Ou bien lorsque vous comprenez que vos parents humains n'étaient pas si exigeants...

Sophie s'assit sur la chaise comme si il s'agissait d'une bombe à retardement.

- Bien. Je suis heureux que vous ayez accepté de rester dîner. Cette maison manque de vie depuis la mort de ma femme, c'est regrettable...

Il avait presque l'air heureux. Heureux que sa femme soit morte. À côté d'elle, la Télépathe sentit Ruy serrer les poings.

Il n'y a que moi qui trouve ça alarmant ?

Keefe lui répondit presque aussitôt.

Alors là, pas du tout Foster ! Il ressentait de la fierté et de la joie. au moment même où il a prononcé cette phrase. On est peut-être plus chez les Invisibles, mais une chose est sûre: on est encore arrivés chez les psychopathes !

Elle lui sourit discrètement.

- D'ailleurs, Ruy, tu devrais penser à t'inscrire à l'Assortiment. Histoire de te trouver une épouse digne de ce nom. Quelqu'un comme mademoiselle Foster, par exemple. Quelqu'un avec un Talent utile.

Le Phisinopathe serra les poings une deuxième fois.

- Quelqu'un qui pourrait préserver la noblesse de notre sang. Après tout mon fils, ne sais-tu pas que la Télépathie fait partie des Talents les plus rares ? Et puis, contrairement à la Phisinopathie, c'est utile. Tu le sais, n'est-ce pas ?

Une troisième fois.

Pardon ? Même ton père n'est pas aussi dur avec toi, Keefe... Alors qu'il est bien loin du genre papa poule !

L'Empathe soupira discrètement.

En même temps, si il dit que mon Talent est nul et ne sert à rien, il critique le sien en même temps. Pas super, tu ne crois pas ?

- Ah... J'aurais aimé que tu hérites du Talent de ta mère. J'aurais tant aimé...

Lord Ignis avait l'air perdu dans ses pensées. D'un coté, Sophie était surprise que cet homme ne fasse pas partie des Invisibles à leur époque. D'un autre, elle se demandait de quel genre de Talent il était doté, pour se permettre de critiquer si ouvertement celui des autres. Dans tous les cas, elle espérait que le sien était vraiment rare et utile, sinon rien ne la retiendrait plus de lui tordre le cou.

- La mère de Ruy était Chargeuse. Elle possédait un pouvoir immense...

Bon. Sophie en était déjà sûre avant, mais maintenant elle en était persuadée: cet homme était quelqu'un de malveillant.

- Que pourrait donc faire un Phisinopathe dans la vie, hein ? Pas grand chose. Quel dommage, fils. Je te destinais à quelque chose de plus grand.

Son voisin serra les poings une quatrième fois.

- Tu ne feras jamais rien de ta vie, Ruy. Absolument rien, déclara leur interlocuteur.

On sentait son venin dans sa voix. On sentait qu'il voulait plus. Bien plus qu'un simple Talent.

D'ailleurs, c'est quoi son Talent à cet énergumène ?

Cette fois-ci, ce fut Dex qui lui répondit.

Il est Hypnotiseur. Comme Grady.

Grady ne l'avait jamais forcée à faire des choses contre sa volonté. Mais, quelqu'un comme Lord Ignis pouvait t-il utiliser son Talent à l'insu de son propre fils ?

. . .

- Ruy ? Je... je pourrais te parler s'il te plaît ?

Le Phinisopathe indiqua l'extérieur à la Télépathe. L'air froid lui mordait les joues. En même temps, quelle idée avait t-elle eu de lui proposer de lui parler à l'abri des oreilles indiscrètes !

- Je... je suis désolé pour ce dîner...

Ses traits se déformèrent en une grimace.

- ...pour le moins intéressant. D'habitude, il n'est pas comme cela.

Ils se laissèrent tomber ensemble sur un bout de bois qui se trouvait près d'eux.

- Pas besoin d'essayer de me mentir, Ruy. Pas besoin d'être devin pour savoir qu'il est toujours comme cela. Et pas besoin d'être devin pour savoir que ça t'a énervé.

À ajouter à la liste des points positifs des sessions d'Instillation de Bronte: je suis devenue très bonne manipulatrice.

- Ça t'a surtout énervé. Particulièrement à un moment précis...

Elle le regarda dans les yeux, affichant un calme olympien. Gardant son flegme alors qu'à l'intérieur, elle était prête à exploser. Elle avait une chance de viser juste. Une chance contre une infinité d'autres. Et elle avait intérêt à toucher la corde sensible du premier coup, sinon tout son plan tombait à l'eau.

- ...lorsqu'il a parlé de ta mère.

Elle sentit le Phisinopathe se tendre à côté d'elle.

- Je ne vois pas de quoi tu veux parler, répondit t-il d'une voix désincarnée.

N'essaye pas de me mentir, Ruy. J'aimerais ne pas avoir à utiliser... ce que l'on pourrait qualifier comme la manière forte.

- Tu n'oserais pas violer les codes de la Télépathies, hein ? Tu n'oserais pas !

Elle leva les mains en signe d'abandon.

- Non. Pas si tu me dis ce qui semble te toucher tant à propos de ta mère.

Il avait l'ait en colère. La Télépathe avait toujours détesté les personnes en colère. Elle avait toujours l'impression que c'était de sa faute.

En plus, il retrouve l'air qu'il a quand il essaye de me tuer avec les Invisibles. C'est dommage. Je commençais presque à l'apprécier.

Devant le silence de son ami, elle continua. Elle jouait encore plus avec le feu. Elle le savait. Mais elle n'avait pas beaucoup de cordes à son arc.

- De plus, je considère qu'un secret vaut un secret.

Le Phisinopathe releva la tête.

- Je te raconte le mien. Si tu me racontes le tien avant. Et, ajouta t-elle tout en se penchant vers lui, je jure que je ne te ferai pas faux bond.

- Marché conclu.

. . .

- Mon père s'est marié avec ma mère seulement par intérêt. Pas par amour.

Le Phisinopathe reprit lentement.

- Son but était d'avoir un héritier qui aurait pu hériter de son pouvoir. Malheureusement, il a été rapidement clair que ça n'était pas le cas.

Sophie fronça les sourcils.

- Mon Talent s'est manifesté lorsque j'avais neuf ans. Je... je n'étais même pas rentré à Foxfire.

Elle sentait sa tristesse.

- Il est entré dans une colère noire lorsqu'il a vu que je n'étais ni Chargeur, ni Hypnotiseur. Dans un certain sens, ma mère ne lui avait servi à rien.

Ruy marqua une petite pause.

- Alors un soir, il m'a appelé dans son bureau. Elle était dans la pièce d'à côté.

Il avait vraisemblablement du mal à finir.

- Il m'a donné un poignard. Il m'a donné un ordre. Je suis allée la voir, le poignard caché derrière mon dos. Je n'étais plus maître de mes mouvements. J'étais sous l'emprise de son pouvoir.

Il avait les yeux perdus dans le vague.

- Et je l'ai tuée.

. . .

Booooooon...

Ce chapitre est un peu tardif, mais il est là !

Vous allez vite comprendre pourquoi il est en deux parties, mais je garde la surprise.

Est-ce que ça vous a plu ?

Je déteste Lord Ignis, alors que c'est mon propre personnage...

C'est grave docteur ?

A.