-C'est la dernière fois qu'on vous raconte nos souvenirs !

-J'espère bien, parce que ça devient de pire en pire, bougonnea Paula, accoudé à la table.

-Vous êtes prêt ? Parce que, je vous préviens, ça va être long.

-Oui Papa ! s'excita Jo.

-Non, Jo, toi, va te coucher ! gronda Katherine.

-Hein mais pourquoi j'ai pas le droit de savoir ?!

-Sûrement parce que les souvenirs qu'ils vont raconter son marqué d'un -18ans ! plaisanta Paula.

Katherine la fusilla du regard, mais ne contredit pas. Jo partit en claquant des pieds.

-On va te raconter la première fois où on a vraiment "fait la paix", expliqua Sirius.

-Tu veux dire, la première fois où on s'est à peu près entendu. C'était lors de nos vacances post-ASPIC, avant qu'on entre tout les sept dans l'Ordre du Phénix.

-Je crois que ça a été mon premier coup de foudre sur toi, réfléchit Sirius, mais bien sûr, je ne m'en étais pas rendu compte à l'époque.

-Il était bien trop occupé à séduire tout ce qui bougeait, marmonna Katherine.

-Bon, vous commencez, on s'ennuie ?

***

Juillet 1978

-Allez, en route bande d'abruti ! appela James.

-Ils nous a appelé comment là ? aboya Sirius d'un air ironique.

-Je crois qu'il doit fait référence aux prodigieux résultats d'ASPIC de certains, répondit Katherine en lançant un clin d'œil à Lily. Hein Sirius ?

-Oh non Katherine, ne recommence pas à le rabaisser sur son pauvre Effort Exceptionnel en Métamorphose.

-Remus, lui dit Katherine en voulant avoir l'air sérieuse, ce n'est aucunement ma faute s'il s'est raté.

-J't'en parle de ton A en Histoire de la Magie ? aboya Sirius.

-Qui se souci de cette matière ? répliqua la blonde au bras de Remus.

Les six amis avançaient sur le quais d'une gare, James, à la porte d'un wagon avec Lily, les pressait de monter. Etrangement, ils étaient devenus un groupe inséparable tout au long de l'année, James et Lily les « chefs » de bande, Sirius et Katherine les « caractériels », Remus et Mary les « sages » et Peter... Peter était absent car sa mère ne l'avait pas autorisé à partir en vacances avec eux. Ils partaient donc tous les six en vacances pour fêter leurs résultats phénoménaux d'ASPIC, à eux seuls ils avaient battu des records d'Optimal aux examens. A eux seuls, ils en avaient plus que la globalité de la promotion précédente - d'après les calculs de Remus. Le train devait les amener en France, là où James avait réussi à accaparer la maison secondaire d'une riche tante à qui il avait dû rendre visite pendant trois semaines pour qu'elle lui cède sa demande.

Cinq heures plus tard, les six voyageurs posèrent leurs sacs et leurs valises dans la luxueuse maison au bord de mer. Katherine poussa un sifflement d'admiration en admirant les lieux :

-Riche la tata.

-La sœur de ma mère a toujours eu le goût du luxe, répondit simplement James. Alors, ça te plaît Lily chérie ?

-Ne m'appelle pas Lily chérie, lui rétorqua la rousse avec un sourire amusé. Bien sûr que ça me plaît, tant que l'on est tous ensemble je serais satisfaite, ajouta-t-elle en les gratifiant tous d'un regard bienveillant.

-Arrête je vais pleurer, ironisa Katherine en émettant un reniflement absurde.

Naturellement, elle partit faire le tour de la maison avec Remus. Ils allaient y rester deux semaines, alors autant connaître les lieux. La maison abritait assez de chambre pour qu'il puisse être séparé plus ou moins. Evidemment, au moment des répartitions, James fit très attention de ne pas mettre Katherine et Sirius dans la même chambre, il devait faire attention de rendre la maison en entier dans deux semaines. James et Lily se prirent la plus grande chambre, Katherine et Mary prirent sa suivante composé de deux lits séparés, et finalement Remus et Sirius se retrouvèrent avec la pièce exigu qui ne contenait qu'un lit à deux places.

-Bande de malfrat, bougonna Sirius.

-Tu devrais te réjouir de dormir avec notre boule de poil préféré, il est doux comme un loup, plaisanta James.

-Très délicat Corny, soupira Remus en levant les yeux aux ciels. Vous avez de la chance que la pleine lune ne tombe qu'après nos vacances, sinon je vous aurais bouffer, tous les deux, murmura-t-il aux concernés.

Ces vacances s'annonçaient folkloriques.

*

-SIRIUS BLACK ! gronda une voix à l'étage.

James, Lily, Mary, Sirius et Remus déjeunaient tranquillement, à un petit dix heure du matin, lorsque la voix de la sixième amie du groupe tonitrua dans toute la maison. Tous se tournèrent vers Sirius qui souriait derrière son café.

-Qu'est-ce que tu lui as fait ?

-Moi ? Oh vous allez voir, sourit-il en remettant avec délicatesse ses cheveux noirs en arrière.

Remus quitta la table pour se diriger vers l'étage mais, à l'instant, une blonde en furie descendit les escaliers, plusieurs serviettes étroitement serré autour de son corps, cachant sa silhouette. Ses cheveux considérablement ébouriffé retombaient autour de son visage rougit. Elle se précipita tout droit sur Sirius, heureusement que Remus pensa à la retenir car elle lui aurait volontiers arraché les cheveux.

-QU'EST-CE QUE TU AS FAIS DE MES VÊTEMENTS !!! gronda-t-elle en donnant un coup dans le bras de Remus pour qu'il la lâche. ESPECE DE VAURIEN !

Sirius croisa les bras, un sourire en coin.

-Sirius, ce n'est pas drôle du tout, lui dit Lily.

-Ah oui Lily ? s'exclama Sirius avec un rire amer. Et crois-tu, très chère, que c'était drôle de m'insulter devant tout le monde avant-hier soir, de me ridiculiser devant les autres ? Et ne mettez pas ça sur le compte de l'alcool, dit-il à James et Remus qui avait ouvert la bouche, parce qu'elle était très consciente de ses actes.

-Tu l'avais amplement mérité ! lui répliqua Katherine en serrant les poings sur sa serviette.

-Non Kathy, non Sirius, ça suffit, il va falloir que vous arrêtiez un jour de vous renvoyer sans cesse la balle.

Les deux concernés se tournèrent vers Remus. Sirius faillit répondre mais Mary posa une main sur son bras :

-Sirius, rend lui ses vêtements, et Katherine, excuse-toi, leur dit Mary, sans intransigeance.

-Je ne vais pas m'excuser ! s'indigna Kate.

-Alors tu passeras le reste de tes vacances à poil, ricana Sirius.

Kate se saisit d'un objet sur la table, prête à le lui envoyer.

-Putain les gars, on est qu'au troisième jour de vacances, participa enfin James en se frottant le front, fatigué. Vous voulez vraiment que nos vacances, avant ce qui sera sans doute une guerre à mener, se passe comme ça ?

Katherine se mordit la langue, la mâchoire serré. Elle devait avouer que James avait raison. Son égo ne voulu pas admettre qu'elle avait provoqué Sirius en première pendant ces vacances. Elle reposa brutalement le mug, et posa son regard tueur sur Sirius. Ses veines tremblèrent lorsqu'elle ouvrit la bouche pour dire « excuse-moi ».

Le sourire vainqueur de Sirius la mit hors d'elle. Elle regretta aussitôt. Il prit alors sa baguette et la secoua dans les airs. Brutalement, Katherine sentit une multitude de tissu lui tomber dessus. Lorsqu'elle se rendit compte que c'étaient ses vêtements qui étaient réapparus partout à terre autour d'elle, elle crut qu'elle allait lui arracher les membres un par un...

-Oh je crois que c'est ton soutif que tu as sur la tête, ricana Sirius.

-SIRIUS ! s'écrièrent James, Lily, Remus et Mary en même temps.

Rougissant considérablement, Katherine attrapa le sous-vêtement qui lui était resté sur la tête, et partit à l'étage en claquant des pieds, énervé. Prévenante, Lily fit se plier et se monter toute les affaires de la blonde, agacé comme tous.

*

-Vous voyez, moi j'pense sincèrement qu'on forme une belle troupe. R'gardez, moi et Patmol on est beaucoup moins débile et arrogant...

-Tu parles.

-... on est quand même beaucoup moins agaçant ? Hein Mus' ?!

-C'est discutable.

-Voyez, nous sommes tous amis pour autant ! Et on s'aime n'est-ce pas, tous, malgré nos grosses différents, et ça, c'est ça notre force.

James secouait son verre d'alcool, à moitié ivre et pourtant totalement sincère.

-Allez, j'vous aime fort les gars ! tonitrua-t-il en levant son verre. A nous !

Katherine et Remus riait sans plus pouvoir s'arrêter, le regardant renverser la moitié de sa boisson alcoolisé dans le fauteuil. Lily, elle, sobre, sortait soupire sur soupire. La rousse était la seule à ne pas aimer l'alcool, à chaque soirée qu'il faisait - c'est-à-dire presque tous les jours - elle constatait les bêtisent de ses amis sans pouvoir y faire. Il arrivait que se soit drôle, mais parfois c'était désespérant, comme aujourd'hui.

-Hé ! Qu'est-ce que vous allez faire tous les deux ! interpella James en se levant sur le fauteuil, renversant par mégarde le reste de sa boisson sur Remus et Katherine.

Sirius et Mary montaient l'escaliers, visible à tous dans le salon, et s'arrêtèrent dans leur course.

-Ce ne sont pas tes affaires ! beugla Mary en s'agrippant à Sirius qui la tenait par la taille.

-Je vois, n'oubliez pas ça ! s'écria James par-dessus la musique, en sortant de ses poches des petits paquets qu'il leur jeta dessus.

Lily se plaqua une main sur le front et décida d'aller faire chauffer des pizzas dans la cuisine. Kathy et Remus étaient trop amoché pour avoir une partie consciente active lorsque les préservatifs leur tombèrent dessus. Ils s'étaient levés pour danser, et on n'aurait su dire si c'était elle ou lui qui soutenait l'autre, vu comme ils ne marchaient plus droit.

Le lendemain matin fut difficile, comme tout les lendemains de soirée. Lily fut la première dans la cuisine, et Katherine la dernière. Ils comprirent tous que Sirius et Mary sortaient ensemble lorsqu'ils s'accaparèrent la chambre au lit double, et que Remus dû aller déplacer ses affaires dans celle qu'occupait Kathy.

Etrangement, James fut en pleine forme ce matin là et Lily et lui partirent faire des courses de bonne heure. Lorsqu'ils revirent, ils leur annoncèrent qu'ils avaient invités les jeunes de la villa d'à côté à venir prendre l'apéro ce soir.

-Oh non pas des gens, il va falloir que je sois sociable, maugréa Kathy en soutenant la poche de glaçon sur son front douloureux.

-Tu as le temps de te préparer, ria gentiment James, cette après-midi on va à la plage, et cette fois n'oublie pas ton maillot.

-Oh non, se plaint Katherine en laissant tomber sa tête sur la table, complètement chaos.

A la plage, Kate resta assise dans le sable, les lunettes de soleil sur les yeux, alors que ses amis couraient dans l'eau, ou se dorait au soleil dans un maillot de bain scintillant.

Kate lisait un livre, fatigué par sa nuit courte, prête à s'endormir. Elle avait tout de même mis un débardeur cintré et un short, mais elle ne possédait et ne voudrait pour rien au monde porter un maillot de bain. Elle était sur le point de s'endormir lorsqu'elle vit James et Sirius remonter de la mer. Elle trouva cela suspect, car même si Mary se faisait bronzer à côté d'elle, Lily était encore en train de se baigner avec Remus. Les deux garçons s'assirent autour d'elle, elle leur jeta un regard suspect alors qu'ils regardaient au loin, comme si de rien était, bavardant sur les derniers matchs de Quidditch. Puis soudain, James lui attrapa son livre et le jeta dans le sable, tandis que Sirius la saisit par la taille. Il la souleva du sol avec l'aide de James qui emprisonna ses bras, Kate se mit à crier quand elle comprit ce qu'ils allaient faire. Les deux garçons riaient déjà tandis qu'elle hurlait sur eux avec l'envie dévorante de leur lancer un sort. On entendait sa voix résonner sur toute la plage, même Lily et Remus cessèrent de se lancer un ballon de plage, et Mary se redressa.

-VOUS N'ALLEZ PAS FAIRE CA ! JE VAIS VOUS TUER ! VOUS ALLEZ LE REGRETTER ! LÂCHEZ-MOI ! LÂCHEZ-MOI BANDE DE CRETIN !! hurlait-elle alors qu'ils étaient entrés dans l'eau, les vagues fouettant déjà les jambes de Kate qui se débattaient.

Mais elle ne put que pousser un cri aigu lorsqu'ils la lâchèrent dans les vagues. Elle bu la tasse mais remonta aussitôt à la surface. Katherine s'essuya les yeux, rageuse, trempé, les cheveux dégoulinants. Lorsque le sel arrêta d'agresser ses yeux, elle chercha un coupable et son regard tomba sur Sirius.

Elle lui sauta au cou et tomba sur lui à la renverse, elle tenta de le noyer mais il avait plus de force qu'elle et il la souleva par la taille, et la projeta une nouvelle fois dans l'eau.

-On t'a bien eu ! rirent les deux Maraudeurs.

-Avoue-le Kate, s'ajouta Lily en riant également en compagnie de Remus.

Katherine se mordit l'intérieur des joues, retenant un sourire. Elle secouait la tête de gauche à droite, regardant du coin de l'œil Sirius qui avait lâché la garde après l'avoir expédié dans l'eau. Les vagues la frappait et l'eau lui arrivait à la taille. Elle lui sauta une nouvelle fois dessus en le faisant tomber dans l'eau, elle riait de le voir s'étouffer et se redresser dans un éclat de rire. Elle attendait qu'il lui redonne la pareille, pour la première fois elle se rendit compte qu'elle aimait ce jeu de boomerang entre eux.

Ses vêtements la collaient et l'alourdissait trop pour qu'elle puisse avoir le dessus sur Sirius en cas d'attaque. Elle enleva son bas et son haut, elle n'avait pas de maillot de bain et se retrouva en sous-vêtements mais, soudainement, elle s'en fichait. Pour une fois, Kate avait juste envie de rire et de s'amuser. Elle lança ses vêtements à Lily et retourna dans sa baston avec Sirius dans des rires éclatants.

Lorsqu'ils remontèrent à deux sur la plage, les autres avaient commencé une partie de volley-ball - un jeu moldu d'après Lily et Mary. Katherine se laissa tomber sur le sable, trempé de la tête au pied, toujours en sous-vêtements, mais le bien-être la transperçant. Sirius s'allongea à côté d'elle dans le même état de plénitude. Il lui proposa une cigarette, elle dit oui, et ils restèrent silencieux, observant le ciel d'un bleu immaculé, le sourire aux lèvres.

*

Le soir même, la fête reprit. Katherine n'eut pas l'impression d'avoir déjà récupéré de la dernière soirée, comme d'habitude. Les jeunes de la villa d'à côté avaient la vingtaine, ils étaient quatre, deux filles et deux garçons.

Ils commencèrent doucement, un ou deux verres sur la terrasse, puis l'ambiance monta en même temps que la musique. On aurait dit qu'ils étaient amis de longues dates avec les deux filles, et les deux garçons se montraient clairement charmant avec Kathy - surtout lorsqu'ils comprirent qu'elle était la seule célibataire présente. Katherine s'offrit un peu plus d'alcool que les dernières fois lorsqu'ils commencèrent à la draguer ouvertement. Sirius et Remus, en tant qu'ami prévenant - quand même - ne la laissait jamais seul avec eux. Kate trouvait ça idiot, pourquoi se sentaient-ils obligés de la draguer ? Pourquoi Lily et Mary lui glissaient-elles qu'ils étaient « très mignon », et que c'était le bon coup. Kate les trouvait au contraire, de plus en plus repoussant. Assise dans la fauteuil à fumer, ses yeux étaient plutôt attirés par les deux belles filles qui étaient venus avec eux : qu'est-ce qu'elles étaient belles quand elle dansait. Kathy se persuada qu'elle devait être jalouse de leur magnifique silhouette, de leur physique avantageux. Et elle joua elle aussi le jeu :

-Elle sont mignonne hein Remus ?

Le loup n'était pas assez sobre pour dire le contraire, mais pas assez bourré pour aller les aborder. Lui aussi n'était pas en couple, pourquoi personne ne l'embêtait avec ça ? L'un des deux mecs invita Kathy à danser, elle ne put refuser, et elle détesta qu'il la prenne par la taille, qu'il la colle comme ça à lui, qu'il se permette de croire qu'elle pouvait aimer ça. Elle essaya de se dire que c'était normal, mais au bout de cinq minutes, elle le repoussa en prétextant vouloir prendre un autre verre. Il la suivit mais Sirius s'interposa, Kathy eut dû mal à comprendre pourquoi il lui lança un regard sombre. L'invité se calma mais Kate le prit très mal et continua à boire sans modération, jusqu'au moment où une partie de son esprit l'abandonna.

-Elle ne fait pas ça d'habitude, durent dire Lily et Remus aux invités, gêné.

Sirius saisit Kathy et lui mit une serviette sur les épaules, il la traina sur la terrasse, à l'écart. Ce fut à ce moment que la mémoire revint à la blonde.

-Oh merde... murmura-t-elle en serrant la serviette autour d'elle. Qu'est-ce que j'suis conne...

-Tu peux le dire, qu'est-ce qui t'a pris de faire un strip-tease ?

-Ne dis pas ça ! gronda Katherine, la tête lui tournait et le froid de la nuit ne la rendu que plus incapable de contrôler son corps, elle tomba sur le sol avec une envie de vomir.

Sirius s'abaissa devant elle, vérifiant qu'elle était encore consciente.

-Ben dis-donc, tu l'as sacrément chargé ton cocktail tout à l'heure.

-Laisse moi crétin, murmura-t-elle en se redressant, tout tournait autour d'elle et elle comprit que rester allonger sur le sol la soulagerait.

Elle roula pour tourner le dos à Sirius, tenant sa serviette sur sa poitrine. Elle ferma les yeux, honteuse, essayant de chasser les images d'elle, quelques minutes plus tôt, en train d'enlever ses habits un par un en dansant avec... chaleur ? Kate sentit ses joues flamber. Elle ne comprenait pas pourquoi elle avait fait ça... Et puis si, elle comprit. Son mal-être avait pris le dessus, son esprit alcoolisé avait lâché ses problèmes, et son cerveau avait laissé tomber les barrières.

Sa gorge se serra et elle sentit les larmes remonter dans ses yeux. Elle tenta de les retenir mais c'était tout-à-fait impossible avec tout l'alcool qu'elle avait ingurgité. Bientôt, ses pleures devinrent bruyant, et Sirius s'alerta.

C'était la première qu'il la voyait pleurer. Pourtant il en avait vu des filles pleurer, quand il rompait avec elle généralement, ou quand ses prétendantes apprenaient qu'il en avait choisi une autre. Katherine, elle, n'était pas ce genre de fille. Il l'avait toujours secrètement admiré pour sa force. Et maintenant, sans s'être préparer, il la voyait pleurer. Que faire ? Il ne supportait pas cette vision, il se sentait presqu'honteux de la voir perdre ses moyens de cette manière...

-Heu... Katherine... je... je peux faire quelque chose pour toi ? demanda-t-il bêtement, brusquement timide face à la tristesse qui s'écoulait sur son visage bronzée.

Elle lui fit un signe, amena deux doigts prêt de sa bouche et il comprit ce qu'elle lui réclamait.

-Fumer, dans ton état, ce n'est peut-être pas une bonne i...

-C'EST TOI QUI M'A DEMANDE CE QUE JE VOULAIS !

-Ok...

Sirius prit peur face à la Katherine à moitié brisé, à moitié furieuse, il sortit son paquet de cigarette et lui tendit avec le briquet. La blonde s'allongea à nouveau et se mit à fumer, comme sur la plage, entre deux sanglots. Sirius ne savait pas quoi faire, il n'osa pas la regarder, et préféra s'allonger à côté d'elle. Leurs épaules se touchaient et lui aussi se grilla cette drogue moldu.

Le silence dura très longtemps. Ils entendaient la musique à l'intérieur de la maison, assourdit par les murs et la porte que Sirius avait refermé sur eux. Le ciel au-dessus de leur tête brillait de milles étoiles. Sirius sourit et tandis son doigts vers une constellation.

-C'est ma constellation, dit-il sans réfléchir. Celle du chien, avec l'étoile Sirius.

-Moi j'ai pas de constellation, bougonna Kathy en reniflant.

-Mais Katherine, ça à bien une origine ?

-Ouais... mais tu vas encore te moquer de moi.

-Je m'en garderais bien.

Kate fronça les sourcils, étonné.

-Katherine vient de Aïkaterina, ça veut dire « pure ».

Les rires de Sirius lui parvinrent et elle sortit son coude pour le lui enfoncer dans les côtes. Le silence revint entre eux, un silence plus étrange. Kate serra sa serviette autour d'elle, presque gêné maintenant de le sentir allonger à côté d'elle. Son mal-être n'avait pas disparu, et elle le sentait encore transpercer son cœur. Elle ne su pourquoi elle prononça ces mots :

-Je ne suis pas comme les autres filles...

-J'avais bien remarqué Katherine, répondit-il simplement.

-Comment ça ? s'interpella-t-elle en tournant son visage couvert de larme vers lui.

-Tu es Katherine Dumas, il n'y en a qu'une comme ça.

-Arrête ! s'écria-t-elle en le frappant brutalement sur le bras. Ce n'est pas ça... ! Je ne pense pas comme il faudrait que je pense, comme les autres filles... Je n'ai pas envie des mêmes choses, je me sens à côté de la plaque tout le temps ! Je n'ai jamais réussi à être une parfaite petite chose mignonne et douce, et ça repousse tout le monde...

-Tout le monde, ne soit pas excessif, pas nous, sinon pourquoi on trainerait avec toi ! plaisanta Sirius.

Katherine se retint difficilement de pleurer. Sirius s'en rendit compte, et se sentit idiot d'avoir voulu la faire rire avec ses âneries. Pourquoi, d'un coup, doutait-il de lui ?

-Arrête de le prendre à la rigolade, grogna Katherine. Tu ne peux pas comprendre... ça fait mal, très mal. J'ai toujours été mise de côté, et même si Lily a toujours été là pour moi, parfois elle me conforte dans ces clichés dont je ne fais pas partie. Pas assez féminine pour être une fille, pas assez forte pour être un mec, trop caractériel et trop franche pour attirer qui que ce soit. Je ne sais pas où est ma place là-dedans... Je ne m'aime pas, je n'y arrive pas malgré tout ce que je laisse transparaître. Et par rapport à tout le monde, j'ai l'impression de pas être normal... se livra-t-elle.

Katherine retint un sanglot. Jamais elle n'avait parlé à personne de ce mal-être, même pas à Lily.

-Et alors ? Tu sais, être normal c'est tout pourri...

-C'est toi qui me dis ça ! Tu ne sais pas ce que c'est de se sentir différent et rejeté... Tu te prends pour qui, hein ? Tu ne sais pas ce que c'est ! s'énerva la blonde.

Sirius ria amèrement.

-Si tu savais... Ce sentiment je le connais mieux que quiconque...

Katherine se tourna vers lui, étonnée et intéressée.

-Qu'est-ce que tu veux dire ? Tu as toujours été adulé à Poudlard, toutes les filles te couraient après, les autres mecs rêvaient d'être aussi beau et doué que toi ! Tu n'as pas cessé de me rabâcher que je n'étais pas une « fille », que j'étais une erreur de la nature et j'en passe...

Sirius sentit sa gorge se serrer.

-Je disais ces débilleries il y a deux ans, et je n'étais pas très charmant à l'époque.

Elle lui jeta un regard noir et Sirius se sentit défaillir, pour une fois.

-Je m'excuse, j'étais idiot. Je n'ai jamais pensé que tu n'étais pas une fille, que tu étais une erreur de la nature... Maintenant je regrette...

-Tu ne peux donc pas comprendre ce que j'ai pu ressentir, et ce que je ressens encore.

-Tu ne sais pas grand-chose de moi, reprit lentement Sirius, tu ne m'as jamais vu qu'à Poudlard, là où j'essayais d'être la personne que je voulais être, avec un peu trop d'arrogance pour passer mes nerfs. Mais chez moi, dans ma soi-disant « famille »... c'était autre chose. Ils étaient tous persuadé de la primauté du sang-pur et répugnait les moldus et les nés-moldus. Une famille conservatrice, des sang-purs mauvais, lugubre, sans amour, sans compassion. Je n'ai jamais pensé comme eux, je me sentais différent, et ma mère me l'a très souvent fait payer. Je suis le premier Black à avoir été réparti à Gryffondor, tu penses. Puis je me suis enfui il y a deux ans et je suis allé vivre chez James. J'ai été renié de ma soi-disant famille ... même mon petit frère m'a rejeté, lorsque je le croise dans les couloirs de Poudlard il m'ignore. Je ne me suis jamais senti en phase avec eux, et même si je ne les aimais pas, ce qu'ils m'ont fait subir, ce qu'ils ont laissé en moi, cette souffrance, elle ne pourra jamais totalement disparaître... Enfin, ça me fait une belle jambe de toute manière...

Katherine reste sans voix... Pour une fois, Sirius lui avait bouclée la parole.

-Je ne savais pas, bredouilla-t-elle sincèrement, excuse-moi...

-Ne t'excuse pas, reprit-il d'un ton indifférent en croisant les bras derrière la tête. Tu ne pouvais pas savoir, je ne l'ai raconté à personne d'autre, à part les Maraudeurs. Tu es la première autre personne à qui j'en parle.

-Même pas à tes p'tites amies ? voulu se rassurer Katherine avant de croire qu'elle était « spéciale » pour qu'il lui raconte sa vie.

-Même pas. Après ce que tu viens de me dire, je me rends compte que tu es bien la seule qui peut comprendre un minimum ce que j'ai pu ressentir...

-Oui mais moi, je me plains sur ma pauvre petite personne, je n'ai aucun problème grave dans la vie, ajouta Kathy en ayant l'impression que ses problèmes n'étaient rien comparé à ce qu'avait pu vivre Sirius.

-Et alors, ce sont aussi des douleurs valables.

-Alors ? Quand même... Moi j'ai toujours été choyé par mes parents... trop d'ailleurs, parfois je regrette de ne pas avoir été plus recadré par ma mère... Elle a eu tellement de mal à avoir un enfant qu'elle me passe tout... parfois j'aimerais bien qu'elle me dise « stop »...

-Une enfant unique insupportable, sourit Sirius.

-Un peu, mais je n'arrive pas au niveau de James, plaisanta Katherine.

Ils éclatèrent de rire et Sirius ajouta « ah ça, James ». Ils se regardent alors dans les yeux, et se comprirent comme jamais. Toute haine les avait quittés, et pour une fois, ils se comprenaient et s'écoutaient.

-Tu es une belle personne Katherine, et aime toi bon sang, tu es unique. Et, en tant qu'ami t'ayant longtemps détesté, je sais que tu brilles déjà naturellement, pas besoin d'artifices pour toi. Tu n'as pas besoin de te maquiller, de mettre un maillot ou de te coiffer pour être toi. J'admire ça, tu sais. Bon parfois, il serait bien que tu penses à la fermer, et encore, ria-t-il avec un air nostalgique. Ne laisse plus personne te dire le contraire.

-Tu veux dire, personne sauf toi ? répondit-elle aussitôt pour ne pas rougir sous les compliments que lui faisait soudainement Sirius.

-Tu le sais très bien, Kate.

Sirius sourit et elle comprend que oui. D'un coup, comme un coup dans le cœur, Katherine remarqua que c'était la première fois qu'il l'appelait avec son surnom.

// Hey !

J'espère que ce dernier "dans les souvenirs de Kathy et Sirius" vous a plu ! Vous comprenez un peu mieux comment Sirius et Katherine se sont ENFIN entendu dans leur jeunesse ! J'espère être cohérente, en tout cas n'hésitez pas à me le faire savoir, si le Sirine vous intéresse toujours autant !

Il ne reste que trois chapitres du Sirine, et après j'en aurais "fini" (oui parce qu'après je vais sortir un livre sur eux hihi).

Je vous laisse, à bientôt !

(oui le débrief est très court)

PaulaTena