous les frais du voyage ont bien sûr été payés par eux car mes parents vivaient des aides qu'ils touchaient grâce à moi. Ironie du sort j'ai envie de dire.

Elle ricane.

July- C'est ce voyage qui a tout changé. Il n'y a pas eu de problèmes pour prendre l'avion à l'allée , mais une fois qu'on a dû rentrer chez nous et que nous avons passé la douane à l'aéroport de New York, une femme nous a arrêté pour un contrôle. J'étais petite, mais j'avais tout de même compris qu'il se tramait quelque chose. Très vite, il y a eu de l'agitation autour de moi. Ma mère s'est mise à hurler sur les contrôleurs et mon père était emmené loin de nous par deux policiers. Je voyais le regard de la dame qui était rempli de pitié sur moi. Sauf qu'à 4 ans, je ne comprenais pas ce qu'elle me voulait. Pour moi, me faire frapper était normal et tous les enfants vivaient la même chose. Une autre femme a finit par arriver et se présenter à moi avec un grand sourire aux lèvres. Quand ma mère l'a vu, elle a tenté de me prendre le bras mais un policier l'a éloigné de moi en lui disant de rester calme. Après ça, tout est très floue. Je me rappelle seulement que ma mère a fini par être emmenée elle aussi et la gentille dame m'a expliqué tout un charabia sur le fait que j'allais rester avec elle un petit moment. Le jour même, je me suis retrouvée à répondre à des questions plus bizarres les unes que les autres à des inconnus. J'étais évidemment inconsciente du fait qu'ils voulaient m'aider mais je répondais quand même sans faire d'histoires. Ils m'ont demandé si mes parents me tapaient, vue tous les bleus que j'avais un peu partout sur le visage et les bras, si mon père me touchait les parties intimes et si ma mère était méchante avec moi. J'ai répondu oui à deux de ces questions. Mon père -bien qu'il soit un monstre- ne m'a jamais touché sexuellement parlant. J'ai su bien après par la directrice du foyer où j'étais que si mes parents ont eu un contrôle ce jour là c'est seulement grâce au mauvais pressentiment d'un des contrôleurs.

Elle lâche un rire nerveux.

July- Au final, mes deux parents ont perdu ma garde et seul mon père a fini en prison, alors que ma mère est repartie en France se faire juger là-bas sachant qu'elle est française.

Jahseh- Elle a pas eu de prison ?

July- Nan parce que mon père a dit que les coups ne venaient que de lui pour la protéger. Il a prit 5 ans.

Jahseh- C'est si peu...

July- Ouais je sais mais ça suffit apparemment. Bref, pour la faire courte, après ça, ma tante du côté de mon père a reprit ma garde et m'a rapidement fait des papiers pour que j'ai la double nationalité. Elle en a eu marre de moi assez vite et m'a confié à d'autres membres de ma famille qui m'ont eux même placé dans un foyer. J'ai vécu deux ans là-bas. C'était horrible. Tu ne peux pas savoir comment les gens sont méchants et sadiques. À mes 6 ans, alors que j'allais bientôt partir dans une famille d'accueil, j'ai supplié la directrice du foyer de me donner le numéro de ma mère pour que je puisse l'appeler. Elle a fini par accepter et quand je l'ai eu au téléphone, j'ai à peine eu le temps de dire que j'avais besoin d'elle qu'elle m'a hurlé que je n'étais plus sa fille à ses yeux et que je ne devais plus jamais la contacter. J'ai pleuré comme jamais je n'avais pleuré ce jour là. Personne ne m'a réconforté et certains mêmes se sont moqués de moi. Quelques semaines plus tard, je suis partie dans une première famille d'accueil et c'est là que les ennuis ont commencé. Je n'étais plus du tout la même personne. J'avais changé, et pas en bien. Je piquais des crises de colère à tout va, je tapais tout le monde, et surtout, je me privais de manger. Entre mes 6 et 7 ans, j'ai perdu 17 kilos. J'étais devenue un sac d'os. J'ai toujours fini par changé de famille parce que les parents qui s'occupaient de moi n'arrivaient pas à gérer mon comportement. Le jour de mes 7 ans, j'ai eu comme un électrochoc. J'ai vu tous ces enfants manger le gâteau d'anniversaire que ma mère adoptive du moment avait fait et j'ai décidé sur un coup de tête de me remettre à manger. Mon comportement ne s'était pas amélioré mais j'avais déjà ma première victoire.
Jahseh- Tu peux être fière de toi pour ça.
July- Je le suis.

Elle prend une petite pause en prenant une grande inspiration.

July- Les ennuis avec la justice ont commencé à mes 11 ans. Je faisais tout pour me faire remarquer. Vraiment tout. J'ai d'abord volé dans un magasin, brûlé des poubelles, des déchets en pleine ville. Plusieurs fois j'ai fini en garde à vue. Jusqu'au jour où j'ai atterri dans une famille d'accueil que j'ai aimé très fort. Surtout la mère de la famille. Laurène.
Jahseh- Celle qui... est venue te voir quelques jours après ton arrivée ?

Elle hoche la tête, les lèvres pincées.

July- Ouais... Je l'ai vraiment considéré comme ma vraie mère. Ça me faisait du bien d'avoir enfin quelqu'un qui m'aimait. Qui me comprenait. Mais malgré ça, j'ai pas arrêté mes conneries. C'était comme une addiction. Je...

Elle baisse la tête, le souffle coupé.
Je prends sa main et la serre doucement.

Jahseh- Je ne te jugerais pas Ju'.

Elle plonge son regard dans le mien.

July- J'ai tabassée un policier après qu'il ait insulté Laurène parce qu'elle ne répondait pas à ses avances. Il était là pour contrôler ses papiers.

Pdv July

Il me regarde, les sourcils haussées.
Sa bouche s'ouvre pour dire quelque chose mais il se rétracte au dernier moment.
Je détourne le regard par gêne, et c'est là qu'il se décide à parler.

Jahseh- C'est une sacrée connasse ta Laurène là.

Je pouffe de rire avec lui et avant même que je ne puisse réagir, il me tire vers lui pour me faire un câlin.

Jahseh- Merci de t'être confiée à moi.

Je souris contre son torse.

July- T'inquiètes.
Jahseh- Et d'ailleurs.

Il dit en se redressant.

Jahseh- Comment t'as fait pour tabasser un flic avec ton p'tit corps là ??

J'éclate de rire et lui frappe le bras.

July- J'ai appris à me battre en foyer. J'ai vite développé de la force et de bonnes techniques de défense.
Jahseh- Lui aussi si il est policier normalement.
July- Oui sauf qu'il ne s'attendait pas à ma réaction. C'était par surprise. Après c'était pas un athlète hein. T'attends pas à c'que j'te dise qu'il était baraqué et qu'il faisait 1 mètre 90 parce que c'est faux.

Il hoche la tête en ricanant et me reprend dans ses bras.

C'est comme ça qu'il est devenue mon meilleur ami...

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