𝐏𝐑𝐄́𝐋𝐔𝐃𝐄 : 𝐔𝐍𝐄 𝐍𝐘𝐌𝐏𝐇𝐄, 𝐔𝐍𝐄 𝐂𝐇𝐀𝐔𝐌𝐈𝐄̀𝐑𝐄 𝐄𝐓 𝐔𝐍 𝐂𝐄𝐑𝐅
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- UNE NYMPHE, UNE CHAUMIÈRE ET UN CERF -
OF HONEY AND MYSTERY ;; #PROLOGUE
SOLDIER, POET, KING • THE OH HELLO
◁◁ I I ▷▷
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— OH, ÇA M'AVAIT TELLEMENT MANQUÉ..., soupira Temari les yeux fermés et le visage tendu vers le ciel.
Ses doigts s'enroulaient fermement autour des cordes de la balançoire tandis qu'elle laissait à ses jambes et au morceau de bois humide la portant le choix de ses directions, la menant d'avant en arrière. Elle se balançait de plus en plus vite, trop vite, et le vent soufflait dans ses deux couettes dorées, et ses mèches volaient dans tous les sens. Elle riait fort alors qu'à ses yeux, le paysage se brouillait, ne ressemblant plus qu'à une aquarelle fôret.
Contre le tronc de l'arbre maintenant l'attraction rustique, Shikamaru l'observait, un fin sourire aux lèvres. Les joues de la blonde devenait rouges avec l'excitation, et il trouvait que cela lui allait bien.
Malgré tout, il était forcé de la rappeler à l'ordre, et de mettre fin à son amusement :
— Galère, commença-t-il, tu vas finir par casser la balançoire. Elle doit dater de dizaines d'années, elle ne va pas mettre longtemps avant de céder avec le poids et la force que tu y mets.
— Rabat-joie, lui rétorqua-t-elle en lui tirant la langue, et pourtant ralentissant jusqu'à rendre imperceptible les balancements du jeu.
Son regard sarcelle, distrait, parcourut les environs. Elle venait à peine de découvrir ces lieux dans lesquels son meilleur ami les avait traînés, perdus au fin fond des bois et dévorés par la nature alentours.
Une large et vielle chaumière prenait racine plus loin dans sa simplicité et son abandon, lierre dansant sur elle et herbes sauvages rongeant son sol. Eux préféraient se tenir plus loin, la clôture et le manque d'entretien les maintenant écartés de l'habitation. Enfin, Shikamaru avait, depuis qu'il avait découvert ce coin secret, préféré s'en tenir éloigné, et se contenter du tronc des arbres pour ses sommes, de la hauteur du monticule sur lequel ils se trouvaient pour ses nuages et du lac situé un peu plus loin en contrebas pour y tremper ses pieds après les kilomètres parcourus pour atteindre les lieux.
Mais que personne ne compte sur Temari pour se priver du plaisir de l'exploration de ce coin abandonné. Déjà, elle bondissait sur ses pieds et saisissait la main de son compagnon, le forçant à avancer.
— Où tu me traînes encore toi ? grogna le Nara. On avait prévu de déjeuner près du lac pour fêter calmement ton anniversaire, c'était censé être mon cadeau, ajouta-t-il en désignant d'un rapide mouvement du menton le panier en osier qu'il tenait dans sa seconde main.
— Tu ne m'avais pas dit qu'il y avait une maison abandonnée près de ton coin secret ! répliqua-t-elle tandis qu'ils faisaient face à leur premier obstacle : le loquet de la clôture, rouillé au possible et situé de l'autre côté de la dite clôture.
— Comme tu peux le voir, répondit-il calmement tandis qu'elle se tordait par-dessus rambarde pleine d'échardes, la brousse pleine de ronces et les herbes folles pleines d'insectes, ta maison abandonnée est assez hors d'accès... Allez, viens, qu'on aille déjeuner.
Il ne pût retenir un gros soupir en voyant qu'elle l'ignorait, et un deuxième alors qu'un atroce grincement se faisait entendre, suivit d'une exclamation de la jeune femme, confirmant sa réussite.
— Tu vois, quand on veut ! le moqua-t-elle toute fière en lui adressant un sourire par-dessus son épaule.
Il aperçu immédiatement la coupure sur sa joue dont les ronces étaient sans doute à l'origine, et grogna avant de s'approcher d'elle, un mouchoir sorti de sa poche pour essuyer le sang qui perlait.
— Regarde ce que tu t'es fait, la gronda-t-il presque. Et puis, tu m'expliques comment tu comptes t'y prendre pour traverser ce jardin sauvages ? Les mauvaises herbes atteignent nos cuisses !
Elle baissa les yeux vers la jungle les empêchant de faire un pas de plus en direction du domaine, avant de faire la moue :
— Nara, je sais ce que je fais. Cette égratignure, c'est trois fois rien ! Et ne t'en fais pas pour moi, c'est toi le bébé après tout, pas moi ! Quant au jardin.... Je crois avoir une idée, termina-t-elle les yeux posés sur un point derrière lui.
— J'ai juste pas envie de récupérer une galère en morceau... se défendit-il en se tournant à son tour, cherchant du regard l'objet de son attention avant d'apercevoir la balançoire.
Dieu, cette femme n'est pas possible, gémit-il en la voyant s'éloigner de lui pour aller se jeter joyeusement sur la malheureuse attraction, devinant sans le moindre souci l'idée ayant traversé son esprit.
Il pressa le pas pour la rejoindre, voyant de loin arriver la chute qu'elle avait elle aussi prévue tandis qu'elle se balançait désormais debout sur la planche à une vitesse folle.
Il ne fallut que cinq minutes à la branche à laquelle la balançoire était attachée pour céder, et à la jeune blonde pour tomber dans ses bras tandis qu'il la réceptionnait toute euphorique (malgré qu'il ne parvint à maintenir son équilibre plus de deux minutes et qu'il finit par s'écraser dans l'herbe avec Temari, aux côtés de la balançoire en miette et de leur panier d'osier.)
— Regarde ! s'exclama-t-elle en se redressant précipitamment, on va utiliser ça pour repousser toutes ces saletés !
Elle désigna la longue et épaisse branche qu'elle avait fait craqué, la débarrassant des nœuds de cordes maintenant auparavant le siège de la balançoire. L'action faîte, elle se remit sur pied, son bout de bois dans la main prête à faire face à toute la brousse du monde.
Il leva les yeux au ciel mais la suivit, confiant malgré le fait qu'il prédisait plus d'une égratignure. Il regretta un instant la Temari réfléchie avec laquelle il avait l'habitude de partager sa compagnie.
Celle excitée d'aujourd'hui avait au moins le don d'être incroyablement adorable. Et puis, aujourd'hui était son jour, il ne pouvait pas lui refuser quelque chose d'aussi futile. Enfin, surtout que l'idée qu'elle s'affiche ainsi seulement en sa présence lui faisait immensément plaisir.
— Morphée, bouge-moi ce derrière ! Tu dors debout ou quoi ?
En tout cas, elle n'avait pas perdu une once de son fabuleux caractère.
⚘
— Et merde, jura-t-elle entre ses dents.
— Prévisible, se contenta-il de répondre avec un petit sourire, fier d'avoir finalement raison.
Un gros verrou bloquait l'entrée de la chaumière, réduisant à néant les efforts de la jeune femme.
Il avait été sur le point de lui proposer d'enfin tourner les talons et d'aller déjeuner lorsqu'il aperçut le mélange de déception et frustration dans le joli regard sarcelle de la blonde, chassant son sourire et serrant son cœur. Il n'y réfléchit pas à deux fois avant de se décider à l'aider :
— Tem', le cadenas est rouillé, on devrait facilement pouvoir le faire sauter si on réfléchit bien à comment s'y prendre.
— T'as une idée pour se débarrasser de ce stupide cadenas ? l'interrogea-t-elle sans prendre la peine de supprimer la note pleine d'espoir dans sa voix.
— Eh bien, nous n'avons ni dégrippant, ni cale, alors on doit ou trouver quelque chose pour remplacer cela, soit utiliser la force brute. Mais la seconde méthode ne risque pas d'être vraiment efficace sans marteau ou autre outils du genre. L'idéal, ce serait d'avoir quelque chose de long, fin et métallique pour essayer d'aligner les goupilles.
— Comme dans les films ? s'étonna-t-elle. L'astuce marche réellement ?
Il haussa les épaules, tout de même légèrement surpris de la voir étonnée pour si peu.
— Si tu t'y prends correctement, oui.
— Tu m'apprends comment faire ?
— Sans épingle à nourrice ou barrette, ça va être compliqué quand même...
— Ne t'en fais pas pour ça, le rassura-t-elle, j'ai une idée.
Elle extirpa de sa poche ses clés, avant d'en retirer un des porte-clés fixés sur elles. Séparant l'accessoire lui-même de l'anneau de fer permettant de l'accrocher, elle s'appliqua à dérouler ce dernier avant de le tendre à son compagnon toute sourire.
— Et voilà ! Ça fera l'affaire, n'est-ce pas ? s'enquit-elle.
S'emparant de l'outil de fortune qu'elle lui tendait, il lui sourit, lui assurant :
— C'était exactement ce dont j'avais besoin.
Il fit passer le morceau de fer dans le trou de la serrure, le tournant tout en s'appliquant à le faire se mouvoir d'avant en arrière. Alors qu'il expliquait la raison de ses gestes à la blonde, un déclic se fit. Le cadenas avait fini par sauter.
— On a réussi ! Chapeau !
Shikamaru passa sa main sur sa nuque, légèrement embrassé tandis qu'elle lui adressait un large sourire.
— Bon, s'y on entrait à l'intérieur pour voir si tout cela en valait vraiment la peine ?
Elle hocha vigoureusement la tête à sa proposition avant de se jeter sur la porte. Ils durent s'y prendre à deux pour la faire bouger, et ne manquèrent pas de finir à bout de souffle et échevelés. Pour tout de même crier à en faire trembler la maison lorsqu'une dizaine de bêtes qu'ils n'eurent le temps d'identifier s'extraire de l'habitation en leur frôlant les pieds :
— C'était quoi ce truc ?! s'écria la blonde le cœur encore battant à toute vitesse.
— Des souris ou rats... Je suppose... lui répondit son camarade sans en mener bien large pour autant.
Ils se fixèrent longuement droit dans les yeux avant de prendre leur décision :
— On entre ?
— On entre.
⚘
— Fait attention à où tu poses ton pied, lui conseilla Shikamaru tandis qu'ils s'aventuraient à l'intérieur de la vielle bâtisse. Le parquet est sans doute moisi, une planche pourrait se casser sous ton pied.
— Il faudrait d'abord que j'y vois quelque chose. Il fait tout noir ici ! Et je crois qu'on peut oublier l'électricité...
— Utilise ton téléphone idiote !
— Eh ! Idiot toi-même ! Pourquoi tu n'utilises pas le tien d'abord ?
— Parce que j'avais supposé que tu allais sortir le tien et que ce serait stupide d'en utiliser deux en même temps. Si la batterie de l'un se vide, mieux vaut en avoir un avec une batterie encore pleine.
— Tss...
Elle prit tout de même possession de son propre mobile, activant la fonctionnalité dédiée à la lampe torche avant de les guider tous les deux au plus profond des méandres de la chaumière. Ils dépassèrent ce qui devait auparavant faire office de vestibule au bout de quelques pas, atterrissant dans le salon. Enfin, c'était la chose qu'ils jugèrent la plus proche de cet endroit qu'ils venaient de pénétrer.
Un canapé et des fauteuils aux cuir et tissus détruits, un tapis troué au point de laisser apparaître plus de parquet que de broderie, des lustres dévorés par la rouille et des chaises et table situées dans la partie équivalente à une salle à manger tant rongés par les mites qu'il suffisait de les frôler pour les réduire à un tas de poussière. Tout comme le vieux pendule d'ailleurs. Seul le foyer semblait avoir conservé un minimum de son allure passée.
Temari, encore pas totalement découragée par cette vision, s'approcha des rideaux troués avant de les tirer brusquement dans l'espoir de faire entrer dans ce séjour un peu de soleil. Elle ne parvint pourtant qu'à décrocher la tringle, entraînant l'écroulement de l'entièreté du système sur sa tête.
— Tem', ça va ?! s'écria Shikamaru en se précipitant vers elle pour l'aider à se dépêtrer du lourd velours la recouvrant désormais.
— Ça va, t'en fais pas pour moi ! Je te l'ai déjà dit..., grommella la jeune femme en croisant les bras tandis que maintenant libérée, il l'aidait à se relever.
Il ne pût tout de même s'empêcher de faire passer le faisceau lumineux du téléphone dont il s'était plus tôt emparé pour vérifier son état, gémissant en apercevant la rougeur sur son front :
— Regarde, soupira-t-il en passant doucement ses doigts sur la blessure, tu t'es faite une bosse.
— Oh...
Elle posa à son tour le bout de ses doigts sur son front, tâtant le gonflement.
— C'était donc ça qui faisait mal...
Le Nara manqua de s'étouffer en l'entendant :
— Tu m'avais dit que tu allais bien !
— Bah oui, c'est le cas. C'est juste une bosse, et je sens à peine la douleur. Tu vas pas en faire tout un foin quand même ! En plus, regarde...
Elle arrangea rapidement sa frange, recouvrant sa blessure.
— Plus de bosse maintenant !
Il roula des yeux, n'obtenant qu'un coup à l'épaule de la part de sa compagne.
— T'es ridicule, les blessures, c'est la base de l'aventure.
— C'est pas une raison pour me faire te ramasser en morceaux !
— Mais je suis pas en morceaux, j'ai juste une bosse !
— Et une coupure. On est là depuis moins d'une heure !
— Mais c'est rien, t'as déjà vu quelqu'un mourir de ça ?
— Si la coupure s'infecte...
— Shikamaru !
Il soupira, s'avouant vaincu :
— Ok, j'en fais peut-être des caisses. Mais tu devrais quand même faire plus attention. Si tu le fais, je te promets de ne plus rien dire sur tes blessures aujourd'hui. C'est d'accord ?
Quel idiot, pensa-t-elle, le voilà qui l'avait mis mal à l'aise avec sa stupide inquiétude. Elle était plus âgée que lui merde ! Elle connaissait ses limites, si elle était vraiment blessée elle lui aurait dit ! Enfin peut-être pas... Mais elle aurait mis fin à leur jeu d'explorateurs, c'était certain.
— Tem', c'est d'accord hein ? s'enquit-il à nouveau, confus de ne pas la voir répondre.
— Oui, c'est d'accord... Je ferai attention, promis.
Il lui adressa un doux sourire, rassuré, et elle dut détourner la tête pour masquer ses joues en feu. Il n'avait pas le droit de lui faire un coup pareil ce crétin !
Mais déjà le jeune homme lui tendait son téléphone, et elle dut reprendre contenance. Poussant dans un coin de la pièce les restes du rideau, elle s'acharna durant de longues minutes sur la fenêtre, forcée de l'ouvrir étant donné que la poussière et la crasse prenaient désormais le relais après les rideaux.
Un gros craquement retentit, et elle crut même un instant avoir cassé la fenêtre pour au final remarquer la présence de la poignée dans ses mains... détachée du cadre.
Elle l'avait bel et bien cassé.
— Aux grands maux, lâcha-t-elle alors, les grands moyens !
— Galère, ne fais pas..., commença Shikamaru en la voyant s'emparer du tringle qu'elle avait plus tôt décroché, n'importe quoi.
Mais la fin de sa phrase fut étouffée par le bruit du verre se brisant tandis que la blonde enfonçait l'extrémité de la tige de bois dans la vitre.
— Voilà, on aura enfin de la lumière ! s'exclama-t-elle fière de son travail.
— Mais rassure-moi Galère, demanda Shikamaru en s'approchant de la seconde fenêtre pour doucement tirer le rideau et rapidement l'ouvrir, tu as pensé à la pousser au lieu de la tirer quand même ?
Elle le dévisagea avec un air contrit qui lui fit lever les yeux au ciel, lui arrachant une exclamation furieuse :
— Eh oh, ça va ! Ma poignée était cassée, ce n'est pas de ma faute !
— Il y a du verre plein le sol maintenant...
— Ce n'est pas bien grave, on a des chaussures, on évitera juste de s'en approcher.
Shikamaru voulut encore une fois soupirer mais la surprit à soigneusement observer ses mains et bras pour s'assurer qu'aucune coupures ni morceaux de verre ne s'y était installé, et ne put qu'afficher un petit sourire, ce qui lui valut un regard noir de la blonde :
— Chasse-moi ce sourire ridicule de ton visage ou c'est moi qui m'en occupe, menaça-t-elle, sans pour autant gâcher son plaisir.
Elle l'écoutait vraiment.
⚘
La cuisine sur laquelle donnait la salle à manger fut leur prochaine destination, malgré qu'à l'exception de toiles d'araignée et de meubles moisis ils n'y trouvèrent pas plus intéressant. Ils quittèrent la pièce par une seconde entrée qui donnait elle sur le séjour, leur faisant remarquer la porte arrière de la maison qui se trouvait à l'extrémité de la salle à manger et à laquelle ils n'avaient pas prêtée attention au départ.
Ils l'ouvrirent pour découvrir qu'elle donnait sur la terrasse aussi mal entretenue que le jardin à l'avant, et ils ne se risquèrent pas à faire un pas supplémentaire.
Rebroussant chemin, ils quittèrent le séjour pour tomber sur des toilettes — à peine la porte entrouverte qu'il la refermèrent aussitôt, l'odeur pestilentielle étant insoutenable — et, continuant leur route au rez-de-chaussée, découvrir une nouvelle pièce.
Temari, armée de son téléphone — la lumière passant par les fenêtres avait ses limites — fût la première à pénétrer les lieux, Shikamaru sur ses talons tardant légèrement à la rejoindre, plus consciencieux du danger que pouvaient représenter cette maison inconnue.
Il entra tout de même en n'entendant aucune exclamation venant de la part de la blonde. Il le regretta amèrement en se retrouvant dans le noir le plus complet, et crut même un instant que Temari n'ayant remarqué son retard ait quitté la pièce par une autre sortie. Tout cela jusqu'à que dans un flash un visage au trait monstrueux et à l'air lugubre ne se matérialise sous son nez, lui arrachant un exclamation suraiguë. Il perdit l'équilibre et tomba en arrière avant d'entendre des esclaffements ne pouvant appartenir qu'à une seule personne, et qui en cet instant même apparaissait tandis que la lumière se faisait plus utile en éclairant l'entièreté des lieux.
Le masque qu'elle tenait dans les mains résumait facilement la situation, et il se sentit horriblement honteux d'avoir été si simplement piégé.
— Arrête de te moquer, lui ordonna-t-il de toute la force des lambeaux de fierté qui lui subsistait.
Cela ne fit que redoubler ses rires, et il ne pût qu'en rougir d'embarras. Elle finit tout de même par lui tendre sa main libre en guise d'appui pour se relever, qu'il accepta dans l'unique but de la tirer à lui, la laissant s'écraser sur le parquet moisi.
— Eh, mais ça va pas ? s'écria-t-elle tandis qu'elle rencontrait brutalement son torse.
— Au moins, la prochaine fois, t'y penseras à deux fois avant de me faire des blagues stupides.
Agenouillée face à lui entre ses jambes étalées sur le parquet, sa meilleure amie lui tira la langue en se penchant en avant, et il soupira en roulant des yeux, et elle lui asséna un coup dans l'épaule.
Et il passa son pouce sur la bosse ornant son front, remportant une grimace de sa part tandis qu'il lui faisait remarquer que tout de même, il allait falloir qu'ils lui trouvent de la glace. Alors elle grogna en lui faisant remarquer qu'elle était plus âgée, et il lui tapotait la tête en lui rappelant que maturité et âge ne rimaient pas, et il gagna un coup dans le tibia et elle se releva.
Il étouffa sa déception de ne plus l'avoir près de lui à l'aide d'un masque désintéressé, et se contenta de lui demander où ils se trouvaient.
— Dans la bibliothèque.
Elle mit alors la lumière sur les larges meubles atteignant le plafond et entièrement emplis de livres, sur le lustre qui pendait et ses bougies dont ils ne restaient plus qu'une mince flaque de cire, sur la fresque délicatement peinte sur le plafond en coupole et les —sans doute durant un temps— confortables fauteuils, malgré le fait que désormais ils n'étaient plus que des carcasse de cuir moisis.
Il repéra bien vite les différents accessoires ornant çà et là certaines des étagères, objets vétustes et bien étrange ayant pour la plupart appartenus à des pays étrangers et des temps passés. Outre le masque avec lequel Temari s'était fait une joie de l'effrayer, il pouvait compter maintes assiettes de porcelaines sur lesquelles de curieuses scènes avaient été peintes, des vases d'argile et de glaire et même la coiffe de fer d'un soldat antique à la panache rouge sang : un casque attique.
— Eh, regarde, je ressemble pas à un vrai soldat comme ça ? Même si commandant c'est bien plus intéressant... lança-t-elle tandis qu'il observait l'immense collection de livres, son attention trouvant enfin satisfaction parmi les œuvres volumineuses.
Pourtant, il lui suffit uniquement d'apercevoir sa meilleure amie coiffée du casque ridicule pour qu'un gémissement désespéré lui échappe.
— Galère, ça doit être le genre de trucs fragiles et précieux auxquels on ne doit toucher sous aucun prétexte.
— Et ? On s'en fiche, non ? La maison est abandonnée, Nara, la personne à qui tout cela appartenait est soit partie, soit morte. Et au pire, si elle n'est pas contente de me voir toucher à ses jouets, qu'elle envoie son esprit se manifester !
Il n'eut le temps de répondre que le téléphone de Temari vibrait subitement pour s'éteindre, les plongeant dans le noir complet.
— Ta batterie est déjà à plat ? lui demanda-t-il tandis qu'elle tentait de rallumer l'appareil.
— Impossible, j'ai vérifié tout à l'heure et il était encore bon pour tenir quatre heures. Tiens, regarde, il se rallume.
Il fut en effet forcé de constater que le téléphone de la blonde fonctionnait parfaitement, et qu'ils pouvaient être assurés d'encore faire un bon bout de chemin avec lui.
— Il a du sûrement se cogner quand j'ai bougé, ou peut-être que j'ai laissé la lampe torche activée trop longtemps et que ça l'a fait surchauffer.
Ils savaient autant l'un que l'autre que le téléphone n'avait rencontré aucun meuble et que, la jeune femme l'ayant éteint pour faire sa blague quelques minutes auparavant, impossible qu'il est surchauffé.
— En tout cas, c'est forcément une coïncidence, affirma-t-elle d'une voix mal assurée en faisant allusion à sa précédente remarque sur les esprits.
— Évidemment, renchérit-il tout aussi convaincu qu'elle, tout le monde sait que les esprits n'existent pas. Et franchement, un fantôme qui éteint les téléphones, qui croirait une chose pareille ?
Ils rirent tous deux d'un rire faux comme dans l'espoir de se donner contenance, ce qui n'empêcha pas Temari de s'appliquer à correctement replacer le casque à sa place avant de s'en tenir éloignée d'un bon pas, geste que Shikamaru validait parfaitement.
— Et si on allait visiter l'étage du dessus ? proposa-t-il alors, gagnant immédiatement l'approbation de la blonde.
Pourquoi s'attarder ici après tout ?
— En tout cas, cette pièce est de loin ma favorite.
Il hocha vigoureusement la tête, totalement d'accord avec elle.
— J'aurais bien aimé en avoir une comme ça chez moi, surtout quand j'étais petit... Ç'aurait été drôle de juste pouvoir respirer des livres à longueur de journée pendant les weekends et vacances à la place de devoir être forcé à traîner dehors. Ce n'est pas qu'Ino et Choji n'étaient sympas ou quoi que ce soit, c'est juste que pouvoir rester dans son coin c'est vraiment vraiment bien aussi. En plus, cette bibliothèque était vraiment belle, et la fresque, au plafond, aussi... C'était...
— "Orion aveugle cherchant le soleil levant", compléta Temari en se tournant vers lui tandis qu'elle gravissait les marches des escaliers une main sur la rambarde boisée, lui adressant un adorable petit sourire.
Il hocha la tête, l'esprit et le cœur tout brouillon par son geste. Il se rendit compte l'instant suivant du débit de paroles extraordinaire qu'il avait eu, et embarrassé, resserra sa poigne sur la rambarde. La blonde le sentit, et sans prendre la peine de se tourner, lui avoua doucement :
— J'aime bien t'écouter parle ainsi, fais le plus souvent si cela te plaît. J'ai pas toujours accès au fond de ta pensée, et... Disons que ça me plaît de t'entendre me la livrer. Enfin, ajouta-t-elle désormais tout autant embarrassé après s'être rendue compte qu'elle en avait plus avoué qu'elle ne l'avait originellement prévue, tu peux faire comme ça te chante.
Il sourit à son tour, observant les environs. La première chose à laquelle son regard accrocha fut les couettes bondissant à chaque marche gravie par sa compagne, et il entrouvrit les lèvres :
— Tes cheveux. On dirait du miel. Au soleil, sinon ça ressemble plus à de l'ambre qu'autre chose. Enfin, tu vois, quand on retourne le pot et que les rayons du soleil se reflète sur le miel qui coule lentement, créant plein de reflets dorés... C'est comme quand tu marches et qu'ils s'agitent doucement dans ton dos, ou que le vent souffle dedans et les fait danser. Le vent te va vraiment bien. T'es... Vraiment jolie avec.
Heureusement qu'elle avait atteint le premier étage et qu'elle avait l'excuse de l'attendre pour expliquer sa perclusion, car s'en doute qu'elle aurait vraiment eu du mal si cela était arrivé en plein milieu de l'escalier.
Sa main couvrant sa bouche et ses yeux fixés au bout de ses sandales, elle avait le mal le plus fou à retenir le démon peignant son visage de feu et secouant ainsi son cœur. Elle brûlait, et la présence du jeune homme arrivant enfin à son niveau ne l'aidait en rien. Dieu merci, le faisceau lumineux que produisait son téléphone n'éclairait que le couloir dans lequel ils venaient d'atterrir.
— Tem', ça va ? demanda-t-il en la voyant ainsi immobile. Tu trouves ça idiot, hein ? J'étais sûr que j'aurais pas du dire un truc pareil...
— Non, non, pas du tout ! Ça m'a vraiment... plu.
C'était un euphémisme, mais elle n'osait lui en avouer plus.
— Pas besoin de mentir, tu sais, si ça te gêne tu peux aussi me le dire. J'ai l'habitude de garder ses réflexions ridicules pour moi-même.
Elle inspira un bon coup avant de se tourner vers lui, attrapant de ses deux mains les siennes — du mieux qu'elle pouvait en tout cas, avec son téléphone.
— Na- Shikamaru, je suis sérieuse, j'ai vraiment aimé, on m'avait juste jamais dit... de trucs aussi beaux. On aurait dit un poème. Un très beau poème. T'es... un poète.
Ce fût à son tour de rougir.
— Vrai ? T'aimes vraiment ?
— Évidemment idiot, tu m'as déjà vu me ménager avec toi ? Puisque je te le dis, c'était super ! Tu devrais penser à écrire des prose.
— Sur tes cheveux ? s'enquit-il avec candeur.
— Mais non ! Enfin, si, si tu veux, mais pas que.
— Sur tes yeux aussi alors ? Ta peau ? Elle est toute douce, précisa-t-il en s'emparant de sa main qu'elle avait laissé tomber le long de son corps plus tôt, la tenant délicatement dans les siennes en l'approchant de son propre visage, comme pour lui prouver ce qu'il avançait.
— T'es pas obligée de parler que de moi, tu sais ?
— Certes, mais tu m'inspires. Comme une muse. Ouais, c'est ça. Si je suis un poète, alors toi tu es la muse.
Elle ne savait pas si elle avait envie de l'embrasser ou de l'étouffer, qu'il se taise ! Enfin, non, qu'il continue, il y avait de si délicats frissons en elle quand il lui soufflait des paroles pareilles... Mais le démon revenait toujours, et la frustration lui donnait envie de pleurer, c'était si condensé...
— Si on allait visiter la pièce là-bas ? À autant tarder, on va finir par ne jamais trouver le temps de déjeuner. Allez Nara, viens !
Il haussa un sourcil en la voyant ainsi se précipiter pour visiter la salle au fond du couloir, mais la suivit docilement, ravi par les compliments de sa meilleure amie. Il avait eu peur d'avoir dépassé la limite cette fois-ci, mais il lui semblait qu'elle avait apprécié l'attention et il s'en voyait totalement satisfait.
Au final, la pièce vers laquelle elle avait foncée s'avoua être la salle de bain, dans laquelle ils ne prirent la peine de s'aventurer. Revenant sur leur pas, ils comptèrent au total la présence de trois autres pièces. La première, la seule située à leur droite, fut la première qu'ils visitèrent.
Un large bureau de ce qui semblait être un bon bois (acajou?), un fauteuil miteux et élimé, mais semblable à ceux de la bibliothèque, des étagères pleines de livres, un magnifique quoique détruit tapis sur le sol... Il semblerait bel et bien qu'ils aient atterri dans un bureau.
Temari s'approcha de l'unique fenêtre avant d'en repousser les rideaux et de l'ouvrir, les éclairant un peu mieux. Ils tentèrent d'ouvrir les tiroirs du bureau et du secrétaire, mais ce fut en vain. Il fallut à Shikamaru décrocheter la serrure, pour au final ne retrouver que documents de papiers sur lequel le temps avait eu mainmise bien avant lui.
Mais tandis qu'il s'apprêtait à se relever après avoir refermer les multiples tiroirs, quelque chose vint lui frôler le cou. Il se mordit brutalement la lèvre inférieure, mais ne pût bien longtemps retenir le fou rire lui montant dans la gorge.
— Tem', p-pitié...
Vile, la blonde ignorait ses suppliques et continuait à faire danser l'extrémité de la plume qu'elle avait trouvé sur son cou, où il était chatouilleux. Ce fut pourtant sans prévoir qu'il se rebellerait et la renverserait sur le tapis, la plaquant au sol alors qu'en guise de vengeance, il s'attaquait à sa taille. Son point faible. Les rires de sa meilleure amie ne tardèrent pas à se cogner contre les murs.
— N-Nara, arrête ça t-tout de suite !... Arrête j'ai... dit ! Sh-shika', stop !
Il finit tout de même par accéder à sa requête, recevant le poing de la blonde à peine celle-ci redressée.
— Galère, toujours aussi violente...
— Eh ! Mais c'est à cause de toi !
— C'est toi qui à commencer à me chatouiller je te rappelle.
Elle lui tira la langue avant de se relever précipitamment pour quitter les lieux, ne lui donnant autre choix que celui de se jeter à sa poursuite.
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— Je retire ce que j'ai dit. Je préfère mille fois cette pièce.
— Espèce de flemmard. Eh, mais relève-toi ! Dieu seul sait ce qui est passé sur ces draps !
Il l'ignora et resta prélasser sur le confortable et large lit, fixant la fresque ornant le plafond. Celle occupant la deuxième pièce du premier étage, une chambre, était particulièrement belle.
— "La mort d'Actéon"... Tu connais le mythe ?
Elle leva la tête pour jeter un coup d'œil à l'œuvre au plafond, avant de jauger du regard le jeune homme sur le lit, perdu dans sa contemplation... Elle mit de côté son ego pour quelques minutes et s'assit sur le bord du lit, capitulant :
— Actéon aurait par hasard pendant une partie de chasse observé Artémis et son cortège de nymphes alors qu'elles se baignaient, et pour outrage à la pudeur, elle l'aurait transformé en cerf. Il s'est fait attaqué par sa propre meute je crois...
— C'est ça, valida-t-il sans quitter le plafond des yeux.
Il reprit bien vite :
— Si on enlève le s, ça donne Temari.
Il fallut un temps à l'intéressé pour comprendre à quoi il faisait allusion :
— Artémis ? Pas faux... Mais ce n'est pas un vrai anagramme si on enlève une lettre. D'ailleurs, je vois pas de lien.
— Dis, tu me transformerais en cerf toi ? la questionna-t-il sans faire attention à ce qu'elle venait de dire.
Elle haussa un sourcil, prévoyant la déversée d'une centaine d'idée chaotique.
— Pourquoi je ferais une chose pareille ?
— Eh bien, je ne ferais jamais une chose pareille à celle d'Actéon...
— Et tu ferais mieux, en effet.
— Mais, si un jour, je faisais quelque chose d'horrible...
— Je chercherai à savoir pourquoi. Parce que tu ne feras jamais quelque chose d'horrible sans raison. Et si je trouve que t'as fais n'importe quoi, je m'occuperais personnellement de toi. Pas besoin de te transformer en cerf, je t'assure...
Il se redressa et la fixa longuement avant de lui adresser un doux sourire. Elle détourna le visage pour cacher ses joues rosées et se leva précipitamment pour rejoindre le couloir :
— Allez le paresseux, le somma-t-elle depuis le palier, maintenant que tu t'es levé, allons voir la dernière pièce !
⚘
Comme ils l'avaient tous les deux supposés, la dernière pièce était aussi une chambre. Semblable au niveau du mobilier à sa sœur avec son simple placard, son meuble de chevet, son tapis décoloré et sa fenêtre avec de courts rideaux, elle variait pourtant sur le plan des coloris.
Tandis que la première dans laquelle ils s'étaient trouvés était teintée de nuances vertes, la seconde optait pour des couleurs proche du bleu. La fresque aussi n'était pas la même, comme l'avait si bien fait remarqué la blonde en entrant :
— Regarde ! C'est toi !
Il avait automatiquement levé les yeux au plafond pour être accueilli par une représentation du dieu du sommeil, lui arrachant un soupir. L'ignorant, Temari reprenait en s'approchant de la fenêtre pour l'ouvrir :
— Dans les nuages en plus... Vraiment, le hasard ne fait pas les choses à moitié.
Il se laissa à nouveau tomber sur le lit au défi de toute mesure hygiénique, tirant par la main son amie qui ne trouvait même plus le courage de se débattre. Ils quitteraient les lieux dans quelques minutes, une demi-heure tout au plus. Autant le laisser profiter un temps du domaine.
— Tu crois qu'Artemis et Morphée se sont déjà rencontrés ? lui demanda-t-il en jouant inconsciemment avec ses doigts les yeux au plafond, n'ayant toujours pas lâcher sa main.
— Avec Zeus et les centaines d'événements et banquets donnés à l'Olympe, je n'en douterais pas vraiment. Mais ils ne devaient pas être si proches que ça je suppose...
— Mmh, pas faux... Je suis heureux de t'avoir rencontré en tout cas. Même si t'es galère.
Elle s'immobilisa subitement, ne sachant comment réagir. Évidemment qu'elle aussi était plus qu'heureuse de l'avoir connu, seulement, de là à lui avouer...
Mais le Nara semblait déjà être passé à autre chose.
— Tu resterais avec moi ? Si on s'enfuyait tous les deux, pour vivre ici, seuls dans notre coin ?
Elle écarquilla les yeux à sa proposition, et fut soudainement bien heureuse de lui tourner le dos. Il ne pouvait pas lui demander une chose pareille. Et elle n'était pas prête à lui donner une réponse. Elle imaginait mal s'enfuir avec son meilleur ami.
Elle préféra lui faire croire qu'elle n'avait pas proposition au sérieux, et décida d'en rire.
— Dis pas de bêtises, on trouvera jamais de chocolat ici. Et hors de question de vivre sans chocolat.
— Et si je t'en ramène des tonnes ? Ça se conserve longtemps le chocolat, non ? On pourra faire un stock...
Il ne semblait pas prêt à lâcher l'idée :
— Après, il faudrait retaper la maison, ça, c'est certain. Ça coûtera cher. Mais en économisant, on devrait y arriver. On devra aussi souvent aller en ville pour la nourriture... J'ai pas le courage de faire pousser quoi que ce soit dans le jardin.
— Je n'ai pas envie de légumes dans le jardin. Je veux des fleurs.
Il se redressa à l'entente de ses mots, la dévisageant choqué :
— Tu veux bien t'enfuir ? Vraiment ?
— J'ai jamais dit ça. C'est juste qu'il est hors de question que tu transformes le jardin en potager.
— Alors tu ne veux pas ?
Il parut chagriné par sa supposée réponse. Malgré elle —et à sa plus grande honte— elle en fut atteinte, et décida alors de nuancer ses propos, détournant la tête :
— Je ne m'enfuirais pas avec mon meilleur ami.
Il serra un peu plus fort sa main qu'il tenait toujours et approcha doucement son visage d'elle, laissant son nez frôler ses boucles blondes. Leurs odeurs étaient divines.
Elle le sentit derrière elle et pourtant ne bougea pas, attendant une réelle réaction. C'était un génie, il avait forcément dû la comprendre, n'est-ce pas ?
— Mais tu t'enfuirais avec moi, hein ? souffla-t-il dans son cou.
— Tout dépend..., lui répondit-elle en faisant mine de n'être affectée par sa proximité.
Mais il pressa chastement ses lèvres contre la peau tannée de son cou et elle ne pût ignorer son chaos interne une seconde de plus. Se laissant tomber en arrière contre son torse, elle le laissa promener ses doigts dans ses cheveux et y enfouir son nez :
— Est-ce que ça dépend toujours ?
— Oui, il y a plein d'autres facteurs à prendre en-
Il la coupa d'un baiser sur la joue et elle ne pût que mettre fin à la conversation en lui rappelant qu'ils devaient penser à sortir pour déjeuner.
⚘
Il avait tenu sa main tout le long du trajet, et malgré qu'il n'avait su comment interpréter son geste, elle lui avait permis de continuer.
Près du lac où, selon son plan de départ, ils étaient censés avoir depuis longtemps déjeuner, Temari laissait ses pieds faire trempette dans l'eau tandis qu'elle jouait avec les nénuphars qu'elle parvenait à toucher du bout de ses orteils. Pendant ce temps-là, il s'occupait d'arranger leur pique-nique, étalant la couverture et sortant les sandwichs. Il lui avait dit que c'était son anniversaire et que pour cette raison, elle n'avait pas à s'occuper de ce genre de choses, cela ne l'avait pas plus gêné que cela.
— Tu viens ? l'appela-t-il en s'installant.
Elle voulut s'asseoir en face de lui, mais il fit la tête alors elle vint à côté. Elle mordit dans son repas en fixant le lac et le champs de fleurs sauvages derrière, lui en la fixant. Ses cheveux étaient ébouriffés et ses couettes n'étaient qu'à moitié retenues par leurs élastiques, et sans doute que c'était aussi son cas. Mais après leur découverte du domaine, cela lui semblait inévitable. Ses joues étaient gonflées par la nourriture, et des miettes constellaient ses lèvres roses et ses habits. Son regard se promena sur ses longs cils dorés et ses beaux yeux, il cherchait encore le mot pour décrire la sublime symbiose du vert et du bleu dans ses prunelles.
Il observa ses épaules que son haut nivéen laissait à découvert, hâlées, ses avant-bras que seule le court morceau de tissu qui constituait ses manches couvrait à moitié, son ventre tout autant dénudé, ses jambes suivant la danse tout juste vêtues d'un short en jean, ses pieds encore humides...
— Nara, arrête de mater et mange.
Il se tourna vers elle, il matait ?
— Oui, et si tu veux le refaire au futur, fais au moins l'effort d'être plus discret. Allez, mange.
— J'ai pas très faim.
— T'es malade ?
Il haussa simplement les épaules.
— J'ai juste la flemme de le faire.
Elle leva les yeux au ciel et réitéra son ordre, ne le prenant pas au sérieux.
— J'ai juste pas envie. J'aurai peut-être faim après, tenta-t-il de la rassurer en tirant à lui leur panier pour en sortir sa surprise, la posant sur les genoux de la blonde.
— Un gâteau au chocolat ! s'exclama en ouvrant la boîte de carton.
Le dessert était plus petit qu'un gâteau d'anniversaire classique, mais ils n'étaient que deux alors elle comprenait. Et malgré qu'elle était gourmande, elle avait ses limites. Elle coupa le gâteau en deux avant de s'emparer d'une cuillère et de cueillir un bout du gâteau, tendant l'ustensile vers Shikamaru.
— Mange.
Il soupira mais prit la cuillère de sa main pour l'enfoncer dans sa bouche, remportant un tapotement sur sa tête de la part de Temari.
— Bravo. Maintenant, recommence.
Il lui obéit, prenant quelques bouchées supplémentaires de la pâtisserie sur ses genoux. Tandis qu'il mangeait, elle fixa un instant sa propre part et son joli glaçage aux marrons avant de lâcher par rapport à leur précédente discussion :
— Si je ressemble au miel, je crois que tu serais du chocolat. Aux noisettes plus précisément, pour tes yeux. On te mange souvent dur et froid, mais tu peux être chaud, et fondre pour ceux que t'aiment. Et t'es plutôt doux en soit.
Il rougit, et chercha un instant quoi lui répondre. Il ne trouva pourtant que le courage de cacher son visage dans sa chevelure miel.
— T'es beaucoup trop complexe pour seulement être seulement comparé à une chose comme du miel, lui chuchota-t-il finalement, c'était que de tes cheveux dont je parlais. Et encore, rien qu'eux me rappelent aussi les immenses champs de blés d'été, ou encore les dunes dans le désert avec leurs ondulations. Mais si tu veux, tu peux être Sirius.
Elle haussa un sourcil, et il ajouta, rendant ses joues toutes roses :
— C'est l'étoile la plus brillante de la Voie Lactée. Elle fait aussi partie de l'entourage de la constellation d'Orion.
Et si la blonde ne s'y connaissait pas plus que cela en astronomie, elle avait les bases des mythes grecs. Elle laissa son compagnon dégager son visage en glissant derrière son oreille les mèches envahissant son visage et placer un baiser sur son front, qu'elle accueillit le cœur battant.
— Reine.
— Romantique.
Il grimaça, et répliqua :
— Galère.
— Une galère royale, souligna la blonde, avant de reprendre la dégustation de son dessert.
Il se contenta de détourner le regard, vexé. Il avait aussi voulu un compliment.
— Eh, boude pas ! Tu voulais être un roi ?
Il ne répondit pas, faisant lever les yeux au ciel la blonde :
— Tu préférerais être quoi ? Un faon ? La lune ?
— Tu copies ce que j'ai dit, rétorqua-t-il. Je ne te fais penser à rien ?
— Là, à un ours grincheux. Mais je t'épargne le ridicule du surnom. D'ailleurs, je t'appelle déjà Morphée, ça ne compte pas ?
Il secoua la tête.
— Ananas ?
Il n'en voulait pas non plus.
— Shikamaru, soupira-t-elle finalement, arrête de faire la tête, c'était mignon au début mais là ça me fatigue. C'est soit ça soit je t'appelle pleurnichard jusqu'à la fin de ton existence.
Il se calma enfin pour venir s'écraser dans ses bras, la faisant sourire.
— C'est officiel, je vais t'appeler pleurnichard.
— Galère, grommella-t-il, mais il ne s'en blottit que plus contre elle.
Elle lui rendit sa câlinerie.
⚘
— Mais tu m'aimes ? lui demanda-t-elle finalement tandis qu'ils pliaient bagages, le soleil se couchant à l'horizon les forçant à rentrer.
— Euh... Oui ? Je suppose...
— C'est quoi comme réponse ça ?
Il haussa les épaules.
— J'aime bien être avec toi, c'est tout. Et toutes les choses qu'on fait ensemble, et j'aime imaginer celles qu'on fera. J'aime bien rêver de toi aussi, ajouta-t-il en s'engageant dans la forêt à ses côtés, et te regarder. Et t'embrasser, et quand tu me parles, et rigoles, et gaffes aussi. Ce genre de chose. Je t'aime donc ?
Elle se contenta de se pencher vers lui et de l'embrasser violement sur la joue, le rendant pivoine :
— T'es vraiment un gros romantique, rit-elle, et il ne put que sourire bêtement.
— Sinon, reprit-il au bout de quelques minutes, je ne sais pas si je te l'ai déjà dit mais joyeux anniversaire.
— T'as vraiment oublié si tu me l'as déjà dit ?
— Il s'est passé bien trop de choses en une journée pour que je retienne tout.
Elle ne put nier son propos et se contenta de sauter sur l'un des rochers parsemant leur route, et il la suivit.
Au moins, se dit-elle, il restera inoubliable.
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