Chapitre 08
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Azriel était livré à lui-même pour la deuxième fois de la journée. Frewen le suivait toujours en silence et ne parlait pas. Il semblait pareil à une ombre, toujours aux côtés du faux Prince sans un bruit. En un certain sens, le blond appréciait que le brun n'envahisse pas son petit monde et ses pensées déjà bien chargées avec des conversations dont il ne saurait pas tenir le fil. Cependant, il s'ennuyait ferme et n'aurait pas refusé une petite distraction...
Lyan devait en ce moment même être passionné par le discours de Mendel, le Conseiller du Roi, tandis qu'Alden avait eu un imprévu de dernière minute. Il s'était excusé sans préciser la raison de son absence puis avait disparu, laissant Azriel se tourner les pouces sur son petit banc, dans les jardins. Si l'idée d'aller se promener en ville l'effleura, lorsque ses yeux d'ambre se posèrent sur la forêt, il changea soudainement d'avis et se leva d'un bond, le sourire aux lèvres. Il demanda :
— Frewen, tu veux bien qu'on aille chercher le kiosque, s'il te plait ?
— Si vous voulez. Mais je refuse de quitter le sentier ou le grillage de vue, que l'on soit bien clairs sur ce point, d'accord ?
Le Prince factice ne répondit pas et fila vers le grand portail qui délimitait cet espace où la nature était Reine. Il bifurqua directement à droite, ne suivant pas le chemin une seule seconde, talonné par son garde qui ne moucha pas, bien qu'il fût contrarié. Ils suivirent tout de même le grillage qui délimitait la propriété, s'assurant de ne pas se perdre ainsi.
— Vous voyez quelque chose, Majesté ?
— Non... Il faudrait qu'on s'enfonce un peu plus dans le bois...
— Hors de question, nous nous perdrions. Nous ne connaissons pas la forêt et personne ne nous a vus entrer ici. Si nous nous égarons, personne ne nous trouvera.
— Lyan se douterait tout de suite que nous sommes venus ici, ne t'en fais pas. Et puis, le Roi Oriens connait sûrement la forêt comme sa poche, il aurait vite fait de nous retrouver.
— Il n'empêche que c'est non, Majesté.
— Mais, Frewen...
Frewen secoua la tête, catégorique, et Azriel ronchonna dans son coin. Ils poursuivirent donc leur chemin à tâtons, en silence et très lentement. S'écoulèrent ainsi un quart d'heure, des mètres de grillages et des quantités astronomiques verdure. Le Prince factice se demanda s'ils allaient atteindre les délimitations de la forêt ou si le kiosque allait apparaitre un jour. Il n'était même pas certain que le bâtiment se trouve de ce côté-ci, après tout. Le Roi avait très bien pu faire en sorte d'apparaitre sur la droite pour les duper. Cette idée était d'ailleurs fortement probable : s'il ne souhaitait pas partager la position du kiosque, il n'aurait eu aucune raison d'en montrer le chemin. Pourtant le blond ne baissa pas les bras, convaincu qu'il ne voyait pas tout dans la logique du souverain.
— Majesté, je pense que le kiosque ne se trouve pas ici, nous devrions revenir en arrière et essayer l'autre côté. Nous allons nous enfoncer trop loin dans les bois.
— Non, attends, marchons encore un peu, s'il te plait.
Frewen obtempéra, comprenant que le blond ne céderait pas tout de suite, et Azriel replongea dans ses réflexions. Un Roi si malin qu'Adaryn Oriens ne pouvait pas ne pas avoir fait attention à sa position lorsqu'il avait parlé. Il y avait donc deux solutions : ou bien avait-il parfaitement conscience d'avoir indiqué la direction du kiosque, ou bien avait-il fait en sorte de tromper le blond. Restait à savoir laquelle des deux options était la bonne...
— Majesté, faites attention, il y a des orties devant nous. Nous ne pouvons pas aller plus loin, vous ne disposez pas de chaussures adéquates.
Azriel baissa les yeux sur le sol, stoppant ses pas là où la nature ne voulait plus le laisser passer. Il fixa ces plantes piquantes qui s'étendaient sur une trop grande zone, puis s'abima dans la contemplation de fleurs, un peu plus loin. Il releva même soudainement la tête pour fixer les arbres à côté de lui, sans voir la moindre trace du kiosque, puis reporta son regard sur Frewen, résigné. Cette fois, il ne pouvait plus trouver d'excuses.
— Bon... Je suppose qu'on ne trouvera rien ici...
Le garde hocha la tête et attendit que son jeune protégé ne se remette en marche vers la sortie. Ce dernier jeta un dernier regard vers la forêt, pliant ses genoux et plissant les yeux pour tenter de voir au loin. Il ne vit aucun bâtiment mais son attention fut happée, comme aspirée par une couleur peu commune : du bleu, en pleine nature. Sans réfléchir ni même y songer, il fit un pas vers ce qui l'intriguait, seulement Frewen attrapa son bras avant qu'il ne puisse lui échapper. Il gronda légèrement.
— Non, Majesté. Si nous ne suivons pas les barrières et les chemins, nous allons nous perdre.
— Mais il y a des fleurs bleues...
— Il y a des fleurs partout, Majesté. Ne vous laissez pas avoir par la beauté des choses, vous vous perdriez bêtement.
— Mais...
— Ça suffit, maintenant, Majesté. Nous sommes déjà bien trop loin du portail d'entrée. Je ne vous laisserai pas vous enfoncer plus loin encore dans la forêt. C'est hors de question.
Azriel plia, ravalant ses envies et baissant la tête docilement. Sans prévenir, pourtant, une fleur bleue entra dans son champ de vision, là, juste sous son nez. Il loucha dessus quelques secondes et fixa les doigts délicats qui la tenaient. Il déplaça lentement ses yeux sur cette main douce puis ce bras enveloppé de noir, avant de remonter jusqu'à un visage où la malice semblait régner. Adaryn Oriens. À croire que son passe-temps favori était d'apparaitre de manière aléatoire et soudaine, avant de disparaitre de la même manière.
— Est-ce donc cette simple fleur que tu refuses au Prince, Frewen ?
— Non, loin de là. Je refuse simplement qu'il puisse se perdre, votre...
— Ne fais pas l'idiot. Il n'y a que quelques mètres jusqu'à ces fleurs.
— Votre Altesse, si je...
— Laisse. Rentre donc au château, je vais me charger de Sa Majesté.
Azriel écarquilla les yeux, comprenant soudainement la situation. Il loucha à nouveau sur la jolie plante que le Roi tendait toujours vers lui, puis alterna entre son garde et le noiraud, fixant leur échange silencieux. Frewen tentait de rester campé sur ses positions, refusant de laisser le blond s'aventurer dans la forêt. Toutefois, il semblait ignorer qu'il s'était livré à une bataille perdue d'avance : face aux yeux du souverain, personne ne pouvait gagner. Le plus jeune des deux allait se brûler.
— Je dois assurer la protection de Sa Majesté.
— Va donc voir ça avec Hywell, tu m'en diras des nouvelles.
— Votre Altesse, je ne peux pas désobéir à mon souverain.
— Ici, c'est moi le Roi, ça tombe bien.
— Mais, je...
— Retourne au château.
Le Roi n'avait pas haussé la voix. Il n'avait pas fait usage d'un ton acerbe. Il n'avait rien changé dans sa manière d'agir. Rien excepté ses yeux : ils s'étaient enflammés lentement, se languissant presque du pouvoir qu'ils exerçaient, de la force dont ils disposaient. Le brun hésita donc quelques secondes, les lèvres pincées. Il ne pouvait pas laisser Azriel sous peine de désobéir au Roi de la Sixième. Or, s'il ne retournait pas au château, il n'obéirait pas au Roi de la Première... Sa décision fut donc rapidement prise, aussi, il rebroussa chemin, tête baissée, la gorge nouée. Azriel observa alors de nouveau la plante bleue avant que le monarque ne reprenne la parole bien plus délicatement.
— Des bleuets. Ce sont des bleuets qui vous intriguent tant.
Le noiraud se détourna alors, marchant avec aisance et agilité au milieu de toute la végétation. Il semblait flotter, le pas à peine altéré par les aspérités du sol, par les plantes grimpantes ou les racines. Azriel se sentit bien gauche et idiot lorsqu'il s'accrocha et s'empêtra dans tout ce qui se trouvait au sol en le suivant. Néanmoins, il oublia bien vite ses problèmes lorsqu'ils se stoppèrent au niveau des bleuets qu'il fixa avec émerveillement. Une telle couleur n'était pas commune dans la nature, aussi, il ne put retenir un petit sourire satisfait lorsqu'il s'agenouilla pour saisir une fleur entre ses doigts fins. Il ne la cueillit pas, ne souhaitant pas l'arracher à sa maison, à sa vie. Il se contenta de l'observer attentivement, détaillant chacun de ses pétales et appréciant grandement ce bleu qui renvoyait à l'eau, à la mer, à l'océan.
— Que faisiez-vous si éloignés du sentier ?
Le blond sentit ses joues s'empourprer face à la question. Il se redressa timidement, faisant onduler ses jolis cheveux blonds au même rythme. Il ne savait pas si le Roi allait être heureux d'apprendre qu'ils étaient partis à la recherche d'un lieu qui semblait important pour lui. Un lieu qu'il tenait secret, de plus.
— Vous promettez de ne pas vous fâcher ?
— Pourquoi le ferais-je ?
— Disons que... Monsieur Cor nous a parlé du kiosque, et je me disais que, pour occuper mon après-midi, je pourrais m'y rendre pour observer un peu la forêt depuis cet endroit que vous avez l'air d'affectionner.
— Oh, dans ce cas, je suis fâché.
Azriel pinça les lèvres, n'osant pas le regarder, s'attendant à se faire réprimander lourdement. Il entendit déjà les plaintes de son ainé, sentit d'avance la punition tomber : au château d'Olearia, sans doute que le souverain Orbis lui aurait infligé une bonne semaine de corvées ménagères pour le punir. Ou bien peut-être aurait-il opté pour les coups de règle sur le bout des doigts. Le Roi Oriens donc vint se placer devant un Azriel fébrile et, dans la seconde qui suivit, le bleuet qu'il tenait toujours en main vint chatouiller le nez du plus jeune, le forçant à planter son regard curieux dans celui du monarque.
— Je suis fâché parce que la journée, ce n'est clairement pas le meilleur moment pour y aller. La nuit c'est bien mieux. J'aurais cru que le grand curieux que vous êtes songerait au moins à cela. Vous me décevez presque, Azriel.
— Oh... À vrai dire j'y ai songé ! Mais Hywell nous a défendu de venir ici la nuit...
— Pourquoi écouter Hywell ?
— Parce que... vous avez dit vous-même que la forêt n'est pas sûre la nuit...
— C'est exact, je vous ai dit ne pas venir seul. Mais vous ai-je défendu d'y venir pour autant ?
Azriel secoua la tête, les lèvres pincées, gêné au possible. Il n'osait pas croiser le regard de son ainé, embarrassé. Le noiraud s'amusait toujours avec sa fleur comme il jouait avec ses mots, faisant loucher le plus jeune sur les pétales bleus à de nombreuses reprises. Il souriait malicieusement, comme à son habitude. Il eut l'air tout de même plus calme et moins explosif qu'à l'accoutumée, ce qui étonna le Prince factice.
— Vous savez ce que signifient réellement les bleuets ?
— Ils représentent la timidité, non ?
— Pas seulement. Les fleurs ont parfois plusieurs sens. Il dépend de la situation. Si vous l'offrez, elle n'aura pas toujours le même message que si vous la voyez ou si vous la portez.
Le noiraud rapprocha la plante en question de son propre visage, la fixant avant de poursuivre un discours qui intrigua grandement le plus jeune, suspendu à ses lèvres, absorbé par cette conversation singulière.
— Le bleuet en lui-même représente une grande tendresse, une sensibilité emprunte de timidité et de délicatesse. Vous l'avez bien dit.
— Et s'il est offert ?
— À vous de le découvrir, Majesté.
Le souverain lui décocha un rictus narquois tout en coinçant la jolie fleur sur sa propre oreille, entre ses mèches couleur charbon. Le bleu contrasta avec le noir de ses vêtements, ainsi que le rouge de sa couronne, cependant Azriel n'eut pas le loisir d'admirer ce jeu de couleurs : le Roi était déjà passé derrière lui, filant vers une direction inconnue. Il connaissait l'endroit comme sa poche.
Le blond tenta de le suivre tant bien que mal, marchant maladroitement derrière lui, les bras étendus de part et d'autre de son corps pour conserver un semblant d'équilibre. Ils quittèrent les bleuets pour avancer un long moment au milieu d'herbe haute et de fleurs sauvages. Finalement, de jolies fleurs violettes pointèrent le bout de leurs pétales, en hauteur. Elles tombaient en cascade comme des plumes, et Azriel ne put retenir son « oh » d'émerveillement, arrachant un petit rire au monarque.
— Glycines. Celles-ci ont une double signification. Elle dépend des croyances de la personne qui les offre et de la Dynastie.
— Quelles sont-elles ?
— Vous le découvrirez vous-même, j'en suis convaincu. Sachez tout de même que je préfère de loin l'option la plus pacifiste. L'idée la plus répandue ne me plait pas vraiment, elle est bien trop brutale pour la délicatesse de ces fleurs.
Azriel releva à nouveau la tête, laissant le doux parfum des glycines envahir ses narines. Il ne put réprimer son sourire, simplement heureux d'être ici. Dans la Sixième Dynastie, il n'y avait ni fleur ni douceur. Il n'y avait que désolation et douleur.
— J'ai l'impression que tout ce que vous voyez vous émerveille bien plus que de raison, Azriel. Je me trompe ?
— Oh, je... On me le dit souvent. Désolé...
— Ne vous excusez pas, ce n'était pas un reproche, au contraire. Vous représentez bien votre Dynastie, le sang de la Sensibilité coule humblement dans vos veines.
Le plus jeune lui offrit un sourire faux, priant pour que son cœur cesse de battre si vite. Il y arrivait, le moment était venu de commencer à mentir pour de bon. Il devait tisser lentement sa toile, piéger le Roi Puissance à l'intérieur puis l'étouffer jusqu'à ce que l'Ordre vienne le punir pour une chose dont il n'était pas responsable. Jusqu'à ce que l'Ordre vienne ramasser les morceaux de son cœur, brisé par un Prince en carton. Azriel sentit un vertige le saisir, effrayé par toutes ces pensées qui s'abattirent sur lui. Ses jambes se mirent à trembler, aussi, il ferma les yeux, levant simplement son visage vers les fleurs et le soleil qui apparaissait discrètement au travers des feuilles. Il laissa ses doux rayons réchauffer sa peau, inspirant lentement, tentant de reprendre le contrôle sur son esprit. Il y arrivait, le moment était venu de se battre à nouveau contre tout ce qui se s'entrechoquait dans sa tête.
Si sa sensibilité accrue était un cadeau, parfois, elle était aussi un fardeau. Un poids sur ses épaules qui l'écrasait, l'empêchant parfois de respirer, d'agir, de penser. Lorsque son esprit prenait le dessus sur lui, il n'était plus lui-même un moment, il ne contrôlait plus rien, ses émotions le submergeaient au sens propre. Pour éviter ce genre de situation, il devait se contraindre à respirer ou à s'éloigner de la source de ses craintes. En l'occurrence, il ne pouvait malheureusement pas fuir Adaryn Oriens. Il opta donc pour la première option et, alors qu'il pensait défaillir, une main douce se posa comme par automatisme sur son épaule, le ramenant fermement à la réalité, lui offrant un point d'ancrage. Il rouvrit les yeux pour fixer un noiraud lui-même étonné de son geste. Pour le dissimuler, il souffla tout bas, précipitamment :
— Tout va bien ?
— Oui, je... je songeais juste à ma Dynastie et tout ce qui m'arrive. Pardonnez-moi, je divague vite et je... prends tout un peu trop à cœur, sans doute.
— Ne vous excusez pas d'être vous-même, Azriel. Prenez le temps qu'il vous faut. La situation est délicate, je peux comprendre, même si je suis loin d'être dans votre tête. Et c'est une bonne chose parce que j'ai déjà beaucoup à gérer avec la mienne...
Azriel ne chercha même pas à réprimer son sourire, amusé par la manière de parler de ce Roi étrange, par sa manière de le rassurer. Finalement, ils s'écartèrent l'un de l'autre quand le blond se sentit enfin revenu à sa place dans son esprit. Ses pensées se calmèrent, ne devinrent plus qu'un murmure. Les deux jeunes hommes rejoignirent donc le chemin principal pour quitter la forêt, silencieux, légèrement gênés.
Aucun des deux ne parla du geste esquissé par le monarque, préférant en faire abstraction, ignorant le fait qu'Azriel avait toujours l'impression de sentir sa paume sur son épaule. Une sensation brûlante, une trace ardente et pourtant presque agréable là, sur son épiderme, sous sa chemise. Étrange. Inexplicable, même. Il ne chercha pas plus loin cependant puisque, de retour dans le jardin, ils eurent la surprise d'apercevoir Hywell et Frewen. Ils arrivaient en trombe, sortant du palais, visiblement énervés. Avant que les deux gardes n'atteignent leur niveau, Adaryn souffla malicieusement :
— Après le diner, retrouvez-moi près de la fontaine. Je vous conduirai au kiosque.
— Vraiment ? Monsieur Cor a pourtant dit que vous n'aimiez pas montrer sa posi...
— Le kiosque est entouré de bleuets. Un de plus ou un de moins, quelle différence ?
Azriel ne comprit pas sa phrase tout de suite. Il n'eut pas le loisir d'y réfléchir, en réalité, puisque Hywell et Frewen les réprimandèrent. Ils rentrèrent alors au château et le blond retrouva Lyan dans la bibliothèque. Le Roi disparut comme il savait si bien le faire et, partout dans le palais, on entendit son garde bougonner. Une fois assis dans un fauteuil, Azriel put revenir sur la conversation qu'il avait eue avec le souverain. Lyan lui parla, mais son cadet n'écouta pas une seule seconde, ne prenant même pas la peine d'entendre ne serait-ce qu'un traitre mot. Un de plus ou un de moins... Un de plus ou un de moins ? Azriel allait être le « plus », au kiosque. Alors, le noiraud avait-il insinué bien plus clairement ce qu'il avait déjà tenté de dire ce matin ?
— Azriel ? Azriel, ça fait cinq fois que je vous appelle... Vous m'écoutez ?
— Lyan ?
— Oui ?
— J'crois que j'suis un bleuet.
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J'ai hâte de vous montrer la scène du kiosque :))
il faut vraiment que j'me trouve du temps pour reposter plus régulièrement ! avec les partiels et les fêtes de fin d'année j'ai déserté wow- :')
à dimanche ! <33
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