𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟖

Qu'ai-je fait cette nuit ? Même ma mémoire ne sait plus. Des bribes, c'est tout ce qu'il me reste. Des coups, des cris, des rires, des pleurs. Mon prénom prononcé, beaucoup trop de fois. Mon surnom, quelques fois.

Je ne sais plus qui j'ai frappé cette nuit. Je ne sais plus si je suis rentrée chez moi. Je ne sais plus ce que j'ai fait. Combien de gens ai-je frappé ? Combien de fois ai-je fait le tour de l'institut Occult ? Combien de fois ai-je hurlé de douleur, de désespoir, de rage ? Combien de fois ai-je maudit Hiroyuki et Occult ?

J'aurais voulu que tout s'arrête pour de bon. Qu'enfin la page soit tournée.

Quand j'ai ouvert les yeux, j'ai tout de suite compris que je n'étais pas chez moi. Je me suis levée d'un coup, cherchant mon téléphone. Nous étions le lendemain du match ; dimanche. Il était presque onze heures.

Je portais encore mon bas de survêtement du lycée Raimon, et mon débardeur blanc. La porte s'est ouverte. Fudou est entré, un pansement carré sur la joue droite. Il a souri.

« Juste quand je viens te lever.

— Je suis où ?

— Chez moi. Viens bouffer, et je vais tout t'expliquer. »

Je l'ai suivi, un peu chancelante, me demandant ce que j'ai fait la nuit dernière.

◤❦◢

Fudou amena Kana jusque dans sa cuisine, tandis que la jeune fille envoyait un message à son père. L'homme fut rapidement rassuré, d'après son message.

« T'as quoi à la joue ? Demanda Kana.

— Tu m'as foutu un pain. »

Il posa un bol sur la table, avant de se tourner vers un placard. Kana clignait des yeux. Elle lui avait foutu un pain ? Carrément ?

« Hier, je t'ai retrouvée près du lycée Occult. Tu voulais pas me suivre.

— Ah... Je comprends mieux.

— Mais t'avais sans doute bu un peu avant, et tu t'es endormie. J'ai encore vachement mal à cause de toi. »

Le brun ouvrit un paquet de céréales et en versa une bonne quantité dans le bol. Il ajouta du lait, puis glissa une cuillère.

« Tiens. Bouffe.

— Merci. »

Akio s'assit en face d'elle, la fixant. Elle mangeait petit à petit, tandis que son ami lui racontait quelques anecdotes sans importance.

« Comment tu es au courant, pour la guerre entre le groupe du Faucon et celui du Serpent ?

— Tout le monde le sait. Et oublie pas que je suis à la Teikoku Gakuen, on a beaucoup d'informateurs.

— Hm... »

Elle se leva et alla poser son bol dans l'évier. Le brun, resté assis, lui fit :

« Pourquoi tu l'as frappé comme ça ?

— Il m'a énervé, c'est tout.

— Un peu plus et Raimon perdait.

— Je m'en fous. Kudou n'attend qu'une chose, me virer. Il a dû en profiter pour me retirer de l'équipe.

— Dis pas ça. Pourquoi il voudrait te virer ?

— Parce que je ne joue au football que pour me venger d'Occult. Et ça ne lui plaît pas.

— Y a pire, comme motif, quand même.

— Tous les joueurs de Raimon jouent pour le plaisir. Pas moi.

— T'es sûre de ça, Kana ? T'as déjà oublié ce que tu m'as dit pendant notre match ? »

La Hanaaka détourna le regard, démasquée. Elle posa ses mains sur ses hanches et marmonna une insulte. Fudou ricana, puis lui proposa une sortie, histoire de passer le temps.

« Avec la guerre, ils risquent de t'attaquer aussi. Tu sais te défendre j'espère ?

— Sache que le grand Akio Fudou que je suis sait se faire respecter. »

Les deux adolescents sortirent de la maison du brun après avoir salué les parents du garçon, et arpentèrent les rues d'Inazuma, de la librairie au magasin de bonbons. Vers dix-sept heures, ils se retrouvaient allongés sur l'herbe, un sac de bonbons entre eux, près du stade de football à la rivière. Aucun membre de Raimon n'y était. Sans doute s'entraînaient-ils au centre d'entraînement. Haruna lui en avait vaguement parlé, mais elle n'y était pas encore allée.

« Je me demande qui il y aura, au FFIL.

— Raimon, Occult, peut-être Zeus... J'ai envie de te dire que je m'en fous. Je ne fais plus partie de l'équipe. »

Fudou l'observa quelques secondes avant de s'asseoir sur l'herbe. Il finit par sourire et se lever.

« Je pense que tu as tort.

— Comment tu peux en être sûr ?

— Demande-leur. »

Elle se redressa d'un coup et observa les membres de Raimon, en survêtement, qui revenaient sans doute de leur entraînement. Il y avait Endou, Gouenji, Kidou, Kazemaru et Tobitaka.

« Ils nous suivent depuis un bon moment d'ailleurs.

— Héhé, tu nous avais grillés, Fudou ?

— En même temps, tu fais beaucoup de bruit, capitaine, répondit le brun, amusé.

— Pourquoi vous nous suiviez ? Pour me passer un savon, j'imagine ?

— Pas vraiment, fit Kidou. Ça nous a étonné de te voir avec Fudou, et on était un peu inquiets après ce qu'il s'est passé.

— Six élèves d'Occult ont fini à l'hôpital, hier soir, ajouta Tobitaka. J'ai su que tu étais impliquée. »

Kana détourna le regard. Gouenji s'avança d'un pas vers elle.

« On ne sait pas ce qui s'est passé avec le capitaine d'Occult, mais tu as tes raisons et c'est tout. On ne peut pas te juger.

— Kana, est-ce-que tu as quitté l'équipe pour de bon ? » Demanda Endou.

Elle observa le capitaine de Raimon pendant quelques secondes, qui furent pour elle une éternité.

« Je ne sais pas. Je sais que Kudou ne veut certainement pas de moi, mais vous ? Si j'apparaissais à nouveau devant l'équipe, que penseriez-vous ? Vous m'en voulez sans doute d'avoir eu un carton rouge. Je sais bien que vous me mettrez de côté, comme Kudou, comme Occult...

— Ce n'est pas vrai ! Fit Endou. Au football, tous les joueurs sont égaux ! Ce n'est pas parce que tu es une fille qu'on te mettra de côté ! Sinon, que devrait-on dire à Touko et Rika ?

— Il a raison, ajouta Kazemaru. Peu importe ce que tu étais avant, où tu étais, si Endou t'adopte dans l'équipe, c'est que tu y as ta place quoi qu'il arrive. Je peux te jurer qu'il ne te laissera pas partir si facilement. »

Gouenji laissa échapper un petit soupir d'amusement, détournant le regard. La Hanaaka demanda d'une faible voix ;

« Ça veut dire que j'ai encore une place dans l'équipe ? Vous ne m'en voulez pas ?

— Bien sûr que tu as ta place parmi nous ! Rit Endou, ses mains sur ses hanches.

— Et zut, un peu plus et elle venait à la Teikoku, plaisanta Fudou.

— Tu sais, si tu n'étais pas sortie, peut-être que Occult nous aurait battus. Mais maintenant que les deux équipes sont qualifiées, tu vas pouvoir prendre ta revanche. »

La jeune fille acquiesça. Elle remercia plusieurs fois le capitaine et ses amis, et ils durent se quitter. Fudou raccompagna Kana jusque chez elle, et à peine eut-elle passé la porte que son père la prit dans ses bras. Ils restèrent ainsi de longues minutes, avant qu'il la lâche.

Et quand enfin elle fut libre, elle ne put voir que le dos de Fudou, qui s'éloignait d'elle, et de l'appartement. Elle eut une hallucination, pendant une fraction de seconde, durant laquelle elle lâcha :

« Attends ! »

Il se stoppa, près de l'escalier, puis se tourna.

« Tu veux pas venir boire un truc ? Ou manger un peu ?

— Désolé, j'ai autre chose à faire. Mais c'est gentil. »

Il lui sourit, et l'hallucination revint, collant Son visage au sien.

« S'il te plaît ! »

Pourquoi insistait-elle alors que ce n'était que Fudou ? Le brun ne comprit pas vraiment, mais il revint vers elle.

« Juste un Coca, alors. »

Et Son visage disparut.

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