𝟐𝟎 -𝐈𝐍 𝐓𝐇𝐄 𝐁𝐀𝐂𝐊 𝐎𝐅 𝐌𝐘 𝐌𝐈𝐍𝐃
PDV T/p :
Les jours reprenaient des couleurs et la vie n'était que paix au pays du soleil levant. Les arbres renaissaient, remplaçant leurs branchages ternes par de belles fleurs rosées, dont les pétales se dispersaient dans l'air qui lui, se réchauffait.
C'était comme si le monde était plongé dans un douce allégresse, tandis que le temps s'embellissait, accueillant la saison des fleurs de cerisiers qui dominaient dans la verdure nippone.
Cette charmante description du paysage était ce que je contemplais par la fenêtre de l'infirmerie du domaine des papillons, le visage caressé par le vent qui venait s'ajouter à l'atmosphère de la pièce, par la fenêtre entrouverte.
La salle était plongée dans le silence complet, mise à part Kôcho qui en était la seule source de bruit, fredonnant un petit air joyeux, tandis qu'elle tamponnait mon bras avec un petit coton.
Je crispais légèrement mon visage quand je ressentais des picotements à cause du produit qui m'était appliqué, malgré qu'habituée.
En effet, cela faisait trois jours que Kôcho soignait ma plaie imbibée de poison à l'aide du remède qu'elle avait concocté durant mon séjour au domaine.
Au fil que les journées défilaient, j'avais la satisfaction de voir ma blessure cicatriser petit à petit, preuve de l'efficacité de la solution.
Shinobu : Et voilà, c'est terminé !
Concluait la jeune femme, reposant le petit coton dans un cristallisoir.
Je poussais un soupir de soulagement quand le pilier de l'insecte sortit enfin du bandage de son tiroir, avant d'en recouvrir mon bras.
J'allais enfin pouvoir me lever, les fourmis dans mes jambes commençaient à me faire mal. Je ne suis cependant pas près de me débarrasser de ces soins quotidiens, car à partir de demain, je devrais m'appliquer le remède moi même, durant deux semaines.
Shinobu : Tu penses que ta plaie a suffisamment cicatrisé pour repartir en mission, T/p ?
T/p : Oui, ne vous en faites pas. J'arrivais déjà à manipuler mon bras avec la plaie ouverte, donc je ne devrais pas avoir trop de problème à l'utiliser pour ma mission.
Shinobu : D'accord. Tu pars donc cet après-midi ?
T/p : Oui !
Confirmais-je d'un hochement de tête.
Car oui, mes missions reprenaient, mon devoir précédent étant accompli. Muichiro avait finalement retrouvé la mémoire il y a maintenant quatre jours, par je ne sais quel déclic.
Selon moi, un souvenir de son enfance lui a traversé l'esprit pendant qu'il était inconscient, qui aurait donc été le fameux élément déclencheur. Et ma foi, je remercie le Ciel de lui avoir mis ce souvenir en tête. Depuis qu'il s'est remémoré son passé, Muichiro Tokito, il y a encore quelques jours à peines, mon partenaire de mission, est plein de vie. Malgré que ce dernier était déjà sur un petit nuage de bonheur en ma compagnie, aujourd'hui, il me paraît rayonnant avec tout le monde.
Il s'est même lié d'amitié avec Tanjiro, qui était pourtant quelqu'un qui avait la fâcheuse habitude d'agacer Muichiro, et a accepté un combat amical avec Inosuke, chose qu'auparavant il n'aurait jamais fait à cause de leur différence de niveau.
Au plus grand bonheur de tous, il est devenu un petit soleil ambulant. La lumière dans ses yeux scintille à chaque instant, comme s'il profitait de tous les cadeaux qui la vie lui offrait. Ça me faisait un grand bien de le voir dans cet état, car maintenant, j'avais la certitude que le Muichiro qui était à mes côtés, était un Muichiro heureux.
Cependant, je ne pouvais m'empêcher de ressentir un sorte de boule au ventre rien qu'à y penser.
Ce sourire, malgré qu'il soit d'une douceur indestructible à contempler, signait aussi la fin de notre binôme.
Mes deux semaines de pause s'étant écoulées, j'étais appelée en mission ce dimanche, puisque que je reprenais mon activité dorénavant. Mais je reprenais les missions seule, comme auparavant.
Tout comme avant cette fameuse convocation, il y a deux semaines et demi, avant que je ne retrouve mon ami d'enfance devenu amnésique, évènement qui a complètement bouleversé et changé ma vie, du jour au lendemain.
Mais cet évènement fut également la plus belle chose qui m'est arrivée. Grâce à cette convocation au domaine Ubuyashiki, j'ai pu découvrir un nouveau Muichiro. Un Muichiro certes, plus absent, dépourvu de tout souvenir du passé, mais un Muichiro qui évoluait de jour en jour.
Tout ces moments traversés ensemble l'ont changé, avant même qu'il ne retrouve la mémoire, et je peux être certaine que c'est ma plus grande victoire.
Le pilier de la brume, ou plutôt, mon cher Muichiro, est pour moi un trophée, le fruit de mes efforts, il a autant de valeur qu'un trésor, l'œuvre d'art de ma toile. L'importance qu'il a dorénavant dans ma vie est incomparable à celle du reste du monde, il est tout pour moi, mon tout.
Mais c'est de ce tout que je suis condamnée de me séparer aujourd'hui, me dirigeant droit vers la reprise de mon quotidien ennuyant.
Ce genre de pensées chamboulait mon esprit, tandis que je traversais les couloirs du domaine pour la dernière fois, me dirigeant vers la pièce qui me servait de chambre, pour retirer enfin la tenue du domaine et me revêtir de mon uniforme.
Alors que je longeais la salle à manger, je tombai sur les trois petites triplettes qui en sortaient, tout sourire en me voyant.
Sumi/Kiyo/Naho : Bonjour, mademoiselle T/n !
T/p : Bonjour les filles !
Naho : Nous avons entendu une discussion de messire Tokito et messire Kamado à votre sujet , est-il vrai que vous vous en allez aujourd'hui ?
T/p : À mon plus grand regret, oui c'est vrai. Cela fait partie de mon devoir de pourfendeuse.
Kiyo : Oh, c'est dommage que vous vous en alliez !
Soupirait une première petite.
Sumi : Vous allez nous manquer, T/n !
S'exclamait Sumi.
Naho : Messire Tokito ne pars pas avec vous ? Je pensais que vous étiez tout le temps ensemble !
T/p : Étant donné qu'il a déjà eu une mission récemment, Kagaya a jugé plus prudent de lui laisser du temps libre. Tokito a donc décidé de rester ici encore deux jours, prenant la décision d'entraîner messires Kamado, Hashibara et Agatsuma.
Naho : Oh, je vois ! Dites moi, n'est-il pas trop triste de vous quitter ?
T/p : Je-...
Je demeurais cependant silencieuse à cette question, réalisant grâce à la brunette une chose. Je m'étais concentrée sur ce que je ressentais, sur la tristesse que notre séparation allait me causer, sans même songer à ce que Muichiro ressentait lui.
Malgré qu'il ait retrouvé la joie de vivre, était-il lui aussi déçu à l'idée que nos chemins se séparent ici ?
Une partie de moi me disait que c'était le cas, mais l'autre me chuchotait que maintenant qu'il avait retrouvé la mémoire, Muichiro était bien plus sociable et débrouillard, qu'il saura sans doute se plaire à la vie sans moi.
Kiyo : Vous devriez aller le voir, T/n ! Faites vous des aurevoirs dignes de ce nom !
T/p : Ne t'en fais pas, j'y comptais bien. Ce serait impoli de partir sans dire au revoir !
Sumi : Vous êtes tellement sage, mademoiselle T/p...
Chuchota l'une des triplettes d'un ton admiratif.
T/p : Mais non, enfin, ce ne sont que les bases de la politesse !
Naho : Peu importe, venez les filles, ne dérangeons pas plus mademoiselle T/n, il faut qu'elle aille voir messire Tokito !
Les deux autres hochèrent la tête et, dans un revoir qu'elles ajoutèrent en cœur, les triplettes partaient dans une autre pièce du domaine, me laissant debout au milieu du couloir, résolue à aller me changer dans ma chambre.
Mais d'abord, avant cela, il me restait une dernière chose à faire. Non pas d'aller voir Muichiro, car je voulais qu'il soit celui que je vois en dernier avant mon départ, mais de me rendre au dojo, où le trio de pourfendeur était probablement, afin de leur dire au revoir à eux également.
Lorsque j'arrivais dans la salle d'entraînement, j'eu le droit à un magnifique sourire de la part de mon ami à la cicatrice, qui se dirigea vers moi d'une traite, me prenant dans ses bras.
Tanjiro : Ça y est, tu nous quittes déjà ?
Murmura-t-il, sur mon épaule.
T/p : Oui, mais ce n'est pas comme si je vous quittais pour toujours ! On aurait l'occasion de se recroiser et de faire un tas de missions ensemble !
Tanjiro : J'espère !
Déclara mon ami, mettant fin à notre étreinte, un sourire triste sur les lèvres.
Zenitsu : C'est dommage, nous n'avons pas eu l'occasion de faire énormément connaissance.
Soupirait le blondinet qui nous avait rejoints.
Inosuke : Et moi, je n'ai pas pu t'affronter !
Ajouta Inosuke, qui s'étirait à l'autre bout de la pièce.
T/p : C'est partie remise, ne vous en faites pas !
En tout cas, merci infiniment pour ces deux semaines passées ensemble, ce fut un pur plaisir ! J'ai été heureuse de te revoir, Tanjiro, et ravie de vous rencontrer, Zenitsu, Inosuke !
Zenitsu : C'est la première fois qu'une fille est ravie de m'avoir rencontré, je vais finir par en pleurer.
Murmura Zenitsu, faisant mine de verser quelques larmes, ce qui eut le don de me faire rire.
? : T/p, T/p !
Nous entendîmes, provenant de l'autre bout du couloir.
À l'entente de cette voix, je me penchais légèrement sur le côté, puis je remarquai Aoi qui se dirigeait vers nous en courant, un petit sac en toile à la main.
La jeune fille dérapa lorsqu'elle arriva face à moi, puis s'inclina aussitôt, me tendant le sachet qui semblait rempli de deux boîtes de forme rectangulaire.
Aoi : Je t'ai préparé un déjeuner et un dîner pour ton départ, je me suis dit que s'il n'y pas d'auberge à proximité, tu risquerais d'en avoir besoin !
T/p : Merci beaucoup, Aoi.
Répondis-je, touchée, récupérant les plats de mes deux mains, m'inclinant à mon tour.
C'est après un cours échange avec la brunette et mes amis qu'avec un petit pincement au cœur, je commençais à m'éloigner dans le couloir, les saluant une dernière fois de la main. Le dernier écho de mes pas résonnant dans les corridors s'ajoutais à la mélancolie qui berçait doucement mon organe vital. Organe qui me paraissait lourd, d'ailleurs. Si lourd qu'il aurait semblé rempli d'un sentiment si pesant, semblable à une besogne pleine de pierres.
Mon départ n'était qu'éphémère, j'allais sûrement revenir ici très prochainement, alors pourquoi quitter le domaine me paraissait si lourde tâche ? On dit souvent qu'on n'est généralement pas attaché à un endroit, mais y souvenirs qui s'y sont créés.
Ce dicton est-il vérité ?
Je m'arrêtais alors en plein milieu du couloir, mon regard se portant sur une fenêtre entrouverte. Le ciel était bleu, et d'un bleu si profond, si dépourvu de la moindre tâche blanche qu'on aurait presque pu s'y perdre en le contemplant. Sa belle couleur indigo me rappelait l'océan, et reflétait également un océan de mots. Le ciel, cette peinture variante qui recouvre notre globe, est telle une œuvre d'art que l'on contemple, peu importe notre état d'âme.
Le mien, en l'occurrence, était la nostalgie. Nostalgie qui, comme un fil rouge, me rattachait aux moments, bien que brefs, que j'ai vécus durant mon séjour ici. Même si je semblais avoir trouvé la réponse à mes questions, ce sentiment de mélancolie était plus profond. Des souvenirs se recréent et je sais que malgré que les instants qui se sont déroulés entre et autour de ces murs étaient d'une tendre joie, je n'y étais pas autant attachée. Pas au point que j'en ressentait une appréhension, l'appréhension d'une chose imminente, qui allait se produire et heurter mon âme au plus profond de mon être d'un instant à l'autre.
Aujourd'hui, je ne quittais pas un domaine, je ne laissais pas quelques souvenirs derrière moi, ni des amis ou de belles rencontres. Je le quittais, lui.
Au fur et à mesure que j'avançais entre les murs de la demeure, mon appréhension à cette idée qui me nouait la gorge ne cessait de croître, telle la peur à l'approche de la mort, la tristesse face à la perte d'un être aimé, la colère lors d'un désaccord, le néant dans l'esprit d'un être détruit.
Si j'avais su que la séparation aurait été si douloureuse, aurais-je accepté la charge de cette mission ? Ou serais-je partie de la demeure Ubuyashiki, déniant mes responsabilités, et laissant derrière moi mon passé, et Muichiro, tel un inconnu que je n'aurais jamais rencontré. Tel un oublié, résonnant comme l'écho dans le fond de ma pensée...
Mes aurevoirs à tout le monde étaient enfin terminés. Je venais d'échanger quelques derniers mots avec Kanao et Kôcho qui discutaient dans le bureau de cette dernière, avant de le quitter d'un pas précipité.
J'avais cherché Muichiro dans le domaine pendant une dizaine de minutes, incapable de le trouver.
Une crainte s'est alors installée dans mon estomac ; était il parti découvrir les environs, au risque de louper mon départ ?
Il est celui que je voulais le plus voir avant mon retour en mission, celui avec qui je voulais échanger en priorité, celui dont je voulais croiser l'iris azur de ses yeux une dernière fois, avant de ne plus pouvoir la contempler pendant je ne sais combien de temps.
Je voulais voir Muichiro, plus que n'importe qui.
Avec son passé en tête, et sa mémoire en son plein potentiel, Tokito était devenu complètement indépendant. Il savait se rendre heureux de par différentes occupations, ou même maintenir des interactions enrichies avec autrui, chose qu'il n'aurait jamais faites auparavant. Mais était il heureux au point de me laisser partir comme s'il ne m'avait jamais rencontrée ? Comme s'il n'y avait rien qui nous unissait ?
Au fond, lui et moi nous le savions. Nous savions pertinemment que nos cœurs, nos âmes, nos pensées étaient liés par un sentiment indescriptible. Quelque chose qu'on ne ressent nul part ailleurs, un ressenti qui plonge le cœur dans une profonde allégresse, et qui caresse l'âme, comme une mère caresserait les joues de son enfant d'un doux baiser pour qu'il trouve sommeil. Oui, c'était quelque chose d'aussi doux que cela, aussi apaisant que la pluie dans une nuit d'automne, ou que la rosée un matin d'été.
C'était notre passion.
Avec une lourde déception rongeant mon âme, et un immense regret pesant dans mon estomac, le sac préparé par Aoi en main, je poussais la porte du domaine, m'apprêtant à le quitter, car c'était une obligation, malgré que je n'ai pas pu échanger quelques derniers mots avec mon ancien compagnon comme je l'aurais aimé.
Mais cependant, lorsque l'air frais du printemps qui établissait son royaume fouetta mon visage, je me retrouvai face à un tout autre spectacle ; un spectacle particulièrement inattendu.
Il était là, debout, au milieu de l'allée de l'entrée. Comme une apparition divine, sa présence dégageait un halo de lumière. Muichiro Tokito était là, les mains croisées derrière son dos, le sourire apaisé, contemplant les nuages d'un air rêveur que je ne connaissais que trop bien.
Lorsque je le vis, je n'y cru presque pas, car sa présence, malgré qu'habituelle, paraissait bien trop belle pour être réelle.
Moi qui croyais qu'il était parti, manquant mon départ...
Muichiro : Tu en as mis, du temps !
S'exclama le garçon, d'un air jovial, en me voyant descendre les marches du porche de la demeure d'un pas précipité.
T/p : Je t'ai cherché partout, je pensais que tu étais parti !
M'écriais-je en soulagement, tandis que je courrais vers lui.
Muichiro : Je n'aurais pas manqué ton départ, tout de même !
T/p : C'est ce que j'ai cru !
Rétorquais-je, en l'atteignant enfin, alors que je sautais dans ses bras, l'étreignant de toutes mes forces.
Cette embrassade était probablement la dernière que nous aurons avant un bon bout de temps, alors pour la dernière fois, je me blottis contre son épaule.
Un sourire triste aux lèvres, je respirais son doux parfum, semblable à une tendre odeur cannelle, mêlée à la fraicheur d'une feuille de menthe, comme celle que l'on savoure dans les infusions. Ses bras, eux, étaient l'image pure et vivante du mot réconfort. Je m'y sentais en sécurité, et apaisée, comme si ma tête se posait enfin sur un doux oreiller à la fin d'une longue journée. Ses mains, appuyées contre mon dos, étaient telles les mains qui sèchent les larmes lors d'un état d'âme. Telles les mains qui peignent la plus belle des œuvres d'arts, celles qui apaiseraient le plus tourmenté des cœurs. Je ne voulais pas partir, j'y étais si bien...
Son corps contre le mien était comme une bénédiction dans le malheur, un abri contre le reste du monde, comme si j'avais le paradis conte moi, sauf que le paradis ici était un jeune garçon, qui s'avérait être mon plus grand et précieux trésor.
Muichiro : J'imagine que nos chemins se séparent ici.
Murmure-t-il, rompant notre étreinte et brisant le silence pesant, gardant cependant ses deux mains appuyées contre mes épaules.
T/p : J'imagine aussi...
Je confirme, en faisant la moue.
Muichiro : Je suis triste que tu partes maintenant, tu vas me manquer, T/p.
Ajouta le noiraud d'un ton mélancolique, baissant les yeux.
T/p : Tu vas me manquer aussi, Muichiro, plus que quiconque. Le temps va paraître long sans toi...
Constatant que tous les deux, nous affichions une expression maussade, je m'empressais d'ajouter :
T/p : Mais ne soyons pas abattus, on se reverra bientôt, je ferai tout mon possible pour !
Je parvins à décocher un petit rictus sur le visage du noiraud, qui releva les yeux, plongeant à nouveau ses mirettes bleues dans les miennes.
Ses beaux yeux océans allaient aussi me manquer. Ses iris qui me contemplaient avec un amour que je n'avais jamais vu ailleurs, une douceur inouïe. Me dire que j'allais devoir m'en séparer me brisait le cœur.
Corbeau : T/p T/n, il faut que tu partes en mission !
S'impatientait mon corbeau qui volait autour de nos têtes depuis nos retrouvailles, veillant sur mon départ. Le volatile se posa l'espace d'un instant sur ma chevelure qu'il ébouriffa, à mon plus grand agacement. Je le chassais d'un coup de coude, tandis qu'il croassait à nouveau, faisant légèrement rire Muichiro.
T/p : Bon, je crois qu'il est temps pour moi d'y aller, ou je vais me refaire tirer les cheveux...
J'ajoute en adressant un regard noir à mon corbeau qui faisait mine d'être la plus innocente des créatures.
Cette réalité, bien que dure à accepter, me poussait à avancer, dépassant Muichiro qui restait immobile, planté comme un piquet, les lèvres légèrement entrouvertes.
Si tu voulais me dire quelque chose, vas-y, ne te retiens pas, je t'en prie. Fais moi n'importe quel aveu, n'importe quelle déclaration qui pourrait me pousser à me retourner, à vouloir remonter le temps et profiter de ta douce présence une dernière fois..Cependant, ce que tu déclaras par la suite, malgré que je t'en implore intérieurement, ne fus pas à la hauteur de mes espérances.
Muichiro : Oui...
Ce simple mot, cette simple réponse me valu un pincement au cœur, si bien que je m'en mordais la lèvre. Toute cette histoire allait donc prendre fin de cette manière ? De simples aurevoirs, dont les mots s'envolent avec le vent, laissant tout de même une part de doute dans nos âmes à l'idée que nous nous revoyions un jour ? Dans ce monde parsemé de dangers, où la mort nous guette à chaque instant, ses griffes acérées ne demandant qu'à nous ôter la vie, rien ne garantissais notre survie, surtout à la tombée de la nuit. Ce moment des vingt quatre heures qui composent une journée où le plus charmant des endroits peut devenir le plus angoissant, où des créatures assoiffées de sang, tapies dans l'ombre et n'attendant que d'ôter des vies et se délecter de leur sang refont surface, terrorisant hommes et femmes, vieux et enfants, ne fuyant qu'une seule chose : le néant oppressant de la mort.
Au fond de moi, alors que mes pieds foulaient les dalles de pierres, et que la distance entre Muichiro et moi se creusait, je me maudissais profondément.
Je me maudissais de ne pas avoir eu les mots. Maudissais de ne pas avoir accordé au noiraud un dernier salut comme je le voulais. Je me maudissais sincèrement que ce moment se soit déroulé ainsi, et que notre dernier échange aie été aussi plat. Comme si j'attendais quelque chose de plus, autre qu'une dernière étreinte ou l'unisson de la mélodie de nos larmes. Quelque chose qui ferait de cette dernière fois un moment mémorable, gravé dans mon cœur, ne me faisant espérer une seule et unique attente : nos retrouvailles.
T/p : Mince...
Soufflais-je entre mes dents, en essuyant de mon index une larme qui coulait doucement de mon œil.
Ma vue, elle, se brouillait tandis que mes pieds foulaient enfin le chemin terreux qui s'enfonçait dans les bois, m'éloignant de plus en plus de celui avec qui je voulais rester jusqu'à ma mort. La voix dans ma tête et le monologue de mon cœur étaient dans la plus intense des batailles. L'un me hurlait d'avancer, me répétant que je n'avais pas le choix, et que les rencontres faites en chemin n'étaient qu'éphémères, puisque j'avais dédié ma vie à sauver celle des autres en choisissant la voie de pourfendeuse. L'autre me chuchotait de rester un dernier instant, une dernière fois, et de satisfaire mes sentiments. Comme s'il me restait une dernière danse, avant l'ombre et l'indifférence, un vertige, puis le silence. Sauf qu'actuellement, en l'occurrence, il ne s'agissait pas d'une dernière danse, il s'agissait de... de quoi, au juste ? Si je me retournais dès maintenant, avant que ne prenne mon envol, que ferais-je ? Que dirais-je ? Resterais-je là à fixer Muichiro dans le blanc des yeux, ne faisant qu'accroître mon regret de ne pas avoir eu les mots, de n'avoir rien sû dire ?
? : T/p, attends !
Et dans l'écho d'une dernière fois, j'entendis mon prénom sortir des ses lèvres. Mon avancée s'arrêta brusquement lorsqu'une main saisis la mienne, et me tira en arrière, provoquant chez moi une sensation de surprise, ne m'attendant pas à ce retournement de situation. C'était pourtant un dernier espoir qui se ravivait en moi. Tout n'était peut-être pas complètement perdu, et nos derniers aurevoirs pas si catastrophiques. La torche de mon espérance reprenait ses braises tandis qu'elle s'en nourrissait auprès de mon cœur brûlant, qui battait à cent à l'heure, pris au dépourvu.
En l'espace d'un instant, je me retrouvais face à Muichiro, mon visage près du sien, nos deux souffles se mêlant en une seule et unique respiration, mêlant nos lèvres entrouvertes. Nos yeux plongeant comme toujours l'un dans l'autre reflétaient l'état d'âme de chacun de nous. Je pouvais le voir dans la prunelle de ses mirettes que lui aussi était perdu. Comme s'il ne savait pas trop ce qu'il faisait, à la recherche de sa propre braise à raviver, braise que lui, avait ravivée soudainement en mon cœur. Je me demandais bien ce que le noiraud pouvait lire dans mon regard ; probablement une passion éperdue, une contemplation émerveillée mais également une nostalgie poignante, chassée petit à petit par les diamants dans mes prunelles qui s'émerveillaient, rien qu'en contemplant mon bien aimé.
Cela sonnait joli en parlant de Muichiro, "mon bien aimé". J'avais enfin trouvé le mot à mettre sur sa personne, le terme qui lui correspondait lorsque mon cœur s'emballait rien qu'à sa simple image dans mon esprit tempêtueux. Me l'avouer me semblait aussi agréable que de finalement poser au sol une lourde cargaison, tel un lourd fardeau que je portais tout ce temps, le long d'un chemin escarpé.
Je ne pouvais plus me mentir à moi-même ; dans mon cœur, Muichiro rimait avec amour.
J'étais amoureuse de lui, amoureuse de son être, amoureuse de sa présence, amoureuse de lui même dans son absence, amoureuse de sa voix, amoureuse de son sourire, amoureuse de ses yeux, amoureuse de ses lèvres, amoureuse de chaque petit détail qui composait sa personne. J'étais l'amante de son âme, l'admiratrice de ses mots, la spectatrice de chaque trait de son visage, l'envieuse de son cœur chaleureux. J'aimais tout, absolument tout de lui.
J'ignore d'où me vient cet amour, et depuis quand les choses sont elles ainsi en moi, mais avant que je ne m'en aille, il me restait définitivement une dernière chose à faire. Lui exprimer ma gratitude, mes remerciements d'avoir placé ce sentiment en moi, cette émotion douce comme un agneau, qui unissait nos cœurs dans un slow lent mais qui reflétait chacun de nos ressentis, comme si nous ne faisions plus qu'un, partageant cette même et unique flamme, telle la lueur qui illumine la pénombre de la plus profonde des nuits. Et c'est pour cela que je me devais de revenir en arrière, pour le remercier pour ce sentiment qui est le plus bel aspect de l'humain, la plus belle de ses facettes, la plus précieuse de ses capacités : la capacité d'aimer.
T/p : Muichiro.
Je murmure, avec assurance, pesant chacune de mes émotions dans ma voix.
Voyant mon expression sérieuse (qui n'était pourtant que mascarade, cachant toute la ribambelle de sentiment qui se trouvait derrière), Muichiro lâcha nerveusement ma main, avant de couvrir le bout de son nez rougissant avec la sienne. Son regard fuyait le mien, il était probablement intimidé ou gêné, sans savoir que dans mes yeux se logeait la plus tendre des admirations, le plus doux des regards. Son visage de profil, évitant de contempler le mien criait sa culpabilité et son regret, maintenant qu'il était pris au dépourvu, ne sachant plus quoi faire. Ce qui est fait est fait. Muichiro m'a empêchée de partir sans un mot, me rattrapant par la main une dernière fois,. Tout allait donc se jouer maintenant. Chaque parole, chaque acte et chaque respiration nous tendait un peu plus, mais je me devais d'agir.
D'une main douce et délicate, je saisissais la sienne qui couvrait toujours l'extrémité de son nez, et l'abaissais doucement, révélant son charmant visage rougissant. Dans un murmure, dans un dernier souffle avant que je laisse mon cœur s'exprimer, je le complimentais :
T/p : Ne cache pas ton visage, il est magnifique.
Puis, son doux souffle saccadé ne fit qu'un avec le mien. Ses lèvres réclamaient les miennes, et mes lèvres réclamaient les siennes, que nous unîmes dans une danse lente, dans un ballet de deux cœurs épris l'un de l'autre, qui n'attendaient que d'être réunis. Cela restait un baiser timide, certes, mais c'était le plus beau des baisers. Il renfermait tout un tas de secret, liais mon âme à le sienne, qui se cherchaient désespérément, ne demandant qu'à faire qu'un. Cet échange rempli de romance, réconfortant doucement, tel une caresse, la mélancolie ambiante, tandis que l'arbre dépourvu de feuilles de mon cœur semblait donner éclosion à ses bourgeons, et la fleur fanée reprendre vie, retrouvant son éclat.
Lentement, ses mains vinrent chercher les miennes qu'il saisit doucement, effleurant ma peau de légers coups de pouce, rajoutant une explosion de couleur dans le feu d'artifice de mon cœur. Il me semblait presque que rien ne pouvait nous séparer, que cet union scellait notre amour à jamais, et que ce moment n'allait jamais prendre fin. Contrairement à ce que je pensais, même lorsque nos lèvres se séparèrent l'une de l'autre, respirer l'air me paraissait plus doux que jamais.
Une douce chaleur s'était installée entre nos deux visages rougissants, tandis que nos lèvres pressées l'une contre l'autre à peine quelques instants auparavant s'étaient changées en deux beaux sourires timides. Nos fronts se touchèrent dans une tendresse égale, et je fermai les yeux, apaisée, murmurant un "merci" timide, mais qui, pourtant, exprimait toute la gratitude de mon être.
Muichiro : T/p, je veux que tu saches que par ce baiser, je te jure de ne jamais t'oublier. Je t'aimerai à jamais, je t'en fais la promesse. Et malgré que j'ai perdu la mémoire que, grâce à toi, j'ai retrouvée, tu seras toujours là, avec moi, dans le fond de ma pensée.
Puis dans un dernier murmure, dans un dernier souffle, il acheva :
Muichiro : Et tu l'as toujours été.
𝘐𝘯 𝘵𝘩𝘦 𝘣𝘢𝘤𝘬 𝘰𝘧 𝘮𝘺 𝘮𝘪𝘯𝘥, 𝘺𝘰𝘶 𝘥𝘪𝘦𝘥.
𝘈𝘯𝘥 𝘐 𝘥𝘪𝘥𝘯'𝘵 𝘦𝘷𝘦𝘯 𝘤𝘳𝘺,
𝘯𝘰𝘵 𝘢 𝘴𝘪𝘯𝘨𝘭𝘦 𝘵𝘦𝘢𝘳.
𝘉𝘶𝘵...
𝘐 𝘥𝘰𝘯'𝘵 𝘤𝘢𝘳𝘦 𝘩𝘰𝘸 𝘭𝘰𝘯𝘨 𝘪𝘵 𝘵𝘢𝘬𝘦𝘴,
𝘈𝘴 𝘭𝘰𝘯𝘨 𝘢𝘴 𝘐'𝘮 𝘸𝘪𝘵𝘩 𝘺𝘰𝘶,
𝘐'𝘷𝘦 𝘨𝘰𝘵 𝘢 𝘴𝘮𝘪𝘭𝘦 𝘰𝘯 𝘮𝘺 𝘧𝘢𝘤𝘦.
𝘚𝘢𝘷𝘦 𝘺𝘰𝘶𝘳 𝘵𝘦𝘢𝘳𝘴, 𝘪𝘵'𝘭𝘭 𝘣𝘦 𝘰𝘬𝘢𝘺.
𝘈𝘭𝘭 𝘐 𝘬𝘯𝘰𝘸, 𝘪𝘴 𝘺𝘰𝘶'𝘳𝘦 𝘩𝘦𝘳𝘦 𝘸𝘪𝘵𝘩 𝘮𝘦.
𝗥𝗼𝗺𝗮𝗻𝘁𝗶𝗰 𝗛𝗼𝗺𝗶𝗰𝗶𝗱𝗲 𝗫 𝗛𝗲𝗿𝗲 𝘄𝗶𝘁𝗵 𝗺𝗲 -𝗱𝟰𝘃𝗱
╰───⌲ THE END
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