◎ Chapitre 26 ◎
Avec une grimace, tu glisses le papier dans ta poche et inspires profondément. Ça a beau puer le piège à plein nez, une part de toi n'a qu'une envie : découvrir ce que ce mystérieux mec aux yeux trop perçants mijote. Mais ça n'empêche pas que tu hésites, que tes neurones se battent pour te convaincre de jouer la prudence. Tu pourrais prévenir tes supérieurs, leur balancer ce petit billet et les laisser se débrouiller avec ça. Mais là... non, va pour la version tête brûlée. Alors, tu te glisses discrètement hors de la base, prétextant une petite balade digestive aux gardes.
La nuit est fraîche, silencieuse, mais avec un soupçon d'électricité dans l'air. Les bruits de la nature, si discrets d'habitude, te semblent soudain amplifiés, comme si la forêt entière retenait son souffle. T'as pris soin de camoufler une arme dans ton pantalon, juste au cas où. Une Hyène reste une Hyène, même si elle a un joli minois.
Après quelques minutes, tu arrives au point de rendez-vous. Le type est déjà là, assis par terre, le regard perdu au loin, comme s'il contemplait un paysage que toi, tu ne peux pas voir. Immobile, presque serein, il donne une impression de calme glaçant, comme si la guerre ne l'atteignait pas vraiment. C'est seulement quand tu approches à pas feutrés qu'il bouge enfin la tête, sans grande surprise apparente, comme s'il avait senti ta présence depuis un moment.
— Eh ben... c'est donc ça, la naïveté des Agents ? Pourquoi tu me fais confiance, hein ? lance-t-il d'un ton ironique, son regard perçant planté dans le tien.
— Disons que j'aime prendre l'air, plaisantes-tu, même si ta main reste prête à saisir ton arme au moindre geste suspect. Et puis, t'as un regard fascinant, presque... magnétique.
Il te regarde, un sourire en coin, clairement pas impressionné par ta tentative d'humour. Tu soutiens son regard sans faiblir, t'efforçant de garder un air détendu.
— Magnétique, hein ? Ça te pousse à suivre n'importe quel inconnu au beau milieu de la nuit ? Il ricane. Franchement, je sais pas si je dois t'admirer pour ton courage... ou plaindre ta débilité .
— C'est vrai que ton sourire inspirait une confiance absolue, dis-tu en haussant les épaules, les lèvres étirées en un sourire goguenard. Et puis, t'as quand même pris la peine de me laisser un mot. Donc, qui de nous deux est vraiment le plus naïf ?
Il te scrute, l'ombre d'un amusement dans les yeux.
— Naïveté ou curiosité, peu importe. Tu es là. Et maintenant ? Qu'est-ce que tu comptes faire ? M'emmener gentiment pour que tes supérieurs me fassent passer un sale quart d'heure, ou t'amuser un peu, juste toi et moi ?
Tu hausses un sourcil.
— T'inquiète pas, l'idée de passer la nuit avec toi a l'air tentante, mais j'suis pas sûr d'être prêt à toutes tes... coutumes de Hyène.
— Ah, l'humour, toujours. Mais j'te préviens, je connais pas mal de méthodes d'interrogatoire qui feraient passer ta curiosité pour de l'imprudence pure et dure.
Un sourire plus sombre s'esquisse sur son visage, et une tension monte entre vous. Tu sens que c'est maintenant ou jamais pour poser les questions qui te brûlent les lèvres, celles qui risquent de faire basculer la situation en ta faveur... ou de te précipiter dans le vide.
— Écoute, j'crois qu'on a tous les deux intérêt à être honnêtes. Pourquoi t'as pris le risque de m'inviter ici ? C'est quoi, ton vrai but ?
— Mon vrai but ? Il semble réfléchir une seconde, puis te jette un regard narquois. Peut-être juste voir jusqu'où tu serais prêt à aller pour découvrir mes "motivations". Peut-être que tu n'es qu'un pion. Ou bien... peut-être que je vois en toi quelqu'un qui pourrait m'intéresser.
— T'intéresser ? C'est bien joli tout ça, mais les devinettes, ça va un moment, répliques tu, un peu agacé.
Il éclate d'un rire bref, comme si ta frustration le divertissait.
— Relax, l'Agent. Si tu cherches des réponses, c'est pas comme ça que tu les obtiendras. Ce soir, c'est juste... un test. Et tu l'as passé, même si t'es aussi vif qu'un poisson mort.
— Charmant, vraiment. Et donc, maintenant que j'ai passé ton test bidon, c'est quoi la suite ? Je vais enfin savoir ce que tu trames avec les Hyènes ?Il hausse les épaules d'un air nonchalant.
— Peut-être demain soir, si tu reviens. On verra.
Tu fronces les sourcils, mais le sourire moqueur qu'il te renvoie t'empêche de partir sans ajouter une dernière pique.
— Fais gaffe, c'est comme ça que commencent les scènes de culs, lâches tu, un sourire en coin.
Il ne répond pas, se contentant de te fixer d'un air mi amusé, mi dédaigneux. Tu lui lances un dernier regard avant de tourner les talons. C'est à peine si t'entends sa voix murmurer :
— T'inquiète, je compte pas te faire de promesses.
Sur le chemin du retour, tes pensées fusent dans tous les sens. Ce mec est un mystère ambulant, et même si chaque partie de toi hurle que c'est un piège, tu te surprends à te demander si tu y retourneras. Peut-être que c'est exactement ce qu'il cherche.
Les nuits défilent, et toi, comme un idiot attiré par une flamme, tu retournes chaque soir à ce rendez-vous avec ce gars mystérieux. T'as ton excuse bien rodée pour les gardes : "Besoin de digérer la ration infecte d'hier, les gars." Tu leur lances un clin d'œil un peu complice, et hop, tu files sans qu'ils posent trop de questions... enfin, c'est ce que tu crois.
Au début, c'était un peu tendu, ce face-à-face nocturne. Chaque soir, t'arrives armé, un pistolet caché sous ta veste, prêt à bondir au moindre geste suspect. Mais il est là, toujours le premier, assis dans un coin d'ombre, calme, presque... vulnérable. Quand il te voit approcher, il te balance un regard moqueur, l'air de dire "Vraiment ? Encore toi ?" et à chaque fois, il finit par glisser une petite pique, histoire de te déstabiliser.
"Tu sais, ça se fait pas d'être aussi fidèle au rendez-vous," qu'il t'a sorti un soir, un sourire narquois aux lèvres. "Je pourrais presque croire que je te manque."
Et toi, la répartie un peu rouillée par la fatigue et par... disons le franchement, un petit mélange de curiosité et d'agacement, tu t'en sors avec un truc du genre ,"T'inquiète, c'est juste pour voir à quel point t'es encore plus flippant chaque soir."
Chaque rencontre est un mélange de tension et d'échanges mordants. Lui, il lâche des phrases mystérieuses, des sous-entendus, des remarques à te faire rouler des yeux tellement ça frôle le théâtral. Mais t'es toujours là. Y a ce quelque chose dans ses mots, dans son regard, qui fait que tu reviens. Et, allez savoir pourquoi, le gars commence à t'intriguer au-delà du raisonnable.
Mais évidemment, la subtilité, c'est pas ton fort. Après quelques nuits, t'es un peu grillé. Tes compagnons commencent à remarquer ces fameuses "balades digestives" qui s'étirent de plus en plus longtemps. Et, à force de les répéter, ça commence à sentir le plan louche. Surtout que Kameto, ton lieutenant, n'est pas du genre à laisser filer les choses sans poser de questions.
Une nuit, alors que tu t'apprêtes à filer comme d'habitude, tu tombes nez à nez avec Arif et Corentin qui te fixent d'un air qu'ils pensent discret, mais qui crie "on sait que tu nous caches un truc, mec".
- Alors, toujours en pleine digestion, Baptiste ? lance Arif, un sourire en coin.
- Eh ouais, mon estomac, il a besoin de soins attentionnés, tu répliques, les yeux plissés, sentant la méfiance monter de leur côté.
Mais t'arrives à passer outre, esquivant leurs regards insistants. Le problème, c'est que tu les sous-estimes. Le lendemain matin, Kameto t'attrape au détour d'un couloir. Il te scrute, les bras croisés, le sourcil relevé.
- Tu sais, Baptiste, les balades nocturnes, c'est pas exactement au programme, qu'il commence, son ton calme mais avec une pointe de soupçon bien sentie.
- C'est juste pour me vider la tête, lieutenant, tu réponds, la bouche en cœur, en espérant que ton sourire ait l'air sincère.
Mais Kameto n'est pas dupe. Il te fixe d'un regard appuyé, puis se contente de hocher la tête, comme s'il prenait note pour plus tard.
Encore une fois, te voilà dehors, bravant la nuit et le froid pour rejoindre ton mystérieux interlocuteur. Tu t'es éloigné de la base juste assez pour être sûr qu'on te suive pas, un peu comme un agent secret... ou un abruti, selon l'angle de vue. Quand tu arrives au point de rendez-vous, il est déjà là, comme d'habitude. Assis par terre, les bras autour des genoux, il fixe un point invisible quelque part au loin, perdu dans ses pensées. Tu t'éclaircis la gorge, juste pour le sortir de sa bulle, et il tourne la tête vers toi, un sourire mi amusé, mi exaspéré sur le visage.
Un Silence s'étirent quelques secondes, et puis tu lances, comme ça, l'air de rien ,
-Tu connais le chef des Hyènes, toi ? Il sourit légèrement, baisse les yeux un instant, puis te fixe à nouveau, un peu comme s'il se demandait si tu faisais exprès d'être con ou si c'était naturel.
-Connaître, c'est un grand mot, répond il en haussant les épaules, comme si la question l'amusait et le gênait en même temps. J'le connais assez pour savoir qu'il est... comment dire... impressionnant.
- Ah oui ? À quel point, impressionnant ? Il incline la tête, un peu comme si cette question le surprenait et le forçait à réfléchir. Impressionnant, comme dans le genre personne n'ose l'approcher. Pas forcément pour ce qu'il fait, mais pour ce qu'il... dégage. La plupart des gars dans mon groupe n'osent même pas le regarder en face, tu vois ? Enfin, si tu tiens à ta vie.
Il lâche un petit rire sans joie, presque pour lui-même, et tu décides de gratter un peu plus. - Et toi, t'as osé ?
- On va dire que j'ai essayé une fois. Une fois de trop, sûrement. Pas eu le droit à un mot, rien. Juste un regard. Glacial. Et c'est tout. J'ai compris que c'était... pas la peine.
Il te fixe de nouveau, et tu remarques un éclat étrange dans son regard, un mélange de mépris et de fascination.
-Certains disent qu'il est magnifique, beau comme un ange déchu. Mais personne s'approche assez près pour vérifier. Et le peu de gars ou de filles qui ont osé faire un pas de plus... Il laisse sa phrase en suspens, un sourire en coin. Disons que les gens ont de bonnes raisons de se méfier. Y a des rumeurs que ceux qui l'ont un peu trop approché n'ont pas eu l'occasion de raconter leurs exploits.
Tu hausses un sourcil, vaguement amusé.
-Tu le décris comme un roi sanguinaire ou un mythe... t'as l'air d'y tenir, à cette image.
Il te jette un regard en coin, ses yeux étincelants d'une drôle de lueur, comme s'il hésitait entre l'amusement et quelque chose d'indéfinissable.
-C'est comme ça que ça marche chez nous. Le respect, la distance, c'est une question de survie.
Et là, en l'écoutant, tu remarques quelque chose qui te chiffonne. Dans sa voix, dans ses mots, dans cette façon qu'il a de parler du chef... il y a un changement. Une sorte de... respect presque religieux, mais teinté d'autre chose. Il n'a plus la même désinvolture habituelle, plus la même posture. Pourtant, tu n'y prêtes pas trop attention, juste une impression fugace.
Vous tombez dans un silence, à peine troublé par le bruit du vent et de quelques animaux nocturnes au loin. Toi, t'as fait le tour de la question, et lui, visiblement, il a pas grand-chose de plus à dire. Alors, tu hoches la tête, prêt à repartir.
Quand tu te lèves, il te suit des yeux, un peu comme s'il hésitait à dire quelque chose. Puis, alors que t'es sur le point de t'éloigner, il lance d'un ton léger :
- J'suis encore là demain, si t'as envie de poser d'autres questions... ou d'autres prétextes pour revenir.
Tu lui lances un sourire narquois, ne te laissant pas impressionner. Tu retournes vers la base, ton esprit déjà à moitié ailleurs, sans vraiment te douter de l'ampleur que tout ça va prendre.
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{ ~ 𝕮𝖍𝖔𝖎𝖝 ~ }
1- Si tu décides de tout avouer à tes supérieurs, car tu ne gère plus les regards suspicieux du Lieutenant et des autres va au chapitre 28 ↝
2- Si tu décides de prendre sur toi et ne pas succomber face aux poix des suspicions et donc de continuer à voir l'homme va au chapitre 29 ↝
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