GIYUSHINO' kny
1981 mots.
Faut avouer que Giyu n'est pas bien dans son corps, Shinobu pas bien dans sa tête.
Faut avouer que Shinobu adore recevoir des messages des garçons qui ne voient même pas son visage.
Faut avouer que Giyu est un piètre poète, qui fait rire les jolies filles à défaut de les embrasser.
Faut avouer que Shinobu ne s'attend pas à recevoir un bout de papier dans son casier, que Giyu s'est rongé les sangs à voir la jolie dame ouvrir son casier gris.
Faut avouer que, quand Shinobu l’a ouvert, la découverte du bout de papier l’a bien fait pleurer et
Faut avouer que Giyu a détourné les yeux pour lui laisser son intimité qu'il a créé de par ses mots joliment incrustés sur le papier.
Faut avouer que Shinobu n'avait pas l'habitude de lire des petits poèmes qui créaient des flammes dans son ventre et lui nouait le cœur pour qu'il reste dans sa poitrine.
Faut avouer que, sur le coups, les deux ados se sont retrouvés comme deux imbéciles amoureux inconnus et
Que Shinobu a juste renfermé son casier et fait demi-tour.
Que Giyu l'a suivi du regard, ne lui a pas dit que c'est lui qui l'a fait pleurer avec son bout de papier qu'il pense être resté dans le casier.
En fait, le bout de papier est serré fort dans la paume de Shinobu. La demoiselle y tient. Le papier l'a atteint. La flèche n'a pas traversé la couche de son cœur, mais s'est logée dans sa poitrine, très proche. Si proche que les battements réguliers du petit cœur fatigué se sont rendu compte que c'était pas si mal, de sentir bouger quelque chose à l'intérieur.
Faut dire que le sourire de Shinobu éclaire les parois du couloir du lycée et que les petits nouveaux curieux qui découvrent encore, en ce début d'année, les lieux, se surprennent à trouver un soleil à l'inter cours. Le soleil est fatigué et plus couleur nuit que couleur jour, plus sombre que clair, plus lune que soleil. Ça ne change rien au sentiments qui s’exprime sur le visage de la jeune femme.
Giyu l'a suit, de loin. Pas pour se rassurer sur son bout de papier, pas pour continuer à regarder le fruit de son imagination, mais pour réussir à retrouver sa salle de cours.
Faut dire que les deux adolescents sont dans la même classe sans jamais ne s'être adressés la parole.
Faut dire que le rêveur est incapable de retrouver son chemin tout seul. Alors, dans la mer qu’est le lycée, Shinobu est la bouée, qui l’ignore encore, mais qui le guide à bon port.
La jeune femme aux mèches violettes a bien remarqué la présence de l’asocial, souvent derrière elle, souvent tout près. Ce n’est pas qu’il développerait une quelconque obsession pour Shinobu. Mais elle est gentille et ne lui en veut jamais lorsque, perdu, Giyu parle.
– Elle est où, cette putain de salle ?
Il a une voix basse. Très basse. Il fait tout pour que l’adolescence, qui a donné à sa voix un ton grave, n'empiète pas trop dans sa vie, ce qui lui donne une voix profonde et faible. On l’entend. Mais on ne l'écoute pas souvent.
Alors Shinobu, douce et gentille Shinobu, répond poliment à Giyu.
– C’est juste au bout du couloir sud.
Giyu détestait ça, au début. Toujours être prêt de Shinobu, pour ne pas se perdre, pour ne pas vagabonder seul, lui et ses pensées, dans des couloirs bondés puis vides, et arriver finalement si en retard qu'arriver était inutile.
Mais maintenant c'était son train-train quotidien auquel il attachait une importance, minime mais présente. Shinobu était apaisé de savoir que quelqu'un, tout près, comptait sur elle. Ça l’aidait à ne pas hurler. Ne pas se dire que son sourire factice pouvait se déchirer et que ça ne lui ferait rien. Si, par malheur, elle en avait marre, il y aurait Giyu, tout près. Giyu et sa froideur-chaleur qui lui est impossible à comprendre. Giyu et sa chaleur, son corps chaud, ses vêtements doux - et épais -. Giyu et sa froideur, ses yeux gelés, son visage figé.
La glace et le feu font bon ménage dans ce cerveau-puzzle à déchiffrer. On ne déchiffre pas l'âme bousculée d’un poète rebelle, mais certains s’y essayent. Ils échouent tous, tombent de leur grande pyramide qu’ils s'étaient créée pour se protéger ou s’aduler, seul dans leur rêve de grandeur, mais tous réunis par la même envie de découvrir la notice pour comprendre le jeune homme aux longs cheveux ébènes.
Shinobu le comprend, elle se permet de penser, de sa vanter, dans le silence de sa chambre, la lumière de son portable, le gris de sa couverture. Giyu préférerait vivre dans un monde où seul le papillon discret auquel Shinobu s’identifie existe. Seul dans un monde sans autres hommes, femmes, enfants. Sans bruit, juste celui des draps qui se froissent au petit matin et des rideaux qui s’ouvrent les jours où le soleil sort de sa cachette-nuage.
Tout ça avec Shinobu, il apprécierait. Pas forcément vivre avec elle, contre elle, pour elle. Juste vivre quelque part où il ne se perdra jamais parce que Shinobu le guide.
En attendant, il est toujours coincé dans les couloirs exigus de ce lycée bondé. Mais avec Shinobu, c'est déjà un bon début. Elle est petite, il remarque quand, perdu dans ses pensées, il en oublie de s'arrêter et lui fonce dedans. Elle ne tombe pas, se tort simplement la cheville. Ses cahiers glissent sur le sol. De son air perdu et lointain, Giyu les regarde un instant glisser sur le carrelage et se rappelle les vagues de la mer qui ont le même mouvement que ses cahiers.
Quand le noiraud voit Shinobu se baisser et reprendre un à un ses cahiers, il actionne un mouvement brusque pour l’aider. C'est si rapide que plusieurs regards se tournent vers les deux jeunes gens, vers l’homme et ces mouvements brusques et surpris.
Giyu est rêveur et poète.
Shinobu n’a pas grand chose à lui donner, à part l’encre pour noyer ses feuilles et le garder près du port. Pourtant elle rêve aussi que, peut-être, elle pourrait être importante. Pourquoi pas ?
Quelques mots se sont échangés lorsque les cahiers ont rebondis sur le parquet gelés. Des “merci”, des “de rien”, des “c'est rien”, des “pardon”. La masse d’information n’a pas permis à Giyu de repérer sa propre voix de celle de la jeune femme.
Elle a les cheveux doux, il remarque quand, curieux, il vient poser ses doigts pâles sur le bout de ses mèches violettes. Shinobu sursaute, puis rit. Elle se sent un peu particulière, face à l’attention que lui donne le plus âgé des Tomioka. Gêné, celui-ci retire instantanément sa main.
– Pardon !
Il rougit. Son teint pâle prend des couleurs auxquelles ne s’attendait pas Shinobu. Elle hausse ses sourcils sombres et balaie l’excuse de son camarade d'un geste simple de la main. Elle aurait presque frôlé l’uniforme de l’adolescent, si elle avait tendu sa main à quelques millimètres de plus.
La professeure de japonais arrive. Giyu la regarde, perdu, un instant. Giyu ne perd jamais son air rêveur. Shinobu sourit à sa professeure et rentre dans la petite salle de classe où s’entasse une vingtaine d'élèves quelques minutes plus tard. Giyu est toujours sur le pas de la porte. Il n’arrive pas à rentrer. Il a les yeux rivés sur Shinobu. Il serre ses mains blanches et ses ongles s’enfoncent dans ses paumes. Il ne peut pas assister à ce cours, la place à côté de Shinobu est prise. Il ne s'est jamais mis à côté de Shinobu. Ça ne lui semblait pas nécessaire jusque là. Mais aujourd'hui, maintenant, avec le regard de la professeure sur lui qui l'exhorte à rentrer d’une pression dans son dos dans la salle, il est perdu.
Sa respiration est sifflante. Quelques têtes se tournent au passage. Giyu serre sa main sur la bretelle sombre qui tient son sac, puis fait demi-tour. Il ne bouscule pas madame la professeure de japonais, soucieux d'être bien vu, malgré son état de panique. Il fuit comme il sait bien le faire, se perd, dans ce lycée immense et dans sa tête, son cerveau étroit qui ne réussit pas à contenir toutes les informations qui lui parviennent tous les jours dans ces salles de classe qui se ressemblent toutes.
Derrière lui, une présence chaleureuse vient le soutenir et pose sa main sur son dos. Shinobu retire doucement le sac à dos des épaules de l'adolescent. Et dès que le sac noir touche le sol au pied de la jeune dame, Giyu se rétracte sur lui-même. Il halète. Chacune de ses respirations lui semble si douloureuse qu’il aimerait arrêter de respirer tout court. Mais il en est incapable. Des souvenirs qui ne lui appartiennent pas se diffusent dans son esprit et lui provoquent cet état de stress. Shinobu lui tapote doucement le dos. Elle a mal au cœur. À cause de l'état de son camarade, mais surtout par peur que sa panique se transmette à son propre cœur et qu’ils soient deux imbéciles rétractés au milieu du lycée. Elle continue cependant, gentiment, de tapoter le dos tremblant du noiraud. Sans sourire factice, sans calme apparent. Juste avec un taux assez élevé d'attention pour le jeune homme.
En silence, des petites perles d’eau coulent sur le visage de Giyu. Il ne peut pas être insensible à tout. Il doit bien, à un moment donné, se déverser. C'est le mauvais moment pour pleurer, mais il n’a pas choisi de ressentir toutes ces émotions au même instant.
Il voit des images qu’il ne connaît pas d’abominable bête qui tuent et dévorent des inconnus aux visages familiers. Il voit Shinobu et un homme aux longs cheveux blonds, un sabre et des dents pointues, et il ne sait pas encore trop quoi penser. Alors il pleure, sanglote, se retient de faire entendre à la jeune femme derrière lui la douleur de son cœur - ou de celui d'un autre -.
Celle-ci serre les dents, pour ne pas être prise dans l’effroyable sentiment de panique et mélancolie qui taillade son cœur et celui de Giyu Tomioka.
Au final, les deux adolescents restent dans cette position pendant assez longtemps pour que Shinobu ait des crampes et s'assoit à même le carrelage délavé, Giyu à ses côtés, les genoux ramenés contre son cœur.
Au final, les deux adolescents s’enlacent pendant assez longtemps pour que la flèche qui a touché Shinobu lors de la lecture du poème de son casier transperce jusqu'à son dos, la déchire de l'intérieur puis s’extirpe du petit corps.
Au final, Giyu murmure des petits mots pour se rassurer lui-même, pour s’assurer qu'il est vivant, pour se battre contre des fantômes qu’il est le seul à voir.
– Pardon de t’avoir fait pleurer.
Et là le cœur de Shinobu n’est pas le seul à comprendre que c'est Giyu qui lui a offert tout cet amour, tout ce poème, toute cette liberté, ce monde. Giyu pleure bruyamment. Il n’arrive plus à se retenir. C'est long, de se calmer d’une crise d’angoisse qui prend au tripes sans raison apparente. Elle sourit. Son cerveau tilt, appuie son crâne, ses cheveux sombres, contre le cou pâle du jeune homme, contre ses cheveux tout aussi sombres. Les teintes roses-violettes de la jeune femme se mélange au noirs-bleus de Giyu.
Shinobu déplie le morceau de papier qui était resté fermement serré dans sa main et le tend à Giyu avec un mouchoir en supplément pour essuyer ses larmes.
– C'était beau.
Elle le pensait sincèrement. Elle ne lui dit pas que, sur le moment, les joues rouges et les yeux bleus de l’adolescent lui ont fait l’effet d’un frisson électrique dans la colonne vertébrale. Ses longs cheveux sombres qui choient ont réveillé ces sens d’un sommeil qui ne semblait pas vouloir avoir de fin avant ce moment.
━
Comme d'hab mon problème c'est la fin mais je peux pas toujours me plaindre jpp-.
J'ai l'impression que c'est court alors que cet os frôle les 2 000 mots ??
J'espère que ça passe tranquille ahah 👩🏻🦯 (crie)
Bisous ?<3.
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