𐚁 Chapitre 55

━━━┅━ M I N H O ━┅━━━

   La tête plongée dans le vide, mes yeux fixaient le plafond sans le moindre intérêt. J’étais allongé en position étoile de mer en travers du lit qui me semblait de plus en plus moelleux, celui-ci menaçant de m’absorber à tout moment sous les ordres de Morphée. Il faisait terriblement chaud dans cette chambre, même les fenêtres grandes ouvertes. Alors, j’avais décidé de me laisser dépérir face au ventilateur qui tournait depuis maintenant près de trois heures.

Trois heures que j’étais arrivé chez Seungmin, ce dernier m’avait gentiment invité chez lui pour y passer la nuit, après qu’on ait appris que Jisung se préparait à sortir à la fête foraine avec son petit-ami. Curieux et peut-être un peu masochiste, j’avais immédiatement accepté sa proposition, non seulement pour profiter de sa superbe maison mais surtout parce que j’avais très envie de revoir le garçon que j’aimais. C’était assez déraisonnable de le suivre une nouvelle fois en ayant la quasi certitude de ne l’apercevoir que de loin à cause du monde présent à ce genre d'événements mais ça m’était égal, je souhaitais simplement me sentir proche de lui. La veille ne m’avait apparemment pas suffit, j’en voulais plus, et procéder de cette façon était pour moi le seul moyen de passer du temps avec Jisung. Même si, lui, le passait avec quelqu’un d’autre…

J’étais pourtant persuadé qu’il s’était produit quelque chose entre nous dans le vestiaire, hier. Il avait été si tendre et patient avec moi, j’avais l’impression qu’il ne m’en voulait plus et, au contraire, qu’il tenait à me faire savoir qu’il pensait à moi. Il avait été tellement tactile à ce moment-là que j’avais failli craquer et tout lui avouer, rien que pour le garder plus longtemps près de moi, qu’il me complimente encore et qu’il me sourit comme avant. Depuis, je l’avais débloqué de tous les réseaux sociaux et j’attendais alors de recevoir un message de sa part, mais en vain.

Je me questionnais alors depuis sur la raison de son silence, me demandant alors si j’avais bien vu juste ou si je m’étais fait des films. Peut-être qu’il avait uniquement été gentil avec moi car il me connaissait, puis c’est tout. Peut-être aussi qu’il avait besoin de temps avant de me recontacter et qu’alors le suivre n’était probablement pas la meilleure des idées... Et j’en étais conscient, l’espionner était ridicule et un peu effrayant sur les bords, seulement, je ne voulais pas le laisser tout seul avec son date, pas après l’élan d’espoir que j’avais ressenti la veille.

C’était donc pourquoi je me trouvais actuellement affalé sur le lit de Seungmin, celui-ci assis de son côté en attendant impatiemment que la localisation Snapchat de Jisung bouge enfin. Cependant, il était déjà vingt heures trente et je commençais à croire qu’il avait potentiellement annulé son rendez-vous, même si ce changement de programme ne serait pas pour me déplaire.

— C’est long, Seungmin… Me plaignai-je en prolongeant la dernière voyelle de son prénom.

Ce à quoi il ne répondit que par un grognement d’agrément auquel je ricanai légèrement. J’étais quand même déçu car j’avais eu hâte de revoir Jisung et, surtout, de manger des tas de sucreries qu’on ne trouvait généralement que dans les fêtes foraines. La barbe à papa, les pommes d’amour, les crêpes suzettes… Rien de mieux que ce genre de confiseries en plus des dizaines d’attractions mises à disposition pour passer une bonne soirée ! En prime, je m’étais apprêté spécialement pour l’occasion.

J’avais opté pour un short de couleur crème et d’une chemise blanche en lin sous une veste en cuire qui, pour le moment, ne m’était d’aucune utilité. J’avais aussi coiffé mes cheveux avec du gel pour les amener vers l’arrière et seulement laissé quelques mèches encadrer mes pommettes. De plus, moi qui ne portais que des petits anneaux en guise de boucles d’oreilles, j’avais choisis de mettre de jolies perles et de les accorder au collier qui décorait actuellement mon cou. Je ne savais pas trop si cette sortie valait la peine de me mettre sur mon trente-et-un ou si même Jisung allait remarquer mon effort mais, au fond, j’espérais que ce soit le cas et que ça ait un peu d’effet sur lui.

Les paupières désormais closes, je l’imaginais me complimenter en m’admirant de haut en bas avec son sourire craquant… En y songeant, je poussai un long soupir, il était difficile de faire face à la réalité. Cependant, je fus bien forcé de remettre les pieds sur Terre lorsque Seungmin se mit subitement à hurler.

— Ça bouge, ça bouge ! Fit-il en se redressant avec les yeux écarquillés avant de venir me mettre son téléphone sous le nez.

Immédiatement, je me mis à le suivre dans son excitation et à crier à mon tour. Le chaos s’installa alors rapidement dans la chambre déjà bien en désordre tandis qu'on se pencha davantage sur l’écran du téléphone pour observer le point qui représentait Jisung se déplacer. Il fallut attendre de longues minutes pour savoir où il se dirigeait exactement avant de comprendre qu’il se rendait bel et bien vers la fête foraine. C’était d’un soulagement monumental mais je ne pouvais m’empêcher d’appréhender ce qui allait se passer car c’était quitte ou double, il n’y avait pas d’entre deux.

Ni une ni deux, ce fut à pas de course que nous décidions d’aller enfiler nos chaussures et nos vestes, puis de nous rendre à l’arrêt de bus le plus proche de chez Seungmin. Néanmoins, en vérifiant les horaires de celui-ci, on remarqua que le prochain véhicule n’arriverait que dans vingt minutes. Hors de question de patienter aussi longtemps, on choisit la solution de facilité ; celle de marcher un quart d’heure jusqu’au centre-ville. C’était loin d’être le moyen que je préférais mais si je ne voulais pas louper l’opportunité de croiser Jisung lors de cette sortie, il ne fallait pas prendre le risque. Il n’y avait pas de temps à perdre.

Enfin arrivés devant l’immense foire qui s’accaparait la grande place quelques fois par an, je pus souffler. Les mains sur les hanches et les paupières closes en une grimace de douleur, je tentais tant bien que mal de réguler ma respiration pour apaiser mon point de côté. Nous avions marché tellement vite pour arriver ici que le trajet n’avait finalement duré que dix minutes au lieu de quinze. Ce n’était pas pour me déplaire évidemment mais la goutte de sueur qui glissait le long de ma nuque me hurlait le contraire.

J’étais à bout de souffle et j’avais extrêmement chaud avec ma veste en cuir, Seungmin n’hésitant d’ailleurs pas à me rabâcher qu’il m’avait prévenu que la porter serait une mauvaise idée. Je ne l’avais pas écouté et j’en payais désormais les frais. Le jeune homme, lui, étant au meilleur de sa forme comme s’il venait de faire une promenade de santé, m’avait souri et tapoté l’épaule pour me réconforter. Cependant, la seule chose que je lui offris en retour fut un regard noir et faussement menaçant.

— Jisung est toujours là. M’avait-il ensuite assuré en jetant un œil à son téléphone.

J’étais une nouvelle fois rassuré mais le plus dur était à venir. Il y avait un monde fou ce soir, que ce soit des gens de notre âge, plus âgés et même des familles entières. Et malgré le fait que – ça semblait évident – nous allions trimer à trouver le blondinet parmi la foule, je ne me faisais pas de soucis car nous étions aussi ici pour nous amuser et profiter de toutes ces attractions.

— On y va ? Proposai-je alors en bombant le torse, fin prêt.

À peine on eut le temps de pénétrer dans l’enceinte de l'événement que de la musique agressa nos tympans. Il était difficile de s’entendre avec celle-ci, en plus du brouhaha des personnes elles-mêmes et des cris qui venaient des manèges tout près. J’avais les pupilles qui brillaient d’euphorie et un sourire qui ne quittait pas mes lèvres tant je me voyais déjà tout essayer. J’étais un grand fan d’adrénaline et un amateur de sensations fortes, cet endroit était donc pour moi le terrain de jeux parfait. Seungmin avait d’ailleurs dû s'en apercevoir puisqu’il m’agrippa doucement le poignet avant de venir parler au creux de mon oreille.

— Tu veux faire un tour ? Me questionna-t-il en me pointant du doigt un dénommé “Break Dance”.

En posant mes yeux sur ces sièges en forme de voitures tournant sur eux-mêmes et tout autour d’une base de manière brutale, mon visage s’illumina et je restai bouche bée pendant quelques secondes. Il était clair que ma réponse allait sortir d’entre mes lèvres en étant positive et je n’attendis d’ailleurs pas plus longtemps pour me tourner vers mon ami. Nos mains maintenant entrelacées, je hochai vivement la tête et celui-ci partagea mon rictus avant de nous diriger vers l’attraction.

Ça c’était passé à toute vitesse. De la file d’attente jusqu'au moment de s’asseoir dans la stalle, je n’avais pas cessé de tressauter d’impatience et le brunet à mes côtés s’était même gentiment moqué de moi. Ainsi, j’eus un gigantesque sourire pendu à mes lèvres tout du long et même une fois la séance terminée tandis que Seungmin, lui, avait l’estomac retourné. C’était alors à mon tour de me moquer puis de lui prendre la main pour le traîner d’un endroit à un autre.

Dans la foulée, nous nous étions arrêtés devant un stand de barbe-à-papa pour perpétuer les traditions. Il n’était pas question de passer cette soirée sans se goinfrer de sucres et j’étais là pour nous le rappeler. Je m’amusais comme jamais et je me sentais super bien, à ce moment-là, comme si tous mes problèmes s’étaient soudainement dissipés dans l’espace temps et que j’avais enfin trouver le bonheur. Cependant, je fus vite de retour à la réalité peu plaisante lorsque Seungmin m’incita à regarder derrière moi.

Discrètement, je me tournai avec appréhension et, comme je l’avais imaginé, je pus apercevoir Jisung et son copain. Eux aussi étaient en train de commander de quoi grignoter à un stand de crêpes voisin, une distance de pas plus de cinq mètres nous séparant alors. Surpris de subitement croiser leur chemin, je les fixai un instant avant de finalement détourner mon regard. Je ne le nierais pas, les voir ensemble me faisait toujours aussi mal au cœur et j’aurais eu du mal à me ressaisir sans l’aide de Seungmin.

— Tout va bien ? Tu veux qu’on s’en aille ? Me demanda-t-il, l’air inquiet alors qu’on s'éloignait légèrement du stand.

— Non, attends, laisse-toi faire.

D’un geste hésitant, je posai ma main sur la taille de mon vis-à-vis pour le maintenir fermement et le rapprocher un peu plus de moi. Ainsi, l’un tout près de l’autre, on semait assurément l’illusion du couple parfait. C’était exactement ce que je souhaitais montrer pour espérer attirer l’attention de Jisung, aussi cruel et pathétique que ça puisse paraître. Un rire niais et très exagéré sortit alors d’entre mes lèvres et je frappai gentiment le buste de mon ami pour insister sur son talent à m’amuser. Ce dernier, légèrement confus mais prêt à me suivre sur ce terrain glissant, m’imita en se collant davantage à moi. On continua de se taquiner de cette façon puis j’entrepris de le nourrir à nouveau en détachant un bout de ma barbe-à-papa afin de le lui donner. Le brunet accepta volontier mon offrande en souirant sans me quitter des yeux.

— Tu m’en as mis dans le nez… Bredouilla-t-il en grimaçant tandis que j’échappai un rire cette fois-ci totalement sincère.

Nul besoin de le vérifier, j’étais désormais sûr et certain que des regards curieux étaient braqués sur nous et, parmi ceux-là, celui du principal concerné. Et Seungmin me le confirma bel et bien en regardant derrière moi ce que j’imaginais être la raison pour laquelle il me fit un clin d'œil. J’étais satisfait mais, bizarrement, je ne sautai pas de joie. À vrai dire, plus les jours passaient et plus je regrettais de jouer à ce jeu d’anti-séduction car je voyais bien que ça peinait Jisung d’une façon ou d’une autre. Et même si c’était le principe, ça m’amusait de moins en moins. Je voulais simplement le retrouver, après tout, pas le blesser. Alors, quand le grand brun m’annonça que notre cible avait fait volte-face, je soupirai.

— Eh, t’inquiète, c’est déjà bien qu’il nous ait vu. Au moins, là, il est au courant qu’on est là et qu’on le lâchera pas d’une semelle. Me rassura Seungmin avec un sourire encourageant.

— Je sais mais j’aurais préféré qu’il vienne directement me voir… Dis-je en baissant la tête.

— Ça m’étonnerait qu’il vienne, en vrai. Il le fera pas par respect pour son date, c’est sûr.

Seungmin avait certainement raison mais je me prenais tout de même un coup en faisant face à la réalité. J’aurais aimé que les choses soient plus simples mais les faits étaient là, Jisung était déjà pris et j’avais peu, voire aucune, chance que notre plan fonctionne. Je ne devais pas oublier que lui aussi avait des sentiments et des émotions différentes des miennes que je ne pouvais évidemment pas contrôler à ma guise.

Mon moral maintenant à zéro, je relevai à nouveau ma tête vers mon ami dans l’espoir qu’il me réconforte mais ce que je reçus de sa part fut bien plus qu’une étreinte de consolation. Tout à coup, ma moue se trouva capturée par ses lèvres, il était en train de m’embrasser. Ce n’était qu’un simple baiser de quelques secondes à peine mais je ne pouvais empêcher mes joues de brûler, mes yeux écarquillés comme s’il s’agissait de la première fois. Seulement, lorsqu’il se sépara de moi, le regard fuyant, je compris que ce geste ne faisait pas partie de notre arrangement.

— Qu’est-ce qui te prend ? Bafouillai-je alors en l’observant faire un pas en arrière.

Ce à quoi il me répondit en haussant les épaules, l’air innocent. Figé sur place, je jetai un œil autour de moi pour m’assurer que personne ne nous aie vu puis, en lâchant un bref soupir, je décidai de faire impasse sur ce moment et d’avancer.

Ce fut heureusement sans grande difficulté qu’on réussit à rattraper les deux tourtereaux, ceux-ci se déplaçant assez lentement pour que nous puissions suivre le rythme. À chaque fois, ils marchaient quelques pas puis s’arrêtaient à un stand ou observaient les gens s’amuser dans certains manèges. C’était assez pénible et je commençais à redouter le moment où ils se décideraient à faire une attraction. En attendant, ce fut devant une échoppe de lancer de boules qu’ils se stoppèrent dans le but de tenter leur chance. J’en profitai donc pour me tourner vers mon partenaire de crime et lui proposer de nous aussi faire une partie mais, contrairement à l’autre duo, sur un stand de tir. 

Visiblement emballé par ma proposition, Seungmin s’empressa de sortir son portefeuille et de payer pour deux parties. Je le remerciai d’un sourire alors qu’il me tendait ma fausse arme pour tirer sur les boîtes en conserve. Malheureusement, malgré mes trois tentatives, je ne parvins à toucher aucune des cibles. Déçu de ne pas avoir gagné, une moue s'empara une nouvelle fois de mes lippes tandis que je laissai le brunet prendre ma place. Ce n’était pas un jeu facile alors je n’avais pas posé de lourds espoirs sur ses épaules mais, étonnamment, il était précis et adroit dans ses tirs. Ces qualités qui lui permirent de détruire entièrement la pyramide de boîtes sans en louper une seule et, ainsi, de décrocher le gros lot.

Les yeux écarquillés et brillants d’admiration, je l’observai attraper la grosse peluche tendue par le gérant du stand. Il s’agissait d’un chien – un labrador, sûrement – avec des yeux presque aussi larges que sa tête et une bouche en forme de W. J’étais stupéfait et terriblement envieux qu’il ait eu le droit d’avoir un cadeau mais je ne pus que le féliciter en sautillant sur place. Lui aussi le sourire jusqu’aux oreilles, il se tourna vers moi et sembla réfléchir un court instant avant de me tendre son prix. Confus alors que je le prenais dans mes bras, j’allais le questionner lorsqu’il se pencha vers moi pour murmurer au creux de mon oreille.

— Te retourne pas, Jisung nous regarde encore.

À l’entente de ces mots, je compris qu’il fallait de nouveau jouer et je n’hésitai pas longtemps avant de prétendre que Seungmin m’avait glissé une plaisanterie. Je me mis alors à ricaner en cherchant le meilleur moyen de tirer profit de la situation tout en restant suffisamment crédible aux yeux de Jisung. Bien que cette situation m’angoissait au possible, j’étais tout de même décidé de me donner à fond peu importe si le jeu en valait la chandelle ou non. Si lui pouvait en profiter sans se questionner alors qui m’empêcherait de faire pareil ? J’en assumerai les conséquences plus tard.

— Tu sais qu’il te ressemble ? Fis-je remarquer à Seungmin, le ton assez élevé pour que quiconque de curieux puisse m’entendre.

— Quoi donc ? Répliqua mon interlocuteur, perplexe.

— Le chien.

La commissure de ses lèvres se plia en un sourire quand il comprit ma comparaison. Le regard légèrement fuyant tout en resserrant ses bras autour de moi, il jeta un coup d'œil derrière moi avant de rentrer dans mon jeu.

— En vrai, c’est pas plus mal qu’il me ressemble.

— Ah oui ? Pourquoi ? Le questionnai-je en retour.

— Comme ça, à chaque fois que tu le verras, tu penseras à moi.

Quelque peu déstabilisé par ses paroles, il me fallut quelques secondes avant de pouvoir réagir. Le sourire timide que j’avais autrefois esquissé quand il m’avait enlacé ne quitta pas mes lèvres, du moins, pas avant que je vienne de moi-même sceller celles-ci aux siennes. C’était encore un baiser qui ne dura que quelques secondes mais il avait été suffisant pour que Seungmin soit lui aussi chamboulé. J’avais vu sa pomme d’Adam faire un saut, une fois séparés, et je m’étais moi aussi alors surpris à de nouveau reluquer ses lèvres.

Néanmoins, je m’étais ressaisis rapidement en me tournant discrètement vers l’endroit où se trouvait Jisung, curieux de savoir si ce dernier nous fixait toujours. La réponse fut cependant négative, il préférait apparemment observer le goudron sur sol, les bras croisés comme s’il avait été forcé de se tenir ici sans bouger. Était-ce le baiser qui lui avait fait faire volte-face ou s’était-il tout simplement désintéressé de nous il y a un moment déjà ? Je me posais toutes sortes de questions et celle-ci en était la principale. 

Un soupir las s’échappa d’entre mes lèvres, je ne savais pas quoi penser de tout ça mais le soudain mouvement du couple me fit prendre une décision. Ils s’éloignaient enfin du stand de lancer de boules pour continuer leur chemin dans la même trajectoire que tout à l’heure. Ce fut donc d’un commun accord que Seungmin et moi nous mettions à les suivre une nouvelle fois. On se pavana un long moment en observant les alentours bondés de monde sans pour autant les perdre de vue. Je partageais un bon temps avec mon ami et j’espérais que ce soit de même pour lui, malgré tout. Il faisait chaud mais les quelques brises de vent fraîches qui caressaient parfois nos visages faisaient un bien fou.

Nos pas synchronisés, je discutais sagement avec le brunet lorsque mon attention fut attirée par le duo face à nous. Ils s’étaient subitement arrêtés alors on fit de même sur le champ en attendant de savoir ce qu’ils comptaient faire et dans quelle direction, surtout. Dans l’attente avec un suspense insoutenable, on les observa échanger quelques mots avant de les voir tourner à droite. Désormais hors de notre champ de vision, je pris peur et agrippai la main de Seungmin pour nous emmener jusqu’à eux. Quand on dériva nous aussi à ce carrefour, ce fut avec surprise qu’on y découvrit l’attraction vers laquelle ils se dirigeaient alors. Il s’agissait des auto-tamponneuses et je ne pouvais en être que ravi car c’était tout bonnement mon manège favori et, particulièrement, celui que j’avais l’habitude de faire en compagnie de Jisung depuis notre rencontre.

À cette réalisation, un immense rictus s’était affiché sur mon faciès. J’étais persuadé que ce n’était pas une coïncidence mais un signe de sa part. Seulement, je me demandais ce qu’il souhaitait me dire via celui-ci, comment étais-je censé l'interpréter ? Peu importe en réalité, en les voyant se placer dans la file d’attente, je n’attendis pas une seule seconde pour faire de même dans l’espoir de réussir à faire un tour avec eux. C’était ridicule mais j’avais vraiment envie de pousser Jisung à bout et d’ainsi enfin tirer une réaction de sa part, quelle qu’elle soit.

Un trio d'adolescents nous séparait d’eux et je tentais de me faire le plus discret possible pour ne pas gâcher la surprise qui ne devait probablement plus en être une, au final. Après tout, le but de cette attraction était quand même de foncer sur autrui, alors il n’y avait littéralement aucune probabilité pour que je ne croise pas Jisung au moins une seule fois. Je supposais donc qu’il me suffisait, au contraire, de le malmener le plus possible afin d’attirer au mieux son attention sur moi et je priais pour que ça fonctionne. J’avais terriblement peur de tout gâcher en me montrant insistant et limite persécuteur. Hors, c’était loin d’être le résultat que j’escomptais…

Lorsque ce fut à leur tour de monter sur l’estrade du manège, le grand ébène qui accompagnait Jisung paya pour eux deux tandis que le blondinet se hâtait d’aller choisir une voiture. Il s’était immédiatement placé au volant et attendait simplement que son rendez-vous le rejoigne, tout sourire. Celui-ci devait être contagieux puisque j’en esquissai un dans la foulée, complètement épris de ce petit homme. J’étais attendri par son attitude aussi, ça faisait longtemps que je n’avais pas aperçu son côté enfantin lorsqu’il faisait ou parlait des choses dont il était passionné. Ce moment en faisant parti, le stress coincé au fond de ma gorge commençait à devenir imposant, je regrettais presque d’être là.

Néanmoins, il était trop tard maintenant. C’était à notre tour de passer et Seungmin, en bon gentleman, paya pour moi et m’incita à choisir le véhicule et la place que je préférais. C’était avec regret que je dû confier la peluche que le brunet m’avait offerte au gérant de l’attraction. Une fois cela fait, ce fut sans hésitation en direction d’un design au coloris violet que j’accours, m’installant directement au volant, comme mon concurrent. Une fois à mes côtés, le brunet me reluqua de la tête aux pieds avant de mettre sa ceinture puis de prendre la parole.

— Tu sais conduire ?

— Non ! Lui répondis-je avec un immense rictus qui, pour lui, n’était pas du tout contagieux.

En effet, à en voir l’expression apeurée sur son visage, j’en déduis qu’il ne semblait pas croire aux miracles et encore moins à mes talents de chauffard. Seulement, il n’avait pas d’autres choix que de capituler à l’entente du compte à rebours lancé. La musique devenait de plus en plus forte, de même que pour les battements de mon cœur. J’avais le regard fixé sur Jisung que je distinguais au loin et je n’attendais que le feu vert pour démarrer. Quand ce dernier fut donné, ce fut violemment que j’appuyai sur la pédale d’accélération. Seungmin échappa un cri de surprise et moi un rire moqueur en fonçant droit devant. C’était hilarant, je tentais d’esquiver au mieux les voitures qui me prenaient pour cible tout en gardant mes yeux sur celle qui m’intéressait particulièrement.

Nous étions tous les deux parfois si proches et d’autres fois extrêmement éloignés mais je n’arrivais dans aucun des cas à croiser son regard. C’était plus que frustrant, j’avais l’impression de répéter exactement le spectacle de notre vie en étant celui qu’il ignorait parfois et choyait les autres fois. J’en avais marre, tout ça devait cesser que ce soit d’un commun accord ou par la force des choses. C’était avec ce sérieux malgré la situation amusante que je le pris en chasse. Je peinais à tourner et à me sortir des embûches que me tendaient mes adversaires pour mieux me percuter mais, grâce à l’aide que m’apportait Seungmin, je réussis enfin à prendre la main.

Là, tout au fond de la piste et dans ma ligne de mire, je repérai Jisung et son coéquipier. Ceux-ci essayaient tant bien que mal de faire demi-tour mais je n’allais pas leur faciliter la tâche. Les sourcils froncés et l’air déterminé, je mis la gomme au maximum et leur fonçai droit dessus en les percutant sur le côté gauche dans un grand choc. Ce dernier nous secoua tous tellement il avait été brutal et j’eus du mal à retrouver mes esprits pendant un court instant avant de relever la tête et de tomber nez-à-nez avec Jisung. Il avait les yeux grands ouverts et semblait effrayé par mon geste suicidaire, et je l’étais tout autant. Seulement, pris de panique par la possibilité qu’il se mette en colère, je préférai fuir à toute vitesse.

— Mais t’es complètement malade, ma parole ! Me hurla Seungmin. Tu vas finir par nous tuer !

À ses quelques mots je ne pus retenir mon rire, il suffisait de jeter un œil à sa tête pour comprendre qu’il était terrorisé. Et je n’avais rien répondu d’autre, me contentant simplement de m’extirper de cette situation aussi vite que possible. Bien que désormais j’avais réussi à attirer le regard de Jisung sur moi, ce dernier avait été trop intense pour que je puisse le soutenir plus longtemps. Je ne savais pas le moins du monde ce qu’il avait pu ressentir à ce moment-là et ça me frustrait davantage. Était-il heureux que je sois là, avec lui dans ce manège où nous partagions tant de souvenirs ? Ou au contraire, était-il furieux que je l’ai suivi une fois de plus ? En pensant à cette deuxième possibilité, mon cœur se serra dans ma poitrine.

Tout ce que je souhaitais c’était qu’il m’accorde un peu de son amour, rien de plus. Pourtant, j’avais beau essayer de le faire tomber pour moi en m’imposant à lui – de manière assez insolite, je l’admettais – mais rien ne semblait fonctionner. Complètement perdu dans mes pensées, je roulais sans vraiment savoir où j’allais, comme si rien ne pouvait m’arrêter. Seulement, lorsque l’arrière de notre voiture fut violemment percutée, nous propulsant ainsi Seungmin et moi sur le côté, je me reconnectai à la réalité. Une grimace rida mon visage avant que je n’ouvre les yeux pour chercher le ou la responsable et ce fut avec stupéfaction que je croisai de nouveau ces orbes noisettes que je reconnaitrais entre mille.

Jisung.

Mon cœur loupa un battement et mes yeux doublèrent de volume pendant que je le dévisageais ouvertement, il venait de répliquer à mon assaut. L’espace d’un instant, je m’étais empli d’espoir, en pensant que c’était certainement sa façon à lui de m’assurer qu’il m’avait bel et bien vu et qu’il ne comptait pas me laisser filer si facilement. En tout cas, j’avais envie d’y croire, même si la probabilité pour que j’aie raison était minime. Il suffisait de voir ses sourcils froncés à l’extrême pour comprendre qu’il ne s’agissait pas d’un signe de tendresse mais plutôt d’une déclaration de guerre. Alors, même si ça ne durerait que quelques minutes, je devais sauter sur l’occasion.

Le sourire qu’on s’échangea mutuellement avec Jisung à cet instant-là était symbolique et j’aurais observé le sien pendant des heures s’il n’avait pas manœuvré pour reculer et s'éloigner ensuite. S’il pensait que j’allais le laisser tranquille après ça, il se mettait le doigt dans l'œil ! Sans perdre une seconde, je pris leur véhicule en chasse et dès que la moindre opportunité se présentait, je leur fonçais dedans, déclenchant une nouvelle fois un cri d’horreur de la part de mon co-pilote. Ce dernier semblait au bout du rouleau et n’appréciait pas vraiment le road-trip que je lui offrais depuis le départ. Néanmoins, ça m’amusait beaucoup et j’étais heureux de partager ce moment avec lui aussi.

Une guerre sans merci se lança sur la piste des auto-tamponneuses. Dès que je détournais ses attaques, le blondinet me rattrapait en un rien de temps en nous percutant à nouveau, me poussant ainsi à battre en retraite pour mieux le prendre par surprise. Et lorsque c’était à moi de lui faire mordre la poussière, il ne fuyait pas et tentait simplement de m’emboutir en retour. J’étais euphorique au possible, la musique martelant mes tympans, la brise dans mes cheveux, Jisung. Tout était parfait et j’avais envie que ça dure éternellement. De cette façon, on se mit à se poursuivre chacun son tour pendant un long moment jusqu’à ce que nos côtés gauche se percutent à nouveau. Moi dans un sens et lui dans l’autre, ce qui nous permis de nous retrouver proches, nos bras se frôlant presque.

— Toi, tu me cherches. Souffla Jisung, un rictus malicieux sur le bout des lèvres alors qu’il vint taper mon menton avec son index.

Il ne m’en fallut pas plus pour que mes joues se teignent de rose et que mon cœur fasse des bonds contre ma poitrine. Ce n’était pas grand-chose, rien que quatre petits mots et un geste taquin mais, pourtant, ça avait suffit à me chambouler de la tête aux pieds. Ce garçon me rendait complètement dingue.

Pendant les dernières minutes, on se sépara pour mieux nous retrouver à nouveau. Seungmin hurlait à pleins poumons et moi je riais à gorge déployée, sans même prêter attention au jeune homme sur le siège passager de la voiture adverse. Je n’avais plus conscience qu’il était lui aussi présent, tout ce qui comptait pour moi était le blondinet et son sourire en forme de cœur. Cette légèreté m’avait manqué, je regrettais que la situation ait débordé à tel point qu’elle était désormais hors de contrôle. Je ne voulais plus de tout ça, je souhaitais qu’une seule chose, maintenant : retrouver Jisung, que ce soit mon ami, mon amour ou mon âme-soeur. Il était déjà tout pour moi, de toute façon.

Mon palpitant battant à son summum, je le cherchais une fois de plus du regard dans l’espoir de pouvoir graver à jamais ses prunelles dans ma mémoire et, lorsque je l’aperçus enfin parmi les autres participants, j’appuyai à nouveau sur le champignon en sa direction. Cependant, ce fut à quelques centimètres l’une de l’autre que nos voitures cessèrent subitement de glisser, provoquant une complainte générale qui nous annonça que la partie venait officiellement de se terminer. La respiration sans-dessus-dessous, j’observai Jisung un instant avant de détacher ma ceinture à toute vitesse et de fuir hors du véhicule. Ce fut à grandes enjambées et sans un mot que j’avais aussi quitté la piste du manège, bouleversé par ce qui venait de se passer.

La bulle qui nous avait enveloppé ces cinq dernières minutes était désormais percée et l’angoisse de me retrouver à nouveau dans la même situation qu’avant m’envahit en une fraction de seconde. C’était horrible de faire face à la réalité une nouvelle fois, j’avais l’impression d’être revenu au point de départ et ça ne me plaisait pas le moins du monde. Bien vite, Seungmin m’avait rejoint et, en sa compagnie, les deux tourtereaux. J’étais surpris de les voir discuter ensemble, eux qui avaient eu une altercation tout juste lundi. Néanmoins, je n’allais pas m’en plaindre, au contraire, les regarder se sourire et se taquiner me faisait un bien fou.

J’étais sous le choc mais je ne disais pas un mot, les laissant simplement s'enthousiasmer sur la séance d’auto-tamponneuses qui venait de se dérouler. Ainsi, tout naturellement, on se dirigea vers un coin un peu plus isolé, là où la foule ne se déplaçait pas. La bouche toujours close, je grimpai sur une rambarde pour m’y asseoir en équilibre et écouter la conversation entre mes deux amis, la peluche sur mes genoux. J’observais le sol en me pinçant les lèvres nerveusement, un sentiment qui s’emplifia davantage lorsque Jisung se positionna à côté de moi, adossé contre la barrière verte. Tout de suite, j’avais clos mes paupières et détourné le visage à son opposé, l’envie de pleurer toutes les larmes de mon corps tant j’étais heureux à ce moment-là me titillait de plus en plus mais je devais me retenir.

À ce stade, je ne distinguais même plus les paroles des trois garçons, seuls les battements puissants de mon cœur se faisaient entendre. C’était embarrassant et un poil douloureux, d’ailleurs. Mes mains agrippaient la rambarde de chaque côté de mes cuisses avec force, tellement que la jointure de mes poings tournait au blanc. Et je dus m’empêcher de tomber à la renverse en sentant Jisung me frôler l’une d’elles. Curieux, je décidai de tourner ma tête en sa direction pour l’observer et profiter de notre proximité. Après tout, ça faisait une éternité que nous n’avions été aussi proches l’un de l’autre, de manière irréfléchie. L'événement de la veille n’avait rien à voir avec aujourd’hui, cette soirée sonnait plus comme un temps-mort ou – je préférais – un cessez le feu. 

Mes pupilles glissèrent de ses cheveux décolorés à ses yeux pleins de vie, elles descendirent ensuite sur la courbe lisse de son nez pour s’arrêter un instant sur ses lèvres que je me suis imaginé tant de fois embrasser. Ce soir, plus que d’ordinaire, il était beau à se damner. J’avais envie que plus rien n’existe à part lui et moi, que nous puissions n’être que tous les deux et que ça dure pour toujours, que jamais le présent ne refasse surface et que le passé soit effacé à tout jamais. Néanmoins, je fus forcé de redescendre sur Terre lorsque celui que j'aimais plus que tout se tourna vers moi, le regard interrogateur.

— T’en penses quoi ? Me questionna-t-il doucement alors que je clignais plusieurs fois des paupières pour me ressaisir.

— De quoi ?

— La maison hantée, ça te dit ?

À l’entente de cette question, la première chose qui me vint en tête fut une réponse catégoriquement négative. Cependant, pouvais-je réellement me permettre de refuser de passer un peu plus de temps avec Jisung ? Évidemment, il n’y avait pas débat et ce fut donc en regrettant tous les choix que j’avais pu faire au cours de ma vie pour en arriver là que je hochai la tête. Tout de suite, un sourire content fit son apparition sur les lippes du blondinet et je le lui rendis instantanément, plus timidement.

Ce fut de cette manière qu’on se retrouva tous les quatre à vagabonder en direction de l’attraction susnommée, Hyunmin – je connaissais enfin son nom –, lui, un peu plus en retrait devant nous. Il paraissait austère et fermé, les mains dans les poches sans même nous attendre. Je ne savais pas si c’était simplement son caractère ou s’il n’était pas ravi d’être ici mais, ce qui était sûr, c’était qu’il me faisait froid dans le dos. N’empêche, je n’allais pas m’apitoyer sur son sort, j’étais bien heureux de marcher près de Jisung même si, lui, semblait surtout intéressé par ce que lui racontait Seungmin.

Une fois devant l’immense maison des horreurs, j’eus un frisson. Je détestais tout ce qui était lié de loin ou de près aux fantômes, aux monstres et aux tueurs d’enfants. Je préférais largement regarder des dessins animés, des comédies romantiques et, oui, Halloween était le jour que je haïssais le plus dans l’année. C’était donc bien embêtant de me trouver là, à attendre ma sentence comme si j’y avais été forcé. Je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même, après tout. Cependant, le cauchemar commençait à peine que j’étais confronté à une grosse déception : Les wagons ne possédaient que deux places dans chacune d’elles. Les sourcils froncés, je soupirai de frustration mais Seungmin me réconforta en me frottant tendrement le dos.

— C’est pas grave, ce sera vite fini, tu verras. Me dit-il en m’offrant un sourire triste et compréhensif.

Et je voulais bien le croire mais, à peine avais-je envisagé de proposer à Jisung de s’asseoir ensemble que celui-ci s’était déjà installé avec Hyunmin. Dépité, je me figeai sur place. Leur véhicule fut le premier à prendre le large et, rapidement, une dame nous hâta à Seungmin et moi de monter dans le suivant.

— Ça va aller ? Ricana nerveusement le brunet en me voyant bouder.

— Est-ce que j’ai le choix ? Répondis-je sarcastiquement.

La réponse que je n’attendais pas me fut donnée dans la seconde lorsque le wagon démarra en accélérant violemment. On passa sous un rideau de fausse toile d’araignée et j’eus envie de vomir en les imaginant être vraies. Les yeux clos de dégoût quand je vis un corps décapité juste à ma droite ne fit qu’augmenter ce ressenti que je tentais désespérément de réprimer, c’était l’Enfer. Et plus on avançait, plus je sentais mes tripes faire des sauts périlleux. Seungmin, lui, avait un rictus étendu jusqu’aux oreilles et je me demandais ce qui pouvait bien le rendre si joyeux malgré l’ambiance macabre de cette attraction. Des bruits étranges par-ci et des cris déchirants par-là, mon cœur était à deux doigts de lâcher et, cette fois-ci, ce n’allait pas être à cause de Jisung. Ce dernier d’ailleurs devait probablement déjà être loin devant et je l’enviais terriblement.

Alors qu’autrefois les pièces étaient illuminées par des lampes et autres artifices tamisés, celle qu’on venait tout juste de pénétrer était, elle, totalement sombre. Seules les petites lumières rouges des câbles électriques pouvaient être aperçues et ça n’éclairait malheureusement rien du tout. Là, je commençai à angoisser davantage. J’avais conscience que tout ça était faux et que le public visé par ce genre de manèges étaient principalement les jeunes adolescents mais je ne pouvais m’empêcher d’être terrorisé. Le faciès ridé par l’appréhension et mon corps totalement recroquevillé contre Seungmin, je priais pour que le circuit arrive bientôt à terme. Seulement, je n’étais pas au bout de mes surprises.

— Aïe ! Me plaignis-je en me décalant du brunet, les sourcils froncés. Pourquoi tu me pinces ?

— Hein ? Mais j’ai rien fait. Répliqua-t-il en gloussant.

— Tu mens.

— Je te jure que non.

Mon visage toujours tourné vers lui même si je ne pouvais absolument rien voir dans cette pénombre, je pris un instant de paix avant de paniquer. Je savais que Seungmin n’aurait pas profité de la situation pour me terrifier davantage, il n’était pas aussi cruel, ce qui voulait dire que nous n’étions pas seuls dans cette pièce et que le danger était bien plus réel que ce que je croyais.

— Sortez-moi de là ! Hurlai-je alors en gigotant dans tous les sens.

Néanmoins, à ce moment même, le wagon se stoppa soudainement et quelques secondes de silence s’écoulèrent avant qu’une légère lumière s’allume face à nous pour nous laisser découvrir l’horrible monstre qui se tenait juste devant nous. Mes yeux écarquillés et la bouche grande ouverte sans qu’aucun cri ne puisse en sortir, je restai tétanisé et complètement immobile puis, dès que la lumière s’éteignit, je retrouvai enfin mes cordes vocales pour crier de toutes mes forces. Le wagon avait démarré aussitôt pendant que Seungmin hurlait de rire et que le monstre grognait en nous poursuivant, muni de sa tronçonneuse.

J’étais à bout et j’avais les larmes aux yeux tant j’avais peur. Mais heureusement pour moi, ce fut la dernière étape avant de nous faire une nouvelle fois fouetter le visage par un rideau de toiles et d’insectes. C’était la meilleure partie de l'attraction, selon moi. Aussitôt le véhicule arrêté, on put se libérer et je fus le premier à sauter hors de l’estrade. J’avais encore l’estomac tout retourné et je sentais qu’il fallait que je m’asseye dans les minutes à venir au risque de m’évanouir.

— Tu passes un bon moment ? Me questionna Seungmin en s’approchant de moi, l’air moqueur.

— Ta gueule ou je te dégobille dessus.

Je n’avais pas le temps pour ses bêtises, je venais de vivre un cauchemar éveillé et celui-ci se perpétua quand je remarquai que Jisung et Hyunmin n’étaient pas dans les alentours. Je me demandais où ils étaient passés et s’ils avaient préféré continuer de s’amuser rien que tous les deux. Je pouvais le comprendre mais j’aurais alors aimé qu’on soit prévenus avant.

Le soleil s’était couché depuis un petit moment et, lorsque Seungmin vérifia l’heure sur son téléphone, il me fit constater qu’il était déjà vingt-et-une heure et quart. J’étais étonné qu’autant de temps se soit écoulé depuis notre arrivée, à croire que le proverbe qui dit que le temps passe plus vite lorsqu’on s’amuse s’avérait véridique. Un soupir s’échappa d’entre mes lèvres, si les minutes avançaient à cette vitesse ça voulait dire que nous serions bientôt forcés de nous en aller. Et, même si cette dernière attraction n’avait pas été à mon goût, le reste de la soirée avait été incroyable. Je n’avais vraiment pas envie de partir et dire adieu au lien qui nous avait unis aujourd’hui, Jisung et moi.

— Tu penses qu’on devrait continuer de notre côté ? Questionnai-je mon vis-à-vis pendant que celui-ci les cherchait du regard.

— Je sais pas trop… Il sembla réfléchir un instant. On pourrait déjà avancer un peu, on verra après.

Ce fut donc d’un commun accord qu’on entama la marche sans pour autant cesser d’analyser les environs. Il y avait un monde fou, certains bousculaient et d’autres parlaient fort sans aucune raison. Je sentais que je commençais à avoir une migraine mais il était hors de question que je parte d’ici sans avoir vu mon blondinet pour la dernière fois. Et je fus soulagé de savoir que ça n’arrivera pas lorsque Seungmin me fit tourner la tête dans une direction bien précise. Je clignai plusieurs fois des paupières pour focaliser mon regard sur ce qu’il me montrait et affichai un grand sourire en apercevant Jisung et son Jules, derrière la maison hantée. Aussitôt alors, on se dirigea vers eux.

Ils s’étaient volontairement mis à l’écart de la circulation, se faisant alors face pour discuter. Une discussion qui, d’après le ton que je pouvais entendre, avait plutôt l’aspect d’une dispute. Il suffisait de voir le visage fermé de Jisung pour comprendre que le sujet était sérieux. Je ne savais pas de quoi il était question et ça ne me concernait même pas, mais la paume de mes mains était soudainement devenue moite à cause de l’appréhension. Plus on s’approchait et plus je me demandais dans quoi on s'embarquait. Je déglutis alors et resserrai ma prise sur la peluche, toujours cajolée entre mes bras. Il n’y avait aucun moyen de faire demi-tour, de toute façon, Seungmin n’avait pas dû s’apercevoir que quelque chose clochait et nous mena directement en plein milieu de leur discussion.

— ‘Faut que tu prennes une décision.

Ce fut les seuls mots qu’on réussit à entendre entièrement en arrivant près d’eux. Ils avaient été articulés par Hyunmin de manière assez abrupte et ça ne semblait pas plaire le moins du monde à Jisung. Suite à ça et quand ils remarquèrent enfin notre présence, le noiraud avait fait volte-face en soupirant. À vrai dire, il n’avait pas été très discret, à tel point que Seungmin m’avait lancé un regard confus. Nous les avions apparemment interrompu, comme je me l’avais imaginé, et ça embêtait grandement le plus âgé qui le montra davantage en croisant les bras sur son buste.

Là, je me sentis soudainement très mal à l’aise. Je pouvais comprendre qu’on n’ait pas été les personnes les plus sympa ou les plus drôles qu’il ait jamais rencontré mais un minimum de politesse aurait été le bienvenue. Tout ce qu’il avait réussi à faire à ce moment-là était de créer une tension palpable parmi l’ambiance festive de la fête foraine. Cependant, j’étais ravi de constater que ce n’était pas l’humeur de Jisung. Ce dernier, en nous voyant, avait immédiatement souri en s’avançant vers nous. J’étais soulagé qu’il soit content de nous revoir et je le trouvais spécialement adorable là, maintenant.

— Vous êtes là, on pensait vous avoir perdu ! S’exclama Seungmin pour tenter de détendre l'atmosphère.

— Vous voulez aller faire un tour de carrousel ? J’en ai vu un pas loin et je me suis dis que ce serait marrant. Enchaîna le blondinet, l’air de rien.

Ça ne datait pas d’aujourd’hui sa passion pour les carrousels mais je ne pus m’empêcher de glousser timidement à sa proposition, ce qui attira son attention sur moi. Il semblait un peu confus sur la raison de mon rire mais je n’eus pas le temps de me justifier que Seungmin avait accepté de le suivre volontier. Ainsi, Jisung lui avait sourit puis m’avait à nouveau lancé un regard qui dura quelques secondes avant qu’il se frotte la nuque et engage la marche en direction du manège.

Tous les trois l’un à côté de l’autre, j’étais une nouvelle fois celui qui écoutait pendant que les deux autres discutaient, apparemment au détriment du grand ébène qui se contenta de nous suivre en silence. S’il n’était pas ravi de faire un tour de carrousel, tant pis pour lui ! Jisung semblait en avoir tellement hâte qu’il en rayonnait et il était hors de question de lui enlever ce plaisir.

Ce fut en moins d’une minute top chrono qu’on arriva alors face au grand manège de deux étages. Naturellement, mes deux amis se dirigèrent vers la file d’attente qui n’était bizarrement – quoique – constituait que d’enfants, tandis que je cessai le pas. Lorsqu’ils s’en rendirent compte, ils firent rapidement volte-face avant de rebrousser chemin et de trottiner vers moi.

— Bah tu viens pas ? Me demanda d’abord Seungmin, la mine inquiète.

— Non… Je me sens encore mal à cause de la maison hantée, je pense aller m’asseoir et vous attendre. Dis-je alors en grimaçant légèrement.

— T’es sûr ? Questionna une nouvelle fois le brunet, ce à quoi je hochai la tête.

— Je suis désolé de t’avoir forcé la main... S’excusa ensuite Jisung.

Son regard était posé si intensément sur moi que je ne cessai de détourner le mien. Je sentais mes joues brûler à nouveau et les papillons danser dans mon estomac. C’était idiot mais le fait qu’il s’inquiète pour moi constamment me faisait du bien et me rendait tout gêné. Il l’avait toujours fait et avec tout le monde, c’était quelqu’un de soucieux envers son entourage, mais je ne pouvais m’empêcher de me sentir privilégié à chacune de ses questions attentionnées.

— T’inquiète pas, je vais m’en remettre. Ricanai-je alors en osant enfin le regarder dans les yeux. En attendant, vous devriez y aller !

Les deux jeunes hommes questionnèrent une dernière fois ma certitude avant de finalement céder. Seungmin m’avait alors sourit tendrement en venant m’ébouriffer les cheveux sans que je ne perde pour autant le jeu de regards qui s’était installé entre Jisung et moi. Quand le brunet s’éloigna enfin, le blondinet, lui, stagna encore quelques secondes de plus avant de reculer puis d’enfin me faire dos. Et ce ne fut que maintenant que je sentis mes jambes trembler. Les yeux grands ouverts et un sourire qui menaçait de briser la commissure de mes lèvres à tout moment, j’eus envie de hurler dans la peluche qui me tenait compagnie.

Tout. Tout était parfait.

J’étais encore une fois choqué par l’instant qu’on venait de vivre ensemble. Il ne s’était absolument rien passé mais les mots que ses yeux m’avaient murmurés était bien plus que ce que tout ce que ses lèvres pouvaient m’offrir. Je n’étais pas dingue, je savais très bien que ses regards insistants n’étaient pas innocents et dénués de sens. Et tout ça me rendait fébrile et davantage amoureux.

Alors, la tête dans les nuages pendant que les deux garçons choisissaient leur fidèle destrier, j’en profitai pour aller m’asseoir sur l’un des bancs juste en face. Seulement, je n’étais pas seul sur celui-ci puisque Hyunmin s’y trouvait aussi. Je nierai pas le fait de l’avoir presque oublié tant j’étais chamboulé. Néanmoins, désormais, c’était assez embarrassant de me retrouver seul avec lui, avec le copain de mon crush. En y repensant, c’était même extrêmement bizarre de traîner ensemble.

Un soupir discret s’échappa d’entre mes lèvres, à travers lequel j’essayais de me redonner du courage. Il fallait dire que le noiraud était intimidant et qu’il ne me portait visiblement pas dans son cœur. Cependant, pour ne pas empirer les choses, je décidai d’engager la conversation. Peut-être que ça nous permettrait de nous entendre un minimum.

— T’aimes pas les chevaux ? Le questionnai-je avec un sourire timide.

— C’est pas comme si on m’avait proposé d’y aller. M’avait-il répondu sur un ton très direct.

Voilà que j’étais de nouveau mal à l’aise. C’était évident qu’il faisait allusion à Jisung et au fait que celui-ci lui ait à peine adressé la parole depuis nos retrouvailles. Je ne lui en voulais pas d’être contrarié, je l’aurais certainement été aussi, mais je ne voulais pas m’en mêler plus que ça. Ce n’était pas mes affaires, après tout.

Ainsi, je préférai ne rien répliquer et plutôt rediriger mon attention sur les seuls deux adultes qui chevauchaient les statues du manège tournant. Ils criaient et riaient comme des enfants et cette vision d’eux me réchauffa le cœur. Impossible de dissimuler l’immense rictus affiché sur mon faciès à chaque fois qu’ils passaient devant nous pour me saluer. Des enfants. Cependant, mon sourire s’affaissa bien vite lorsque Hyunmin prit la parole.

— Tu sais, si tu tiens vraiment à Jisung, ‘faut que tu lui dises et que t’arrêtes tous ces vices.

Immédiatement, j’avais tourné ma tête vers lui pour l’interroger du regard mais celui-ci ne m’en adressait même pas un. Si je comprenais bien, il se doutait de quelque chose vis-à-vis de moi et ça aurait pu être une bonne nouvelle, il aurait pu décider de me laisser sa place, en quelque sorte. Du moins, j’aurais pu y croire si sa deuxième phrase n’avait pas sonné comme une tentative d’intimidation.

— Je sais ce que t’essaies de faire depuis le début, t’es pas crédible. Mais vraiment, ‘faut que tu lâches l’affaire, là.

Les yeux écarquillés, j’étais perturbé par ses mots. Je ne savais pas si je les interprétais d’une mauvaise manière ou s’il pensait vraiment ce qu’il me disait mais je me sentais terriblement mal, à ce moment-là. Mes nausées étaient de retour et ma migraine faisait des siennes. C’était un petit peu égoïste mais j’avais hâte que le tour de carrousel se termine pour m’extirper de cette situation gênante. Je ne voulais plus être ici, je voulais rentrer.

Heureusement pour moi, il ne s’écoula pas plus d’une minute avant que mes deux amis nous rejoignent. Ils semblaient super heureux d’avoir passé du temps ensemble et je l’étais tout autant pour eux. Seulement, je n’arrivais pas à véritablement me réjouir avec les larmes qui me montaient aux yeux. Je pouvais m’effondrer d’un instant à l’autre et ça, Seungmin le remarqua facilement puisqu’il m’observait avec insistance, le visage fermé. Jisung, lui, était occupé à raconter leur petite séance sans prêter attention à l’ambiance tendue qui régnait sur nous autres. Mais je ne lui en voulais pas, j’adorais le voir ainsi. Néanmoins, au bout d’un certain moment, ce fut moi-même que je voulus prioriser et ce fut pourquoi je me levai tout à coup.

— T’es tout pâle, ça va ? Me demanda-t-il une fois qu’il posa enfin le regard sur moi.

— Non, je… Je me sens toujours un peu mal, je pense rentrer.

À la fin de ma phrase, je lâchai un soupir et levai mes yeux vers Seungmin pour l’inciter à me suivre dans mon idée. Quand j’annonçai mon départ, les épaules de Jisung retombèrent et sa mine s’attrista à vue d'œil. Mon cœur se brisa à cette réalisation mais je ne pouvais pas juste rester là et subir mes ressentis, il fallait que je fasse ce qui me semblait être le mieux à faire : partir.

— On va y aller, alors. Annonça mon faux petit-ami à son tour en venant enrouler un bras autour de moi.

— Okay… Souffla Jisung, visiblement déçu. Rentrez bien.

On s’éloigna rapidement avec Seungmin et j’étais tout de même soulagé que celui-ci ait reçu mon appel à l’aide. Et alors qu’on s’engouffrait peu à peu dans la foule, je décidai de jeter un coup d'œil par-dessus mon épaule. Grave erreur puisque ce que je vis était déchirant. Au loin, je pouvais apercevoir la silhouette de Jisung nous regarder partir. C’était horrible, j’avais l’impression qu’on me tranchait la poitrine en deux tant c’était douloureux. Je ne voulais pas encore une fois me retrouver loin de lui, je voulais que tout ça cesse définitivement et qu’on arrête de simplement se tourner autour.

Là, je craquai enfin et me mis à sangloter. C’était trop pour moi, je n’arrivais plus à contenir toute cette pression sans réagir. Alors, je me collai davantage à Seungmin pour ainsi venir l’enlacer et ce dernier stoppa tout de suite la marche en s’en rendant compte.

— Eh, ça va vraiment pas ? S’inquiéta-t-il en soulevant ma tête pour me voir de plus près, ce à quoi il n’eut pas besoin de réponse. Il s’est passé quelque chose ou c’est vraiment que tu te sens mal ?

— Les deux…

Sans plus de suspense, je lui avais raconté ce que Hyunmin m’avait dit, près du carrousel. Je n’étais toujours pas certain de mon interprétation mais, à en croire l’expression sur le visage de Seungmin, je n’avais pas surréagi. Dans l’optique de me réconforter du mieux qu’il pouvait, il ouvrit ses bras et je m’y cajolai pour qu’il me serre aussi fort que possible contre lui. Ce n’était pas grand-chose mais savoir que je n’étais pas seul me fit du bien et délesta un léger poids de ma poitrine. On resta donc comme ça, enlacés pendant quelques instants, avant que mon regard ne vienne s’accrocher à une silhouette qui me semblait familière. Les sourcils froncés, je me détachais de Seungmin, attirant par la même occasion son regard sur ce qui m’intriguais. 

— Dis, c’est pas ta crush la fille là-bas ? 

— Oh, bah tiens. Répondit-il après une poignée de secondes à observer l’intéressée.

Bien que son ton sonnait détaché, l’expression affichée sur son visage disait tout le contraire. Il était soudainement stressé comme pas possible. À cette réalisation, un petit rictus se mit à éclore sur mes lèvres. Même si ma situation amoureuse était au point mort, ce n’était pas une raison pour qu'il en soit de même pour la sienne. 

— Tu devrais aller la voir. Lui proposai-je doucement. 

— Quoi, là maintenant ? 

Pour simple réponse je hochai la tête. J’avais envie que cette soirée se termine sur une note positive et qu’il fasse un pas vers cette jolie fille, elle qui attendait depuis plus d’un mois. Alors, même s’il ne semblait pas convaincu au premier abord – ou plutôt qu’il était effrayé –, je finis par le pousser à se diriger vers la noiraude. Ainsi, son sac à bandoulière entre les mains en plus de la peluche géante, j’attendais patiemment qu’il revienne. Je me demandais d’ailleurs s’il avait pensé à prendre son téléphone, afin d’au moins récupérer le numéro de téléphone de son admiratrice. Curieux, je me mis alors à fouiller dans sa besace et finis par tomber sur l’appareil en question.

Quel idiot.

Il avait foncé sans réfléchir et l’avait bêtement laissé là. Je soupirai en secouant ma tête négativement, dépassé. Heureusement que je n’étais qu’à quelques mètres d’eux. Ainsi, je n’aurais qu’à le lui lancer dans la figure. Le palpitant tambourinant toujours aussi fort contre mon torse, je tentai de me calmer en faisant des exercices de respiration. Les yeux fixés sur l’écran éteint du téléphone, j’essayais de me focaliser sur une seule petite chose afin d’oublier tout ce qui se trouvait autour de moi. Seulement, une notification Instagram s’afficha subitement en illuminant ledit écran. Intrigué, mon regard avait glissé sur le pseudonyme de la personne et quelle surprise de découvrir qu’il s’agissait tout bonnement de Jisung.

J’étais étonné. Pourquoi est-ce qu’il lui aurait envoyé un message maintenant alors qu’il se trouvait certainement toujours en compagnie de Hyunmin ? La curiosité était un vilain défaut mais j’estimais avoir le droit de savoir ce qu’ils se disaient tous les deux… Alors, je jetai un coup d’oeil à Seungmin qui se trouvait bel et bien face à sa future copine puis, discrètement, j’entrouvris le message. Ma respiration de nouveau coupée, je savais déjà que j’allais avoir du mal à dormir cette nuit.

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