11; Relier, protéger-
Je le regarde un instant, sans bouger.
Puis :
- D'accord. Donc je fais quoi ? Je prépare mon testament et mon enterrement ? Je devrais Plum pour la musique de l'enterrement, si il n'y a pas du Lady Gaga je jure que-
Il lève les mains pour stopper mon flow de paroles.
Quoi ? Je vais mourir et j'ai même pas le droit de paniquer ?
- Stop stop tu ne vas pas mourir. Tu-
- Je quoi ? Je vais vivre seule toute ma vie du coup ? Quoique je peux chiper Plum une fois ou deux, personne ne m'en voudra-
- Je tente de te dire que-
Je poursuis, un peu terrifiée je l'admets. Je n'ai jamais redouté la solitude parce-que j'ai toujours cru qu'elle ne serait pas éternelle. Mais être confronté à la réalité m'effraies plus que je ne pourrais jamais l'admettre.
- Mais si tu pouvais juste-
Oh mon Dieu et si je finis par mourir de solitude ?
- Berry...
C'est vraiment trop pathétique comme mort. Quoique. C'est poétique et en plus je pourrais écrire un livre dessus, en faire un best-seller puis un film, déprimer la moitié de la planète, devenir riche et célèbre et offrir un psychologue personnel à Plum.
Elle en a plus besoin que moi honnêtement.
- Berry s'il te plaît écoute moi deux secondes...
Ou sinon j'ouvre un pont, je saute de ce pont, je chute dramatiquement et je me-
- C'EST MOI ! C'est moi ton âme-sœur, s'écrit Anis, l'air rouge.
Je stoppe tout mouvement. Mes yeux sont probablement des loupes actuellement. Tiens ça rime.
Je tente de déceler un sourire, un rictus, n'importe quoi qui me prouverait qu'il se moque de moi.
Il est sérieux ? Il a l'air sérieux. Mais est-il sérieux ? Après tout c'est un excellent acteur donc il peut faire un air sérieux très convainquant. Mais peut-être qu'il ne fait pas semblant et qu'il est vraiment sérieux ? Je fais quoi s'il est sérieux ? Il n'a jamais été vraiment sérieux. Mais je ne le connais que depuis aujourd'hui en même temps, donc est-ce que je peux savoir s'il est vraiment sérieux ? Il a quand même l'air sacrément sérieux. Du genre sérieusement sérieux. Et si c'est vrai je suis sérieusement perdue.
- Dix fois sérieusement ?
- Douze si on compte les " sérieusement ". Ah, treize maintenant.
Il se masse les tempes.
- Ecoute je ne parvenais pas à y croire moi non plus mais-
- Mais ?
- C'est la seule explication à mes réactions.
- Tes "réactions"?
- Je suis obligé de m'expliquer ?
- Oui. Surtout si tu es l'homme de mes rêves.
Il soupire (oui, il soupire beaucoup. Il devait être le vent dans une autre vie. Ce fichu vent.) et se lance, l'air résigné.
- Tu as vu mes yeux brillants verts pas vrai ? Et mes phases étranges ?
- Exact. Mais je me suis juste dis " étrange". Et puis après tout, je ne te connait que-
- Oui depuis un jour, arrête de le répéter, ça va finir par être blessant.
- En quoi c'est blessant ? On dirait Plum. Ne dis pas des choses qui n'ont pas de sens.
- Ce n'est pas de la pure hypocrisie ?
- Si comment tu sais ?
Quoi ? Je suis juste incroyablement honnête. Et incroyablement vexée qu'il le sache.
- Je n'ai jamais ce genre de "transe" d'habitude. Ni... ni...
- Nini qui ?
- C'est horriblement frustrant de le dire à voix haute.
- Dommage parce-que tu n'as pas le choix.
- Je n'ai jamais... envie de protéger quelqu'un comme ça.
Ok j'avoue mon cœur a fait boum boum. Mince j'ai pensé. Vite la fenêtre.
- N'y penses même pas.
- Arrêtes je vais vraiment finir par être touchée.
- Ce serait intéressant à voir.
- On dirait que tu sous-entend que je n'ai pas d'émotions.
- Ce n'est pas un sous-entendu.
J'ai un cœur éponge. Ce n'est pas que je n'ai pas d'émotions, c'est que j'en ai tellement à la fois que je ne sais pas comment réagir.
- Bref, revenons à l'endroit où tu veux me protéger.
Il se gratte l'arrière de la nuque.
Il est... gêné ?
Grande première.
- Ne profites pas trop de la situation.
Je souris.
- Trop tard.
- Tu me plais.
- Ca ne veut rien dire. Plaire à quelqu'un ce n'est pas-
- Je l'ai vu. Me coupe t-il, des milliards de fois. J'ai vu ce lien entre les âmes sœurs. C'est comme un léger fil qui relie deux personnes. Je n'y ai pas cru- Je ne voulais pas y croire. Mais il était pourtant là. Et c'était déjà trop tard. Je m'étais bien trop intéresser à toi. Et j'avais aimé ce que j'avais vu dans ton cœur.
- Sympa. Je pourrais apprendre à le faire aussi ?
- Quoi ?, il a l'air complètement perdu honnêtement, je devrais peut-être arrêter de faire semblant d'être calme.
Oui c'est le bon moment pour être perdue moi aussi.
- Tu veux dire que mon âme sœur c'est toi ? Eros ? Et ça se passe comment niveau dieu ? C'est autorisé ? Je vais rester ici et toi aussi ou c'est le contraire ? Honnêtement je n'ai rien contre le fait d'être une déesse bien sûre mais quand même c'est pas rien donc si je, imaginons tue quelqu'un ou-
Il place une main sur ma bouche et surprise, je me tais instantanément. Je lui lance un regard noir alors qu'il me sourie malicieusement.
- Tu oublies un petit détail en fait.
- Ah bon ?
Il me lance un regard un regard incrédule.
- Mais enfin on se connaît depuis seulement ce matin ? Comment peux-tu seulement envisager ta vie avec moi ?
J'hausse les épaules.
- En quoi ça change quelque chose ? Si nous sommes "destinés" on se retrouvera de n'importe quelle manière pas vrai ? En tout cas, c'est ce que disent les livres clichés. Et comme ton existence seule est un cliché, je ne vois pas en quoi c'est important. Pour être honnête, je le regarde droit dans les yeux (pendant une microseconde, je n'ai pas assez de courage pour un long échange de regards), j'ai l'impression d'en connaître plus sur toi en même pas vingt-quatre heures que sur certains de mes proches en cinq ans.
- Mais tu ne connais rien de moi et c'est pareil dans l'autre sens.
- Certes. Donc vas-y je t'en prie, présente toi.
Je m'apprête à l'écouter quand je me rappelle la raison initiale de ma présence ici.
- ...Après mon bain. J'ai vraiment envie de ce bain.
Il n'a pas le temps de répliquer que je cours m'enfermer dans la salle de bains.
Ma tête s'abat sur la porte et j'expire assez maladroitement. C'est une étrange sensation. Mon cœur bat si fort que s'en est désagréable mais j'ai également l'absurde idée que ce ne serait pas si mal d'écouter mon cœur.
Cependant, je sais que donner son cœur, c'est gagner éventuellement, de la douleur.
- Mais qu'est ce que j'ai fais pour mériter ça ?
Quelle horreur. Une vie de rêve aux côtés de mon mari dieu et sans jamais craindre rien. Je vais vivre un vrai cauchemar.
Un sourire se pose sur mon visage. J'ai l'air sans doute un peu cinglée.
Tout. ça. n'a. aucun. sens.
Je regarde le plafond et laisse mes pensées divaguer.
Et peut-être que c'était la douce chaleur de la pièce ou simplement les évènements qui m'avaient éreintés, mais la dernière chose dont je me rappelle avant que mes yeux ne se ferment, c'était la pensée qui m'avait traversé l'esprit.
Comment j'expliques ça à ma mère ?
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