━『𝓢𝓸𝓾𝓿𝓲𝓮𝓷𝓼-𝓽𝓸𝓲...』

𝐈𝐧𝐭𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐞𓈒
Souviens-toi - Euphonik.

“ ─ Fallait que je te raconte une histoire.
Ça fait longtemps, nan ?
J'sais pas, ça me revient en ce moment.
Ça fait chier, putain...

Je te revois seul dans la cour,
Si seulement c'était cliché
Tu cherchais un peu d'amour
Mais t'avais nulle part où nicher

Tu avais le visage rond
Et l'espoir amaigri,
Ton silence en disait long.
Alors je l'ai écrit.

Les mecs comme toi n'ont pas la côte,
Tu l'as compris d'emblée
Et à vrai dire quand tu tremblais,
T'avais juste besoin d'un pote.

On partageait la même classe
Mais c'était chacun son banc.
Moi j'ai choisi mon camp,
En te laissant dans l'impasse.

Ils étaient huit autour de toi,
À te cogner à terre,
Je m'en souviens car j'étais là,
Comme si c'était hier.

Pris dans un piège à loup,
Hélas, tu n'as pas pu faire face
J'ai été lâche, oui je l'avoue,
Car je voulais pas être à ta place.

Est-ce que les coups sont mérités ?
J'ai du mal à y croire.
Même si j'écris ton histoire,
C'est la nôtre en vérité.

Pour toi les jours se réitèrent,
Ils sont gris et sans nuances.
Ton cœur est mort hier
Et demain tout recommence.

Les p'tits malins t'harcèlent
Et ce jusqu'à ce que tu craques,
Tu traînes souvent tard, seul,
Pour éviter qu'on t'attrape

Tu sais très bien qu'ils t'attendront.
En résumé ;
Tu n'as jamais fumé
Mais tu connais le goût du goudron.

Je te voyais rentrer le soir,
En traînant ton fardeau
Tu croisais ton désespoir
Dans le reflet d'une flaque d'eau

Le sentiment d'être invisible,
D'être risible aux yeux du monde,
Les douleurs les moins visibles
Sont souvent les plus profondes.

Même si ta mère persévère,
Pour toi grandir sans père c'est dur,
Au fond ça sert, c'est sûr
Mais pas pour trouver ses repères.

Tes yeux sont des trous noirs,
Personne ne te calcule
Comme un fantôme dans les couloirs,
Tu es de ceux qu'on bouscule.

Dans tes nuits sans lueurs,
Tu penses à ta propre mort.
Tu étouffes le bruit des pleurs
Dans un coussin que tu serres fort.

Tu parles aux monstres sous ton lit,
T'as l'impression d'en être un.
Tu es cette bougie qu'on oublie,
Qui se consume et qui s'éteint.

Dans ton jardin secret,
Tu cultivais un amour
T'aurais dû tirer un trait
Mais tu la dessinais en cours.

Tu vois très bien le genre,
C'était la pire des magnolias
Tu t'es senti à moitié mort
Quand tu l'as vue rire de toi.

Tu rêves de romance
Mais c'est jamais comme dans les films.
Demain tout recommence
Et t'auras l'Enfer en prime.

Encore un jour sans fin
Où des ombres te courent après
Je t'ai vu subir le pire
Et pourtant je n'ai rien fait.

Tu cherches à prendre la fuite,
Trouver le réconfort,
La violence est gratuite
Toi, tu en paies le prix fort.

Pour toi les jours se réitèrent,
Ils sont gris et sans nuances.
Ton cœur est mort hier
Et demain tout recommence.

Quand j'ai fermé les yeux,
Au moins dix ans ont passés
Le temps n'a rien effacé,
Même si j'ai fait de mon mieux.

Un jour je t'ai croisé
Et tu m'as dit, d'un air triste ;
《Si je devais tous vous tuer
Tu serais le premier de ma liste.》”

TW : Torture, violence.

Le pire lors des années dans le camp, ce n'était jamais les sentences qui nous étaient infligées, ni le froid mordant des hivers rudes nous forçant, ma sœur et moi, à nous pelotonner l'un contre l'autre, ni même les tintements des chaînes et les odeurs putrides de cette charnière à ciel ouvert.

Non, le pire, ce n'était ni le bruit, ni la cruauté à laquelle on nous soumettait.

– A-Arrêtez... ! Arrêtez... ! Ça fait... Ça me fait mal... ! V... V... Vous m-me faîtes mal... !

Le pire, c'était les silences, aussi bruyants que nous laissait présager nos esprits.

Chaque nuit, chaque jour, se réveiller avec la boule au ventre, progresser avec l'estomac noué, se coucher avec la nausée et un poids dans l'estomac en se demandant lequel de nous ce serait ce soir et à quel sort on aurait droit.

– Ne lui faîtes pas de mal... ! Je vous en supplie, ne lui faîtes rien... !

Entendre leurs pas, leur souffle satisfait, les claquements des serpents qu'ils traînent derrière eux, leurs rires.

Sentir que vous n'êtes rien.
Rien qui ne vaille la peine d'exister, qui ne vaille la peine de vivre.
Dont la vie vaut moins qu'une vermine et dont l'existence est moindre que des numéros.

On ne nous fait même pas le privilège de nous attribuer des numéros.

Tu viens avec nous ! Dépêche-toi !

Rester assis, dans le froid, dans la faim.
Devoir se battre pour avoir un peu de leurs restes, être obligés de s'entretuer.

Et marcher.

Encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et-...

Le corps tombe en lambeaux.

Il n'a fallu que quelques secondes pour qu'ils ne viennent à bout de la première. Elle était trop frêle, trop fragile, trop osseuse et trop cabossée.

Jamais elle n'aurait survécue.

Les morceaux de sa peau se détachent lentement et nous laissent apercevoir que le rosé de ses muscles.

Et elle tombe, face contre terre, les yeux exorbités, la langue arrachée et amputée de trois de ses membres.

Ils l'ont massacrée.
Lapidée.
Torturée quatre jours et trois nuits.
Attrapée et utilisée comme un défouloir de reproduction, d'assouvissement.

Encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et-...

Elle qui n'a jamais supporté les silences lors des nuits où elle était choisie, s'y retrouve plongée pour toujours.

Je regarde ses mains, baignées de larves et d'insectes lui grignotant les tendons. Elles sont secouées par d'autres, salies, enchaînées et des cris de lamentation.

Ce sera son tour, après.
Elle aussi, sera torturée et usée jusqu'à ce qu'elle ne soit plus rien d'autre que de la chair arrachée à mains nues et des tendons effilés.

Les monstres la saisissent, alors qu'elle se débat en hurlant.

Yuki lâche la charge qu'elle tenait entre les mains et me passe devant.

– Kashvi... ! Kashvi... !

Je l'attrape, nos chaînes s'entremêlent et je manque de vaciller avec elle.
Elle se débat, appelle le prénom de la fille qu'ils s'apprêtent à embarquer. Elle pose ses mains sur mes poignets meurtris, agite les pieds et cogne dans mon genou sanguinolent, qui me fait tourner la tête.

– 'Ki... ! je lui chuchote. 'Ki, s-s-stop... !

Je referme mes doigts autour de sa taille maigre, je touche presque ses ossements. Elle se plie et j'ai peur de lui faire mal.

Mais si je lâche, c'est elle qu'ils auront.

– O-On ne... ne p-p-peut... rien... f-f-faire... !

Je la tire en arrière tant bien que mal en mordant sur ma douleur. Le regard qu'ils nous portent me donne envie de vomir et, comme à un ancrage, je me raccroche à ma petite sœur, même si mes épaules me tirent.

La douleur.
La douleur.
La douleur.
La douleur.

C'est tout ce qu'il y a ici.
C'est tout ce que nous ressentons.

Yuki pleure.
Ses larmes chaudes glissent sur ses mains.

Kashvi est son amie.
Demain, dans quelques jours, dans d'autres silences pesants, elle ne sera rien de plus qu'un cadavre étendu aux côtés de celui, pourri, de son amoureuse.

C'est interdit, ça.
Elles le savaient.
Elles l'ont quand même fait.
Elles savaient que c'était mal.
Elles savaient ce qu'elles auraient.

Et.
Elle.
L'a.
Quand.
Même.
Fait.

Et voilà le résultat.

Ma petite sœur a mal.
Elle a mal, elle pleure.
Elle a mal, elle pleure.
Elle a mal, elle pleure.
Elle a mal, elle pleure.
Elle a mal, elle pleure.
Elle a mal, elle pleure.

Elle.
L'a.
Quand.
Même.
Fait.

Kashvi disparaît.
Elle nous jette un coup d'œil mouillé. Celui de Yuki l'est tout autant. Le mien n'est que travers.

Son erreur va lui coûter une amitié.
Leur amitié.
Notre amitié.
Des larmes.
Et sa vie.

Je la déteste.
Je la déteste.
Je la déteste.
Je la déteste.
Je la déteste.
Je la déteste.

Ce qui est pire, dans le camp, ce ne sont pas les punitions qu'on nous inflige.
Ce ne sont pas les cris nous obligeant à nous recroqueviller l'un contre l'autre et se boucher les oreilles.

Le pire, ce sont les silences qui les précédent.
Des silences qui hurlent dans nos ventres et nos têtes, nous riant des tortures qu'ils nous donneront.

Ce soir, ils prennent Yuki.

Son erreur va la conduire à une punition.

J'essaie de la retenir en silence.
Mais l'un de ces monstres m'écrase la main et tire sur mes chaînes.

Je sais ce qui leur arrive, aux petites filles qui n'obéissent pas.
Je sais ce qu'ils leur font. 'Ki y est déjà passée.

Toi, la ramène pas sale animal que t'es, sinon toi aussi, tu vas y passer.

Il agite son serpent sous mon nez et se délecte de la peur qu'il aperçoit lorsque mes doigts tremblent.
Il le claque et me balance contre le mur ensanglanté, encore frais de ce matin, au milieu des cadavres laissés là.
En riant, il s'éloigne, soulevant ma sœur par un bras.

Et la nuit se déroule.

Mais plus dans le silence.

❛𝐃𝐀𝐑𝐊 𝐏𝐀𝐑𝐀𝐃𝐈𝐒𝐄 ;
𝒀𝒐𝒖𝒓 𝒔𝒐𝒖𝒍 𝒊𝒔 𝒉𝒂𝒖𝒏𝒕𝒊𝒏𝒈 𝒎𝒆,
𝒀𝒐𝒖'𝒓𝒆 𝒕𝒆𝒍𝒍𝒊𝒏𝒈 𝒎𝒆 𝒕𝒉𝒂𝒕 𝒆𝒗𝒆𝒓𝒚𝒓𝒉𝒊𝒏𝒈 𝒊𝒔 𝒇𝒊𝒏𝒆
𝑩𝒖𝒕 𝑰 𝒘𝒊𝒔𝒉 𝑰 𝒘𝒂𝒔 𝒅𝒆𝒂𝒅.❞

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🐺

「k1koluv」.
「_-Euphorie-」.
「_d_e_a_r」.
「-Mrs_Blue-」.
「-_-LisaJ-_-」.

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