Chapitre 38
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Azriel était assis sur le garde-fou du balcon, le regard rivé sur les montagnes. Le vent balayait lentement ses cheveux blonds tandis que ses pensées défilaient sans cesse, sans discontinuer. Il s'était écoulé un peu plus de deux semaines depuis l'anniversaire du Roi. Un peu plus de quatorze jours qu'il avait vécus comme étant les plus beaux de sa vie. Adaryn lui était devenu bien trop précieux durant ce laps de temps, si bien qu'il se questionnait sans cesse : n'était-il pas en danger ? Son cœur battant pour lui n'était-il pas signe d'une fin plus tragique qu'escompté ? Le risque était évident, gigantesque. Pourtant, le blond le fixait droit dans les yeux, effronté.
Il ne se reconnaissait plus, il ne s'était jamais vu si heureux, si calme, si apaisé. Il passait ses soirées au kiosque, niché contre son ainé, le noiraud dans ses bras ou bien devant l'échiquier. Le plus grand venait ensuite le déposer dans son lit tendrement, l'embrassant parfois, lorsqu'il le savait réveillé et capable de protester. Ils se retrouvaient ensuite le lendemain, au déjeuner, souriant malicieusement. Ils semblaient vivre dans une petite bulle qui leur était propre, loin du monde extérieur, et ce fut justement ce point précis qui accaparait son esprit en ce lundi froid de novembre.
Quelque chose clochait, tout se passait bien trop calmement. Le silence de la Sixième l'effrayait et, sans qu'il ne sache bien pourquoi, il était persuadé qu'une lettre allait arriver. Il attendait donc là, grelotant dans le froid. Il n'avait pas jugé bon d'emporter une veste lorsqu'il avait senti la rivière le noyer, alors même qu'il riait avec Ehann et Lyan dans la bibliothèque. Il s'était éclipsé sans rien dire, préférant ne pas les déranger.
Il fixa bientôt ses pieds, les balançant doucement dans l'air, du côté du balcon, puis joua distraitement avec le collier qui ornait son cou. Il tentait de faire le tri dans sa tête, essayait de calmer son angoisse, de faire passer cette boule d'anxiété qui nouait sa gorge. Rien n'y fit cependant, et il ferma les paupières, priant pour qu'en faisant disparaitre le monde extérieur, les problèmes qui y étaient liés puissent s'envoler avec. Son geste n'eut aucun effet. Au contraire, cela ne le fit que se connecter davantage aux bras qui l'encerclèrent soudainement, sans prévenir, déposant une lourde veste sur ses épaules.
— Vous allez attraper froid.
Azriel sursauta, dérangé par ce contact physique qui le démangea légèrement, puis il ouvrit les yeux pour fixer Frewen, muet. Il ne put que le remercier de mi-voix, légèrement perturbé. Le brun lui offrit un petit sourire rassurant avant de murmurer en s'écartant :
— Tout va bien ?
— J'ai peur, Frewen.
— Je sais. J'en suis désolé.
— Pourquoi ? C'est à cause de nous que tu es ici, c'est plutôt à moi de m'excuser.
— C'est mon métier...
— Mais ça ne t'enchante pas de devoir nous suivre partout et tout rapporter au Roi, hein ?
Le garde ne répondit rien dans un premier temps, baissant légèrement la tête. Azriel réalisa que, depuis le début, il ne voyait Frewen que comme un bon petit soldat, sans cœur ni âme. Il ne le voyait que comme l'entrave autour de ses poignets, le bâillon sur sa bouche ; à cause de lui, il ne pouvait rien dire à Adaryn. À cause lui, il était contraint de suivre le plan, sans quoi, le père de Lyan le punirait sévèrement. Aujourd'hui cependant, il le fixa d'une autre manière, il tenta de voir l'humain qui, loin de chez lui, était contraint de forcer deux jeunes hommes à briser quelqu'un, sous peine d'être puni à son tour.
— Non. C'est mon devoir d'obéir au Roi, et il m'a déjà fait faire des choses immondes. Bien pire que ça. Mais cette mission est bien plus délicate que prévue et plus les jours passent, plus je me dis que j'aimerais désobéir.
— Pourquoi tu ne peux pas, toi ?
— Parce que le Roi connait ma famille. Il m'a déjà menacé la seule fois où j'ai tenté de m'opposer à l'un de ses ordres. Si je désobéis, il tuera mes parents et jettera ma petite sœur à la rue. Et vous savez comme les avenues d'Olearia sont truffées d'hommes et de femmes ignobles qui pourraient lui faire du mal... J'ai commencé à obéir au Roi parce que j'aimais obéir. Aujourd'hui, je réalise que c'est parce que j'y suis forcé.
— Moi, j'ai peur qu'il m'envoie sur la potence si jamais j'avoue tout à Adaryn. J'aimerais de tout mon cœur lui dire, je sais qu'il comprendrait. Pourtant j'peux pas. Je sais que la sentence du père de Lyan serait trop lourde. J'aurais même peur qu'il tente de s'en prendre à Adaryn...
— Vous savez je pense que le Roi Sensibilité pourrait surtout...
— Frewen, tu peux arrêter de me vouvoyer ? J'suis plus jeune que toi et puis j'aime pas ça. J'ai l'impression d'être hyper important alors que j'suis du même rang que toi, en vrai. On est tous les deux les vieux pantins du Roi.
Le plus âgé hocha doucement la tête, s'appuyant contre le garde-fou. Par précaution, il posa un bras derrière Azriel sans pour autant le toucher, prévenant ainsi toute chute. Le faux Prince eut alors tout le loisir de comprendre qu'il avait mal jugé son escorte : il avait face à lui un homme attentionné mais coincé dans les filets du Roi Sensibilité.
— Si tu veux. Mais pas devant les autres. Je ne peux pas me résoudre à tutoyer Lyan, et si je le vouvoie alors que je viens de te dire « tu », on va se compromettre.
— Oui, t'inquiètes pas.
Un silence gênant s'installa alors et Azriel chercha de quoi le meubler, une phrase vague, n'importe quoi ; ce manque de conversation les mettait mal à l'aise. Ils ne se connaissaient que très peu, ils le réalisèrent à cet instant. Ils étaient pourtant tous les deux emprisonnés ici, dans le château du Roi Puissance, lui-même pris au piège entre les griffes du monarque de la Sixième Dynastie. Ils n'étaient que deux vulgaires souris, dans la gueule d'un chat affamé. Pathétiques.
— Tu te plais, au moins, ici ?
— Oui, bien plus que dans la Sixième, à vrai dire. Hywell et le Général Lucis sont vraiment drôles, et quand je ne peux pas te suivre, le garde du Roi m'accueille à bras ouverts. Il y a d'autres gens du personnel qui sont gentils, aussi. Puis, tout est différent ici. La seule chose qui me manque c'est ma famille. Surtout ma petite sœur...
— Comment est-ce qu'elle s'appelle ?
— Faelyss, elle a quatorze ans.
— Je suis sûr qu'elle est fière d'avoir un frère comme toi, Frewen.
L'ainé piqua un fard. Azriel gagna alors un petit sourire, amusé, puis le silence retomba. Il fixa donc ses pieds, cherchant à nouveau un sujet de discussion. Il n'aimait que très peu les conversations de surface, ces mots sans but précis qui ne lui permettaient pas de pleinement comprendre les choses. Finalement, il décida donc de rebondir sur les derniers dires de Frewen et enchaina.
— Hywell a l'air d'être un sacré cas... mais c'est bien, si ça va pour toi, malgré tout.
— Et toi, tu te plais ici, malgré tout ?
Le blond pensa instantanément à son magnolia et un joli sourire vint décorer ses lèvres. Il hocha doucement la tête, heureux rien qu'en songeant à celui qui avait volé son cœur, puis s'expliqua d'une voix un peu trop niaise, peut-être.
— Oh, oui. C'est bien mieux qu'à la maison. Ici, j'me sens vivant, j'existe vraiment. J'suis plus juste ce truc qui sert de Conseiller à Lyan. Ici, j'suis un être humain, j'ai le droit d'avoir un avis, droit de m'exprimer, de dire non et même de répondre ! Je... j'ai vraiment de la valeur, j'veux dire, j'suis quelqu'un, pas juste un moins que rien qui n'a pas de sang royal. Même si ça me ronge de devoir mentir sur mon nom et mon titre, ça m'apaise de me dire que je vis pleinement en étant moi-même, pour une fois.
— Je vais être honnête, Azriel, je ne t'avais jamais vu aussi souriant, avant. Le Roi Oriens a l'air d'être une personne extrêmement attentionnée, il ne t'apprécie pas que pour le titre que tu feinte. Et puis, il a l'air effrayant, comme ça, mais je suis persuadé qu'il est quelqu'un de bien derrière les apparences.
— Il est... Non, en fait, je n'ai même pas les mots pour le décrire. C'est Adaryn, et...
Son cœur s'emballa dans sa poitrine alors qu'il cherchait comment formuler sa phrase. Il se sentit frustré de ne pas y parvenir, bredouillant et fronçant les sourcils. Les mots lui échappaient ou ne voulaient pas se montrer assez puissants pour exprimer ses sentiments. Finalement, il baissa les bras et céda.
— C'est Adaryn. C'est Adaryn, et je crois que je donnerais tout ce que je possède pour rester avec lui jusqu'à la fin de ma vie. C'est niais, dit comme ça, mais c'est sincère. Si on me demandait de déclarer la guerre aux Six Dynasties je le ferais, même en sachant que je n'ai aucune chance. Si j'avais la certitude que le père de Lyan ne s'en prendrait pas à toi si j'abandonnais la mission, alors j'aurais déjà tout avoué à Adaryn. J'ai pas peur de perdre la vie si ça peut le sauver. Je... J'vais jamais pouvoir finir la mission... J'vais tomber avant lui.
Frewen allait ouvrir la bouche pour lui répondre mais Lyan débarqua en trombe sur le balcon, l'air grave, blanc comme un linge. Il désigna une lettre tristement. Azriel soupira, peiné d'avoir eu la bonne intuition. Ils filèrent alors tous les trois dans la chambre du plus jeune. Les deux garçons se posèrent sur le lit mais lurent la lettre à voix haute afin que leur garde puisse l'entendre lui aussi.
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« Azriel, Lyan.
Prenez soin de vous, tout d'abord ; la maladie se répand lentement et déverse son poison dans tout le pays. Garde à elle, elle est douloureuse, et la mort survient de plus en plus rapidement. Aux quatre coins du Royaume, les habitants paniquent, se déplacent alors même qu'ils sont porteurs du virus. Conséquences : le château sera bientôt touché, et je donne peu cher de nos peaux. De nos pauvres corps, la maladie ne fera qu'une bouchée, si les révoltes du peuple ne le font pas avant. Vos vieux pères ne feront pas long feu si les actes perfides des ouvriers se poursuivent. Actes qui visent toujours plus le palais et vous, les enfants...
Si la situation ne s'améliore pas, j'ignore si nous pourrons, un jour, vous renvoyer une lettre. La perspective d'un avenir pour la Sixième me semble irréelle ; vous devez survivre, les garçons, c'est là l'unique mission que je vous donne. Mission qui, je l'espère, portera ses fruits, au contraire de mon règne qui ne fut qu'un échec cuisant. Échoue donc ton père le Roi, mon Prince, mais victorieux tu reviendras, je l'espère. Vous devez vous préserver et, surtout, tenter de nous faire confiance. Le sort de la Sixième repose sur vos épaules, mais nous ferons notre possible pour tenter de vous léguer une Terre remise sur pieds. Paierez-vous le prix de ces efforts ? De tout mon cœur, j'ose prier que non...
Vos pères vous souhaitent bien du courage, les garçons, priez avec nous, pour l'avenir, et surtout pour vos vies. Vies qui, je l'espère, ne sont pas en danger dans la Première...
Jayin Orbis. »
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— La maladie va tous nous tuer.
Azriel se laissa retomber sur son matelas, vidé de toutes ses forces. Il voulait pleurer mais son corps semblait déjà bien trop fatigué par la situation pour se donner la peine de fournir les larmes. Lyan, lui, se leva et fit les cent pas, fixant la lettre entre ses mains, les sourcils froncés, ne laissant transparaitre aucune émotion. Il eut cependant un éclair de lucidité et, la mine sombre, il murmura :
— Azriel, viens voir.
— Quoi ?
— Regarde les mots au début de chaque phrase.
— « Prenez... garde... »
Le blond se figea, la bouche ouverte, les yeux écarquillés, soudain conscient que la missive en elle-même n'était rien de plus qu'un leurre. Le véritable message se trouvait caché dans les premiers mots de chaque phrase. Perfide.
— « Prenez garde... aux conséquences de... vos actes. Si la mission échoue... vous le paierez de vos... vies. »
Ils se fixèrent, ne sachant même pas quoi dire, quoi faire, quoi penser. Leurs regards alternèrent entre le bout de papier et le visage décomposé de l'autre. Ils n'en croyaient pas leurs yeux ; ils auraient presque préféré ne jamais comprendre le message caché. Leur Roi, le propre père du rouquin, les menaçait tout en faisant peser sur leurs épaules le sort de la Sixième Dynastie. Immonde. Répugnant.
— On est foutus, Lyan.
— Riel, dis pas ça...
— J'vais tout expliquer à Adaryn.
Le blond se précipita vers la porte mais le plus vieux l'attrapa au vol, le retenant par le col de sa chemise et lui faisant faire un demi-tour sur lui-même, emporté par son élan. Il le força à se rassoir sur le sol, ensuite, et posa ses mains sur ses épaules en s'asseyant à son niveau, cherchant son regard et tentant de calmer ses nerfs pour éviter tout débordement.
— Tu te feras tuer si tu fais ça, Azriel. Et si mon père ne peut pas mettre la main sur toi parce qu'Adaryn, en admettant qu'il ne se fâche pas, l'en empêche, alors c'est ton père qui en paiera le prix. Tu le sais très bien.
— Mon père ? Il n'oserait pas... C'est son Conseiller, il... Il ne ferait pas de mal à son Conseiller. Il le connait depuis toujours, ils ont grandi ensemble ! Il ne pourrait pas faire ça. Ton père est violent, mais pas si sadique. Hein ? Lyan, hein ?
— Azriel... Ton père vouvoie encore le mien. Mon père se fiche de l'amitié qui les unis, Sohal est son Conseiller, il lui est inférieur hiérarchiquement et les choses s'arrêtent là, dans l'esprit de mon père. Sa vie ne vaut rien, comme la tienne à ses yeux. C'est comme ça que tu as été élevé, comme ça que Sohal a été élevé avant toi, et comme ça que ta grand-mère l'a été.
— Lyan... Non, non c'est pas possible. Il pourrait... Il... Et si... Et si c'était toi qui le disais à Adaryn, alors ? Si c'est toi qui le dis, alors ce n'est plus ma faute !
— Azriel, si je fais quoi que ce soit, c'est sur toi ou Frewen que cela retombera. Mon père connait la famille de Frewen, et ton père vit dans le même château. Que toi ou moi fassions quelque chose, cela revient au même. D'ailleurs, la discussion que l'on entretient maintenant relève déjà de la bêtise : si Frewen en parle dans sa lettre, on est fichus.
Dépités, ils observèrent tristement Frewen. Ils se laissèrent donc tomber dans les bras l'un de l'autre, allongés sur le parquet. Si Azriel tenta de maitriser la rivière de ses pensées en songeant à autre chose, Lyan se laissa cogiter un instant, essayant de comprendre pourquoi cet avertissement soudain venait de leur tomber dessus. Lorsqu'il sembla trouver une piste, il observa à nouveau Frewen qui, dans un coin de la pièce, fixait le sol, les lèvres pincées.
— Frewen, si je ne dis pas de bêtises, tu envoies des lettres à la Sixième... Tu leur racontes tout ce que l'on fait, tout ce que l'on dit, hm ?
— Oui, monsieur... J'en suis désolé. J'ai commis une erreur. Dans ma dernière lettre, j'ai voulu justifier le fait que je n'avais pas beaucoup plus d'informations sur la situation par le fait que je ne peux plus vraiment vous suivre partout. Vous êtes avec le Général Lucis, et Azriel au kiosque avec le Roi Oriens. Le Roi Orbis a dû croire que vous étiez en train de comploter quelque chose dans mon dos... C'était idiot de dire tout ça, j'en suis désolé. Mais si je ne me justifie pas, alors ma famille en paye le prix...
— Ne t'excuse pas, c'est normal. Protège les vies de tes proches, tu fais bien. De toute façon, nous sommes dans le même bateau, tous les trois.
— Alors pourquoi on ne pagaierait pas tous dans le même sens ?
La remarque d'Azriel surprit les deux autres qui, curieux, tournèrent la tête vers lui, attendant ses explications. Le blond se redressa doucement, l'air absent. Ses yeux étaient fixés sur le vide et son esprit tournait à plein régime. Il ne regarda pas ses compagnons une seule seconde en leur exposant son plan. Nerveusement, il tritura la lanière de sa sacoche, se balançant légèrement de gauche à droite en parlant.
— Et si on tentait tous les trois de changer les choses, hein ? Et si, au lieu de suivre bêtement les ordres, on tentait de réécrire notre propre histoire pour modifier la fin que le Roi a écrit pour Adaryn et moi ? Peut-être qu'on peut trouver un moyen de contrer le plan de ton père, Lyan. Peut-être même que Frewen peut nous y aider, si l'on s'y prend bien.
— Quoi que l'on fasse, mon père l'apprendra. Soit on perd la famille de Frewen et ton père en tentant la rébellion, soit on blesse tous nos amis de la Première en suivant la mission. D'un côté on blesse, de l'autre on tue, Riel, le choix est vite fait...
Silence. Azriel inclina la tête sur le côté, les yeux soudainement rivés sur le roux face à lui. Il fronça légèrement les sourcils, mordillant l'intérieur de sa joue. Lyan avait raison, le blond ne put se résoudre à le nier. Toutefois, son cœur parla avant sa raison, et demanda :
— Tu... tu veux dire qu'on doit continuer la mission ?
— Tu préfères tuer ton père ?
— Mais je ne veux pas tuer Adaryn !
— Tu ne le tueras pas, il s'en remettra. Les peines de cœurs sont des douleurs passagères. Il trouvera quelqu'un d'autre et t'oubliera, c'est aussi simple que ça.
Le manque de tact étonna jusqu'à Frewen. Le Prince Orbis était un être au raisonnement parfois trop factuel, souvent dénué de compassion et de sentiments. Il ne voulait pas se montrer blessant ni méchant, simplement, il se contentait de réfléchir en usant le plus de logique possible, ignorant parfois les aléas incontrôlables de l'espèce humaine, et négligeant le poids des émotions dans ses calculs. À ses yeux, les sentiments étaient des vagues éphémères qui, si elles ne pouvaient pas se contrôler, finissaient toujours par s'étioler. Azriel était habitué à ces mots tranchants, toutefois, il fut plus blessé qu'à l'accoutumée.
— Ça ne marche pas comme ça, Lyan. Peut-être qu'il retrouvera quelqu'un après moi, mais la peine que je vais lui causer avant sera irréparable, et je me refuse à ça. Et puis, j'en suis incapable. C'est moi qui vais tomber à genoux devant lui en pleurant. Pourquoi on ne peut pas simplement tout lui dire, hein ?
— Parce que le temps qu'il nous aide, s'il le fait, mon père aura déjà tué Sohal et la famille de Frewen. S'il s'aperçoit que nous désobéissons, il nous punira avant même que nous puissions faire quoi que ce soit.
— Si l'on se range tous les trois du même côté et qu'on agit intelligemment, il n'aura pas le temps de voir quoi que ce soit. Si je ne dis rien dans mes lettres, on est libres d'agir...
Les deux plus jeunes se tournèrent vers leur aîné, étonnés de le voir prêt à tourner le dos au Roi Sensibilité. Ils l'avaient toujours vu comme un bon petit soldat, fidèle au Roi par choix et par envie. Ils lui laissèrent donc l'opportunité de prouver le contraire, attendant qu'il ne précise son idée. Frewen se racla la gorge et s'expliqua après quelques secondes de réflexion.
— Je... J'ai toujours obéis par envie. Enfin, c'est ce que je croyais. Aujourd'hui, je me rends compte que le Roi se sert simplement de ma famille pour obtenir ce qu'il veut de moi. Alors je... j'aimerais cesser tout ça. Peut-être que si l'on trouve un moyen d'avertir Adaryn, nous pourrions retourner le plan de la Sixième contre le Roi Orbis. J'ai conservé une copie de toutes les lettres que j'ai envoyées à Olearia. J'ai donc des preuves tangibles du plan, et de ce qui se prépare. Si nous parvenons à joindre l'Ordre en premier, la balle reviendra dans notre camp.
— Mais l'Ordre est inaccessible pour quiconque n'a pas de sang royal. Et encore, il faut vraiment une très bonne raison pour pouvoir les solliciter en dehors d'un Congrès.
— Dans ce cas, peut-être que nous pourrions trouver un moyen de les attirer jusqu'à nous.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— L'Ordre ne se déplace qu'en cas de force majeure, autrement, il faut quémander une entrevue avec eux, mais cette dernière peut mettre des mois avant d'être acceptée. Autant dire que nous n'aurons jamais le temps pour ça. La seule option qui se présente donc à nous, c'est de dénoncer un crime de la plus haute importance : ils viendront donc aussitôt à nous.
— Tu crois que nous devrions dénoncer la relation d'Azriel et Adaryn avant mon père ?
Azriel, qui n'avait plus prononcé un mot depuis de longues secondes, écarquilla les yeux, sentant son cœur manquer un battement. Il fixa Frewen avec crainte, effrayé par son idée : si Lyan l'acceptait, alors il ne pourrait plus les en empêcher. Surtout, il devrait dire adieu à Adaryn bien plus tôt que prévu et cette option ne lui permettait guère plus de possibilités. Il serait toujours contraint de briser le cœur de son magnolia.
— Non, ce serait idiot, et cela donnerait l'avantage à votre père, Lyan. Il faut que nous trouvions un autre crime, quelque chose qui puisse les faire réagir vite. Plus vite que le Roi.
— Le plus grand crime du Traité, c'est de ne pas respecter l'ordre des choses. Et la faute qui entrave le plus cet équilibre, c'est l'union de sangs qui ne sont pas faits pour se lier. Le seul de nous trois qui puisse encore tenter quelque chose de la sorte, c'est Lyan avec le Général Lucis.
Le rouquin écarquilla les yeux, choqué, les joues cramoisies. Il fronça les sourcils tout en secouant vivement la tête. Son calme retrouvé, son visage perdit de ses couleurs et sa voix chuta dans les graves, à la limite de la panique et de la colère.
— C'est insensé. Je ne me lierai pas au Général Lucis. Qu'est-ce que cela nous fera gagner de plus ? Une fois la relation dénoncée, le Général risque d'être puni, et moi plus encore. Je refuse d'abandonner mon titre et ma Dynastie pour cette histoire.
— Lyan, pense plus loin : l'Ordre verra bien qu'il y a quelque chose qui cloche. On ne veut pas les attirer pour te punir, on veut les faire venir à nous pour leur parler, pour dénoncer ton père avant qu'il ne soit trop tard, et pour sauver Adaryn. Tu n'auras peut-être même pas besoin de feinter avec le Général si tu ne veux pas. Tout ce qu'on veut c'est rencontrer les Gardiens.
— Et quoi ? Qu'est-ce que tu comptes leur dire ? Que, finalement, c'était une fausse alerte ? Ils vont te punir plus lourdement que tu n'as jamais été puni, Azriel.
— Mais peut-être aurais-je le temps de leur expliquer ce que ton père prépare avant. Surtout, j'aurais eu le temps de tout expliquer à Adaryn, et il n'aura jamais à croire que je ne suis qu'un imposteur venu pour voler ses trésors. Je préfère être puni par l'Ordre pour l'avoir protégé que d'attendre les bras ballants le jour où je devrais presque le tuer.
— Tu ne vas pas le tuer, Azriel, cesse un peu ta psychose.
— Ce n'est pas une psychose ! Excuse-moi de savoir faire preuve de compassion. Je sais que ce n'est pas ton fort, mais d'autres humains savent le faire, eux.
Azriel avait parlé avec une pointe de méchanceté qu'il n'avait pas su maitriser. Il fut lui-même étonné par ses mots, mais il décida de ne pas les ravaler : Lyan avait déjà dit bien pire, et le blond refusait de s'excuser pour ce qu'il venait de prononcer. Il avait involontairement énoncé une semi-vérité. Lyan était capable d'une grande empathie, mais elle ne se dirigeait que pour les personnes chères à son cœur – si tant est qu'elles passent avant sa propre personne.
— Ce n'est pas une question de compassion, Azriel. Tes plans alambiqués pour faire venir les Gardiens ne nous mèneront nulle part. Lorsqu'ils sauront que tu as menti pour Ehann et moi, ils te puniront pour mensonge. Ils ne t'écouteront absolument pas.
— Alors lie-toi réellement avec le Général, au moins, l'Ordre aura une véritable raison de venir jusqu'à nous. Ils pourront m'écouter, ou écouter Frewen.
— Non, j'ai dit non, Azriel. Je n'ai pas envie de jouer avec les sentiments du Général, il ne mérite pas ça. Et je n'ai pas envie de me mettre dans le pétrin. Puis, je n'ai d'ordres à recevoir de personne, je vous rappelle que sous nos couvertures, c'est moi qui décide.
La dernière phrase sembla faire l'effet d'une étincelle sur un tas de bois trop sec. Azriel fronça les sourcils, les dents serrées, le cœur soudain compressé dans sa poitrine. Il tenta de garder son calme, mais sa voix fut traitresse et bien plus vive que prévu.
— On est tous des humains, ici. Personne n'a le dessus sur personne, puisqu'on est tous dans la même situation. Ton titre ne te donne pas le droit de décider seul. On est tous dans le même bateau, Lyan, et si tu ne coopère pas, tu vas nous faire couler tous les trois. Surtout, il ne te donne pas le droit de nous traiter comme des moins que rien.
— Ce n'est pas ce que je voulais dire...
— Je pense que tu oublies un peu trop vite que j'existe aussi, et que je ne suis pas que ton ombre, prête à obéir à tout sans réfléchir. Tu crois que j'ai envie de jouer avec les sentiments d'Adaryn, moi ? Tu crois que j'ai envie de voir la déception dans son regard quand il comprendra à tort que j'suis qu'un imposteur ? Quand il pensera que je ne l'ai jamais aimé et que je ne voulais que ses coffres ? Tu crois que j'ai envie de lui faire du mal ? Est-ce que tu penses une seule seconde que moi, j'ai le choix ? Est-ce que tu penses sincèrement que si j'avais le luxe de choisir, j'irais quand même tuer Adaryn ?
— Azriel, écoute... Nos rangs ne sont pas les mêmes. C'est triste à dire mais j'ai plus de libertés, et j'en suis désolé. Mais je ne compte pas me lier avec Ehann parce que toi, tu n'as pas eu d'autre choix que de te lier avec Adaryn. Et puis, je ne peux pas avoir de relation avec lui.
— Si. Si tu peux, tout est possible quand on y croit. Le jour et la nuit peuvent se lier à l'aube et au crépuscule. Le soleil et la lune peuvent s'enlacer lors d'une éclipse ; même l'impensable est réalisable. Alors tu peux te lier avec lui, Lyan. Pour de vrai.
— Non. Je refuse de jouer avec ses sentiments dans le seul but d'attirer l'Ordre.
— Alors ne joue pas et aime-le. Tes sentiments seront sincères et, même si votre relation n'est là que pour nous aider à nous sortir de là, elle sera vraie.
— Mais c'est interdit, Azriel. Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans le mot « interdit » ?
— Les interdits ce ne sont que des mots écrits sur du papier. Tu peux les enfreindre. Si tu l'aimes vraiment, alors fonce. Les règles, c'est parfois stupide.
— Non. Les règles ce sont les règles, Azriel. Tu es tombé sur la tête ? Imagine un peu l'anarchie si personne n'écoutait les règles de l'Ordre ? Imagine un peu le chaos si les souverains se liaient avec des personnes qui ne possèdent pas de sang royal ? Et puis, quelle tête aurait la lignée royale si elle ne possédait plus de sang pur, hein ?
— Mh... ouais, t'as sûrement raison. Désolé.
Azriel se renfrogna, à peine sincère dans ses excuses. Lyan le jaugea quelques secondes avant de soupirer. Il passa une main dans ses cheveux et se frotta l'arrière du crâne, bien embêté par les mots de son ami. Finalement, il décida de passer outre et il lança plus fort :
— Bref. Cela ne change rien à mon choix. Nous n'allons pas attirer les Gardiens ici, et je ne me lierai pas à Ehann. Si l'Ordre voit que j'ai su me tenir à carreaux, peut-être qu'ils seront plus cléments. Ils me donneront la Sixième, et je pourrais la redresser.
— Alors c'est ça ? Parce que tu veux régner, je dois être le seul à souffrir ? Je dois être le seul qui va détruire quelqu'un ? Tout ça pour que tu récupères le trône de la Dynastie des ruines ? On est deux à vouloir faire changer les choses, mais puisque tu as une couronne on doit t'écouter ? Parce que tu es plus haut placé, il faut qu'on garde le cap ?
— Azriel, ce n'est pas contre toi mais me lier avec le Général ça ne nous aidera pas. Je sais que tu penserais ainsi également si tu n'étais pas si... amoureux. Tu es juste trop chamboulé par l'attachement que tu portes à Adaryn. Il faut qu'on réfléchisse avec nos têtes, pas nos cœurs.
— Donc je dois continuer à obéir comme un vulgaire pion pour satisfaire tes envies et celles de ton père. Je dois abimer quelqu'un que j'aime parce que j'ai pas eu la chance de naitre avec une couronne et le droit d'exister. Ça me dégoute.
— Tu suis les ordres pour préserver les vies d'innocents.
— C'est Adaryn l'innocent, là-dedans.
— Riel, c'est plus sage ainsi.
— Non, y a pas de « Riel ».
Énervé, il se releva précipitamment. Il voulut quitter la pièce une deuxième fois, mais Lyan l'attrapa à nouveau, l'étreignant de toutes ses forces, l'empêchant de sortir. Azriel tenta de se débattre, criant sa haine et sa colère. Il se sentit oppressé par ces bras qu'il ne voulait pas autour de lui, par la proximité non désirée de leurs corps. Finalement, voyant que son ainé ne flanchait pas, il se résigna à l'écouter quelques secondes de plus, dépité.
— Arrête, maintenant. Calmons-nous et essayons de trouver une solution. Je ne te laisserai pas tomber, d'accord ? On est venu ici ensemble, et on va s'en sortir ensemble. Le plus important, c'est nous deux. Nous deux et la sécurité de ton père, de Frewen et de sa famille. Tu es comme mon frère, Riel, et c'est hors de question que je te laisse tomber.
— Mais tu vas me laisser briser Adaryn pour sauver ton titre.
— On fait ce que l'on peut, Azriel. Et parfois, ce que l'on peut, ce n'est pas ce que l'on veut. On ne peut pas sacrifier notre patrie et notre famille pour un amour et une personne que tu connais à peine.
Ils se fixèrent en silence via le miroir qui leur faisait face. Le rouquin semblait sérieux, intransigeant ; il avait la mâchoire tendue, les yeux sombres, rivés sur le reflet de son cadet. Ce dernier avait le regard humide, le corps relâché. Sa gestuelle criait son abandon. Il était incapable de tenir tête, il n'était pas en droit de tenir tête. Devant la prestance de Lyan, il se souvint subitement qu'il n'était rien. Rien qu'un Conseiller. Il baissa donc progressivement les yeux et se résigna. Il n'était rien, personne pour décider. Il n'avait qu'un but : obéir.
— Si l'on fait la moindre bêtise, on en paiera le prix. Et, parce que je te vois venir, si Frewen mentait dans ses lettres pour nous couvrir le temps que l'on prévienne Adaryn, ce serait trop risqué. Ils comprendraient. Et s'ils ne comprenaient pas alors, une fois le mensonge révélé, mon père ferait en sorte de te punir d'une quelconque manière. On ne s'adresse pas à n'importe qui, on parle à Jayin Orbis, le Roi d'un pays déchu qui n'hésiterait pas à faire disparaitre son propre fils pour toucher son heure de gloire. Il tuerait sans pitié la famille de Frewen et je refuse d'avoir leurs décès sur la conscience.
— Mais le mien tu t'en fiches...
— Azriel Caelum, ça suffit, maintenant. Arrête de dire des bêtises. Tu ne vas pas mourir. On va trouver une solution pour que tu t'en sortes indemne, je te l'ai promis. On ressortira d'ici vivant tous les trois. Maintenant arrête.
— Mais je m'en fiche de moi, j'veux que tu trouves une solution pour qu'Adaryn s'en sorte ! C'est lui, c'est lui qu'il faut protéger. J'en ai rien à foutre de ce que tu me promets pour moi. C'est lui qu'on doit préserver, tu comprends pas ?
D'un accès de colère, Azriel se détacha enfin de l'étreinte de son ainé, le repoussant peut-être un peu trop vivement. Il respirait vite et quelques perles salées roulaient déjà sur ses joues. Il tenta de les ignorer, cependant la réponse trop simple de Lyan ne fit qu'empirer sa situation, comprimant son cœur et faisant affluer ses larmes.
— Ça ne sert à rien de te mettre dans tous tes états, tu ne réfléchis pas clairement. La Sensibilité est réputé pour ne penser qu'avec son cœur à tort, n'accentue pas ce cliché.
— Je sais que ce n'est pas le bon moment, mais il faut ajouter dans nos calculs le fait que le Gardien Sophos vous a vus... J'ignore si cela nous aide ou nous désavantage...
— Putain on va tous crever.
Face aux dires de Frewen, Azriel plaqua ses mains sur son visage et s'écarta vivement de Lyan, filant s'isoler dans le coin de la pièce. Il appuya son front contre le coin des murs et soupira lourdement, dépassé par les évènements. Derrière lui, le Prince perdit légèrement son sang-froid, lui-même envahi par ses émotions.
— Ça suffit, maintenant. Frewen, silence, tu n'aides pas. Quant à toi, Azriel, arrête de dire des choses pareilles. On va s'en sortir. De toute façon, Adaryn et toi c'est illégal. Tu sais depuis le début que votre relation est vouée à l'échec, je t'avais mis en garde. Je t'ai dit de tenir ton cœur mais tu n'as pas écouté, alors tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Tâche maintenant de te tenir à ton rôle, et arrête de vouloir transgresser les règles.
— Tu comprends vraiment jamais rien, hein ?
— Azriel. Arrête. J'en ai plus qu'assez de tes caprices. Tu t'es engagé à suivre cette mission, c'est trop tard pour reculer. Je comprends que tu sois réticent, mais tu n'as plus le choix. Je suis navré, mais la meilleure solution est de suivre les ordres. Si nous tentons la moindre rébellion, ton père et la famille de Frewen le paieront. Alors s'il te plait, pense à autre chose que ton propre intérêt. Il n'y a pas que toi dans cette histoire, il y a des vies en jeu.
— Mais...
— Les sentiments d'Adaryn ne sont rien par rapport au prix d'une vie humaine. Alors oui, peut-être qu'il aura mal, mais ça passera. La tristesse est aussi éphémère que tout le reste. La mort, je ne t'apprends rien, est permanente. Alors le choix est fait. Arrête de discuter.
Azriel ne répondit rien, dépité, résigné. Il grogna simplement, demandant qu'on le laisse seul dans sa chambre. Lyan sembla peiné de le quitter sur une dispute mais n'ajouta rien, entrainant Frewen derrière lui et refermant la porte doucement. Azriel resta alors seul et fila se cacher sous sa couverture, tentant de remettre de l'ordre dans ses pensées. Il détestait s'embrouiller avec Lyan. Rien n'avait de sens. Leur conversation entière ne rimait à rien, ils avaient envisagé tellement de possibilités pour finalement revenir à la case départ et maintenir la mission. Il comprenait que des vies étaient en jeu, mais son cœur refusait de sacrifier Adaryn pour sauver quelqu'un, même si cette personne n'était autre que son propre père.
Il l'aimait, c'était évident. Il était l'homme qui l'avait élevé et qui l'avait choyé. Mais il n'était pas celui qui l'avait rendu important, qui lui offrait respect et admiration. Pas celui qui le faisait vivre. Le blond ne voulait pas lui faire de mal mais, pour lui, la priorité se trouvait du côté de la Puissance. Il ne pouvait pas se résoudre à briser la seule personne qui lui ait jamais accordé tant d'importance, la seule personne qui l'aimait pour ce qu'il était, sans lui répéter sans cesse que sa vie ne valait rien, sans se plier docilement aux dires du Roi Sixième.
Il ne pouvait pas faire de mal au Roi Oriens, sans quoi, toute la nouvelle vie qu'il s'était découverte ici périrait à son tour, tous les sentiments, les rires, les sourires disparaitraient. Il redeviendrait ce Conseiller médiocre dont la vie ne coûtait qu'une misère. Ce pauvre larbin de la Sixième qui ne possédait pas de sang royal, qui n'était rien. Il ferait du mal à la personne qu'il aimait le plus au monde et se détruirait lui-même, réduisant en cendres tout ce que le noiraud avait construit pour lui, tout ce qu'il lui avait offert, tout ce qu'il lui avait appris sur lui-même. Il ne pouvait pas abandonner son père, mais il ne pouvait pas blesser son magnolia sous peine de s'abandonner lui-même au passage.
En brisant Adaryn, Azriel ne ferait pas que heurter celui qui avait volé son cœur : il se tuerait également, et cette constatation fut celle qui l'emporta sur sa raison.
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faudra qu'on m'explique pourquoi ma mise en page et mes mots de fin disparaissent un chapitre sur deux- je crois que la publication programmée de wattpad aime pas les petits mots de fin ptdrr brEf-
à dimanche prochain ! <3
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