Chapitre 05


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    — Encore raté...

  Azriel se laissa retomber contre son matelas, ronchonnant comme toujours contre le soleil. Ce dernier avait encore refusé de l'attendre, et le blond n'avait pas pu se réveiller à temps ; comme tous les matins depuis qu'il avait l'âge de faire la course, en somme.

    — De quoi parlez-vous, Majesté ?

  Alden, qui s'était chargé d'ouvrir les lourds rideaux après avoir tiré le plus jeune du sommeil, lui jeta un regard curieux. Azriel vira au rouge pivoine, gêné à l'idée de lui partager ses aventures contre le soleil. Il hésita un long moment avant de bredouiller une vague excuse.

    — Non, rien... Je parlais de... j'ai raté le... Bref.

    — Si vous le dites. Je vous laisse vous préparer, le petit-déjeuner sera servi d'ici une petite heure. À plus tard, votre Majesté.

  Le Prince factice hocha la tête et se glissa à nouveau sous la couverture sitôt qu'Alden eut refermé la porte de sa chambre. S'il disposait d'une heure, il pouvait bien se rendormir un peu. Il n'avait besoin que d'un petit quart d'heure pour s'apprêter, inutile de gâcher les quarante-cinq autres minutes en restant éveillé. Seul Lyan passait des heures et des heures à se préparer.

    — Azriel, je peux entrer ?

    — Mh...

  Lyan, justement, entra furtivement et referma la porte derrière lui. Il se jeta sur le lit de son meilleur ami, interrompant sa sieste et le faisant bougonner à nouveau. Les grognements du plus jeune le firent rire, si bien qu'il s'amusa à l'écraser davantage dans une étreinte, avant de lui laisser un peu de répit en lui expliquant avec enthousiasme le programme de la journée.

    — Alden propose une visite de la ville aujourd'hui ! Il dit que l'on restera discrets pour que personne ne puisse soupçonner que nous ne sommes pas d'ici. Personne ne devrait nous remarquer, il m'a dit qu'Imperium abrite des gens de tous les horizons ! C'est bien, non ?

    — Mh, ouais, ouais...

    — Puis, il fait vraiment beau dehors ! Alden a dit que le paysage d'automne est magnifique, c'est le préféré du Roi. J'ai hâte de voir ça ! Tout a l'air bien plus vivant ici. C'est génial !

    — Mh, génial...

    — Puis il a dit que le Roi Premier allait débarquer pour te tirer les oreilles.

    — Mh-mh...

    — Azriel ! Tu m'écoutes, oui ?

  Lyan tira la couverture et secoua son ami comme un pommier, leur offrant un fou rire incontrôlable tant la tête du cadet fut secouée. Ils se retrouvèrent donc bientôt enroulés dans les bras l'un de l'autre, en travers sur le lit, fixant le plafond comme deux idiots.

    — Lyan, je me demande vraiment comment on va faire.

    — Ne songe pas à tout ceci tout de suite. Pour le moment, prenons nos marques ici, et tâtons le terrain. D'accord ?

    — Mais imagine si j'arrive pas à... Enfin... Le Roi semble vraiment... impressionnant, quoi... Et moi j'suis juste un... un caillou.

    — Un caillou ?

    — Seule comparaison que j'avais. Il va me marcher dessus ou me donner un coup de pied...

  Le rouquin soupira en souriant, amusé par les comparaisons toujours plus abstraites de son ami. En se redressant, il ébouriffa ses cheveux blond et l'invita à se relever à son tour. Il afficha un joli sourire éclatant puis déclara vivement, joyeusement :

    — Ne pensons pas à ça tout de suite ! Sors du lit, la marmotte, et file t'habiller.

    — Mais mon lit m'aime trop, j'peux pas le laisser, il va être triste.

    — Je vais te tirer par les pieds et t'en sortir moi-même si tu ne bouges pas.

    — T'oserais pas...

  Et pourtant, quelques secondes plus tard, le blond percuta le sol subitement, les pieds en l'air et les chevilles emprisonnées entre les mains de Lyan. Ce dernier pouffa puis l'aida à se relever, l'écoutant marmonner choisissant ses vêtements. Une fois qu'il fut habillé, le rouquin coiffa sa tignasse blonde, y insérant des perles, tressant soigneusement quelques mèches, et relevant une partie en une coquette demi-queue de cheval. Ils prirent quelques autres minutes pour teinter ses joues et son nez de rose, rirent trop fort lorsqu'il éternua, puis paniquèrent en voyant l'heure. Ils quittèrent la chambre précipitamment et rencontrèrent Alden en chemin, qui les mena jusqu'à la salle à manger.

  Ils reprirent leurs places à table, constatant que Frewen était déjà présent, et le blond fit tout son possible pour garder les yeux rivés sur son assiette, voulant à tout prix éviter le regard du souverain Oriens. Toutefois, au bout de quelques secondes, il nota que toutes les personnes de la veille n'étaient pas présentes autour de lui. Sûrement s'étaient-elles levées plus tôt. Même le Roi n'était pas là. Il n'y avait que le blond à la voix forte, Hywell et Alden.

    — Azriel ?

    — Hein ?

  Le jeune Caelum pesta intérieurement, comprenant qu'il avait lâché son assiette des yeux pour fixer la place vide du monarque de la Première Dynastie. Il se concentra sur Alden, répétant mentalement chacune de ses phrases pour y rester accroché.

    — Puisque nous n'avons pas pu aller dans les jardins hier, voudriez-vous y aller ce soir ?

    — Oh, oui, bien sûr. Je suis vraiment désolé, j'étais distrait et fatigué, hier.

    — Ce n'est rien, Majesté, vous aviez fait une longue route.

    — Est-ce vraiment si loin, là d'où vous venez ?

  Azriel resta interdit une seconde devant le fameux blond qui venait de leur adresser la parole avec entrain. Ses cheveux étaient aussi blonds que ceux d'Elina, sans doute dorés par le soleil de l'Humilité. Ils étaient légèrement bouclés, bien que coupés court. Son visage se montrait accueillant, doux et chaleureux. Sa peau était bien plus tannée que celle, pâle comme la neige, des habitants de la Puissance. Ses fins yeux marrons donnaient de lui une image sérieuse, et aimable. Il affichait un sourire joyeux, courtois et poli, attendant une réponse sagement.

    — Ah... Oui, enfin... non. C'est assez proche. Une journée en carrosse.

    — Je vois, une longue route quand même. Au fait, je suis malpoli, je vous parle sans même me présenter. Mendel Frater pour vous servir, messieurs. Je suis le Conseiller du Roi, même si actuellement, je ne sers pas à grand-chose puisqu'il a encore disparu.

    — C'est pas faute de lui avoir dit de m'attendre !

  Assis juste en face du Conseiller Puissance, Hywell ronchonnait contre le monarque, mâchant sa nourriture avec véhémence. Son humeur fit rire Azriel, qui décrocha légèrement de la conversation lorsque le garde lui envoya un grand sourire, les yeux clos, à la fois benêt et amusant. Il avait l'air d'être un sacré numéro, aussi attachant que divertissant. Mendel pouffa en l'observant à son tour, puis ajouta :

    — N'ayez pas peur de venir me chercher en cas de souci, ou même s'il n'y en a pas. Je me ferai un plaisir d'apprendre à connaitre votre culture, messieurs. C'est à contre-cœur que je l'avoue, mais je n'ai que très peu de connaissances sur la Sixième Dynastie.

  Azriel le fixa un instant et hocha la tête doucement, trop timide pour venir le voir, cependant rassuré de savoir qu'il avait affaire à quelqu'un de serviable et ouvert. Il allait répondre par politesse mais Lyan le devança, lui coupant l'herbe sous le pied.

    — Plaisir partagé. Ce serait un honneur si vous nous dévoiliez un peu des secrets de votre incroyable Royaume en retour.

    — Je m'y adonnerai volontiers lorsque j'aurais un peu de temps, monsieur Caelum.

  Ils se sourirent cordialement sans se lâcher du regard, et Azriel eut l'impression d'être de trop entre eux. Il se racla la gorge en se ratatinant sur lui-même, gêné. Lyan était un être bien trop sociable et charmant, il savait devenir le centre de l'attention en moins de quelques secondes, et condamnait souvent Azriel à se retrouver dans des situations embarrassantes comme celle-ci. Le blond ne dut son salut qu'à Alden, qui vint à sa rescousse en le voyant mal à l'aise, toussotant pour faire passer la gêne, changeant de sujet.

    — Il est encore parti ?

    — Encore, oui. Un jour il se fera tuer, cet inconscient !

    — Détends-toi, Hywell. Tu connais le Roi, il sait se défendre.

    — Mais à quoi je sers dans ce cas ?

    — Disons... à le divertir ? Il s'amuse bien à te filer sous le nez.

    — Génial, merci Mendel...

  Le Conseiller du Roi laissa un rire franc lui échapper en se levant de table. Il remercia le jeune homme qui vint débarrasser son assiette, puis se tourna vers le garde rapproché de son souverain. Il s'enquit alors :

    — Tu l'as vu partir dans une quelconque direction ?

    — Il est passé par les jardins. J'ai supposé qu'il allait encore s'enfoncer dans les bois, mais il a disparu avant que je ne le vois quitter l'enceinte du palais.

    — Ah... imprévisible celui-là. Je lui en toucherai deux mots. En attendant, tâche de te rendre utile ailleurs. Bonne journée, messieurs.

  Mendel s'inclina poliment puis quitta la pièce. Lyan l'observa partir, alors qu'Azriel s'était déjà perdu dans ses songes, observant le paysage comme s'il n'avait rien entendu de la conversation. En réalité, son cerveau tournait à plein régime. Le souverain Oriens était imprévisible, arrogant et malin. Il échappait à la surveillance de son garde, et même son Conseiller ne savait pas où le trouver. Il était bien trop futé pour tomber dans le panneau, le faux Prince ne parviendrait jamais à voler son cœur.

    — Vous êtes prêts ?

  Azriel reprit contact avec la réalité et quitta la table. Au moment où ils passaient les portes de la salle à manger, il posa sa main au niveau de son torse, dans le but de triturer la lanière de sa sacoche machinalement. Cependant, il ne rencontra que le vide et se mit à paniquer.

    — Oh non... J'ai laissé ma sacoche dans ma chambre... On a dû se presser avec Lyan, je l'ai complètement oubliée. Je vais la chercher, désolé. Attendez-moi ici, j'en ai pour cinq minutes.

  Frewen voulut l'accompagner de peur qu'il ne se perde, mais renonça en le voyant déjà trottiner dans les escaliers, sûr de sa direction. Il patienta donc avec le rouge et le rouquin, discutant jovialement et surveillant plutôt le vrai Prince. Le blond, lui, grimpa tous les escaliers quatre à quatre pour finalement courir jusqu'à sa chambre. Il emprunta le mauvais couloir, tourna à gauche beaucoup trop tôt, mais parvint miraculeusement à atterrir dans l'aile des quartiers royaux. Il récupéra donc l'objet le plus précieux à ses yeux, vérifiant bien que la petite peluche se trouvait à l'intérieur, puis entreprit de faire le chemin inverse.

  Seulement, il tourna à droite trop tard, emprunta un autre corridor et déboucha dans un couloir étroit. Seule une porte lui faisait face et, perdu, il ne sut s'il devait l'ouvrir ou rebrousser chemin. Curieux, déboussolé mais surtout pressé, il céda, se demandant s'il pouvait rejoindre le hall d'entrée en passant par-là. Sa main s'actionna finalement sur la poignée et il entra dans une grande pièce lumineuse. Le plafond était plus haut que dans les autres salles, les fenêtres encore plus grandes. D'ici, il put voir l'immense lac, la rivière, ainsi que la ville. Il resta scotché devant le paysage étincelant, si bien qu'il ne se rendit pas compte qu'on l'observait.

    — Azriel ?

    — Oh. Je... je suis... Je me suis perdu... Je... Désolé.

  Le blond fixa le noiraud qui lui faisait face, se demandant un instant si une force invisible n'était pas contre lui. Pourquoi avait-il ouvert cette porte en particulier ? Surtout, pourquoi fallait-il qu'Adaryn Oriens se trouve derrière ? Le destin était-il acharné au point de les faire se rencontrer partout, à toute heure et par magie ? L'univers semblait lui en vouloir de s'être engagé dans cette mission, et avait l'air déterminé à le lui faire payer...

    — Je vois ça.

  Le monarque ricana et le coin de sa bouche s'étira en un sourire malicieux. Il était assis devant un immense piano à queue, les mains posées sur les touches. Sa posture nonchalante fit frissonner le plus jeune qui voulut s'enfuir en courant.

    — Reculez, tournez à droite quand vous verrez une jonquille, puis descendez tous les escaliers que vous verrez. Vous n'aurez qu'à suivre le couloir pour rejoindre l'entrée du palais.

    — Merci, votre Altesse...

    — Mh. Silence, vous ne m'avez jamais vu ici. C'est clair ?

  Azriel hocha la tête avant de quitter la pièce comme il y était entré, refermant la porte avec précaution. Il resta figé quelques secondes, légèrement retourné par cette interaction aussi brève que renversante, puis se secoua. Il partit en courant presque, ignorant que devant le joli piano blanc, le Roi Puissance souriait toujours.

    — Une jonquille...

  Le blond observa tout : les tableaux, les tapisseries, le plafond. Aucun détail ne lui échappa, aussi, il trouva vite ce qu'il recherchait. La petite fleur avait été peinte sur un vase, lui-même dessiné sur un immense tableau, accroché au mur qui faisait face à une intersection. Il tourna donc à droite et descendit tous les escaliers qu'il rencontra. Une fois dans le couloir, il fronça les sourcils, se demandant pourquoi le Roi ne lui avait pas simplement indiqué de tourner à droite au premier croisement. Il aurait été bien plus simple pour lui de repérer des escaliers que de chercher une minuscule fleur dans un décor si immense.

    — Vous vous êtes égaré, Majesté ?

    — Ah... oui... Mais j'ai réussi à revenir sur mes pas. Désolé d'avoir été si long.

  Hywell lui adressa un sourire compatissant, riant même du fait qu'il lui arrivait encore de se perdre lui-même dans ce dédale de couloirs et de passages secrets. Frewen, de son côté, s'inclina poliment, bien embêté par le fait que le faux Prince se soit égaré. Navré, surtout anxieux à l'idée d'avoir raté quelque chose, il s'excusa comme s'il avait commis le plus grand crime de l'humanité, sincèrement frustré par son erreur.

    — J'aurais dû vous accompagner, Majesté. Pardonnez cette étourderie, je suis sincèrement désolé d'avoir manqué à mes responsabilités et...

    — Ça va, Frewen, détendez-vous. Regardez, le Prince et Lyan vont bien. D'ailleurs, Majesté, vous n'avez pas croisé le Roi, à tout hasard ? Des fois qu'il se promène dans les couloirs...

   Azriel secoua la tête, n'hésitant même pas une seconde pour feinter face à Hywell, redoutant la réaction du Roi s'il le trahissait. Il se demanda d'ailleurs ce qui pouvait bien arriver aux gens qui contrariaient le monarque Oriens, mais préféra ne pas l'imaginer, bien trop effrayé par les rumeurs qu'il avait déjà entendues à ce sujet.

    — Non, je ne l'ai pas vu.

    — Je vais finir par le...

    — Par me ?

  Les cinq jeunes hommes sursautèrent et pivotèrent pour observer le Roi Oriens. Il était apparu dans le couloir opposé et ne s'était toujours pas départi de son petit rictus. Il marchait lentement, les mains dans les poches. Son menton était légèrement relevé vers l'avant, et sa couronne trônait fièrement sur le haut de son crâne. Ses vêtement noirs et raffinés le rendaient plus impressionnant encore. Plus insolent aussi. Azriel songea un instant amèrement qu'il allait devoir faire semblant d'aimer un Roi horripilant et caractériel.

    — Alors ? Fini donc ta phrase.

    — Rien du tout, votre Altesse. Désolé.

  Le bouclé baissa la tête, les yeux rivés sur le sol. Il n'en menait pas large face au noiraud qui avançait vers lui avec lenteur, sans se presser le moins du monde. Il semblait tordre douloureusement la patience de son garde, titiller ses nerfs. Il jouait et en tirait un malin plaisir. Lyan le trouva terrifiant, tant qu'il attrapa la main d'Azriel comme pour l'en éloigner.

    — Fini ta phrase.

    — Votre Alt...

    — Fini.

  Il n'avait pas haussé d'un ton, il n'avait même pas tenté de l'effrayer. Sa voix était restée monotone, atone, calme. Leurs regards s'étaient simplement croisés. Azriel, Lyan et Frewen restèrent cois, prenant pour eux cette remontrance alors même qu'ils n'avaient rien fait.

    — Je vais... J'allais dire que j'allais vous... tirer par les oreilles pour que vous cessiez de m'échapper sans arrêt.

  Le Roi ricana, s'arrêtant enfin à la hauteur de son garde. Adaryn Oriens était bien plus petit que le soldat, pourtant, il fut le plus effrayant. Il lui fit face sans broncher, les yeux brûlants. Son sourire s'effaça progressivement, au contraire des flammes qui s'embrasèrent dans son regard. L'étincelle de malice dans son regard s'envola et il retrouva un brin de sérieux, visiblement sincèrement contrarié par les dires du soldat.

    — Hywell, il me semble que tu oublies un peu trop vite quelques règles simples, ici.

    — Pardonnez-moi, votre Altesse...

    — Rappelle-moi un peu, qui est-ce qui décide de ce que tu dois faire ?

    — Vous, Mendel, le Général Lucis ou bien moi-même lorsque je ne travaille plus...

    — Mh, exact. Et moi ?

  Hywell ne répondit rien d'abord, soutenant difficilement le contact visuel. Il avait beau faire une tête de plus que le Roi Oriens, il n'en menait pas large face à un homme aussi ardent. Il s'écoula donc une éternité avant qu'il ne parvienne à murmurer quelque chose qui sembla satisfaire grandement le noiraud à qui il s'adressait.

    — Vous, vous êtes libre comme un brasier.

  La bouche du souverain se tordit en un sourire narquois alors que son nez se plissait légèrement. Il était effroyable, semblable à un fou. Il venait de mettre le doigt sur la phrase qu'il recherchait, sur l'évidence même : ici, la loi n'était autre que lui. Et quiconque s'y opposait y laisserait des plumes. En songeant, Azriel voulut s'échapper, rentrer chez lui et fuir cet homme bien trop étrange, trop arrogant et intenable pour lui.

    — Exactement. Alors n'essaie pas de m'attraper, ou tu finiras par te brûler. C'est clair ?

    — Très clair, votre Altesse.

  Le monarque hocha lentement la tête, le visage à nouveau froid comme la glace, puis il fit un pas en arrière, prêt à quitter les lieux. Il se stoppa cependant dans ses gestes, détaillant les quatre autres et leur gestuelle, tournée vers les portes d'entrée. Il s'adressa ensuite à Alden d'un ton presque las, soudainement ennuyé ; son faciès ne trahissait plus rien. Azriel se surprit tout de même à lire ses émotions dans ses yeux et sa voix. Ici, elles étaient limpides, aussi claires que de l'eau de roche.

    — Vous sortez ?

    — Je vais leur faire visiter la ville, oui. Nous éviterons les attroupements pour que personne ne puisse les voir ou les remarquer.

    — Bien. Faites comme bon vous semble, vous êtes grands.

  Ses yeux noirs se posèrent sur Azriel quelques secondes. Il le détailla de la tête aux pieds avant de sourire à nouveau – toujours aussi étrangement. Il croisa son regard un instant puis disparut comme il était arrivé, laissant un lourd silence planer. Hywell fut le premier à le briser, défait, les épaules affaissées.

    — Il va tous nous rendre fou.

   — C'est Adaryn, on ne le changera pas.

    — Pauvre de nous, Alden, pauvre de nous...

  Ils se mirent tous en marche vers la sortie du château ; tous sauf Azriel. Il était figé, fixant la silhouette du Roi Oriens qui s'éloignait de plus en plus, à l'instar de son propre courage. Il voulait quitter cet endroit. Le souverain n'allait jamais tomber, pas plus que le blond ne pourrait entrer dans son cœur. Après tout, Azriel était un humain au même titre que Hywell : un humain incapable de s'approcher d'un incendie sans se brûler.

Alors comment entrer au cœur du brasier sans s'y tuer ?

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ptdrr pardon pour le retard, je révisais j'ai absolument pas fait attention à l'heure- à dimanche pour le prochain chapitre, prenez soin de vous en attendant, et courage si vous avez des exams / partiels ! <3

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