Chapitre 11
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— Majesté ?
Azriel sursauta, tiré subitement de ses pensées par la voix calme de son homologue. Depuis une bonne dizaine de minutes, le Roi Oriens et lui ne parlaient plus, admirant simplement les étoiles, assis sagement sur la balancelle installée sous le kiosque. Une partie du petit toit de ce dernier avait été aménagée, percée par d'immenses ouvertures en verre. Le ciel leur était donc visible, et ce pour leur plus grand plaisir.
— Hein ?
Le noiraud pouffa, amusé par la réaction du plus jeune. Il tendit ses bras au-dessus de sa tête, s'étira, puis se leva. Il s'approcha des colonnes de marbre qui permettaient au petit bâtiment de tenir debout et attrapa doucement un ruban ; il en défit un nœud et de grands rideaux translucides se détachèrent. Le blond mit quelques secondes avant de comprendre qu'il s'agissait de moustiquaires. L'ainé les déplia sur tout le tour du kiosque, les enfermant ainsi à l'intérieur, puis il alluma une lampe à huile au-dessus de leur tête.
— Vous savez jouer aux échecs ?
— J'en connais les règles, mais savoir y jouer, c'est un bien grand mot...
Le Roi ouvrit un coffre sur le sol et en sortit un échiquier qui scintilla sous la lumière, attirant vivement l'œil. Il attrapa ensuite une boite en argent et un tintement léger se fit entendre alors que les objets qu'elle contenait s'entrechoquaient. Il déposa le tout sur la table qui trônait au centre du bâtiment, puis fit s'échouer son derrière sur une des chaises qui lui faisait face. Là, il retira sa veste qui semblait l'encombrer puis remonta doucement ses manches. Il entreprit alors de sortir toutes les jolies pièces du rectangle gris et de les aligner soigneusement sur le damier.
Azriel l'observa faire, en transe. L'action semblait anodine pour quiconque ne vivait pas dans l'univers du faux Prince, cependant, pour lui, il y eut quelque chose d'hypnotisant dans cette scène. Il ne sut dire pourquoi l'aura du Roi le captivait, pourquoi sa gestuelle assurée et maitrisée l'impressionnait. Il semblait sûr de lui en toute circonstance et pour la moindre petite action, comme si son esprit calculateur n'avait pas besoin d'autant de temps que les autres pour réfléchir et agir. Adaryn Oriens était un être subjuguant, et Azriel se trouva bien idiot à lui porter un si grand intérêt : il était supposé le briser et lui voler ses richesses, non pas l'admirer et le respecter.
— Je vais vous apprendre.
Le blond hocha la tête et se leva de la balancelle. Il vint s'assoir face au monarque, tirant sur sa propre veste pour se tenir plus au chaud. Il observa ensuite les différentes pièces que le noiraud avait placées, détaillant les pions, les tours, les cavaliers, les fous, les deux dames et les deux rois. L'armée du fils Caelum était couleur d'or, pareille à la lumière du jour ; à l'inverse, celle d'Oriens fut d'un bleu aussi sombre que la nuit. Le damier sur lequel elles évoluaient mêlait des couleurs ambrées, noires et blanches, le tout encadré par de l'or et de jolies gravures représentant le soleil et la lune. L'échiquier à lui seul était une œuvre d'art, et les parties qui s'y jouaient, les artistes de ce tableau.
En admirant la scène, l'esprit du blond ne put se contenir dans l'instant présent bien longtemps, et fit un parallèle avec leur situation. Ils jouaient comme une partie d'échecs grandeur nature, en réalité : Azriel tentait de mettre le Roi Puissance en échec, sans que ce dernier ne sache que le Roi Sensibilité l'avait déjà pris pour cible. Ne restait plus qu'à savoir qui des deux mettrait l'autre en échec et mat. En songeant, il ne réalisa pas qu'Adaryn l'observait, un fin sourire aux lèvres. Il ne le coupa pas dans ses pensées, se contentant d'attendre qu'il revienne sur terre de lui-même, sans l'y forcer. Quand le plus jeune s'en rendit compte, il s'empourpra et le Roi pouffa, amusé par sa réaction. Il ne le laissa pas mourir de honte plus longtemps, et annonça :
— Commencez.
— On peut dire que c'est une partie d'essai ?
— Vous réussissez quelque chose ou vous échouez, ce ne sont pas des « coups d'essais ». Tout dépend plutôt de ce que vous décidez de faire face à un échec : recommencer et persévérer, ou baisser les bras et abandonner. Allez-y, commencez, vous verrez.
Le faux Prince resta cois quelques secondes, puis attrapa un pion doré au hasard et le fit avancer de deux cases, devant son fou – en f4. Le monarque sembla voir des milliers de choses dans ce tout petit geste. Ses yeux glissèrent sur le damier à une vitesse époustouflante, renversante. Il sembla visualiser les déplacements possibles de toutes ses pièces, et même celles du blond. Sans doute voyait-il déjà sa victoire dans l'ouverture du jeu ; Azriel n'y connaissait rien, aussi, il se fit la remarque qu'il aurait peut-être dû réfléchir davantage avant de jouer son coup. Sans lui laisser le temps de songer davantage, le noiraud déplaça le pion qui se trouvait devant son roi bleu, le faisant glisser de deux cases vers l'avant, en diagonale de celui que le cadet venait d'avancer, e5.
Azriel le fixa, comprenant qu'il était en mesure de le lui prendre aisément, toutefois, le regard brûlant de son ainé le perturba. Y avait-il un piège ? Pourquoi lui offrir une pièce si facilement ? Non, à tous les coups, il ne fallait pas la lui subtiliser, il lui fallait éviter ce piège qui l'invitait à sauter bêtement sur la première occasion. Sans doute que s'il prenait son pion, alors il se ferait avoir. Le blond voulut être plus malin, à la place, il piocha un pion à l'opposé du damier et l'avança vers l'avant lentement, méfiant. Le souverain Oriens, lui, attrapa sa dame et la posa cinq cases en diagonale, dans l'axe direct du roi d'or, en h4.
— Échec et mat.
— Quoi ? En quatre coups ?
— Mh. On appelle ça le mat du lion. Tous les débutants se font généralement avoir par cet enchainement. Essayez de comprendre votre erreur, vous allez voir.
Azriel fixa la dame bleue, dans l'axe de son roi doré. Roi bloqué par sa propre dame à sa gauche, son fou à sa droite et les pions devant lui. Coincé par sa propre armée, le souverain du jour venait de chuter. Il s'était fait avoir en si peu de temps, rattrapé par la nuit comme une journée d'hiver...
— Je vois. J'ai bougé bêtement le seul pion qu'il ne fallait pas bouger, et j'ai ouvert grand l'accès à votre dame... Je crois que je ne suis vraiment pas fait pour les échecs. Vous parliez de recommencer ou d'abandonner, je crois que la deuxième option est la plus sage, pour moi.
— Pourquoi ça ?
— Je... ne suis clairement pas assez intelligent.
— Ce n'est pas une question d'intelligence. Même le plus idiot des idiots pourrait jouer aux échecs. Tout ce qu'il faut c'est de la patience et de la mémoire. Peut-être un grain de folie, aussi.
— Mais il faut savoir analyser et prévoir tous les coups, non ? Il faut être...
— Oui, et non. Jouer aux échecs, c'est se retrouver presque sans cesse dans des situations connues. C'est apprendre par cœur certaines dispositions de jeu pour savoir comment réagir. Il y a de ce que vous dites lorsque l'on se retrouve face à l'inconnu, effectivement. Mais la plupart du temps ce n'est qu'une question d'anticipation.
— Vous vous souveniez de ce que nous venons de jouer ? Il faut vraiment que j'apprenne par cœur le nom de certains mouvements comme votre... mat du lion ?
— Ce n'est pas obligatoire, mais c'est utile. J'ai déjà joué cette partie contre un ami, contre Alden d'ailleurs. J'ai été surpris de voir que vous ne preniez pas mon pion, en général c'est ce que la plupart des débutants font. Vous pouvez déjà noter un bon point : vous avez tenté de vous placer sur l'échiquier par l'autre côté.
— Mais ça n'a pas suffi...
— Vous commencez tout juste, Azriel. Avant d'exceller dans quelque chose, il faut savoir échouer et être mauvais. Ce sont les erreurs qui nous apprennent à être meilleurs.
Azriel fit la moue, fixant d'un œil morne les pièces sur l'échiquier. Il accorda le point au Roi sans hésiter, parfaitement conscient que les erreurs étaient inévitables. À dire vrai, le blond n'était pas effrayé à l'idée d'échouer ou de se tromper. Il avait grandi sous les yeux bienveillant d'un père capable de lui laisser son temps, d'accepter que son fils ne soit pas excellent partout du premier coup. Toutefois, Azriel avait aussi forgé sa personne aux côtés d'un Roi exécrable et d'un Prince prodigieux. Le mot « échec » avait été collé sur son front depuis toujours, et tout ce qu'il entreprenait ne suffisait jamais à satisfaire ses ainés. Le Prince factice ne fut donc pas rebuté par l'idée de se tromper et de perdre une nouvelle partie, il craignit plutôt de ne jamais progresser, et de rester à jamais un incapable dans le domaine.
— Et si... et si les erreurs ne nous aident pas à progresser, malgré tout ?
— Alors libre à vous d'arrêter ou non. Mais il n'est pas nécessaire d'exceller dans quelque chose pour le pratiquer. Vous pouvez être un piètre joueur mais y prendre du plaisir tout de même. Vous pouvez être un terrible peintre mais vous amuser grandement avec la peinture.
— Vous croyez ?
— J'en suis persuadé. Comparez ça à la marche. Petit, on apprend tous à mettre un pied devant l'autre pour marcher. En grandissant, certains enfants tombent plus que d'autres, et certains adultes continuent de chuter ou de se cogner. Est-ce que cela fait d'eux des « mauvais marcheurs » ? Absolument pas. Est-ce que cela les empêche d'aimer marcher ? Non plus.
Étonné par la comparaison, le Prince factice se laissa sourire. Il regagna un peu d'aplomb et se redressa sur sa chaise, scrutant le plateau de jeu devant lui. Calmement, il décida d'analyser plus en détail son erreur, cherchant des solutions, réfléchissant plus en profondeur à ce qu'il aurait été plus judicieux de faire. Le Roi Oriens le fixa en souriant discrètement, visiblement satisfait. Il fut même ravi de l'entendre poser une nouvelle question sur la partie qui venait de s'achever ; il lui répondit du tac-au-tac, passionné par le sujet.
— Est-ce qu'Alden a déplacé le même pion que moi, sur la gauche ?
— Non, il a décidé de manger mon pion par sécurité. J'ai trouvé ça étonnant que vous partiez à l'autre bout du damier, et pourtant assez intelligent. L'objectif principal des échecs est de maitriser le centre afin d'assoir une certaine suprématie des pions.
— Oh. Et ça, vous l'aviez déjà joué avec quelqu'un ?
— Plus ou moins. Si je ne dis pas de bêtise, Mendel a tendance à jouer comme ça aussi. Sitôt qu'un de ses flancs est menacé, il déploie le deuxième afin de contre-attaquer. Si vous n'aviez pas eu de brèche dans votre défense, j'aurais sans doute pris plus de temps pour tenter de comprendre votre raisonnement.
— Alors il suffit de toujours suivre le passé pour agir ? Contrôler chaque geste parce qu'on les a déjà effectués ? J'aime bien contrôler tout ce que je connais déjà, c'est beaucoup plus rassurant d'avancer dans ce que je maitrise déjà, mais jen'ai clairement pas assez de mémoire. C'est facile de tout contrôler, mais apprendre par cœur les milliers de dispositions possibles...
Le souverain se laissa rire face à la grimace du plus jeune, replaçant les pièces sur le damier. Il invita ensuite le blond à recommencer une partie. Cette fois, Azriel ne se trompa pas : il bougea son premier pion loin de son Roi et prit celui que le noiraud avança vers lui.
— Vous voyez, vous avez déjà appris de vos erreurs. Vous savez comment agir face à ce que vous avez déjà vu.
— Mais je me trouve face à l'inconnu, maintenant.
— C'est là que se trouve tout le plaisir dans ce jeu, Azriel.
Le plus jeune sentit un frisson parcourir son échine. La voix d'Adaryn avait chuté dans les graves, la passion dans ses mots s'était embrasée et, avec elle, les flammes ardentes dans ses yeux. Il était pareil à un joueur de cartes trop absorbé par ses paris, par le gain. Ici, il ne visait pas l'argent, il ciblait le danger de l'inconnu, semblable à un fou assoiffé de renouveau, usé par la routine. Renversant.
— C'est plus dangereux...
— N'est-ce pas le plus amusant ?
— Je... ne sais pas. J'ai peur de l'inconnu, à vrai dire.
— Pourquoi ça ?
— D'abord parce que je crois que la nouveauté m'effraie, j'ai horreur de me retrouver subitement face à des choses inconnues. Ensuite, parce que c'est quelque chose que je ne peux pas contrôler. Que, justement, je ne connais pas. Quelque chose auquel je n'ai pas encore de solution, pas de moyen de repli. Si cet inconnu est nocif, je ne sais pas comment fuir ou me préserver, puisque je n'y ai jamais fait face. J'ai peur de ce que je ne peux pas maitriser.
— Tout vous a été inconnu un jour, non ?
— Vrai...
— Échec.
— Quoi ? Comment ? Ah... effectivement.
La partie se poursuivit en silence et le faux Prince se perdit dans ses pensées à de nombreuses reprises. Cependant, jamais le Roi ne le força à revenir dans le moment présent, il ne brisa pas le fil de ses songes, de ses réflexions. Il se contenta de l'observer sans un mot. Ses yeux noirs ne quittèrent pas la couleur ambrée des siens, alors que son fin sourire malicieux ne se décrochait pas de ses lèvres.
— Échec et mat.
— Vous êtes bien trop doué pour moi, votre Altesse.
— Peut-être êtes-vous simplement trop effrayé par l'inconnu. Votre esprit s'astreint et se limite à cette définition pour vous convaincre que vous ne parviendrez pas à surmonter ce que vous ne connaissez pas.
Azriel resta silencieux et seuls leurs regards parlèrent. Le blond observa ces yeux si particuliers qu'il trouvait fascinants, ce brasier silencieux qui n'attendait qu'un rien pour se répandre au-delà du Roi, pour brûler tout sur son passage. Il ne connaissait pas ces flammes, même s'il les voyait sans cesse, il ne savait pas ce qu'elles cachaient, ce qu'elles signifiaient. Sans doute étaient-elles le meilleur exemple pour prouver la théorie : personne ne pouvait les comprendre ou les maitriser. Pour cette raison, tout le monde se pliait lorsqu'elles apparaissaient. Tout le monde baissait la tête et obéissait au monarque parce que cette lueur bien trop puissante effrayait. Parce que cette étincelle étrange et encore jamais vue ailleurs était bien trop singulière pour ne pas faire peur. Parce que l'inconnu ne plaisait à personne.
— Pourquoi m'avez-vous donné l'accès au kiosque si vite ?
— Vous imaginez peut-être que c'est lié à ce que je viens de vous dire, mh ?
— J'y ai songé, mais vous connaissant... enfin je ne vous connais pas, justement, et c'est ce qui me pousse à croire que c'est une tout autre raison.
— L'aube.
— L'aube ?
Des milliers d'étoiles envahirent alors les prunelles du plus jeune, émerveillé par la simple prononciation de ce moment de la journée qu'il aimait tant. Il n'avait encore jamais eu l'occasion de voir le soleil se lever, pourtant, l'imaginer le comblait de joie.
— Vous finirez par trouver vous-même, Majesté.
— Vous aimez les énigmes, je me trompe ?
— J'aime la manière dont vous les résolvez.
Azriel s'empourpra, chamboulé par cette réponse à brûle-pourpoint. La répartie du Roi ne lui laissait pas le loisir de formuler une quelconque réponse, pas plus qu'il n'avait le temps de répéter ses phrases deux fois mentalement. À dire vrai, il n'en avait pas vraiment besoin. Les mots du noiraud se faisaient rares, il ne menait jamais de discours trop long et superficiel. Il allait à l'essentiel, permettant ainsi au blond de ne presque jamais décrocher de ce qu'il disait. Surtout, il semblait accorder une importance assez singulière aux contacts visuel : leurs yeux ne se croisaient jamais pour ne rien dire, pour remplir quelques injonctions ou bien un quota de regards. Azriel se sentait assez libre de ne pas le regarder parlant, ou bien, au contraire, de le fixer peut-être un peu trop longtemps – il ne savait pas très bien doser ce genre de conventions sociales. Le Roi Oriens était un nuage d'inconnu à lui seul, aussi effrayant qu'intriguant.
— L'aube...
Tout en murmurant, le Prince factice leva la tête vers le ciel, observant la lune. Il laissa ses songes divaguer un moment, tentant de trouver un sens aux dires du Roi. Quel lien avait-il avec l'aube ? Pourquoi le mener au kiosque pour cette raison ? Et puis, à quoi ressemblait réellement le lever du soleil ? De quelle couleur se teintait le ciel ? Que ressentait-on face à ce spectacle ? Le verrait-il un jour ? Et puis, le Roi l'avait-il déjà observé ?
— Vous avez déjà vu le lever du soleil ?
— Je l'admire tous les matins.
— Vraiment ? Oh...
— Pas vous ?
— Je... je dors beaucoup trop... Mais j'aimerais tellement !
Le monarque pouffa, replaçant doucement les pièces sur l'échiquier. Il posa ensuite son coude sur la table et appuya sa joue sur sa paume, penchant ainsi sa tête et ne lâchant pas le plus jeune du regard. Ce dernier détaillait toujours le ciel, à mi-chemin entre la réalité et le brouillard de son esprit. Le Roi l'observait en silence, retrouvant son petit rictus malicieux. Lorsqu'Azriel se tourna pour croiser son regard, ils se dévisagèrent à nouveau de longues secondes en silence, avant que le plus jeune ne se sente bien trop déstabilisé. Il décida de fuir le contact visuel et fixa plutôt ses doigts, triturant un fil qui dépassait de sa grosse veste. Il frissonna lorsqu'un un courant d'air lui chatouilla la nuque, et dans ce murmure du vent, la voix d'Adaryn glissa avec douceur jusqu'à ses oreilles.
— Vous m'intriguez, Azriel.
— Et... et vous donc, votre Altesse.
— Adaryn. Inutile de vous encombrer avec les superficialités.
Le blond resta cois, surpris. Il ne releva néanmoins pas. Il nota simplement dans un petit coin de sa tête que le Roi, qu'Adaryn, détonnait de tous les codes : les politesses grandiloquentes ne lui plaisaient guère, et le maximum de ses capacités semblait être le vouvoiement. Il ne suivait pas les règles et les aprioris, il ignorait les idées reçues pour se créer les siennes, pour suivre ses lois, ses idées et ses envies. Il était lui-même, tout simplement.
— Vous êtes tellement... tellement...
Azriel ne parvint pas à trouver de mot pour le décrire, si bien qu'il tenta de se rappeler si dans le langage des fleurs, l'une d'elles pouvait lui correspondre. Il songea à de nombreuses possibilités avant de s'arrêter sur l'œillet et le magnolia. Le premier représentait la liberté, l'audace et l'ardeur. Toutefois, selon sa couleur, il pouvait aussi être associé au malheur, ou à l'amour réciproque. Le blond écarta donc cette possibilité et se pencha sur la seconde. Le magnolia était une fleur noble, puissante et forte, à l'instar d'Adaryn. Tout en montrant longévité et grâce, elle exprimait un grand amour pour la nature, et il lui sembla même que les magnolias jaunes étaient associés au soleil. Les violets renvoyaient quant à eux l'idée de royauté, aussi, il ne sut quelle couleur choisir.
— Comme une fleur de magnolia. Mais quelle couleur, je n'arrive pas à choisir.
— Vous hésitez entre le violet et le jaune, je me trompe ?
— Exact, je ne sais ce qui vous représente mieux entre la royauté ou le soleil. Mais puisque vous avez l'air de vouer une passion débordante à l'aube, je dirais les jaunes... Quoique le violet vous va tout de même mieux, vous avez une manière de régner trop unique pour qu'elle ne soit pas soulignée.
Adaryn acquiesça, satisfait, s'appuyant contre le dossier de sa chaise. Son éternel rictus ne l'avait pas lâché, et le faux Prince ne sut dire ce qu'il pensait ou ressentait à ce moment présent. Il n'eut pas réellement le temps de se questionner, en réalité, puisque le Roi le coupa dans ses réflexions en murmurant quelques mots pour lui-même.
— La fleur de magnolia... j'aime. J'aime beaucoup, même.
Il se pencha vers l'avant, posant ses deux coudes sur la table et appuyant son menton sur ses paumes. Son regard s'embrasa à nouveau et ses lippes se tordirent en un petit sourire malicieux. Il laissa ensuite le vent emporter une nouvelle phrase, quelques mots qui firent vriller le pauvre cœur d'Azriel.
— Mais pas autant que le bleuet.
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j'avais jamais pensé à détailler l'échiquier alors que c'est genre la pièce maîtresse de toute leur histoire ptdrrr bref ! j'ai trop hâte d'arriver aux moments les plus croustillants :)
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