ANNIE' snk
2105 mots.
spoil fin saison 1 (épisodes 23)
" Annie avait des yeux de glace.
Journal de bord numéro six.
Toujours enfermé. „
La matière se craquelle à peine. Les poings ensanglantés de Jane ne changent rien à ce fait. Elle luit, elle brille, elle sublime la pièce de son éclat bleuté. La pierre. Jane aimerait apercevoir les yeux d'Annie dans le désastre qu'est sa vie. Mais ils sont fermés, peut-être à tout jamais, peut-être juste pour une seconde de plus. Le sang rouge coule sur le cristal. Les cheveux bruns de Jane lui fouettent les joues et la font autant souffrir que ses paumes. Elle a mal. Elle se sent trahie. Elle oublie les définitions qu'elle a sagement apprises, à l'époque de son entraînement avec la cent quatrième brigades, et se laisse tomber sur le siège de bois derrière elle. Elle trébuche et ses fesses rappent la matière naturelle avant de se retrouver sur la pierre froide. Le banc se renversent. Elle aussi, quelque part, mais différemment. Elle se sent mal dans son enveloppe charnelle si faible, incapable de contenter ses demandes. Ramener Annie.
- Tu n'avais peut-être pas tort...
Elle ne peut s'empêcher de penser au soleil qui lui brûlait les yeux ce jour-là, et au puits sans fond dont l'eau avait été évaporée grâce à l'été. Au sourire effrayant de Ymir qui l'avait sortie de sa torpeur qui se rapprochait de l'envie viscérale de ne plus rien ressentir, de se laisser dériver. Le sentiment que ses pieds qui battait dans le vide pourrait attirer tour son corps, la laisser glisser et mourir et que, finalement, ce ne serait pas si mal. Elle se rappelle de la peur qui avait broyé ses côtes entre elles quand, de nulle part, avait surgi son rayon de soleil. Pas celui qui brûle et pique. Celui qui apporte la lumière et la chaleur, rassurante. Celui qui sauve. Annie Leonhart était le petit soleil du quartier qui suffisait à éclairer le cœur de Jane d'un espoir tarit par la gueule noirci des titans, à l'extérieur des murs.
Et puis, bien sûr, Jane se rappelle des mots. Des intonations de chaque mot respecté comme une splendide scène de théâtre - avec le recul, c'en était une -
- Tu crois que le désespoir tue ? Qu'es-ce que tu fiches là, en fait ? T'es venu ici pour mourir dans un trou miteux ? Ils sont beaux, tiens, les sauveurs de l'humanité.
Ces mots n'étaient pas aussi durs que ceux d'Ymir, mais pas aussi doux que ceux de Christa non plus. Et là, Jane avait compris qu'elle suivrait Annie, coûte que coûte, n'importe où, parce qu'elle n'avait pas besoin de leader comme Jean, comme le pensait Marco, ou de n'importe lequel de ses supérieurs pour lui ordonner de se faire manger par le premier titan venu. Elle avait besoin de la fermeté et du silence d'Annie.
Si ce jour-là, le vent n'avait pas soufflé dans la prairie si proche du camp d'entraînement, Jane Drow se serait jeté dans le puit vidé de toute eau et y serait morte sans dignité, comme les mouchoirs qu'on jette et qui nous répugne sans qu'on n'ose plus y penser. Là, elle serait morte. Dans l'oubli dû à la répugnance.
Aujourd'hui Annie gît. Seule dans sa prison qu'elle s'est forgée, seule aussi. Annie l'a abandonné, Jane a abandonné Annie. C'est un retour de bâton bien mérité.
- ... Annie !!
Son cri transperce son corps, la porte du sous-sol où elle se trouve, peut-être même la glace qui emprisonne la jeune blonde derrière des couches de lâcheté.
- Je ne suis pas un exemple du petit soldat parfait en ce moment. Alors sors de là ! Viens me faire ta leçon du soir, aller ! Comme avant ! sa voix se casse. Aucune larme ne coule. S'il-te-plaît, Annie... Ne m'abandonne pas comme ça !
Finalement, Jane n'a besoin de personne pour craquer. Pour que les fissures de son âme se répercutent sur son corps fragilisé de jeune fille en détresse depuis sa naissance. Ses ongles rongés frottent ses paumes moites. La porte s'ouvre. Elle l'entend grincer et racler le sol du sous-sol et soudain, elle sent que tout est de trop. Que chaque son l'insupporte. Qu'elle préfère les silences et les péchés d'Annie à ce monde bruyant qui l'entoure. Ses yeux fatigués lui tirent sous ses poches de violets où viennent se loger ses veines vertes. Jane n'est pas jolie. Elle est le désastre humain. Elle effraie, sûrement. Elle le sait. Elle en sourit même. Seul, le silence est toujours plus présent. Seule avec Annie. Ses longs cheveux bruns lui tombent sur le front, contre ses oreilles pâles, sur son long cou, se logent dans le creux de ses lèvres. Ses yeux noirs ne cherchent plus à luire, tente de se vider de l'énergie vitale qui l'a contraint à tenir debout, se rapproche de la couleur d'une onyx plus le temps passe.
Mais voilà Armin. C'est lui, le bruit, la porte qui gratte, les sons qui se répercutent. Elle n'ose pas le regarder. Mais elle sait que c'est lui. Parce qu'il aime bien Annie, après tout. Que jamais il ne l'abandonnerait, comme ça, sans un dernier mot, une dernière histoire. Et qu'il doit quand même partir. C'est son devoir. Annie ne manquera pas au blond. Elle se persuade. Mais elle, elle reste dans la pièce sombre.
- Pas en état. Remettez-la sur pied, on verra plus tard.
Avait jeté le caporal alors qu'elle était présente dans la pièce. C'était il y a quelques jours. Comme une bête de foire, elle était restée silencieuse à tourner autour de la glace d'Annie. Aujourd'hui elle n'en avait plus la force. Elle restait assise. En même temps, c'était le sous-sol où se trouvait Annie, elle ne risquait pas d'être autre part. Il parlait à Hange comme si la simple présence fantomatique de Jane était renier, inexistante, et que finalement l'ombre envahissait un peu plus sa vie-mort.
On pouvait facilement l'assimiler à une morte vivante. Très facilement. Trop facilement. Le pêcher d'Annie incruste les os de sa camarade comme si elle l'avait commis elle-même.
« titan feminin » lui crie tout son corps
« jolie blonde » lui crie tout son cœur.
Finalement, ce n'est qu'Annie. Ce n'est qu'une blonde qui ressemble au soleil brûlant qu'elle n'a jamais fixé, aux yeux bleus qui ressemblent à la mer qu'elle n'a jamais vu.
Et elle est un fantôme. Jane est un fantôme qui erre dans cette salle et qui compte y mourir si Annie ne se réveille pas d'ici peu. Parce que seule Annie compte. Pas son péché, pas ses yeux, pas ses cheveux, pas son rang, son équipement ou ses actes. C'est Annie qui compte. Ses mots.
- Hey.
Armin la salue. Elle n'ose pas répondre. Elle ne peut pas. Sa respiration s'accélère. Elle se fait intérieurement réprimander par un stupide souvenir d'Annie et se reprend, grâce à une grande inspiration, une main sur le ventre, un bloquage puis un souffle concentrée. Ce n'était pas si difficile. Le plus facile est passé. Le plus dur est à venir, elle le sait. Alors elle replace le banc en bois correctement, bien droit face à Annie, et s'assoit en tailleur face à l'immense pierre. Elle hait les cheveux blonds d'Armin qui bouge en même temps que le visage du jeune homme qui se tourne vers elle, ses petits poings serrés sur ses genoux, son corps bien droit sur le banc. Elle ne peut pas se faire saigner les lèvres ou s'arracher les ongles, Annie lui a interdit de partir dans de telles extrêmes, dans n'importe quelle situation, il y a longtemps.
L'envie ne la quitte pas.
- Il faut qu'on parle...
Elle acquiesce, très sérieusement. Oui. Elle doit lui parler. Et puis, le frapper, sûrement. Mais pas sur le visage, pour ne pas qu'on l'éloigne d'Annie, pour que ça reste un secret entre les trois enfants de Shiganshina - à qui Armin en parlera à coup sûr -, elle et Annie. Elle en est capable. Ses bras maigrichons, son estomac vide, son visage pâle ne l'arrêteront pas, si elle souhaite blesser Armin. Même lui, en vérité, ne l'arrêtera pas. Personne ne pourrait l'arrêter. Sauf Annie. Mais Annie est coincée sous la pierre brillante et ne compte apparemment pas en sortir de son plein gré. Peut-être que, si Jane attrapait le couteau qu'elle sait au chaud dans la poche d'Armin, elle pourrait montrer à Annie de quoi elle est capable pour que sa camarade sorte. Pour qu'Annie autorise Jane à être un péché elle aussi.
Armin ne parle pas. Pourtant, c'est lui qui a proposé. Jane attend. Tant et si bien que, finalement, ses ongles rétrécissent encore un peu et elle pense même qu'elle serait capable de se les arracher elle-même si Armin n'était pas là. Il est si calme que ça l'énerve et ses sentiments s'éparpillent sans qu'elle ne sache quoi en faire et où les diriger. Elle se doute que, derrière la porte de bois fermé, Eren attend. Qu'il croit qu'elle aussi est un péché. Elle ne l'est pas. Elle aimerait, pourtant, elle adorerait. Elle ferait tout pour se fondre dans la pierre et y mourir en tenant Annie dans ses bras.
- Il faut que tu gardes le silence. Par rapport à...
Il fait un vague geste vers le corps d'Annie qui repose, attaché de toute part par des cordes qui ne la retiendront pas si elle se décide à sortir. Jane veut le frapper. Alors elle se lève pour se retenir et ses phalanges en sang se contractent et la brûlent à nouveau. On dirait que le nom d'Annie est désormais proscrit. Armin aime bien Annie. Jane en est sûre. Elle n'était pas très bavarde, mais elle était forte. Armin l'admirait peut-être, avant. Peut-être Annie avait-elle une place particulière dans le corps du blond.
Jane se rappelle qu'il lui a demandé une faveur et acquiesce. Sa voix fatiguée et grave sort de sa bouche et Armin trouve inquiétant les prononciations lentes de Jane. Comme si l'oxygène venait tout juste de rentrer dans ses poumons pour en sortir aussitôt et que respirer ne lui était plus vitale depuis longtemps.
- Je ne comptais pas en parler.
Armin acquiesce. Ses yeux font peur à Jane. Il ne sait pas cacher ses sentiments, le blond. C'est une sorte de peur, sûrement. D'anxiété tout du moins. Ça fait mal à Jane qu'on doute d'elle. Pas autant qu'on ait douté de Annie et que le génie ait eu raison, mais la douleur est familière et s'en rapproche plus que n'importe quel autre. La grimace qui étire les lèvres du blond n'est pas discrète, à peine acceptable pour qu'elle garde son calme.
Elle ne veut même pas prouver son innocence. Elle veut leur dire qu'elle savait tout d'Annie, sauf qu'elle n'en savait rien.
Elle aimerait rire, ou pleurer. Faire passer une quelconque émotion sur son visage pour prouver à Armin qu'elle est bien humaine. Mais elle en est incapable. Parce que justement, elle n'a aucune émotion. Elle ne ressent rien, dans sa cage thoracique. Même pas le battement de son cœur. À peine le mouvement lent de son ventre qui gonfle et dégonfle. Comme si son enveloppe charnelle ne se devait que de ressentir un sentiment lointain, comme l'indifférence. Annie arborait toujours - ou souvent - de l'indifférence. Une bulle de protection qui l'empêchait de réellement s'attacher. Alors son attachement à Jane était un mystère. Un immense mystère qui éveillait les soupçons du bataillon. De tous les bataillons. De toute l'humanité contenu entre ces murs.
Armin garde son regard bleu sur elle.
- Arrête.
Elle se murmure en se prenant la tête. Les souvenirs pulsent dans son crâne et lui déchire le cerveau. Armin reste immobile, un instant, trop surpris pour intervenir.
- Jane !
Elle ne l'entend pas. Il s'accroupit cependant devant elle, ses mains sur ses épaules. Et elle a envie de le frapper jusqu'à ce que la mort l'emporte mais elle sait que c'est impossible. Elle se lève, se recule, fuit la présence envahissante du blond. Elle déteste ça. Ses mains, sur son corps à elle. Sur les habits qui la couvrent en permanence. Elle aimerait crier mais ce serait trop dramatique, alors son dos frappe dans le mur de pierre derrière elle et s'occupe de remettre son sang-froid en place. Ses yeux fixent le sol. Elle glisse jusqu'à lui, attiré. Annie brille en face. Elle a envie de la frapper, elle aussi.
Jane aime un peu trop Annie. Un peu trop bizarrement, sûrement. Et elle s'en veut si fort, si mal, si inutilement. Elle n'a pas frappé Armin.
Elle n'est pas sortie de la salle en bois, étroite, vide, froide. Elle aurait pu y mourir. La garnison s'est assuré que non.
━
J'ai bien aimé écrire cet os. Il me ressemble. Le style ? La fin, surtout. C'est juste un tout petit moment de la vie de Jane. Je doute que j'ai bien représenté le caractère d'Annie, dans la seule phrase qu'elle a prononcé, pourtant, je me la représente bien comme ça.
Non, elle n'en a pas rien à faire de la vie des Hommes.
spoil saison 4 (je sais plus mais lisez pas si vous avez pas fini snk aussi là orh :<)
Suffit de voir comment elle a réagit quand Reiner lui a demandé de retirer l'équipement tridimensionnel de Marco. </3
Alors quand elle a vu que Jane voulait mourir, ça l'a surtout énervé, dans ma compréhension du personnage. Parce qu'Annie connaissait quelques brides du passé de Jane et trouvait stupide que la gamine meurt seule dans un puit. Y'avait Ymir et "Christa", qui essayait d'arrêter Jane, mais c'est Annie qui l'a convaincu de se tourner du côté de l'herbe et de remettre ses pieds sur terre.
Ouais, j'ai beaucoup à dire. :D
bisous ?? (j'espère que j'ai pas fait trop de fautes omd)
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