CHAPITRE 3
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— Elle est morte ? s'étrangla Saut Discret en crachant le morceau de viande de sa gueule.
— Nous n'avons pas eu beaucoup de précisions, répondit Hululement de Chouette, mais Pie Bavarde a affirmé que leur cheffe était simplement malade et qu'elle ne souhaitait pas donner sa maladie à tout le monde.
Sait Discret soupira, rassuré. Depuis qu'il avait vu Étoile du Papillon, la cheffe du Clan du Vent, se faire assassiner dans son rêve, il s'était attaché à la femelle.
— C'est compréhensible... souffla-t-il.
Hululement de Chouette approuva, et changea de sujet :
— Bref. J'espère qu'Étoile Élégante va bientôt faire les patrouilles, je commence à m'impatienter !
Saut Discret soupira. Au contraire de son amie qui trépignait d'impatience, lui avait justement les pattes aussi molles que des limaces. Il grimaça en pensant à cet être visqueux qui le répugnait.
— Ah, la voilà enfin ! s'exclama la jeune guerrière en se posant face au promontoire.
— Je te rejoins, répondit Saut Discret.
Le mâle observa le camp. Pendant qu'il discutait avec sa camarade, tous les guerriers qui n'avaient pas participé à la patrouille de l'aube semblaient s'être réveillés il y a quelques temps déjà. Le chat noir et blanc en conclu qu'ils avaient donc déjà mangé.
Saut Discret se déplaça face du promontoire. Il s'assit le plus loin possible, mais en faisant attention à ce qu'il entende correctement sa cheffe pour ne pas se déconcentrer.
— La patrouille de l'aube est bien revenue ? interrogea Étoile Élégante au clan.
— Tout le monde est présent, approuva Murmure des Bois, en se posant à côté du promontoire.
— Bien, souffla la cheffe en se posant sur son rocher en commençant à se lécher le poitrail. Peux-tu faire les patrouilles de chasse et de celles frontalières, s'il te plaît ?
Saut Discret regarda sa cheffe bailler d'ennui et se poser sur le flanc sur le promontoire. Qu'est-ce qui lui arrive à notre cheffe ? se demanda Saut Discret en grimaçant. Ce n'est pas à Murmure des Bois de faire les patrouilles, puisqu'elle n'a rien à faire ! Il regarda son lieutenant, puis sa cheffe. Le premier ne répondit pas, sûrement perturbé par le comportement de sa cheffe. Le chat noir et blanc sentit son poil se hérisser. Défends toi ! grogna-t-il à l'intention de son lieutenant. Mais personne ne l'entendit car il ne partageait pas ses pensées...
— Bien sûr, répondit finalement le lieutenant à sa cheffe. Souffle Obscur et Regard de Lion, vous irez patrouiller aux frontières du Clan de l'Ombre avec vos apprentis et...
— Non, vous dirigez-vous aux frontières du Clan du Vent, contredit Étoile Élégante en battant la queue.
— Oui, excuse moi, demanda Murmure des Bois en baissant la tête. Saut Discret, tu accompagneras Hululement de Chouette et Cœur de Pinède à la chasse.
Saut Discret soupira. Il sentit son pelage se hérisser de colère, mais il le lissa aussitôt. Personne ne devait le voir ainsi.
Le félin rejoignit au plus vite sa mère et son amie. Alors que Cœur de Pinède pensait déjà à donner des lieux de chasse, Saut Discret pensait toujours au comportement étrange de leur cheffe.
— Donc on se sépare ou on... commença Cœur de Pinède.
— Vous n'êtes pas choquées de notre cheffe ! se révolta Saut Discret.
— Doucement, chuchota Hululement de Chouette. Nous en reparlerons en forêt.
— Sauf que c'est réellement grave !
— C'est exactement pour cela qu'on s'éloigne du camp pour en parler... expliqua Cœur de Pinède, en se levant.
Saut Discret soupira. Le trio s'élança dans la partie du territoire où la forêt était la plus épaisse, et le mâle prit aussitôt la parole, dès qu'ils furent arrivés :
— Étoile Élégante est une cervelle de souris ! grogna-t-il.
— Ne parle pas comme ça de ta cheffe, le gronda Cœur de Pinède.
— Comment puis-je m'en empêcher ? Elle a dévoilé un comportement totalement incorrect. Comment se fait-il qu'elle soit plus molle que nos anciens ?
— En effet, je suis certaine que Soupir Silencieux et Ombre Ephélide seraient prêts à chasser et à se battre s'il le faudrait, acquiesça Hululement de Chouette en hérissant le poil.
— Calmez-vous, souffla la guerrière au poil noir. A moi aussi le comportement de notre cheffe ne me rassure pas, mais ce n'est pas pour autant que je me mets à l'insulter pour cela.
Son fils gratta la terre avec rage, expira bruyamment et s'assit. Calme toi, se dit-il, ça ne sert à rien de se mettre en colère pour ça. Il faut d'abord comprendre ce qu'il se passe, et ensuite, nous trouverons une solution...
— Il me semble qu'elle a commencé à devenir irritante après l'assemblée, commenta Hululement de Chouette.
— Ah oui ? s'étonna Cœur de Pinède. Pourtant, je crois que l'assemblée des cinq clans s'est plutôt bien passée...
— Oui, bien sûr ! acquiesça la petite féline. Mais elle avait l'air de s'en contreficher de ce que racontaient les autres chefs.
— C'est étonnant, marmonna l'autre guerrière, car d'habitude Étoile Elégante faisait très attention aux autres clans et leur proposait même son aide lorsqu'elle était de bonne humeur.
— Je suis du même avis, dit alors la petite chatte blanche.
Saut Discret les écoutait sans dire un mot, puis il prit la parole :
— Vous pensez qu'elle a perdu ses neuf vies et que c'est bientôt son dernier jour ? supposa-t-il. Ou alors, elle a créé une alliance avec un chef pour exterminer le Clan du Vent !
Son cœur se mit à battre plus fort. Il s'inquiéta aussitôt pour le clan adverse. Et si c'est bien cela, il n'y aura plus d'équilibre entre les cinq clans ?
— Non, rétorqua la mère du félin. Elle est loin de ce chiffre... Et puis, je ne la crois pas aussi cruelle pour tuer un clan tout entier !
— Je pense que Cœur de Pinède a raison, le rassura Hululement de Chouette.
Saut Discret ferma les yeux. Il eut un tremblement... Et si c'était elle qui... va tuer Étoile du Papillon ? s'inquiéta le chat.
— Non, c'est pas possible... continua-t-il à haute voix pour se rassurer.
— Qu'est-ce qui n'est pas possible ? l'interrogea la petite chatte blanche.
Voyant les deux femelles pencher la tête, tentant de comprendre sa conclusion, Saut Discret réfléchit : dois-je leur donner mes inquiétudes à propos de mon rêve ? Si je le fais, elles se moqueront probablement de moi... Le chat soupira.
— Peut-être qu'elle veut tuer Étoile du Papillon ? supposa-t-il en baissant les yeux.
— Ce n'est pas parce que notre cheffe a de la haine contre celle du clan du Vent qu'elle va la tuer... murmura Cœur de Pinède.
Rappelle-toi du chat qui a tué Étoile du Papillon dans ton rêve. Saut Discret ferma les paupières. L'image floue d'un chat sombre se glissa dans son esprit. Son pelage n'est-il pas tricolore ? Je ne le vois pas... grommela-t-il. Il appuya ses paupières l'une contre l'autre, et se souvint d'une chose : ses yeux. Je m'en souviens !
— Ils sont dorés ! s'exclama le chat noir et blanc.
— Mais de quoi parles-tu ? questionna Cœur de Pinède, presque inquiète du comportement de son fils.
— Oh, rien du tout... souffla Saut Discret, rassuré de conclure que sa cheffe n'était pour rien dans le meurtre d'Etoile du Papillon.
Cœur de Pinède invita les jeunes guerriers à se séparer afin de commencer la chasse. Saut Discret se dirigea aussitôt près de la frontière du Clan du Vent.
Sur place, il vérifia si ses camarades de clans en patrouille frontalière étaient bien passés par ici. Dès qu'il approuva son interrogation, le félin se prépara à chasser un minimum de proies. J'espère qu'Etoile du Papillon n'est pas sortie de son camp... s'inquiéta Saut Discret. Il se retourna vivement lorsqu'il entendit des voix, et se tapit aussitôt dans l'herbe.
— Etoile du Papillon m'inquiète beaucoup, soupira une voix tremblante.
— A moi aussi, ajouta un autre chat, mais nos réserves sont vides et Fleur Ombrageuse ne va pas rester éternellement à ses côtés.
— Je le sais, Pie Bavarde, mais c'est dur de la laisser partir souffrante... murmura Belette Brune.
— Demain, les quatre chatons de Oeil de Biche seront en âge d'être nommés apprentis, mais elle-même ne sera pas capable d'animer l'assemblée... C'est grave, soupira le guerrier noir et blanc.
Etoile du Papillon doit vraiment être souffrante... couina Saut Discret. Ce n'est pas bon signe, pourtant, ce n'est pas de maladie qu'elle va mourir, mais assassinée... Il trembla en pensant à cette affirmation.
— Continuons à chercher de la camomille, comme nous l'a demandé Fleur Ombrageuse, dit alors Belette Brune. Cela baissera la fièvre de notre cheffe et elle pourra ainsi nommer nos jeunes apprentis.
— Je n'abandonnerai jamais, affirma Pie Bavarde.
De la camomille ? répéta le guerrier du Tonnerre dans sa tête. Je vais demander à Nuance de l'Aube s'il a ça, et puis... Je trouverai bien une excuse.
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environ 1420 mots
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