━『𝓟'𝓽𝓲𝓽 𝓰𝓪𝓻𝓼.』

𝐈𝐧𝐭𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐞𓈒
P'tit gars - Suzane.

– Comment tu vas leur dire ?
Ça fait des jours que tu ressasses ;
Un dimanche en famille, ton père sera assis à sa place.
Il te dira :

《Ça va mon fils ?
T'as pas l'air dans ton assiette.
Alors dis-nous, c'est qui cette fille qui te fait tant tourner la tête ?》

Entre l'entrée et le rôti,
Tu vomiras la grande nouvelle.
Tu répondras :

《Papa, cette fille, c'est Samuel.》
(Han !)

Mamie qui règne au fond de la table dira qu'elle n'a plus d'ouïe,
Que tous les plats ont refroidis.

Ton père devient tout blanc
T'avais prédit le scénario.
Encore plus blanc que la crème qui fond sur le gâteau.

Tu leur as coupé l'appétit,
Ils digèrent tous le gros ragot.
Imaginez, le fils prodige est un homo !

Ils te regardent tous comme inconnu,
Plantés là, dans le salon.

《Alors c'est toi qui fait la fille ou le garçon ?》

T'es gêné.
T'as capté,
Dans les yeux de ta mère,
Qu'elle se demande ce qu'elle a pu louper
Pour faire un fils pédé.

P'tit gars,
T'es caché dans le noir
Dans le placard, tu t'fais petit.
Eh.
P'tit gars,
Y a rien qui cloche chez toi,
T'es amoureux,
C'est pas un crime.

P'tit gars,
T'es caché dans le noir
Dans le placard, c'est trop petit.
Eh.
P'tit gars,
Y a rien qui cloche chez toi,
T'es amoureux,
C'est pas un crime.

J'veux pas d'un type comme toi,
J'veux pas d'une tapette sous mon toit.
Dégage ! Va te faire soigner,
Surtout ne reviens pas !

T'iras tourner
Dans les boîtes à pédales, dans des backrooms sales,
J'te passe les détails.
Là-bas, tu verras,
Le SIDA est plus à la mode que Madonna.

Tu finiras en string
À danser sur un char.
À gueuler avec une bande de folles
Que t'es fier d'avoir une tare !

Et moi j'ai trop honte,
Tu m'as sali,
Ne me dis pas que t'as pas choisi.
Des baffes en plus auraient servies
Mon fils est mort aujourd'hui.》

P'tit gars,
T'es caché dans le noir,
Dans le placard, tu t'fais petit.
Eh.
P'tit gars,
Y a rien qui cloche chez toi,
T'es amoureux,
C'est pas un crime.

P'tit gars,
T'es caché dans le noir,
Dans le placard, c'est trop petit.
Eh.
P'tit gars,
Y a rien qui cloche chez toi,
T'es amoureux,
C'est pas un crime.

P'tit gars,
Tu croiseras des gens dingues
Qui te traiteront de "petite baltringue",
Des anciens potes
Qui se demandent
Si tu les matais à l'époque.

Une foule en t-shirt rose et bleu
Qui te regardera comme un lépreux.

《Fais pas d'enfants.》
《C'est contagieux.》
《Pense à ce que dira Dieu.》

Tu t'feras passer à tabac.
Tabac, c'est sur le Boulevard
Gratuitement,
Par trois lascars.
T'es comme une clope sur le trottoir.

P'tit gars,
Reste droit
Sous le poids de la bêtise.

P'tit gars,
N'écoute pas
Ce que ces gens disent.

P'tit gars,
T'es caché dans le noir,
Dans le placard, tu t'fais petit.
Eh.
P'tit gars,
Y a rien qui cloche chez toi,
T'es amoureux,
C'est pas un crime.

P'tit gars,
T'es caché dans le noir,
Dans le placard, c'est trop petit.
Eh.
P'tit gars,
Y a rien qui cloche chez toi,
T'es amoureux,
C'est pas un crime.”

TW : Violence, homophobie, religion.

Mon père a ce regard que je n'aime pas.
Yeux rouges. Figure blême. Mâchoire tirée. Folie plaquée sur le visage.

J'ai seulement le temps de voir ce qu'il tient devant lui. La bile me remonte, je hocquette.

Mes lettres.
Mes lettres, éparpillées devant lui, comme preuve d'une accusation qu'on m'aurait lancée en pleine figure.

Je n'ai pas le temps de réagir : mon dos claque contre les briques rouges du mur et me paralyse. Un instant, mes jambes fléchissent mais les doigts de mon père s'enfoncent dans le creux de mes os, m'empêchant de tomber.

– Qui est au courant !? rugit-il à quelques centimètres de mon visage, le teint blanc. Qui sait ça !? Combien !?

Il me secoue.
Et ses ongles rougissent ma peau en s'y enfonçant, électrisant chaque partie de mes bras.

J'ai super chaud, d'un seul coup, alors que j'entends le tintement de sa Croix et de la mienne, qui s'entrechoquent quand il me secoue.
Mes yeux me piquent et tout se trouble comme ça, en une fois.

Un instant, je dévie les yeux vers ma mère, dont je devine le regard rouge.
Je papillonne des yeux, en espérant trouver les siens, peut-être un peu de réconfort.
Mais c'est idiot.
Maman est aussi croyante. Elle vit et respire pour Notre Seigneur, encore plus que mon père.

Je m'attends à ce qu'elle me hurle elle aussi dessus.
Mais tout ce que je vois, c'est le dégoût dans ses yeux. Le dégoût, le mépris, la honte, trois émotions qui m'empoisonnent la gorge.
Et elle reste silencieuse. Je crois que n'avoir aucune réaction de sa part est pire que tout.

Mes yeux s'embrument. Ils ne tardent pas à déborder sur mes joues alors que je regarde de nouveau papa, qui appuie sur mon épaule.

Les pics appuient sur ma peau et je geins dans un sanglot que j'essaie d'étouffer, qui meurt avec ma plainte.

Réponds-moi ! Qui est au courant !? Hein !? Qui !?

Il appuie plus fort et mon épaule ne supportera pas plus.

– Arrête... A-Arrête p-p-papa s-s'il-te-plaît... Tu me fais ma-... mal... ! Tu me fais mal... !

Je pleure, encore mais ça ne fait que l'énerver davantage.
Les yeux exorbités. La rage les habite.
Il me secoue plus fort, seulement par le poignet et je l'entends presque craqueller sous sa poigne de géant, ferme.

Sa voix me vrille les tympans et reste longtemps ancrée en moi, faisant tout trembler autour.

– Qu'est-ce qui tourne pas rond chez toi, dis-moi ? Est-ce comme ça qu'on t'a élevé, ta mère et moi ? Tu cherches à nous défier, toi, insignifiante petite chose ?

Il hurle. Il est fou. Fou de rage.
Un instant, mon estomac se tord et je crains qu'il me tue. Qu'il m'arrache les mains, qu'il me claque, qu'il m'étrangle, qu'il...

Il me colle son poing dans le visage.
Ma tête tourne et je mets un temps avant de pouvoir voir à nouveau correctement.
Je crois que je pleure encore plus. Au point que respirer devient douloureux.

Et puis, je ne sais pas, il est motivé par la rage, je crois. Et il faut bien qu'elle explose à un moment donné.

Il me frappe.
Encore.
Et encore.
Et encore.
Et j'ai beau chercher à me protéger, il m'atteint à chaque fois.

Je me recroqueville contre le mur en espérant qu'il arrête.
Qu'il stoppe.
Mais plus je le supplie d'arrêter, plus il se déchaîne, plus j'ai mal, partout, à tous les endroits où il m'attrape, me tire, me secoue, me jette, me frappe.

Sans que maman ne fasse rien.
Sans que papa ne se calme.

– C'est ça que tu cherches, hein !? Être un péché ambulant !? Tu n'as pas été élevé comme ça mon garçon ! Absolument pas !

Ses mots ne sont qu'un brouillard indiscernable que mon cerveau n'assimile pas.
Je lui crie d'arrêter, je le supplie mais chaque fois, sa voix tonne au-dessus de la mienne.

Je sais que je suis en tort.
Alors peut-être que je le mérite bien ?

Finalement il s'arrête.
Je peine à respirer tant mes articulations me font mal, ma cage thoracique a l'air toute noueuse et contusionnée, mes côtes pareil et mes jambes... mes jambes et mes bras, sont certainement les endroits où j'ai le plus pris.

J'ai mal à la tête à force d'avoir pleuré.
Pourtant, ça ne veut pas s'arrêter de couler.

Je reste là, recroquevillé sur moi-même contre le mur, les mains sur le visage pour ne pas voir, pour ne pas donner cette réalité. Je veux me rendre aveugle pour ne pas voir leur déception.
Si je ne le vois pas, ça n'existe pas, hein ?

Mais je ne peux pas m'empêcher d'entendre.
Le souffle de papa est irrégulier. Je le devine se redresser pour reprendre contenance, aux côtés de sa femme aux airs plus stricts qu'il ne l'a jamais été.

Il fait froid, pour que je tremble comme ça ?

– Je suis ton père, tonne-t-il finalement en brisant ce calme. Et je compte bien le rester. Et te débarrasser de ce péché ambulant. De l'influence qu'Il a eu sur toi.

Il y a un instant de silence.
Je comprends de qui papa parle mais je ne comprends pas tout bien de ce qu'il veut dire. J'essaie de reprendre mon air en cherchant le sens derrière ces paroles. Je n'en trouve aucun.

Il m'attrape par le poignet et me force à me relever, sans aucune douceur.
Mes membres sont endoloris, si bien que ça tire partout quand il me met debout. J'étouffe un gémissement. Du sang coule à mes pieds, il coule aussi chaudement sur mon visage.

Il me force à avancer, me tire presque et je suis même pas sûr de toucher le sol tellement il me tire, encore et encore.

Je cherche maman avec mon regard brouillé mais elle n'est plus là. J'entends bien du bruit à la cuisine alors j'imagine qu'elle doit y être.

Papa me jette sur le sol. Mes genoux et mes coudes s'égratignent contre la surface froide du carrelage. J'atterris aux pieds de mon frère, vers lequel je relève les yeux.
Il est là, statue de pierre, à me regarder, de grands yeux écarquillés, effrayé, paralysé.
Mon sang ne fait qu'un tour. Est-ce qu'il a tout vu ?

Papa m'arrache mon t-shirt avant que j'ai pu dire quoi que ce soit, puis il me saisit l'épaule d'une main pour m'agenouiller et je suis pris d'une envie irrépressible de gerber, là, tout de suite, face à ce geste qui me fait voir des centaines de couleur de souvenirs.
J'essaie de me débattre mais il me secoue pour me rappeler à l'ordre, me maintenir tranquille. Et m'attache les poignets au crochet planté dans le mur.

Mon cœur bat à mille à l'heure, le sang afflue dans mes tempes pour raviver mon mal de crâne alors que, ténu, j'entends le bruit d'un fouillis. Je devine sans mal qu'il cherche quelque chose.

Je jette un coup d'œil à mon frère. Il me fixe toujours, effaré. Sans avoir bougé depuis le départ.
Je n'arrive pas à parler.

– C'est pour ton bien qu'on fait ça, j'entends mon père me dire derrière moi. Le Seigneur ne peut pas tolérer que l'un de Ses enfants soit comme ça. Je ne peux pas tolérer qu'Il t'ait fait ainsi non plus, tu comprends.

Il est plus calme.
Ça me fait peur.
Je tremble toujours.
Sans savoir ce qui m'attend.

J'ai tout gâché.
Je suis une honte.
Je ne mérite que ce qui m'arrive.

Silencieusement, je prie.

Pardonnez-moi Mon Père parce que j'ai péché.
Je me suis laissé aller à la Tentation de laquelle Vous nous tenez éloignés.
J'ai eu des pensées impures à l'égard d'autres camarades du même sexe que moi.

Mais ce n'est pas suffisant pour éteindre le feu de la honte qui brûle en moi.
Le feu de la rage qui brûle dans papa.

J'ai tout gâché.
J'ai honte.

– J'aurais préféré que tu restes dans ce caniveau plutôt que tu ne reviennes vivant avec une telle honte.

J'aurais aimé aussi, papa.
J'aurais aimé aussi.

❛𝐂𝐎𝐌𝐌𝐄 𝐈𝐋𝐒 𝐃𝐈𝐒𝐄𝐍𝐓 ;
𝑵𝒖𝒍 𝒏'𝒂 𝒍𝒆 𝒅𝒓𝒐𝒊𝒕, 𝒆𝒏 𝒗𝒆𝒓𝒊𝒕𝒆
𝑫𝒆 𝒎𝒆 𝒃𝒍𝒂𝒎𝒆𝒓, 𝒅𝒆 𝒎𝒆 𝒋𝒖𝒈𝒆𝒓
𝑬𝒕 𝒋𝒆 𝒑𝒓𝒆𝒄𝒊𝒔𝒆
𝑸𝒖𝒆 𝒄'𝒆𝒔𝒕 𝒃𝒊𝒆𝒏 𝒍𝒂 𝒏𝒂𝒕𝒖𝒓𝒆
𝑸𝒖𝒊 𝒆𝒔𝒕 𝒔𝒆𝒖𝒍𝒆 𝒓𝒆𝒔𝒑𝒐𝒏𝒔𝒂𝒃𝒍𝒆 𝒔𝒊
𝑱𝒆 𝒔𝒖𝒊𝒔 𝒖𝒏 𝒉𝒐𝒎𝒐
𝑪𝒐𝒎𝒎𝒆 𝒊𝒍𝒔 𝒅𝒊𝒔𝒆𝒏𝒕.❞

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k1koluv」.
_-Euphorie-」.
-e_a_r-」.
-Mrs_Blue-」.
-_-LisaJ-_-」.
_shirayuri_tsuki_」.

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