chapitre 17

| 23 octobre 2005

— Qu'est-ce qui te préoccupe ?

Aussi peu surpris par la question que gêné par l'idée qu'elle lisait en lui comme dans un livre ouvert, Mikey releva les yeux vers le visage sérieux de Daitan. Le ciel se teintait déjà de rose et d'orange au dessus du square dans lequel ils s'étaient retrouvés, simplement assis côtes à côtes tandis que certains de leurs camarades s'amusaient plus loin. À en juger par les échos de leurs rires et acclamations, eux n'étaient pas inquiets. C'était une bonne chose. Ce n'était que son rôle à lui.

— Le Valhalla est sûrement plus fort que ce qu'on imagine, répondit-il passivement. On sait même pas qui est leur vrai chef, et Hanma a des contacts qui pourraient encore un peu plus compliquer les choses pour nous.

— Quel genre de contacts ?

— Un gang de Kabukichō qui fait de plus en plus de bruit depuis quelques semaines. C'est un frère et une sœur qui le tenaient mais maintenant, ils se disputent la place de leader. J'ai entendu dire que la sœur était bien partie pour gagner.

— Attends, tu parles du Shirohebi ?

Mikey acquiesça en silence. Qu'elle en eût déjà entendu parler n'avait rien de surprenant, entre les gangs de la capitale japonaise le bouche-à-oreille suffisait pour recevoir toutes les dernières nouvelles concernant ses rivaux. Mais contre toute attente, le visage de Daitan se détendit et elle secoua la tête, presque amusée.

— Les Yano sont complètement fêlés, c'est pas nouveau. On devrait être tranquilles pour l'instant, c'est vraiment le bordel de leur côté depuis que le frère s'est mis Roppongi à dos. Mais t'as raison d'y penser. Si c'est elle qui finit cheffe du Shirohebi, je crois bien qu'on aura une raison de s'inquiéter. Enfin, ce serait juste un gang de plus à éclater pour le Toman, pas vrai ?

D'abord sceptique, il croisa le regard de son acolyte et s'autorisa alors à sourire à son tour. Elle y croyait plus que tout ; rien n'était infaisable pour le Toman. Garder cette idée que rien ne pourrait les arrêter dans leur ascension au pouvoir sur le monde de la délinquance était important. C'est ce qui les motivait tous, et Mikey était le représentant de cette mentalité, il se devait d'y croire aussi. Satisfaite de son expression optimiste, Daitan serra sa main dans la sienne en reportant son attention sur leurs amis.

Malgré la légèreté du moment, l'absence de Baji se faisait ressentir et en inquiétait plus d'un. Selon les règles, s'il se pointait dans un règlement de compte du côté du Valhalla, il devait subir le même traitement que le reste. Pire, même, car il n'existait rien de moins honorable que la trahison. Il devrait être puni pour son comportement, et pourtant, Daitan ne parvenait pas à l'envisager. C'était un membre fondateur, l'un de ses amis les plus proches, il avait grandi avec Mikey. Ce dernier ne semblait pas non plus tenir à affronter Baji puisqu'il avait, dans son désespoir, chargé Takemichi de le convaincre de revenir tout en sachant pertinemment que cela ne mènerait à rien.

Penser à Baji amena Daitan à se poser des questions sur Noa qu'elle n'avait plus vue depuis la dernière réunion au sanctuaire Musashi. Le regard rivé à Emma qui avait réussi à s'imposer dans le match de foot des garçons du Toman, elle se fit la réflexion que c'était étrange de ne pas voir Noa à ses côtés. Elle ne ratait jamais une occasion de passer du temps avec eux. Ce constat soudain rappela à Daitan ce qu'elle savait de son propre futur et de celui de Noa. Elle se sentit pâlir un instant, impulsivement prête à se lever et courir jusqu'à la maison de son amie mais incapable de trouver la force physique d'affronter la possibilité que les prédictions de Takemichi soient arrivées.

Quand l'agitation la ramena au jeu de ses camarades délinquants, Mikey avait déjà lâché sa main, prié par Draken de se joindre à eux. Elle prit un moment de plus pour les observer, eux qu'elle savait nécessaires à sa vie et pourtant si prônes à la quitter. Elle eut un sourire pour leur bêtise habituelle, soit Draken menaçant du regard quiconque tenterait d'empêcher Emma de marquer ou serait responsable d'une seule plainte de sa part, et Mikey déclarant avec ironie qu'il passerait à tabac ceux qui se dresseraient sur son chemin bien qu'il n'en serait en réalité rien. Un sourire si nostalgique qu'il donna l'impression qu'elle ne visionnait déjà qu'un souvenir d'eux.

— Daitan !

Cette interpellation chuchotée fit sursauter la concernée. Elle se retourna en vitesse et fronça les sourcils à la vue d'un Takemichi essoufflé, caché comme s'il tenait à n'être vu par personne d'autre.

— Euh, ouais ?

— Faut qu'on parle... de Noa et de ce qu'il va se passer. J'ai des infos, maintenant.

— Attends, fit Daitan en se levant pour le rejoindre en vitesse, t'es revenu ? T'es le Takemichou du futur, là ?

— Oui ! On peut aller parler ailleurs ?

Elle acquiesça sans hésiter, les mains moites. Elle avait passé les dernières semaines à tenter de se faire une raison, alors persuadée qu'elle n'avait aucun moyen de prévoir ce qui devait arriver avant que cela n'arrive ; toutes les informations qu'il pouvait lui apporter lui seraient plus que précieuses. Il fallait qu'elle sache à quel moment et pourquoi les choses tournaient mal.

— Dis-moi tout ce que tu sais, le pressa-t-elle dès qu'ils furent dans la rue voisine. Non, déjà... Pourquoi est-ce que t'es revenu ? Rien n'avait changé alors que Draken a survécu ?

— C'était, euh... C'était pire, je crois, confia Takemichi. J'ai pas pu sauver Hina, le Toman était toujours corrompu, et toi...

— Prends pas de pincettes, il faut que je sache.

Il posa à nouveau ce regard sur elle, celui qu'il avait eu lors de la dernière réunion, empli de regret et d'excuses silencieuses.

— T'étais au plus bas, aussi corrompue que le Toman et occupée à cumuler les addictions. Je t'ai recroisée à l'hôpital après un coma éthylique, tu venais de vendre tout ton gang malgré toi et tu te dirigeais droit vers la prison. Je suis désolé, ne put-il s'empêcher d'ajouter quand bien même elle ne semblait pas affectée. Tu dis rien ?

— Elle devenait quoi Noa, dans ce futur là ?

— Tu m'as dit... Tu m'as dit qu'elle était morte dans un règlement de compte impliquant votre gang.

Ces mots firent tiquer Daitan. Takemichi avala difficilement sa salive, toujours aussi intimidé par l'aura imposante et l'air scrutateur de la délinquante.

— Quel gang si c'est pas le Toman ? Et pourquoi Noa était mêlée à ça ?

— C'est ce que tu m'as demandé de te dire, avoua-t-il avec empressement. Je sais pas exactement pourquoi, mais quelque chose a fait éclater le Toman. Noa s'est enfuie et tu l'as suivie. De là, vous avez rejoint un gang sans savoir qu'il était tout sauf respectable. C'est, euh... Un truc en rapport avec un serpent, mince, j'ai oublié le nom...

— Le Shirohebi..?

— C'est ça !

— Tu déconnes, là, pas vrai ?

— Non...

Désormais plus confuse qu'inquiète, elle prit un instant pour assimiler l'information et lui trouver un sens qui, de toute évidence, n'existait pas. Pourquoi auraient-elles rejoint un gang aussi instable que celui des Yano ? Leurs querelles étaient connues dans toute la ville depuis que Roppongi y avait été mêlé. Quitter le Toman était une chose, mais le faire pour devenir membre d'une organisation plus sombre encore en était une autre, et bien moins sensée. Noa n'avait même pas de raison de se laisser tomber dans la délinquance si ce n'était pas pour le Toman, qu'elle confie sa vie à une bande de réels criminels pour remplacer ses amis d'enfance était impensable.

— C'est quoi le problème avec le Shirohebi ? s'enquit Takemichi.

— Je t'ai demandé de me prévenir de l'éviter, c'est ça ? contra-t-elle sans lui répondre. Est-ce que j'ai dit pourquoi ? Qui le dirigeait dans le futur ?

— Je la connais pas mais je sais qu'elle s'appelle Asuga Yano. Ça te dit quelque chose ?

— Donc elle finit bien par virer l'autre, ironisa Daitan. C'est la sœur du leader actuel. Tout ce que je sais c'est qu'ils se disputent ce rôle en ce moment-même.

— Dans le futur, tu m'as dit que Noa et toi, vous l'aviez rejoint parce que c'était devenu un Sukeban et que vous pensiez y trouver votre place. C'est là que le vrai problème est arrivé, parce que vous pensiez fuir le Toman mais Asuga est une alliée de Kisaki.

— Kisaki ? releva-t-elle. Le minus qui vient de nous rejoindre ?

Le visage de Takemichi se fit plus dur lorsqu'il acquiesça, les souvenirs de la détresse de Draken et Daitan bien en tête. Tous deux lui avaient confié avoir été trop naïfs le concernant et regretter de ne pas l'avoir tué plus tôt. Il n'avait encore rien à reprocher au Kisaki de cette époque, ne pouvait donc pas expliquer la haine qu'il ressentait pour lui, et pourtant, il savait que ce petit binoclard arrogant était le problème.

— Oui, lui. Il dirige le Toman avec Mikey, dans le futur. Et il marchande avec Asuga. Le Toman et le Shirohebi sont liés comme ça, tous les deux aussi corrompus l'un que l'autre. C'est pour ça que tu peux pas rejoindre le Shirohebi, ça reviendrait à rester membre du Toman.

— Je vois. C'est pour ça que t'as agi comme ça à la réunion quand Kisaki a été nommé ?

Il hocha à nouveau la tête, avec honte cette fois-ci. Ç'avait simplement était trop d'apercevoir enfin le visage du responsable de tous ses maux, de la mort d'Hina à l'état déplorable de Daitan en passant par la destruction complète du Toman qu'il connaissait aujourd'hui. Il avait été incapable de passer au-dessus. Quelque part, Kisaki le méritait peut-être, car même s'il n'avait encore que l'idée de tous ces crimes qu'il commettrait par le futur, c'était déjà bien assez pour faire de sa vie un enfer. Voir Daitan maigre et sanglotante dans son lit d'hôpital avait été la goutte de trop, il refusait de croire qu'elle pouvait tomber aussi bas. La mission première de Takemichi était peut-être de sauver Hina, mais après avoir été témoin d'une telle détresse de la part de l'un des piliers du Toman, il ne pouvait que se promettre de ne jamais plus la laisser sombrer ainsi.

— Pourquoi tu chiales encore ?

Il prit conscience de sa vue brouillée par les larmes au même moment et pinça les lèvres sous le regard sceptique de Daitan.

— T'es pas censé avoir vingt-six ans dans ta tête ? C'est gênant.

Avant même d'avoir réfléchi à son acte, Takemichi enferma son amie dans une étreinte désespérée en priant pour qu'elle ne le lui fasse pas payer. Daitan demeura figée, perplexe quant à ses sanglots qu'il ne retenait plus. Elle se douta que ce devait être lié à l'image qu'il avait gardée d'elle dans le futur et ne fit rien pour le repousser, presque touchée de constater qu'il se faisait autant de souci pour elle. Il portait sur ses épaules l'avenir de tous ceux qu'il connaissait, elle supposa donc qu'il méritait bien de pouvoir pleurer de temps à autres, pour elle, pour lui, pour le Toman et pour Hina qui, pour le moment, était destinée à payer pour toutes leurs erreurs malgré son innocence. Elle ne sut pas trouver les mots pour lui assurer qu'il n'avait rien à se reprocher et que savoir qu'il essayait était déjà bien assez, mais il comprit son soutien dans le simple fait qu'elle ne l'envoya pas valser sur la route en le traitant de pleurnichard.

— Il y a autre chose qu'il faut que tu saches, reprit-il ensuite en séchant ses larmes d'un revers de manche. Sur Kisaki.

— Super, ironisa Daitan. J'écoute.

— Il dirige le Valhalla. Tout ce truc, c'est juste son moyen à lui de prendre les commandes dû Toman. Et Baji...

— Il le sait ?

— Chifuyu pense que oui, et qu'il est parti pour faire justice tout seul.

Comme chaque fois qu'il s'agissait de la sécurité de l'un des siens, elle retrouva son expression sérieuse et préoccupée. Chifuyu était le vice-capitaine de la première division. Si quelqu'un était capable de deviner un élément stratégique pensé par Baji, c'était forcément lui, alors peut-être irait-elle lui parler afin d'en savoir plus. S'il s'agissait bien de la vérité et que Baji s'était mis en danger seul dans son coin, ce serait une bonne chose qu'ils soient au moins trois à le savoir pour veiller sur lui lors de la rencontre des gangs. Il restait seulement à convaincre Mikey de ne pas punir trop sévèrement cette trahison et à prouver la culpabilité de Kisaki dans cette affaire.

Takemichi haussa les sourcils de surprise lorsque le visage de Daitan passa d'inquiet à horrifié. Dans son esprit, les noms de Kisaki, d'Asuga, du Shirohebi et du Valhalla venaient de disparaître pour laisser place à celui de Noa, marqué en grosses lettres rouges pointues et clignotant comme un signal d'alerte à tel point qu'elle le sentit passer sous sa peau et dans ses veines. L'explication était là. Cette idiote avait dû en venir à la même conclusion que Chifuyu et se jeter dans la gueule du loup. Têtue comme elle l'était, elle ne reviendrait même pas sur ses positions et suivrait Baji rien que pour s'assurer qu'il ne sombrait pas seul. Elle avait toujours été ainsi.

Trois jours que Noa ne s'était pas montrée. Pourquoi n'avait-elle pas fait le lien ?

— Il faut que j'y aille, annonça précipitamment Daitan.

— Euh... Où ça ?

— Ça regarde que moi.

— D'accord, d'accord, fit-il alors qu'elle tournait déjà les talons. Juste pour que tu le saches, je vais retourner dans le futur pour récupérer des infos sur le combat à venir.

— Ça marche. À plus, Takemichou. Et, ajouta-t-elle en se retournant, merci de veiller sur nous comme tu peux.

Si ces mots le firent sourire, l'adolescente, elle, ne put se défaire de son inquiétude et de sa colère tandis qu'elle s'éloignait pour de bon en direction de sa moto. Elle n'avait aucun moyen de savoir où se trouvait sa meilleure amie mais elle la chercherait aussi longtemps qu'il le faudrait et n'hésiterait pas à rendre une petite visite à Baji pour lui soutirer l'information. Ce qui la poussait à s'en faire autant pour Noa était la réaction du Valhalla face à son arrivée à elle, une fille incapable de se battre et que tous savaient proche du Toman depuis toujours. Même avec Baji à ses côtés, ils ne lui accorderaient jamais leur confiance aussi facilement et elle serait menacée. Elle était menacée ; et jamais une certitude n'avait inquiété Daitan à ce point.

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— On t'a dit de répondre à la question !

— Dépêche-toi ou tu finis à l'eau !

Penchée au-dessus de la rambarde la séparant du fleuve Sumida, Noa écarquilla les yeux et laissa échapper une plainte surprise. Elle se débattit par pur réflexe et en vain, fermement maintenue par la nuque et menacée par plusieurs mains déjà placées contre son dos, prêtes à la pousser au moindre faux pas. Elle fut presque certaine de sentir des doigts toucher son genou comme pour se préparer à le saisir et la faire passer basculer dans le cours d'eau. Malgré elle et ses dents si serrées qu'elle en eut mal à la mâchoire, ses yeux paniqués se remplirent de larmes.

— Je vous l'ai dit, je suis pas contre vous ! lança-t-elle en grimaçant lorsqu'on attrapa son bras avec force. Laissez-moi au moins vous parler !

Elle se détesta de paraître si faible et sans défense. À sa place, Daitan aurait déjà envoyé bouler tous ces idiots et se serait fait entendre. Noa, elle, n'avait aucune foutue idée de ce qu'était vraiment la délinquance. Elle n'avait toujours connu que le Toman, ses amis. Le reste de ce milieu était bien plus violent et injuste que ce qu'elle avait imaginé. Ils auraient pu faire ce qu'ils voulaient d'elle, elle n'était une menace pour personne et n'avait rien pour forcer le respect. Leurs mains étaient partout et le fleuve juste en bas. Pourquoi n'était-elle pas allée voir Daitan ? Elle la haïrait d'être partie sans rien dire et d'avoir trahi leur amitié.

— On te laisse parler, là, mais t'es pas très convaincante. Pourquoi on traiterait bien une proche du Toman ?

— Parce que j'ai rien à voir avec leurs agissements ?! répondit Noa d'un ton évident. C'était mes amis et ils m'ont déçue, voilà ! Je veux juste rejoindre le milieu et leur montrer que je peux me battre aussi, c'est bon ? Lâchez-moi, merde !

— Il se passe quoi, là ?

Comme leur prise sur elle se desserra elle crut un instant qu'ils l'avaient balancée pour de bon, mais il n'en fut rien. On laissa ses pieds retrouver le sol et elle s'autorisa à nouveau à respirer, le visage rouge et les cheveux en bataille. Elle était toujours maintenue et entourée d'un peu trop de délinquants inconnus à son goût, mais au moins, elle ne frôlait plus la mort. La source de ce changement d'attitude était trois nouveaux arrivants, dont celui qui venait de prendre la parole et qu'elle aurait reconnu entre mille même sans le regarder.

À sa manière de le dévisager, Baji sut qu'elle voulait dire « Je sais ce que tu fais. » Il secoua la tête avec confusion et porta vite son attention sur ses bourreaux, s'efforçant de ne pas laisser ses prunelles sombres s'attarder sur la main qui tenait encore son bras d'une poigne ferme et tous leurs corps placés devant celui de Noa pour l'empêcher de s'enfuir ou bien pour l'empêcher, lui, de l'atteindre.

— Qu'est-ce qu'elle fout là ?

— Je vous l'avais dit, c'est sa copine ! railla l'un des membres du Valhalla.

— Vite fait, mais l'important c'est surtout qu'elle a jamais été membre du Toman. On s'en prend à des filles qui savent même pas se défendre maintenant ? Elle a même pas d'info à donner.

— Ouais, on a fini par se dire aussi qu'elle était inutile.

Baji observa ses nouveaux camarades avec méfiance, craignant ce qu'ils seraient encore capables de réclamer de sa part pour prouver sa loyauté une énième fois. Cette scène était insensée ; elle n'aurait pas dû être là, au milieu de criminels aux mains sales et aux agissements imprévisibles, aussi jolie et bienveillante qu'elle l'était toujours. Ce n'était pas son monde, elle n'aurait jamais dû se trouver ici.

— Elle pourrait servir de message pour le Toman, nan ? Un petit avant-goût.

— Vous êtes vraiment répugnants, cracha Noa sans pouvoir s'en empêcher. C'est comme ça que vous traitez ceux qui veulent juste aider ?

— Aider ? releva Kazutora.

Elle daigna enfin lever les yeux vers lui, dont elle avait préféré ignorer la présence jusqu'ici. Un rictus dégoûté lui échappa contre son gré. S'il y avait bien un fondateur du Toman qu'elle ne comprenait pas, c'était lui. Fraîchement sorti de la prison juvénile après avoir accidentellement causé la mort du frère aîné de Mikey, il prévoyait déjà de s'attaquer à ce dernier. Il se réjouissait d'avoir Baji à ses côtés, fier de retourner contre Mikey l'un de ses amis les plus proches alors qu'il aurait pu racheter ses erreurs et retrouver sa place parmi eux.

— Je veux plus être passive, répondit-elle. Je veux agir, et c'est pas possible avec le Toman donc je tente ma chance ailleurs.

— Parce que tu crois que tu servirais à quelque chose ? se moqua l'un de ceux qui étaient encore tentés de lui faire du mal. Qui te dit qu'on veut d'une fille ici ?

— Si c'était l'autre là, la Tornade, peut-être... Mais toi, on te met un coup et tu te relèves pas.

— Moi j'dis qu'elle a du cran, intervint Hanma.

Les regards se tournèrent vers le leader, celui de Noa avec plus de confusion que les autres. Quand il reprit la parole, ce fut pour s'adresser à un Baji plus qu'agacé de devoir mentir et entrer dans le jeu de l'idiote qui lui servait de copine pour la protéger.

— Elle dit la vérité ? T'y crois, toi ?

— Ouais, fit-il sans pouvoir résister à la tentation de dévisager la concernée avec une froideur inédite. C'est son genre.

— Super, alors ! C'est pas tous les jours qu'on a des alliés avec une aussi belle gueule.

Sceptiques, ses subordonnés ne s'éloignèrent pas pour autant de Noa malgré le regard insistant de Baji qui commençait à croire qu'il allait perdre patience plus tôt que prévu si tout le monde continuait à jouer avec ses nerfs de cette manière. Ils avaient pourtant raison de penser qu'elle n'avait pas sa place avec eux dans le Valhalla. Aucun de ces chiens ne savait comment traiter une fille, leur planque serait vraiment le dernier endroit sur Terre où elle serait en sécurité. Et puis, personne ne lui apprendrait à se battre ni ne la traiterait en égale. Au mieux, on lui demanderait de nettoyer après eux et elle ne recevrait comme attention que des remarques déplacées. C'était hors de question qu'il laisse qui que ce soit l'humilier plus longtemps ; la vue de sa jupe pleine de poussière et de l'égratignure qui ornait sa joue depuis son altercation avec les imbéciles du Valhalla était déjà de trop.

— Allez, les gars ! rit Hanma. Laissez-la respirer un peu !

— Tu vas vraiment la laisser nous rejoindre ? rétorqua Baji. Elle a peut-être du cran et de la volonté mais elle reste inutile.

— Nan, pas avec nous. Ce serait trop galère, une fille.

Noa les fusilla du regard, honteuse d'avoir enduré tout ça pour rien mais surtout en colère de subir un traitement différent seulement parce qu'elle n'était pas un garçon. Takemichi avait bien le droit d'aider le Toman alors qu'il était plus doué pour pleurer que pour user de ses poings, alors pourquoi pas elle ? La hargne qui teinta ses iris chocolat sembla plaire à Hanma qui hocha la tête, alors certain de prendre la bonne décision. Il existait bien une place pour les filles comme elle, désormais.

— Allez la donner à Asuga, elle sera contente.

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。・:*:・゚★,。・:*:・゚☆

cette connasse domine l'histoire même sans être présente physiquement, c ça le vrai charisme
va falloir que noa prenne des notes hihi ça lui servirait je pense

pas de nda + longues que ça pcq c'est l'heure d'aller manger un truc là bisous

- daeremagon

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