𝗖𝗛𝗔𝗣𝗜𝗧𝗥𝗘 𝗤𝗨𝗔𝗧𝗥𝗘

𝖲𝖬𝖤𝖫𝖫𝖲 𝖫𝖨𝖪𝖤 𝖳𝖤𝖤𝖭 𝖲𝖯𝖨𝖱𝖨𝖳

Cela devait faire trois bon jours que Jisung n'était pas sorti de chez lui, et même si au premier coup d'œil, ce n'était pas vraiment différent de d'habitude, pour lui rien n'était pareil. Il essayait sans cesse de se remémorer la sensation qu'il avait ressenti cette nuit-là, mais il ne l'a trouvait pas quoiqu'il faisait. Il ne pouvait que rejouer ses souvenirs encore et encore dans son esprit. Après tout, il avait eu l'impression de découvrir un tout nouveau monde. Où peut-être simplement un tout nouveau lui, il n'en était pas certain.

En fait, il avait le numéro de Minho. Ce dernier le lui avait donné avant que leurs chemins ne se séparent. Mais il n'avait pas osé envoyer un message. Il ne savait ni quoi dire, ni comment agir. Et comme Minho lui ne possédait pas son numéro, il n'avait aucun moyen de communiquer.

Du côté de ses parents, il fallait admettre que ça n'avait jamais été aussi tendu. Jisung ne faisait pas de bêtises. Jamais. Il avait toujours fait ce que ses parents lui demandaient de faire, et ça ne l'avait jamais vraiment déranger. C'était la première fois qu'on le sanctionnait, et c'était un peu étrange. Il ne parlait presque plus à ses parents, il ne leur avait jamais beaucoup fait, mais ça restait étrange. En tout cas, la colère était redescendue et c'était le principal.

Ces derniers jours, Jisung s'était surpris à être bien plus inspiré qu'avant. Il y avait simplement trop choses, des non-dits, qu'il n'avait pu retranscrire qu'à travers l'argile. Il ne s'agissait que de formes abstraites, sans signification particulière, qu'il finissait par détruire aussitôt mais c'était suffisant. Ça lui permettait de vider sa tête trop remplie, et l'occuper en même temps. Il arrivait à exprimer même les choses qu'il se passait en lui qu'il ne comprenait pas. Toutes ses questions, tous ses nouveaux espoirs, qu'il laissait échapper entre ses doigts.

Il ne savait pas s'il allait être privé de sortie tout l'été, le dernier avant la vie d'adulte, mais il n'y avait pas trop réfléchi. Encore une fois. Il n'avait pas pensé à ce qui l'attendait, encore une fois. La seule différence à avant, c'était qu'il évitait d'y penser pas uniquement parce qu'il en avait peur, mais aussi parce qu'il avait l'impression que s'il le faisait, il n'y aurait pas de retour en arrière. Quelque chose avait changé, il ignorait simplement quoi.

Au troisième jour de ce qu'il pouvait presque qualifier de confinement, et alors qu'il était convaincu que rien ne pouvait tourner plus mal, il fut surpris d'entendre sa porte toquer. Son étonnement était justifié par le fait que ses parents n'avaient daigné lui adresser la parole à part pour le prévenir qu'il était l'heure de manger, ça lui paraissait étrange qu'ils lui parlent maintenant. Il cria toutefois un ''Oui'' assez fort pour qu'il soit entendu, rangeant simultanément l'argile qu'il n'avait pas quitté de la matinée. Sa mère apparut dans l'entrebâillement de la porte une paire de secondes plus tard, l'air grave, ne se tenant évidemment pas ici pour lui dire que le repas était prêt. Il remit le reste de l'argile à sa place, curieux de la raison pour laquelle on l'interrompit.

« Jisung, tu peux descendre s'il te plaît ? »

Il fronça les sourcils.

« Oui bien sûr. Je vais juste nettoyer et...

— Non, pas la peine. C'est plutôt important alors lave-toi juste les mains, ça sera suffisant. »

Sa mère disparut aussitôt dans le couloir, et alors l'inquiétude prit part de lui. Il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre, il ne le saurait que s'il descendait. Alors il ne tarda pas plus, impatient malgré l'appréhension qu'il ressentait. En parlant de cette dernière, elle s'accentua d'autant plus lorsqu'il fut accueilli par son père -en plus de sa mère-, sur la table du salon. Il s'installa face à eux, leurs regards impassibles ne le rassurait pas.

« Jisung, je pense qu'il est temps que l'on commence à parler d'un sujet très important, commença son père.

— Quel sujet ? questionna-t-il.

— Ton futur. »

Jisung eut l'impression que son cœur s'arrêta pour un court moment. Il déglutit, il avait conscience que ce jour allait arriver, mais il n'avait jamais imaginé que ce soit aussi désagréable pour lui.

« Et au vu des derniers événements, notre choix a été simplifié. »

Il avait peur de comprendre. Il ne s'était pas passé une multitude de choses les ayant affectés dernièrement, après tout. Néanmoins, il avait toujours cette partie de lui qui espérait pouvoir y échapper encore un peu, en le mettant de côté parce qu'il était clair qu'il n'était pas prêt à se retrouver face à lui-même.

« Où est-ce que vous voulez en venir...

— Là où on veut en venir, c'est qu'on va t'inscrire à une université dans laquelle tu vas travailler dans le domaine de la théologie. »

Son père commença à apporter plus de détails, mais Jisung arrêta d'écouter. Son rythme cardiaque augmenta, presque aussi fort qu'à la soirée de l'horreur, il n'était pas sûr de comprendre. Ou plutôt, il ne voulait pas le concevoir. Il pensait être prêt à accepter quel que soit le choix que ses parents prendraient à sa place, il était convaincu que ce serait le mieux pour lui, pourquoi c'était douloureux ? Ses mains étaient moites, pour quelle raison, exactement ? Est-ce que c'était parce qu'il ne voulait pas de ce futur tout tracé ? Il avait déjà passé sa courte vie à se plier aux envies et aux préférences des autres, il ne comprenait pas quelle différence ça ferait cette fois. N'en pouvait-il vraiment plus, ou alors est-ce que cette idiote rencontre avec Minho lui avait fait comprendre qu'il ne pouvait plus continuer comme ça ? C'est vrai que ces derniers jours, tout était confus pour lui. Les choses qui lui paraissaient avant inchangeables ne l'étaient plus autant. Quant à celles qu'il pensait lui convenir, ne le faisait plus. Il ignorait quoi faire de sa vie, mais au moins il savait qu'il ne voulait pas aller dans une stupide université pour travailler la théologie comme ses parents le voulaient. Il avait le droit de faire ses propres choix, du moins il le devrait.

Il se demandait à quoi ressemblerait son quotidien, si tous les jours étaient comme celui qu'il avait passé avec Minho. Il aurait l'occasion d'essayer tellement de choses, de découvrir tellement de secrets et même pas que sur lui. Avant que la vie active ne le rattrape, avant que les responsabilités ne lui tombent dessus, il voulait tout voir. De qui il était. Il n'avait plus qu'un été pour ça, alors, au moins ça, est-ce que ça pouvait être le sien ? Son été.

Il se leva brusquement de sa chaise, manquant de la faire tomber, et tourna les talons à ses parents sans même leur offrir une réponse. Il grimpa les escaliers en vitesse tandis qu'il pouvait déjà entendre sa mètre le suivre de près. Elle déblatérait des mots auxquels il ne fit pas attention parce qu'il était plus occupé à attraper le sac dans son armoire. Il le remplit d'autant d'affaires que possible, accompagné des implorations inutiles de sa mère. Jisung avait peut-être l'air ridicule, il ne réalisait peut-être pas ses actions en préparant cette pseudo fugue improvisée digne d'un adolescent en crise. Mais sur le moment, la seule chose dont il avait envie, c'était de partir loin d'ici tout simplement.

Il déboula les escaliers aussi vite qu'il les avait montées dès que son sac fut rempli, puis en voyant le regard de son père lui offrait, il comprit qu'il ne l'arrêterait pas. Il enfila ses chaussures à peine correctement, et passa le pas de la porte sans même y réfléchir, pour ce qui pouvait être la dernière fois avant un moment. Et étrangement, le faire faisait un bien terrible. Il laissa échapper un soupir en comprenant que sa mère n'avait toujours pas lâché l'affaire mais se retourna malgré tout pour lui adresser quelque dernières paroles de vive voix.

« Vous savez quoi ? Vous pouvez toujours rêver pour que je mette un seul pied dans cette université. Y'en a plus qu'assez que ce soit vous qui preniez les décisions de ce que je fais de ma vie. J'ai juste envie de découvrir ce qui m'intéresse vraiment de par moi-même. Sans vous, ou sans personne pour m'influencer. OK ? Alors juste cet été, je vais faire ce que moi j'ai envie de faire. Et n'essayez même pas de m'arrêter. »

Dans ce moment, tout son corps, de la tête au pied, connaissait un frisson nouveau. Une sensation que jamais il n'avait pu expérimenter mais qui étrangement faisait battre son cœur un peu plus fort, et réchauffait son ventre. C'était beau, c'était nouveau. Il ne savait pas ce qu'il venait de faire, c'était la première fois qu'il se permettait un tel affront aux personnes qui l'avait élevé, mais putain à quel point il avait l'impression que c'était la bonne chose à faire.

En se retournant pour de bon, et en s'éloignant presque en courant de cette maison où il avait passé toute sa vie, il prenait conscience que ce qu'il faisait était sûrement le meilleur choix qu'il aurait pu prendre. Peu importe à quel point c'était stupide, et il y a une semaine il n'aurait sûrement pas été capable d'envisager s'enfuir de cette façon. Mais au diable qu'importe la personne qu'il avait pu être une semaine auparavant, ça ne comptait plus maintenant, il était tout autre.

Son esprit guida ses pas, il se dirigea vers un lieu précis et il était totalement conscient de ça, il ne savait simplement pas ce qu'il attendait ni pourquoi. Ça faisait probablement partie de l'euphorie du moment, se disait-il, et maintenant les choses ne pouvaient prendre que deux chemins. Soit sa folie poursuivait, soit sa vie se déroulera dans un décor qui ne lui plairait jamais.

Il apprendrait de toute façon la suite des événements sous peu, car après à peine une vingtaine de course contre le vide, Jisung était arrivé devant cette immeuble dont il procédait à peine l'existence jusqu'à il y a peu. Il n'eut pas du mal à deviner à quel appartement toqué, parce qu'il n'y avait pas multitude de boîte au lettre au nom de Lee Minho. On aurait pu croire que Jisung aurait eu un mouvement de recul une fois arrivé, ou qu'il y aurait eu un moment de latence durant lequel il aurait hésité. Que peut-être il se rendrait compte que c'était une mauvaise idée, que Minho n'était qu'un inconnu, et qu'il était trop impliqué dans sa propre vie pour se soucier de celle de Jisung. Mais rien de tout ça ne s'était passé. Jisung toqua à la porte sans un instant d'hésitation, le souffle court et le bras contre son encadrement pour y mettre son poids.

Minho ouvrit et Jisung rougit, parce que quelque part il avait oublié la beauté du jeune homme et qu'il n'était pas habitué à trouver quelqu'un aussi attirant, mais il ne s'était pas inquiété parce qu'il faisait confiance à l'effort de la course pour couvrir l'effet que Minho lui faisait. Il se redressa, il pouvait voir les yeux du brun complètement perdu alors Jisung avait envie de pleurer tant l'adrénaline montait. Il lui sourit, un sourire plus grand que durant cette nuit défendue, et il osa prendre la parole parce qu'il avait l'impression d'être face à la seule personne à qui il pouvait donner sa confiance.

« Le temps d'un été, enfuyons-nous. Juste toi et moi, je prierais pour que ça donne l'impression de durer une éternité. »

« Nevermind de Nirvana ?, s'exclama-t-il, Et aussi Doolittle de Pixies ! J'aurais jamais cru que tu écoutais ce genre d'album ! »

Minho souffla d'amusement, observant du coin de l'œil Jisung assis sur le siège passager, profitant bien évidemment de l'occasion pour fouiller son tiroir à gants rempli d'album en tout genre. Il devait être maintenant midi passé, quoique aucun des deux n'avait cherché à vérifier. Il faisait surtout chaud, terriblement chaud, c'était pourquoi leur deux fenêtres étaient grandes ouvertes. Les bouchons sur l'autoroute étaient affreux, et ils venaient à peine d'y rentrer, alors Jisung fouillait dans l'espoir de s'occuper. Il avait bien intérêt à le faire d'ailleurs, car d'après Minho, ils n'allaient pas sortir de la voiture avant au moins cinq heures.

« J'écoute bien plus de musique internationale que de musique coréenne, expliqua Minho en tapant son doigt frénétiquement contre le volant de la voiture.

— Je vois ça ! Je sais même pas où est-ce que tu déniches les CDs... »

Oui, Minho avait accepté. Quand n'importe qui aurait refusé -parce qu'après tout qui était assez bête pour abandonner toute sa vie pour une lycéen en crise-, Minho n'avait pas hésité à partir. Et dans les deux heures qui avaient suivi, ils s'étaient trouvés dans cette voiture en direction du Sud, une ville pas très loin de Busan était ce que Minho lui avait expliqué. Apparemment ils pourraient rester dans la maison où il avait grandi, il n'y avait plus personne là-bas depuis quelque temps maintenant. Minho était peut-être en train de le diriger vers sa mort, mais qu'importe, parce que Jisung était bien plus concentré sur les nombreux albums de Michael Jackson que son aîné possédait.

En réalité, il n'y avait pas grand chose à dire sur ce qu'il venait de se passer. Oui, c'était complètement irréel et idiot, inconscient et irresponsable. Toutefois ça s'était simplement déroulé sans qu'aucun des deux n'y réfléchissent en profondeur. Peut-être qu'ils se rendraient compte dans quelques heures que c'était totalement débile, mais tant que cette prise de conscience n'était pas maintenant, ça n'avait pas d'importance.

« Pour être honnête, moi non plus. Et toi ? Tu écoutes quoi comme musique ?

— Oh tu sais. Pas grand chose, il ria, Hee Sisters, Seo Taji and Boys, ce que les autres écoutent. En fait, je crois que je préfère Yang Joon-Il, mais en ce moment c'est plus trop ça... »

Minho n'eut pas trop de mal à comprendre pourquoi Jisung disait ça, pas quand c'était l'un des grands sujets ces derniers temps. Yang Joon-Il, un très bon artiste et personne ne pouvait le nier, mais rejeté par la société un peu trop conservatrice de Corée. Minho ne suivait pas vraiment l'actualité mais il avait déjà eu vent de l'histoire. Un chanteur juste trop en avance sur son temps.

« J'écoute pas beaucoup de musique. Je devrais le faire plus souvent, j'aime vraiment ça. »

Jisung inséra l'un des CD en même temps qu'il parlait, bien plus bavard que les trois derniers jours. Il prit un moment à comprendre comment le lecteur marchait, alors Minho lui vint en aide.

« Qu'est-ce que t'as choisi, du coup ?

— Nirvana bien sûr ! »

Les premières notes de "Smells Like Teen Spirit" sonnèrent, couvraient le vrombissement des voitures entassés, et Jisung s'installa plus confortablement contre son siège, fermant les yeux alors que les rayons du soleil illuminaient sa peau et que son bras pendait à travers la fenêtre. Son visage était peint d'un sourire, un doux sourire qui symbolisait toute sa liberté. Il se sentait bien dans cette vieille voiture et dans tous ses bouchons, car comme eux, les gens avaient pris la décision de partir à l'aventure.

« Je peux te poser une question un peu personnelle ?, demanda Jisung.

— Hmm, j'ai accepté de laisser ma vie en plan pour prendre part à ta fugue improvisé, et là je m'apprête à t'emmener dans une maison où réside tout mes secret d'enfance, donc je pense qu'une question un peu personnelle ne peut pas faire de mal. »

Jisung souffla du nez, amusé.

« Tu m'as dit que la maison est inhabitée depuis un petit moment. Pourquoi ne pas la vendre ?

— Juste ça ? C'est pas quelque chose d'incroyable. Cette maison, elle appartient à ma grand-mère. J'y ai grandi avec elle et ma mère, parce que mon père s'est barré avant ma naissance. Sauf que ma mère s'est remarié y'a trois ans, elle a refait sa vie, et la santé de ma grand-mère s'est dégradée, Jisung paniqua, T'en fait pas. Elle est hospitalisée. On a pas vendu la maison parce qu'on espère qu'elle y retourne. Les médecins disent qu'elle peut aller mieux, donc on leur fait confiance.

— Désolé d'avoir demandé-

— T'inquiète pas Jisung, il le regarda, Vraiment. »

Minho avait ce sourire collé au visage, le même que celui de Jisung. Simplement pour la raison que Minho était aussi heureux que Jisung l'était. Il était reconnaissant d'avoir eu l'occasion de partir d'ici, il ne voulait pas l'admettre mais ça faisait longtemps qu'il cherchait une raison d'échapper à tout ça. Il était aussi fou que Jisung, c'était pour ça qu'il avait accepté de se barrer avec une connaissance de trois jours. Mais ces trois jours, c'était sûrement ce qui comptait le plus. Il les avait passé en se demandant quand le plus jeune allait lui envoyer un message, ou à s' il allait le faire. Seulement, il avait fait mieux que de lui envoyer un message. Tellement mieux. La chanson "In Bloom" démarra quand la précédente se termina, et Minho coupa leur échange visuel en se reconcentrant sur la route.

« Bon, je crois qu'on a pas fini avec les bouchons, Minho regarda à travers la fenêtre la taille de la file alors qu'il parlait, Mais soyons optimiste. On est à quoi, cinq heures ? Du meilleur été de nos vies. Quelques bouchons valent le coup. »

correction du chapitre par JEONGINNOCENCE parce que j'avais la flemme, d'ailleurs c'est pour ça que le chapitre est en retard je suis dsl 😰😰
je post le chapitre 5 dans pas longtemps pour me faire pardonner (jsp trop c'est quand ''pas longtemps'' tout dépend de mon humeur, peut-être dans 2h, peut-être dans 2j)

sinon je vous aime prenez soin de vous et profitez du reste de vos vacances si vous en avez 😚